Chapitre 4

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Hana

Depuis une semaine, mes examens s’enchaînent à l’université. Mes journées se résument à engloutir des informations, – des connaissances selon eux –, à les conserver dans une partie de mon cerveau dont j’ignore la localisation, puis à les recracher dans mes copies dans l’espoir que les enseignants apprécient la retranscription de leur propre cours. Étudier, c’est le nom qu’on ose donner à ce phénomène. Personnellement, je pencherais plutôt pour stupidité. Ou narcissisme. Vivement la fin de mes études !

La sonnerie de ma dernière épreuve retentit. Les statistiques. Je pense m'en être plutôt bien sortie. Contrairement à la plupart des étudiants de ma promo, j’ai toujours adoré les mathématiques. Peut-être que mon baccalauréat scientifique m’a aidée à développer une certaine rigueur, pour aborder la matière avec plus de facilités.

Je retourne ma copie et me lève de l’amphithéâtre pour me diriger vers la sortie. J'en profite alors pour scruter mon téléphone, que je n'ai pas touché depuis des heures, mais je regrette instantanément mon geste en voyant l'état de mon visage sur l'écran. Mes cernes déjà prononcés tirent vers le pourpre et mes sclères abritent des vaisseaux inhabituels prêts à exploser.

Je laisse échapper un soupir de frustration. En même temps, entre les nuits blanches, les surdoses de caféine et les excès de sollicitation de ma mémoire immédiate, je crois que j'ai vraiment surmené mon corps. Et qu'il a besoin de repos.

Sur le chemin, je décide donc de m'arrêter à la pharmacie située au bout de la rue, histoire de me dégoter un remède, le temps de récupérer. Cependant, en poussant la porte d'entrée, je constate rapidement qu'elle est pleine à craquer. Pas étonnant, étant donné qu'il est déjà onze heures passées. Heure de pointe. Je crois que je vais devoir prendre mon mal en patience, finalement.

Alors que je m'apprête à sortir de l'officine, une voix rauque m'interpelle :

  • Attends, Hana ! Ne t'en va pas !

Je me retourne spontanément.

  • Naïm ?
  • C'est bien moi.

Il me décoche un sourire révélant ses dents blanches alignées.

  • Qu’est-ce que tu fais là ? je demande, surprise.
  • Je pourrais te poser la même question.

Il a toujours ce don de retourner la situation quand ça l'arrange.

  • Comment dire... je reprends. Je ne sais pas si tu as remarqué l'état de mon visage, mais comme tu peux le constater, ce n'est pas la grande forme.
  • Quoi ?

Sur ces mots, il s'empresse d'avancer pour réduire la distance entre nous et mieux m'examiner. Nos visages sont tellement près l'un de l'autre que je peux ressentir son souffle chaud contre ma nuque.

Je manque de trébucher face à sa réaction.

Mon dieu, ce garçon est décidément trop à l'aise !

  • Tu n'es pas obligé de t'approcher d'aussi près ! m'écrié-je, embarrassée.
  • Désolé...

Il s'écarte d'un pas pour se montrer conciliant.

  • C'est juste que tu m'as interpellé... Je n'ai rien remarqué d'anormal sur ton visage. Tu es toujours aussi magnifique, Hana !

Et la palme d’or du plus grand baratineur de la semaine est remportée par Naïm !

Je me demande combien de filles il a réussi à séduire avec ses jolis discours...

  • C’est gentil, finis-je par murmurer.

Le brun se redresse alors, avant de croiser ses bras sur son torse.

  • Bon, ce n'est pas vraiment pour ça que je t'ai appelée.
  • Quoi ?

J'arque un sourcil, sceptique.

  • J’ai vu que tu allais partir à cause de la queue, alors je me suis dit que j’allais t’aider.
  • M’aider ? Et qu’est-ce que tu comptes faire ?

Naïm me désigne de son index une des préparatrices du comptoir, laissant entrevoir au passage ses nombreuses bagues en or blanc. Il doit être vraiment riche, pour se permettre d'avoir autant de bijoux sur un seul doigt.

  • Tu vois cette femme ?

J’opine du chef.

La femme en question possède de courts cheveux châtain, lui arrivant au-dessus des épaules. Elle balaie la pièce de ses prunelles couleur noix, à plusieurs reprises, l'air un peu dépassé par la situation.

  • Je la connais plutôt bien. Je la connais même très bien.
  • C'est une amie à toi ?
  • Amie ?!

Face à ma question probablement idiote, vu l'expression du visage qu'il arbore, il se met à glousser.

  • Non... ce terme ne serait pas le plus approprié pour définir notre relation...
  • Ah bon.
  • Mais je crois que je vais te passer les détails. Tu es bien trop innocente pour ça, Hana !

Je laisse échapper un rire nerveux.

Cette conversation commence sérieusement à me mettre mal à l'aise.

  • Bref, je m'égare encore une fois. Comme je connais Jade, je vais aller lui parler de toi.
  • Quoi ?

Mon estomac se noue.

Je ne suis pas certaine d’avoir saisi l’idée de Naïm, mais je crois qu'elle ne va vraiment pas me plaire.

Il profite alors du silence pour adresser un signe à la préparatrice, qu'elle accueille avec un sourire ravi.

  • Elle est vraiment trop mignonne... marmonne-t-il dans sa barbe inexistante.
  • J'attends toujours ta réponse.

Sans le vouloir, mon ton se fait plus sec.

Naïm reporte alors son attention sur moi, un peu surpris :

  • Je vais lui expliquer que ton cas est urgent. Comme ça, elle te fera passer devant toute la file.
  • Pardon ?

Cette fois, mon sang ne fait qu'un tour.

  • Tu veux que je mente pour dépasser tout le monde ?

L'espace d'un instant, Naïm tressaille.

Je crois qu'il ne s'attendait pas à ce que je réprouve son idée.

  • Hana, je ne suis pas en train de t'encourager à mentir...

Oui, c'est ça.

  • Je veux simplement prioriser ta santé. Il faut d'abord penser à soi, avant d'aider les autres, d'accord ?

Un frisson me parcourt l'échine.

Le ton infantilisant et faussement bienveillant qu'il emploie manque de me donner un haut-le-cœur.

  • Je le sais. Merci pour le conseil.

Je jette un coup d'œil à la file d'attente.

Les personnes sont quasiment toutes âgées. Certaines utilisent leur canne pour se redresser, mais d'autres se contentent de l'appui que forme le rayon près de la caisse, le dos courbé par la fatigue. En plissant mes yeux, je peux apercevoir des gouttes de sueur perlant sur le front de chacun de ces individus. Il est absolument hors de question que je les dépasse et que j'allonge leur temps attente.

Je me pince l'arête du nez avant de reporter mon attention sur Naïm.

  • Je vais rentrer chez moi.
  • Quoi ?
  • Il y a une pharmacie au bout de ma rue. Ce sera plus simple pour tout le monde.

Sur ces propos, Naïm roule des yeux.

  • Crois-moi Hana, j'admire ta générosité... Mais il faut savoir saisir les opportunités quand elles se présentent.
  • Non ! Naïm, ça suffit bon sang !

Cette fois, un ange passe.

Parce que j'ai hurlé dans la pharmacie sans même m'en rendre compte.

Naïm reste sans voix. Il me fixe, un air complètement abasourdi plaqué au visage, et les personnes autour de lui ne tardent pas à suivre le mouvement.

En réalisant ce que je viens de faire, une chaleur étouffante envahit mes oreilles bourdonnantes. Mais c'est déjà trop tard. Et je ne regrette rien. Parce que pour rien au monde, je ne franchirai les limites de mes valeurs.

Sous les yeux rivés des clients, je me dirige alors timidement vers la sortie.

  • Je te remercie, Naïm... finis-je par murmurer sans lui adresser un regard. Mais je vais bien.

Il contracte sa mâchoire, visiblement irrité.

  • Je n'ai pas envie de mentir pour obtenir ce que je souhaite.

Il se met à marmonner des choses inaudibles, mais je fais mine de l'ignorer en poussant la porte avec force. Je préfère subir les conséquences de sa frustration plutôt que de ma propre déception. Sans aucune hésitation.

* * *

En rentrant chez moi, j’ai fini par m’assoupir inconsciemment. Il est plus de quinze heures lorsque je décide de m’arracher non sans efforts de mon lit pour me diriger vers la salle de bain.

Face au miroir, je contemple de nouveau mon visage sorti tout droit de la Troisième Guerre mondiale. Mes cernes sont toujours ancrés, mais moins colorés que ce matin et j’ai toujours quelques vaisseaux discrets prêts à exploser.

Je descends ensuite afin de rejoindre la cuisine et dégoter de quoi déjeuner, lorsque j'aperçois ma mère, assise autour de la table, une tasse de café dans la main. Je m'apprête à la saluer, mais elle me devance en s'écriant :

  • Mon dieu, ma fille !

Je laisse échapper un rire nerveux.

  • On t'a brisé le cœur, c'est ça ?

Sur cette remarque, je la toise.

  • Non, maman !

Elle continue de me scruter de ses prunelles écarquillées, incrédule.

  • J'avais mes partiels ! je me justifie alors.
  • Oh.

Je la rejoins ensuite autour de la table et elle s'empresse de me caresser délicatement les cheveux.

  • Ma fille, reprend-elle, tu travailles trop...
  • Je travaille dur pour être tranquille plus tard, je lui rétorque avec un sourire pour la rassurer.
  • Insha'Allah...

Ma mère n'a pas eu l'opportunité d'effectuer de longues études, à son époque, d'où son travail actuel d'agent d'entretien. Alors je fais tout mon possible pour essayer de la rendre fière, quitte à devoir parfois sacrifier ma santé.

  • Salam tout le monde !

Yanis fait soudain son apparition dans l'embrasure de la porte d'entrée, inondant au passage la cuisine d'une odeur familière à mes narines. Une odeur boisée et terreuse.

  • Hé, tu as mis un nouveau parfum, non ? je lui demande spontanément.

Un rictus se forme au coin de ses lèvres.

  • Ouais ! Celui que tu m’as acheté la semaine dernière, je l’aime trop !

Le rouge me monte aux joues face à la spontanéité légendaire de mon ainé, sous les yeux satisfaits de ma mère qui semble soulagée de voir que nous ne sommes pas fâchés l'un contre l'autre, aujourd'hui.

  • Bon, moi je vais aller travailler mes chéris... déclare-t-elle en enfilant son turban en lin.
  • Quoi ? Déjà ? s'indigne Yanis.
  • Je n'ai pas le choix avec tout ce que cet estomac absorbe, réplique-t-elle en désignant du doigt le ventre de mon ainé.
  • Hé ! C'est Hana la grosse mangeuse, pas moi !
  • Quoi ?!

Ma mère se redresse alors de la table, avant de nous déposer à chacun un baiser sur le front et de quitter la pièce. J'en profite alors pour reporter mon attention sur mon ainé.

  • Et toi, tu vas bien ? me demande-t-il en m’ébouriffant la tête.
  • Oui ça va, je suis juste un peu fatiguée des examens.
  • J’ai vu ça, tu as dormi toute l’après-midi sans même déjeuner !

Il passe alors sa main dans ses bouclettes, et rajoute en baissant d'un ton :

  • Pour que tu rates un repas...
  • Idiot !

Je lui tapote l'épaule.

  • Aïe !
  • Je voulais aller m'acheter un collyre ce matin, pour mes yeux, mais j'ai complètement oublié.
  • Quoi ?

Sur ces mots, Yanis attrape mon menton pour le diriger vers lui, puis il me scrute attentivement.

  • Mais qu’est-ce que tu fais ?

Il se tait un instant, comme pour prendre le temps nécessaire pour me sonder, avant d'ajouter :

  • C’est vrai que tu n'as pas l’air bien du tout...
  • Ah bon...
  • Oui, Hana ! Pourquoi est-ce que tu ne me l'as pas dit plus tôt ?

Je hausse les épaules, nonchalamment.

  • J'en sais rien, moi...

Il fronce les sourcils.

Je crois qu'il n'approuve vraiment pas mes propos.

  • Yanis, ça va... j'ajoute alors pour tempérer. Ce n'est pas la fin du monde non plus.
  • Reste là, je vais aller t'en chercher un.
  • Quoi ?
  • Tu m'as bien entendu.

Je n'ai pas le temps de le retenir qu'il s'empresse de me tourner le dos en direction de l'entrée, avant de marquer un arrêt :

  • Au fait, Hana...
  • Oui ?
  • Je vais à Rosewood, ce soir... ça te dirait de venir ?

J'arque un sourcil, incrédule.

  • Pour quoi faire ?

Il roule des yeux face à ma question.

  • Pour faire du surf.

Je laisse échapper un gloussement.

Ma question était vraiment idiote, après tout.

  • Pour faire un match de basket, Hana ! surenchérit-il alors, sur le ton de l'évidence.
  • C'est bon, j'avais compris...

Je lève les mains en l'air, comme pour plaider mon innocence.

Il me scrute alors, en attente de ma réponse, et je lui adresse un sourire :

  • Bien sûr que ça m'intéresse de te mettre une raclée !
  • Très drôle.

Il tire discrètement la langue, avant de reprendre une expression sérieuse et de croiser les bras.

  • Par contre, j'espère que ça ne te dérange pas...
  • Oui ?
  • Mais il y aura aussi Reda.
  • Quoi ?

Je manque de m'étouffer intérieurement.

  • Reda ? Mais pourquoi ?
  • En fait, à l'origine, Naïm devait nous accompagner pour nous arbitrer...

Naïm, hein...

La simple évocation de ce prénom me suffit pour frémir.

  • Mais au dernier moment, il nous a lâchés...
  • Quoi ?
  • Il ne m'a pas donné de détails, mais il m'a dit qu'il avait quelque chose de plus important à régler.

Quelque chose de plus important ?

Ou plutôt quelqu'un ?

Non parce que je suis prête à mettre ma main à couper que son occupation se résume surtout à une femme.

  • On allait annuler le match, et puis à la dernière minute, j'ai pensé à toi...

Je croise les bras à mon tour.

  • En gros, si on résume, je suis votre bouche-trou du soir, c'est ça ?
  • Hana ! rouspète alors mon ainé. Tu sais très bien que ce n'est pas ça !
  • Ah bon ?
  • Je me suis dit que sortir te ferait du bien, surtout après les partiels ! Mais écoute, si tu ne veux pas...

Je laisse alors échapper un ricanement.

  • C'est bon, je plaisante Yanis... d'accord, je viendrai.
  • C'est vrai ?
  • Oui ! j'insiste.
  • Génial ! Alors je passe te chercher vers dix-neuf heures ! Ne sois pas en retard, ok ?

La blague.

Venant de mon ainé, c'est quand même très culotté.

  • Ok ok, ne t'inquiète pas...

Sur ces mots, il s'empresse de sortir de la maison en fredonnant. Mais de mon côté, je ne peux empêcher mon esprit de ressasser les événements. Celui avec Naïm, évidemment, parce qu'il m'a rappelé que même si j'étais prévenante, je restais vulnérable, donc Yanis aussi. Mais celui avec Reda également. Parce que pour être honnête, ce que je ressens avec lui, c'est différent. Certes, je n'ai toujours pas digéré son petit manège avec les poivrons, mais même si je ne sais pas pourquoi, je sens qu'au fond, il n'est peut-être pas si méchant. Après tout, j'ai peut-être fait quelque chose de mal ayant pu l'agacer. Quoiqu'il en soit, je veux juste essayer de comprendre pourquoi il a l'air de ne vraiment pas me supporter. Et quoi de mieux que de se renseigner directement sur le terrain lorsque l’on ne maîtrise pas un sujet ?

* * *

Mon ainé est encore en retard, pour ne pas changer.

Et ça commence sérieusement à m'agacer.

Vêtue seulement d'un sweat à capuche noir et d'un jogging large gris, je puise dans toutes mes forces pour lutter contre l'acharnement du vent nocturne, lorsque je suis interrompue par un bruit de moteur. Je relève alors spontanément la tête, et j'aperçois une grosse Nissan blanche, que je n’ai par ailleurs jamais croisée dans le coin.

  • Hana ! s'exclame alors mon ainé en sortant par la portière droite du véhicule.
  • Yanis ! Mon dieu ! Ça fait un quart d’heure que je t’attends !
  • Je suis désolé... j'étais en train de...
  • Non, je le coupe néanmoins instantanément. Je veux la vérité. Rien que la vérité.

Il se masse l’épaule, embarrassé, avant de se confondre en excuses.

  • C’est vrai, désolé. On est allé trainer avec Reda et on n’a pas vu l’heure.
  • Reda ?

Soudain, je commence à faire le lien entre la voiture inconnue au bataillon et l’ami de mon ainé.

  • Ben oui, je te rappelle qu’il vient à Rosewood au cas où tu l’aurais oublié.

Je laisse échapper un cri de surprise avant de plaquer mes mains contre mes lèvres.

  • Quoi ? soupire Yanis, exaspéré.
  • Rien ! C’est juste que je pensais qu’on se retrouverait directement là-bas, au terrain…

Mon ainé hausse les épaules nonchalamment.

  • Oui, on aurait pu, mais bon j’étais déjà avec Reda et de toute façon je devais repasser te ramener ton collyre, alors inutile de prendre ta Clio. Surtout vu le prix de l’essence en ce moment.

Même si ça m'ennuie de l'admettre, il n'a pas tort.

  • Bon, on y va ? s’impatiente-t-il. Il attend depuis longtemps, là.

Ah parce que moi, je n'ai pas attendu peut-être ?

  • Deux minutes, laisse-moi juste mettre quelques gouttes dans mes yeux.

Je m’empresse de m’exécuter devant l’expression horrifiée de mon frère. Il est plutôt sensible et la vue intérieure de mes paupières pourrait lui suffire à tomber dans les pommes.

  • C’est bon.

Sur ces mots, Yanis m’intime de le suivre vers la Nissan. Mon cœur s’emballe dans ma poitrine. J’appréhende la réaction de Reda. Est-ce qu’il va profiter de cette occasion en or pour me sermonner ? Après tout, je risque de lui donner une nouvelle raison de me faire tourner en bourrique…

Nous sommes à moins de dix centimètres maintenant. Je prends une profonde inspiration et je m’engouffre timidement à l’arrière du véhicule. Reda est effectivement là, assis du côté du conducteur, une main sur le volant, déjà prêt à démarrer.

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