Tristesse triste

2 minutes de lecture

Je suis en train de m’effacer

de lentement

m’en aller

aspiré à l’intérieur

noyé dans mes artères

je vis de ce voile

qui me couvre

me recouvre

m’empêche de discerner

de me sentir

de me voir exister

peut-être que je m’oublie

peut-être est-ce de ma faute

cette sensation

de renier l’existence

peut-être ai-je trop intégré ma tête

peut-être ai-je fait de mes silences

des brèches à ces absences

je pensais aller mieux

je voulais certainement

ne pas entendre

mon cœur qui criait non

non non non

peut-être aurais-je dû entendre

dans mes discours

le bruit de la douleur

qui s’immisce

peut-être aurais-je dû sentir

cette folle course de l’angoisse

qui s’installe

peut-être que ce voile

ne représente que mes yeux

mon regard abîmé

qui a cessé de me voir

ou qui n’a jamais su

me voir (croire)

je me sens embrumé

une lumière aveuglée

je tente de me toucher

sur ma peau

de receler l’étoffe de ma chair

contre mes mains

peut-être suis-je en train de

définitivement

quitter mon corps

ou peut-être m’avale-t-il

pour me faire payer

les injures, les négligences

et les coups de la(r)mes

peut-être lui aussi crie non

non non non

à cette anxiété dévorante

à ce malaise grandissant

à me sentir trop étroit

à cette souffrance lancinante

à ces doutes permanents

à cette fatigue immense

à cet appétit éteint

à cette haine illusoire

qui ne renferme qu’une tristesse

triste

une tristesse triste

parce que qu’est-ce que la tristesse

peut être d’autre

peut-être aurais-je dû offrir à mon corps

toute la nourriture qu’il quémandait

toutes les caresses qu’il méritait

tous les je t’aime qu’il valait

peut-être devrais-je cesser

de l’importuner avec mes cris de chair

mes cris de guerre

une guerre de moi

de tristesse triste

peut-être devrais-je apprendre

à souligner ma peau, ses contours

son toucher

au lieu de sans cesse l’achever

de prendre la lame

pour une liberté

pour me libérer

elle ne libère que mon sang

encre rouge

dans ma guerre de moi

de tristesse triste

un sang qui crie à l’aide

quand mes lèvres ne le font pas

peut-être est-ce moi qui ait posé

déposé ce voile sur moi

peut-être est-ce le drapeau blanc

la paix amenée, supposée

la riposte éreintée

le cri de mon corps

face à ma guerre de moi

de tristesse triste

peut-être que mes je vais bien

ne vont pas si bien.

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