Chapitre 57: L'imbécile

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Au fond à droite dans le couloir. Oui, allons rendre visite à l’imbécile. Elle allait lui dire quelques mots qu’il ne risquait cette fois pas d’oublier. Maria ne pouvait pas supporter l’idée que le changement de la face du monde repose sur des personnes comme lui. Comme quoi chacun d’eux était indispensable. Parvenir à leurs fins serait bien plus rapide s'ils se délestaient de ces poids.

Elle jeta un oeil vers la salle à manger. Les inutiles existences bavassaient sans se soucier de rien. Elle ne risquait pas grand chose. Dans un certain sens, elle enviait leur insouciance sans bornes. Vivre sans faire connaissance de notre propre futilité, sans savoir que nos actions n’auront jamais une importance quelconque. Oui, eux ne savaient rien de ce qui les attendait. Les observer lui donnait la nausée. Pourquoi était-ce toujours aux simples d’esprits que l’on offrait le luxe du bonheur ?

Assez de digression, elle n’était pas venue pour rien.

La porte de la chambre était entrouverte. Sur le lit, un homme, la trentaine environ, dormait à poings fermés. Les draps se soulevaient au rythme de sa respiration lente et saccadée. Il n’est pas mort, quel dommage. Au moins, il pourrait toujours servir à quelque chose. Dire qu’il était censé être celui qui met un point final à l’histoire. Maria ne pouvait pas croire que c’était entre les mains de cet homme assoupi, vulnérable, qu’allait se jouer le bon déroulement du plan. N’était-elle entourée que d’incapables ?

Elle plaça ses mains à quelques centimètres du visage de l’imbécile. Là, tout de suite, elle pourrait l’étrangler. De toutes manières, est-ce que le laisser en vie représentait un avantage pour elle ? Nullement. Son absence de sérieux lui donnait toutes les bonnes raisons du monde de le réduire au silence à jamais. Elle regarda son cou. Aucune hésitation. Les faibles auront beau y mettre toute leur volonté, ils ne seront jamais fiables.

Puisqu’il aimait tant dormir, elle se ferait un plaisir de lui rendre service.

Sa première main glissa le long de la joue de sa victime, descendit plus bas, et tout doucement, vint se déposer sur sa gorge. La deuxième main suivit, lentement, cette silencieuse danse macabre. L’étau allait se refermer, délicatement, paisiblement, à mesure que les respirations de la future dépouille s’espaçaient.

Bonne nuit.

Bonne n...

Maria desserra son étreinte.

Qu’est-ce que…

Je…

Elle entendit des rires et des éclats de voix s’exclamer tout près. L’espace d’une seconde, sa vision était devenue floue. Sûrement la fatigue. Où en étais-je ?

Ah oui, il faut que je…

Son coeur manqua un battement.

L’homme avait ouvert un oeil. De ce même oeil, il scruta la nouvelle arrivante.

Il se redressa sans la quitter un instant du regard.

  • Bon… Bonjour… murmura-t-il dans un soupir, Qui êtes-vous ?

Complètement dans les vapes on dirait.

Elle se rapprocha de lui. En même temps qu’elle s’avançait, Maria se sentait profondément confuse. Elle ne saurait comment l’expliquer mais la présence de l’homme avait quelque chose de dérangeant.

  • Ton nom, rappelle-t-en.

  • Mon nom ? Mon nom…

Je suis…

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