Chapitre 1

2 minutes de lecture

Les brindilles mortes craquaient sous ses bottes avec un bruit terrifiant que n'étouffait pas la neige. Il avait beau courir, chacun de ses pas était lourd. Ses muscles étaient vieux, fatigués, et après quelques instants de cet exercice ses poumons étaient déjà brûlants, son souffle aussi rauque que si on l'avait étranglé, tout son corps endolori et secoué de spasmes. Il était trop vieux pour cela, mais il courait toujours. Il ne croyait pas avoir jamais autant couru de toute sa longue foutue vie. Finalement, le souffle complètement coupé, les poumons vides et la gorge en sang, il s'arrêta en agrippant une de ses mains gantées de cuir au tronc rugueux d'un arbre noir. Il faillit bien tomber à la renverse, mais à la place il se plia en deux pour reprendre une grande inspiration. Du revers de sa main droite, il essuya la bave qui avait coulée jusque dans sa barbe.
"Palsamfoutre !" s'exclama-t-il en regardant son gant noir se tâcher de rouge. Du sang coulait dans sa barbe blanche comme la neige, mélangé à la bave. Il ne se souvenait même pas avoir été blessé, mais il était vrai qu'un gnoll avait eu le temps de le frapper au visage avec la hampe d'une lance. Fallait-il que le destin soit cruel.
Il ausculta le reste de son corps. Les mouvements n'étaient pas aisés à son âge, et ses os grinçaient quant il se penchait pour tâter ses mollets. Son pourpoint aussi bien que ses chausses étaient de couleur alternée entre noir et bleu sombre, pas le plus pratique pour repérer d'éventuelles taches de sang. Heureusement, son analyse expéditive lui révéla qu'il n'avait ni entaille ni fracture. Toute cette vieille barbaque demeurait intacte, pour le moment.
Il releva ses yeux vers la cime des arbres. Ici la forêt était nettement plus clairsemée, il n'aurait pas trop de mal à retrouver son chemin. Il porta machinalement la main vers le pommeau de son épée, mais ne rencontra que le vide. Évidemment, il avait détaché son fourreau pour pouvoir courir plus vite. Il se demanda comment il allait se justifier auprès du comte, et alors seulement il y pensa et réalisa son erreur.
"Diantrefoutre de sacrebordel ! Le petit maître ! Oh ventrefoutre ! Maillegivre va me tuer c'est certain."
Un hululement dans son dos le fit se retourner en sursaut. Décidément il ne devrait pas s'exprimer à voix haute, les gnolls étant peut-être encore sur ses talons. Il reprit sa route à pas prudents, tout en essayant de se remémorer la scène. Aurait-il pu agir autrement pour éviter ce fiasco ? Non certainement pas. C'était de la faute de cet imbécile de général. Qu'aurait-il pu faire lui, pauvre vieil homme qu'il était ?

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire "Hallbresses " ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0