Chapitre 12 : Attaques

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Un cliquetis lui fit ouvrir les yeux, mais la peur lui conseilla de trouver refuge dans l’immobilité, sous l’édredon. Dans l’obscurité, le seul signe d’une présence, à l’extérieur de la petite chambre, était cet inquiétant bruit de pas qui se rapprochaient. Le grincement des charnières de la porte, faible rempart séparant cette pièce du salon, fut la cause d’une terreur grandissante, écrasante. La couverture, dernière protection contre l’horreur d’une rencontre redoutée par-dessus tout, s’envola en un instant, comme emportée par la plus violente rafale d’une tempête qui s’abattait sur l’appartement. La main d’une ombre noire lui colla les poignets avec du ruban adhésif, puis sa bouche fut bâillonnée de la même façon. Alors qu’un ninja supervisait, dans l’encadrement de la porte, la manœuvre de son acolyte, le corps terrorisé fut soulevé comme un sac de grain et posé sans ménagement sur l’épaule de l’agresseur. Un cri étouffé ne parvint pas à franchir la barrière collée sur sa bouche. Les deux ninjas n’avaient plus qu’à traverser le salon dans l’autre sens pour emporter leur innocente victime vers un funeste destin.

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— Lâche-le tout de suite, sale con !

L’adolescente, vêtue simplement d’un t-shirt gris trop grand pour elle, d’un boxer short noir et d’une serviette éponge humide autour de son cou, sortait visiblement de la douche, quand elle vit, sur l’épaule d’un des deux ninjas qui s’apprêtaient à rejoindre la porte principale, un lourd paquet de forme humaine, enveloppé dans un tissu épais enroulé comme un tapis. Le deuxième ninja se précipita vers elle, mais, dans un geste parfaitement maîtrisé, elle courut à son tour vers les deux agresseurs, se baissa soudainement au moment où son adversaire tenta de l’attraper, et se laissa glisser, les pieds en avant, jusqu’à frapper le ninja chargé dans les tibias. Celui-ci, déséquilibré, lâcha sa malheureuse victime, qui tomba lourdement sur lui. Alors qu’il se dégageait péniblement, Joanie se releva promptement, faisant maintenant face à deux ennemis armés et entraînés, prêts à lui faire mordre la poussière, tandis que le corps empaqueté se débattait dans l’espoir vain de se dégager de l’entrave de la couverture. La jeune fille saisit sa serviette par une extrémité et la fit tourner de façon à l’entortiller sur elle-même, la transformant ainsi en une arme redoutable, comme elle avait pu l’apprendre ces derniers jours. De son côté, le ninja blessé, attrapa dans son dos un katana et menaça Joanie, alors que l’autre agresseur joua du nunchaku pour l’impressionner. L’homme au sabre se lança, bras armé en avant, vers l’insolente qui esquiva la lame et enroula d’un mouvement vif sa serviette du poignet au coude de son assaillant. Sans tarder, elle saisit l’extrémité enroulée du tissu humide et tira l’avant-bras vers elle tout en bloquant le coude de son genou dans un saut spectaculaire. Le craquement du coude déclencha un hurlement de douleur trahissant l’incapacité de l’homme à accomplir sa mission. Au contraire, celui-ci servit de bouclier à Joanie lorsque le nunchaku virevolta pour l’atteindre, vainement. Le ninja assommé, dégoulinant de sang sous la violence des coups de son partenaire, fut ensuite projeté violemment contre celui-ci, bloqué dans un coin de la pièce, tel un boxeur dépassé, coincé contre les cordes du ring. À la vitesse de l’éclair, Joanie sauta les deux pieds en avant et vint frapper à la tête celui qui avait déjà encaissé malgré lui tant de coups de bâton, et dont le crâne vint heurter celui de son acolyte. Les deux hommes en noir s’effondrèrent sans réaction sur le tapis. La jeune fille se précipita pour délivrer des couvertures celui qu’elle venait, à sa grande surprise, de sauver.

— Merde, comment t’as pu te faire avoir si facilement par ces deux blaireaux, je pige pas, demanda-t-elle au paquet qu’elle essayait difficilement d’ouvrir.

— C’est qu’il n’était pas aussi bien préparé que toi, répondit dans son dos la voix posée qu’elle eut reconnue entre mille.

Se retournant vers son nouveau mentor, qui entrait à l’instant dans la pièce, laissant paraître, dans l’encadrement de la porte ouverte, le désordre d’un champ de bataille, parsemé de corps inertes, vêtus de noir, Joanie lui adressa un regard interrogateur. Puis elle revint à sa tâche première et délivra finalement celui qu’elle n’attendait pas.

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