Chapitre 17. Trêve

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Une fois à bord, Rachel se retrouva entre Sophie et Louis et espéra pouvoir fermer l’œil pour les 3h30 de vol prévus. Les garçons de Sophie, Clément 6 ans et Antoine 5 ans, étaient déjà dans les bras de Morphée, Sophie somnolait déjà, Louis, par contre, chipota un peu avec sa fille qui s’était réveillée entre temps et réclamait son biberon.

Moment cocasse dans un avion… Heureusement que ce genre de situation était bien prévues dans ces vols… Il y eut un embouteillage pour les biberons à réchauffer… Il y avait trop de bébés à bord. Les pauvres bébés ne pouvaient qu’attendre… En criant. Au grand désespoir de certains vacanciers qui commencèrent à lancer des commentaires qui, en substance, exprimaient le sentiment qu’il était, pour rester poli, « ridicule de voyager avec des enfants en si bas âge ».

En entendant ce genre de réactions, Rachel regarda Louis, qui lui répondit, en levant les yeux au ciel et en soupirant, puis tenta,

— Est-ce que je pourrais vous demander de tenir Madeleine le temps que j’aille vérifier où en est mon biberon dans la file ?

— Ok, passez là moi, j’espère que vous l’aurez vite.

Elle prit Madeleine dans ses bras et sourit, cela faisait bien 6 semaines qu’elle ne l’avait plus vue, elle la trouva changée, grandie… Et bien éveillée pour ses 3 mois. Mais elle avait faim… Et l’exprimait haut et fort ! Rachel la berça quelque peu, lui donna son doigt à téter pour la tromper l’espace d’un instant… Puis vit arriver Louis avec un biberon en main… à son grand soulagement !

Louis lui tendit le biberon…

— Si vous en avez envie, sinon je la reprends.

Il se rassit et se prépara à la reprendre. Rachel hésita une fraction de seconde puis lui pris le biberon des mains et le présenta à Madeleine qui s’empressa de l’engloutir. Des petits gémissements prirent la place des cris. Madeleine s’apaisa très rapidement et calma sa cadence de tétée. Louis les regarda, toutes les deux, ému.

— Rachel, je voudrais une nouvelle fois m’excuser de la façon dont je vous ai traité il y a 6 semaines. J’ai été abrupt… Parce que je m’en voulais… Que vous m’ayez vu en pleurs et en laissant pleurer Madeleine.

Rachel leva les yeux vers lui et lui répondit, avec un petit sourire en coin,

— C’est donc votre orgueil qui était blessé plus qu’autre chose ?

— Euh… On peut voir cela comme ça, oui, je m’en voulais d’avoir donné cette image de « faiblesse », de ne pas être capable d’assumer un enfant…

Sa voix se tut sans qu’il ne puisse rien y faire, il sentit des larmes lui monter aux yeux… Non, il ne voulait pas retourner à ce jour-là, non ! Pourquoi est-ce que cela revenait, là, maintenant, avec elle ?

— Louis ?

Elle l’interpella pour le faire revenir vers elle alors qu’il se détournait pour écraser les larmes qui pointaient au coin de l’œil,

— Louis, vous avez dû assumer cet enfant presque du jour au lendemain, ce n’est pas une situation des plus commune, non ?

Il la dévisagea, elle savait ?

— Vous connaissez ma situation ?

Rachel acquiesça en fermant les yeux et en hochant la tête.

— Oui, en tous les cas, je connais ce que Sophie a bien voulu en dire ; une femme a accouché et vous a indiqué comme étant le père de l’enfant, vous avez fait des tests ADN et vous avez été reconnu comme père biologique, Madeleine a débarqué du jour au lendemain dans votre vie et Sophie vous a aidé pour votre installation. Il y a de quoi être un peu chamboulé. Et, vous ne connaissez vraiment pas la mère ?? C’est particulier, non ? Vous êtes donneur de sperme ?

Il eut un rire nerveux,

— Non, justement ! Dans ce cas-là, j’aurais su d’où pouvait venir le sperme qui a fécondé l’ovule qui a donné Madeleine. Sophie ne l’a peut-être pas mentionné, mais dans les papiers qui ont fait de moi le papa de Madeleine, il y avait une reconnaissance de paternité, signée par moi, datant d’avant la naissance, certifiée par un notaire… Papier que je ne me souviens aucunement avoir signé ! Et en plus, les sages-femmes de la maternité ont cru que j’étais un homosexuel qui avait fait appel à une mère porteuse… C’est ce qu’Églantine Dupont a expliqué lors de ses quelques jours d’hospitalisation.

Il s’arrêta, ne sachant pas comment Rachel allait réagir à ce qu’il venait de déballer devant elle. Rachel s’enquit,

— Et quoi, vous l’êtes ? Homo ?

Vivement, il lui répondit,

— Mais non !

Rachel écarquilla les yeux et eut un petit mouvement de recul devant le ton de la réponse de Louis.

— Waouw, cool, il n’y a pas de mal, c’était juste une question !

Embêté d’avoir réagi aussi violemment, il s’en voulut et s’empêtra dans des explications,

— Non, mais quand même, j’ai eu plusieurs copines et j’ai été en couple pendant dix-huit mois avec Ambre, on a même essayé d’avoir un enfant… Enfin j’ai essayé.

Rachel soupira et songea, décidément, ça ne s’arrange pas…

Louis se tut, parce qu’une boule de colère lui montait dans la gorge… Le fait d’en parler à quelqu’un qui ne faisait pas partie de son cercle d’amis proches et de réagir de la sorte, lui montrait bien que son deuil, il ne l’avait toujours pas fait, quoi qu’il en pense.

Entre temps, Rachel souffla,

— Oui mais elle…

Brusquement, il lui décocha,

— Quoi elle ?

Saisi de sa réplique, il s’excusa aussitôt

— Désolé, vraiment, Rachel, je suis désolé, c’est à chaque fois sur vous que cela tombe !

Dans un soupir, elle lui rétorqua,

— Oui, je constate ! Et je vous dirais bien que cela devient un peu pénible… C’est votre nature profonde qui ressort ou quoi ?

Il passa ses mains sur son visage et se mordit la lèvre inférieure puis lui répondit,

— Mais non, mais, pff… Je crois que je n’ai toujours pas digéré la rupture, même si c’est moi qui l’ai décidé. Et puis avec cette petite qui est arrivée dans ma vie après… Je ne sais plus quoi penser de la vie elle-même.

Sur un ton doux, elle glissa,

— La rupture c’est une chose, Madeleine c’est autre chose, et ce que vous me racontez est digne du scénario d’un film, un complot bien monté avec la question principale : qui a dérobé le sperme de M. Leblanc ?

Elle en rit doucement et se retourna vers Madeleine qui avait terminé son biberon entretemps,

— Et toi, tu sais comment ils ont fait pour te créer ?

Elle la tint assise pour lui permettre d’éructer, ce qu’elle mit un peu de temps à faire, probablement incommodée par la pression dans l’avion.

Louis sourit de la situation et se dit que Rachel se posait la bonne question, en tous les cas celle qui trottait dans sa tête depuis près de 3 mois « comment ont-ils fait pour créer Madeleine ?» Cette dernière finit par digérer et Louis proposa de la reprendre pour libérer Rachel.

Cette dernière proposa,

— Dites Louis, seriez-vous d’accord si nous nous tutoyons ? Cela pourrait faciliter les choses étant donné que nous serons amenés à nous côtoyer durant les prochaines semaines.

Louis acquiesça puis sauta sur l’occasion pour proposer à son tour,

— Je suis d’accord et aussi que nous nous disions les choses clairement, je veux dire, que nous prenions le temps de parler de ce qu’on vit, si par exemple je réagis comme la tantôt, tu vois ? Je ne suis pas très clair je crois.

— En gros, si je te trouve abrupt, je te le dis et on en discute, c’est ça ? Et inversement.

— Oui, c’est ça.

— Ok, ça me va.

— Moi aussi.

Un sourire naquit sur leurs lèvres, les vacances pouvaient commencer, plus sereinement.

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