Chapitre 4. Le plan d’approche d’Ambre

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Après avoir consolidé sa vie professionnelle, Louis avait à présent une situation stable de technologue dans le service de radiologie d’un hôpital universitaire et il envisageait de créer une famille, mais encore fallait-il trouver celle avec qui il pourrait réaliser ce projet.

À l’hôpital, il avait une réputation de « beau gosse bosseur », dans le sens d’un beau gosse qui s’ignore et qui ne pense que « travail », il était souvent interpellé par certaines collègues ou encore par des infirmières qu’il croisait lorsqu’il fallait effectuer certains examens au sein même des unités.

Il avait tendance à ne pas vraiment capter les tentatives de drague de certaines, leurs papillonnements de cils, leur façon de se tenir, de le regarder, de tripoter dans leurs cheveux en sa présence…

D’un naturel plutôt timide, il ne savait pas vraiment comment réagir à ce qu’il captait, parfois, de l’intérêt que lui portait l’une ou l’autre, à part se retrouver bouche bée et bras ballant face à des demandes parfois toutes bêtes comme d’aller boire un verre après le boulot.

Il ne s’estimait pas très doué coté relations sentimentales… Mais gardait en lui l’idée qu’un jour, « elle » arriverait et que tout se passerait bien…

Et puis, un jour, Ambre apparu… Grande, élancée, avec d’abondants cheveux bruns tombant jusqu’à la moitié de son dos, peau mate, bouche pulpeuse mise en avant par un rouge à lèvres sombre et des yeux gris et froids qui lui donnaient un petit quelque chose de fascinant. Vêtue d’une robe bordeaux jusqu’aux genoux, avec décolleté en V donnant une belle vue sur sa poitrine dont l’arrondi trahissait le push-up qu’elle portait… Le costume type de la déléguée médicale, complété des talons de cinq cm et de la valise à roulette pleine à craquée d’échantillons à donner aux médecins.

Que faisait-elle là, un peu perdue dans le couloir du service de radiologie ?

Louis, d’abord illuminé par l’apparition de cette femme, reprit ses esprits et s’empressa de lui demander si elle avait besoin d’aide. Histoire d’être serviable… Et surtout, de tenter d’entamer une conversation… Où du moins espérer qu’une si belle femme pose son regard sur lui, ne fusse que quelques secondes. En fait, il n’en espérait pas plus.

Contre toute attente, Ambre se présenta à lui et lui expliqua qu’elle avait rendez-vous avec le Dr B, qui apparemment était déjà parti. Elle entama alors la conversation avec Louis et finit même par se montrer des plus entreprenante.

De fait, ils finirent par discuter dans le bureau que Louis partageait avec trois de ses collègues, heureusement absents à cette heure de fin de service.

Elle fit rapidement tomber les défenses de Louis, en s’intéressant à lui, en le valorisant dans son travail qu’elle qualifiait « de l’ombre », qui était tellement nécessaire à ces médecins orgueilleux qui ne voyaient pas ce travail et à qui elle devait frotter la manche pour fourguer les produits de la firme pour laquelle elle travaillait.

Elle entama une approche plus sensuelle lorsqu’elle décida d’ouvrir quelques boites de chocolats « réservées aux médecins » lui précisa-elle, chocolats qu’elle lui mit en bouche tout en prenant bien le temps de toucher ses lèvres et de lui caresser les joues. Le voyant capté par la situation, Ambre passa un autre cap, elle prit l’un des chocolats entre ses seins et lui proposa de « venir le chercher, avec sa bouche ».

Cette proposition bloqua Louis l’espace de quelques secondes

Quoi ? Elle, moi ? Non, il doit y avoir un truc ! Caméra cachée ?

Son incrédulité se marqua sur son visage. Ambre la capta et compris… Qu’elle était allée trop vite !

Ni une, ni deux, elle tenta le tout pour le tout, elle l’embrassa sur la bouche, du plus passionnément qu’elle s’en sentit capable puis se perdit dans des explications un peu chaotiques… Elle improvisait !

— Excuse-moi, cela fait si longtemps que j’attends ça, je suis désolée si je t’ai choquée, mais tu es tellement craquant ! À chaque fois que je te croise dans ces couloirs, tu sembles toujours si concentré sur ton travail, j’ai beau tenter de capter ton regard, je n’y suis jamais arrivée… Et puis là, je me suis dit, vas-y Ambre, tente ta chance avec lui… Dis-moi, est-ce que tu m’en veux ?

Tout en continuant à se presser contre son corps, en cherchant à sentir si le corps de Louis répondait à ses stimulations… Ce qu’elle découvrit, à son grand contentement.

— Oh, hé… Non, je ne t’en veux pas, euh, mais… Je n’ai pas souvenir de t’avoir croisé si souvent dans ces couloirs, je…

Elle renchérit,

— Mais tu vois, bien, c’est ce que je disais, tu ne me voyais pas… Rho, toi, qu’est-ce qu’il ne faut pas faire pour te déconcentrer de ton travail !

Elle décida de clore la discussion en l’embrassant à nouveau, cette fois-ci, il lui rendit son baiser.

Ambre pensa,

Bingo, facile ! C’est moi qui l’aurai ce city trip à Barcelone ! Bon, maintenant, il faut que j’officialise pour être sûre de gagner… Mhhh l’emmener boire un verre en terrasse pour l’exhiber comme trophée ? Oui, pourquoi pas !

Sa pensée à lui fut toute autre…

C’est elle, c’est elle… Ce ne peut être qu’elle ! Enfin ! Et c’est réel, rho, c’est trop super, j’y crois pas, mais là, c’est pour de vrai, je tiens une superbe femme dans les bras, elle est attirée par moi, elle comprend mon investissement au boulot, je rêve… Non, c’est bien réel !

Non-contente de se dire qu’elle était en bonne voie pour gagner le pari, et tout en découvrant le corps de son partenaire, elle songea ;

Et pourquoi pas tenter d’obtenir la first class !

Après avoir envisagé si la situation et l’excitation de son partenaire permettaient une relation sexuelle, elle commença à lui défaire l’attache du pantalon de son uniforme.

Sentant les intentions de sa partenaire, Louis fut à la fois « tout-fou », mais aussi un peu refroidi ; cela allait vite, trop vite à son goût.

— Mais, attends, c’est très agréable, très tentant même, mais on ne se connaît pas, quelqu’un pourrait entrer… Euh, et je n’ai pas de préservatif !

Elle ferma les yeux, pensa,

Oh purée, encore un qui se pose des questions ! Je te demande juste de coucher avec moi et de le dire à tout le monde pour que je puisse gagner mon pari !

Mais lui dit :

— Ne t’inquiète pas, je pense que j’en ai, cela fait partie de certains cadeaux à distribuer ! Et pour ce qui est d’apprendre à se connaître, je suis tout ouïe dis-moi ce que tu veux que je sache de toi avant que je ne trouve le dit préservatif… Pose-moi les questions que tu veux sur moi.

Elle se décolla de lui et commença à fouiller dans sa valise quand Sophie, l’une des collègues de Louis, fit son apparition en s’exclamant,

— Ah Louis, t’es encore là !

Elle stoppa net en captant la présence d’Ambre.

— Oh, tu n’es pas seul, désolée, je ne fais que prendre mes affaires avant de partir !

Louis, encore sous le charme de ce qu’il venait de se passer, se redressa, un peu gêné et reboutonna discrètement sa chemise.

— Salut Sophie, je pensais que tu étais déjà partie !

Ambre, voyant que l’ambiance torride était retombée, se dit qu’elle allait agir autrement et glissa, à l’adresse de Louis,

— Ah, voilà, j’ai retrouvé une de mes cartes !

Puis, faisant mine de découvrir la présence de Sophie, elle rebondit,

— Oh, bonjour, vous devez être une collègue de Louis, je suis Ambre, je travaille pour la société top6000. Je discutais avec Louis de tout le travail que vous faites dans l’ombre, mais - elle fit mine de regarder sa montre - oups, il se fait tard ! Je dois m’en aller, envoie-moi un texto dès que tu le peux, de cette façon, j’aurais ton numéro et nous continuerons notre discussion autour d’un verre !

Elle quitta le bureau en adressant un sourire à Sophie et un regard brûlant à Louis. Dès qu’elle eut disparu du couloir, Sophie apostropha son collègue,

— Oh la la Louis ! T’as une bonne touche, là ! Et canon en plus !

Louis s’empourpra quelque peu, Sophie reprit ;

— Mais allez, fonce, envoie-lui ce texto, qui ne tente rien n’a rien mon petit gars !

Ce qu’il fit.

En y repensant, Louis fit des liens avec ce que Damien lui avait expliqué, mais qu’il n’avait jamais voulu croire… Débile qu’il était, non… Amoureux qu’il était.

Damien lui avait relaté qu’Ambre lui avait avoué que leur rencontre avait fait l’objet d’un pari. Bon, il avait omis de lui dire qu’il avait eu cette confidence sur l’oreiller, après avoir couché avec elle… Mais même s’il le lui avait dit, Louis ne l’aurait pas cru !

En se remémorant ce que Damien lui avait transmis à l’époque, il eut à nouveau cet étrange sentiment d’avoir été, pendant plus d’un an, le dindon d’une belle farce.

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