Chapitre 1. La découverte

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Une petite frimousse, des gazouillis plaintifs, elle est là, dans un couffin, à côté de lui qui regarde vers le sol tout en agitant un jouet vers son enfant.

— Je n’y arrive pas, je ne sais pas pourquoi cela m’est tombé dessus.

Le regard perdu de Louis se pose, le temps d’un moment, sur l’enfant alors qu’il entend son amie lui répéter ce qu’il sait déjà,

— C’est la tienne, que tu le veuilles ou non, tu es son père, les tests génétiques l’ont prouvé.

— Oui, c’est sûr, Sophie, je sais, génétiquement, je suis son père !

Le ton de Louis monte, l’enfant arrête de gazouiller. Il s’adresse alors à elle.

— Je suis désolé, Madeleine, ce n’est pas sur toi que je suis fâché.

Il se tourne vers Sophie et lui expose, en soupirant,

— Tu vois, j’ai l’impression d’en devenir maltraitant ! Cette petite n’y peut rien, mais c’est plus fort que moi, j’explose régulièrement.

— Écoute, je peux comprendre, il y a deux semaines, tu ne connaissais même pas son existence. Mais essaye d’exprimer cette colère autrement… Dis-le directement à sa génitrice !

— Elle ne veut pas en parler, tu le sais, elle a abandonné Madeleine à la maternité en disant, « c’est Louis le père » et puis, elle est partie sans son enfant… Un colis trop encombrant, j’imagine ! Mais, purée, pourquoi n’a-t-elle pas interrompu cette grossesse ? Pourquoi mener une grossesse à terme pour ensuite abandonner un enfant ? Le tout, sans prévenir le père… Tu crois que ce serait une forme de vengeance ? Mais contre quoi ? Je ne la connais même pas, cette femme ! Comment a-t-elle pu faire cet enfant avec moi ? Comment ? Cette question me hante !

La situation était effectivement particulière. Louis avait reçu, un matin, un coup de téléphone de la maternité pour lui annoncer que la petite Madeleine avait été légalement abandonnée par sa mère et l’attendait, lui, le père légitime, reconnu devant notaire, dont Églantine, la mère, avait donné les coordonnées.

Pensant à une bonne blague de la part de ses copains, Louis avait raccroché, quelque peu hilare et avait contacté directement son meilleur ami :

— Salut Éric, dis, c’est qui l’auteur de cette méga blague ? Purée ! Papa célibataire à 2 semaines de mon anniversaire ! C’est qui, qui a trouvé cette idée ? Je ne vois que toi qui puisses être capable d’un truc aussi gros !

— Euh…

Le silence s’était installé à l’autre bout du fil, puis Éric lui avait répondu, perplexe,

— Ben, Louis, je ne suis pas du tout au courant de cette affaire, je t’assure ! Et je ne vois pas les autres faire ce genre de blague. Je sais que mon humour est parfois particulier, mais ce genre de truc, je ne ferais pas, tu le sais, non ?

— Ah…

Éric avait entendu son ami s’asseoir lourdement. Louis avait fini par bredouiller, incrédule.

— Mais euh, mais alors ? … Quoi, ce serait peut-être vrai ? Mais, non !

— C’est quoi cette affaire, Louis ? Explique-moi ça mon gars.

Il lui avait alors expliqué le contenu du coup de téléphone qu’il venait de recevoir. Éric avait tenté de le rassurer.

— Louis, Louis, attend, je vais me renseigner auprès de Sarah, voir si c’est possible d’abandonner un gamin, comme ça à la maternité, je te sonne dès que j’ai des nouvelles !

Après qu’Éric ait raccroché, Louis s’était retrouvé seul, face à cette nouvelle qu’il ne savait pas comment prendre, ses pensées oscillèrent entre le ;

Non, c’est une blague, il va rappeler, et me dire qu’il m’a bien fait marcher ! Et le et si c’est vrai, c’est qui la mère ? M…. Je ne me souviens pas !! Qu’est-ce que j’ai foutu il y a 9 mois ? Et avec qui ? Ça fait 1 an que je suis célibataire après avoir rompu avec Ambre suite à ses multiples tromperies… Et c’est moi qui me retrouverais avec un moutard sur les bras ?? Je ne comprends pas !

Après un temps d’égarement, Louis avait quelque peu repris ses esprits et avait retéléphoné à la maternité qui avait pris contact avec lui.

— Bonjour, vous m’avez contacté il y a une heure concernant une petite Madeleine… Euh, pourrais-je obtenir plus de renseignements à son sujet et au sujet de sa mère ?

Son interlocutrice lui avait alors proposé de venir jusqu’à la maternité pour obtenir les dits renseignements qu’elle ne pouvait donner par téléphone.

Il s’y était alors rendu, un peu penaud et dans une forme d’état second…

Non ce n’est pas vrai, c’est une blague, je vais me réveiller, je vais voir que c’est un coup de mes copains qui m’attendent pour bien rigoler de ma tronche…

Arrivé à l’adresse, il avait constaté qu’il s’agissait bien une maternité… Oui… Soit la blague était bien ficelée, soit… Non !

Pour se donner du courage, il chuchota, un peu crâneur,

Allez, va vérifier cette bonne blague !

À l’accueil de la clinique, il avait encore hésité avant de se présenter puis s’était lancé ;

— Bonjour, j’ai rendez-vous avec Mme Rosenoir, du service social de la maternité.

— Troisième étage, bureau 301, ascenseur à votre gauche.

Ce fut la réponse qu’il reçut, sèche, mais claire, précise… Un frisson avait alors parcouru son corps et l’avait fait, le temps d’un instant, chanceler… Cette Mme Rosenoir existait et faisait vraiment partie du service social de la maternité… Accusant le coup, Louis avait eu quelques difficultés à avaler sa salive.

« Troisième étage » annonça la voix dans l’ascenseur. Le sursaut de l’ascenseur qui s’arrête et qui s’ouvre avait saisi Louis, il était au bon étage… Panneau d’information, le bureau 301 était à droite… Il avait alors songé,

Il est encore temps de rebrousser chemin, ce truc me flanque la frousse !

Au même moment, une porte s’était ouverte et une dame avait passé la tête dans le couloir avant de l’interpeller d’une voix ravie,

— Monsieur Leblanc ?

— Euh, oui, c’est moi !?

— Bonjour, je suis Mme Rosenoir, je me suis permise de vous interpeller, vous êtes tip top comme Églantine vous a décrit ; roux, grand, allure sportive, barbe de 3 jours, nez aquilin… Et votre fille a hérité de vos cheveux !

Louis n’avait su quoi répondre… Il était resté, figé, dans le couloir à détailler cette femme qui disait l’avoir reconnu suite aux descriptions d’une certaine Églantine… Ce nom ne lui disait rien, mais alors rien du tout !

— Mais entrez dans mon bureau, nous serons plus à l’aise pour discuter que dans le couloir. Voulez-vous un verre d’eau ? Vous êtes tout pâle !

Et pour cause ! Il avait l’impression que tout son sang avait quitté son corps, qu’il allait tomber, sec et vide, sur le sol. Il était quand même arrivé à balbutier,

— Oui, je veux bien un verre d’eau, merci.

Un peu gauche, il s’était assis sur l’une des deux chaises, face au bureau de l’assistante sociale.

Voulant briser cet état second dans lequel il était depuis qu’il était sorti de l’ascenseur, il avait commencé à parler :

— Cela va peut-être vous sembler bizarre, mais je voudrais vous dire que je ne connais aucune Églantine… Je ne sais pas de qui vous parlez et cette situation me semble des plus bizarre… Cet enfant ne peut être de moi.

Il avait alors souri et demandé, sur un ton approbateur,

— C’est ça, c’est une blague hein, c’est Éric et Sarah qui sont dans la combine et qui vous ont demandé de participer à la farce ! Excellent en tout cas ! Vachement bien ficelé, j’y ai même cru !

En se tournant vers la porte, il s’était écrié :

— Éric, Sarah, vous pouvez entrer, les blagues les plus courtes sont les meilleures !

Il avait éclaté de rire, seul… Puis, quittant la porte des yeux, son regard s’était alors posé sur le bureau de Mme Rosenoir, bureau encombré de dossiers, PC allumé, un cadre comme en fabriquent les enfants en maternelle avec une photo d’homme, quelques auréoles laissées par des tasses de café… Et derrière le bureau, une Mme Rosenoir quelque peu interloquée, ouvrant de grands yeux alors qu’elle lui tendait un verre d’eau.

C’est sur un ton beaucoup moins jovial qu’elle l’avait alors interpellé face à son discours,

— Pourriez-vous m’expliquer cette « blague » Monsieur Leblanc ? Je ne comprends pas, et cette situation me laisse perplexe. Voulez-vous dire que vous n’aviez pas connaissance de la grossesse d’Églantine, ni de la naissance de Madeleine ?

Douche froide pour Louis… Ce n’était visiblement pas une blague… Quelqu’un voulait lui coller un enfant dans les bras ! Complètement démuni, il avait avoué, d’une petite voix,

— Non, je ne suis au courant de rien, c’est votre coup de fil de ce matin qui m’a amené ici, et franchement, je croyais à une blague, de mauvais goût, de mes copains.

Après un gros soupir exprimant un mécontentement certain, Mme Rosenoir avait ouvert, sous les yeux de Louis, un dossier, duquel elle avait sorti un document.

— Reconnaissez-vous ce papier et cette signature ?

Elle lui avait tendu un papier qui semblait très officiel… Et sur lequel il avait reconnu sa signature. Il était consterné, il s’agissait d’un acte notarial dans lequel il reconnaissait sa paternité ! Avec en annexe, l’attestation du gynécologue suivant Églantine, et attestant de la date prévue de l’accouchement… La date de cette reconnaissance de paternité anticipée remontait à trois mois ! Affolé, il s’était emporté face à une Mme Rosenoir qui, elle était restée imperturbable.

— Mais, jamais ! Jamais je n’ai signé ce papier ! Je ne connais même pas le notaire qui a rédigé ce papier ! A-t-on vérifié si ce notaire existe vraiment ? C’est un faux ! J’en suis sûr !

En rassemblant les feuilles du dossier, Mme Rosemoir lui avait répondu, très sérieusement,

— De notre côté, ce document est tout à fait authentique, nous l’avons vérifié. Le notaire en question vient de prendre sa pension, mais nous a certifié que tout avait été fait dans les règles.

Sous le choc, Louis, n’avait de cesse que de répéter,

— Mais, non ! C’est impossible ! Je ne connais pas d’Églantine, je n’ai pas d’enfant !

Malgré la détresse de Louis, Mme Rosenoir avait ajouté, de façon très pragmatique,

— Je suis désolée monsieur Leblanc, mais légalement, au vu de ce document, vous êtes le tuteur légal de Madeleine. Et vous avez la garde complète de l’enfant étant donné qu’Églantine Dupont a rempli les papiers de procédure d’abandon en votre faveur. Elle a encore le délai de deux mois de réflexion pour revenir sur cet abandon, mais entretemps, c’est à vous que revient la garde de l’enfant. L’enfant sera toujours mieux auprès de l’un de ses parents que balloté de pouponnière en pouponnière, enfin, c’est mon avis. Et puis, il faut l’assumer maintenant, elle n’a rien demandé cette petite !

Énervé par le discours qui lui était servi alors même qu’il était en train de tenter d’intégrer ce qu’il venait d’apprendre, il avait explosé,

— Comment pouvez-vous être aussi sure du fait que je sois le père de cet enfant ? J’exige un test génétique !

Toujours aussi pragmatique, l’assistante sociale lui avait répondu,

— Si vous le voulez, mais la reconnaissance de paternité vous indique quand même comme le tuteur légal de Madeleine. Et à ce titre, je vous demanderais de bien vouloir me suivre, afin que je puisse vous présenter votre fille.

En énonçant cette dernière phrase, elle s’était levée et s’était dirigée vers la porte. Louis l’avait suivi, la tête pleine à craquer de colère, d’incompréhension et d’appréhension ; il allait rencontrer sa fille ...

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