Il ne m'en faut pas plus pour sortir mon téléphone portable et écrire :

"Le soleil se couchera bientôt, teintant le paysage de sa belle couleur orangée. Le lac brillera alors de mille feux, c'est un spectacle à ne pas manquer."

Mon premier message à Hana depuis bientôt un an.

*

Debout sous les branches du cerisier, je contemple le crépuscule. Dans le parc règne une tranquillité apaisante. La brise agite les brins d'herbe et les feuilles des arbres, avant de faire onduler l'eau du lac qui, comme prévu, scintille de reflets dorés.

Une douce voix vient briser ce silence :

- Tu as raison, c'est vraiment un spectacle à ne pas manquer.

Je tourne la tête pour voir Hana, debout près de moi, ses grands yeux bleus rivés vers l'horizon et ses longs cheveux roses ondulant doucement au gré du vent. Quelle discrétion ! Je ne l'ai même pas entendu arriver.

Je me tourne vers elle et lui dit, un grand sourire aux lèvres :

- Félicitations pour ta réussite aux examens, tu t'es vraiment surpassée cette année !

- Merci, mais cette réussite, je la dois à mes camarades et mes professeurs. Ce sont eux qui m'ont permis d'évoluer et de me dépasser. Je leur en suis reconnaissante !

- Tu peux maintenant intégrer l'école de ton choix. J'imagine que tu en choisiras une spécialisée en économie et gestion pour pouvoir reprendre dignement l'entreprise de ton père . . .

- J'hériterai bel et bien de l'entreprise familiale, mais il faudra trouver un autre gestionnaire car je compte devenir une artiste.

Elle se tourne vers moi pour me déclarer, le visage illuminé par un grand sourire et les yeux brillants :

- Oui, je suis enfin libre ! Libre d'exprimer ma véritable personnalité et mes vrais sentiments, libre de décider de mon destin et mes parents respectent enfin mes choix ! Ça a été un long combat et une périlleuse aventure, mais grâce à mes professeurs et mes amis, j'ai enfin réussi à me libérer ! Oui, ce sont eux qui m'ont encouragée à me libérer et qui m'ont montré comment prendre mon destin en main. Ils sont tous uniques et fantastiques ! Je leur en serai éternellement reconnaissante !

Ce n'est qu'alors que je me rends compte que je viens seulement de faire connaissance avec la fille que j'aime, la vraie Hana. Pris d'un élan de joie et de tendresse à cette idée, je prends sa main dans la mienne pour m'exclamer :

- Je suis heureux et fier de toi, Hana !

Ses yeux s'arrondissent de surprise. Je lui dis donc :

- Je comprends ton étonnement, tu ne t'attendais sûrement pas à une telle réaction de ma part après la façon dont je t'ai lâchement abandonnée . . . J'en suis sincèrement désolé. Je veux que tu saches que tu n'y es absolument pour rien, tu es une personne formidable ! C'est moi qui n'ai pas eu le courage de m'imposer plus tôt à mon père, mais c'est fini. Je ne laisserai plus rien ni personne nous menacer ou nous séparer, je te le promets ! Désormais, je resterai toujours à tes côtés car je t'aime plus que tout au monde, Hana.

- Oh, Gakushû . . .

Je ne lui laisse pas le temps d'en dire plus : je pose mes lèvres sur les siennes pour lui exprimer tout mon amour et sceller ma promesse. C'est comme si ce baiser lui donnait un caractère sacré et la rendait inviolable.

Lorsque je finis par quitter ses lèvres, douces et chaudes à la fois, je constate que des larmes perlent au coin de ses yeux, les rendant plus brillants encore. Elle m'offre un magnifique sourire et déclare :

- Tu ne protègeras pas seul notre amour, je le ferai aussi. Nous affronterons ce monde et surmonterons ses épreuves ensemble.

- Merci, Hana, lui murmuré-je dans un doux sourire.