Le voyage extraordinaire du soldat Jacques en Noëlie (3 ème partie)

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En Noëlie - 3

  En sortant du bureau avec le lutin toujours collé à ses basques, le soldat Jacques passant devant les garages remarqua un gros 4x4 BMW et à ses côtés une vieille voiture très ancienne dans un état impeccable.

— C’est quel modèle la voiture ancienne ? demande-t-il au lutin.

— C’est une Ford T de 1927, un des derniers modèles produits à Detroit. C’est un vintage de collection en parfait état. De temps en temps, Rose, la fille du Père Noël, part en promenade avec. Je crois que la voiture n’a que 35 000 km au compteur, une vraie pièce de musée, mais elle, elle roule encore assez bien, juste un peu de mal dans les côtes trop pentues. Vous avez l'air d'aimer les vieilles bagnoles ? Moi je préfère les motos ou les scooters. Il faut dire qu’ils sont plus adaptés à ma taille.

— J’aimerais bien faire un tour dans cette voiture !

— Je crains que ce ne soit pas possible, il n’y a que Rose qui a l’autorisation de la conduire, le Père Noël lui en a fait cadeau (1) le jour de ses vingt ans.

— Ah, et quel âge a-t-elle ?

— Je ne suis pas autorisé à divulguer ce genre d’information, vous savez bien sûr que la Noëlie est située dans un continuum espace-temps différent où le petit peuple, nous les lutins et d’autres, vivons sans interférer avec le reste du monde. Dans votre dimension la Noëlie ne couvre que quelques hectares mais ici, vous le constatez, c’est bien plus vaste, les fées vivent dans la forêt à plus de cinquante kilomètres, les gnomes encore plus loin et le père Fouettard notre autre administrateur demeure à plus de deux cents kilomètres. Le temps ici est également différent, il s’écoule plus lentement et différemment.

— J'en suis abasourdi, je ne me rendais pas vraiment compte des distances car depuis l’avion ça avait l’air tout petit !

— C’est normal, lorsque vous entrez dans notre espace aérien, l’aéroport est situé tout près d’ici et vous êtes guidés par nos services, il n’y a qu’une fenêtre étroite qui permet de pénétrer et c’est la même chose par la terre, un seul point de passage qui se trouve à proximité de la résidence des Fouettard. En fait, nous vivons dans une autre dimension. Mais venez, allons au bureau nous réchauffer, vous rencontrerez peut-être Rose, elle y vient parfois.

  Pour une fois, il n’avait pas raconté de bobards, il y avait une jolie brunette debout au fond du bureau, occupée au téléphone. Elle nous regardait entrer l’air un peu surpris par ma présence. Elle raccrocha et Flammèche nous présenta en disant aussitôt que j’aurais aimé essayer la Ford T.

  En me tendant sa main pour me saluer, elle me dit :

— mon père ne souhaite pas que l’on conduise sa voiture fétiche, je suis la seule à qui il le permet et ce n’est pas un véhicule commode à conduire, vous savez !

  J’avais gardé sa main dans la mienne pendant qu’elle disait cela, je la libérai et répondis :

— je connais un peu ces voitures anciennes, mais je ne tenais pas à la conduire, juste faire un tour dedans. Avec vous, pourquoi pas ? (2)

  Elle me fixa un bon moment, elle avait des yeux verts magnifiques, je me contentai de soutenir ce regard attendant sa réponse tandis que le lutin farfouillait dans les dossiers qui encombraient une table en marmonnant je ne sais quoi.

— Je suis invitée à dîner chez des amis tout à l’heure, voulez-vous m’accompagner ? Nous prendrons la Ford, comme ça vous aurez fait votre tour, ils donnent une soirée après, savez-vous danser ?

— Hum ! Pas vraiment (3) je me débrouille mal je ne suis pas très souple, je danse le slow sans plus, ce n’est peut-être pas une bonne idée de me prendre pour cavalier !

— Qui d’autre, aujourd’hui, il n’y a plus personne c’est le weekend, faites un effort ! me dit-elle en m’adressant le sourire le plus charmeur qui soit accompagné du regard pétillant de ses yeux d’émeraude et elle ajouta : pas de refus je vous prie, considérez cela comme une obligation professionnelle, je vous prends ici à sept heures trente. À tout à l’heure ! Et elle sortit sans plus de cérémonie.

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Dans la forêt des gnomes

  Bella se débarrassa de son harnais, récupéra les deux sacs pendus à sa ceinture mit en place le sac à dos et le ventral après avoir replacé le poignard dans sa gaine contre sa botte, sortit de sa poche une grande torche qu’elle brancha et eut un sursaut de frayeur en apercevant dans la lumière une douzaine d’enfants qui la regardaient fixement

— Que… que faites vous là ? Qui êtes-vous ?

— Nous sommes chez nous ici, mais toi, qui es-tu ? Répondit l’un d’eux d’une voix grave.

  Elle s’approcha et, regardant mieux, se rendit compte avec stupeur, qu'elle n'avait pas affaire à des enfants, mais qu’il s’agissait d’adultes nains.

— Vous êtes des nains ? Je viens voir Melula, une amie qui demeure par ici, je crois !

— Non, nous ne sommes pas des nains mais des gnomes et des farfadets. Melula la sorcière habite à deux cents mètres derrière toi, à la sortie du village. Dis-nous, cette chose qui est tombée sur notre village, en même temps que toi, t’appartient ?

— Je ne sais pas, mais si c’est le dragon à vapeur, oui, il est à moi. Pourquoi ?

— Parce que tu vas devoir réparer les dégâts causés, il a presque détruit deux ou trois cabanes dans sa chute, heureusement nous étions tous à la célébration annuelle du jour des fées, personne n’a été blessé. Viens avec nous constater les dommages causés et voir comment réparer et surtout enlever ce... cette chose !

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Chez les Fouettard

— Que penses-tu de cette robe, capitaine ? Je trouve que sa couleur chair rose pâle te va bien et se marie joliment avec ton teint, non ?

— La robe pourquoi pas ! Mais la teinte non, je ne suis pas aussi grande que toi et un peu "en chair" comme on dit poliment et la couleur claire ne me convient pas je vais plutôt prendre cette tenue noire et son boléro argent qui me mincira de plus elle est de Christian Lacroix, un couturier qui aime les femmes et pas seulement pour les habiller.

—Ah, ah, ah ! Pour les déshabiller aussi ! Dans ce cas tu devrais essayer cette robe longue gris anthracite moiré, avec le boléro argenté elle s’accorde divinement mais elle est de Balenciaga et je crois bien qu’il préférait habiller les femmes que les déshabiller !

— Finalement je vais prendre cette robe mi-longue de Balmain avec les superbes escarpins Versace qui sont dessous.

— Là, pour le coup, ils ne risquent pas de te déshabiller ces deux-là, ils sont morts ! Bon je mets les trois autres dans un sac, tu les emmèneras et moi j’en emporte deux ou trois c’est le cadeau de Jean Balthazar.

— On dirait bien qu’il t’a tapé dans l’œil, fait attention quand même nous sommes là pour une enquête !

— Ne fais pas la rabat-joie, les confidences sur l’oreiller ça a toujours existé et tant que je reste fidèle à mon mari par la pensée, l’honneur est sauf ! (4)

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Dans l’hélicoptère

— Dites-moi, pilote, vous pensez que c’est le bon bateau là-bas ?

— Oui mon lieutenant, c’est bien lui.
— Ne le survolez pas, éloignons-nous, il ne faudrait pas l’inquiéter, je veux seulement voir où il a l’intention de s’échouer pour débarquer ses colis afin de prévenir l’agent Yaëlle à terre.

— Regardez il se dirige vers cette petite plage sous la villa blanche avec une tour, là, à droite près de la calanque du Mauvais Pas ! Attrapez les jumelles (5) pour mieux voir !

— Ça y est il s’échoue sur le rivage et j’aperçois un gros 4x4 qui attend, je préviens l'agent Yaëlle.

— Agent Yaëlle ? Bonjour ici le lieutenant Chester (6) des garde-côtes, depuis l'hélicoptère je vois votre bateau qui est en train de décharger ses colis sur une petite plage près de la calanque du Mauvais Pas, il y a un 4x4 noir qui attend sur le chemin des Goudes. Les hommes descendus du bateau se dirigent vers lui avec leurs colis, je pense que le véhicule va repartir vers Marseille en passant à proximité du complexe sportif. Deux hommes sont sortis de la voiture pour aider au chargement, leur départ est imminent, on décroche, bien reçu ?

— Parfait lieutenant, merci on prend la suite, j'ai une voiture postée avenue de la Madrague et je vais organiser la filature avec d'autres collègues pour voir où ils vont livrer. À bientôt.

Notes:

   1) Super, un cadeau de Noël !

   2) Il la drague un peu, là ! Non ?

   3) C'est le moins qu'il puisse dire, il suffit de lire "Ni repris, ni échangé" de votre serviteur pour s'en convaincre. (on n'est pas obligé on peut aussi le croire sur parole !)

   4) Plutôt cool l'agent spécial ! Le sexy-mari sera-t-il toujours aussi sexy avec une paire de cornes ?

   5) Qui a dit allusion déplacée ?

   6) Le lieutenant Erwin Chester (surnommé "petit pois") de la brigade des garde-côtes de Marseille. (maintenant que nous savons qu'il est Écossais et né à Menton)

JI 12/03/19

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