Chapitre 5 : Et facta est lux

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Au numéro douze de cette rue virant en angle droit, dont le nom évoquait une petite ville des Vosges, il sonna à la porte du pavillon qui occupait l’extérieur du virage. La porte d’entrée s’ouvrit, une vieille dame aux cheveux blancs se présentait, un air triste au fond des yeux, à cet homme qu’elle voyait pour la première fois de sa vie.

— Madame Pierrard ? J’enquête sur ce qui est arrivé à votre fille, Hélène. J’ai besoin d’en savoir plus sur elle, pour comprendre…

— Qui êtes-vous ? J’ai déjà parlé à la police.

— J’enquête en privé. J’étais un ami d’Hélène. De longue date.

— Un ami ? Il avait piqué sa curiosité, qui dépassa sa lassitude apparente. Mais comment vous appelez-vous ?

— Je suis Hector, Hector Fischer.

— Oh, mon Dieu, s’inquiéta la vieille dame… Vous ne devriez pas être ici. Partez, s’il vous plaît.

De l’intérieur de la maison, la voix de celui qui pouvait être Monsieur Pierrard couvrit le son de la télévision qui ne s’était pas arrêtée.

— Qui c’est Eloïse ?

— C’est rien, une erreur, répondit Madame Pierrard. Puis, se tournant de nouveau vers Hector, partez maintenant, s’il vous plaît.

— Madame, insista Hector, il faut vraiment…

La porte se referma, Madame Pierrard allait retrouver son mari au salon, quand, une demi-minute plus tard, on sonna de nouveau à la porte. Madame Pierrard ouvrit la porte, sensiblement agacée, bien qu’évitant de s’emporter.

— Écoutez, je vous ai… Mais la surprise lui coupa immédiatement la parole. Oh, mon Dieu, Joanie ! Mais que fais-tu là, ma chérie ?

— Grand-Mère, il faut vraiment que tu lui parles de maman, s’il te plaît.

-

Malgré les grandes surfaces vitrées, laissant passer autant de lumière du jour que possible, le salon semblait se recroqueviller sur ses occupants. Une petite table, dans un coin de la pièce, portait une petite construction comprenant, entre divers objets formant un ensemble incongru, un portrait photographique d’Hélène, qui avait ému Joanie et Hector.

Monsieur Pierrard avait coupé le son de la télévision, mais l’écran diffusait toujours les images du match de rugby opposant le Quinze de la Rose aux Wallabies. Madame Pierrard s’était assise sur le petit canapé, à côté de son mari qui lui tenait la main, comme pour montrer à Hector à quel point tous les deux resteraient unis malgré les épreuves, malgré ce qui semblait de nouveau se dessiner. Joanie avait trouvé une place juste à côté de sa grand-mère. Le malheureux père d’Hélène répondit à la première question d’Hector, partagé entre incompréhension, tristesse et colère.

— Vous dire ce qui est arrivé à notre fille ? Alors que ce serait plutôt à vous de nous dire ce qui s’est passé.

Un homme d’une petite cinquantaine d’années qui avait un air de famille évident avec Monsieur Pierrard, mais en beaucoup plus grand et musclé, fit son entrée dans le salon, s’étonnant de la compagnie de ses parents éplorés.

— Joanie ? Qu’est-ce que tu fais ici ? Vous êtes qui, vous ?

— Salut Laurent, c’est un ami de maman. On est venu demander des renseignements à Grand-Père et Grand-Mère.

— Vous êtes un ami de ma sœur ? Vous êtes qui, au juste ?

Madame Pierrard pensait devoir être la voix de l’information adéquate pour répondre à son fils.

— C’est Hector Fischer.

La colère s’empara du frère d’Hélène.

— Putain de merde… Vous ne manquez pas d’air ! Vous lui avez pourri la vie quand elle était jeune, maintenant que vous reparaissez, elle se fait assassiner, ainsi que ses deux filles… Vous n’avez rien à faire ici…

— Écoutez, votre nièce et moi, nous voulons…

— Ne t’approche pas de ma nièce, salopard !

Laurent allait adresser un crochet du droit au visage d’Hector, qui le bloqua d’un coup sec de la paume au creux de l’épaule. Ignorant la douleur terrible occasionnée, Laurent tenta sa chance de l’autre poing qu’Hector dévia du coude, provoquant une autre douleur vive à son agresseur. Ne sachant comment soutenir la douleur engendrée par ces deux coups experts, Laurent lança un regard furieux à celui qu’il considérait comme le responsable de la mort de sa sœur. Il attrapa un vase de terre cuite et s’apprêta à le lancer à la figure d’Hector, quand Joanie l’arrêta.

— Non, ne fais pas ça, écoute-le, s’il te plaît.

— Mais putain t’es qui, toi, espèce de connard ?

— Vous avez une idée très précise de qui je suis. Mais ce n’est pas ce qui importe aujourd’hui. Quelqu’un a manipulé beaucoup de monde, un esprit malade, un fou furieux. Il a échafaudé un plan machiavélique depuis très longtemps, et tant que je ne l’aurai pas mis hors d’état de nuire, plusieurs personnes seront en danger, en particulier Joanie.

— Non, s’inquiéta Madame Pierrard, pas ma petite-fille, par pitié.

— C’est vous qui êtes derrière tout ça ! Hélène a appelé nos parents, rappela Laurent, leur disant que vous étiez revenu.

— Elle avait l’air tellement heureuse, se souvint Monsieur Pierrard, ma pauvre petite…

— Et trois jours après, elle se fait assassiner, reprit Laurent. Difficile d'y voir une coïncidence.

— En effet, confirma Hector, il n’y a pas de coïncidence…

— Vous voyez, il avoue !

— Non, défendit Joanie, tu ne comprends pas ! Il a essayé de les sauver, toutes les trois, il m’a sauvée moi, ce jour-là. Et encore après. Et il m’a emmenée chez mon père, mais ils étaient encore là, ils nous ont tendu un piège. Daddy a été assassiné aussi, et Hector m’a encore sauvée. Et depuis, ça n’arrête pas, et il n’arrête pas de me sauver.

— Et Hélène, interrogea Laurent, et Noémie et Alicia ? Vous avez fait quoi pour elles ?

— Pour Noé et Al, répondit sa nièce, on est arrivés trop tard. Et c’est quand il s’occupait des tueurs que maman est allée dans la maison et que…

Les larmes, qui lui remplirent les yeux et lui étouffèrent la gorge, coupèrent la voix de Joanie, que sa grand-mère voulut réconforter.

— Viens là ma petite, ça va aller. Tu es en sécurité ici, maintenant.

— En fait, elle ne l’est pas encore totalement, tempéra Hector. Pas tant que je n’aurai pas mis la main sur le cerveau de toute cette affaire. Croyez bien que je m’en veux terriblement de ce qui s’est passé, de n’avoir pas pu les protéger.

— Vous ne trouvez pas que vous avez assez foutu le bordel comme ça ? Laurent ne décolérait pas. Laissez-nous tranquilles, maintenant. Laissez faire la police. Tout ça ne vous concerne plus.

— Tu dis n’importe quoi, s’insurgea Joanie, tu ne sais rien ! Ces mêmes tueurs ont assassiné ses propres enfants devant lui. Il doit trouver qui est derrière tout ça ! Et vous devez l’aider !

— Bon, reprit Madame Pierrard, mais, qu’est-ce que vous voulez savoir ? Comment pouvons-nous vous aider ?

— D’abord, j’ai besoin de savoir dans quelles conditions elle est partie pour les États-Unis. Comment lui est venu cette idée, elle aurait aussi bien pu trouver à travailler tout de suite ici, dans la région…

— C’est vous ! répondit Laurent. C’est à cause de vous qu’elle est partie là-bas, en exil.

Joanie voulut comprendre.

— Comment ça ?

Monsieur Pierrard entreprit de donner quelques explications, remontant dans ses souvenirs au printemps 1995.

— En réalité, on ne sait pas ce qui l’a décidée à partir. Simplement, quand on en a parlé…

-

Hélène avait surpris ses parents et son frère en leur faisant cette annonce, au milieu du repas, ce samedi de sa traditionnelle visite mensuelle à sa famille.

— Vous savez, il y a plein de gens qui vont passer du temps à l’étranger, après leurs études…

— Mais enfin, objecta Eloïse, tu es obligée d’aller là-bas ? Tu sais, si tu allais en Allemagne, ce serait à côté, on pourrait aller te voir plus souvent…

— Et d’abord, « des tas de gens » ça ne veut rien dire, continua Laurent. Tu en connais, toi, des gens qui ont fait ça ?

— Et bien oui, il se trouve que j’en connais une, de personne, qui est allée vivre à l’étranger après ses études.

— Et qu’est-ce qu’elle est devenue, cette personne ? demanda le père à sa fille.

— Il est toujours là-bas, je crois…

— Tu crois ??? Son frère ne se déparait pas de la colère qui l’habitait. Tu n’es même pas sûre ? Et puis c’est qui, ce « il » ? Je parie que c’est l’autre, là… T’as plus de nouvelles ? Il t’a enfin lâchée ? Il en a trouvée une autre à emmerder, oui…

— Laurent, répliqua Eloïse pour calmer son fils, je t’en prie…

— Quoi ? C’est vrai ! Il lui a bien tourné la tête, et comme il a vu qu’il ne pouvait rien obtenir d’elle, il s’est tiré, il l’a oubliée. Mais toi, adressa-t-il à sa sœur, maintenant, tu vas partir au bout du monde, peu importe ce qu’on en pense. Au moins tu vas prendre du temps pour faire des connaissances, et construire une vie de famille ; c’est sûrement ce qu’il espère… Il ne peut pas t’avoir, personne ici ne pourra plus profiter de ta présence…

— Tu es injuste ! N’oublie pas qui m’a convaincue de le dissuader de venir à Paris ! Maintenant, je vais partir aux US, parce que j’ai une opportunité. J’en ai parlé avec Véronique. Elle trouve aussi que c’est une bonne idée. Mes profs aussi le pensent. Et Véro, et mes profs, ne me dis pas qu’ils sont jaloux et ne veulent que mon malheur !

-

— Qui est cette Véro ? demanda Hector à Madame Pierrard.

— Véronique Muller, c’était sa meilleure amie, à Paris. Elles ont passé beaucoup de temps ensemble. Elle pourrait vous éclairer un peu plus sur le pourquoi ou le comment de son départ. Vous devriez l’interroger. Elle est ergothérapeute, elle aussi. Je crois qu’elle habite toujours à Paris. Elle doit avoir un cabinet privé.

Sur ces mots, Hector et Joanie prirent congé. Assis au volant du coupé anglais, Hector composa le numéro de téléphone de Marie, à qui il donna tous les renseignements qu’il avait obtenus sur Véronique Muller.

— Tâche de me trouver son adresse, on va lui rendre visite, on sera à Paris dans trois heures.

-

Véronique était une jeune mère de famille tardive, comme elle aimait à se présenter. Ayant donné la priorité à sa carrière, elle avait fini par adopter, avec son compagnon, deux petites jumelles orphelines du bout du monde. Elle venait d’envoyer les deux enfants jouer dans la pièce de l’appartement parisien dédiée à toutes sortes d’activités ludiques, et offrit un café à Hector et Joanie.

— C’est terrible, ce que vous m’annoncez ! On s’entendait tellement bien. Nous sommes restées en contact. Régulièrement. On s’envoyait des e-mails, des photos. Hélène m’a envoyée celles de son mariage avec John, de ses filles, de toi aussi, Jo. J’ai appris pour l’agression. C’était bizarre, non ?

— Ouais, confirma la jeune fille, assez…

— Vous pouvez nous dire d’où lui est venue l’idée d’aller aux US, après cette école ? demanda Hector.

— Une bête histoire de fille…

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En cette fin mars 1994, Hélène et Véronique, comme souvent depuis le début de leur vie universitaire, buvaient un jus de fruits dans un café, quand elles entendirent la plainte pathétique d’un jeune garçon, assis à la table derrière elles, en compagnie d’un de ses amis.

— Je suis vert ! Elle est partie pour je ne sais pas combien de temps ! Qu’est-ce que je vais faire, moi ?

— Allez, t’inquiète, elle reviendra… et puis, c’est pas loin, l’Italie…

— Pas loin, c’est vite dit, Naples ! Et puis, elle va trouver quelqu’un, là-bas, sûrement ! Elle va m’oublier !

— Allez, arrête un peu de te plaindre ! Tu dois tourner la page, te reprendre en main. Tu peux pas rester comme ça !

-

— Hélène et moi, continua Véronique, on les a entendus plusieurs fois, ces deux-là. Pauvre gamin, il avait l’air tellement désespéré ! Ça nous faisait un peu rire quand même, ça nous rappelait, très vaguement, ce qu’elle vivait.

— Comment ça, demanda Hector, vous pouvez nous expliquer ?

— Il y avait un garçon. Il avait l’air sympa, si j’en crois ce qu’elle m’a raconté. Il était accro à elle. Nous étions en première année. Hélène et lui avaient plus ou moins prévu de se revoir. Premier rendez-vous après dix-huit mois de relation épistolaire ! Et puis son frère a réussi à la dissuader de le laisser venir. Je ne sais pas si c’est lié, mais le soir même où elle devait lui dire de ne pas venir, il a été victime d’une agression. Après, il est parti en Allemagne, pour je ne sais combien de temps. Il allait poursuivre ses études, soi-disant… À mon avis, s’il avait voulu l’oublier, il n’aurait pas fait autrement, ce pauvre garçon…

— Et qu’est-ce qui s’est passé, alors ? demanda Joanie, qui voyait le puzzle se reconstituer petit à petit.

-

Un mois et demi plus tard, à la même table, elles entendirent de nouveau ce garçon qui se plaignait toujours devant son ami. C’était presque comme un rendez-vous que les deux jeunes étudiantes avaient pris avec les deux adolescents, sans même en avoir jamais parlé. Ce jour-là, Hélène se retourna vers le plaintif.

— Dis donc, tu lui as dit, au moins, que tu étais amoureux d’elle ?

— J’ai essayé. J’ai pas réussi…

— Tu vois ? Et tu t’étonnes… Pour ça, on dirait que vous êtes tous pareils. Mais il y en a qui se lamentent sur leur sort, et d’autres qui se prennent en main, qui prennent des décisions, bonnes ou mauvaises, mais qui les prennent.

— Ah ouais ? Ben tu sais quoi, moi aussi je vais prendre une décision. Moi, je vais partir. Aussi. Encore plus loin. Et plus longtemps. Jusqu’à ce que j’oublie pourquoi je suis parti, jusqu’à ce que je l’oublie elle aussi. Et si jamais elle revient et qu’elle me cherche, elle devra comprendre que c’est fini, qu’elle aurait dû y penser avant. Tant pis pour elle.

— C’est pas idiot, ça… reprit Hélène, rêveuse, après le départ des jeunes gens.

— Qu’est-ce que tu racontes ?

— Et si, après l’école, je partais aussi, pour voir du pays, me faire une expérience…

— Attends, tu ne te compares quand même pas à ce gamin… C’est lui qui a merdé, pas toi. Tu ne vas quand même pas te punir pour lui…

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— Plus tard, reprit l’amie d’Hélène, on était en dernière année, on a consulté les annonces, offres d’emploi, des choses comme ça…

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— Regarde, une offre pour cet hôpital de LA. Ça en jetterait, comme première expérience, sur mon CV.

— Et lui, il en dirait quoi ?

— Écoute, je suis sûre qu’il m’encouragerait. Et puis, il a dû tourner la page, se construire une vie, trouver à s’installer…

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— Donc, conclut Hector, elle est partie là-bas… Et elle vous a donné des nouvelles, dans le détail. Comment elle en est venue à changer de job ?

— Vous semblez bien renseignés, dites-moi, s’étonna Véronique.

— Il y a des blancs à combler.

— Un jour, en 96, si je me souviens bien, j’ai reçu un message. Elle venait de rencontrer quelqu’un, un industriel américain qui avait déjà un peu roulé sa bosse…

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L’été 1996 avait été favorable aux sorties en plein air, baignades sur les plages du Pacifique, surf, rafting, promenades en VTT dans les bois, sorties en escalade. Les amateurs de sports extrêmes avaient parfois des accidents, ils le savaient, mais rien au monde n’eût pu les dissuader de s’adonner à leurs activités favorites. L’un d’eux se faisait remettre les membres en place au UCLA Medical Center de Santa Monica. Il semblait sous le charme de la jeune femme en charge de sa rééducation.

— Un ami de mon cousin nous a emmené faire de l’escalade. Vous êtes française ? Il est de Grenoble, vous connaissez ? Il a pris une année sabbatique pour se perfectionner en anglais. C’est bon pour le tourisme, là-bas.

— Oui, il doit y avoir beaucoup de français qui viennent ici…

— Finalement, pour faire court, j’ai fait une mauvaise chute, je me suis fait réparer, et me voilà avec vous. J’aurais pu avoir moins de chance…

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— Un ami du cousin de John, un petit Français, est à l’origine de leur rencontre, analysa Hector. Et la chute, vous savez s’il y a eu une enquête ?

— Ça, je n’en sais rien, répondit Véronique, visiblement désolée, Hélène ne m’en a jamais parlé… toujours est-il que le cousin en question avait un père qui dirigeait…

— Une clinique de chirurgie réparatrice… Winter, vous n’en avez donc pas fini avec vos cachotteries…

— Oui, c’est ça, le Docteur Winter ! Mais dites-moi, vous en savez autant que moi, pratiquement…

— Je vous l’ai dit, des blancs à combler.

— Quand j’y repense, si on n’avait pas rencontré ces jeunes…

— Ce jeune, demanda Hector, il avait l’air de quoi ?

— D’un jeune garçon amoureux désespéré…

— Non, je veux dire, physiquement, il ressemblait à quoi ? Grand ? Petit ? Brun ? Blond ?

— Il pouvait avoir à peu près le même âge que nous, à un ou deux ans près. A peine plus grand que moi, dans les... un mètre-soixante dix, mince, cheveux raz, peut-être marrons clairs, des taches de rousseur, un visage à prendre des coups de soleil… C’est difficile, c’était il y a longtemps.

— Vous m’en avez dit bien assez, je vous remercie. On va devoir vous laisser, et continuer nos recherches.

— Comment ça, bien assez ? objecta Joanie. Je comprends pas… C’est tout ? Hé, tu m’écoutes ? Hector !

— Hector ? s’étonna Véronique. C’est vous ? Vous êtes Hector ? Mais alors, vous n’avez pas refait votre…

— N’en dites pas plus. Vous m’en avez dit bien assez, je vous remercie.

-

L’Aston-Martin roulait depuis plusieurs kilomètres déjà, lorsque Hector décrocha son téléphone.

— Marie ? J’ai besoin d’une info. 1996, autour de LA, au mieux, un accident d’escalade, John, le futur mari d’Hélène s’est retrouvé à l’hôpital. Il y a sûrement eu une enquête, pour les assurances. J’ai besoin de savoir s’il y a eu sabotage… On se retrouve à Santa Monica… Oui, la clinique… Oui, je compte sur toi, prends le jet, demande à Fred de piloter… Quoi ? Mais non, Roger t’attendra à la maison, c’est un grand garçon… Ton fils pourra garder un œil sur lui, non ? Fred ? Faites un effort pour vous supporter. J’ai besoin de toi là-bas.

— Quand même, songea Joanie, il est un peu bizarre ce Fred…

— Il était solitaire, expliqua Hector, il s’est marié du jour au lendemain, il a eu des enfants…

— Et sinon, tu vas m’expliquer ce qui se passe ?

— Il se passe que tout est lié depuis le début, aucune coïncidence, à aucun niveau…

La sonnerie du téléphone d’Hector coupa la conversation.

— Fred ? Je te mets sur haut-parleur.

— Qu’est-ce que c’est que cette histoire ? Je pars pas là-bas ! On vit très bien à 400 km l’un de l’autre.

— Je sais, mais j’aurais besoin que vous vous supportiez cinq ou six petites heures à 50 cm l’un de l’autre. Je voudrais que tu ramènes tes fesses à vitesse lumière au centre, pour un décollage immédiat pour la banlieue de LA.

— Ouais, ben je peux pas, demain matin, j’ai rendez-vous de bonne heure.

— C’est ça, avec ta maîtresse…

— Comment tu sais ?…

— De quoi ? réagit Joanie. Mais c’est immonde ! Comment tu peux faire ça ? Après tout ce que tu m’as raconté, je te croyais un type bien ! Et ma mère, alors ? Et puis merde, ta famille ! Comment tu peux leur faire ça, putain ?

— Fred, ça va être compliqué, je vais avoir besoin de toi…

Fred avait déjà raccroché, Hector avait compris que, cette fois, son ami ne reviendrait pas sur la distance qui s’imposait entre Marie et lui. Mais Joanie ne voyait pas les choses du même œil.

— Merde, c’est quoi son problème à ton pote ? Il est barré ou quoi ? Lâche, infidèle, il a quoi encore, comme défaut ce connard ?

— Je te l’ai déjà dit, il a des priorités. Je les respecte. Il a ses bons côtés.

— J’y crois pas ! Tu l’excuses, en plus ? Merde, si t’avais été avec ma mère, t’aurais fait pareil, t’aurais dit à ton pote : « Oh non, je peux pas venir, j’ai rendez-vous avec ma salope de maîtresse » ???

— Surveille ton langage, s’il te plaît.

— Arrête, se lassa Joanie, je suis entourée de tueurs professionnels, j’ai moi-même un costume prêt à répliquer, j’ai perdu ma famille, et tu vas me dire que t’es choqué par quelques gros mots… Et ma mère, dans tout ça ? Tu l’aurais…

— Arrête ! La question ne se pose même pas. Il y a d’autres énigmes à résoudre… On repart à Santa Monica. Hector reprit son téléphone. Marie, attends-nous, on arrive… Je sais, il vient de m’appeler… Dis pas ça… Tes recherches ? OK, continue. Essaie de trouver des photos de l’excursion… ou du pote du cousin. Croise, éventuellement, avec les fichiers de l’immigration… Demande-lui, il pourra t’aider, pour ça.

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