Chapitre 20

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Bonjour à tous ! Enfin un nouveau chapitre ! Il va falloir vous montrer patient pour la suite des (mes)aventures d'Amélie, car à présent je vais publier au fur et à mesure que j'avance dans l'écriture et cela n'avance pas aussi vite que je l'aimerais ! ><. Cela implique également que j'aurai moins travaillé les textes que je vous soumets, n'hésitez donc pas à me faire des suggestions ! :)

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Amélie se réveilla le lendemain avec une migraine atroce et des courbatures dans tout le corps. Après sa perte de conscience, sa mère était passée au premier plan pour prendre une douche et soigner ses blessures avant de se coucher.

Les gestes incertains, Amélie tâtonna sur son chevet avant de se saisir de son cellulaire. Dimanche, 10h03. Un semblant de sourire se dessina sur ses lèvres, elle les sentit se craqueler douloureusement, mais cela n’entama pas sa satisfaction. Elle se redressa dans le lit, lentement, victime de vertiges et de nausée. Lorsque sa chambre cessa de tourner, elle se leva.

La fusion s’était relativement bien passée comparé à la toute première fois avec sa mère ; Amélie avait alors perdu connaissance pendant plusieurs jours et il lui avait fallu une semaine entière pour séparer sa conscience de celle de sa mère et un mois pour apprendre à cohabiter à deux dans un corps. Ses parents adoptifs, pensant qu’il s’agissait d’une forme sévère de dédoublement de personnalité, l’avaient fait hospitaliser en psychiatrie. Ces souvenirs étaient loin d’être agréables. La fusion avec Denise n’avait pas été une partie de plaisir non plus, elle avait alors perdu connaissance pendant plusieurs jours, mais cette fois sa mère était passée au premier plan, évitant de peu un nouveau séjour en service psychiatrique.

Amélie tituba jusqu’à la salle de bain, l’impression d’être étrangère à son corps et d’avoir bu des litres et des litres d’alcools. En posant les mains sur le lavabo pour se stabiliser, elle grimaça de douleur, réalisant qu’elle s’était arraché des ongles - certainement lorsqu’elle griffait le sol pendant les convulsions. Le miroir lui renvoya un pitoyable reflet d’elle-même : de profondes cernes assombrissaient son regard tandis que du sang séché maculait le bas de son visage. Elle mesura l’ampleur des dégâts sur ses lèvres, elle avait vaguement le souvenir de s’être mordue, par chance, seules quelques entailles témoignaient de cette folie passagère. Rassurée sur son état, elle se perdit un instant dans la contemplation de ses iris où une danse fascinante de bleu, de marron tendre et de noir s’y exécutait.

Un sourire sombre se dessina sur les lèvres de la nécromancienne.

« Eh bien ! Ça s’est super bien passé cette fois ! Pas de grosse perte de connaissance, pas de membre disloqué, pas de griffure sur le visage ! » Déclara-t-elle à mi-voix.

Elle ressentit sa mère et Denise maugréer, l’expérience n’était vraisemblablement pas des plus plaisantes pour elles non plus.

« Je pourrais presque envisager de fusionner avec un autre esprit ! » Taquina Amélie, la réponse fut immédiate, elle ressentit une vague de colère diffuse et de protestation. « Du calme, je plaisante… à moitié… » Répondit-elle avec espièglerie.

Amélie regagna finalement son lit pour se reposer encore un peu, elle savait qu’un vrai sommeil réparateur était désormais exclu, mais son corps avait encore besoin de repos. Elle s’efforça également à la méditation, si elle avait ri la première fois à cette suggestion de sa mère, elle avait rapidement été contrainte d’admettre les bienfaits de ces séances. En l’occurrence, il lui fallait retrouver une forme d’harmonie entre son corps physique, son corps spirituel et les trois esprits qui coexistaient en elle, car bien qu’elle soit parvenue à un état d’équilibre la veille, elle sentait que cet équilibre était précaire : ses souvenirs, bien que distincts des autres, étaient flous, comme dissimulés dans un brouillard fin, mais tenace ; elle parvenait à distinguer ses pensées des leurs, mais un brouhaha de fonds l’empêchait d’entendre clairement chaque voix. Enfin, cette méditation lui permettrait aussi de vérifier que son corps spirituel était bel et bien fermé, qu’aucune faille ne subsistait permettant à un esprit mal intentionné de s’immiscer en elle. Amélie s’allongea et ferma les yeux, se concentrant sur son souffle et sur les battements de son cœur.

Un peu moins d’une heure plus tard, des coups résonnèrent à sa porte, Amélie sursauta.

« Amélie ! Il est tard, lève-toi ! Ordonna doucement Chantal.

- Je me lève ! » Répondit Amélie en grimaçant. Elle entendit les pas de sa mère adoptive s’éloigner dans le couloir avant de descendre les escaliers.

Amélie se redressa dans son lit, la tête lui tournait encore un peu, mais elle se sentait mieux, plus équilibrée. Elle passa rapidement dans sa salle de bain pour se rafraîchir et effacer les quelques traces de folie séchées sur son visage. Elle s’apprêtait à utiliser un sort de soin pour faire disparaître ses plaies autour des lèvres, mais elle se figea. Elle était face à un dilemme : devait-elle continuer à utiliser sa magie comme elle l’avait fait jusque-là au risque de la disperser et d’être éventuellement découverte ou devait-elle utiliser sa baguette d’if pour rendre sa magie plus précise, plus puissante, plus discrète, mais avec le risque de devenir dépendante de cet accessoire ? Denise perçut son trouble et lui répondit d’une voix faible.

« Prends ta baguette, économise ton énergie. Même si tu devais t’en servir constamment pendant dix ans, tu es suffisamment puissante pour pouvoir t’en passer du jour au lendemain. »

Amélie pesa une dernière fois le pour et le contre des choix qui s’offraient à elle. Elle retourna finalement dans sa chambre, elle se sentait vraiment faible, autant suivre les conseils de son amie. Elle ouvrit le tiroir de son chevet s’empara de sa baguette. Elle la détailla à la lumière du jour. La littérature et le cinéma abondaient en images et en représentations de « baguettes magiques », elle n’aurait jamais cru qu’une vulgaire branche biscornue puisse tenir ce rôle. Elle la fit tournoyer entre ses doigts, faisant tomber de la terre séchée qui s’y était accrochée, puis revint face au miroir, déterminée. Les croûtes arrachées, le sang s’était mis à perler aux lèvres d’Amélie, lui donnant de faux airs de vampire, un coup de langue habile effaça le sang, révélant de nombreuses petites entailles. Elle pointa sa baguette sur ses lèvres et se répéta le sort de soin avant de le prononcer.

Les mots ne franchirent jamais ses lèvres.

Elle excellait en magie noire et en nécromancie, ses désirs se suffisant à eux-mêmes pour la réalisation des sorts. La magie blanche en revanche, c’était une autre histoire. Jusque-là elle était obligée de se concentrer, de vider son esprit de pensées négatives et de prononcer des incantations que lui avaient enseignées Denise et sa mère, parfois plusieurs fois avant d’avoir un résultat.

Mais ça, c’était avant. Songea-t-elle face à son reflet.

A sa stupeur, le simple fait de penser au sort avait suffi : le tour de ses lèvres était guéri, mieux : elle ne gardait aucune cicatrice ! Amélie sursauta et se pencha plus près de son miroir pour s’assurer de ce qu’elle voyait. Elle était ébahie. Sans le vouloir, elle avait aussi effacé les anciennes cicatrices autour de ses lèvres ! Tremblante d’excitation, elle recula de son miroir et guérit ses doigts meurtris, elle ressentit aussitôt l’apaisement au bout de ses doigts, la peau était cicatrisée et des ongles commençaient légèrement à pousser. Avec un peu d’appréhension, elle pointa finalement la baguette sur la paume de sa main gauche : à force de coupures pour exercer sa magie du sang, celle-ci n’était qu’un amas de cicatrices, de boursouflures plus ou moins roses et douloureuses, tirant sur sa peau, l’empêchant d’ouvrir complètement sa main, elle se soupçonnait même d’avoir endommagé ses tendons. Cette fois elle se concentra sur l’idée d’apaiser les douleurs de sa main et de faire disparaître les cicatrices. A peine eut-elle le temps de formuler cette idée qu’elle vit sa peau se détendre et se lisser, ne laissant pour seules traces que les lignes de sa main. Elle ouvrit et referma ses doigts, elle ne ressentait plus aucune douleur et sa peau avait retrouvé toute sa souplesse.

« Je maîtrise la magie blanche ! » Murmura-t-elle avec un sourire extatique.

Ella avait bien conscience que cette maîtrise était conditionnée par l’usage de sa baguette, mais cela n’en restait pas moins une étape pour elle.

Les esprits grommelèrent des félicitations, n’aspirant qu’au silence et au repos. Elle les ignora et se mit à danser sur place en chantonnant.

« Ouiiiiiiiii ! »

Un vertige calma rapidement ses ardeurs. Elle se rattrapa de justesse au lavabo, mais cela n’entama pas sa bonne humeur. Amélie jubilait, la journée commençait bien !

Après avoir déjeuné rapidement, Amélie était remontée dans sa chambre. Assise en tailleur sur son lit, le regard perdu dans le gris du ciel, les pensées et les questions se bousculaient dans sa tête ; certaines émanaient d’elle, d’autres de ses esprits. Elle jeta un regard à son sac à dos, elle n’avait pas touché à ses devoirs. Son regard s’en détourna dans un haussement d’épaules ; elle avait pris de l’avance et la plupart des professeurs s’évertuaient à l’ignorer, mal à l’aise face à son regard et son assurance. Ces cours ennuyeux pouvaient attendre, une expérimentation hautement plus excitante méritait son attention : son nouvel esclave squelettique !

Elle s’apprêtait à glisser derrière les orbites caverneuses de sa créature, quand le souvenir de la sœur de Mévina la rattrapa. Était-elle désormais capable de se promener dans les limbes à sa guise ? Les opportunités devenaient immenses avec un tel atout ! Denise ne la contredit pas, en revanche elle ne semblait pas non plus capable de répondre à la question. Piquée par la curiosité, elle s’allongea – autant se mettre à l’aise – et ferma ses yeux sur le monde des vivants. Comme pour ses corbeaux, elle sentait le lien qui la reliait à son serviteur ; un lien intangible, néanmoins puissant. Elle tenta d’ouvrir son troisième œil, mais fut déçue de se retrouver dans sa chambre. L’expérience n’était pas un total échec, elle réalisa bien vite qu’elle était effectivement dans les limbes au voile terne qui semblait couvrir son environnement, mais elle n’avait pas réussi à quitter la pièce. Agacée elle referma les yeux et tenta à nouveau de rejoindre la clairière.

« Cela ne fonctionnera pas. La coupa doucement Denise.

- Pourquoi donc ? répliqua Amélie, surprise et contrariée.

Elle se redressa sur son lit et prêta une oreille attentive à son amie.

- Tu es plus puissante que je ne l’ai été et tu uses de tes dons différemment de moi, j’ai donc eu un doute. Mais cet échec confirme ma théorie : je pense que pour te déplacer dans les limbes, il te faut une âme qui sert de point d’ancrage. Tes créatures ne sont que des coquilles vides, des pantins de chair ou d’ossements soumis à tes ordres. »

Amélie considéra l’explication de Denise et finit par acquiescer lentement, déçue. Elle soupira et se laissa retomber en arrière contre son oreiller.

« Bonne vieille méthode ce sera alors ! » soupira-t-elle pour elle-même.

Amélie se glissa dans les os de son serviteur avec aisance. Elle fut soulagée de retrouver la clairière de Mutu, elle avait craint qu’il ne s’entrave dans un buisson ou ne se retrouve bloqué dans un ravin. Un coup d’œil rapide aux alentours la rassura également : rien ni personne ne l’avait suivi. Elle fit faire quelques pas à son serf, il obéit docilement. Après quelques minutes d’expérimentations, elle lui ordonna finalement de se laisser tomber au sol. Juste au cas où. Songea-t-elle. Le contrôle à distance ne lui suffisait pas, elle voulait le voir de nouveau de ses yeux.

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