Ressentiment et incompréhension

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J'entends les oiseaux chanter. Cela signifie que le jour s'est levé. J'ouvre donc les yeux. Je peux en effet voir la lumière des rayons du soleil passer au travers du tissu de ma tente. Je me redresse alors et m'étire longuement avant de me lever.

Je me dirige vers mon petit récipient d'eau et lave mes mains et mon visage. J'entreprends ensuite le démélement de mes longs cheveux châtain clair avant de les relever en un chignon. Une fois cette rapide toilette effectuée, j'enfile ma veste de cuir brun, ma cape verte et sors de mon abri. Mes bottes m'attendent juste devant, j'en chausse mes pieds.

Ce n'est qu'une fois complètement habillée que je lève la tête. Hormis les soldats qui étaient de garde cette nuit, tous mes camarades sont déjà debout. Le caporal-chef Livaï est assis sur une caisse auprès du feu de camp, une tasse de thé à la main. Il ne quitte pas Sieg des yeux. Ce dernier est encore en train de lire, le même livre depuis notre arrivée dans cette forêt, il y a un mois. Je me dirige vers eux. Le lecteur blond me remarque et m'adresse un grand sourire, accompagné de ces mots :

- Bonjour, Éléonore. Tu as bien dormi ?

Je ne prends pas la peine de lui répondre et l'ignore même complètement, comme les autres fois.

À vrai dire, je ne supporte pas le naturel avec lequel il prononce ces phrases, comme si tout allait bien dans le meilleur des mondes ! D'ailleurs, comment peut-il m'adresser des mots aussi banals que "Bonsoir" et "Bonjour" après toutes ces années de séparation qu'il a lui-même causées ? ! Comment peut-il me sourire aussi innocement après avoir trahi et fait souffert notre famille de la sorte ? ! Décidément, je ne le comprendrai jamais . . .

Je suis tirée de mes pensées par mon caporal qui me tend une tasse de thé chaud :

- Tiens, bois. Cela te fera du bien.

- Merci beaucoup.

Je la porte à mes lèvres et en prends une gorgée. Le liquide brun coule dans ma bouche puis dans mon oeusophage jusqu'à atteindre mon estomac. Il réchauffe au passage tout mon corps, mes muscles se détendent, quelle sensation agréable ! Livaï a raison, cela me fait beaucoup de bien ! Je pousse même un soupir de satisfaction.

Mon supérieur déclare :

- Lorsque tu auras fini, j'aimerai que tu m'aides à m'occuper des chevaux.

- Oui, bien sûr !

J'avale la boisson restante et dépose ma tasse sur une caisse de bois avant de rejoindre l'Ackerman. Nous nous dirigeons ensemble vers les montures.

Alors que je donne à boire aux animaux, Livaï me demande :

- Pourquoi est-ce que tu ne l'envoies pas balader ?

- Que voulez-vous dire ?

- Si le barbu t'importunes, tu n'as qu'à le lui dire clairement. Dis-lui aussi qu'il aura à faire à moi s'il continue.

- Pourquoi me dites-vous cela ?

- Arrête de faire celle qui ne comprend pas. C'est évident qu'il te dérange lorsquil t'adresse la parole. À chaque fois, ton visage se ferme. C'est pour cacher quelque chose, peut-être . . .

Il m'observe d'un regard perçant . Je tente d'affronter ce dernier mais finis par détourner les yeux, me concentrant à nouveau sur l'alimentation des chevaux. Cependant, je peux toujours entendre sa voix :

- C'est bien ce que je pensais, il y a quelque chose que tu ne nous dit pas.

- Que voulez-vous que ce soit ?

- C'est justement à toi de me le dire.

- Je n'ai rien à dire car je n'ai rien à cacher à personne !

- Tu commences à t'énerver . . .

- C'est vous qui commencez à m'énerver ! Si vous continuez ainsi, ce ne sera plus Sieg l'importun mais vous !

- Calme toi, tu es en train de transmettre ta nervosité aux chevaux.

Je constate en effet que les bêtes commencent à racler le sol de leurs sabots en piaffant. J'entreprends de les calmer en flattant délicatement leur encôlure. Je dis ensuite à Livaï, en soupirant :

- Excusez-moi, j'ai perdu mon sang-froid. Je ne sais pas ce qui m'a pris . . .

- C'est bon, ne t'excuse pas, ce n'est rien. Je veux juste que tu saches que je serai toujours à ton écoute, si jamais tu en as besoin d'en parler.

- Merci.

C'est vraiment un homme très attentionné ! Je suis heureuse de l'avoir pour supérieur et pour ami !

Quelques minutes plus tard, nous finissons l'entretien des chevaux. C'est alors que j'entends justement au loin des bruits de galop qui se rapprochent. Quelques instants plus tard, je peux aperçevoir deux cavaliers arriver vers nous. Je les reconnais aussitôt : ce sont deux des soldats chargés de la liaison et du ravitaillement. Ils ont l'air anxieux, j'espère sincèrement que ce n'est pas très grave . . .

J'annonce au caporal-chef Livaï :

- Regardez qui voilà. Ils semblent apporter des nouvelles.

- Je vais aller voir. De ton côté, retourne auprès du feu de camp, il ne faut surtout pas laisser ce sale type sans surveillance.

- À vos ordres.

Je retourne m'asseoir sur l'une des caisses de bois qui encerclent le feu tandis que le militaire se dirige vers ses subordonnés. Ils échangent les salutations de base. Un silence s'en suit. Après quelques secondes d'hésitation, le plus grand d'entre eux, Balys, déclare :

- Nous avons un message urgent de la part du commandant Pixis. Cela concerne Eren . . .

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