Chapitre 4 (partie 1)

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Hayato eût soudainement, une montée d’angoisse. Son cœur palpitait. Qu’avait-il fait ? Il était allé contre sa timidité excessive. Mais avait-il bien fait ? Junsei ne le reconnaîtrait probablement pas. Il pourrait poser des questions gênantes, le bloquer… La panique s’empara de lui et ressortit sur son visage. Ce qui n’échappa pas à l’observatrice qui flottait à côté de lui :

  • T’en fais pas un peu trop ? dit Hana avec un sourcil haussé, sceptique.

Elle ne comprenait pas vraiment la réaction de son ami. Pour elle, il avait simplement cliqué sur un bouton et il avait changé de couleur. A moins que le passage au gris soit inquiétant ? Le lycéen lui rendit son regard et commença à dédramatiser la situation devant la moue innocente du fantôme. Que pouvait-il lui arriver ? Même si Junsei pouvait le prendre pour un type bizarre, il l’ignorerait comme la plupart des gens. Il ne se passerait donc rien et tout irait bien.

  • Ah, ah oui, tu as raison… répondit-il avec une voix tremblante qui trahissait son angoisse toujours présente.

Il ferma les yeux pour se recentrer sur lui-même. Il inspira une grande bouffée d’air et l’expira lentement pour retrouver son état normal - s’il pouvait considérer qu’il était un tant soit peu comme d’habitude depuis qu’il voyait un fantôme. C’était son petit rituel pour réfréner le stress ou toute autre crise de panique.

Tudup !

Le lycéen sursauta. Il souffla en voyant qu’il s’agissait juste d’une notification. Bon sang, il ferait mieux de se calmer, pensa-t-il. Il avait des réactions beaucoup trop exagérées pour quelqu’un assis devant Facebook. Il n’était pas en train de déclarer sa flamme à son éventuelle bien-aimée. Une notification ?

Hayato venait enfin de percuter qu’il avait reçu un message.

 Junsei : Hayato ? Kita Hayato ? *

En voyant la demande d’ami qu’il avait reçu, Junsei s’était empressé de l’accepter. Il avait reconnu immédiatement le garçon en jetant un coup d’œil à sa photo de profil. Il n’avait jamais vraiment oublié ses amis d’enfance, mais c’était comme s’il avait vu un fantôme. Il n’osait pas encore y croire.

Yato Ha : Ouais c’est bien moi… Salut !

Ce dernier n’en revenait pas. Junsei ne l’avait pas oublié ? Derrière lui, Hana jubilait. Le lycéen lui avait pourtant dit qu’ils s’étaient tous perdus de vue, sans jamais avoir pris des nouvelles depuis sa mort. Et pourtant, lui avait tout gardé en mémoire.

  • Il se souvient ! Il se souvient ! s’enjoua-t-elle.

Hayato ne voulait pas encore crier victoire trop vite. Il se rappelle bien de lui, mais qu’en était-il du reste de ses souvenirs ? La mémoire peut facilement jouer des tours, comme pour lui. Il pouvait très bien reconnaître seulement le garçon, mais avoir complètement effacé le reste de la bande et la promesse qu’ils s’étaient faite.

Les doigts du lycéen restèrent suspendus au-dessus du clavier. Son cœur battait la chamade, heureux de retrouver un vieil ami, mais il ne savait pas par où commencer. Dix ans ! Dix ans qu’ils n’avaient eu aucun contact. Il hésitait à commencer par des banalités. Ce qui n’empêcha pas son interlocuteur de briser la glace :

Junsei : Ça fait un bail ! Comment ça va depuis le temps ?

Alors qu’ils s’échangèrent quelques nouvelles, Hayato se détendit. Un sourire ne quittait plus ses lèvres. Junsei était toujours aussi amical et avenant. Discuter avec lui s’avérait très facile. Son ami aborda le sujet tant attendu :

Junsei : Tu t’en souviens ?

Yato Ha : Oui.

Il fallait qu’il se remette de cette découverte. Contrairement à ce qu’il avait pensé, quelqu’un se rappelait de la promesse. Cela le remplissait d’espoir pour la suite et une motivation nouvelle pointa le bout de son nez. Si Fujioka savait ce qu’ils devaient faire le 22 juillet prochain, cela pouvait être le cas des autres. Par curiosité, il lui demanda comment il s’en était souvenu.

Junsei : Ma mère avait ressorti les albums photos hier et on est tombé sur les photos des vacances d’il y a dix ans. Je vous ai alors revu, sur la plage de Kamakura, et c’est là que je me suis rappelé de vos noms. Et de la promesse qu’on s’était faite.

Hayato sourit. C’était un peu comme lui finalement. Tout était parti d’une photo. À un fantôme près. Mais une pensée sombre vient calmer son enthousiasme. Il avait fallu un élément déclencheur pour que la promesse lui revienne. Sans ça, elle serait restée dans l’oubli. C’était une coïncidence pour Junsei. Ce dernier lui avait retourné la question et Hayato lui avait répondu qu’il était lui aussi tombé sur une photo, en omettant de mentionner le fantôme d’Hana qui tremblait d’excitation au-dessus de son épaule. Elle restait silencieuse, lisant avec grand intérêt la conversation entre les deux jeunes hommes.

Fujioka racontait qu’après cet événement, il avait couru jusqu’à son ordinateur et s’était empressé de retrouver ses amis. Mais sa recherche ne s’était pas avérée fructueuse. Hayato était plutôt inexistant sur la toile.

Junsei : Tu n’imagines pas la joie que j’ai ressentie quand tu m’as contacté !

Le lycéen comprenait très bien le soulagement qu’avait dû être son message. Lui aussi était très heureux en voyant Junsei lui répondre. Il était aussi ravi de savoir qu’ils en étaient au même point, à savoir, rechercher leurs amis d’antan avec les moyens du bord. Il le questionna sur ses avancées, ce à quoi son homologue lui répondit :

Junsei : Tu es le seul que j’ai contacté pour l’instant. J’étais assez découragé de ne pas t’avoir trouvé avec Inae-chan que j’ai abandonné mes recherches.

Hayato grimaça quand il lut le message. Lui non plus, n’avait pas trouvé le moyen de contacter Juliet. En revanche, aucun d’entre eux n’avait cherché Shiro. Lui n’en n’avait pas eu le temps avec la réponse de Fujioka, et ce dernier avait laissé tomber avant.

Junsei : Écoute, tu m’as remotivé, je vais voir si je trouve Shiro, annonça Junsei comme s’il avait lu dans ses pensées.

Yato Ha : Ok, tiens-moi au courant !

Junsei : Bien sûr !

Leur conversation se termina ici. Hayato s’adossa lourdement au dossier de sa chaise, soulagé. Il ne s’attendait pas à ce que les événements prennent une telle tournure quand Hana l’avait lancé dans cette aventure. C’était de bon augure pour la suite. Il n’était plus seul sur cette affaire… Du moins, quelqu’un de vivant.

  • C’est trop cool, non ?

Hana s’était penchée au-dessus du jeune homme. Son sourire s’étendait jusqu’à ses oreilles. Le lycéen lui sourit en retour.

* Petite note qui n'apparaîtra pas dans le texte final : on m'a proposé de mettre en forme différemment les conversations Messenger des dialogues classiques, idée que j'ai trouvé sympathique. Sur mon fichier word, je peux jouer avec les polices, mais ici, c'est plus compliqué, d'où mon choix de les mettre en gras+italique. Que vous adhérez ou pas, vous pouvez toujours laisser un commentaire sur ce parti pris ! (en sachant que dans ma première version, il s'agissait d'une mise en page comme les dialogues normaux)

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