V pour Vivi

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La fine lame aiguisée se perdit sur sa cuisse, traçant une ligne imaginaire partant de son genou pour finir près de sa hanche. Le métal froid lui arracha un frisson. Attachée et à sa merci, elle attendait que le couperet tombe. Allait-il la punir ou la récompenser ? Avait-elle commis une erreur, ou sa dernière sortie avait-elle au contraire été un succès ? Pleine d’appréhension, la jeune femme le fixait sans ciller. Lentement, comme pour la faire mariner, il se pencha à son oreille et lui susurra sur le ton de la confidence :

– Tu es merveilleuse Vivi. La perfection incarnée, ma plus belle réussite.

Un timide sourire apparut sur les lèvres charnues de la demoiselle. C’était à ça qu’elle carburait, au bien-être incommensurable qui l'innondait tel un raz de marée à chaque fois qu'elle parvenait à le satisfaire. Sa came comme on dit aujourd’hui. D’un geste brusque, il remonta la lame près de son poignet et coupa la sangle de cuir. À présent libre, sa main s’aventura sur le torse de son bourreau et y dessina des arabesques invisibles aux contours incertains. L’homme arrêta son geste, poussa un grognement et sectionna la seconde sangle de cuir.

– Non, ma belle… On n’est pas là pour ça et tu le sais. Tu es prête ? murmura-t-il alors qu’elle se redressait sur la table.

La jeune femme pivota pour lui faire face et acquiesça fébrilement.

– Parfait, conclut-il en souriant. Ton objectif, un polack répondant au doux nom de Dominik Czapka. Le bras droit du Président en quelques sortes. L’homme de l’ombre, celui dont personne ne soupçonne l’implication dans la vie politique, qui tire les ficelles en toute impunité et sans se mouiller. Ce sont des personnalités influentes, alors pas de cafouillage. C’est clair ?

Nouveau hochement de tête plus vigoureux, auquel l’homme répondit avec un sourire. Satisfait, il se pencha et saisit un sac à dos posé à même le sol. Il en sortit tout le nécessaire au bon déroulement de la mission, et le disposa de part et d’autre de Vivi. Une série de photos, quelques armes et la panoplie complète de la femme fatale ; robe de soirée à sequins, talons vertigineux, teinture capillaire et maquillage à profusion.

La jolie rousse sélectionna un cliché qu’elle fit glisser sur la table, avant de le coincer entre son pouce et son index et de l’observer avec attention. Au bout de quelques secondes seulement, elle reposa la photo et esquissa un sourire taquin en effleurant la robe au décolleté plongeant.

– Tu vas être sublime. Impossible qu’il te résiste, chuchota-t-il en la dévorant du regard.

Sans un mot, elle descendit de la table et rassembla ses affaires. D’un doigt, il caressa sa nuque et laissa son index glisser le long de son dos. Imperturbable, elle fourra un dernier couteau dans son sac et quitta la pièce sans un regard en arrière. La machine était en route. Il le savait, sa douce Vivi n'était plus.

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