La Genèse des Artistes II

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Ce qu'Il ignorait, c'est que son cousin le diable, tapi dans son trou, l'observait, et quand D… se fut endormi, il se glissa sur terre pour jouir de ces merveilles.

D… avait fait de la planète bleue un monde magnifique, les paysages étaient époustouflants de beauté, les animaux fabuleux, et les hommes vivaient en harmonie. Ils respectaient la planète et toutes les créations divines et s'entendaient à merveille.

Toute cette symbiose agaça le diable car il était jaloux de nature. Il n'aimait que la guerre, les massacres et le chaos. Alors, profitant que son cousin fut endormi, il créa la haine et les différences sociales.

Pour briser l'harmonie, il décida que les plus forts imposeraient leur volonté aux plus faibles. Que la médisance et la cruauté l'emporteraient toujours sur la bonté et la générosité. Alors il créa les empereurs, les rois, les dictateurs, les despotes et les tyrans. Il savait que, dès lors, les hommes formeraient des clans et se haïraient. Il créa la notion de territoire et celle de possession. Il leur apprit à manier le fer et le feu.

Et les hommes commencèrent à se battre, mais ce ne fut pas assez, alors il créa les religions et donna à l'homme l'absolue foi de ses propres croyances.

Il créa le racisme et la xénophobie afin qu'ils prennent conscience de leur différence.

Il créa la ségrégation raciale et sociale.

Mais cela ne lui suffisait toujours pas, alors il créa l'esclavage. Les uns dominèrent et les autres se soumirent. Les rois, les empereurs, les despotes, les dictateurs et les tyrans se disputèrent le monde. Ils envoyèrent les faibles se battre à leur place en les gavant de mensonges.

Car le diable créa cela aussi, le mensonge. Le mal par la rhétorique.

Il créa aussi les cons afin de leur obéir et de perpétrer l'ordre des tyrans.

Il créa les sénateurs, les députés et les ministres.

Il créa les impôts et les percepteurs.

Il créa les banquiers.

Il créa la bourse et le système monétaire.

Il créa la société de consommation, le crédit et la publicité.

Ainsi fait, le diable créa la guerre…

À compter de ce jour, les hommes ne furent plus jamais heureux, car ils ne pensaient qu'à engendrer des fortunes pour être plus riches que celui d'à côté. Son innocence et sa gaîté furent corrompu au profit de l'envie et de la cupidité.

Il créa un Veau d'or que les hommes s'empressèrent de vénérer. Et le diable, en contemplant son œuvre, se frotta les mains.

La planète ne connaîtrait plus jamais la paix. Les hommes se détruisaient, s'autodétruisaient. Ils brûlaient les forêts, asséchaient les mers et dynamitaient les montagnes pour le profit. Ils massacrèrent les animaux et asservirent ceux qui s'obstinaient à rester pacifiques. Ah qu'il serait réjouissant d'assister à la destruction de cette jolie planète.

Mais D… se réveilla et le diable, en maugréant, regagna son trou noir.

Quand D… découvrit l'enfer qui régnait sur terre, Il pleura, et ses larmes firent monter les eaux.
Il tenta de réparer les dégâts. Il essaya de détruire les tyrans mais chaque fois qu'un s'en allait, un autre prenait sa place, plus destructeur et menteur que le précédent. Car le cœur et l'âme de l'homme était trop profondément pervertis, le vice incrusté dans sa peau.

Mais comme Il se lamentait, Il remarqua que certains refusaient encore ce despotisme. Ils résistaient, luttaient, et souffraient car Ils étaient trop peu nombreux. Alors pour eux, D… tenta une dernière pirouette.

Il ne pouvait plus rien changer, mais Il pouvait apporter aux malheureux un peu de fantaisie pour apaiser leurs tourments.

Alors Il créa les chanteurs, les musiciens, les poètes, les saltimbanques, les bateleurs, les jongleurs, les danseurs, les troubadours, les ménestrels, les écrivains, les magiciens, les acteurs. Bref, il créa les artistes dans lesquels il mit tout ce qui lui restait d'amour et de clémence. Un dernier cadeau qu'il fit

à l'humanité. Puis, vaincu par la diable qui ricanait du bord de trou noir, il abandonna la terre et regagna les étoiles, laissant sa chère planète bleue à une armée d'artistes qu'il surnomma ses « anges ».

Puisse-t-il égayer à jamais l'humeur des humains et les ramener un jour sur les rivages de la lumière…

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