Au bal des absents (Catherine Dufour)

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Résumé : Claude perd son emploi, son appartement et ses amis qui ne peuvent ni veulent plus l’héberger. SDF, elle se voit contrainte d’accepter l’offre d’un Américain mystérieux et emménage dans un sombre manoir normand battu par la pluie et les feuilles mortes, où se serait volatilisée une famille de cinq personnes… Contre rémunération, elle est chargée d’enquêter sur leur disparition. Mais la promesse d’un peu d’argent et d’un toit sur la tête vaut-elle d’y laisser sa peau ?

Entre roman introspectif narrant la descente aux enfers psychologique d’une chômeuse en proie à l’exclusion et thriller horrifique, ce roman particulier se lit de préférence à la plage, lors d’une journée ensoleillée. Les scènes d’horreur, originales tout en étant émaillées de références aux classiques du genre, sont bien affreuses et filent la chair de poule (surtout la première). Le parfum de réalité que dégagent les descriptions du harcèlement des chômeurs par des conseillers Pôle Emploi complètement à la masse contrebalancent des passages de hantise complètement délirants, faisant de ce roman un objet littéraire à part. Servi par une écriture concise, efficace et soignée (on est au Seuil, après tout), il se lit rapidement (je l’ai lu en une soirée et une matinée).

Mais le plus grand mérite de ce roman selon moi est de brosser le portrait d’un type de protagoniste souvent négligé par la littérature : la femme seule en rupture de ban, qui sombre progressivement dans la folie. Exclue du « marché de la bonne meuf » (pour reprendre les mots de Virginie Despentes), plus très fraîche ni « bankable », cette héroïne ne connaîtra nulle rédemption amoureuse au bras d’un chevalier sauveur ou d’un prince charmant. Sans enfant, conjoint, ou ami, elle s’étiole progressivement, devenant en fin de compte plus effrayante que les spectres hargneux qu’elle affronte. C’est cette existence de fantôme, invisible aux yeux de la société, qui suscite véritablement le malaise. Face au danger de l’effacement, Claude choisit de se battre : son combat contre les esprits frappeurs qui rôdent dans sa maison fait office de revanche, de tentative désespérée pour reprendre le contrôle sur sa vie. Elle le fera d’une manière originale, lors d’un final particulièrement jouissif.

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