Aurora squad (Amy Kaufman et Jay Kristoff)

4 minutes de lecture

Résumé : 2380. Tyler, prometteur commandant d’escadron tout juste sorti de l’académie, découvre lors d’une sortie spatiale un vaisseau de colons disparu deux cents ans plus tôt. À son bord, une seule survivante, une jeune fille amnésique… À cause de cette découverte qui lui a fait rater les examens finaux, Tyler ne peut choisir son affectation et se retrouve avec une équipe de bras cassés dont personne ne veut pour sa première mission. Sans compter la jeune survivante, qu’on a cachée à son bord. Qui est cette gamine mystérieuse ? Quel danger terrible dissimule-t-elle ?

Ce premier volume d’une saga de space-opera à destination du jeune public est le troisième roman estampillé « Young Adult » que je lis. Il est co-écrit par Amy Kaufman et Jay Kristoff, deux auteurs célèbres dans cette catégorie. Voici mes impressions, en commençant par les points positifs.

Une bonne intro au space-opera

On a droit à tous les poncifs du genre : le monde interstitiel inexploré et dangereux (« l’Ellipse »), le vaisseau-tombe qui réapparaît de nulle part, les elfes de l’espace, la flotte hyper disciplinée à la limite du fascisme, l’escadron uber-cool, les pirates et leur île de la tortue, les mille-et-une races extraterrestres et leurs cultures exotiques, etc. L’univers est cool, mais prévisible et peu fouillé, et ressemble pas mal à deux célèbres franchises.

Un rythme trépidant

Pas le temps de s’ennuyer avec cet escadron ! Il y a de l’action tout le temps. Le livre idéal pour les lecteurs agités et peu contemplatifs. On est rapidement happé par les « mystères » qui apparaissent, même s’ils sont très prévisibles. Quelques petites romances viennent pimenter un peu tout ça, mais elles restent discrètes, sans prendre toute la place. Surtout, elles servent à justifier le comportement de certains personnages et faire avancer l’intrigue.

Une héroïne qui suscite l’empathie

La survivante à la mèche blanche est l’une des rares protagonistes féminines YA à ne pas être une Artémis ou une beauté qui s’ignore. Ok, elle est tout de même… spéciale, et le sort de la galaxie repose probablement sur elle. Mais toute seule, elle est impuissante : elle a besoin de son équipe derrière. Dans la team, elle n’est ni la plus belle, ni la plus intelligente, ni la plus forte. C’est juste une fille normale, confrontée à une situation (très) anormale. J’aime !

Un récit multichoral

Chaque personnage a droit à son chapitre, aucun d’eux n’est plus mis en avant qu’un autre. C’est parfois déroutant : souvent, je ne savais plus qui parlait. Les personnages sont bien caractérisés. La multiplicité des points de vue permet d’éviter la fameuse scène dite « du miroir », qu’on voit dans tous les romans à la première personne. La scientifique asociale rappelle Zoé dans l’Attaque des Titans. Le Legolas de service (il est réellement surnommé comme ça) fait le job : sa raideur et ses nombreuses répliques en klingon lui confèrent un petit côté rigolo. Mon perso préféré reste Tyler, le capitaine, qui est vraiment charismatique. Lorsque les auteurs nous disent qu’il est le meilleur Alpha de sa promo, on les croit : ses actes sont à la hauteur de sa réputation. J’ai moins apprécié les trois membres de l’équipage : les interventions de Scarlett m’ont semblé ennuyeuses, quant à Cat et Finn, ils m’ont paru assez détestables.

Un bel objet-livre

L’aspect esthétique et sensoriel d’un bouquin compte beaucoup pour moi : je me décide souvent à acheter un roman inconnu pour sa couverture, et c’est d’ailleurs les illustrations de Charlie Bowater pour cette saga qui me l’ont fait remarquer en librairie. Je lis toujours en format imprimé, et j’aime beaucoup lorsque le papier a un grain agréable, à la fois léger et solide. Les polices en surimpression de la couverture rendent encore plus appréciable la manipulation du bouquin. Les montages entre les chapitres quant à eux renforcent l’immersion dans l’univers et contribuent à l’effet « scénario de jeu de rôle ».

Passons aux « moins », maintenant :

Un humour lourdingue

Le ton se veut décalé, à la « Gardiens de la Galaxie », mais ne fonctionne pas toujours. Certaines blagounettes m’ont fait rire, mais à la fin, j’avais tendance à sauter les punch-lines. Je sais que tous les héros d’Hollywood font des blagues avant de se crasher contre une étoile en fusion, mais là, c’était vraiment too much. Je ne compte pas les passages grand-guignol où le capitaine autorise ses hommes à quitter le navire avant la mission-suicide, les « j’en suis chef ! » et autres saluts militaires sur fond de sonnerie aux morts de l’armée US.

Une écriture un peu trop simple

Les descriptions du kung-fu du Syldathri, l’elfe le gros bras du bord, ne sont pas crédibles. L’action omniprésente tend d’ailleurs à fatiguer et nuit à l’instauration d’une ambiance merveilleuse, triste ou horrifique. Aucun temps mort, aucun passage calme pour se reposer. En dépit de tout ce qu’il leur arrive, les personnages n’ont jamais l’air véritablement malheureux, inquiets ou effrayés. Les descriptions sont particulièrement paresseuses (« il a la peau couleur olive et les oreilles taillées en pointe »). C’est sans doute lié au genre du roman, qui vise un public jeune.

Un manque de densité

On sent d’ailleurs un peu trop le produit marketé pour être consommable rapidement, sans réelle profondeur. Le message est honorable (trouver sa place dans un groupe en tant qu’outcast) mais tombe un peu comme un cheveu sur la soupe et aurait gagné à être un peu plus développé...

Mon verdict :

Aurora Squad était une lecture sympa, mais pas marquante. Au final, je ne sais même pas si je vais lire la suite. Les mystères soulevés sont pour la plupart résolus à la fin du premier tome (y compris la petite romance en arrière-fond), ce qui ne donne pas une envie irrépressible de se précipiter sur le tome 2, sorti cet hiver. Je vais sans doute le lire quand même, car la couverture est magnifique, et que j’ai envie d’en savoir plus sur le fameux « Tueur d’étoiles » et la bluette entre Legolas et Auri.

Toujours est-il que si j’avais un cadeau à faire à une jeune ado que je voudrais mettre au space-opera, je lui offrirais probablement ce livre !

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