Rencontre Partie 7

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- Pas pour moi en tout cas ! Je n'entrerai pas dans ce café minable... et...

Hélène depuis la veille était irritable. En ce matin d'exil, Jon les avait laissés, elle, Arthur et Daphné, dans un village français, Combrigal, sous un léger crachin grincheux.
Il n'y avait pas de magasins, pas de Jenners, de Tiffany's, d'Harrods, de Via Monte Napoleone ou de Champs-Élysées. Seulement un bistrot louche, avec cinq tables et de vieux Français, dont, comble de l'exotisme, deux portaient des bérets.

- Ce sera sans moi...
- Hélène, il pleut... Ton petit côté Chat Mouillé à déjà tendance s'exprimer, un peu trop à mon goût... Mais là c'est pour ta santé. Tu veux bien faire un effort ?

Ils entrèrent. Ça sentait le café, l'anisette et les cigarettes. Daphné regardait les rideaux à carreaux, les tableaux représentant des scènes de chasse, accrochés aux murs, et s'avançait pour discuter avec la serveuse. Arthur était ravi, il avait, enfin, une occasion d'observer en vrai la vie des aborigènes, ces autochtones si amusants de la campagne française. Hélène fronçait le nez, et eut l'élégance de ne pas le pincer avec ses doigts...

Ils s'assirent à une table, passèrent les commandes.

- Comment la trouvez-vous, cette Isabeau ?

- Je ne m'attendais pas à une femme aussi jeune. Vingt-trois ans, pour une entreprise comme Combrigal... Cela ne m'étonne pas que Jon ait flairé la bonne affaire !

- Rona, mon amie Ecossaise, m'en dit du bien, tout me le confirme. Moi, je l'ai trouvée sympathique !

- Pas moi. C'est une sale gamine orgueilleuse ! Non mais vous l'avez vue descendre cet escalier ? "Voilà, regardez-moi, j'arrive !" Lentement, marche après marche, sans se presser, souriante, d'un sourire fourbe, comme si elle nous disait de sa langue de serpent "Je n'ai pas besoin de me presser, j'ai tout mon temps..."

- Ho ho ! Hélène, serais-tu jalouse ? Inquiète ? Si j'ai bien compris la situation, Jon n'a pas encore gravé sur le front "Propriété exclusive et privée de Hélène Kendal". Il n'a pas l'anneau au doigt, encore moins la corde au cou. Allons, rassure-toi, Jon n'est pas un gibier facile pour la chasse à l'homme, telle que vous la pratiquez, vous les femmes... Tu es bien placée pour le savoir...

Depuis quelques temps déjà, l'ambiance était à la franche rigolade dans le bar. L'idiot du village venait d'entrer. Quelqu'un lui avait dit un mot à l'oreille en se tordant de rire par avance, et maintenant il se tenait droit comme un piquet, contemplant le petit groupe d'étrangers. Il regardait Hélène. Arthur et Daphné lui faisaient face, et c'est Arthur qui signala, levant le sourcil, l'individu.

- Hélène, quelqu'un souhaite te parler...

Hélène se retourna, étonnée, considérant l'importun qui souriait, montrant sa dent manquante, des étoiles plein les yeux, offrant à qui la voudrait son insoutenable naïveté et sa gentillesse, et qui lui disait,

- Mademoiselle, vous êtes jolie...

Arthur, Daphné, et toute l'assemblée éclatèrent de rire. Hélène resta interdite une seconde, se demandant si elle avait bien compris, puis elle se leva, gifla le malheureux, et sortit.

- Je vous déteste !

Dehors, sous la pluie qui reprenait, elle repensa à Jon qui à l'instant même se promenait dans les jardins avec cette Isabeau. Maudissant en son coeur Combrigal, elle marchait seule sous la pluie.

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