Rencontre Partie 3

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Martin partait.

Au premier étage de l'immeuble de verre, le vieil homme rassemblait ses affaires. Dès cet après-midi, après l'entrevue avec les actionnaires principaux - et non majoritaires comme il aimait à le rappeler - il serait en partance pour un long voyage qui l'emmènerait, pour commencer, en Grèce.

A mesure que le temps passait, les idées pour la suite de sa vie s'accéléraient, arrivant par wagons entiers, en convois serrés. Nul doute que l'esprit de cet homme actif trouverait, une fois décroché de Combrigal, de quoi alimenter sa recherche du bonheur, lui qui savait si bien tout à la fois essayer, perdre, recommencer encore, et puis, finalement, à l'occasion et comme en passant, gagner.

A le voir aujourd'hui dans ce bureau, on aurait eu la confirmation de ce que ses proches savaient depuis toujours. Au succès, il préférait, et de loin, le défi qui se dressait devant lui, avec ses incertitudes, ses longues approches laborieuses et créatives.

Par la fenêtre, il regardait les nouveaux acteurs de l'avenir de Combrigal, Jon Ensmore et Isabeau Combrigal, qui arpentaient les allées, lancés dans une discussion animée. Il voyait les mains qui s'agitaient, les pas qui s'arrêtaient puis reprenaient, les visages qui se tournaient l'un vers l'autre, se détournaient, les nuques qui se raidissaient, se détendaient, les têtes qui approuvaient ou désapprouvaient dans un mouvement bref, le tout comme un ballet dont les mots seraient la musique, au rythme d'une partition depuis longtemps écrite.

Il ouvrit le coffre qui se trouvait à l'arrière d'un petit meuble en bois transformé en bar à alcools, entrant la combinaison chiffrée. Il en sortit un objet ainsi qu'un document, qu'il relut brièvement, soupira, puis glissa ce dernier dans une enveloppe. Il alla déposer l'enveloppe sur le bureau d'Isabeau qui se trouvait à côté du sien, et dont la porte n'était jamais fermée.

L'objet qu'il venait d'extraire du coffre, une sorte de souvenir de voyage sans valeur apparente, il le posa sur l'enveloppe, et regarda, à nouveau, par la fenêtre.

Isabeau devisait toujours avec Jon Ensmore, reprenant maintenant la direction de l'Entreprise, passant à l'écart par les étangs japonais et ses magnifiques carpes Koï. Il resta un instant silencieux, oubliant de respirer, avant d'inspirer largement. Il alla reprendre l'enveloppe sur le bureau, prît un stylo et écrivit ces mots.

"A ouvrir si tu pleures. Signé : Martin"

Puis, ayant réattribué à la petite statuette son rôle de presse-papier, il sortit.

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