Jon Partie 7

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— Oui, ne rien penser, être neutre, sans hostilité ni bienveillance. Détenir 34%, la belle affaire ! Tout cela ne fait pas une majorité. Alors, nous ne réagirons pas. Nous allons les ignorer.— Avec des êtres comme ceux-là, quoi de plus facile au fond ? Nous serons nous-mêmes, et rien de moins.

Songeant ainsi, en arrivant tout au bout de l'étage elle vit monter Evy en sueur. - Madame ! Quatre jeunes gens attendent au salon dans le grand hall ! C'est monsieur Ensmore !

Que dis-tu ! A cette heure et ici !

Ils ont demandé Combrigal au village, et on leur a indiqué la maison. En tenue de ski, personne n'allait leur donner l'adresse de l'entreprise.

Le village appelait toujours le vieux chemin, même goudronné, «le chemin de Combrigal». Il n'y avait là rien d'étonnant. Pour beaucoup, l'autre côté était appelé «l'Entreprise», une façon comme un autre de s'y retrouver.

- Soit, je vais les recevoir. Mais pour leur dire de partir. Nous sommes chez nous ! Trouvez leur un hôtel, et qu'ils reviennent demain à l'entreprise.

— Madame, c'est Pâques...

— Ils trouveront bien, sur la route de Lyon, ce ne sont pas les hôtels qui manquent. Je vais me changer. Fais les attendre.

Isabeau était pensive. Elle était seule à la maison. Ses soeurs et son frère ne rentreraient qu'assez tard dans la soirée. Elle remonta le couloir pour choisir un chemisier blanc et un jean, enlevant tous ses bijoux, tout ce qui n'était pas neutre et froid. Glacial. Oui, voilà ce qu'il fallait être, ce qu'elle serait. Ils n'avaient pas à être là, se disait-elle en choisissant des baskets blancs. Perdre Combrigal était trop pénible, insupportable. Elle se regarda dans la glace, attachant ses cheveux qui flottaient. Elle referma son chemisier, mais elle hésitait, se demandant à quel cran elle s'arrêterait, elle qui détestait les tenues trop serrées. Cette hésitation, qu'elle reconnut pour ce qu'elle était, la fit exploser de rage. Elle défit ses cheveux, et, jetant son attache à l'autre bout de la pièce, sortit. Evy était là, elle passa devant elle comme un ressort sortant d'une boîte.

-Madame, vous ne pouvez-pas vous montrer aussi négligée !

Isabeau se retourna, rouge de colère, elle frémissait, et ses yeux brillaient. - Si je le peux ! Dis-leur que j'arrive.

Elle s'arrêta une dernière fois, et tout autre qu'elle même, la regardant guetter un retour au calme dans le miroir du couloir de l'étage y aurait vu bien des choses. Le rouge de ses joues disparut presque, remplacé par un léger sourire.

Isabeau apparaissait en haut de l'escalier. Elle descendit lentement, ses longs cheveux en cascade sur son chemisier, souriante et radieuse.

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