Jon Partie 3

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Hélène et Daphné ne furent pas dupe des intentions de leurs amis, mais rirent néanmoins de bon coeur.

- Arthur... As-tu encore quelque chose à prouver ? Ou quelque chose à me demander ? Tu es un merveilleux skieur.

- Je n'y suis pour rien, c'est Jon qui a voulu vous donner un petit spectacle.

- Mais, Arthur, nous connaissons bien notre Jon, renchérit Hélène. Etre admiré lui importe peu. Ce que Jon déteste, c'est être inférieur à lui-même. N'est-ce pas Jon ? Jon l'orgueilleux, qui n'a pas d'adversaire à sa hauteur, sauf lui-même peut-être, et qui tient pour rien une admiration que de toute façon personne ne lui ménage, depuis toujours.

- C'est tout ? Arthur regardait Hélène avec son air ironique, levant un sourcil interrogateur à l'attention de Jon.

Jon ne répondit pas, et plutôt que d'entrer dans le théâtre incertain des sentiments, s'élança sur la piste pour un schuss vertigineux, jusqu'à l'auberge.

Hélène le regardait descendre. Daphné la regardait, elle, avec une pointe d'irritation.

- Jon est d'une patience merveilleuse avec toi, Hélène. Mais quel entêtement, c'est admirable. Je te trouve ridicule à lui courir après de cette façon. Mais secrètement, je suis jalouse. Jamais je ne supporterais d'être ignorée ainsi, sans un regard, un mot, une attention. Malgré tant d'efforts de ta part pour être agréable, ou bien plus souvent, insupportable, reconnaîs-le, Jon me paraît rester souverainement indiffèrent.

- Je l'aime, Daphné, et peut-être m'échappe-t-il pour cette raison.

- Quoi qu'il en soit, dans ton malheur, tu n'as pas à redouter de concurrence. Je sais de source sûre qu'il a rompu avec sa petite amie autrichienne, la semaine dernière.

- Oui, je sais. C'est bien la raison de ma venue ici sur les pentes de l'Eiger... et pour te voir également, Arthur ! Dit-elle en se retournant.

Les secrets de Hélène n'en étaient pour personne, et à vrai dire elle parlait librement, comme elle le faisait toujours. Il n'était pas dans sa nature de dissimuler ses sentiments, ce qui faisait d'elle une amie recherchée, dont le réseau social atteignait, d'après Arthur, les limites de l'univers connu. Elle avait des relations dans tout le milieu des affaires dont elle connaissait la progéniture ainsi qu'un nombre incalculable de petits secrets qui faisaient d'elle une personne redoutée, dont personne ne s'avisait de dire du mal, ou de railler trop ouvertement les attitudes, hormis Arthur, évidemment. Au delà de la côte est américaine, elle avait établi des relations suivies à Pékin et Shanghai, ou encore Moscou, et souvent au Moyen-Orient, ou en Amérique Latine, dans les familles qui constituaient le haut du pavé des organes politiques et économiques, mais où souvent des contraintes insupportables semblaient peser sur les esprits neufs, favorisant les confidences. C'était facile, à vrai dire, et elle avait connaissance des affaires, des rivalités politiques. Mais elle avait aussi des liens avec des personnes différentes, et ce n'était pas là un titre de gloire, mais une satisfaction teintée d'une forme de remord, de pouvoir accrocher l'intérêt d'inconnus, au Bhoutan, en Colombie, au Pérou, en Afrique du Sud.

- Ho ! Je ne suis nullement déçu, Hélène. Tes intentions ne sont un mystère pour personne, et personne ici ne t'en fera le reproche, car on ne reproche ni aux êtres ni aux choses ce qui n'est pas dans leur nature. Nous te regardons donc avec compassion, Hélène.

- Toujours aussi piquant, Arthur... Crois-tu vraiment à l'image que tu as de moi ?

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