L'éveil

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Il ouvre lentement les yeux. C’est d’abord le blanc qui domine. Un blanc absolu, froid, clinique : le blanc des murs qui l’entourent, le blanc de la lumière qui jaillit du plafonnier et l’éblouit, le blanc du drap qui recouvre jusqu’aux épaules son corps encore engourdi.

Il y a ensuite ce bruit qui revient à intervalles réguliers, ce bip discret que pourtant il ne peut plus ne pas entendre maintenant qu’il y a prêté attention. La source de ce son est proche, il semble venir d’un appareil situé à moins d’un mètre sur sa gauche, au niveau de sa tête qu’il n’a pas la force de tourner pour le confirmer. En tendant l’oreille, il croit également percevoir des pas rapides et des conversations furtives. Ces bruits plus lointains que le bip incessant proviennent de l’extérieur de la pièce, probablement d’un couloir de l’autre côté de la porte située face à lui, légèrement décalée sur la gauche par rapport à l’axe du lit.

C’est son nez qui achève de lui confirmer ce qu’il soupçonne depuis qu’il s’est éveillé. Il reconnait clairement l’odeur typique des hôpitaux, le parfum aigre de propreté, comme si cette hygiène impeccable devait inconsciemment évoquer aux patients et aux visiteurs la bonne santé promise par le corps médical. La vie qui sent la javel et le chlore plutôt que la maladie malodorante, la mort putride.

Lui n’est pas mort, au moins. Son corps est encore endolori mais bien vivant. Il sent le contact du pyjama disgracieux sur son corps, la douceur du drap sur ses pieds nus, le grattement désagréable de la couverture sous ses bras. Un picotement à l’intérieur de son coude droit trahit la présence d’une perfusion dont il aperçoit la poche translucide accrochée à un pied métallique à droite du lit. Il sent également la peau de son torse légèrement tirée par de petites ventouses reliées à l’appareil qui diffuse le bip qu’il comprend être cadencé par les battements de son coeur.

Sa gorge est sèche, sa bouche pâteuse. Il reconnait la sensation habituelle de soif qui accompagne le réveil après un long sommeil. Il aimerait boire un verre d’eau, mais seul un téléphone et un pot de fleurs fanées ornent la table de chevet à côté de son lit. Il voudrait que quelqu’un, une infirmière, ou aide-soignante peut-être, vienne lui donner à boire et lui expliquer ce qu’il fait dans cette chambre d’hôpital.

Il lève le bras droit pour chercher le fameux bouton qui devrait lui permettre de se signaler auprès du personnel soignant mais il ne le trouve pas tout de suite. Après avoir tâtonné le long du mur dans son dos, sa main agrippe finalement un cylindre en plastique pendu à un cordon et son pouce appuie sur le bouton-pressoir salvateur. Une petite ampoule rouge s’allume au-dessus de la porte pour confirmer son appel.

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