Florian 18 ans surdoué

431 minutes de lecture

Le don de guérir

"livre 2 tome 2"

2eme ANNEE fêtes de fin d’années, 2ème partie: (58/150) (Aix) (Sixième jour)

(Maurice et Martine, la présentation de Ramirez)

« Un peu plus tard dans l'après-midi. »

Le couple marche dans la rue main dans la main, c’est à pieds qu’ils ont décidé de se rendre au cirque afin d’avoir encore du temps pour réfléchir avant de rencontrer le garçon qu’Erwan leur a dit aimer.

Maurice se demande s’il le connait et se remémore les quelques jeunes hommes qu’il a déjà pu rencontrer depuis qu’il est arrivé. En fait il n’y en a pas tant que ça, du moins parmi les artistes et il ne pense pas qu’Erwan serait tombé amoureux d’un des ouvriers.

Pas qu’il ait quelque chose contre leur statut social, non !! Simplement que leurs horaires ne correspondent pas à celui de la petite bande en vacances parmi eux et que de toute évidence le garçon doit être un de ceux qui s’entrainent en journée.

Maintenant en y réfléchissant bien, il n’en voit guère qu’un suffisamment proche de Florian et de ses amis et il sourit en se disant que son fils n’a pas choisi le pire comme garçon, en revoyant son visage avenant et sa silhouette élancée.

Martine tente de prendre sur elle et d’accepter du mieux possible que son enfant soit heureux avec un autre homme, alors qu’elle avait fait tant de projet pour lui et ses futurs petits enfants.

Martine se sent seule depuis qu’Erwan a commencé à voler de ses propres ailes, bien sûr il vit encore avec eux mais ce n’est plus pareil et elle attendait avec impatience d’avoir encore à pouponner et s’occuper d’un enfant qui aurait besoin de toute l’affection d’une grand-mère.

Elle retient avec peine les larmes qui ne demandent qu’à s’échapper de ses yeux, le bonheur de son fils passe avant tout, même le sien et s’il est heureux avec un garçon plutôt qu’avec une fille, elle devra l’accepter, alors autant commencer dès maintenant et faire bonne figure en rencontrant ce jeune homme, qu’elle espère de tout cœur pouvoir aimer comme un deuxième fils.

***/***

Dans la roulotte de Ramirez c’est le branle-bas de combat, quand Erwan lui a annoncé la visite de ses parents le jeune écuyer s’est senti tout bizarre, comme à l’approche d’un examen capital pour sa carrière et qu’il n’aurait pas l’assurance de réussir.

Erwan qui l’aide au grand ménage que l’occasion a rendu indispensable aux yeux de son ami alors que pour lui tout était pourtant nickel chrome, ne se sent pas lui non plus au mieux de sa forme.

Déjà les réactions de ses parents même si elles n’ont pas été franchement négatives, n’ont pas été non plus à les faire sauter au plafond et il se demande bien où tout ça va mener avec eux.

Il les aime tellement qu’il ne conçoit pas d’être rejeté par eux, ce qui si ça se produisait le détruirait aussi certainement que s’il se jetait d’une falaise.

Maintenant il s’attèle à récurer la roulotte comme si sa vie en dépendait, mais il est bien conscient que c’est surtout pour éviter de penser et arriver plus vite au moment où ses parents seront devant lui pour pouvoir enfin constater si oui ou non la pilule passe.

Ramirez voit bien que son copain est aussi tourmenté que lui et ça ne le rassure pas du tout, il regarde autour de lui en cherchant désespérément quelque chose qui n’irait pas et qu’il aurait encore le temps de rectifier.

Ne trouvant plus rien à redire de la tenue de son appartement sur roue, il vient prendre Erwan par le bras et le serre contre lui pour lui donner un long baiser censé le rassurer mais voulant surtout se rassurer lui-même.

- Tout est nickel alors détends-toi !!

- (Erwan sourit) C’est bien à toi de me dire ça !!

- Tu aurais pu attendre avant de leur parler de nous deux si tu ne te sentais pas prêt ?

- Et leur cacher que j’aime quelqu’un comme si j’en avais honte ?

- Alors de quoi as-tu peur ?

- Ma mère a pleuré tu comprends !! Elle a pleuré et c’est à cause de moi, de ce que je lui ai dit !!

- La mienne aussi tu sais et regarde maintenant !! Elle n’a pas changé envers moi, au contraire je dirais même !! Plusieurs fois elle m’a remercié d’avoir cru en elle et d’avoir été honnête pour le lui avoir dit. Ce sera pareil avec la tienne tu verras !! Et ton père ?

Tu m’as dit qu’il n’avait pas vraiment réagit ?

- Il n’avait d’yeux que pour ma mère à ce moment-là !! Et puis mon père ce n’est pas pareil, il est tellement habitué à garder tout pour lui que tu ne sais jamais vraiment ce qu’il pense réellement.

Erwan sourit malgré tout.

- Rends-toi compte, il pourrait annoncer un tremblement de terre en gardant le sourire ! Hi ! Hi !

- Tu l’aimes beaucoup pas vrai ?

- Oh oui !! J’ai toujours voulu être comme lui ! Il a toujours été extraordinaire avec moi, quand il est près de moi je me sens bien et j’aimerais tellement que ça reste pareil nous deux, enfant il me faisait tout le temps rire et malgré qu’on ne le voyait pas aussi souvent qu’on l’aurait voulu, il était toujours présent dans notre cœur et dans nos pensées à ma mère et à moi.

- Tu lui as déjà dit tout ça ?

- Je ne m’en souviens pas, non !! Ou alors quand j’étais petit peut être.

- Et bien tu devrais le lui redire et je ne pense pas qu’avec tout l’amour que je sens dans tes paroles, il puisse t’en vouloir d’aimer quelqu’un à ton tour.

2eme ANNEE Fêtes de fin d’années, 2ème partie : (59/150) (Aix) (Sixième jour)

(Maurice et Martine, la présentation de Ramirez) (suite)

Maurice et sa femme arrivent en vue de l’immense chapiteau, l’après-midi touche à sa fin et le cirque se prépare au repas du soir avant le spectacle.

Il demande à un de ses hommes en faction devant l’entrée principale s’il sait où ils pourront trouver Erwan.

L’homme lui indique l’avoir vu rentrer dans la roulotte qu’il partage avec un de ses copains et qu’il ne l’a pas vu ressortir depuis.

Maurice le remercie et c’est en se dirigeant vers la roulotte, qu’il s’entend interpeller par une voix qu’il reconnaitrait parmi des centaines d’autres.

- L’autre couleur de cheveux t’allait bien aussi ! Hi ! Hi !

Maurice et Martine stoppent et se retournent pour voir arriver vers eux les deux garçons, les regards plein de malices qui se tiennent par la taille en s’avançant vers eux.

- Je préfère celle-là figure toi !! J’ai été assez ridicule comme ça auprès de mes hommes

!!

Thomas et Florian viennent les embrasser, Martine comprend en les voyant que ce n’est pas si terrible de voir deux garçons qui s’aiment et que s’en est même prenant quand comme ces deux-là, la vision qu’ils en donnent est si parfaite.

- Vous allez où comme ça ?

- Voir Erwan et son copain, nous avons une petite discussion de prévue avec eux.

Florian capte la soudaine impression de tristesse dans le regard de la femme de Maurice, son esprit d’analyse tourne alors à cent à l’heure et il se dit que c’est sans aucun doute le moment ou jamais de leur parler de la petite idée qui lui trotte dans la tête depuis une certaine soirée.

- Erwan vous a tout dit alors ?

- (Maurice surprit) Ah !! Parce que vous êtes déjà au courant ?

- Pour lui et Ramirez ? Ils ne nous ont rien dit mais ça se voit comme un énorme bouton au milieu de la figure ! Ils ne se quittent plus d’une semelle et leurs yeux envoient des cœurs énormes dès qu’ils se regardent ! Hi ! Hi ! On les croirait tout droit sortis d’un Tex Avery ! Hi ! Hi ! Tu sais le loup avec la langue qui traine par terre et les yeux qui lui sortent de la tête quand il est amoureux !!

Maurice éclate de rire, suivit très vite par sa femme.

- A ce point-là !! Et bien sûr ce sont toujours les parents les derniers informés.

- (Thomas) Vous avez l’air de le prendre plutôt bien on dirait !!

Maurice redevenant sérieux.

- A-t-on vraiment le choix ? C’est notre fils et nous l’aimons !! Il nous faut juste dire adieu aux petits enfants et je crois que ce sera ça le plus dur pour moi et surtout pour ma femme.

C’est là où j’interviens.

- Peut-être pas !!

Maurice regarde tout de suite le ventre de Thomas ce qui ne m’échappe pas.

- Tu ne vas pas me dire que…

- ! Hi ! Hi ! Bien sûr que non !! C’est pour le coup que nous aurions l’air fin !!

Thomas mort de rire se frotte le ventre.

- En voilà une idée ! Hi ! Hi ! Manquerait plus que ça !!

Maurice jette un coup d’œil sur son épouse qui se retient de rire en mettant sa main devant sa bouche.

- Ouaih !! Bon !! Je ne suis pas à une connerie près en ce moment, si tu nous disais plutôt à quoi tu pensais avec ton « peut-être pas » ?

- Je pensais à une merveilleuse petite princesse orpheline à qui je me suis promis de trouver une famille et je la sens bien avec vous deux maintenant que le grand a trouvé le chemin du péché originel. Elle doit avoir cinq ou six ans et même si ce ne sera pas réellement votre vraie petite fille, je pense qu’elle est suffisamment attachante pour que vous oubliiez vite votre ressentiment envers votre fils quand vous la verrez. Maintenant c’est à vous de décider, mais acceptez au moins que je vous la présente.

- (Thomas) C’est la petite qui est montée sur « Kinou » ?

- C’est elle oui !!

- (Thomas sourit) Elle est adorable vous verrez !! D’ailleurs si vous n’êtes pas d’accord, j’emmènerais mes parents pour qu’ils la voient. J’aurais dû y penser moi aussi, pourquoi tu ne m’as pas parlé de ton idée « Flo » ?

- Heu !! Je n’en sais rien en fait !! Sans doute parce que je viens juste d’y repenser en voyant la tristesse dans les yeux de la mère d’Erwan et peut être aussi parce que je voudrais continuer à tenter la méthode naturelle avec toi ! Hi ! Hi ! On ne sait jamais !! Des fois que ça marche !!

2eme ANNEE Fêtes de fin d’années, 2ème partie : (60/150) (Aix) (Sixième jour)

(Maurice et Martine, la présentation de Ramirez) (suite)

Quand le couple arrive devant la roulotte qui héberge leur fils pendant ses vacances pour le moins particulières, leurs visages est changé du tout au tout.

Martine a un grand sourire en pensant à la promesse qu’a faite son mari aux deux garçons, de les accompagner tous ensemble à l’orphelinat pour rendre visite à la petite Coralie.

Le prénom de l’enfant lui plait beaucoup et la description qu’en ont faite Thomas et Florian, lui donne l’envie irrésistible de la rencontrer le plus tôt possible.

L’idée d’avoir une petite fille toute à elle lui plait décidément de plus en plus et c’est donc dans cette bonne humeur manifeste, qu’elle s’apprête à prendre son fils dans ses bras pour bien lui montrer que sa mère l’accepte comme il est et qu’il sera toujours son petit lapin chéri.

Maurice ne cesse de regarder sa femme du coin de l’œil, la joie qu’elle éprouve lui va droit au cœur et quand il s’apprête à toquer à la porte pour en avertir les occupants de leur arrivée, il se dit en souriant à son tour que décidément Florian est un sacré spécimen qui a le « don » parmi tant d’autres de rendre les gens heureux autour de lui.

« Toc ! Toc ! Toc ! »

Erwan avec un pincement au cœur.

- Ça doit être eux !!

Ramirez lui montre une légère grimace d’appréhension.

- Qu’est-ce que tu attends pour aller ouvrir ?

- Vas-y-toi !!

- Hé !! Ce sont tes parents !!

- Oui mais c’est ta roulotte !!

- T’as les miquettes ?

- Pas qu’un peu oui !! Et toi ?

- Pareil !!

« Toc ! Toc ! Toc ! »

- (Maurice insiste) Il y a quelqu’un ? Houhou !! Les enfants !! Vous êtes là ?

Erwan et Ramirez se regardent sciés en deux.

- Les enfants ???

- (Ramirez rassuré) Bon !! Qu’est-ce que tu attends pour aller ouvrir cette fois ? Tu vois bien qu’ils ne t’en veulent pas !!

Erwan fusille du regard son copain en allant déverrouiller la porte d’entrée et l’ouvrir à ses parents.

Le sourire qu’ils arborent lui semble disproportionné par rapport au contexte et il craint de les voir sur-jouer pour ne pas se disputer avec lui.

- Vous avez gagné au loto ou quoi ? Qu’est-ce qui vous prend de sourire comme ça ?

Maurice en fixant son fils.

- Tu nous laisses dehors ?

- Non !! Entrez !! C’est juste que vous faites bizarre là !!

- (Martine) C’est rien mon « lapin » !!

- (Erwan suppliant) M’man!! S’il te plait !!

- (Martine) Allons mon « doudou » !! Présente-nous plutôt à ton ami !!

Erwan regarde son père les mains jointes comme pour une prière.

- P’pa !! Dis-lui de ne plus faire ça s’t’eu plait !! Je passe pour quoi moi !!

Maurice hausse les épaules en signe d’impuissance et retrouve son sourire.

- Ça risque de changer bientôt, quand ta mère aura de nouveau quelqu’un à pouponner.

Erwan marque un temps d’arrêt.

- Mais vous n’avez donc pas compris ce que je vous ai dit ?

Maurice ne se démonte pas.

- Bien sûr qu’on a compris !! Je ne parlais pas de toi !! En fait ce qui dérangeait le plus ta mère, ce n’est pas que tu aimes un garçon. C’était juste l’idée de ne pas avoir de petits enfants et d’ailleurs je dois t’avouer que c’était un peu pareil pour moi.

- (Erwan curieux) Et alors ?

- Et bien nous venons de croiser Florian à l’instant et nous avons un peu discuté avec lui et Thomas. Il a bien vu ce qui clochait chez nous et il a trouvé « la » solution presque immédiatement. Puisque nous ne risquions pas d’être grands-parents un jour et qu’il cherchait justement une famille d’accueil pour une petite fille qui l’avait beaucoup touché émotionnellement lors du fameux spectacle, le soir de notre arrivée.

Ramirez qui bien sûr écoute depuis le début, trop content de se faire oublier.

- Ce ne serait pas la petite qui est montée sur « Kinou » après le sketch de « Flo » ?

- (Martine sourit) En effet c’est elle, elle se prénomme Coralie.

Ramirez en souriant à son tour.

- J’ai bien vu que Florian avait tout de suite flashé dessus ce soir-là, elle est toute fluette et mignonne, avec des longs cheveux blonds dorés. Vous voulez la voir ?

- (Maurice) Nous irons la voir à l’orphelinat avec Florian oui !!

- (Ramirez) Non !! Je voulais dire tout de suite !!

- (Martine surprise) Là !! Maintenant ? Comment est-ce possible !!

Ramirez est légèrement moqueur quand il lui répond.

- La technique et ses progrès madame !! Dorian m’a fait une copie du film qu’il a pris ce soir-là et je peux vous le passer si vous voulez ? À la fin on voit très bien la petite Coralie qui fait son tour avec Joachim, en plus « Do » a fait un gros plan dessus il me semble.

Maurice se rappelant du rire de Patrice quand il lui a téléphoné ce soir-là.

- Et bien mon garçon !! Qu’est-ce que tu attends pour nous montrer ça !!

2eme ANNEE Fêtes de fin d’années, 2ème partie : (61/150) (Amid et Christophe)

(L’embauche)

Hassan est à l’hôpital pour rendre visite à son fils qui devrait normalement avoir l’autorisation de sortie pour le lendemain sous certaines conditions, conditions qu’il reste à mettre au point avec le chef du service et bien sûr Youssef qui sera le garant qu’elles seront respectées.

Ce qui est une certitude pour le moment, c’est qu’il devra demeurer dans sa résidence à Aix encore au moins une semaine, voir même deux avant qu’il ne soit envisageable de lui faire prendre l’avion pour rentrer chez lui.

Le but de sa visite en France étant reporté à quand il sera complètement guéri, Hassan sourit en se disant qu’Amid cette fois ci y retournera avec plaisir et non pas avec la grimace qu’Hassan se rappelle bien quand il lui a payé ce voyage la semaine précédant l’accident.

Un signe de tête au gendarme surveillant le couloir et Hassan entre dans la chambre de son fils et le trouve assis sur un des fauteuils, le visage dirigé vers la fenêtre à somnoler tranquillement.

Amid sursaute en entendant des pas derrière lui, il se retourne et sourit à son père quand il le reconnaît.

- Omar vient juste de me quitter p’pa !! Il avait l’air d’être très content, seulement il n’a pas voulu me dire pourquoi !!

- (Hassan amusé) Ah oui !! Tiens donc !! Il profite surtout de n’avoir rien à faire d’autre qu’à venir te voir je pense !!

- (Amid taquin) Alors pourquoi tu ne le fais pas retourner au pays, il y aura du travail pour lui là-bas, non ?

- Heu !!! Tu as sans doute raison, il va falloir que j’y pense. Mais tu vois j’ai toujours peur d’avoir besoin de lui et ça m’embête un peu de le savoir loin.

Amid retient difficilement le sourire que les paroles de son père lui amènent.

- C’est sûr !! Et puis je suis trop content qu’il soit là, je l’aime beaucoup tu sais ?

- Il fait un peu partie de la famille depuis le temps, mais assez parlé de mon secrétaire !! Demain tu devrais sortir d’ici et venir à la résidence le temps que tu te rétablisses assez pour rentrer au pays !! Il va falloir que je fasse venir quelqu’un pour s’occuper de toi, je vais en parler à Youssef pour qu’il s’en occupe.

Hassan rigole intérieurement devant la petite mine soudaine de son fils.

- A moins que tu aies une autre idée ?

- On pourrait peut-être demander à Christophe l’infirmier qui s’occupe de moi depuis que je suis sorti du coma, s’il ne veut pas faire quelques heures en plus pour continuer à me donner les soins le temps que je suis à Aix ? Tu sais p’pa !! Il connaît bien son travail et je suis en confiance avec lui.

- Tu n’auras qu’à le lui demander alors !! Mais tu sais ça reporte juste le problème, à notre retour il faudra bien que nous te trouvions quelqu’un. D’ailleurs je pense qu’avec toutes mes femmes, il va falloir que je pense à embaucher une infirmière permanente et que ça va être l’occasion pour le faire.

- Pourquoi pas un infirmier ?

- Allons mon fils !! Nous ne sommes plus au temps des eunuques qui s’occupaient du harem, mais pas non plus à devenir idiot à mettre un homme à s’occuper de toutes mes femmes.

- Mais je ne veux pas d’une infirmière moi !! Je veux Christophe !!

- (Hassan surpris) Pas de caprices mon fils !! Déjà rien ne dit qu’il aurait envie de quitter son pays et ensuite je ne vois pas l’utilité d’avoir un infirmier à temps plein rien que pour toi !!

- Il pourrait devenir également mon secrétaire plus tard !! Suffira de lui donner une formation, il n’est pas bête tu sais ?

- Si tu me disais plutôt tes vraies raisons ?

Amid regarde son père dans les yeux.

- Qu’est-ce que tu veux dire par là ?

- Juste ce que je t’ai demandé fiston, tu ne nous a pas habitué jusqu’à présent à exiger quoi que ce soit et ça me surprend c’est tout !! Alors je cherche à comprendre ce qui te pousse vers ce garçon plutôt qu’un ou une autre voilà tout !!

- Parce que nous sommes devenus ami !! Voilà pourquoi et tu sais très bien que je n’en ai pas chez nous. Ça a été pareil pour toi et « tonton » Omar pas vrai ?

- (Hassan sourit) Parle lui s’en déjà et si il est d’accord, nous discuterons des modalités. Juste une recommandation mon garçon, tu sais comment les amitiés trop fortes sont perçus dans notre culture ?

Amid se sent rougir jusqu’aux oreilles.

- Bien sûr papa mais je ne vois pas pourquoi tu me parles de ça ?

- C’est juste un rappel mon fils, ne prends surtout pas mal mes paroles qui ne sont que le constat d’une longue expérience.

- Tu crois que « Chri » se plaira chez nous ?

Hassan retient un sourire en entendant le petit nom de l’infirmier.

- Comment veux-tu que je le sache ? Demande-le-lui ! La plus grosse difficulté pour lui je pense sera notre langue qu’il lui faudra apprendre, pour le reste je n’en ai aucune idée.

- Et s’il me répondait que non ? Je pourrais rester en France ?

2eme ANNEE Fêtes de fin d’années, 2ème partie : (62/150) (Aix) (Taha) (Sixième jour) (Deuxième explication)

Florian et Thomas après cette rencontre avec Maurice et sa femme, prennent le chemin de la caravane de leurs amis policiers.

Dorian sourit en ouvrant la porte et en les trouvant tous les deux venant leur rendre visite, ça fait un moment qu’il n’avait plus eu de leurs nouvelles et justement ils parlaient d’eux ou du moins de Florian depuis quelques minutes.

- Voilà le couple du siècle qui vient nous rendre visite les gars !!!

Patrice arrive à son tour devant l’entrée.

- Vous tombez bien en plus !! Nous avons des nouvelles qui devraient vous intéresser, entrez vite !! Ça caille dehors !!

Thomas entre le premier et inspecte avec curiosité les lieux, cette caravane a beau être toute neuve et moderne mais il trouve qu’elle n’a pas le charme des roulottes dans lesquelles ils sont installés.

Florian n’a pas l’air de s’y intéresser plus que ça par contre, mais plutôt sur les personnes attablées dans le coin salon.

Il y a Catherine et Gérôme bien sûr, mais aussi Taha qui pour une fois n’est pas emmitouflé sous plusieurs couches de vêtements et laisse apparaitre son corps fin et élancé, sous une simple chemise épaisse façon trappeur canadien.

Ce garçon l’intrigue toujours autant avec son histoire de dieux qui l’auraient missionné à le faire venir auprès d’eux, pour soi-disant lui révéler les vérités sur sa condition et sur ses facultés exceptionnelles tant mentales que physiques.

Florian sourit au jeune Massaï, qui il en est conscient lui a sauvé la vie et s’approche de lui pour le prendre dans ses bras afin de lui marquer encore plus sa reconnaissance.

- Je ne te vois pas souvent dis donc ?

Taha est surpris de cet élan fraternel.

- Heu !!! C’est sans doute parce que j’ai peur de te déranger, tu crois toujours que j’ai un démon dans ma tête ?

Patrice fait le signe d’un doigt posé sur sa tempe qu’il tourne de gauche à droite.

- Il veut dire que tu penses qu’il est fou !!

Thomas vient s’asseoir près d’eux.

- C’est juste que ta façon de parler est décalé par rapport à la nôtre et qu’il nous est difficile de comprendre le sens de certaines de tes paroles, mais nous ne pensons pas que tu sois fou tu sais !! Juste un peu … bizarre en fait !!

Taha sourit au jeune blanc aux cheveux d’or.

- C’est que je ne connais pas forcément tous les mots de votre langue !!

Je m’adresse alors à lui en langue Massaï.

- Explique-moi tout dans la tienne si tu préfères !!

Taha est visiblement décontenancé de l’entendre parler le langage de son peuple.

- Tu connais le dialecte de ma tribu ?

Je suis amusé de voir ses yeux exorbités.

- Faut croire que oui ! Hi ! Hi ! Si tu me parlais de tout ça maintenant, j’aimerais vraiment y voir plus clair tu sais et je ne pense pas que tu as fait tout ce voyage sur le coup de ton imagination.

Les cinq autres personnes autour de la table se regardent mi étonnés, mi amusés d’entendre les deux garçons qui discutent un long moment dans cette langue étrange comme venue d’un autre âge.

Ce n’est que bien plus tard que Taha et Florian reprennent le Français et que Florian se tourne vers Patrice pour vérifier quelques points qui lui paraissent encore incompréhensibles.

- Dis-moi « Pat » ? C’est quoi cette histoire de communication mentale avec son jeune frère ?

- (Patrice) C’est la pure vérité je t’assure !! J’ai pu ainsi communiqué avec le brave ecclésiastique qui t’a recueilli quand tu n’étais qu’un bébé et c’est lui qui m’a demandé des consignes et prévenu qu’il y avait un homme envoyé par Hassan qui cherchait des renseignements sur vous deux.

Patrice voit bien qu’il reste du scepticisme dans les yeux de Florian à ses dernières paroles, aussi il rajoute.

- Le père Antoine sera là demain et tu pourras te rendre compte par toi-même que tout ça c’est la pure vérité. Il vient pour te rapporter les paroles de cet homme étrange que Taha nomme un dieu et repartira ensuite en le ramenant avec lui et en espérant que tu veuilles bien toi aussi le suivre là-bas pour avoir les révélations qui t’y attendent.

Je sens mon estomac se serrer à cette idée, pourtant je me rends compte qu’il faudra bien un jour en passer par là, même si je n’ai pas l’intention de les écouter et de le suivre maintenant.

- (Soupir) J’avais prévu d’y aller quand Thomas devra s’y rendre avec Franck de toute façon !! Ça pourra bien attendre jusque-là, non ?

Thomas voit bien la question qui va suivre en captant le regard de Patrice sur lui.

- C’est prévu pour Pâques je crois !! Il faudra le redemander à Franck pour avoir la date exact.

- (Taha) C’est quand « Pâques » ?

- (Gérôme) Dans quatre mois environ.

Voyant l’incompréhension du jeune homme.

- Quatre lunes si tu préfères !!

Taha visiblement inquiet.

- Quatre lunes !!! C’est beaucoup trop long !! Le dieu de la clairière n’est déjà plus et ses dernières paroles étaient pressantes !!

Patrice en hochant la tête.

- C’est aussi ce que j’ai ressenti venant du vieux père !! Du moins dans les paroles que Taha m’a retransmis de la conversation de ce matin et aussi celle d’hier quand Taha est venu me voir en urgence.

- Plus vous allez m’en parler et moins j’aurai envie d’y aller, alors n’insistez pas trop avec ça !! Déjà que rien qu’à l’idée de me rendre là-bas, j’ai l’estomac qui se retourne dans mon ventre !!

- (Dorian gentiment) Mais enfin pourquoi ? Tu étais trop jeune pour te rappeler de la seule fois où tu y es allé ?

Je tremble soudainement de froid.

- C’est dans mon corps, je n’ai pas d’explications logiques. Juste que je sens que si je vais là-bas, je ne reviendrai plus ou qu’il arrivera quelque chose de terrible.

Thomas lui prend la main.

- Il n’y a pas de raison pourtant, ce que tu es vient de cette clairière et ça n’a été que bénéfique pour toi et ceux qui t’entourent, de quoi as-tu si peur « Flo » ?

Mon esprit s’éclaire alors.

- De tout perdre avec les conséquences que ça aurait sur tous ceux qui profitent actuellement des bienfaits de mon « Don » tu comprends ? Mes grands-parents en premier lieu !! Tu connais leur âge Thomas et tu te rappelles de ce que nous avons appris sur leur état physique de l’époque ?

Thomas comprend alors ce qui paralyse de peur son ami depuis si longtemps.

- Tu as peur de les perdre c’est ça ?

Tous voient alors les larmes du jeune homme perlées de ses yeux et coulées sur ses joues, une voix émue à l’extrême sort alors de sa gorge pour prononcer ses quelques mots.

- C’est ma seule vraie famille et je ne veux pas qu’ils leur arrivent quelque chose, je les aime trop Thomas tu comprends ? Trop pour prendre ce risque même s’il est infime.

2eme ANNEE Fêtes de fin d’années, 2ème partie : (63/150) (Aix) (Sixième jour)

(La fête de Noël de la DBIFC)

« Quelques heures plus tard »

La grande salle semble presque minuscule à la vue du monde qui se trouve à l’intérieur, ce sont presque neuf cent personnes qui ont répondu présent cette année à l’invitation des comités d’entreprise des différentes agences disséminées de par le monde à venir y assister.

En premier lieu pour le plaisir de se retrouver mais aussi par la curiosité liée à cette annonce depuis quelques mois d’un futur successeur à la présidence de la société.

Successeur qui par le bouche à oreille serait non seulement le petit ami de l’héritier de l’entreprise mais aussi d’une beauté suffisamment mise en exergue quand on parle de lui, que tous veulent le découvrir de visu.

Les enfants sont heureux et jouent dans l’espace réservé pour eux, gardés par quelques élus ou élues qui se sont porté(e)s volontaires encore cette année.

Les ados profitent de la liberté que leurs parents leur donnent pour rire et s’amuser en flirtant pour les plus âgés, sous les regards bienveillants mais attentifs des mères et pères ayant une ou plusieurs filles en âge d'avoir rejoint le groupe qu’ils forment.

Un immense sapin décoré trône près de l’estrade où leur sera donné comme chaque année un spectacle digne de ce nom, terminé par la venue tant attendue pour les plus jeunes du père Noël qui comme à son habitude, les appellera un par un pour leur offrir le magnifique cadeau qui fera briller leurs yeux d’enfants.

Les traiteurs terminent de préparer les tables, celles-ci sont séparées en trois groupes pour que les adultes, les ados et les plus jeunes puissent rester entre eux afin de passer de bons moments ensemble.

Comme c’est la tradition depuis que l’entreprise existe et que son patron d’alors, le défunt et regretté Pierre De Bierne inaugurait la première fête réunissant tous ses collaborateurs et leurs familles, qui depuis sont chaque année de plus en plus nombreux au point de remplir maintenant cette salle pourtant immense.

Le repas sera composé d’un buffet d’entrée où chacun ira se servir, suivit du plat chaud qui leur sera apporté à table et se terminera par les merveilleux desserts qui font à l’avance brillés les yeux de tous, enfants comme adultes devant l’appétissant choix qui leur sera présenté.

Pour les boissons, elles dépendront bien sûr des tables et de l’âge de leurs occupants, allant des jus de fruits au champagne qui coulera à flot et dont certains en ressentiront encore les effets au réveil le lendemain.

Pour le moment c’est un brouhaha de voix qui remplit la salle, les derniers événements de l’après-midi n’ayant pas fini de faire le tour des employés qui écoutent avec un immense sourire aux lèvres les histoires qu’ont à raconter ceux qui avaient la chance d’être là et d’avoir pu tout voir et surtout tout entendre.

La venue non programmée de l’héritier de l’entreprise qui porte son nom, restera un moment d’anthologie dans les annales de la société et de ceux qui y ont assisté.

Tous écoutent et répètent à qui veut l’entendre comment plusieurs mois auparavant, il est intervenu sans se faire connaitre pour décrocher avec une aisance manifeste le contrat de l’année avec un magnat de l’empire du milieu.

D’autres racontent comment ils l’ont connu quand il venait parfois attendre Thomas Louvain devant les grilles de l’agence Parisienne, sans jamais laisser penser qui il était réellement et avec le visage toujours souriant accompagnant la petite phrase gentille et parfois amusante, en réponse aux bonsoirs qui lui étaient donnés en le croisant à la sortie du bureau.

Le matin même quand toujours sans que personne n’imagine un seul instant son identité, il les a estomaqués devant ses connaissances linguistiques et son intelligence pointue.

Sa façon d’amener le sourire et de se faire des amis tels que le Prince Hassan ou encore le multimilliardaire chinois Ming Tsu et son fils.

La gentillesse qu’il a eue en conversant avec tout un chacun et la spontanéité avec laquelle il a accepté de faire jouer de ses relations pour aider un commercial à obtenir enfin ce rendez-vous depuis si longtemps attendu et dont il commençait à désespérer d’obtenir un jour.

L’amitié à laquelle il s’est très vite pris avec Catherine et Mickael ainsi que la complicité de Thomas dans les demandes qu’ont eues certaines personnes quant à son éventuelle embauche dans la compagnie et la façon dont il a su esquiver cette demande, toujours avec son éternel sourire amenant l’envie irrésistible de rire à ses moindres paroles.

Les élus ne sont pas les moins bavards et répètent en boucles à qui veut l’entendre comment il est arrivé en entrainant Mickael avec lui, l’ahurissement qu’ils ont tous éprouvés en lisant qui il était sur le badge fièrement accroché à son revers de veste et quand ces premiers mots qu’il a prononcés les ont faits trembler devant la sécheresse du ton et la menace induite dans ses paroles.

Menaces dont nuls ne doutent qu’il les aurait mises à exécutions, comprenant à quel point il avait été peiné de l’attitude et du manque de respect du délégué syndical, individu qu’il a viré en quelques mots formulés avec une froideur telle que même ce personnage pourtant imbu de sa personne en est resté un long moment sans réactions.

La fierté de ceux qui ont expulsé le dit délégué et qui lui ont fait comprendre qu’il serait dangereux pour lui de réapparaître dans un des établissements de l’entreprise.

Le reste de la réunion amène beaucoup plus de sourires sur les lèvres car l’annonce de l’augmentation générale en satisfait plus d’un, même si la façon de son obtention en trouble beaucoup.

C’est donc toutes ses nouvelles qui créent ce tumulte de sons dans la salle et qui devient vite assourdissant car chacun élevant la voix pour mieux se faire entendre, jusqu’au moment où la porte d’entrée s’ouvre de nouveau et qu’une exclamation surprise et joyeuse de ceux qui en sont proches, fait taire tout bruit et crée un silence impressionnant.

- C’est lui !!! Il est venu !!! Florian est venu !!!

2eme ANNEE Fêtes de fin d’années, 2ème partie : (64/150) (Aix) (Sixième jour)

(La fête de Noël de la DBIFC) (suite)

Un mouvement de foule libère un passage suffisant pour laisser s’avancer les derniers arrivants.

En tête se tient Franck, accompagné d’un magnifique garçon aux cheveux blonds et au sourire déconcertant de pureté ainsi que d’une beauté sans égale.

Derrière les deux hommes suivent deux vieillards souriant, Monsieur et Madame Michel et Maryse De Bierne que tous connaissent et respectent.

Ceux-ci sont venus aux bras d’un jeune homme qui semble à la fois fier et ému de se trouver entre eux deux et qui a amené cette exclamation qui a fait faire le silence dans toute la salle.

En troisième position derrière les actuels et futurs dirigeants de l’entreprise, ils peuvent apercevoir avec curiosité un petit homme un peu rondouillard accompagné d’un jeune homme également d’une grande beauté et qui manifestement aux vues de leurs yeux en amandes tout comme de leurs teints cuivrés sont d’origine asiatique.

Toutefois, les yeux de l’assemblée restent pour la plupart fixés sur le jeune rouquin en jeans baskets et sweet-shirt « ACDC » d’un effet pour le moins surprenant au milieu des costumes cravates des cinq autres hommes et de la robe fuchsia très élégante de sa grand-mère.

Franck s’arrête en retenant Thomas et regarde la salle devenue subitement silencieuse, il se tourne à son tour pour suivre le regard que tous portent derrière son dos et sourit en voyant Florian aux bras de ses grands-parents, les yeux ronds, émerveillé par tout ce monde qui se presse maintenant pour mieux l’apercevoir.

Franck connait l’immense sensibilité du jeune homme et s’inquiète subitement pour lui.

Ne voyant rien sur le visage de Florian à part l’étonnement, c’est rassuré qu’il reprend sa marche vers l’estrade où une table a été dressée spécialement pour eux.

Yuan prend la main de son père et la sert dans la sienne en montrant au brave homme combien son fils est impressionné devant une telle foule d’inconnus, Ming y répond par une pression rassurante dans celle de son fils et l’invite à reprendre son avance afin de suivre ses amis qui montent les quelques marches pour s’arrêter de nouveau en attendant de prendre place à table.

Là, une chose se passe qui laisse Franck quelque peu désorienté, Florian mène ses grands-parents aux places d’honneur de la table et invite Ming et Franck à s’installer de part et d’autre de Michel et de Maryse, il se place ensuite face aux invités et d’une voix forte, il appelle trois personnes à les y rejoindre.

Ceux-ci surpris d’entendre leurs noms, s’avancent avec une certaine raideur due à la timidité en se demandant ce qu’on peut bien leur vouloir pour les mettre ainsi en avant devant tout le monde.

Florian les accueille avec son sourire habituel et les place à la table en leur souhaitant la bienvenue, en les remerciant ensuite de tant d’années passées dans l’entreprises et aussi d’avoir été les précurseurs avec son père à la création de cette société, alors qu’à l’époque ils n’étaient qu’une poignée à trimer dur pour les résultats qu’ils en ont maintenant sous les yeux.

Il les félicite ensuite des quarante-trois ans de bons et loyaux services, que ce soit à la DBIFC ou avec leurs précédents employeurs avant la création de l’entreprise, en leur souhaitant de passer une bonne soirée pour la dernière en tant qu’actifs et profiter d’une prochaine retraite bien méritée.

Un tonnerre d’applaudissements vient alors résonner dans la salle au point d’en faire trembler les vitres des fenêtres.

Florian fait alors signe à Thomas et Yuan de redescendre avec lui de l’estrade et c’est tout naturellement qu’il se dirige avec eux vers Mickael et Catherine, qu’il avait déjà repérés l’un près de l’autre en entrant dans l’immense salle.

- Venez avec nous vous deux !! On va se prendre une table avant d’être séparés.

Ils se dirigent alors tous les cinq vers une des tables anonymes et s’installent tranquillement, bientôt suivi par tous qui comprennent avec une forte émotion, qu’ils vont rester là au milieu d’eux pour passer la soirée ensemble.

Thomas embrasse Florian sur le coin des lèvres devant ses amis souriants.

- Tu te rends compte de ce que ton geste signifie pour tous ses gens ?

- Quel geste ?

- (Yuan amusé) Je ne pense pas que ce soit calculé tu sais « Thom » !! Je suis même certain qu’il a fait ça juste pour le plaisir de passer la soirée avec Mickael et Catherine, pas vrai « Flo » ?

Je fais un clin d’œil à mes deux nouveaux amis, qui me regardent encore médusés de mon geste.

- Y a de ça c’est vrai ! Hi ! Hi ! En plus regarde !! Les jeunes viennent autour de nous et je te prédis qu’on va bien s’amuser ce soir !!

Je me lève en repensant soudainement à un truc.

- Je reviens !! Gardez moi la place, je n’en ai pas pour longtemps.

- (Thomas curieux) Où vas-tu comme ça ?

- J’ai oublié du monde dans la voiture et je ne veux pas qu’ils y passent toute la nuit à nous attendre dehors, alors qu’ils devraient bien s’amuser avec nous tous ici ! Hi ! Hi !

Thomas et Yuan se regardent, leurs yeux marquant leur étonnement.

- (Thomas) Dis !! Il ne va pas faire ça ???

- (Yuan amusé) On le dirait bien pourtant !!

- Non !!! Pas tous les trois quand même ??

Yuan hausse les épaules.

- Hé !! C’est du Florian tout craché ça, pas vrai ?

2eme ANNEE Fêtes de fin d’années, 2ème partie : (65/150) (Aix) (Sixième jour)

(La fête de Noël de la DBIFC) (suite)

Franck ne s’attendait pas à ça du tout, c’est le moins qu’on puisse dire et quand il a compris que Florian venait de mettre en quelques minutes des années de traditions en l’air, remplacer d’un simple geste par ce qui apparemment en sera de nouvelles.

Il se serait presque mis des baffes de ne pas y avoir pensé lui-même, comprenant subitement combien étaient parfois guindés ces soirées pourtant dédiées à l’amusement et au plaisir de se retrouver tous ensemble.

En plus les trois employés étant de sa génération, il est heureux de les avoir près de lui pour passer cette fête qui s’annonce peu orthodoxe étant donné la vision qu’il a de ce qu’il se passe dans la grande salle et de la réorganisation des tables suite à la réaction imprévue de Florian de se mélanger avec le personnel en s’installant à la première venue avec ses nouveaux amis.

En effet pendant qu’il est sorti, un étrange phénomène se passe.

Les employés les plus jeunes avec les enfants les plus âgés, commencent à réorganiser un coin de la salle en rapprochant des tables de façon à se retrouver tous ensemble, Thomas et Mickael, n’étant pas les derniers à mettre la main à la pâte en intégrant la leur avec les autres.

Les plus anciens les regardent faire ce qui pour eux ressemble à un crime de lèse-majesté, car depuis toujours le même plan de tables était de rigueur et jamais ils n’auraient pensé faire ce que leurs cadets ne se gênent plus outre mesure à réaliser.

Sans doute est-ce dû aussi au fait que leur jeune patron a le premier rompu cette tradition et qu’ils se sont senti le droit d’en faire autant, pour pouvoir enfin profiter de cette fête comme ils en ont envie depuis déjà quelques années mais qu’ils n’ont jusque-là jamais osé, de crainte de se faire rappeler à l’ordre.

Franck comprend alors que plus rien ne sera désormais comme avant et que son temps touche bientôt à sa fin pour laisser place à cette nouvelle génération qui n’éprouvera plus l’envie de se laisser embrigader par les coutumes et mettra dorénavant sa touche participative dans le déroulement des festivités futurs.

Quand la porte d’entrée s’ouvre à nouveau, un mouvement de foule et quelques cris apeurés annoncent le retour de Florian accompagné cette fois ci de ses deux siamois et de sa jeune panthère noire qui on s’en doute bien, est le principal responsable du raffut qui enfle crescendo devant l’entrée.

Les plus jeunes en comprenant ce qui arrive vers eux, commencent à se demander s’ils ont eu une si bonne idée que ça de vouloir se rapprocher du jeune rouquin et certains commencent même à chercher des yeux une place de libre parmi les autres tables, tellement l’idée d’un tel fauve près d’eux les mette mal à l’aise pour ne pas dire qu’elle leur donne une trouille bleue.

Florian ressent le stress de la salle, il est tellement habitué maintenant à voir « Kinou » circuler librement, qu’il n’avait plus du tout pensé que le fait de l’avoir voulu près de lui aurait pu causer autant de frayeurs.

Maintenant il sait bien que ça ne durera pas et qu’une fois les premiers instants passés, ils comprendront que « Kinou » est inoffensif et n’en feront plus une affaire d’état.

C’est pourquoi il continue son avance en montrant du doigt l’énorme sapin décoré.

- Allez-vous installez là-bas vous trois !! Le temps que les gens s’habituent et vous pourrez venir me rejoindre ensuite quand ils n’auront plus peur, allez oust !!

Les paroles dites suffisamment fort pour être entendues par le plus grand nombre et l’obéissance spontanée des trois félins qui filent tout droit au pied du sapin pour s’y allongés la tête sur leurs pattes de devant, laisse l’assemblée dans un état d’ahurissement absolu qui amuse Florian.

Contre toute attente, ce sont les plus jeunes qui réagissent les premiers et qui seraient prêts à se rapprocher des animaux si leurs parents ne veillaient au grain et ne les retenaient fermement près d’eux, visiblement effrayés d’autant de témérité.

Thomas prend Mickael par le bras et lui demande discrètement.

- Ce n’est pas ta sœur qui a un enfant en bas âge ?

- (Mickael surpris) Oui pourquoi ?

- Où sont-ils ?

Mickael montre une table du doigt où plusieurs couples sont installés, avec près d’eux des enfants assis sur des chaises adaptées pour leurs âges.

- Là-bas !!

- Viens avec moi s’il te plait, je suis sûr que ton neveu ou ta nièce serait ravi de caresser une grosse peluche vivante.

2eme ANNEE Fêtes de fin d’années, 2ème partie : (66/150) (Aix) (Sixième jour)

(La fête de Noël de la DBIFC) (suite)

Michel assis entre Franck et Ming, regarde avec intérêt les mouvements de foule dans la salle, il a été tout d’abord surpris que Florian amène avec lui sa panthère en se disant qu’il aurait pu éviter d’effrayer tout le monde et la laisser tranquillement avec Joachim au cirque.

Maintenant avec les minutes qui passent, il capte de plus en plus de regards curieux qui ne lâchent plus l’animal tranquillement allongé entre « Tic » et « Tac » et comprend qu’il va vite être l’attraction des plus petits dès qu’ils vont comprendre que « Kinou » n’est qu’un gros chat qui cache derrière son aspect effrayant un caractère joueur dont ils vont rapidement être accro.

Michel voit Thomas avec un autre jeune de son âge se lever et se diriger rapidement vers le coin réservé aux couples avec enfants n’étant pas encore en âge de marcher et discuter avec l’un d’entre eux.

Il le voit prendre dans ses bras un bambin qui ne doit guère avoir plus d’un an et demi et sous l’œil visiblement pas rassuré de ses parents, se diriger vers les félins qui le regardent approcher comme s’ils comprenaient ses intentions.

Thomas une fois devant « Kinou », se penche et le montre à l’enfant qui tend la main vers l’animal poussant des petits cris de joie.

Il s’approche doucement pour ne pas effrayer l’enfant qui est loin d’en être à ce stade et se tend en avant pour attraper la fourrure d’un noir soyeux entre ses petits doigts boudinés.

Michel voit les parents mettre la main chacun devant leur bouche, alors qu’un rire retentit dans la salle jusqu’alors baignée dans le silence le plus profond.

Thomas dépose l’enfant doucement et recule de quelques pas en surveillant qu’il ne se fasse pas mal tout seul par un faux mouvement de sa part.

Le petit bout de chou rit à nouveau en enlaçant le cou de « Kinou » et en frottant son visage dans sa fourrure qu’il trouve visiblement à son gout.

Mickael est resté près de sa sœur et de son beau-frère, il assiste avec eux aux rires de son petit neveu qui se roule maintenant contre l’animal faisant plusieurs fois sa taille et qui ne bouge pas d’un cil, de peur certainement de le faire tomber.

Il voit l’autre petit garçon resté lui près de ses parents tendre les bras en gesticulant dans son siège et comprend que lui aussi voudrait aller voir la grosse peluche et jouer avec.

Il sourit à l’enfant et se tourne vers ses parents.

- Lui aussi voudrait y aller on dirait !! Vous voulez bien que je le prenne pour lui montrer le gros chat ?

- (La mère) Il n’a pas l’air dangereux !!

- (Mickael sourit) Croyez-vous qu’il serait là si c’était le cas ?

- (La mère) Non bien sûr ! Mais…

- Peut-être voudriez-vous l’amener vous-même ?

La sœur de Mickael s’exclame alors.

- Regardez Guillaume !! Il vient de se mettre debout !! Regarde le chéri !! C’est la première fois qu’il le fait !!

Thomas voit lui aussi le petit garçon se dresser sur ses jambes encore flageolantes en se tenant fermement à la fourrure de « Kinou » et faire quelques pas pour s’affaler sur son dos en gazouillant de joie.

Il s’approche alors et le prend doucement sous les aisselles pour l’asseoir sur la panthère et doucement la fait se redresser et avancer vers ses parents, en faisant bien attention à ce que l’enfant ne bascule pas en arrière.

Un petit garçon de trois ou quatre ans s’échappe alors des mains de son père et court les rejoindre, bientôt suivit par un deuxième puis d’un seul coup c’est une ruée d’enfants qui entourent « Kinou » et le caressent à la plus grande joie de l’animal qui ronronne doucement en mettant quelques coups de langue de temps à autre qui éclatent de rires ceux qui se retrouvent débarbouiller par cette langue fraiche et râpeuse.

Thomas récupère alors le bambin qui chougne quand il se sent séparer de l’animal et le ramène à ses parents avec un grand sourire aux lèvres.

- Va falloir lui en payer une pareille maintenant ! Hi ! Hi !

Le rire des enfants est bientôt supplanté par les discussions des adultes qui maintenant complètement rassurés, reprennent petit à petit du volume dans la pièce qui bientôt retrouve son ambiance festive.

Thomas fait signe à Mickael de revenir avec lui à table et rejoindre leurs autres amis, la musique démarre en sourdine annonçant le début réel de la soirée et Franck se met debout en levant son verre.

- Mesdames !! Messieurs !! Maintenant que vous avez fait connaissance avec notre mascotte de la soirée, je tiens à vous remercier de votre présence chaque année plus nombreuse. Le buffet d’entrées est servi et n’attend que vous, quelques surprises pour les petits comme pour les grands pimenteront cette soirée exceptionnelle qui sera marquée dans nos mémoires par la présence pour la toute première fois parmi nous et qui je l’espère ne sera pas la dernière, de Florian De Bierne, fils de mon regretté ami Pierre De Bierne et qui est maintenant depuis ses dix-sept ans votre nouveau président directeur général.

Un tollé d’applaudissements raisonne dans la salle, Franck fait un geste de la main pour montrer qu’il n’en a pas fini et attend pour poursuivre que le calme soit revenu.

2eme ANNEE Fêtes de fin d’années, 2ème partie : (67/150) (Aix) (Sixième jour)

(La fête de Noël de la DBIFC) (suite)

Franck sourit, satisfait de cet accueil.

- Je constate avec plaisir que vous semblez tous apprécier déjà votre nouveau patron et je lui souhaite comme à vous tous, santé, bonheur et prospérité. Nous avons l’immense plaisir d’accueillir également monsieur Ming Tsu et son fils Yuan de la « Tsu Chinese Corporation », avec qui nous avons signés un de nos plus gros contrat de l’année.

Nouveaux applaudissements et nouveau signe de Franck pour amener le silence.

- Encore un instant s’il vous plait !!! A la réunion du comité que je ne commenterais pas car je suis certain que vous en connaissez déjà tout ce qu’il s’y est dit. La fonction de Thomas Louvain a été avalisé officiellement par notre président Florian De Bierne qui ne souhaite pas pour des raisons personnelles prendre la direction de l’entreprise et lui en laissera l’entière responsabilité dès la fin de sa formation.

Les applaudissements raisonnent encore quand Franck se rassoit, le repas débute donc et se poursuit tranquillement, à peine interrompu de temps à autre par des exclamations plus fortes venant très souvent des alentours d’une table en particulier.

Cette table où convergent les regards et comme de bien entendu celle où un rouquin déchaîné fait le pitre au grand dam des autres tablées, qui envient ceux qui ont eu la chance de la partager avec lui et pour qui en voyant leurs visages couverts de larmes, le repas est le dernier de leurs soucis.

C’est vers vingt-trois heures à l’arriver les desserts, que l’ambiance commence à monter de plusieurs crans.

Déjà par la gourmandise de tous devant cet étalage de friandises plus alléchantes les unes que les autres et ensuite par l’activité sur l’estrade annonçant un changement dans les habitudes.

La table directoriale est très rapidement redescendue rejoindre les autres, un rideau clos alors la scène et des bruits venant de derrière celui-ci, piquent la curiosité de beaucoup de convives qui se demandent ce qu’il peut bien s’y tramer.

Une jeune fille est alors appelée par Franck qui dès qu’elle est près de lui, lui fait signe de passer derrière le rideau en lui disant quelques mots à l’oreille.

La petite visiblement intimidée sourit et hoche la tête en suivant ses instructions, elle ressort quelques minutes plus tard avec une guitare sèche presque aussi grande qu’elle et qu’elle amène jusque devant Florian.

Celui-ci surprit la regarde sans comprendre.

- C’est pour moi ?

D’une petite voix timide.

- Oui !

Je la lui prends des mains.

- Je suis censé en faire quoi ma puce ?

La fillette avec un grand sourire.

- Tu dois aller sur la scène pour en jouer, le monsieur a dit que comme c’était la fête de Noël, tu pourrais jouer un morceau pour nous.

Thomas qui depuis le début regarde Michel et Maryse sourirent.

- Tu es tombé dans un piège organisé on dirait bien mon gars !!

- Je ne l’ai pas vu venir celle-là ! Hi ! Hi !

Derrière le rideau plusieurs yeux suivent de près tout ce qu’il se passe dans la salle.

- Il se lève !! C’est bon !! Amenez-lui un tabouret et un micro !!

Aussitôt dit aussitôt fait et quand Florian arrive sur la scène tout est déjà prêt, il se tourne vers la salle silencieuse dont tous les regards sont braqués sur lui et s’assoit en posant la guitare sur ses genoux, il prend ensuite le micro d’une main et demande à Franck qui est manifestement dans le coup.

- Je fais quoi maintenant ?

- (Franck amusé) Il parait que tu te débrouilles plutôt bien alors improvise ! Hi ! Hi !

Il est marrant je trouve !! Je voudrais bien le voir à ma place !! Bon et bien comme tout le monde attend, il ne me reste plus qu’à y aller.

- Ok !!

Je remets le micro sur son pied et le règle à la hauteur de la guitare, je lance quelques notes et machinalement je retends une corde dont le son ne me convient pas.

Je me lance ensuite sur un morceau d’actualité et que j’adore en plus, « Noël interdit » de Johnny.

Je commence l’intro quand j’entends derrière mon dos le rideau s’ouvrir et une rumeur d’étonnement gonfle aussitôt dans la salle, une basse suivit d’une batterie me rejoigne quand j’entame alors cette musique douce et tellement émouvante qui a bercé tant de fois mes oreilles quand j’étais enfant.

Je me laisse aller dans la musique alors que mes doigts virevoltent sur les cordes en m’amenant petit à petit dans une émotion intense, les paroles de la chanson s’imprimant dans mon esprit.

Quand soudain une voix prend le morceau en cours au moment du refrain et me donne un frisson qui me redresse les poils sur tout le corps.

« NOEL DE MA VIE, MON NOEL INTERDIT, J’AURAIS TANT AIME CROIRE A

L’HISTOIRE……. »

2eme ANNEE Fêtes de fin d’années, 2ème partie : (68/150) (Aix) (Sixième jour)

(La fête de Noël de la DBIFC) (suite)

« AUPRES DE CE FEU !! QUI BRILLE DANS TES YEUX !! JE VEUX ETRE…. UN ENFANT….

HEUREUX… »

Mes mains continuent machinalement à jouer alors que mon esprit est ailleurs, cette voix que j’ai entendue des milliers de fois, que ce soit à la radio, à la télé, ou sur ma chaîne Hifi et là, en réelle derrière mon dos à quelques centimètres de moi à peine et je n’ose même pas tourner la tête de peur de casser la magie du moment.

***/***

Maryse fixe son petit-fils et sort son mouchoir pour s’éponger sous les yeux, elle connait son admiration pour le chanteur qui se trouve derrière lui et elle est aussi émue que Florian dont le visage montre mieux que des paroles à quel point il est heureux et troublé en cet instant au combien magique pour lui.

La surprise est totale, la salle entière est sous le charme et très peu remarquent le tsunami émotionnel sur les traits du jeune rouquin.

Thomas pleure lui aussi, pas parce qu’il écoute et voit Johnny sur la scène, non !! Simplement parce qu’il est en communion avec son ami et ressent dans ses chairs le bonheur presque enfantin qu’éprouve Florian à l’instant présent.

***/***

Je sens une main se poser sur mon épaule et j’ose enfin lever les yeux sur celui qui depuis toujours a été mon idole, son sourire me va droit au cœur et nous terminons ainsi cette chanson en nous regardant les yeux dans les yeux.

La musique et le plaisir prennent le pas sur l’émotionnel, je me lève du tabouret et regarde les musiciens qui me font le signe du pouce levé pour me faire comprendre qu’ils ont apprécié ma façon de jouer et sourient en voyant mon expression de stupeur devant ce geste de considération venant de tels professionnels.

Je pose la guitare avec précaution et je le serre dans mes bras pour l’embrasser, le cœur rempli de reconnaissance.

Je ne lui laisse pas le temps de réagir que déjà la musique repart et qu’un homme me tend une guitare électrique en me posant la question.

- Tu restes avec nous si ça te dit !! Tu sais en jouer ?

- Heu !! Oui !!

Il me tend une feuille et part chercher un chevalet avec des partitions, j’ai le temps de lire quelques titres notés sur le papier qui doivent correspondre aux chansons qu’ils vont interpréter ce soir.

Quand il installe le chevalet près de moi et y dépose les feuilles de musique, je les repousse gentiment et devant son regard incrédule, je crois bon de rajouter.

- Ce n’est pas la peine, je connais tous ces morceaux par cœur.

- (Johnny amical) Ça va aller ?

Je lui rends son sourire.

- Pas de soucis « man » !! Hi ! Hi ! Va falloir que tu assures avec une bête comme moi ! Hi ! Hi !

- (Johnny surpris) Ah oui !! Vraiment !! Voyons voir ça alors !!

Au lieu de lui répondre, je lance une note très difficile qui monte crescendo dans les aiguës et j’entame l’intro du premier morceau que j’ai lu sur la liste.

Un instant de stupeur venant des musiciens et du chanteur et c’est parti !!! Pour une heure où plus rien ne compte pour moi que le plaisir suprême de faire partie intégrante du concert, enchaînant morceaux sur morceaux, en nage, baigné par cette voix qui déchire la salle et rend muet son auditoire.

Le dernier morceau se termine et le rideau se ferme devant nous sous un tonnerre d’applaudissements, aussitôt les musiciens et Johnny viennent m’entourer pour gentiment me complimenter sur ma prestation à la guitare.

- (Johnny) Cette soirée a été un plaisir pour nous tous ici tu sais !! Au début quand nous avons signés ce contrat, c’était parce que la somme était plus qu’honorable et les personnes qui m’ont contacté tenaient vraiment à ce que j’accepte de participer à cette fête. J’avoue que j’y ai pris un immense plaisir et si tu veux un jour rejouer avec nous, ça ne posera aucun problème. Tu joues merveilleusement bien, le sais-tu? Tu fais souvent de la musique ?

- J’ai intégré un petit groupe d’amis depuis quelques temps et nous nous éclatons super bien !!

- S’ils jouent comme toi, je serais vraiment curieux de vous entendre.

- On ne se débrouille pas trop mal je crois et « Antho » chante comme une star, dommage qu’il soit trop timide pour le faire en public.

Je sors mon portable.

- Tu as une minute pour que je te fasse écouter un enregistrement ?

Johnny regarde le jeune rouquin si sympathique et sourit.

- Ecoutons un peu ça !! Tu m’as l’air si convaincu que je t’accorde volontiers la minute demandée.

Je lui tends l’appareil après y avoir branché les écouteurs, le fichier a été enregistré lors d’une de nos séances d’entrainement où Anthony répétait un morceau des Stones.

Le fameux « Angie » qui à chaque fois me tire les larmes des yeux tellement sa voix est extraordinaire.

Johnny écoute l’intro instrumental en hochant la tête en signe qu’il apprécie particulièrement et d’un seul coup se fige et son regard change, d’intéressé jusqu’alors, il devient soudainement attentif et ses traits s’adoucissent pour marquer à leurs tours les mêmes émotions que j’éprouve moi-même au son de cette voix qui m’arrachent les larmes sans que je ne puisse jamais me retenir.

Les yeux du chanteur brillent à leurs tours et ses musiciens se rendent compte que quelque chose d’inhabituelle se passe en lui.

Ce n’est que quand le morceau se termine, qu’il me rend mon portable et que son regard se reporte sur moi, sa voix grave et éraillée par l’émotion et sans doute aussi par plusieurs milliers de cigarettes, résonne de nouveau à mon oreille.

- J’aimerai rencontrer ce garçon, crois-tu que c’est possible ?

2eme ANNEE Fêtes de fin d’années, 2ème partie : (69/150) (Aix) (Sixième jour)

(Maurice et Martine, la présentation de Ramirez) (fin)

« Petit retour en arrière »

Le film terminé, Maurice et Martine se regardent les yeux brillants.

Ils ont bien sûr rigolé comme des malades devant le spectacle « musical » de Florian avec la participation active de « Kinou », mais c’est surtout la fin du film qui les a rendus si visiblement émus.

La vision de la fillette tenue à bout de bras par Florian pour la soulever de son strapontin et venir la déposer avec douceur sur la panthère noire, leur a aussitôt déclenché une énorme pulsion émotionnelle.

La petite Coralie toute souriante et fluette dans sa jolie robe, son visage ravissant et les étoiles de plaisir et de joie qu’ils lui voient dans les yeux, les ont conquis tout de suite.

Ramirez s’en rend bien compte tout comme Erwan.

- Elle est mignonne cette petite, pas vrai ?

- (Martine) Pauvre petite !! Orpheline à cet âge-là, si ce n’est pas malheureux !!

- (Erwan) Je crois que je ne vais pas tarder à avoir une petite sœur moi !!

Maurice en le fixant du regard.

- Ça t’arrangerait bien, pas vrai ?

Erwan comprend bien l’insinuation de son père.

- Tu m’en veux de ce que je t’ai dit sur moi ?

- Comment t’en vouloir !! Tu as été honnête et je n’ai pas à juger de tes attirances, je dois reconnaitre que j’ai été surpris mais maintenant que je vous vois ensemble ça ne me pose plus vraiment de problèmes.

- (Erwan curieux) Qu’est ce qui te fait dire ça p’pa ?

- Je vous observe depuis que nous sommes entrés ta mère et moi et je n’ai rien vu de choquant dans votre comportement bien au contraire, ton ami est attentionné et ne ressemble pas du tout à une folle tordue. J’apprécie tout particulièrement la façon naturelle dont il se montre devant nous depuis que nous sommes là.

- Et toi m’man ?

- Je me faisais une telle joie d’être un jour grand-mère, que ton annonce comme tu as pu t’en rendre compte m’a beaucoup marquée. Mais depuis votre fameux Florian et son Thomas, sont passés par là et l’idée d’adopter cette enfant m’a fait réfléchir, ce que vient de te dire ton père résume ma pensée et ton ami a vraiment l’air d’un garçon très bien. Laisse-moi juste un peu de temps et je devrais m’en remettre, de toute façon toi comme moi n’y pouvons rien alors autant l’accepter. Je t’aime mon fils, tu le sais et ce n’est pas ton orientation sexuelle qui y changera jamais quoi que ce soit. Maintenant comme l’a si bien dit ton père et avec tout le tact qu’on lui connait, le fait que ton copain ne soit pas efféminé m’aidera beaucoup à passer à autre chose et à me faire une raison.

Ramirez prend un des biscuits qu’il avait mis pour grignoter pendant le film et le serre assez fort pour qu’il éclate en morceau, il pousse ensuite un cri de vierge effarouché et d’une voix digne de la cage aux folles.

- Houhouhou !!! Mais c’est pas possiiiiible !! J’aurai pu me casser un ongle !! Tu te rends compte mon lapounet, quelle horreuuur !! Houhouhou !!

Les regards que lui lancent alors les parents d’Erwan éclatent Ramirez de rire, un rire franc et masculin au possible, qui leur démontre qu’il vient de bien se moquer d’eux.

Erwan mort de rire.

- Tous aux abris !!

- (Maurice) Je vois que ton ami n’est pas du genre à craindre ses futurs beaux-parents.

Erwan en dévore des yeux son bel écuyer pendant que Maurice esquisse un sourire.

- Vous ne vous embêterez pas pendant les repas en famille c’est certain ! Hi ! Hi

- (Maurice) Je vois ça !! Maintenant que les présentations sont faites, comment envisagez-vous l’avenir ? Tu n’as pas fini tes études de médecine et Ramirez n’a sans doute pas envie de quitter cet endroit, je me trompe ?

Erwan sérieux cette fois.

- Nous en avons parlé et pour l’instant nous ferons comme « Flo » et Thomas, nous nous verrons pendant les vacances et avec le TGV ce n’est pas si loin que ça, quelques heures à peine.

- (Martine) Ça ne sera pas trop difficile ? Je veux dire cet éloignement ?

- (Ramirez) Nous éprouvons de vrais sentiments l’un pour l’autre vous savez !! Ce n’est pas comme si nous ne nous voyions que pour…

Il hésite, ne sachant pas trop comment ne pas les heurter par ses paroles.

- Enfin vous me comprenez je pense !!

Maurice se lève en signifiant par là qu’il est l’heure pour eux de se retirer, il s’approche de Ramirez et lui donne l’accolade, ce qui surprend beaucoup le jeune homme qui en devient tout rouge.

- Décidemment je t’apprécie déjà beaucoup mon garçon !! Reste comme tu es et nous nous entendrons bien.

- Merci monsieur.

Maurice prend ensuite son fils dans ses bras et l’embrasse tendrement sur le front.

- Je t’aime mon fils !!

- Je t’aime moi aussi p’pa !! Et bonne chance avec la petite Coralie, je ne doute pas un instant qu’elle soit ravie de venir chez nous.

- (Maurice) Nous le saurons dès demain, quand nous irons lui rendre une première visite avec Florian et Thomas.

- (Erwan) C’est vraiment un gars à part celui-là !! Au fait !! En parlant de lui, ce n’est pas ce soir qu’il va se montrer pour la première fois aux bras de ses grands-parents devant toute sa boite ?

- (Maurice) Si !! Je ne te raconte pas comment il va nous falloir être discret pour sa protection, en plus il va certainement avoir la surprise de sa vie et c’est dommage qu’on n’y soit pas pour y assister, crois-moi !!

- (Ramirez curieux) Une surprise ? Qu’est-ce que c’est ?

Maurice mime alors un rockeur muni d’une guitare.

- A que je t’aime !!!

Erwan et Ramirez sur le cul.

- Non !!! Sans déconner !!! Lui ???

- (Ramirez) Mais ça a dû couter un bras !!

Maurice ouvre la porte pour sortir.

- Pour les grands parents de Florian ??

Il prend la main calleuse du jeune artiste et la lui met sous le nez.

- Je dirais plutôt un ongle ! Hi ! Hi !

2eme ANNEE Fêtes de fin d’années, 2ème partie : (70/150) (Aix) (Sixième jour)

(La fête de Noël de la DBIFC) (suite)

Yuan et Thomas se regardent et sans une parole viennent rechercher leur ami resté debout, seul sur la scène et dont tout le monde se demande ce qu’il peut bien attendre, alors que cela fait déjà cinq bonnes minutes que la sono a repris et que la vedette et son groupe sont repartis.

Florian se laisse emmener jusqu’à sa table comme déconnecté du présent et ce n’est qu’une fois assis, qu’il se rend compte enfin où il est et qu’il s’ébroue en retrouvant le sourire.

- Et bien les mecs !!! Si je m’attendais à ça !!!

- (Yuan) En tout cas tu as géré comme un chef !!

- (Thomas) C’est un beau cadeau que t’ont fait tes grands parents pas vrai ?

- Merveilleux oui !! Il m’a même dit que je pourrai rejouer avec lui si je le souhaitais !!

Vous vous rendez compte ?

- (Yuan amical) Que peux-tu demander de plus de cette soirée alors ?

Thomas qui n’a pas lâché un instant des yeux Florian, sourit en comprenant à son regard à quoi il pense en réponse aux paroles du jeune asiatique.

- J’en connais un qui ne va certainement pas dormir dans son lit ce soir ! Hi ! Hi !

Yuan surpris, fixe Thomas.

- Il va dormir où ?

Je fais un clin d’œil à Thomas.

- Je ne crois pas que c’est de moi qu’il parlait tu sais ?

- (Thomas) En effet !! Je ne pensais pas à « Flo » en disant ça, mais plutôt à un beau brun ténébreux qui va très certainement finir la soirée avec nous.

Je vois bien que Yuan n’a pas encore percuté et je lui pose doucement une main sur le haut de sa cuisse en la caressant doucement, me concentrant sur la partie interne beaucoup plus sensible.

Yuan ressent la caresse et ses yeux convergent vers ma main, comprenant qu’il n’est pas en train de rêver et que ce sont bien mes doigts qui se rapprochent doucement mais surement de la fourche que fait son entrejambe en lui amenant une chaleur intense qui le fait soudainement trembler d’excitation et d’une envie irrésistible d’embrasser celui qu’il a aimé dès le premier instant où il lui a été présenté.

Sa tête se redresse et Florian aussi bien que Thomas voient bien à la façon caractéristique qu’a sa peau cuivrée de foncer sous l’émotion, qu’il a enfin compris que c’est à lui qu’ils font allusion.

Ses yeux noirs prennent alors une intensité telle que les deux garçons restent un moment comme hypnotisés par eux.

Ils dessinent une fente accentuée par la forme en amande qu’ils ont déjà au naturel, d’où s’échappent une lueur de joie immense en réponse à la question muette de ses deux amis.

Thomas réagit le premier quand il aperçoit ceux de Florian devenir du vert intense qu’il n’a qu’au moment où sa libido devient presque incontrôlable.

Il attrape le jeune rouquin par les bras et le fait se retourner vers lui en le secouant gentiment pour tenter de le calmer.

Il voit bien quand la main de Florian se décolle de l’endroit qu’elle avait presque atteint, la forme bandée à l’extrême qui vibre sous le tissu du pantalon de Yuan et se demande ce qu’il aurait pu se passer s’il n’était pas intervenu à temps.

- Doucement les gars !! Nous ne sommes pas encore au lit !! Regarde « Yu » ? Ce n’est pas ton père qui arrive, habillé en père Noël ?

Le regard du jeune asiatique reprend son apparence normale quand il tourne la tête dans la direction indiquée par Thomas et qu’il voit arriver un petit homme rondouillard tout de rouge vêtu avec une énorme barbe blanche.

- Tu ne peux pas savoir le plaisir que tu lui as fait Florian, quand tu lui as demandé de faire ça ce soir !! Chez nous ce n’est pas dans nos traditions et il en mourrait d’envie depuis des années.

Je me lève en leur faisant signe de ne pas me suivre.

- Je vais lui donner un coup de mains, restez là et attendez-moi !! Sitôt terminé, nous irons continuer cette soirée comme prévu.

Ming s’installe dans un grand fauteuil mis là exprès dans un coin de l'estrade tout à côté du sapin, il s’y assoit et regarde visiblement heureux les centaines d’yeux d’enfants braqués sur lui.

Florian arrive près de lui au moment où une femme apporte un cahier où est classé par âge croissant les noms et prénoms de chaque enfant, qui devront ensuite être appelés pour recevoir leurs cadeaux des mains du père Noël, ainsi que quelques annotations sur leurs familles.

***/***

Je lui prends le cahier des mains et le feuillette rapidement avant de le lui rendre, la femme me regarde surprise et veut me le rendre, quand je lui fais un signe négatif de la tête.

- Ce ne sera pas la peine, merci !!

La femme incrédule.

- Mais !!!

Ming comprend et sourit.

- Faites comme il vous le demande et ne vous inquiétez pas, nous nous débrouillerons très bien sans ce cahier. Servez-vous en plutôt pour nous amener les cadeaux au fur et à mesure que les enfants seront appelés.

- Vous savez combien ils sont au moins ?

Je la regarde avec amusement.

- Trente-deux de moins de quatre ans, trente-quatre entre quatre et six ans, quarante et un entre six et dix ans et cent dix-huit de plus de dix ans !!

Ming est visiblement lui aussi amusé du trouble de la brave femme.

- Vous souhaitez qu’il vous donne aussi le sexe ! Hi ! Hi !

2eme ANNEE Fêtes de fin d’années, 2ème partie : (71/150) (Aix) (Rémi et Baptiste) (L’aveu)

Alexie et Arnault dorment depuis un moment déjà quand Baptiste se réveille, déranger dans son sommeil par une étrange impression.

Ils ont assisté au spectacle du cirque dont ils ne se lassent pas et ont encore une fois passé un très bon moment en riant et en applaudissant les artistes qui ont occupé les trois pistes pour faire briller les yeux des plus jeunes et retrouver leurs âmes d’enfants aux plus anciens.

C’est à peu près au moment où Florian termine son concert qu’ils se sont couchés tous les quatre et ce n’est que plus tard encore dans la nuit, que Baptiste ressent cette impression qui lui fait quitter son sommeil en se demandant ce qui lui arrive.

Comme l’autre fois, il comprend que Rémi ne dort pas et que ce sont ses doigts caressant sa hanche qui lui ont ôté le sommeil.

Baptiste depuis deux nuits a fait comme le lui a conseillé Alexie et mis un caleçon pour dormir, en s’arrangeant pour que son sexe sorte naturellement de sa braguette.

Jusqu’à cet instant, il a eu l’impression que Rémi ne s’en était pas aperçu car les deux dernières soirées n’ont rien donné de concluant qui pourrait l’aider à faire avancer leur relation et il commençait à désespérer en se disant qu’en fin de compte il s’était fait un film pour rien, que Rémi n’aurait sans doute plus de gestes ambigus à son encontre.

C’est pour cette raison que cette nuit quand il est entré dans le lit avant son copain, il a ôté son sous-vêtement en tentant par ce geste le tout pour le tout.

Rémi n’a pas eu l’air de s’en apercevoir, il est resté égale à lui-même en lui souhaitant une bonne nuit et s’est endormi presque immédiatement après coup.

Baptiste comme la fameuse soirée où il a senti son ami se masturber contre lui, retient du mieux qu’il le peut l’affolement de son cœur et reste sans bouger en lui faisant croire qu’il est toujours en plein sommeil, bien décidé cette fois ci à ne pas rater l’occasion de prendre Rémi sur le fait s’il reprenait ces attouchements sur son sexe et sur son corps.

***/***

« Putain !! Qu’est qu’il me fait là !! Je rêve ou il a viré son caleçon ?? »

Ce sont les pensées de Rémi quand sa main vient effleurer la hanche de son ami et ne sent aucune barrière là où normalement il devrait y en avoir une.

Ses doigts lentement redescendent un peu plus et force est pour lui de constater que sa première impression est la bonne et que Baptiste est nu à quelques centimètres à peine de lui.

Les doigts arrivent sur la courbe annonçant le bombé des fesses, la douceur de cet endroit lui amène une bouffée de chaleur comme jamais encore il n’en a ressenti.

Son premier réflex est d’ôter sa main, mais l’envie de découvrir les formes si douces et chaudes est la plus forte et il la laisse continuer sa progression en sentant son cœur s’affoler de plus en plus.

Ça fait plusieurs jours qu’il regarde son ami sous un autre angle et malgré ses réticences, il est bien forcé de s’avouer que ce qu’il éprouve pour Baptiste n’est plus vraiment de l’amitié mais s’approcherait dangereusement d’un sentiment beaucoup plus fort et qu’il ne s’attendait certainement pas à éprouver pour un garçon.

Toute la dernière journée, il l’a passé à observer son ami subrepticement et à chaque fois son cœur s’est emballé comme celui d’une midinette.

Cette impression toute nouvelle pour lui, confirmée par son corps qui lui a demandé plusieurs fois d’aller se soulager pour désamorcer son état de tension manifeste, le laisse dans un imbroglio mental dont il n’a pas l’habitude.

Que faire ? Lui en parler franchement au risque quasi certain de se prendre son poing dans la figure ? Tenter d’oublier ses nouveaux sentiments et redevenir le Rémi qu’il connaissait avant d’avoir ses pensées bizarres envers son ami ? Et si pour Baptiste c’était pareil ? Et si lui aussi éprouvait quelque chose pour lui sans oser le lui avouer ? Quel gâchis ce serait !!

Tout en réfléchissant et en se posant toutes ses questions, sa main sans contrôle est arrivée au bout de sa course et ses doigts butent maintenant contre les cuisses fermées de Baptiste et s’abreuvent des sensations érotiques de ce sillon légèrement poilu à la chaleur moite et d’une douceur affolante.

Un frémissement de Baptiste lui fait rater un battement de cœur et sa respiration se bloque en priant pour qu’il ne se réveille pas et le découvre en train de lui peloter aussi ouvertement le cul.

Apparemment ce n’est pas le cas et Rémi respire de nouveau en sentant bien la sueur lui couler sur le front tellement il a été près de se faire surprendre.

2eme ANNEE Fêtes de fin d’années, 2ème partie : (72/150) (Aix) (Rémi et Baptiste) (L’aveu) (suite)

Pourtant et contre toute attente, ça ne l’arrête pas et sa main comme mue par une volonté propre continue à se repaitre de cette chair affolante.

L’étonnement lui fait presque faire un mouvement brusque de recul quand il sent les cuisses de Baptiste s’écarter et bientôt laisser le champ libre à ses doigts fureteurs qui n’en demandaient pas tant pour reprendre leurs progressions et atteindre cette fois ci un endroit encore plus affriolant.

Ils partent en exploration sur cette peau douce contenant deux belles petites prunes qu’il sent rouler et s’échapper contre sa volonté.

Sa main réagit plus vite que sa conscience qui sinon l’aurait empêché de faire ce geste et de s’approprier ses deux belles balles en les empaumant pour mieux en sentir leurs duretés et leurs ovales si délicats.

Ce sont de vraies gouttes qui maintenant dégoulinent de ses tempes, Rémi malgré qu’il soit conscient que ce qu’il fait risque de plus en plus de se faire découvrir, a été trop loin pour s’arrêter en si bon chemin et allant à l’encontre de ce que sa raison lui dicte, il reprend ses caresses sur les bourses de son ami en réprimant quand même l’envie qu’a son sexe tendu et douloureux à venir se presser contre ces deux globes charnus qui pourtant l’attirent à un point qu’il n’aurait jamais cru pensable.

L’index et le majeur de sa main s’aventure plus à l’avant des testicules et Rémi rencontre avec effarement quelque chose de dur, de chaud, de doux et comble de tout le reste, de palpitant.

Dans sa tête c’est comme un flash quand il prend conscience que c’est l'amorce de la hampe du sexe de Baptiste qu’il a sous les doigts et que celui-ci bande comme un malade lui aussi, sa main lâche les bourses pour empoigner doucement ce sexe tendu et en faire la découverte.

Il lui semble bien long et d’une bonne grosseur, ce qui lui donne une subite envie de l’avoir en lui, cette pensée soudaine l’étonne beaucoup car il ne s’y attendait vraiment pas et son cerveau repart dans ses questionnements qu’il sait pertinemment ne pas en avoir les réponses tellement tout ça lui arrive subitement.

Rémi ne se rend même pas compte que sa main est maintenant complètement passée entre les cuisses de Baptiste et qu’il serait quand même étonnant que celui-ci n’en soit pas conscient.

Le gland humide est décalotté devrait pourtant lui mettre au minimum un doute dans ses pensées mais il n’y pense même pas, comme si c’était normal de faire ce qu’il fait à son ami sans que ça risque de le réveiller.

***/***

Baptiste n’en peut plus, il a ressenti la progression de cette main sur son corps comme une trainée de lave sur sa peau.

Maintenant le bras de Rémi est entre ses cuisses et sa main lui caresse le gland d’une façon si particulière qu’il ne va plus pouvoir se retenir bien longtemps et qu’il ne va sans doute pas tarder à jouir avec tout ce que ça comporte pour la suite des événements entre eux deux.

Pourtant il se retient du mieux qu’il peut en tentant désespérément de juguler la remontée de sève qui bouillonne dans son bas ventre.

Maintenant pense-t-il, ce serait aussi peut être le moment de se découvrir et de voir les réactions de Rémi.

Oui mais comment faire ? Serrer les cuisses brusquement pour qu’il ne puisse plus retirer sa main et du fait être obligé de reconnaitre qu’il le caressait en profitant de son sommeil ? Pas convaincant et en plus ça risque de faire perdre toute contenance à son ami et le blesser dans son amour propre.

Alors quoi ? Baptiste sent soudainement qu’il est trop tard et pousse un gémissement en sentant monter l’orgasme puissant qui lui noue les nerfs.

- Ahhh !!!! N’arrête pas je jouiiis !!!!

***/***

Rémi est tétanisé de peur quand il entend la voix de son ami, comment va-t-il réagir quand il comprendra qui est le principal acteur de son plaisir et son estomac se noue en même temps que son sexe se ratatine subitement à la pensée des conséquences sans doute désastreuse pour leur amitié de son acte de folie.

Il sent la main de Baptiste venir recouvrir la sienne et emballer son gland pour y recueillir son sperme avant qu’il ne tâche le drap, il dégage rapidement la sienne de plus en plus honteux de son geste et n’a que le temps de faire de la place à Baptiste qui se précipite dans la petite salle de bains en tenant sa queue à deux mains pour que rien ne s’en échappe.

Il entend le bruit de l’eau et commence à trembler à la pensée de ce qu’il va arriver maintenant et il appréhende le retour de son ami en craignant ses réactions quand il reviendra dans la chambre.

Son cœur cogne très fort quand l’eau s’arrête, remplacé par le frottement d’une serviette et que l’ombre de Baptiste réapparait bientôt dans la pièce en se dirigeant d’un pas rapide vers lui.

2eme ANNEE Fêtes de fin d’années, 2ème partie : (73/150) (Aix) (Rémi et Baptiste) (L’aveu) (fin)

Ses mains se plaquent sur son visage dans un pur reflexe de protection, seulement au lieu d’être frappé et vilipendé, voir même jeté dehors manu militari comme il s’y attendait, quelle n’est pas sa surprise de sentir Baptiste s’allonger avec douceur sur lui et de sentir sans aucune brusquerie ses poignets être enserrés par deux mains fermes et remontés au-dessus de sa tête pendant que des lèvres chaudes et d’une douceur sans égales viennent se poser lentement sur les siennes dans un baiser passionné qui le laisse pantois, les yeux arrondis par la surprise.

Rémi ne saurait dire combien dure se baiser, ce qu’il peut simplement retenir de ce moment si important pour eux, c’est qu’il n’a pas hésité une seconde à ouvrir la bouche et à laisser entrer cette langue gourmande qui frappait délicatement ses dents pour parvenir à ses fins.

Le baiser fut long, très long même, les laissant sans le souffle à chercher désespérément de l’air.

Air qui remplit à grand bruit leurs poumons juste avant que leurs lèvres se ruent une nouvelle fois pour se coller sur celles de l’autre, tandis que leurs mains libérées mènent un doux ballet sur leurs corps en les couvrant de caresses.

A l’autre bout de la roulotte, deux têtes souriantes levées depuis quelques minutes se reposent sur leurs oreillers, Arnault et Alexie se regardent et s’embrassent à leur tour, émoustillés par ce qu’ils viennent de voir et surtout heureux pour leurs deux amis, qu’enfin ils aient passé le pas.

Baptiste se sépare enfin de Rémi en se laissant rouler sur le côté, il pose sa main sur son torse et le caresse avec une extrême émotion.

Ses yeux s’humectent de larmes que son ami ne peut bien sûr pas voir mais qui baignent également ses yeux.

- (Baptiste à voix basse) Tu en auras mis du temps ?

Rémi surpris car il pensait la même chose.

- Pourquoi moi et pas toi ?

- Parce que moi ça fait un moment que je te tends la perche figure toi !!

La main de Rémi vient se coller sur le sexe de son ami.

- Je la trouve un peu mollassonne la perche Hi ! Hi !

- Rhoooo !!! Tu sais bien de quoi je parle !!

- Ah oui !!

Rémi prend la main posée sur son ventre et la plaque à son sexe.

- Pourtant elle est toute tendue celle-là Hi ! Hi !

- Là maintenant oui !! Mais avoue que tu n’as rien fait avant pour nous rapprocher !! Alors que moi je me suis mis à poils pour que tu recommences comme l’autre fois à me caresser, gros cochon va !!

Rémi surpris, se redresse sur un coude.

- Tu ne dormais pas ? Putain la honte !! Pourquoi tu n’as rien dit ?

- Parce que je ne te sentais pas prêt, voilà pourquoi !!

- Ah !! Parce que toi tu y étais peut être ?

- Oh oui !!! Et ce n’est pas d’hier crois-moi !! J’ai toujours su que j’étais gay tu sais !! Pas comme toi qui voulais à tout prix qu’on drague des filles.

- Mais alors !! Tu faisais semblant ?

- Bien sûr qu’est-ce que tu crois !! Et je l’aurais encore fait le temps qu’il aurait fallu jusqu’à ce que tu te rendes compte qu’il y avait plus que de l’amitié entre nous. Parce que c’est plus que de l’amitié hein ?

Rémi ne répond pas tout de suite, il cherche au fond de lui ce qu’il éprouve réellement pour ce jeune homme qui lui a plu dès leur première rencontre et au contact duquel il se retrouvait si troublé.

Pourrait-il seulement s’imaginer maintenant sans qu’il soit à ses côtés ? Son cœur lui dit que non et il accepte alors ce qu’il a toujours enfoui au plus profond de son être comme une aberration et qu’il a toujours jusque-là rejeté inconsciemment.

Baptiste sent son estomac se tordre dans l’attente d’une réponse qui lui parait trop longue à venir pour être dans le sens qu’il souhaiterait, ses larmes reprennent mais cette fois ci ce sont des larmes d’une infinie détresse.

Celles d’entendre son ami lui dire que ce n’était juste qu’un moment d’égarement ou encore que pour le sexe et qu’il n’éprouvait pas comme lui cet amour que Baptiste a ressenti dès le premier jour pour ce garçon magnifique à la gentillesse jamais mise en défaut.

Il va pour se lever et s’enfuir loin d’ici, loin de ses illusions d’un bonheur parfait qu’il voyait poindre entre lui et Rémi et qui ne verra hélas à son plus grand désespoir jamais le jour.

Rémi le retient in-extrémis et le force à revenir à sa place, sa main lui prend le visage et c’est seulement là qu’il comprend combien l’attente de sa réponse a fait mal à Baptiste.

Son visage se rapproche quand ses lèvres une nouvelle fois se scellent aux siennes, jusqu’à ce qu’il soit certain que le message est définitivement passé et que Baptiste comprenne enfin qu’il ressent exactement les mêmes sentiments que lui.

- Excuse-moi d’avoir attendu si longtemps pour t’en parler Baptiste, je sais que je t’ai fait mal et je m’en veux. Je t’aime et je voulais en être certain avant de te le dire, parce que c’est un sentiment très important qu’on ne doit pas exprimer à la légère.

Baptiste a le cœur libéré.

- C’est vrai ?

Rémi détache bien le mot magique en le lui prononçant.

- Je t’a-i-m-e !!

Deux voix amusées sortent de la nuit.

- C’est cool alors !! Du coup on va pouvoir enfin dormir !!

2eme ANNEE Fêtes de fin d’années, 2ème partie : (74/150) (Aix) (Sixième jour) (La fête de Noël de la DBIFC) (fin)

Un drôle de spectacle a lieu dans l’immense salle louée pour l’occasion, au pied d’un énorme sapin tout couvert de guirlandes multicolores ou on peut voir un père Noël bedonnant assis majestueusement dans un grand fauteuil en cuir rouge avec à ses pieds un jeune homme aux cheveux flamboyants.

Tous deux accompagnés par deux magnifiques siamois et d’une impressionnante panthère noir étendus devant lui, leurs yeux verts fixés sur la salle.

Florian appelle un par un les enfants, d’abords accompagnés de leurs parents pour les plus jeunes puis ensuite seuls une fois en âge de le faire.

Il leur glisse à chacun un petit mot gentil avant de les présenter visiblement impressionnés au père Noël qui après les avoir embrassés, leur tend un magnifique paquet bien souvent aussi grand qu’eux et qu’ils prennent avec timidité avant de repartir en courant, visiblement soulagés pour retrouver les bras de leurs parents respectifs.

Les murmures dans la salle montrent combien les gens sont impressionnés par l’étonnante mémoire du jeune homme, qui sans jamais faillir cite un par un les noms et prénoms de leurs enfants.

Un amas de papiers déchirés couvre très vite le sol de la salle, alors que des yeux émerveillés découvrent avec des cris de joie les jouets tant attendus que leur a apporté encore cette année le père Noël.

Arrivé aux plus grands, les expressions des visages bien sûr changent car à partir de onze ou douze ans les jeunes garçons et filles, ne croient plus en cet homme à la barbe blanche mais jouent volontiers le jeu pour conserver la magie de Noël aux plus petits.

Les cadeaux évoluent eux aussi et les paquets rétrécissent, même si la valeur du contenu est de loin beaucoup plus importante.

Les jeunes ados par contre sont beaucoup plus attirés par le jeune rouquin en qui du fait de son âge, ils se sentent en effet plus proche que de cet homme quoique sympathique déguisé pour l’occasion.

Enfin arrive après plus d’une heure de distribution, le moment où sont appelés les plus grands.

Ils sont une bonne vingtaine, garçons et filles confondus, âgés de dix-sept et dix-huit ans à être surpris en entendant leurs noms car les années précédentes ils étaient jugés trop vieux pour certains à avoir droit encore au cadeau de fin d’années.

La femme surprise relit le cahier où bien sûr ils ne sont pas notés et arrive confuse près de Florian pour l’avertir qu’il n’y a rien eu de prévu pour eux, la distribution s’arrêtant une fois les seize ans révolus.

Florian sourit à la brave femme visiblement en panique.

- Je sais ce que je fais madame, ne vous en faites pas.

Ming regarde son jeune ami perplexe et reçoit le petit clin d’œil qu’il commence à bien connaitre et qui lui rend aussitôt le sourire.

Du côté de la table directoriale, c’est le même moment d’incompréhension et tous voient bien que ce qui va se passer n’était encore une fois absolument pas prévu et commencent à murmurer et se lancer des questions d’une table à l’autre.

Florian appelle donc un par un les grands ados et leur demande de rester près de lui en attendant que tous soient sur l’estrade, il prend ensuite le micro et vient avec « Kinou » se placer au milieu d’eux en prenant la parole.

C’est un moment assez comique du fait que quasiment la totalité des jeunes derrière lui font au moins une tête de plus que Florian.

Seulement tous sont suspendus à ses lèvres et attendent avec une impatience manifeste qu’il prenne la parole.

- Cette soirée arrive à sa fin et j’ai encore quelques petites choses à vous dire, j’ai entendu dans l’après-midi une certaine personne dont je ne citerai pas le nom dire à qui voulait bien l’entendre, que mon seul intérêt pour la société que mon père et mon grand-père ont créé, n’était que financier et que je ne me contentais que de profiter de l’argent gagner par vous tous en me moquant royalement de tout le reste. Laisser-moi vous certifier que c’est entièrement faux, je n’ai vous m’entendez !! Jamais !! Dépensé un seul centime de franc ou d’euro de cet argent et d’ailleurs regardez-moi !! La façon dont je m’habille à elle seule en est la preuve !! Maintenant que cette mise au point est faite, sachez que cet argent est destiné à créer un centre de soins gratuits pour aider les plus pauvres et que je n’en tirerai jamais bénéfice pour moi-même. Je suis interne en médecine et je gagne suffisamment bien ma vie pour ne pas dépendre de votre travail. Passons maintenant à la raison qui m’a fait appeler ses jeunes gens qui sont depuis peu ou qui seront majeurs dans l’année. L’entreprise leur offrira dorénavant et tant que je serai à sa tête, l’inscription et les cours nécessaires pour l’obtention du permis de conduire et ce afin de les aider à bien démarrer leurs vies estudiantines pour certains ou actives pour les autres. Aucune condition d’années de présence de leurs parents dans l’entreprise ne pourra être évoquée pour ne pas leur octroyer cette aide.

Je me tourne vers les jeunes debout derrière moi qui ont tous un énorme sourire et me fixent avec reconnaissances.

- J’espère et je vous souhaite à tous une vie prospère et heureuse.

Me retournant une nouvelle fois vers la salle.

- Merci de m’avoir écouté sans m’interrompre, je vais vous laisser finir cette soirée et rejoindre avec mes amis l’endroit où nous passons nos vacances. Avec un peu d’avance j’en conviens volontiers, je vous souhaite un joyeux Noël et une bonne année à tous !!!

***/***

Un tonnerre d’applaudissement retentit alors, pendant que leur jeune patron descend de l’estrade accompagné de ses félins et qu’il rejoigne ses deux amis pour quitter ensuite la salle, ne se tarissant pas même une fois qu’ils sont à l’extérieur.

Thomas et Yuan le prennent chacun d’un côté par les hanches et c’est ainsi enlacé qu’ils montent tous dans la limousine de Ming, en indiquant sa destination au chauffeur qui les a suivis en courant pour leur ouvrir la porte.

2eme ANNEE Fêtes de fin d’années, 2ème partie : (75/150) (Aix) (Septième jour)

(Yuan)

Thomas confortablement installé dans la limousine, regarde ses deux amis avec un énorme sourire de contentement.

- Waouhhhhh !!!! Quelle soirée !!! J’en connais qui ne seront pas près de l’oublier croyez-moi !!!

Yuan regarde Florian.

- Et un en particulier j’en suis certain !!

Je leurs souris.

- C’est sûr !!! Mais moi j’en connais un autre, enfin deux autres ! Hi ! Hi !

Thomas et Yuan se regardent et sourient à leurs tours, ils ont parfaitement compris le message et n’attendent plus qu’être dans l’intimité d’un bon lit douillet pour se retrouver enfin comme ils en meurent d’envie depuis si longtemps.

Seulement une question se pose et pas des moindres, où ? Thomas se tourne vers Florian qui comprend tout de suite ce qui le perturbe.

- Nous allons dans notre roulotte.

- (Thomas) Mais !!! « Ju » et « Max » y sont certainement à l’heure qu’il est !!

- Ben non justement !! Je leurs ai demandé si ça ne les dérangerait pas de squatter ailleurs cette nuit, du coup ils passent la nuit chez la fille de Tony avec Émilie et ses chéris.

- (Thomas surpris) C’était un coup monté alors ?

- On peut dire ça comme ça oui ! Hi ! Hi !

Yuan se lève de son siège et vient sur eux pour un câlin qui manifestement donne un regain d’énergie au jeune couple, qui ne se privent pas de poser des mains plus que curieuses sur son corps pendant qu’ils ont droit chacun leur tour à un baiser enflammé du jeune asiatique.

Le chauffeur après un bref coup d’œil dans le rétroviseur, sourit de les voir aussi complice et c’est dans cette ambiance chaude et coquine, qu’il les dépose sur le parking du cirque pour s’en retourner ensuite rechercher son patron à la salle des fêtes.

Les trois garçons toujours accompagnés des félins, arrivent presque en courant devant la roulotte tellement ils sont pressés.

Florian fait signe aux siamois et à « Kinou » de se trouver un coin tranquille dans l’enceinte du cirque et ouvre la porte où une douce chaleur les accueille en les faisant soupirer d’aise.

Un passage rapide sous la douche et quand Yuan se présente le dernier aux pieds du lit, il trouve une place visiblement dégagée à son intention entre eux deux et vient aussitôt s’y lover nu, en se glissant rapidement sous la couette.

A peine sa tête posée sur l’oreiller, son visage est pris d’assaut par des lèvres douces et sensuelles qui le couvrent de bisous et qui lui amènent immédiatement les larmes aux yeux de se sentir aussi désiré et de pouvoir partager avec eux tout l’amour qu’il éprouve, qu’il tenait jusque-là cacher au plus profond de son cœur.

Thomas et Florian s’en aperçoivent très vite et se resserrent encore plus contre Yuan, comme pour ne faire plus qu’un avec ce jeune homme affectueux et émotif qu’ils adorent, en lui donnant toutes leurs chaleurs et en lui démontrant ainsi combien ils l’apprécient et qu’ils tiennent à lui.

Les premières minutes passent dans l’affectif le plus pur et démontrent au jeune asiatique que ce n’est pas qu’une histoire de sexe entre un couple en manque de sensations et un partenaire qui leur a plu physiquement.

Contre toute attente et à la grande surprise de Yuan, c’est Thomas qui se lâche le premier en passant rapidement sous la couette et en se positionnant entre ses deux amis, commençant alors les prémices d’une fin de nuit particulièrement enrichissante en plaisirs et en découvertes.

2eme ANNEE Fêtes de fin d’années, 2ème partie : (76/150) (Aix) (Septième jour)

(Yuan) (fin)

Le soleil inonde la roulotte quand la porte s’ouvre, que Patricia entre et découvre les trois garçons enlacés et endormis, enroulés sous la couette.

La jeune femme sourit tendrement devant le spectacle qu’ils lui offrent de toute cette tendresse qu’ils ressentent et qui marque leurs visages épanouis et heureux.

Elle n’est pas surprise d’y voir là son petit copain du fait qu’elle était au courant et avait donné son accord à Florian, qui la veille en revenant de sa première visite du matin à la DBIFC est venu lui en parler d’une façon si naturelle qu’elle en sourit encore rien que d’y repenser.

***/***

« La veille juste avant midi »

Patricia voit Yuan avec ses deux compères sortir du grand chapiteau, Florian l’a regardé comme s’il venait juste de prendre une décision et s’est dirigé immédiatement vers elle sans en avertir ses deux amis.

- Je peux te parler cinq minutes en privé « Pat » ?

- (Patricia surprise) Depuis quand tu as besoin de mon autorisation pour me parler toi ?

- Depuis à l’instant ! Hi ! Hi !

Patricia sourit devant la mimique comique de son ami.

- Alors vas-y je t’écoute ?

- Si « Yu » passait la nuit prochaine avec nous, ça ne te dérangerais pas ?

- Je suis au courant pour votre sortie de ce soir figure toi et je ne vois pas en quoi ça me dérangerait !!

- Heu !! Je parlais d’après !! Tu te rappelles de notre discussion ? Oui ? Eh bien voilà !! C’est pour ce soir ! Hi ! Hi ! Je voudrais lui en faire la surprise mais si ça te dérange tu me le dis.

- Et qu’est-ce que tu ferais si c’était le cas ?

Florian se retrouve tout bête d’un seul coup et ne sait plus sur quel pied danser, Patricia ne peut s’empêcher de sourire à la vision qu’il lui donne alors, celle d’un petit garçon timide loin du jeune homme si sûr de lui qu’elle connaissait jusqu’à présent.

- Alors ?

D’une voix timide.

- On s’aime tu sais ?

- Moi aussi !!

- On ne veut pas te le prendre !! Juste que tu le partages de temps en temps avec nous, tu étais d’accord il me semble ?

Patricia craque devant l’air malheureux et suppliant de Florian.

- Oui mais !! Et moi dans tout ça ?

- Quoi toi ?

- Vous ne m’aimez pas c’est ça ?

- Bien sûr que si !! Où tu vas chercher un truc pareil !! C’est parce que tu voudrais être aussi avec nous ? C’est ça ?

- Et si c’était pour ça en effet, tu répondrais quoi ?

- Que tu risques tout simplement d’être déçue et que c’est simplement à cause de ça que nous ne t’en avons jamais parlé.

- C’est mon problème, non ?

- C’est un peu le nôtre aussi tu ne crois pas ?

- Je ne vous plais pas ? Dis-le-moi franchement si c’est le cas !!

Patricia voit Florian la fixer dans les yeux et sourire, sa bouille est si craquante qu’elle en a le cœur qui s’accélère.

Elle comprend très bien les sentiments qu’ils peuvent avoir pour Yuan alors qu’ils sont déjà en couple lui et Thomas qui la fait tout autant craquer d’ailleurs, car elle éprouve exactement les mêmes sentiments envers eux alors qu’elle est avec Yuan.

- Pourquoi tu me regardes comme ça ?

- Parce que tu connais très bien la réponse, le hic, ce n’est pas de savoir si nous t’aimons et que tu nous plais, parce que je peux déjà te dire que c’est le cas. Ce serait plutôt de savoir si nous pourrions avoir une relation avec toi qui te comblerais, ou si nous serions minables ! Hi ! Hi ! Ni moi ni Thomas n’avons jamais même imaginé coucher avec une fille, alors imagine le stress ! Hi ! Hi !

Patricia est surprise de cet aveu.

- Vous m’aimez aussi tous les deux ?

- Bien sûr « Pat » !! Sinon nous ne t’aurions pas confié notre Yuan et surtout fait en sorte que ce soit toi qui l’ai en premier. C’est pour ça que nous avons attendu et que je te demande maintenant si tu veux bien qu’il reste avec nous cette nuit.

- Tu me promets qu’on essayera tous les quatre ?

Florian se rapproche de Patricia et l’enlace tendrement, la jeune femme est surprise d’un tel élan dont il ne l’avait certainement pas habituée et qui est entièrement différent de sa façon habituelle d’être avec elle.

Patricia comprend alors qu’il est sincère et que son seul blocage vient de la peur que son corps ne suive pas ses pensées.

- Promis « Pat » !! Laisse-nous juste un peu de temps.

Il l’embrasse sur la joue.

- (Patricia sourit) Hum !! Pour un amoureux tu aurais pu faire un effort.

- Quand Thomas sera là, je n’ai jamais embrassé ni touché intimement personne sans qu’il ne soit présent mais je te promets que tu auras droit à un vrai baiser.

Patricia comprend mieux maintenant le lien extraordinaire qui lie les deux garçons, elle aussi d’ailleurs ne verrait pas d’un bon œil d’embrasser quelqu’un sans la présence de son chéri malgré que lui va le faire sans elle.

Mais ce sont des garçons et elle reconnait que ce n’est pas tout à fait pareil et rend son baiser sur la joue du jeune rouquin.

- Amusez-vous bien !!

- Merci « Pat ».

***/***

C’est donc avec une petite arrière-pensée coquine, qu’elle s’approche d’eux dans la contemplation admirative de leurs visages qu’elle trouve si parfait quoique complètement différents.

2eme ANNEE Fêtes de fin d’années, 2ème partie : (77/150) (Amid et Christophe)

(L’embauche) (suite)

Hassan est dans son bureau comme chaque matin, il termine rapidement ses affaires courantes puisque c’est ce matin que son fils est autorisé à sortir et qu’il va donc aller le chercher à l’hôpital, pour le ramener ici où il va encore passer une ou plusieurs semaines avant son retour au pays.

Hassan n’est pas plus pressé que ça de rentrer, pourtant l’incident diplomatique entre son émirat et la Russie réclame toute son attention.

La France a envoyé son soutien officiel et a commencé elle-même un recours international à l’encontre des agissements terroristes envers un de ses ressortissants sur son propre territoire.

Ce nouveau dossier a fait réfléchir quelques pays qui jusqu’alors avaient condamné la rupture diplomatique de l’émirat et la pression internationale commence à faire son effet sur l’attitude belliqueuse du dirigeant Russe dont les ambassades de par le monde n’arrivent plus à gérer cette crise et commencent à se retrouver isolées avec de moins en moins de soutiens.

La chine et mystérieusement l’Inde qui viennent ce matin même de durcir le ton, démontre à quel point le gouvernement Russe va devoir être conciliant et revoir ses orientations.

Les différentes frontières ont vu leurs surveillances renforcées et la Russie commence à se retrouver isolée suite aux exactions de plus en plus inconsidérées et étalées au grand jour de son dirigeant actuel.

Partout les extraditions des agents de l’ex KGB se multiplient, au grand dam de Vladimir et à la grande joie des médias qui en font leurs choux gras en mettant toutes ses informations à la une de leurs colonnes de presse, faisant oublier un instant les chiens écrasés et autres torchons insipides qu’ils sont obligés de pondre pour vendre leurs quotidiens ou maintenir leurs audiences télévisées.

Hassan se frotte les mains de satisfaction, il a mis toute sa puissance économique dans cette histoire pour que tout ce « barouf » perdure jusqu’au moment où Vladimir devra faire tête basse et cesser pour un temps ses complots et autres manigances du même ordre.

« Toc ! Toc ! »

- Oui !! Entrez !!

Omar ouvre la porte, entre et referme derrière lui.

- Il va être bientôt l’heure de se mettre en route pour aller rechercher le jeune prince, altesse.

Hassan soupire quelque peu exaspéré, depuis qu’Omar s’est relâché dans la cour de l’hôpital, il en est devenu de plus en plus parano au point qu’il lui balance de l’altesse à la figure même quand ils sont seuls.

- Mais ce n’est pas bientôt fini oui !! Tu ne peux pas savoir comme ça m’énerve que tu m’appelles tout le temps comme ça !!

Omar sourit malgré le ton cinglant d’Hassan.

- Je n’y peux rien, c’est plus fort que moi !! Depuis l’autre jour où je me suis laissé aller en public, je n’arrête pas de me demander ce qu’il serait arrivé si quelqu’un nous avait surpris.

- Je t’ai pourtant expliqué pour Youssef !! Alors arrête de faire ton parano !!

- Toi tu le savais mais pas moi et si ça avait été un autre que lui, j’aurais fait la même boulette.

Hassan comprend bien le stress de son ami.

- Relativise et dis-toi que c’était juste une erreur, la seule en presque vingt ans et qu’elle ne se reproduira plus !!

- Tu m’en veux ?

- Bien sûr que non !! Au lieu de dire des conneries tu ferais mieux de venir m’embrasser.

Chose qu’Omar s’empresse de faire, en ayant au moins autant envie qu’Hassan.

Quelques longues, très longues minutes plus tard, ils sortent tous les deux du bureau les yeux pétillants de bonheur, visiblement la réconciliation sur l’oreiller ou du moins sur le canapé ayant porté ses fruits.

Sa première épouse est déjà dans la limousine quand les deux hommes y pénètrent à leur tour.

Hassan attend que les portières soient refermées et va embrasser sa femme en lui ôtant son voile, Omar détourne la tête discrètement en souriant devant les manquements manifestes aux mœurs et à la tradition de son patron et amant.

La route maintenant bien connue passe assez rapidement et c’est en pleine discussion entre les deux hommes, que la limousine se gare comme à son habitude en condamnant trois places d’un parking en étant avare.

- (Hassan) Pour Christophe, tu as tout préparé ?

- Bien sûr votre altesse, j’ai pris avec moi le contrat que vous pourrez lui proposer.

- Fais-moi voir ça !!

Hassan parcourt rapidement le contrat et le rend à Omar avec un petit sourire en coin.

- Tu as été généreux à ce que je vois, ce serait étonnant qu’il refuse une offre aussi rémunératrice.

- Votre excellence doit remettre cette offre dans le contexte, vu le nombre d’heures que va passer ce jeune homme auprès de votre fils.

- (Hassan) C’est vrai Hi ! Hi ! Ça risque d’être du vingt-quatre/vingt-quatre comme avec toi ! Hi ! Hi !

Fatima prend la parole.

- Mon époux voudrait-il bien me mettre au courant ? Qui est ce Christophe ?

Hassan se tourne vers sa première épouse, visiblement pas choqué qu’elle lui ait adressé la parole sans y être conviée comme le veut la coutume de son pays.

- C’est un jeune infirmier ma chérie !! Il est devenu ami avec Amid et comme il va lui falloir quelqu’un pour sa rééducation, nous avons pensé qu’il ferait très bien l’affaire.

- (Fatima) Il restera longtemps ?

- Hum !! Je pense que oui car déjà ton fils envisage d’en faire ensuite son secrétaire particulier.

- (Fatima surprise) En aura-t-il la compétence ?

Hassan regarde Omar en souriant.

- Il apprendra sur le tas comme j’en ai connu un autre !! Et lui n’était même pas infirmier !!

Omar faussement blessé par ses paroles.

- Altesse si vous parlez de moi, j’avais toutes les recommandations nécessaires.

Fatima remet son voile pour qu’ils ne voient pas son sourire.

- Et ce sont ses compétences qui ont su séduire mon époux très certainement.

Hassan se retient difficilement d’éclater de rire devant la tête que fait son « secrétaire. »

- J’ai une épouse très perspicace et c’est aussi pour ça que je l’aime autant, maintenant souhaitons que le dénommé « Chri » acceptera notre proposition d’avoir à s’occuper de notre fils et de ses particularités « navales » ! Hi ! Hi !

2eme ANNEE Fêtes de fin d’années, 2ème partie : (78/150) (Amid et Christophe)

(L’embauche) (suite)

Amid est comme un lion en cage depuis qu’il s’est réveillé, son départ de l’hôpital ne l’enchante pas plus que ça et il voit bien que son ami fait grise mine pour ne pas dire plus, depuis qu’il est venu lui faire sa toilette et ses soins.

En effet, les deux jeunes hommes n’ont quasiment pas échangé une parole et la demi-heure qu’ils ont passée ensemble restant toute professionnelle, c’est avec une énorme tristesse dans les yeux que Christophe lui a fait ses adieux avant de s’en retourner la tête basse à ses occupations auprès des autres patients dont il a la charge ce matin-là.

Le jeune prince n’a pas osé lui parler de la conversation à son sujet qu’il a eu la veille avec son père, de peur de trop s’avancer sur les réelles intentions qui l’ont poussé à faire une telle requête.

Intentions qui Amid le reconnait volontiers, ne sont pas et de loin dues qu’à des raisons professionnelles, son cœur est devenu soudainement trop triste à la seule pensée qu’ils pourraient ne plus se voir.

C’est donc dans cet état d’esprit perturbé, qu’il voit entrer ses parents accompagnés de son "oncle" Omar dans sa chambre.

Hassan comprend instantanément au regard de chien battu que pose son fils sur eux, qu’il n’a pas de bonnes nouvelles à lui annoncer et étant donné le peu de raison qu’il a de tirer une mine pareille, fait le rapprochement sans trop se forcer que c’est lié au fameux Christophe.

- En voilà une façon de nous accueillir !!! Tu ne te sens pas bien mon garçon ?

- Ça va p’pa !! C’est juste que ça me fait tout drôle de quitter cet endroit.

- (Fatima) D’habitude c’est plutôt le contraire, c’est d'y entrer qui nous met dans un état pareil.

Hassan voit les yeux suppliants qu’Amid porte sur lui.

- Omar !! Emmène mon épouse quelques instants dans la salle de repos, j’ai à parler en tête à tête avec mon fils.

- Bien votre altesse !!

Une fois la porte refermée maintenant qu’ils se retrouvent plus que tous les deux, Hassan prend son fils dans ses bras et lui parle d’une voix douce, qui immédiatement amène les larmes sur le visage du jeune prince.

- Il n’a pas voulu te suivre ? C’est ça ?

Amid avec des sanglots dans la voix.

- Je n’ai pas osé le lui demander p’pa !!

- (Hassan surpris) Mais !! Qu’est ce qui t’en a empêché ?

- J’en sais rien p’pa !! Peut-être que j’ai eu peur qu’il refuse de nous suivre aussi loin de chez lui.

Hassan prend un ton réconfortant.

- Comment veux-tu le savoir si tu ne lui as pas posé la question ? Ne rien dire, c’est pire qu’un refus. Parce que tu comprends bien que si Christophe avait accepté, tu n’en aurais jamais rien su.

Amid se retourne soudainement pour enlacer son père qui s’en retrouve ému et se contente de lui caresser le dos un long moment, avant de reprendre suffisamment ses esprits pour reprendre la parole.

- Tu veux que j’aille lui parler ?

- Tu veux bien ?

- Si je te le propose c’est que je suis d’accord !! Je comprends ta détresse fiston, j’ai eu moi aussi les mêmes questionnements. Il y a longtemps de ça, mais je me rappelle très bien le mal que ça fait.

Amid s’essuie les yeux et fixe son père avec adoration.

- Avec « Tonton Omar » ?

Hassan hésite puis sourit, confiant en son fils.

- Avec lui, oui !! Tu sais fiston ? Les relations qu’a depuis toujours notre famille avec leurs « secrétaires particuliers » ont été de tous temps comme le nom l’indique, « particulières ».

Amid comprend alors que son père se dévoile enfin à lui et un grand sourire apparait sur son visage avant qu’il ne revienne se serrer contre lui.

- Je t’aime papa !!

- Moi aussi fiston, tu ne peux pas t’imaginer à quel point je t’aime. J’ai cru t’avoir perdu et je n’en serai pas sorti indemne, tout comme ta mère et ton « oncle » Omar.

Un long silence s’installe dans la chambre, seules les petites caresses et gestes d’affections démontrent à quel point ils ont été marqués tous les deux par cette conversation.

Amid repense à ce que son père vient de lui avouer en sous-entendu et se détache de lui pour le fixer de nouveau dans les yeux avec un air complètement ahuri dans le regard.

- Mais alors !! Grand-père ???

- (Hassan sourit) Ton « grand-oncle » Ahmed comptait beaucoup pour lui, ainsi que… mais lui tu ne l’as pas connu non plus, ton « arrière grand-oncle » Karim pour mon grand-père. Comme je te l’ai dit, c’est une étrange tradition dans notre famille et tu ne m’as surpris qu’a-moitié quand tu as dit vouloir que ton infirmier suive la voie toute tracée de ses prédécesseurs.

- Wouah !!!

Hassan redevient très sérieux.

- C’est le secret le mieux gardé de notre famille mon fils, tu devais le savoir mais tu ne devras jamais y faire allusion durant toute ta vie ; Sauf à ton fils bien sûr, si comme des générations d’Al Malouf, il suit la voie de ses ancêtres.

- Et s’il ne l’a suit pas ?

- Alors ce secret sera enterré à tout jamais.

Hassan embrasse affectueusement son fils avant de prendre le chemin de la porte.

- Tu vas où, p’pa ?

Hassan se retourne et sourit.

- Parler à ce jeune homme, j’ai bien compris que ce n’est pas encore ta génération qui enterrera notre secret.

2eme ANNEE Fêtes de fin d’années, 2ème partie : (79/150) (Aix) (Coralie)

Les deux voitures se garent devant le portail à la grille impressionnante de la grande bâtisse, huit personnes en descendent et Maurice demande à ses hommes de rester ici à surveiller les alentours, mais de rester prêt à intervenir au moindre appel de sa part.

Il prend sa femme sous le bras et fait signe aux deux garçons qui l’accompagnent d’avancer, arrivé devant le visiophone il appuie sur le bouton d’appel et attend que quelqu’un lui réponde.

- Oui ?

- Bonjour madame, je suis Maurice Désmaré et j’ai pris rendez-vous ce matin avec la directrice de cet établissement au sujet de la petite Coralie Rougieux.

- En effet monsieur, nous vous attendions !!

Le portail se déverrouille.

- C’est tout droit au fond de l’allée, refermez bien le portail derrière vous s’il vous plait !!

- Merci madame.

Le couple accompagné des deux garçons s’avance donc et ils parcourent la longue allée bordée d’arbres centenaires qui donnent une étrange impression d’être revenue des années en arrière, dans un temps pas encore si lointain où l'austérité de ses lieux faisait frissonner d'un étrange malaise ceux qui en arpentaient pour la première fois le gravier crissant alors sous leurs pas.

Ils aperçoivent un homme sur le perron de l’immense bâtisse, Florian sourit en le reconnaissant.

Une fois arrivés devant lui, celui-ci reconnait à son tour le jeune rouquin et vient lui serrer la main avec les yeux pétillants du plaisir de voir qu’il a tenu parole.

- Et bien jeune homme !! Je ne croyais pas vous revoir aussi rapidement ? Messieurs dame !! Si vous voulez bien me suivre, la directrice est dans son bureau et elle vous attend.

Le petit groupe entre alors en scrutant d’un œil curieux le grand couloir au sol de marbre, les nombreuses portes pour certaines grandes ouvertes leur délivrent un peu de leurs secrets.

Ils passent devant un immense réfectoire qui aurait pu être froid mais si joliment décoré par d’innombrables dessins d’enfants accrochés aux murs, qu’il en devient convivial et les quatre personnes qui suivent leur guide, l’imaginent sans mal rempli des rires des enfants pendant les repas.

Tout dans cette demeure prouve l’opulence d’une époque depuis longtemps révolue mais dont l’entretien et la propreté méticuleuse en ont gardé tout le cachet.

L’escalier monumental en marbre également, est à l’image du reste du bâtiment et ils ne sont pas étonnés à se retrouver devant une porte de chêne massif, que l’éducateur ouvre après y avoir frappé quelques coups pour annoncer leurs présences.

- Madame la directrice !! Voici le jeune homme dont je vous avais parlé et les personnes qui ont pris rendez-vous pour la petite Coralie.

La femme se lève en montrant d’un signe chargé d’élégance de la main, les sièges placés devant son bureau.

- Veuillez-vous asseoir je vous prie !! Ainsi donc, vous venez dans l’intention de prendre avec vous cet enfant ?

Maurice avec gentillesse mais assurance.

- Si elle nous accepte comme tel, ce sera avec un immense plaisir que nous deviendrons sa nouvelle famille.

La directrice place une feuille devant ses yeux et reporte son regard sur Maurice après l’avoir parcourue une nouvelle fois.

- J’ai été étonnée je ne vous le cacherai pas, en lisant ces renseignements sur vous que vous nous avez fait parvenir en fax ce matin et c’est d’ailleurs un peu à cause d’eux que j’ai accepté ce rendez-vous aussi rapidement.

- Vous m’en voyez flatté madame !! Mon épouse et moi-même avons un grand fils qui est ami avec ce jeune homme.

Il montre Florian d’un geste de la tête.

- Florian nous a raconté le coup de cœur qu’il a eu pour celle qu’il appelle « sa petite princesse » et nous a donné une grande envie de mieux connaitre cet enfant. Un petit film tourné en amateur par un de mes hommes pendant le spectacle offert aux enfants par la famille Gruss, nous a séduit au point que mon épouse et moi serions honorés qu’elle nous soit confiée.

La directrice sourit au jeune rouquin qu’elle surveille du coin de l’œil depuis son arrivée dans son bureau et dont elle a entendu parler ainsi que de son spectacle par les accompagnateurs unanimes quant à la gentillesse et la drôlerie de sa prestation.

Les enfants d’ailleurs ne parlent encore aujourd’hui que de ça et de la « gentille » panthère sur laquelle plusieurs d’entre eux sont montés sur le dos.

- J’ai entendu parler de votre prestation, même si je n’y ai hélas pas assisté ce soir-là jeune homme et je suis heureuse de faire votre connaissance.

Thomas sort alors un DVD de sa poche.

- Nous avons pensé madame que vous souhaiteriez peut-être en avoir une copie.

2eme ANNEE Fêtes de fin d’années, 2ème partie : (80/150) (Aix) (Coralie) (suite)

La directrice capte le sourire du grand blond et s’en retrouve toute chose, elle a un petit moment de bug avant de se reprendre et tendre la main pour accepter le présent de ce jeune homme magnifique.

Florian bien sûr surveillait ce moment et sourit en s’asseyant plus confortablement dans son fauteuil, heureux que son Thomas ait toujours cet effet ravageur mais ne soit qu’à lui.

Enfin qu’à eux quand ils sont avec leurs amis de cœurs.

La directrice, les joues soudainement bien rouges.

- Merci jeune homme, je ne manquerai pas de le regarder avec les enfants qui j’en suis certaine en seront encore une fois ravis.

La femme revient vers Maurice et Martine.

- Votre fils est un garçon magnifique, vous devez en être fier !!

Maurice regarde Thomas et sourit.

- Thomas n’est pas notre fils madame, c’est l’ami de Florian et il n’est ici que pour nous accompagner. Notre fils n’a pas voulu venir ce matin pour ne pas s’ingérer dans notre décision mais viendra je pense très vite une fois que les choses se mettront en place. Il vit encore avec nous mais n’y est plus que rarement car il est interne en chirurgie dans un hôpital militaire et nous ne profitons plus de lui que pendant ses permissions.

- Très bien !! Il pourra venir quand il voudra.

Suit alors une longue conversation sur les motivations et autres raisons de cette adoption, jusqu’au moment où la porte s’ouvre et que l’éducateur qui les a accueillis un peu plus tôt, ne réapparaisse dans l’entrebâillement.

- La petite est là !!

- Et bien qu’attendez-vous ?? Faites là entrer !!

Pendant que l’homme se retourne pour faire signe à la fillette d’entrer, Florian sort de sa poche ce qu’il triture depuis un moment et le met en place sous le regard de ses amis et de la directrice qui sourit tendrement à ce jeune homme qui a bien compris tout le stress de la petite fille quand elle passera la porte et qui en se déguisant ainsi va la mettre à l’aise plus sûrement que n’importe quelle parole de réconfort qu’elle aurait due elle-même lui donner.

La petite fille entre timidement, les yeux fixant ses chaussures en tenant fermement la main de son accompagnateur, elle connait ce genre de présentation pour en avoir déjà connue plusieurs.

Les gens l’ont trouvée alors ou trop vieille ou trop maigre mais toujours trop ou pas assez quelque chose, sans jamais faire attention à ce qu’elle comprenait leurs paroles.

Coralie était malheureuse d’entendre toutes ses choses pas gentilles la concernant, qui finissaient toujours par la faire ressortir du bureau encore plus triste et de retrouver le soir sa chambrée, qu’elle partage avec cinq autres petites filles devenues ses amies depuis le temps.

Amies qui avec leurs mots tentaient de lui redonner espoirs, alors qu’elles-mêmes n’y croyaient plus beaucoup non plus.

- Coucou petite princesse !!

Coralie lève brusquement la tête, le visage transfiguré en reconnaissant la voix et celui qui vient de lui parler, elle lâche la main de l’éducateur puis s’élance vers Florian en lui tendant les bras et en lui enserrant enfin le cou de toutes ses forces, en le couvrant de bisous.

- Tu es venu me voir ?

- Oui ma chérie, comment aurai-je pu t’oublier ? J’aimerais aussi te présenter à des amis à moi qui voudraient bien avoir pour eux tout seuls, une jolie petite princesse comme toi.

Martine éclate en sanglot devant la scène toute en émotions à laquelle elle assiste, très vite suivit par la directrice pourtant habituée et s’étant depuis toutes ses années, mit une carapace d’indifférence apparente qu’elle pensait sincèrement à toute épreuve.

Florian se relève en portant la fillette toujours accrochée à lui et doucement lui met son gros nez rouge sur le sien tout minuscule, ayant un mal de chien à le faire tenir.

Une fois qu’il est sûr qu’il va tenir, il tourne Coralie vers Maurice et sa femme, il se retrouve tout bête en les voyant les yeux couverts de larmes.

- Et bien !! Elle est toute mignonne comme ça !! Pourquoi toutes ses larmes ?

Il s’adresse alors à la petite.

- Tu veux bien faire un bisou à la dame ? Elle s’appelle Martine, elle est très gentille tu verras.

D’une toute petite voix à l’oreille de Florian.

- Voui !! Mais pourquoi elle pleure la dame ?

- Parce qu’elle t’aime déjà beaucoup, fais lui un gros bisou et au monsieur aussi !! Tu verras, il est un peu ronchon mais tu ne dois pas en avoir peur. Quand il grogne, tu lui tires la langue comme ça, regarde !!

Florian se met face à Maurice qui se force non sans mal à rester sérieux, il fait comme il l’a dit et sort sa langue.

- Beuuu !!!! A toi ma puce, vas-y essaie !!

- Beuuu !!!! Hi ! Hi ! C’est amusant.

Maurice en grognant mais les yeux brillants.

- Tu lui apprends de drôle de choses !!

Coralie en tirant une nouvelle fois la langue.

- Beuuu !!!!

Maurice vaincu par la bouille de la fillette éclate de rires et la prend des mains de Florian en la faisant tourner plusieurs fois sur lui-même, surpris de son extrême légèreté avant de l’embrasser longuement sur le front.

- N’en prends pas l’habitude quand même !! D’accord jeune fille ?

2eme ANNEE Fêtes de fin d’années, 2ème partie : (81/150) (Aix) (Coralie) (fin)

La fillette fixe un instant Maurice avec ses yeux pervenche qui ne laisse pas le brave homme de marbre et qui pour éviter de trop montrer ses émotions en public met la petite d’autorité dans les bras de sa femme qui ne demandait pas mieux, afin de se tourner de façon à ce que personne ne voit à quel point il est ému par ce petit bout de chou.

La directrice n’en est pas dupe et comprend à leurs façons d’être que se seront des parents aimants pour cet enfant si longtemps sevré d’un réel amour.

- Coralie ma chérie !! Tu ne veux pas montrer ta chambre à la dame ?

La fillette toute heureuse.

- Siii !!!

- Alors vas-y ma puce, j’ai encore plein de chose à voir avec le monsieur et après j’aurai sans doute quelque chose à te demander.

Martine repose la fillette par terre, Coralie lui prend alors la main et l’entraine vers la sortie du bureau en sautillant.

- Viens !! Je vais te montrer mes poupées !!

Maurice et sa femme se jettent un coup d’œil où la joie peut s’y lire à livre ouvert, il regarde ensuite sa femme se laisser entrainer par l’enfant qui près de la porte se retourne et enlève son nez rouge en le tendant à Florian.

- Tiens !! Il est à toi !!

- Garde le princesse, je te le donne. Il te rappellera que tu as aussi un ami qui t’aime très fort.

- Tu reviendras me voir ?

- Bien sûr ma puce !! Quand tu seras dans ta nouvelle maison c’est promis.

- Avec le gros chat ?

- Pour ça !! C’est toi qui devras venir ! Hi ! Hi ! Allez !! Va montrer tes belles poupées à Martine.

Ce n’est qu’une fois qu’elles sont parties toutes les deux, que tout le monde reprend sa place et que la conversation toute administrative cette fois peut reprendre.

La fonction de Maurice au sein de l’état est pour beaucoup dans la rapidité des décisions qui se prennent alors et ne reste bientôt plus qu’une seule formalité pour que la demande d’adoption soit acceptée, la directrice pose encore quelques questions plus personnelles celles-là afin de se conforter dans sa décision.

- Lui donnerez-vous votre nom ?

- Si elle le souhaite, c’est bien sûr dans nos intentions. A-t-elle connue ses parents ?

- Quand ils sont décédés suite à un accident de voiture, la petite n’avait que deux ans. Elle ne se rappelle de rien, toute sa vie pour elle s’est jusque-là passée entre ses murs.

- A-t-elle encore de la famille ?

- Pas que je sache !! Son père était lui aussi orphelin et sa mère fille unique, ses grands-parents sont tous deux décédés et nous n’avons trouvés traces de cousins ou autres personnes qui auraient pu prendre la petite en tutelle.

- Connaît-elle son nom de famille ?

- Ce serait étonnant, ici nous ne l’avons toujours nommée que par son prénom.

- Donc ce ne serait pas un gros problème de lui donner le nôtre ?

- En effet !! Sauf si plus tard la demande vient d’elle pour reprendre celui de ses parents.

- Ne pourrions-nous pas lui donner les deux ? Coralie Désmaré-Rougieux !! Ça sonne plutôt bien, vous ne trouvez pas ?

La directrice sourit, elle est certaine qu’elle confie l’enfant entre de bonnes mains.

Les deux garçons restés silencieux et souriants lui démontre également qu’elle va se faire toute une famille car l’empathie qu’elle a avec ses deux garçons, lui semble déjà si fort qu’il serait étonnant qu’ils ne se voient rapidement attribués le titre de « tonton ».

Martine revient avec Coralie dans les bras et vient se rasseoir sur son siège.

- Je suis étonnée de cette visite vous savez, je n’aurai jamais cru que ses enfants soient aussi bien dans un établissement tel que celui-ci et je comprends que les enfants puissent s’y sentir chez eux.

La directrice souriante.

- Nous faisons de notre mieux, mais rien ne vaut une vraie famille pour qu’ils puissent se construire et devenir plus tard des adultes à part entière.

- Les attentes administratives seront-elles longues ?

La directrice fixe la fillette qui commence à avoir les yeux lourds et reste blottie dans les bras de Martine, prête de toute évidence à s’y endormir.

- Il reste encore un point à voir et si tout va bien nous pourrions signer les papiers nécessaires devant le juge des enfants d’ici une semaine, deux tout au plus étant donné les congés de fin d’années.

Maurice hoche la tête en signe d’accord.

- De quel autre point parliez-vous ?

La directrice montre la fillette du regard.

- Coralie ma puce ?

- Oui madame ?

- Ses braves gens voudraient que tu viennes vivre chez eux pour toujours, cela te ferait plaisir ?

Coralie lève les yeux vers Martine qui la berce depuis tout à l’heure, la femme et l’enfant se sourient tendrement et la petite fille reporte son regard vers la directrice.

- Oh oui !!

2eme ANNEE Fêtes de fin d’années, 2ème partie : (82/150) (Amid et Christophe)

(L’embauche) (suite)

Amid une fois à nouveau seul ressasse en boucle les paroles de son père, il connaissait bien sûr la liaison qu’Hassan a avec Omar comme d’ailleurs tous ceux qui vivent et sont en contact permanent avec eux.

Que son père soit assez crédule pour penser le contraire et croire que personne ne s’en soit rendu compte, alors que depuis vingt ans ils les voient se regarder comme si plus personne d’autre ne comptait pour eux le dépasse et Amid sourit en se remémorant certaines scènes qui au fil des ans lui ont fait comprendre que malgré la morale stricte de son pays, l’amour entre deux hommes n’était pas une tare.

Du moins pas cette sorte d’amour qu’il a eu sous les yeux depuis sa prime jeunesse, cet amour qui comme une drogue les rapproche toujours plus près l’un de l’autre, cet amour toujours qui mouille les yeux quand des mains fébriles à chaque anniversaire ouvre ce cadeau offert avec le cœur et non avec l’argent, cet amour encore qui laisse épuiser à dormir sur une chaise après de longues heures passées à veiller quand l’autre est malade, cet amour enfin qui malgré les tabous et les interdits perdure toujours aussi fort.

Amid essuie ses yeux qui laissent s’échapper les larmes d’émotions à ses souvenirs qui ont marqué toute son enfance et son adolescence, il se dit qu’il se sent prêt lui aussi et que son cœur comprend et ressent maintenant ce besoin de la présence de l’être aimé qu’il avait jugé parfois avec la méchanceté de l’enfance, n’en comprenant encore pas la finalité.

***/***

Hassan se présente devant le bureau de l’infirmière chef du service, il sourit en se rappelant l’histoire que cette brave femme a eue avec Florian.

Quand elle l’aperçoit en se levant d’un bond et en lui donnant du “votre altesse désire”, c’est plus fort que lui et sa réponse lui échappe.

- Rencontrer l’infirmier qui s’occupe de mon fils votre majesté !

L’infirmière pique un bol maison et ne sait visiblement plus comment se comporter face à cet émir qui visiblement vient de se moquer ouvertement d’elle.

Hassan s’en aperçoit aussitôt et sourit en s’excusant, pas très fier de lui de s’être laissé aller sans réfléchir à ce que ses paroles pourraient avoir d’humiliant.

- Excusez-moi madame, ça m’a échappé mais j’avais trouvé cette répartie tellement drôle que je n’ai pas pu me retenir. Je concède que ce n’était pas du meilleur goût venant de ma part, je n’ai certainement pas la méthode qu’a Florian à faire passer ça comme une pointe d’humour.

L’infirmière sourit à son tour.

- J’avoue que venant d’une personne telle que vous, j’ai été surprise et décontenancée. Pour Christophe, s’il n’est pas trop tard, vous le trouverez aux vestiaires des infirmiers. Le local au bout du couloir, la dernière porte de droite. Il m’a demandé l’autorisation de quitter son service plus tôt, ne se sentant pas très bien et c’est ce que j’avais remarqué depuis ce matin, alors je la lui ai accordée.

- (Hassan) Il est malade ?

L’infirmière sourit tristement.

- Du cœur certainement, je crois que ce jeune homme était amoureux et que quelque chose s’est passé. Une rupture sans doute !! Comme si un garçon aussi gentil méritait ça !! La vie de nos jours est très difficile à comprendre vous savez ? Faites vite si vous voulez lui parler !! Ça fait déjà un moment qu’il est parti se changer, ce serait étonnant qu’il soit encore là.

Hassan s’incline pour prendre congé.

- Merci pour vos indications et encore toutes mes excuses.

Hassan part alors d’un bon pas et entre dans la pièce indiquée où deux rangées de vestiaires font comme un long couloir au bout duquel il entend couler l’eau d’une douche, il s’y dirige aussitôt et ce qu’il voit alors lui serre le cœur.

Un jeune homme assis nu, les bras enserrant ses genoux sous le jet d’une douche et qui semble pleurer depuis déjà un long moment.

Hassan qui reconnait la chevelure du jeune homme, reste un instant figé devant une telle détresse évidente.

Il se doute bien de quel en est la raison et recule lentement pour ne pas gêner le garçon s’il s’apercevait de sa présence.

L’émir retourne dans la partie vestiaire, il s’assoit sur un banc pour réfléchir et attendre qu’il en sorte.

Deux personnes entrent alors et le regardent étonnés de le voir là, l’un deux lui pose alors la question.

- Excusez-moi monsieur mais cet endroit est réservé au personnel, c’est écrit sur la porte

!!

Hassan se lève.

- Je cherchais Christophe l’infirmier qui s’occupe de mon fils, l’infirmière-chef m’a dit que je le trouverais ici.

L’infirmier entend l’eau qui coule toujours dans la douche.

- C’est sans doute lui qui prend sa douche, je vais aller voir !!

2eme ANNEE Fêtes de fin d’années, 2ème partie : (83/150) (Amid et Christophe)

(L’embauche) (suite)

Pendant que le deuxième infirmier commence à se changer, l’autre fait le même chemin qu’Hassan quelques minutes plus tôt et bien sûr découvre la même chose que lui.

L’émir entend alors les paroles du garçon, qui s’inquiète de voir son ami prostré sur lui-même.

- Et bien « Christo » ?? Qu’est-ce que tu as ? Ça ne va pas ?

Une voix triste lui répond.

- Si t’inquiète !! Ça va aller !! Juste un coup de blues !!

- C’est parce que ton copain s’en va ? C’est ça ? Tu devrais te lever car il me semble que c’est son père qui t’attend à-côté, dans les vestiaires.

- De quoi !!!

- Si je te le dis !! En plus ça fiche un coup de le voir là !! Putain !! Mais regarde tes yeux ?? Va falloir que tu te forges une carapace mon pote, ça t’arrivera encore tu sais de t’attacher à un patient particulièrement sympathique. Faut pas te mettre dans des états pareils à chaque fois ou alors change de métier.

- Laisse-moi tu veux bien ? Tu ne comprendrais pas de toute façon, dis à son père que j’arrive dans cinq minutes.

- Ok ne te fâche pas !! Houlà !! Je disais juste ça pour ton bien !! Le prochain coup je fermerai ma gueule !!

L’infirmier revient près de son copain le visage visiblement contrarié, il s’adresse à Hassan en ôtant nerveusement sa blouse.

- Il arrive dans cinq minutes, vous pourriez l’attendre dans le couloir s’il vous plait ?

- Bien sûr, excusez-moi encore.

- Bah !! Ce n’est rien, juste que je n’aime pas me désaper devant des inconnus.

Hassan comprend très bien même si la façon de le dire était à la limite de la politesse, il a entendu néanmoins la conversation qu’ont eu les deux garçons et comprend l’énervement de celui qui s’est fait rabrouer plutôt vertement, alors qu’il n’avait pas l’intention d’être désobligeant avec son ami et ne cherchait au contraire qu’à le réconforter.

Hassan attend donc dans le couloir comme n’importe quel quidam, il sursaute en voyant apparaître Maurice Désmaré avec sa femme bientôt suivit par Florian et Thomas, qui se dirigent droit vers la chambre de son fils, sans doute pour lui donner ses dernières consignes avant qu’il ne quitte le centre hospitalier.

Florian indique à ses amis la salle d’attente, voulant apparemment y aller seul et s’apprête à frapper à la porte, quand il reconnait Hassan et le regarde d’un air étonné, se demandant bien ce qu’il peut faire à attendre comme ça à l’autre bout du couloir.

Hassan voit le jeune rouquin sourire, changer d’avis pour se diriger vers lui et lui faire les deux bises qui maintenant semblent tout à fait naturelles pour l’émir.

- Bonjour ton altesse ! Ils ont changé le jeune prince de chambre ?

- Heu non !! J’attends juste que Christophe sorte des vestiaires.

Je l’observe un moment.

- C’est quoi le lézard ?

Hassan hésite, puis en soupirant se lance dans des explications rapides sur le pourquoi de sa présence ici et de ce qu’il a pu être témoin ses dix dernières minutes.

- Pourquoi Amid ne lui a rien demandé ?

- Il a eu peur d’un refus et du coup c’est moi qui m’y colle !! Je t’avouerai que je ne sais pas trop comment faire après ce que je viens de voir, tu comprends Florian ? Ce genre d’histoire chez nous est jugé comme un délit et peut aller jusqu’à la peine de mort.

- Pourquoi tu ne changes pas cette loi ? Après tout c’est toi le prince, non ?

- (Hassan sourit) Tu résous vite les problèmes toi !! Si seulement c’était aussi simple, malheureusement ça ne l’est pas et mon peuple n’est pas prêt à ce genre de changement, il n’hésiterait pas à me lapider si j’envisageai un tel changement.

- Pourtant ça existe aussi chez vous pas vrai ?

- Bien sûr !! Mais c’est un tabou trop puissant dans nos coutumes pour pouvoir changer les choses comme ça.

- Pfff !! C’est bien la peine de construire des villes sur l’océan si c’est pour y vivre comme au temps des hommes des cavernes !!

- C’est comme ça Florian et crois moi, j’en suis le premier désolé.

- C’est pour ça que tu ne tiens jamais Omar par la main alors ?

Hassan devient crayeux d’un seul coup et fixe Florian abasourdi.

- Qu’est-ce que tu viens de dire ???

- Tu m’as très bien entendu, alors ne fais pas celui qui ne comprend pas !!

- (Hassan hésitant) Tu as vu ça où ??

- Suffit de vous regarder quand vous êtes ensemble ! Hi ! Hi !

Je lui mime alors son expression quand il est devant son « secrétaire ».

- Plutôt ressemblant, pas vrai !!! Hi ! Hi !

2eme ANNEE Fêtes de fin d’années, 2ème partie : (84/150) (Amid et Christophe) (L’embauche) (fin)

Hassan stupéfait, mais retenant difficilement son envie de rire devant la tête de merlan frit que vient de prendre le jeune homme.

- Je ne suis pas comme ça, rassure-moi !!

- Meu non !! Vous deux c’est pire ! Hi ! Hi ! La prochaine fois que tu vois Omar regarde ses yeux, ils parlent mieux que tout le reste. Bon !! De toute façon ce ne sont pas mes affaires et je suis plutôt mal placer pour te faire la morale ! Hi ! Hi ! Tu veux que je t’aide pour Christophe ? Donne-moi le contrat et laisse-moi faire, je suis certain qu’il va retrouver son sourire avant pas longtemps.

- (Hassan hésitant) Qu’est-ce que tu vas lui dire ?

Je lui tends la main pour qu’il me donne le contrat.

- Ça c’est mon affaire et si j’ai bien compris votre façon de procéder, ce que vous ne savez pas n’existe pas, c’est bien comme ça qu’il faut le voir pas vrai ?

Hassan ne peut s’empêcher de sourire, impressionné par l’esprit vif qu’a ce jeune garçon à comprendre les choses qui pourtant ne sont pas dans sa culture.

Il porte sa main dans sa veste et en sort plusieurs feuillets, qu’il lui tend en soupirant de la satisfaction et du soulagement de lui laisser mener les négociations à sa façon.

Façon qu’il ne doute pas un instant qu’elle sera beaucoup plus franche que celle qu’il aurait lui-même utilisée pour convaincre ou du moins essayer de le faire, l’infirmier de son fils à accepter son offre.

La porte des vestiaires s’ouvre et trois gars en civil en sortent, Christophe se fige et n’ose plus faire un pas, Hassan et Florian, voient bien ses yeux rougis et gonflés qui démontre que le jeune homme ne va pas bien et que sa tristesse n’est pas feinte.

Florian s’approche de lui rapidement pour le prendre par la manche, en l’entrainant dans le couloir jusqu’à la chambre d’Amid qu’il ouvre sans frapper et dans laquelle il pousse le jeune homme avant de le suivre en refermant derrière lui.

Hassan est étonné de cette façon assez brusque qu’a eu Florian et revoit l’expression de surprise de Christophe, quand il s’est laissé entrainer tel un pantin sans qu’une parole ne soit prononcée.

Maintenant c’était peut-être ce qu’avait besoin le jeune infirmier pour le suivre sans trop se poser de questions, indiquant par-là combien la manière employée démontre le degré de connaissance de la psychologie humaine que maîtrise naturellement le jeune chirurgien.

La lumière au-dessus de la porte s’allume, Hassan se dit que maintenant il n’a plus qu’à croiser les doigts et attendre.

***/***

Amid voit la porte s’ouvrir brusquement et Christophe y entrer comme propulsé par quelque chose ou quelqu’un, il voit ensuite entrer à sa suite Florian qui referme la porte et actionne l’inter signalant les soins en cours, signifiant que personne ne doit pénétrer dans la chambre.

Christophe reste sans réaction et Amid remarque aussitôt l’état dévasté de son visage, il comprend alors que son ami tout comme lui vit un drame émotionnel et sursaute quand le jeune rouquin attrape son copain en le poussant sans aménité, jusqu’à ce qu’il s’assoit sur le lit juste en face de lui toujours confortablement installer dans son fauteuil.

- Bon !!! Comme c’est moi qui m’y colle, alors écoutez-moi bien tous les deux !!! Interrompez-moi juste si je me trompe !!

Je pointe mon doigt vers Amid, qui me regarde incrédule en se demandant ce qu’il me prend soudainement.

- Toi !! Tu as besoin d’un infirmier ? D’un secrétaire ? Qu’il vienne avec toi dans ton pays ? Et tu l’aimes !!

Je ne leur laisse pas le temps de réagir même si je vois bien qu’ils ne se lâchent plus du regard, je pointe mon doigt cette fois ci vers Christophe.

- Et toi !! Tu es infirmier ? L’idée d’être son secrétaire ne te rebute pas ? Tu es d’accord pour le suivre dans son pays ? Et tu l’aimes !!

Le temps qu’ils comprennent bien mes paroles, je dépose ensuite le contrat sur la table en sortant un stylo de ma poche.

- Très bien !! Je vois que nous sommes tous d’accord !! Il ne reste plus maintenant à Christophe qu’à lire et signer ce contrat !! Ensuite je vous laisserai tranquille et vous pourrez vous faire un gros câlin, que j’ai au moins le plaisir de vous revoir souriant et heureux avant que vous nous quittiez. Ce n’était quand même pas compliqué !! Non mais !! Ah oui !! Une dernière chose !! Bien sûr ce n’est pas Hassan qui m’envoie, alors maintenez la tradition les gars Hi ! Hi ! Qui ignore ne juge pas !!

2eme ANNEE Fêtes de fin d’années, 2ème partie : (85/150) (Aix) (Septième jour) (Patricia) (suite)

Hassan voit Florian ressortir de la chambre quelques minutes à peine après y être entré, il le regarde refermer la porte et s’aperçoit que la lumière est restée allumée.

Florian capte son regard et sourit en lui tendant les papiers qu’Hassan parcourt avidement pour vérifier qu’ils sont bien signés.

- Voilà le travail ton altesse !! Amid sera aux petits soins tu peux me croire sur parole et d’ailleurs je crois bien que tu vas devoir encore poireauter un moment avant de récupérer le fiston ! Hi ! Hi ! Faut dire qu’après tous ses événements, ils ont besoin de se « remonter » le moral.

- Christophe a accepté de nous suivre alors ?

- Bien sûr !! Il n’attendait juste que quelqu’un le lui demande, j’ai idée qu’il n’y avait pas grand-chose qui le retenait ici tu sais ?

- Qu’est ce qui te fait penser ça ?

- Je ne sais pas !! Une impression !! Je ne serai pas étonné plus que ça si il n’y avait pas grand-chose à déménager, ce garçon se sentait manifestement aussi seul que ton fils et n’attendait que de trouver l’âme sœur pour s’échapper de son quotidien.

Hassan hoche la tête.

- Je ne préfère mieux pas savoir quels ont été tes arguments, mais ils ont été à l’évidence très efficaces.

- Bah !! Je les ai juste mis devant leurs vérités, ensuite le reste s’est fait tout seul. Pour Amid ne le laisse pas trop forcer au début, il peut marcher mais progressivement et pour le reste c’est pareil, qu’il fasse attention au début car sa colonne même si elle est remise en place est encore fragile.

- (Hassan étonné) Le reste ?

- Bah oui quoi !! Tu crois peut-être qu’ils vont jouer aux cartes quand ils seront seuls ! Hi ! Hi !

- Oh !!

- Relaxe papa !! Tu as été jeune toi aussi ! Hi ! Hi !

***/***

« Pendant ce temps-là, au cirque. »

Patricia ne quitte pas des yeux Yuan depuis qu’il s’est levé ce matin, elle le trouve épanoui et comprend qui ne lui manque plus rien pour exprimer comme il le fait sa joie de vivre.

Quand ils ont ouvert les yeux et l’ont vue debout près du lit à les regarder, elle a été agréablement surprise de ne constater aucune gêne sur leurs visages et qu’au contraire, ils étaient heureux de la surprise qu’elle leur faisait d’être passée les voir.

Florian et Thomas étant pressés car ils avaient pas mal de choses de prévues ce matin, elle s’est vite retrouvée en tête à tête avec son chéri et depuis ils ne cessent de discuter gaiement, sans non plus que Yuan s’étale plus que nécessaire sur la fin de nuit qu’il vient de passer avec ses deux amis.

Il lui a juste fait comprendre que c’était tout simplement trop bien et qu’il ne la remercierait jamais assez d’être aussi compréhensive de lui permettre d’être lui-même sans chercher à le changer.

Ils marchent main dans la main depuis plus d’une heure sans réel but précis, profitant juste d’une journée ensoleillée et du plaisir de n’être que tous les deux en amoureux.

- (Patricia) Tu sais ce qui bloque Florian et Thomas, pour que je sois avec vous ?

- (Yuan) Ils te l’ont dit ?

- Florian oui, hier matin quand il m’a demandé s’ils pouvaient te garder avec eux cette nuit.

Yuan en plissant les yeux d’amusement.

- Ils avaient tout prévus alors !!

Patricia s’arrête et pointe son doigt sur le torse de son chéri.

- C’est une chose que toi aussi tu aurais pu faire !!

- Mais !! Comment veux-tu ? Je n’étais pas au courant de leurs intentions, c’était une surprise qu’ils voulaient me faire !!

- Ouaih !! Mais quand même !! J’aurais pourtant bien pensé que tu m’aurais appelée pour me prévenir !!

Yuan baisse la tête, il sait bien qu’elle n’a pas tort.

- J’étais comme dans un nuage, tu comprends et je n’ai pensé à rien d’autre qu’à la nuit que nous allions passer.

- Tu n’es pas un mec pour rien !! Comme tous, il n’y a que la queue qui vous gouverne et le reste ne compte plus.

- (Yuan piteux) Tu m’en veux ?

- Bien sûr que je t’en veux, qu’est-ce que tu crois !! C’est encore bon que « Flo » ai eu plus de considérations pour moi et qu’il m’en ait parlé, maintenant il ne te reste plus qu’à essayer de te faire pardonner.

- Je ferai ce que tu veux, je t’aime « Pat » !! Tu es la seule fille à qui j’ai envie de dire ça et tu le sais bien.

- Bien sûr que je le sais mais comme tu le dis si bien, je suis la seule « fille » mais il y a Florian et Thomas.

Yuan s’essaie à la plaisanterie.

- Ce ne sont pas des filles ! Hi ! Hi !

- Tu m’as très bien compris !! Je suis certaine qu’à eux aussi tu dois leur dire que tu les aimes.

2eme ANNEE Fêtes de fin d’années, 2ème partie : (86/150) (Aix) (Septième jour)

(Patricia) (fin)

Yuan baisse une nouvelle fois la tête, sentant bien que l’orage n’est encore pas passé.

- Oui mais ce sont les seuls eux aussi !!

- Encore heureux !! Quand j’ai eu envie de mieux te connaitre, je savais pertinemment qu’ils comptaient beaucoup pour toi et je l’ai accepté, maintenant je n’en accepterai pas d’autres que ce soit clair entre nous !!

- Je n’ai pas envie qu’ils y en aient d’autres, j’aime à la fois une fille et deux garçons !!

Aussi bizarre que ça puisse paraître, c’est un fait et j’en ai pris mon parti !!

- Alors c’est bien !! Tu m’as bien dis que je pouvais te demander ce que je voulais pour me faire te pardonner ?

- Qu’est-ce que tu veux que je fasse ? Me mettre à genoux et te demander pardon ?

- Trop facile ça !! Ne crois pas t’en tirer à si bon compte !!

- Alors quoi ?

- Tu m’as dit aimer deux garçons et une fille et moi j’aime trois garçons donc ce n’est pas compliqué, tu sais ce que j’attends de vous à présent.

- Tu en as parlé à « Flo » ? Je sais qu’ils ne sont pas contre cette idée, quelque chose semble les retenir pourtant. Il ne t’en a pas parlé ? Lui qui est aussi franc, ce serait étonnant qu’il ne l’ait pas fait.

- Et bien si justement, il m’en a touché deux mots.

Yuan fixe sa chérie avec impatience.

- Alors quoi ?

- Il m’a dit qu’ils avaient peur de ne pas bander avec une fille, mais je suis certaine qu’il se trompe.

- Comment peux-tu en être si sûr ?

Patricia sourit avec malice.

- Sinon il ne m’aurait pas dit qu’il m’aime et que Thomas aussi.

Yuan est sur le cul les yeux ronds.

- Il t’a dit ça comme ça ?

- Traite-moi de menteuse pendant que tu y es !!

- Mais non enfin !!! C’est juste…. énorme !!! Tu comprends !!!

- (Patricia sourit) Si tu le dis, il ne te reste plus qu’à organiser notre première soirée mon grand et n’essaie même pas de me donner une raison bidon pour te défiler.

Yuan est surpris de ses dernières paroles.

- Pourquoi veux-tu que je fasse ça ?

- Ça ne te fait rien si je couche avec d’autres garçons que toi ?

- (Yuan choqué) D’autres garçons ?? Ha !! Tu parles de Florian et Thomas ??

Se voulant rassurant.

- J’aurais mauvaise presse à être jaloux d’eux après la nuit que je viens de passer en leur compagnie, reconnais-le !!

Patricia a senti le changement de ton dans la voix de son chéri.

- Oui mais tu m’aimeras toujours autant après ?

Yuan prend le temps avant de répondre, ils continuent un long moment à marcher main dans la main en silence et la jeune femme le surveille du coin de l’œil en guettant ses expressions, se demandant bien qu’elles sont ses pensées actuelles.

Yuan s’arrête et se tourne vers elle en lui prenant la main, qu’il serre alors suffisamment fort pour contrecarrer les tremblements dont les siennes sont prises.

- Honnêtement ? Je n’ai pas de réponse à ta question, j’espère de tout mon cœur que ça ne changera rien ni pour nous deux ni pour Florian et Thomas.

- Mais !! De quoi as-tu peur ?

Yuan hésite avant de reprendre la parole.

- Ils sont homos tu comprends !! J’ai peur qu’ils se détachent de moi s’il faut que tu sois là chaque fois que nous aurons envie d’intimités et je ne suis pas prêt à ce genre de choix, alors j’ai peur de t’en vouloir un jour si ça arrivait et je ne veux pas que ça arrive, je t’aime et je les aime.

Patricia sent bien les tiraillements affectifs du jeune asiatique, voudra-t-elle prendre le risque de les perdre tous les trois ? Tient-elle suffisamment à Thomas et à Florian, ou n’est ce juste qu’une façon inconsciente qu’elle a trouvée pour garder toujours un œil sur Yuan ?

Thomas est d’une grande beauté, l’attirant autant pour son aspect physique que pour sa gentillesse et ses sourires à couper le souffle.

Florian ? (Patricia ne peut s’empêcher de sourire.) C’est le petit frère qu’elle aurait toujours rêvé d’avoir, l’ami qui sait l’écouter et la faire rire, le confident avec qui elle peut se dévoiler sans complexes.

Patricia en se répétant ses trois mots, « frère » « ami » « confident », comprend alors qu’il n’y a pas eu le mot amour dans le sens charnel mais bien dans tous les autres sens qu’il peut avoir et qu’elle s’apprêtait à faire un amalgame dont elle ne serait pas sortie indemne elle non plus.

C’est à son tour cette fois ci de serrer plus fort les mains de Yuan pour arrêter ses tremblements, le grand brun la fixe avec intensité en cherchant à comprendre le trouble qu’il peut y lire et la serre rapidement contre lui, quand il aperçoit deux grosses larmes perlées et s’écoulées sur ses joues.

Yuan s’imagine alors que ce sont ses dernières paroles et s’en veut de les avoir prononcées, même si c’était ses vraies interrogations qu’il lui avait données honnêtement.

- Allons « Pat » chérie !! Si c’est ce que tu veux vraiment, je leurs en parlerai. Ce n’est pas la peine de te mettre dans des états pareils.

Patricia l’embrasse avec passion.

- C’est moi qui avais tort, je viens juste de me rendre compte que l’amour que j’ai pour eux n’est pas le même que celui que j’ai pour toi.

Yuan est visiblement à l’ouest.

- Wouah !!! Je croyais pourtant bien connaitre votre langue, mais là c’est du pur charabia ! Hi ! Hi ! L’amour c’est l’amour non ?

- Est-ce que tu aimes ton père ?

- Bien sûr que oui !!

- Comme Florian, Thomas ou moi ?

- Bien sûr que non ! Hi ! Hi ! Manquerait plus que ça !!

- Pourtant c’est de l’amour aussi, non ?

2eme ANNEE Fêtes de fin d’années, 2ème partie : (87 / 150) (Aix) (Septième jour)

(Au cirque)

Le déjeuner se termine et comme d’habitude, c’est comme une nuée de moineau quand tous partent seuls ou à plusieurs passer cet après-midi froid mais ensoleillé où bon leurs semblent.

Thomas est allé voir ses parents qui lui manquent et compte passer un peu de temps avec eux, les filles tiennent toutes à partir en ville pour faire les dernières emplettes avant le réveillon qui est pour le lendemain soir et emmènent avec elles les deux mamies heureuses de l’aubaine.

Les garçons dans la grande majorité sont partant pour un ciné et après pourquoi pas, finir l’après-midi au bowling.

Florian lui éprouve l’envie de se plonger dans ses lectures et rentre tranquillement au chaud dans sa roulotte, pour s’installer confortablement dans le canapé avec ses derniers achats de bouquins qu’il dépose en pile à ses pieds.

Le reste du cirque vaque à ses occupations, que ce soit artistes ou ouvriers et le petit bruit de fond de toute cette agitation berce Florian qui bientôt sans vraiment s’en rendre compte, pique du nez et s’endort avec son livre ouvert sur les genoux.

***/***

« Quelques heures plus tard. »

Maxime et Julien sont les premiers à rappliquer et entrent dans la roulotte pour se servir un coup à boire et se préparer ensuite pour le dîner.

La vue du tas de livres au sol devant le canapé les fait sourire, comprenant à quel genre de loisir Florian a passé le reste de son après-midi.

Ce n’est qu’un peu plus tard, quand ils sont tous deux douchés et prêts à ressortir, que Thomas rentre à son tour de sa visite dans sa famille.

- (Thomas) C’est déjà l’heure de la bouffe ?

- (Maxime) Ça ne va pas tarder oui !!

Thomas aperçoit la pile de livre et sourit.

- Einstein dans ses œuvres.

- (Julien) C’est comme ça qu’il voit les vacances ! Hi ! Hi !

- (Thomas) Il n’est pas là ?

- (Maxime) Pas depuis que nous sommes revenus, il a dû en avoir marre et partir faire un tour.

Thomas fronce les sourcils.

- En laissant ses livres traîner par terre ? Bizarre !! Ce n’est pas dans ses habitudes.

- (Julien) Tu n’as qu’à l’appeler ?

Thomas ne se le fait pas dire deux fois, prenant son portable en main il envoie l’appel sur la touche de raccourci qui lui montre l’image de son ami souriant pendant que l’appareil cherche la connexion.

Une sonnerie étouffée sort alors du canapé et Maxime d’un seul coup soucieux, fonce à la recherche de l’appareil qu’il découvre coincer entre les assises du canapé et les coussins.

Les trois garçons se regardent et un vent de panique commence à les prendre.

Thomas remarque alors un chiffon blanc, roulé en boule et qui est tombé au sol lorsque Maxime a soulevé le coussin, il le prend dans ses mains et le porte à son nez en faisant une grimace.

- Ça pue !! C’est quoi cette odeur ? Ça me rappelle quelque chose !!

Maxime le lui prend des mains et le porte à son nez à son tour, son visage devient livide quand il reporte son regard vers ses deux amis.

- C’est du chloroforme !! Qu’est-ce que ça fout là !!

Julien devient livide à son tour.

- Florian !!! Il s’est fait enlever !!!

Les deux garçons regardent Thomas qui contre toute attente garde un calme olympien et leur donne des ordres en même temps qu’il cherche un numéro dans son répertoire.

- « Max » !! Regarde s’il y a des hommes à Maurice dans le coin et fais les venir ici, vite !! « Ju » !! Fais le tour du cirque et voit si quelqu’un l’a vu récemment, ou s’il a remarqué un truc inhabituel !!

Les deux garçons sortent comme des flèches de la roulotte et commencent à alerter tout le monde autour d’eux.

Thomas entend le déclic de la communication.

- Allô Maurice ??

- ……

- C’est « Flo » !! Je crois qu’il s’est fait enlever !!

- ……

- C’est ce que nous sommes déjà en train de faire !!!

- ……

- Tu vas le retrouver, dis ?? Ils ne lui ont rien fait de mal hein ??

- ……

Thomas raccroche et laisse tomber l’appareil sur le lino du sol, les larmes s’échappent alors de ses yeux quand il craque soudainement.

Il ne voit pas revenir Maxime avec deux hommes de la DST, l’un d’eux se tenant la tête avec les doigts couverts de sangs et qui s’écroule à son tour sur le sol de la roulotte.

2eme ANNEE Fêtes de fin d’années, 2ème partie : (88/150) (Aix) (Septième jour)

(L’enlèvement)

« Une heure plus tard. »

Patricia et Carole sont auprès de Thomas qui a été allongé sur son lit, elles lui tamponnent les tempes avec un linge humide en lui prodiguant des paroles qui se veulent rassurantes.

Maurice et Patrice sont là également à mettent tous les moyens en œuvres pour retrouver les agresseurs.

Deux des hommes de Maurice ont été retrouvés gisants dans leurs sangs, salement amochés mais toujours vivants et le troisième, celui qui est rentré avec son collègue à l’appel de Maxime, arbore un énorme pansement sur son crâne.

Pansement que lui a fait Julien et qu’il maintient fermement de sa main droite, toujours à moitié sonné pour le compte.

L’ambulance repart avec les deux blessés, plus un autre homme les accompagnant sur l’ordre de Maurice qui tient à avoir des nouvelles de leurs états de santé rapidement.

Patrice tourne comme un lion en cage.

- Qu’est-ce qu’on peut faire maintenant ?

- (Maurice) Attendre !! Tous les services de polices sont avertis et patrouillent la ville. Les routes, les gares et les aéroports sont sous surveillance, nous ne pouvons plus faire grand-chose d’autre que d’attendre.

Patrice sursaute, pensant tout d’un coup à quelque chose.

- Les chats !!! Où sont les chats !!

Maxime d’une voix blanche.

- Je les ai envoyés à la recherche de leur maître dès que je les ai vus !!

Maurice vient lui tapoter fièrement l’épaule.

- Tu as très bien réagi mon garçon.

***/***

« Quelque part en ville. »

Je sens mon crâne qui va exploser !! J’ouvre les yeux en me demandant où je suis, j’étais tranquillement en train de lire et me voilà dans cet endroit humide sans lumière.

Mes yeux commencent à y voir plus clair, j’aperçois les murs et la porte métallique, je suis allongé sur un sol en terre battue et mes membres sont entravés par des liens, une corde trop serrée qui me coupe la circulation sanguine.

J’ai froid, l’humidité du sol a détrempé mon pantalon et mon pull, je commence à claquer des dents en tentant de réfléchir à ma situation.

« Kidnappé » !!! C’est la première chose qui me vient à l’esprit, j’ai été kidnappé !! Une onde de panique manque de me submerger, j’arrive non sans mal à la juguler et à garder une certaine lucidité, mon crâne tape toujours autant et une odeur de chloroforme reste accrocher à mes narines.

Je ne sais pas depuis combien de temps je suis enfermé dans ce qui ressemble à une cave, mais je ne doute pas un instant que quelqu’un va très vite s’apercevoir de ma disparition et va donner l’alerte, il me suffit d’être suffisamment patient et d’économiser mes forces, au cas où une occasion se présenterait de pouvoir m’échapper.

Maintenant je me rends très bien compte que j’ai à faire à des professionnels et que la tâche n’est pas gagnée d’avance.

Je referme les yeux en pensant qu’autant vaut mieux continuer à faire celui qui dort, que ça laissera plus de temps aux recherches s’ils attendent mon réveil pour m’emmener ailleurs.

***/***

Igor raccroche satisfait, son plan pour l’instant se déroule comme prévu et le gamin est entre leurs mains.

Il sait très bien que le plus difficile reste à faire et que le sortir du pays voir même du département, ne va pas être une chose facile.

Maintenant son esprit tourne à plein, il commence même à se demander si c’est la bonne idée et si c’est une bonne chose de continuer l’opération, ou s’il doit rapidement changer son fusil d’épaule et enclencher une autre phase de son plan qu’il a mis en place également, au cas où il ne lui serait pas possible de le faire sortir du pays avec suffisamment de chances de réussites.

Il a un peu de temps pour prendre sa décision et préfère donc attendre pour voir, après tout peut être que la première solution est encore réalisable.

Il envoie un message à ses hommes sur place, ou juste une phrase suffira à leur faire comprendre les nouvelles instructions.

Un sourire jubilatoire plisse ses bajoues graisseuses, ses petits yeux porcins brillent de contentement de ce qu’il s’apprête ensuite d’annoncer à son chef.

Une fois le message terminé, il le relit et l’envoie, Igor quitte ensuite son bureau et d’un pas qu’il voudrait plus agile, se dirige vers celui de Vladimir dont il ne doute pas un instant que l’annonce de ce succès rapide va le réjouir.

2eme ANNEE Fêtes de fin d’années, 2ème partie : (89/150) (Aix) (Septième jour)

(L’enlèvement) (suite)

En haut de l’escalier menant à la cave, quatre hommes sont installés à une table et jouent aux cartes pour passer le temps.

Un bip annonçant un message leurs fait relever les yeux vers leur chef qui le lit et le leurs fait passer afin qu’ils puissent prendre eux même connaissance des nouvelles instructions.

« Continuer le plan A, mettre en route en parallèle le plan B »

Celui qui est le chef fait un signe de tête à un de ses hommes qui monte à l’étage, il ouvre une porte et secoue la personne étendue sur le lit, visiblement en plein sommeil.

- Prépare-toi !! Plan B !!

- Pourquoi ? Vous avez le garçon pourtant ?

- Ce sont les ordres du Kremlin, ils doivent bien savoir ce qu’ils font. N’oublie pas ce qu’on attend de toi !!

- Ok !! Je descends !!

L’homme ressort et referme la porte, il redescend ensuite rejoindre ses complices et fait un signe de tête à son chef en signe que le message est passé.

***/***

Les personnes qui bravent encore ce froid sec et pénétrant en ce début de soirée, s’arrêtent étonnés et regardent d’un œil admiratif les deux magnifiques siamois qui courent à toutes pattes vers un but qu’eux seuls semblent connaitre.

À chaque carrefour, ils ont un petit moment d’hésitation avant de repartir de plus belle.

Ils s’arrêtent aussi fréquemment quand ils croisent un de leurs semblables, qui quelques brèves minutes après ça les suivent du même rythme endiablé.

Dans la partie ouest de la ville, quand ils y arrivent enfin et s’arrêtent à l’approche d’un quartier de vieilles maisons datant toutes du siècle dernier, ils sont déjà une bonne vingtaine derrière « Tic » et « Tac » qui miaulent doucement comme s’ils leur donnaient des instructions.

Les deux siamois se regardent un instant et « Tic » après un dernier miaulement, fait demi-tour et s’en retourne à vive allure, laissant son frère avec leurs nouveaux amis pour retourner seul au cirque et prévenir les humains qu’ils ont retrouvé la trace de leur maitre.

« Tac » suivit des autres matous, s’approche d’une des bâtisses et en saute lestement le muret qui sépare le terrain de la route.

Ensuite toujours suivit de ses congénères, ils en font le tour jusqu’à une grille fermant une petite fenêtre d’aération de la cave.

« Miaou »

***/***

Je rouvre les yeux au bout d’un moment qui me semble très long, j’entends bien des bruits au-dessus de ma tête mais personne apparemment ne se préoccupe de moi et de savoir si je vais bien.

Un son me fait dresser les oreilles, une porte s’ouvre et des pas martelent rapidement l’escalier.

Aux bruits qui me parviennent, je dirais qu’il y a trois personnes qui descendent.

Au lieu de venir devant la porte derrière laquelle je me trouve enfermé, ils tournent sur la droite et j’entends une autre porte s’ouvrir suivit par des bruits se faisant entendre de l’autre côté du mur.

La porte se referme et les pas remontent lentement les marches, bizarrement je ne compte plus que deux personnes et je me demande bien ce qu’ils ont fait du troisième.

Une plainte me renseigne alors, je crois comprendre qu’une autre personne a eu « l’immense privilège » comme moi d’être enfermé.

La porte du haut claque en se refermant et me sachant seul, je tente de me redresser malgré les liens qui m’entravent les membres.

Le froid se fait de plus en plus sentir et mes vêtements imbibés d’eau me donnent des frissons, j’arrive à m’asseoir et je scanne la cave car s’en est bien une où on me retient prisonnier.

Deux petits yeux brillant sont fixés sur moi et dès que mon regard se pose sur eux, ils disparaissent dans un trou minuscule en poussant un petit couinement visiblement effrayé.

Ma gorge laisse alors échappée un son aigu presque inaudible à l’oreille humaine et bientôt je vois un petit museau moustachu pointé à l’entrée du trou.

C’est à ce moment-là que j’entends le miaulement au-dessus de ma tête et que mon regard part direct en direction du soupirail où une tête elle aussi moustachue mais bien connue celle-là, apparait à ma vue et me donne le sourire ainsi qu’un grand « ouf » de soulagement.

« Miaou » !!!

2eme ANNEE Fêtes de fin d’années, 2ème partie : (90/150) (Aix) (Septième jour)

(L’enlèvement) (suite)

Maurice est retourné au commissariat d’Aix en Provence où il dirige les recherches ainsi que la mise en place des barrages, depuis le bureau qui lui a été attribué.

Surveillance accrue du fret et des passagers de toutes partances aux aéroports les plus proches, les gares des alentours ont droit à la même surveillance ainsi que les routes où des camionnettes de gendarmeries placées aux endroits stratégiques vérifient l’identité et le contenu des coffres de tout véhicule, voiture ou camion qui sort de la ville.

Heureusement que l’heure et le temps ne prêtent pas aux déplacements ce soir-là, le lendemain sera beaucoup plus difficile s’ils ne retrouvent pas Florian d’ici là.

Maintenant ils peuvent très bien également attendre tranquillement dans la planque qu’ils se sont trouvés et là c’est une autre histoire, Maurice est bien conscient qu’ils ne peuvent pas fouiller toute la ville maison par maison.

Malgré tout le temps joue pour eux pense-t-il avec un maigre sourire d’espoir, Florian s’ils l’approchent de trop près pourrait avec son empathie retourner tout ou partie de ses kidnappeurs à sa cause et c’est aussi un des plus gros espoirs de Maurice qui se raccroche à tout ce qui pourrait le rassurer sur le devenir du garçon.

***/***

Le chapiteau est plein, les billets pourtant ont été remboursés car personne n’avait à cœur de faire son spectacle alors qu’ils se demandent tous avec anxiété ce qu’il a pu advenir de celui qui est devenu tout naturellement au fil des jours plus qu’un simple ami.

Le chapiteau est donc plein de ses amis, ceux d’Aix, du cirque, ou de ceux l’ayant suivi en vacances jusqu’ici.

Par petits groupes suivant les appétences où l’on retrouve aussi bien les grands parents de Florian, Hassan et ses hommes, jongleurs et autres artistes ainsi que les ouvriers du cirque, tous le visage défait à attendre des nouvelles qui leur feraient retrouver le sourire.

Ils y sont tous sauf ceux regroupés dans une roulotte et qui tentent par tous les moyens de réconforter Thomas ainsi qu’eux-mêmes par la même occasion.

Comme à s’y attendre ils sont trois autour du jeune homme, Raphaël tout comme son ami dans un état de détresse à briser le cœur des plus insensibles.

Éric qui n’est on le comprendra sûrement pas mieux dans sa peau que son chéri et enfin Yuan qui tient Thomas dans ses bras comme si sa vie en dépendait et qui cache derrière la chevelure blonde de son ami, la terrible épreuve qu’il vit pour la première fois de sa vie ; Epreuve qui le brise petit à petit au fur et à mesure que le temps passe sans nouvelles.

« Tic » arrive dans l’enceinte du cirque, il s’arrête les oreilles aux aguets et s’élance à nouveau vers l’endroit où est certainement la personne qu’il cherche.

Il entre sous le chapiteau et saute dans les bras de Frédéric qui en a un sursaut de frayeur, en se demandant ce qui pouvait bien lui tomber dessus comme ça sans prévenir.

- « Tic » ?? Où est ton frère ??

- Miaou !!!

Frédéric ressent comme une flèche qui lui traverse le cœur, il cherche immédiatement Patrice des yeux et une fois qu’il l’a visualisé, se dirige vers lui en criant à pleins poumons tellement il est soulagé.

- Patrice !!!! Par ici !!! « Tic » est rentré !!!

- (Patrice) Il sait où est « Flo » ??

- Je suis certain que oui !! En plus c’est la première fois que je le voie sans son frère !!

Patrice regarde le chat dans les yeux.

- Florian !! Tu comprends ?? Je cherche Florian !!!

« Tic » saute des bras de Frédéric et se dirige vers la sortie du chapiteau, sous le regard captivé de ceux qui se sont rendu compte de sa présence.

- Miaou !!!

Patrice réagit aussitôt et alerte ses hommes.

- Préparez les voitures !!! Nous allons suivre le chat !!! Frédéric ? Préviens Maurice et dis-lui qu’il n’aura qu’à suivre la balise que je vais lui mettre à son collier, code bleu !! Tu te rappelleras ?

- Bien sûr !! La balise, code bleu !!

- C’est ça !! Allez les gars, on fait fissa !! Pas de temps à perdre, on ne sait pas ce qu’ils sont en train de faire au gamin !!

***/***

« Quelques minutes plus tard dans la roulotte. »

« Toc ! Toc ! »

Éric va ouvrir et se retrouve nez à nez avec Aurélien qui entre tranquillement en ôtant ses chaussures, les quatre garçons tournent leurs visages ravagés par le chagrin vers lui en attendant de connaitre les raisons de sa venue.

Aurélien se frotte les mains en grelottant.

- Brrr !! Il fait plutôt frisquet dehors les gars !!

Il remarque enfin les regards attentifs qu’ils posent sur lui.

- Et bien quoi ? J’amène les nouvelles !!

Voyant qu’il se tait et va tranquillement s’asseoir dans un des fauteuils, Éric n’y tient plus.

- Alors !!! Tu accouches oui !!

Aurélien le regarde surpris.

- Hé !! Doucement !! Mais c’est qu’il mordrait, j’étais juste venu vous donnez des nouvelles de Florian, en fait je crois qu’ils ont retrouvé sa trace, c’est « Tic » qui est venu chercher Patrice et ils sont tous partis à le suivre. Tiens ?? Il m’a l’air bien ce bouquin !!

Les quatre garçons se lèvent d’un bond et se regardent plein d’espoirs, Éric leur montre Aurélien qui prend un des livres de Florian et commence à en lire le titre.

- Bon les gars !! Qu’est-ce qu’on fait ?? je propose qu’on l’étripe !!

2eme ANNEE Fêtes de fin d’années, 2ème partie : (91/150) (Aix) (Septième jour)

(L’enlèvement) (suite)

« Quelque part en ville »

- Où se dirige-t-il ?

- Quartier ouest monsieur, en plein dans la vieille ville !!

- Alertez les patrouilles et pas de sirènes ni de gyrophares c’est compris ?

- Très bien monsieur !!

Le policier prend le micro et règle la radio.

- A toutes les patrouilles !! Je répète !! A toutes les patrouilles !! Convergez vers le quartier ouest de la ville !! Je répète !! Le quartier ouest de la ville !! Ni sirènes, ni gyro !! Je répète !! Ni sirènes, ni gyro !! Bloquez tous les carrefours !! Je répète !! Bloquez tous les carrefours !! Attendre nouvelles instructions !! Je répète !! Attendre nouvelles instructions !! Terminer !!

Maurice regarde le point lumineux sur l’écran et sourit, le siamois n’a pas l’air d’hésiter et se dirige directement vers l’endroit où il veut les amener.

- Bravo petit gars !! Ton maître sera fier de toi !!

- Il s’arrête monsieur !!

- Faites cerner l’endroit et que personne ne bouge !! Je ne veux pas d’un carnage en pleine ville, ni risquer la vie de l’otage, c’est bien compris ?

- Reçu monsieur !! Je passe les instructions sur le champ !!

Pendant que l’opérateur s’exécute, Maurice note le nom de la rue et sort du bureau en faisant signe à ceux de ses hommes qui sont restés avec lui et l’attendaient dans le couloir pour l’accompagner.

- Prenez des « lacrymos » et rejoignez-moi au parking !! Allons !! Pressons-nous les gars !!

***/***

« Un quart d’heure plus tard à l’intérieur de la zone de surveillance. »

- Nous avons fait évacuer les maisons alentours monsieur !!

- Très bien !! Attendez mes ordres et pas d’initiatives hasardeuses c’est compris ?

- Le GIGN est déjà sur place monsieur, ils remplacent nos hommes au fur et à mesure.

- Emmenez-moi à leur commandant.

- Suivez-moi monsieur, c’est par là.

Maurice suit le policier et arrive très vite devant la cellule de commandement où il retrouve Patrice en pleine conversation avec l’officier du GIGN, un plan du quartier étalé sur le capot d’un véhicule d’intervention.

- Comment ça se présente ?

Patrice sourit en reconnaissant son chef, il le présente à l’officier.

- Commandant Vérandier !! Maurice Désmaré, mon patron !! Plutôt pas mal patron, cette maison est entourée d’un grand terrain et il n’est pas possible d’en sortir sans qu’on puisse les voir.

- C’est déjà une bonne chose !! Et nous sommes sur que Florian est enfermé là-dedans ?

Patrice montre du doigt quelque chose que n’avait pas encore remarqué son chef.

- A moins d’un congrès spécial chats de gouttières, je ne vois que cette raison pour qu’ils soient ici si nombreux.

Maurice prend les jumelles d’un des gendarmes près de lui et scrute les extérieurs de la maison, il compte au moins une bonne vingtaine de matous figés devant chaque ouverture et reconnait les deux siamois parmi eux.

L’officier s’approche de lui.

- Qu’elles sont vos instructions monsieur ?

- On attend !!

L’officier est visiblement surpris.

- Pardon ???

Maurice rend les jumelles à son propriétaire et se tourne vers lui le visage grave.

- J’ai dit, on attend !! Quelque chose se prépare et je ne pense pas qu’une quelconque intervention de notre part soit utile pour l’instant. Dites à vos hommes de reculer d’avantage et de ne surtout pas se faire repérer. Attendez mes instructions, je vous le ferai savoir quand il sera temps pour nous d’intervenir.

Maurice s’éloigne en entrainant Patrice avec lui.

- Je ne sais pas pour toi, mais j’ai l’impression qu’ils se débrouilleront très bien sans nous. Fais venir quelques ambulances, mon petit doigt me dit qu’elles vont très rapidement être utiles.

Patrice jette à nouveau un coup d’œil vers la bâtisse.

- Je suis curieux de voir ce qu’a prévu Florian pour s’en sortir !!

***/***

« Une heure plus tard. »

Des bruits de meubles renversés suivit rapidement par des cris de paniques commencent à parvenir à leurs oreilles depuis l’intérieur de la maison, Maurice a son petit sourire que Patrice ne connait que trop bien quand il lui dit.

- Et voilà !! Je crois bien que ça vient de commencer !! Écoute-moi ce bordel !!

2eme ANNEE Fêtes de fin d’années, 2ème partie : (92/150) (Aix) (Septième jour)

(L’enlèvement) (suite)

« Tac » une fois qu’il a compris ce que son maître attend de lui, disparaît de sa vue pour rejoindre ses congénères.

Un concert de miaulements assourdis se passe alors avant que les matous ceinturent la maison et se placent par deux devant chaque ouverture.

Leurs comportements paraîtraient pour le moins bizarre, pour ne pas dire plus à n’importe quel quidam qui s’apercevrait de leurs manèges.

Une fois tous en place, les félins s’assoient sur leurs derrières et se figent dans une parfaite immobilité.

***/***

« Dans la cave pendant ce temps-là. »

Je reprends mon son de gorge jusqu’à ce qu’elle soit suffisamment rassurée pour sortir entièrement de son trou.

Elle est toute minuscule et malgré que ni l’endroit, ni la situation dans laquelle je me trouve soit appropriée, un sourire orne mon visage quand je la regarde s’approcher de mes mains maintenant en toute confiance et qu’elle les renifle en me chatouillant.

- Tu dois bien avoir des congénères plus gros que toi pas loin ma belle ? Si tu allais les chercher, ça m’arrangerait bien tu sais ?

« Cuiiii »

La souris commence à grignoter mes liens, elle semble se rendre compte que c’est une tâche hors de portée pour elle et vient se placer sur ma poitrine en me fixant de ses petits yeux ronds.

- (Son de gorge) Allez, file !!

Je pense qu’elle a dû comprendre car elle retourne à toute vitesse dans son trou.

D’interminables minutes passent et je finis par me demander si le message est bien passé ou si elle s’est enfuie de peur, suite à mes dernières paroles.

Un grattement de plus en plus proche venant de la direction d’où elle m’est apparue se fait entendre, en me concentrant suffisamment j’ai l’impression que mon oreille est collée au trou tellement le son raisonne dans mon cerveau.

Une patte d’abord, puis une deuxième qui éjecte la terre à plusieurs dizaines de centimètres plus loin dans la cave et enfin un énorme museau apparait cette fois ci, je souris en comprenant que les renforts arrivent et j’encourage l’animal à ne pas avoir peur de moi en lui envoyant les petits bruits de gorge qui me viennent instinctivement.

Ça a l’air de faire son effet car un gros rat gris sort alors du trou, bientôt suivit par un, puis deux, puis plusieurs autres dont je finis par ne plus en tenir le compte.

Ils s’approchent lentement de mon corps toujours assit sur la terre humide, j’amplifie les sons rassurant, du moins je l’espère car ils n’arrêtent pas d’arriver de plus en plus gros et nombreux, au point qu’ils remplissent la cave et me cachent presque la terre battue du sol.

Je retiens in extrémis un fou rire nerveux car je viens juste d’imaginer ma grand-mère devant un tel rassemblement et je la vois bien grimper sur une chaise, avec un balai comme arme pour se protéger de cette marée de « ratus norvégicus » qui donnerait la chair de poule à plus d’une personne de ma connaissance.

Je me tourne doucement en leurs montrant mes liens.

- Débarrassez-moi de ça les gars !!

Le premier s’approche lentement, ses petits yeux chafouins fixés dans les miens.

- N’aie pas peur, je suis ton ami tu sais !!

L’énorme muridé hésite encore quelques secondes puis comme s’il avait enfin pris sa décision, commence à s’attaquer à mes liens bientôt suivit par quelques-uns de ses congénères.

Il ne faut pas plus de cinq minutes pour que les cordes tombent au sol et que je puisse enfin sentir mon sang circuler de nouveau normalement.

Je me masse vigoureusement les poignets et les chevilles tout en surveillant de près l’arrivée toujours plus nombreuse de ses animaux, que certains nomment nuisibles mais qui cette nuit me seront d’une aide inestimable.

***/***

« Un moment plus tard. »

Des pas raisonnent à nouveau dans l’escalier et cette fois s’arrêtent à ma porte, j’entends une clé s’insérer dans la serrure et au moment où la porte s’entrouvre, mes sons de gorges s’amplifient et j’exhorte la masse grouillante de rat de la voix.

- Ce sont des ennemis !! Attaquez-les !!

Un des deux hommes allume la lumière tandis que l’autre tien un plateau dans la main, sans doute le repas prévu pour leur prisonnier qu’ils croient toujours ligoter comme un saucisson.

Leurs visages se marquent alors d’une horreur sans nom, quand ils aperçoivent la masse grouillante se jeter sur eux en couinant de fureur.

- Ahhhhhh !!!!!

2eme ANNEE Fêtes de fin d’années, 2ème partie : (93/150) (Aix) (Septième jour)

(L’enlèvement) (fin)

Maurice et Patrice déjà attirés par le raffut, n’en croient pas leurs yeux quand ils voient une porte s’ouvrir en claquant et surgir quatre hommes hurlants de la terreur la plus primaire qui soit.

Poursuivis par une vague déferlante plus sombre que le ciel, constituée de plusieurs dizaines voire centaines de rats qui s’accrochent à eux et grimpent sur leurs jambes et leurs dos, en les griffant et en les mordants à pleines dents.

Une espèce de sifflement sort de la maison et les font comme par magie s’éparpillés et disparaître dans la nuit, laissant les quatre hommes seuls à genoux et les bras se protégeant les visages affreusement blessés, le sang coulant des nombreuses plaies dues aux morsures et aux coups de griffes.

Un jeune garçon aux cheveux fous sort tranquillement sur le perron et les regarde sans aménités, un autre phénomène se passe alors à ses pieds quand une vingtaine de greffiers viennent y prendre place et que deux d’entre eux d’un mouvement souple, viennent se jucher sur ses épaules en lui donnant de grands coups de langue.

Florian ne voit pas les hommes encerclant la maison, qui le regardent leurs yeux exprimant l’effarement le plus totale de la scène complètement irréelle à laquelle ils viennent d’assister.

Il descend les trois marches en se dirigeant vers ses quatre agresseurs et sa voix claire résonne alors dans la nuit, faisant frissonner bien malgré eux ceux qui l’entendent.

- Je ne vous conseille pas de bouger même un petit doigt messieurs !! Ce que des amis vous ont fait, d’autres pourraient se charger de le terminer. Je vais rentrer dans la maison pour téléphoner à la police !! Rappelez-vous mes paroles ou vous n’en sortirez pas indemnes !!

Maurice l’entend reprendre certainement les mêmes paroles dans leur langue natale, avant de le voir faire demi-tour et rentrer tranquillement à l’intérieur.

Quelques minutes plus tard, son portable vibre et il le sort de sa poche pour le porter à son oreille.

- Allo !!

- …..

- (Maurice sourit) Je le sais bien que tu n’as rien fiston !!

- …..

- Hi ! Hi ! A une quinzaine de mètres à peine, retiens tes « amis », je vais donner l’ordre à mes hommes d’entrer dans la propriété.

- ……

- Bien sûr que c’est vrai, tu n’as qu’à sortir et tu verras.

Maurice raccroche et fait un clin d’œil à Patrice en lui faisant signe de le suivre, ils n’ont pas fait trois pas qu’ils voient surgir Florian.

Le garçon les voit et court comme un dératé se jeter dans leurs bras, les deux hommes émus et soulagés, le serrent contre eux avec vigueur et s’aperçoivent alors de l’état pitoyable de ses vêtements et des tremblements de froid qui parcourt son corps.

Maurice d’une voix forte.

- Apportez-moi des couvertures !! Vite !!

Pendant qu’ils le frictionnent du mieux qu’ils le peuvent pour lui redonner un peu de chaleur, Maurice donne ses ordres aux gendarmes et à ses hommes.

- Mettez ses individus dans les ambulances et restez avec eux !! Fouillez la maison pour vérifier s’il n’y a personne d’autre, trouvez-moi toutes les preuves que vous pourrez !!!

Patrice emballe son ami dans les deux couvertures qui viennent de lui être apportées.

- Ça va aller toi ?

- Oui t’inquiète mon grand !! Je l’ai échappé belle on dirait, pas vrai ?

- Tu semblais bien t’en sortir tout seul, enfin tout seul !! C’est une façon de parler parce que tu nous as encore une fois sciés le cul avec tes ratiches, déjà les matous c’était limite mais pour le reste tu as fait fort.

Maurice qui a entendu.

- Va falloir que tu nous racontes tout ça en détails demain, parce que j’imagine que c’est assez pour ce soir.

- (Patrice) Je te ramène au cirque, j’en connais qui seront heureux de te voir revenir sain et sauf.

Florian va pour répondre quand deux gars du GIGN ressortent de la maison en tenant une troisième personne dans leurs bras, Maurice les regarde s’avancer vers eux en plissant les yeux.

- Il y avait quelqu’un d’autre on dirait.

Il fait signe à un des deux gendarmes de le rejoindre, ce que s’empresse de faire le militaire.

- Vous l’avez trouvé où celui-là ?

- Il était enfermé dans la cave monsieur, nous l’avons trouvé pieds et poings liés.

- Qu’est-ce qu’ils lui voulaient !! Occupez-vous de lui, il a sans doute besoin d’un médecin !! Je le verrai tout à l’heure, si son état le permet.

Pendant que le militaire s’éloigne, je réfléchis tout en trouvant bizarre cette histoire.

Déjà qu’il soit les pieds attachés, il m’avait pourtant bien semblé entendre trois personnes descendre les escaliers et deux en sont remontés beaucoup trop vite pour avoir eu le temps de le faire.

2eme ANNEE Fêtes de fin d’années, 2ème partie : (94/150) (Aix) (Septième jour)

(Suspicion)

J’attrape Maurice par la manche, il se tourne vers moi surpris.

- Un problème fiston ?

- Juste un truc qui cloche !! Méfie-toi quand tu interrogeras ce type, j’ai l’impression qu’il fait semblant d’avoir été emprisonné !!!

- D’où tu tiens ça toi ?

Je lui raconte alors tout ce que j’ai entendu et l’impossibilité qu’ils aient eu le temps de lui lier les pieds dans le peu de temps où ils sont restés dans la cave.

- Ils auraient pu revenir plus tard ?

- Je les aurais entendus !! Non !! Plus j’y pense et plus je trouve qu’il y a un truc qui cloche dans cette affaire.

- Je vais rentrer dans son jeu et nous verrons bien ce que ça donnera.

- Tu sais la première chose qui m’est venu à l’esprit ?

- Non !! Vas y !!

- Le cheval de Troie !!

Maurice hoche la tête.

- Un ver dans le fruit ?

- Qu’importe l’animal ! Hi ! Hi ! Suffit d’en comprendre l’idée.

- (Maurice sourit) Tu crois qu’on devrait…..

- Je le pense oui !! Si nous voyons juste, je pense que tant qu’il sera dans le coin nous, enfin « je » ne risquerai plus rien.

- J’ai du mal à voir son utilité ?

- Pourtant ça parait évident, je ne l’ai pas bien vu et même pas du tout en fait, mais je te parie qu’il doit être jeune, l’air sympa et avoir une bonne excuse pour que je me rapproche de lui.

- C’est suffisamment tordu pour que ce soit un truc dans le genre, s’il devenait ton ami il aurait sûrement un jour ou l’autre l’occasion d’apprendre ce que tu es.

- C’est aussi ma vision des choses, malgré tout ils n’ont pas pensé à tout ! Hi ! Hi !

- Ah oui !!!

- Rappelle-toi ce qui est arrivé à ta fameuse équipe d’espion ! Hi ! Hi ! Le jour même j’étais déjà au courant du pourquoi ils étaient là.

- Et tu crois que ça fera pareil ?

- Hummm !!!! S’il a été choisi pour ce genre de mission, c’est qu’il doit être d’un naturel liant ou alors un sacré roublard.

Maurice a un regard qui ne trompe pas et qui fait sourire Florian.

- Prendre le chasseur à son piège, voilà qui devient passionnant.

- Ça va pimenter un peu les prochains mois en effet !!

- J’ai l’impression, oui !! Il ne reste plus qu’à prévenir tes amis.

- Surtout pas !! Ça leurs enlèverait leurs naturels et il risquerait de s’en apercevoir.

- C’est quand même risqué, imagine qu’il y en ait un qui lâche un truc sur toi ?

- Tu ne l’as peut-être pas encore remarqué, mais ils ne parlent jamais de mon « don » sauf quand il y a une urgence comme la fois de l’accident de Maxime et de Julien par exemple, sinon c’est motus et bouche cousue. J’ai même été obligé plusieurs fois de faire le point avec certains d’entre eux, justement parce que je m’imaginais qu’ils étaient au courant alors que ce n’était pas le cas.

- Encore une de tes « bizarreries », enfin !! De toute façon je pense que tu nous étonneras encore, déjà cette nuit avec tous ses rats ? Ça fiche les jetons ces bestioles, déjà quand on en voit une. Brrr !!!! Ils étaient combiens tout à l’heure ? Une centaine ?

Plus ?

- Ah !! Parce que tu crois que j’ai pris le temps de les compter ??

Je sors quelque chose de ma poche.

- En tout cas j’ai une nouvelle petite amie ! Hi ! Hi !

Maurice voit Florian ouvrir doucement la main et frissonne bien malgré lui alors que la petite souris grise, qu’il découvre lovée à se lécher tranquillement les pattes de devant dans la paume du jeune homme, n’a vraiment pas l’air méchante.

- Voici « Mistie », ma dernière copine ! Hi ! Hi ! Elle est plutôt canon hein !!

Maurice sourit, visiblement amusé.

- Je suis certain qu’elle va faire autant d’effet qu’un certain « gros chat » quand tu vas la présenter à tes amis Hi ! Hi !

- Tu crois ?? Pourtant elle ne risque pas de les manger celle-là.

- Tu aurais pu demander de l’aide à un autre genre de bestiole, Brrr !! J’ai beau savoir qu’elle est inoffensive c’est plus fort que moi, j’en ai la chair de poule rien qu’à la voir.

- Il y avait bien des araignées dans la cave, mais pour me débarrasser des liens ce n’était pas le top non plus.

- Dis-moi que tu plaisantes !!

- Bah non !! Pourquoi ?

- Tu veux tous nous faire mourir d’une crise cardiaque ou quoi ? Ne t’amène jamais à côté de moi avec ce genre de… créature dans les mains, je te préviens.

Je le regarde amusé parce que je sens bien qu’il pense vraiment ce qu’il me dit.

- Depuis quand les petites bêtes font elles peur aux grosses ! Hi ! Hi !

2eme ANNEE Fêtes de fin d’années, 2ème partie : (95/150) (Aix) (Septième jour)

(Retour au cirque)

Patrice jette régulièrement un coup d’œil dans le miroir de courtoisie du véhicule qui les ramène chez eux.

Il voit bien, combien même il tente de le cacher, que tous ses derniers événements ont marqué les traits du jeune garçon endormi à l’arrière.

Ses vêtements salis et les frissons qui de temps en temps lui traversent le corps malgré que le chauffage de la voiture soit poussé à fond.

Patrice a un sourire triste à contempler son ami qui parait juste sorti de l’enfance avec son physique frêle et son visage lisse dépourvu de tout duvet pouvant annoncer une barbe naissante.

Il en est là dans ses pensées quand les yeux de Florian s’ouvrent et captent les siens, lui donnant un long frisson involontaire qui lui fait se frotter vigoureusement la nuque.

- On est bientôt arrivé « Pat » ?

Patrice tourne la tête pour lui faire face.

- Encore quelques minutes, tu pourras ensuite prendre une bonne douche et te coucher bien au chaud.

- Tu m’emmènes où ?

- (Patrice surpris) Au cirque !! Quelle question !!

- Je voudrai voir mes grands-parents pour les rassurer, tu peux m’y conduire s’il te plait ?

Patrice lui envoie un sourire amical.

- Ils sont certainement encore là-bas !! Tu sais Florian ? Ta disparition a fait beaucoup de bruit, je ne pense pas que beaucoup soient partis de sous le chapiteau depuis que ton chat nous a alerté.

D’une petite voix.

- Tu m’y emmèneras s’ils n’y sont plus ?

- Bien sûr !!

Patrice refait face à la route en entendant le clignotant.

- D’ailleurs nous allons vite le savoir, nous sommes arrivés.

L’auto se gare et le chauffeur descend ouvrir la porte arrière, pour aider Florian toujours emballé dans ses deux couvertures à en sortir.

Patrice le prend par la taille et tous deux prennent tranquillement la direction du grand chapiteau où les lumières sont toutes allumées.

Les murmures de voix se taisent soudainement quand tous les voient arriver, la joie d’abord de le savoir sain et sauf, puis pour beaucoup le trouble de constater son état vestimentaire qui prouve les conditions particulièrement cruelles de son enfermement.

Michel et Maryse poussent un cri déchirant, mêlant le bonheur de le voir en vie et la peine de constater son état, accentué qu’il est par les traces de terre tâchant encore son visage à la pâleur lunaire.

Patrice se recule le cœur serré par l’émotion alors qu’ils le pressent dans leurs bras, donnant une scène particulièrement difficile à vivre et qui amène les larmes sur beaucoup de visages.

Instant merveilleux de retrouvailles intenses entre ce garçon à l’apparence en cet instant si vulnérable et ses deux anciens aux traits marquant tout l’amour qu’ils lui portent et combien un malheur s’il avait eu lieu, leur aurait sans aucun doute porté un coup fatal.

Le chapiteau se vide rapidement, les laissant dans l’intimité de ses retrouvailles poignantes.

Personne ne se sentant l’envie d’un voyeurisme mal venu, rassurer malgré tout d’une fin somme toute heureuse de cette sombre histoire.

Seule reste Mireille entourée par Frédéric et Annie qui la soutiennent, attendant les yeux rougis de larmes de pouvoir à son tour serrer le jeune homme contre son cœur.

Michel s’aperçoit de sa présence et lui cède sa place, ému lui aussi par cette femme qui en quelques mois est devenue la deuxième grand-mère que Florian n’a jamais connue.

Frédéric et Annie viennent à leur tour embrasser Florian, en signalant gentiment aux grands parents qu’il vaudrait mieux le laisser aller se coucher et qu’ils auront tout le temps le lendemain pour revenir près de lui.

Patrice s’essuie les yeux quand il les voit quitter le chapiteau, non sans se retourner plusieurs fois pour s’emplir les yeux du jeune homme souriant qu’ils ont tellement eu peur d’avoir perdu.

Florian revient vers lui et ses yeux d’un coup deviennent avides de la question qui lui brule les lèvres.

- Je n’ai pas vu Thomas ni mes autres amis ? Il ne lui est rien arrivé dis ??

- Il n’était vraiment pas bien, tu t’en doutes un peu et tes trois amis s’occupent de lui depuis qu’ils se sont rendu compte de ta disparition. Ils doivent toujours se trouver dans votre roulotte si personne ne les a prévenus de ton retour.

- Je peux prendre une douche chez toi avant d’aller les rejoindre ? Je ne voudrais pas qu’ils me voient comme ça tu comprends ? Ça ne sert à rien de les inquiéter plus qu’ils n’y sont déjà en voyant dans quel état je suis.

- Bien sûr !! On trouvera bien quelque chose qui te va pour que tu aies moins l’air de sortir d’une tombe. Thomas a été suffisamment marqué par tout ça sans en rajouter une couche.

- Merci « Pat » !!

2eme ANNEE Fêtes de fin d’années, 2ème partie : (96/150) (Aix) (Septième jour)

(Retour au cirque) (fin)

La douche me fait un bien fou, comme quoi il ne faut parfois pas grand-chose pour se sentir redevenir soit même, Dorian me tend une serviette et vient me serrer contre lui dès que je me suis essuyé, une fois que je me la suis enroulé autour de la taille.

- Tu nous as foutu une trouille bleue « Flo » !!

- Je n’en menais pas large non plus mais c’est du passé maintenant, j’espère juste ne pas revivre ce genre de situation. Je ne comprends pas trop comment tout ça s’est passé, je lisais tranquillement et j’ai dû m’endormir, après ça je me suis réveillé frigorifier dans cette cave.

Dorian le relâche en lui tendant des vêtements.

- Faire ça en plein jour !! C’était culotté de leurs parts, ils ont quand même mis deux de nos gars à l’hosto et un troisième a vu trente-six chandelles avec le coup qu’il a pris au crâne.

Je le regarde avec une soudaine inquiétude.

- C’est grave ?

- Ils devraient se remettre assez vite d’après les dernières nouvelles.

- J’irai les voir demain et si je peux faire quelque chose pour eux…

- (Dorian) Tu verras ça avec le toubib qui les a pris en charge, te voilà tout beau pour retrouver ton Thomas ! Hi ! Hi !

Je jette un coup d’œil dans la grande glace, je ne peux m’empêcher de sourire à l’allure que j’ai dans ses vêtements bien trop grands pour moi.

- J’ai l’air d’un épouvantail maintenant ! Hi ! Hi !

- T’inquiète !! A mon avis il ne s’en rendra même pas compte !! Allez !! File rassurer ton chéri, je pense qu’il va y avoir du câlin d’ici pas longtemps.

***/***

Raphaël regarde depuis un moment par la fenêtre, ses yeux se plissent soudainement quand une silhouette apparait en se rapprochant rapidement vers eux.

Son cœur fait un bond alors qu’il pousse un cri qui fait sursauter ses amis, plongés depuis un long moment dans leurs pensées morbides.

Le manque d’informations est pour eux le plus dur à vivre, se demandant où en sont les recherches.

Chacun s’imaginant le pire mais n’osant en parler aux autres, de peur de les plonger encore plus profondément dans le désespoir et le chagrin.

Depuis la venue d’Aurélien et de l’annonce par celui-ci du retour de « Tic », suivit presque aussitôt du départ des hommes de Maurice à la suite du siamois qui semblait avoir l’air de savoir où les mener ; ils passent tous par des moments de calmes ponctués par quelques crises de larmes, qu’ils essaient de retenir le plus possible car mettant à chaque fois Thomas dans un état de crise nerveuse impressionnante.

Le cri de Raphaël les surprend donc, alors qu’ils rongent leurs freins de cette attente stressante.

- C’est « Flo » !!! Il est vivant !!!

Ils se précipitent tous les quatre en se bousculant vers la porte, qu’ils ouvrent à la volée juste au moment où Florian s’apprête à monter les marches.

Il est comme happé à l’intérieur et se retrouve dans les bras de ses amis, qui le palpe en cherchant d’éventuelles blessures pour s’assurer qu’il est en bonne santé et qu’il ne lui est rien arrivé de grave.

C’en est trop pour Thomas qui s’effondre en larmes à leurs pieds, ses nerfs venant soudainement de le lâcher après avoir eu l’assurance que tout va pour le mieux et ne tenant jusqu’alors le jeune homme sur pied qu’à cause de l’angoisse de l’attente.

Florian s’agenouille aussitôt et l’aide à se relever en lui parlant doucement, ils se serrent dans les bras en tremblant de toutes ces émotions enfin libérées.

Raphaël fait signe à Yuan et Éric qu’il est temps de les laisser seuls, même s’ils n’éprouvent que l’envie de demeurer auprès d’eux et de rester ensemble après cette épreuve.

Florian les voit se diriger vers la porte.

- Vous allez où comme ça ?

- (Éric) Ben !! On vous laisse, tu dois avoir envie de te retrouver seul avec « Thom » après tout ça.

- J’ai envie d’être avec vous tous, voilà ce que j’ai envie.

- (Thomas) Moi aussi j’ai besoin de vous les gars, restez s’il vous plait.

Yuan dégluti avec difficulté quand il les regarde tous les quatre, il ne sait pas pourquoi mais il a la sensation d’être de trop et une immense tristesse déforme alors son visage déjà marqué par les heures précédentes à vivre avec eux cette dure épreuve.

Raphaël qui s’en aperçoit, vient lui prendre doucement le bras.

- Reste « Yu » !!

Éric comprend à son tour et lui prend l’autre bras.

- Tu fais partie de notre groupe maintenant, alors reste tu veux bien ?

- (Yuan) Mais !! Vous…

2eme ANNEE Fêtes de fin d’années, 2ème partie : (97/150) (Aix) (Huitième jour)

(Le réveil)

Dix heures du matin, Maxime et Julien décident qu’il est temps de rentrer dans leur roulotte qu’ils ont encore laissé à leurs amis quand ils se sont aperçus en rentrant dans la nuit qu’elle était une nouvelle fois squattée.

Ils les trouvent exactement comme quelques heures plus tôt et ne peuvent s’empêcher de se fendre d’un petit sourire ému devant le spectacle qu’ils ont sous les yeux.

Les deux grands lits sont réunis et les cinq garçons sont serrés l’un contre l’autre, enlacés sagement, les visages épanouis dans un même sourire bienheureux

Florian au milieu avec Thomas et Raphael l’enserrant dans leurs bras, Yuan derrière le grand blond soudé à lui de tout son corps et Éric dans la même position contre Raphael.

- Debout là-dedans !!! Allez les feignasses !!!

J’ouvre un œil.

- S’t’eu plait « Maxou » !!! Encore cinq minutes !!

- Ecoute-moi l’autre flemmard « Ju » !!

- (Julien) Il trône au milieu de son harem comme un Sultan ! Hi ! Hi ! Mais dis-moi ? Je rêve ou il y en a un de plus ?

Maxime amusé en regardant Yuan endormi, ses cheveux noirs lui couvrant les yeux.

- Faut croire que l’essai de l’autre nuit a été concluant, remarque je le comprends le rouquin ! Hi ! Hi !

J’ai bien compris qu’ils n’avaient pas l’intention de m’accorder les cinq minutes demandées, je me redresse sur les coudes et le regarde, amusé.

- Pourquoi ? Tu veux passer l’examen ?

Maxime sans se démonter.

- Monsieur est blagueur ce matin.

- (Julien) Ou alors il vient de remarquer que ses « mignons » faisaient pâle figure face à deux super beaux gosses.

Maxime repère le mouvement qui s’annonce du côté des fameux « mignons » et entraine en riant son copain vers la sortie.

- Sauve qui peut !!! Je crois qu’ils sont bien réveillés ce coup-ci !!

***/***

Philippe range les deux bols et les couverts dans le lave-vaisselle, il se tourne ensuite vers le vieil homme en soutane surannée et sourit en s’adressant à lui.

- Prêt pour la rencontre avec notre petit Florian père Antoine ?

- Après la conversation que nous avons eue depuis mon arrivée hier, j’ai l’impression que ma démarche n’aboutisse qu’à un avis de non-recevoir de sa part.

- Florian n’est pas comme ça mon père, il vous entendra poliment et ensuite seulement il vous donnera ses impressions et le connaissant, j’ai bien peur qu’en effet il ne donne pas suite à votre requête.

- J’aurais du moins essayé mon cher Philippe, de toute façon je ne serai pas venu pour rien. Déjà le plaisir de passer Noël en France avec des amis devenus très chers et ensuite de ramener Taha à sa famille, son père même s’il n’en parle pas attend avec impatience son retour auprès de lui.

- L’étude psychologique de ces tribus reculées vous le comprendrez sans difficultés, attise fortement ma curiosité.

- Qu’à cela ne tienne mon ami !! Venez passer quelques jours au dispensaire ? Je serais heureux de vous y recevoir.

- Hélas mon père, mon travail ici ne me permet pas de m’éloigner aussi longtemps de mes patients. Bien !! Si nous y allions ? Demain soir nous sommes les invités du cirque, les Gruss ont voulu marquer l’amitié qu’ils ressentent pour leurs jeunes vacanciers pensionnaires chez eux en nous invitant pour passer cette soirée de fête tous ensemble.

***/***

« Bureau provisoire de Maurice, commissariat d’Aix en Provence. »

- Que faisiez-vous ligoter dans cette cave ? Connaissiez-vous vos agresseurs ?

- Désolé monsieur, j’ignore complètement qui ils sont ? Des Russes je présume.

- Ah oui !!! Et qu’est-ce qui vous fait penser ça ?

- Pour qu’ils s’en soient pris à moi, je ne vois que cette possibilité.

- Si vous m’expliquiez tout ça ?

- J’ai appris dernièrement la mort de mon oncle et de sa famille, mort qui voulait passer pour accidentelle mais je ne suis pas dupe et mon oncle Nicolaï pressentait que ça pourrait arriver, il m’en avait fait part dernièrement.

Maurice plus surpris qu’il veut bien le laisser paraitre.

- Continuez !!

2eme ANNEE Fêtes de fin d’années, 2ème partie : (98/150) (Aix) (Huitième jour)

(Luka)

- Avant-hier, deux hommes sont venus chez moi et m’ont demandé de les accompagner. Au début je ne voulais pas les suivre, alors ils m’ont menacé et c’est là que j’ai appris pour mon oncle et sa famille. Ils m’ont dit qu’ils avaient besoin de moi parce que je parle couramment le Français et ils m’ont conduit jusqu’à cette maison où vous m’avez trouvé, je suis resté enfermé dans une chambre jusqu’à cette nuit où ils m’ont descendu à la cave. Et puis j’ai entendu de drôles de bruits et de grands cris, ensuite vos hommes sont arrivés et m’ont délivré.

Maurice prend note de ses paroles et fixe de nouveau le jeune homme.

- Vous ne me dites pas tout !! Que voulaient-ils de vous ?

Le jeune Russe reprend son histoire.

- Pendant deux jours, ils ne m’ont parlé que de la trahison de mon oncle et ont tenté de me bourrer le crâne avec leurs idées, que je devais laver la honte qu’il y a maintenant sur notre famille en les aidant.

- Quelle genre d’aide ?

- Me rapprocher d’un jeune homme qu’ils ont fait prisonnier et faire en sorte de devenir suffisamment proche de lui pour lui soutirer des renseignements, ils appelaient ça le « plan B ». Je pense que le « plan A » était de le conduire directement en Russie pour lui faire avouer je ne sais quel secret qu’il détiendrait.

- Et vous avez accepté ?

Le garçon fixe Maurice dans les yeux.

- Comment faire autrement !! Vous savez qui ils sont et de quoi ils sont capables ? Ils m’ont menacé de me rapatrier au pays et de m’envoyer dans un camp en Sibérie si je refusais.

- Pourquoi nous dire tout ça alors ?

- Pourquoi !!! Tout simplement parce que de toute façon que je réussisse ou non la mission, ils n’en auront jamais fini avec moi et ne me laisseront jamais tranquille, mon oncle était mon dernier lien parental avec la Russie que j’ai quitté à l’âge de six ans pour venir vivre en France, à Paris chez ma grand-mère qui est décédée depuis.

- Vous vivez donc à Paris ?

- Oui monsieur, je suis étudiant en droit et c’est mon oncle Nicolaï qui m’aidait à financer mes études depuis la mort de sa mère. Maintenant je ne sais plus si je dois y retourner ou pas, ils me rechercheront quand ils comprendront que je vous ai tout raconté et alors là….

Le jeune homme met ses mains sur son visage et Maurice comprend la peur qui ne le lâchera plus maintenant, Florian avait en partie bon dans son raisonnement et Maurice se demande si au final, ce ne serait pas plus simple de faire participer ce garçon au plan qui était le leur.

- Encore quelques questions et après nous verrons pour vous et votre sécurité.

Le garçon s’essuie les yeux.

- Je n’ai plus grand chose d’autre à vous dire, c’est à peu près tout ce que je sais sur tout ce micmac.

- Ça !! C’est moi qui en suis seul juge !! Une petite chose qui cloche et dont j’aimerais vraiment connaitre la réponse, qui est ce qui vous a attaché les pieds ?

- C’est moi une fois dans la cave, quand j’y suis entré je n’avais que les mains d’attachées.

- (Maurice ronchonne) Les hommes qui vous ont retrouvés auraient dû le noter dans leurs rapports.

- (Surpris) Comment pouvaient-ils le savoir ?

- Ce n’est pas le fait qu’ils vous aient découvert attaché qui m’énerve !! C’est qu’ils n’ont pas noté que vous auriez pu facilement défaire vos liens et que vous ne l’ayez pas fait !!

- Ah !!!

- Parfaitement, Ah !!! Enfin, passons !! Votre nom est bien Luka Sergueïevitch Leonov, 23 ans ?

- Oui Monsieur, mais mes papiers d’identité sont au nom de Luka Leonov.

- Bien !! En contrepartie de votre aide, l’état Français serait prêt à changer votre identité et à vous garantir une bourse d’étude ainsi que votre inscription dans une autre université. Seriez-vous d’accord ? Nous garantirions également votre sécurité le temps nécessaire à ce que toute cette sombre affaire se tasse.

Luka avec un sourire timide mais plein d’espoirs.

- Vous feriez ça pour moi ?

- Sous réserve de votre aide dans les prochains mois, oui.

- Que devrais-je faire ?

- Rien de plus que ce qui était prévu par vos compatriotes, devenir proche de ce jeune homme qui était enfermé avec vous et leur faire parvenir les rapports que nous préparerons pour eux. D’ailleurs ça me fait penser !! Comment deviez-vous les contacter ?

- Une boite postale, j’ai appris l’adresse par cœur.

- Ukrainienne ?

- Heu !! Oui !! Comment le savez-vous monsieur ?

Maurice avec un petit sourire.

- J’ai mes sources moi aussi, alors ?? Pouvons-nous compter sur votre aide ??

- (Luka) Ai-je le choix ?

- Bien sûr que oui !! En cas de refus, nous vous fournirons un billet d’avion et un visa pour la destination de votre choix et vous devrez vous débrouiller par vous-même ensuite.

- Et s’ils s’aperçoivent que je travaille pour vous ?

- Nous aurons toujours gagné quelques semaines, voire quelques mois et c’est ce que nous avons le plus besoin pour l’instant, du temps pour envisager d’autres options.

- Ce garçon est vraiment si important pour vous ?

- Ah ça jeune homme !! Moins vous en saurez et mieux ce sera pour vous, je vous laisse réfléchir à ma proposition. Je vous reposerai la question disons, demain !! En attendant, nous allons vous loger près d’ici et je mettrai quelques hommes à votre surveillance.

Maurice se lève en lui tendant la main.

- A demain mon garçon, que la journée et la nuit te portent conseil.

2eme ANNEE Fêtes de fin d’années, 2ème partie: (99/150) (Aix) (Résidence d’Hassan)

« Fin de matinée. »

Hassan range le contrat dans son coffre après en avoir fait une copie qu’il donnera à son nouvel employé, ou plutôt au premier employé de son fils.

Il referme le coffre et brouille la combinaison en soupirant d’amusement à cette idée qu’il a depuis le matin que décidemment il n’y a pas que les titres qui se perpétuent dans sa famille.

Le chèque conséquent pour les œuvres de l’hôpital qu’il a remis au directeur de celui-ci avant de quitter l’établissement, a été pour beaucoup dans l’accord et la signature nécessaire à la démission du jeune infirmier, ainsi que sa mise en disponibilité immédiate qui lui a permis de rentrer dans son petit studio accompagné d’un de ses hommes pour faire ses valises et rejoindre son nouveau logement dans la résidence, avant leur départ pour rentrer au pays.

***/***

Amid pendant ce temps-là, a été transporté en ambulance et a déjà pris possession de sa chambre, il n’attend plus que l’arrivée prochaine de son ami avec un sourire jusqu’aux oreilles.

Arrivée qui ne devrait plus tarder et qui le met dans un état de fébrilité qu’il n’avait encore jamais connu jusqu’alors.

Ils ont tant de choses à se dire qu’il en bout d’impatience, depuis l’intervention de Florian et son franc parlé, Amid a l’impression d’être dans un rêve éveillé où toutes ses attentes de ses derniers jours se verraient réaliser au centuple.

Déjà l’accord implicite de son père envers la relation naissante entre lui et Christophe, ensuite l’émotion intense qu’il a lu dans les yeux de son ami.

***/***

Christophe jette un dernier coup d’œil à l’intérieur du petit dix-huit mètres carré, qu’il louait meublé depuis déjà quelques années et qu’il ne regrettera pas de quitter.

Deux valises accompagnées d’un sac à dos sont ses seuls biens sur cette terre et c’est avec empressement qu’il les descend sans accepter l’aide du chauffeur, jugeant que c’est à lui seul de le faire et par là même tirer un trait qu'il souhaite définitif sur son ancienne vie.

Une fois le coffre de la voiture refermé, c’est avec un immense sourire qu’il prend place à l’arrière du véhicule et se laisse emmener loin de ce quartier qui a vu toute sa solitude et reçu toutes ses larmes quand comme ça lui arrivait trop souvent, l’isolement et le manque de chaleur humaine, l’amenait dans cet état dépressif qui le laissait avachi des heures entières sur son lit.

Maintenant c’était son ancienne vie, Christophe compte bien y mettre une croix dessus définitive et son esprit se monopolise sur ce jeune garçon qui en quelques jours a tout changé.

Ce qu’il a ressenti pour lui et qui au tout début de leur relation ne lui semblait qu’amicale, s’est très vite transformé en ce qu’il est maintenant.

Un sentiment très fort qui l’a transformé en lui donnant l’envie de chanter et de se lever le matin avec dans la tête le plaisir anticipé du moment où il entrera dans la chambre et où il pourra le voir, l’entendre et le toucher.

***/***

Hassan perçoit le crissement des pneus sur le gravier, annonçant l’arrivée de ce nouveau venu dans leur petit univers.

Il va à sa rencontre, déjà pour l’accueillir comme il se doit mais aussi pour le prendre quelques minutes en tête à tête et lui faire entendre une bonne fois pour toute et d’une manière amicale mais impérative, les choses qu’il ne devra jamais dévoiler devant personne sous peine de mettre en danger l’avenir de sa relation d’avec son fils.

Il traverse l’immense entrée en donnant ses instructions à son maitre d’hôtel qui claque alors dans ses mains et indique à deux serviteurs d’aller chercher les bagages dans la voiture afin de les monter dans la suite qui a été préparée pour le nouvel arrivant.

Christophe se sent gêner de devoir laisser à d’autre le soin de s’occuper de ses bagages, ce qui était pour lui une charge à laquelle il aurait dû s’acquitter personnellement.

Hassan comprend l’embarra du garçon.

- Allons !! Il faudra bien t’y habituer un jour, alors autant commencer tout de suite.

- Mais !! Je…

Hassan sourit en pensant que décidemment ce « Chri » lui plait beaucoup.

- A chacun son travail jeune homme, le tien est de t’occuper du bien-être et dans l’avenir, des affaires de mon fils. Il va donc falloir te familiariser rapidement à nos usages, allons dans mon bureau !! J’ai quelques… disons….mises aux points à faire avec toi avant que tu t’installes.

- (Christophe) J’ai fait quelque chose qui vous contrarie monsieur ?

Hassan lui pose la main sur l’épaule, amusé de son trouble.

- Déjà, il va falloir t’habituer à dire “altesse” quand tu t’adresses à moi ou à Amid en public, je sais que ça peut paraitre bizarre pour un jeune Français, mais ça ferait encore plus choquant dans mon pays crois-moi si tu nous donnais du “monsieur” comme tu viens de le faire.

2eme ANNEE Fêtes de fin d’années, 2ème partie : (100/150) (Aix) (Huitième jour)

(Le père Antoine) (suite)

Philippe se gare et accompagne le vieil ecclésiastique chez les De Bierne qui tiennent à le présenter eux même à leur petit fils.

Les retrouvailles sont chaleureuses et Michel tout comme sa femme, ne peuvent pas ne pas remarquer le changement dans l’état physique de leur ami.

- (Michel) Vous avez suivi une cure de jouvence mon père pour être aussi alerte que ça ?

- J’ai fait une belle rencontre qui m’a conforté dans ma foi et qui m’a offert ce cadeau du ciel mon ami.

- (Maryse) Ça ressemble étrangement à ce que nous avons-nous-même ressenti depuis le retour de notre Florian.

Le père Antoine lui répond avec un grand sourire.

- Ce cadeau vient de la même source et va me permettre d’accomplir encore quelque temps la mission à laquelle je me voue depuis tant d’années. Toutefois je ne suis pas venu jusqu’ici en vacances même si je m’en réjouis croyez le bien, je dois tenter de convaincre Florian qu’il est vital pour notre survie à tous qu’il vienne lui aussi jusqu’à la clairière où tout a commencé et où tout finira.

- (Michel) Vos paroles ne sont-elles pas quelque peu exagérées ? Notre survie à tous dites-vous ? De qui voulez-vous parler ? De notre famille ? De tous ceux qui sont de près ou de loin liés à notre petit fils ou à cette clairière ?

Le père Antoine le fixe cette fois gravement dans les yeux.

- Je crains qu’il ne s’agisse de l’avenir de l’humanité sur cette terre et non simplement de quelques dizaines de personnes.

Le père Antoine raconte alors sa visite à la clairière, les paroles de cet homme qu’il n’a pu voir et les implications qu’il en a déduites sans tout comprendre lui non plus.

Sa seule certitude, c’est qu’un grand danger guette les hommes s’ils vont en grand nombre dans un certaine voie et que Florian s’y est déjà plus qu’engagé.

D’où la nécessité pour lui d’en connaitre absolument les risques et d’en peser les conséquences, s’il devait continuer dans cette voie sans en respecter certaines limites.

- (Michel) Je pense que vous avez déjà réfléchi sur le sujet mon père et que vous vous en êtes fait une idée, n’est-il pas vrai ?

- J’ai en effet fait quelques rapprochements et j’en ai déduit quelques "quasi" certitudes, mais ce ne sont que conjectures de ma part et rien ne dit que je suis dans la vérité, ou qu’au contraire je sois à l’opposer de la réalité...

- Je serai intéressé de les connaitre si vous n’y voyez pas d’objections.

Le père Antoine hésite puis soupire, le fait d’en parler à quelqu’un d’intelligent pourrait l’aider à préciser ses pensées.

- Je pense que c’est lié aux « dons » que développe Florian et leurs effets néfaste sur la végétation et donc la nature à plus ou moins longs termes.

Michel plisse les yeux.

- Les arbres !!! Ces arbres morts ou presque qui cernent la clairière.

Le père Antoine sourit tristement.

- Imaginez l’impact que ce serait si des milliers voir des millions de personnes développaient ses facultés !!

- Les forêts finiraient par disparaitre et avec elles l’écosystème qui préserve la vie sur cette planète, c’est à ça que vous pensez ?

- En effet !! Ce qui au début pourrait paraitre comme un des plus grands bienfaits qu’aurait connu l’humanité, deviendrait au fil des décennies comme la pire des calamités et la fin de toute vie. C’est je crois ce qu’a voulu me faire comprendre cet homme étrange, plus j’y pense et plus je suis convaincu qu’ils ont connu cette période édénique dans un très lointain passé et qu’ils n’ont pu s’en réchapper que par miracle, évitant ainsi l’extinction en évoluant et en trouvant un autre réceptacle à leurs âmes.

- (Michel ahuri) Les pierres ?

- Les pierres ne sont que l’effet résultant de la destruction de leur planète, mon idée serait plutôt que leur communauté aurait pris celle-ci comme corps et qu’ils auraient vécu ainsi en communion pendant des lustres avant sa destruction, suivit encore de plusieurs autres millénaires d’errances dans l’espace jusqu’à s’éparpiller un peu partout dans l’univers.

- Quelques-uns seraient arrivés jusqu’à nous ? C’est à ça que vous pensez ?

- C’est du moins ce que j’ai cru comprendre mes amis, j’ai eu l’immense honneur de pouvoir partager un bref instant de "non vie" avec la multitude et de baigner dans la béatitude de faire partie d’un tout beaucoup plus grand que ce que nous pouvons concevoir avec nos esprits grégaires.

Michel est sonné pour le compte.

- Je savais déjà que nous n’étions rien ou très peu dans l’immense univers où nous vivons, mais j’étais loin de penser jusqu’à ce jour qu’une telle destinée était possible et que nous n’en étions encore qu’aux préludes de l’évolution.

Maryse qui jusque-là s’était tue.

- Peut-être est-ce notre destinée et que nous ne pouvons pas la changer, il y a eu l’ère glaciaire qui nous a permis d’apparaitre et de nous développer jusqu’à ce que nous sommes actuellement. C’est peut-être dans la logique des choses que nous connaissions comme eux l’ont connu cette période d’autodestruction afin de passer un nouveau cap et d’envisager un autre avenir plus universel.

Le père Antoine hoche la tête, marquant par là son accord à ses paroles frappées du bon sens.

- Sommes-nous seulement prêts à l’accepter ? Voilà la question que se posera l’humanité et avons-nous le droit en connaissant la cause, de ne pas prendre cet avertissement au sérieux et de continuer dans cette voie qui ne doit de toute évidence pas être la seule et d’après ce qu’il m’en a été rapporté, la plus adaptée pour arriver au même but final. Après tout, ses êtres venus d’ailleurs s’en sont trouvé affaiblis et ne cherchent plus il me semble, qu’à se retrouver réunis pour se fondre à nouveau dans la pensée de leurs semblables.

Michel soupire en se levant de son fauteuil.

- Et bien !! Vous parlez d’une conversation !!! Nous ne sommes sûr de rien, peut être voyons-nous juste ou peut être sommes-nous complètement à côté de la plaque, ce que je retiens de tout ça c’est qu’il faudra bien à un moment donné que Florian aille dans ce lieu mystérieux et reçoive ces instructions qu’il est censé devoir connaitre. L’avenir nous dira ensuite si nos hypothèses sont fondées et seulement alors les décisions seront à prendre.

2eme ANNEE Fêtes de fin d’années, 2ème partie : (101/150) (Aix) (Huitième jour)

(Le père Antoine) (suite)

- (Michel poursuit) Pour le moment, il serait temps d’aller rejoindre Florian et de vous le présenter, ainsi que ses amis qui devraient vous plaire mon père.

Le père Antoine se lève à son tour.

- Avec joie mon ami, depuis le temps que j’ai envie de rencontrer ce garçon.

- (Maryse) Nous lui avons parlé de vous et croyez-moi, il a sans doute autant hâte que vous de vous rencontrer.

Philippe a suivi toute la conversation sans intervenir, utilisant son esprit d’analyse pour essayer d’en comprendre toutes les implications.

Ce qu’il a entendu lui amène un profond trouble dont il préfère penser que la réalité est toute autre et que le jour venu, les explications prouveront que l’avenir n’est pas aussi noir mais qu’au contraire les facultés de Florian permettront une formidable avancée de l’humanité toute entière vers une vie meilleure.

- Allons-y !! J’ai moi aussi hâte de revoir notre loustic, qui me manque depuis que je ne le vois plus autant qu’avant.

Il ne leur faut pas longtemps pour s’habiller chaudement, monter dans la voiture et dix minutes plus tard, en sortir pour rejoindre d’un bon pas le chapiteau où ils pensent retrouver Florian.

Le jeune rouquin n’est pas encore rentré de sa visite à l’orphelinat et à l’hôpital qu’il avait prévu ce matin-là, aussi, ils présentent le père Antoine à quelques-uns de ses amis qu’ils croisent lors de la petite visite du cirque qu'ils lui organisent en attendant le retour de l'enfant prodige.

Jusqu’à ce qu’un cri de surprise retentisse et qu’ils se retournent pour voir arriver sur eux en courant Taha, qui se jette dans les bras du brave ecclésiastique tout heureux de le retrouver et de le serrer contre lui.

- Et bien mon garçon, je suis heureux de te voir et te donne le bonjour d’Okoumé, de ta mère et de ton frère à qui tu manques énormément.

Taha est toujours serré contre le père Antoine.

- Vous êtes venu me rechercher mon père ? Akim m’a raconté pour vous et je suis heureux de vous voir en si bonne forme.

- Tu vas devoir me supporter encore quelques temps je le crains.

- Je vous promets que cette fois, je viendrais vous rendre visite plus souvent.

- J’y compte bien mon garçon, sinon je te renvoie ici pour te punir ! Hi ! Hi !

Taha comprend qu’il plaisante.

- Pitié mon père !!

Le jeune Massaï voit alors une boule de poils noirs arriver vers eux à toute vitesse et n’a le temps que de se mettre devant le vieil homme, afin de recevoir la masse puissante de la panthère avant qu’elle ne l’envoie valdinguer au risque de lui faire mal.

- Doucement grosse brute !! Je sais que tu es content de le revoir, mais tu es bien trop lourd maintenant.

- Rrrrrr !!!!

Le père Antoine en a les larmes aux yeux en reconnaissant l’animal.

- « Kinou » !!! Dieu du ciel que tu as changé !! Viens ici mon beau !!

- Rrrrrr !!!

Petit moment d’émotion à ses retrouvailles, la panthère et le vieillard, s’enlacent et se câlinent un long moment tout dans la joie de se revoir.

Autour d’eux les gens stoppent toutes activités et sourient devant un tel spectacle qui montre combien il y a d’amour entre l’homme et l’animal.

Une voix douce et émue derrière eux les fait se retourner, quand apparait alors aux yeux du père Antoine un jeune homme aux cheveux roux et au sourire attirant, accompagner d’un grand blond resplendissant d’une pure beauté.

- Père Antoine je présume ?

J’attends qu’il se tourne vers moi.

- Je suis Florian, le bébé que vous avez recueilli à l’époque dans votre dispensaire.

Je viens doucement le prendre dans mes bras et l’embrasse avec reconnaissance, avant d’embrasser à leurs tours mes grands-parents et Philippe que je n’avais pas revu depuis bien trop longtemps, ce dont je m’excuse auprès de lui.

Les présentations faites, je les emmène jusqu’à notre roulotte où je les laisse se mettre à l’aise avant d’engager la conversation.

Vu le manque de place, je vais tout naturellement m’asseoir sur les genoux de Thomas qui m’enlace alors en posant sa tête sur une de mes épaules.

Le père Antoine visiblement surpris, reste un long moment comme figé avant de laisser apparaitre un sourire de compréhension.

- Mon éducation va à l’encontre de mon cœur qui voit en vous deux un amour pur, alors excusez-moi de cet instant de trouble mes enfants.

- Vous êtes tout excusé mon père, je suis pleinement conscient de la non normalité religieuse de notre façon d’être et je vous remercie de n’y voir que ce qu’elle est vraiment à nos yeux et surtout dans notre cœur.

2eme ANNEE Fêtes de fin d’années, 2ème partie : (102/150) (Aix) (Résidence d’Hassan) (suite)

Christophe acquiesce du fait qu’il comprend très bien le statut social d’Hassan et que celui-ci va également pour Amid, il suit alors l’émir jusqu’à son bureau fortement intimidé malgré tout d’y être ainsi convoqué même s’il est rassuré sur le fait que ce n’est pas dû à un quelconque impair de sa part.

Une fois la porte refermée derrière eux, Hassan lui fait signe de s’installer dans un des fauteuils en cuir au luxe raffiné qui fait coin salon dans la pièce et va s’asseoir juste en face de lui avec un sourire rassurant aux lèvres, qui déstresse le jeune infirmier et fini par le détendre suffisamment pour le lui rendre.

et

- Voilà qui est mieux mon garçon !! Ce que j’ai à te dire est très difficile pour moi mais nécessaire pour que tu comprennes bien ta position ainsi que ton statut parmi nous. Je connais la vrai raison de votre « amitié » entre mon fils et toi, il ne sera jamais prononcé d’autres mots que celui-ci et tu te rendras compte du pourquoi quand je t’aurai expliqué les mœurs et les tabous de mon pays. Les hommes et les femmes n’ont pas le même statut, tant social que familial qu’en Europe ou quasiment partout ailleurs, les femmes sont considérées comme inférieurs et les hommes ont certains droits qui mêmes si je ne les approuve pas forcément, font partie de nos traditions et donc en tant que dirigeant, je me dois de les faire respecter. Nous pouvons prendre autant de femmes ou de concubines que notre puissance ou notre fortune nous permet d’entretenir, plus nous sommes placés hauts dans la hiérarchie et plus nous nous devons d’en avoir. C’est ce qu’en France vous nommez un harem, tu comprendras alors qu’Amid devra s’y plier s’il veut prendre un jour ma succession. J’ai moi-même de nombreuses épouses et d’encore plus nombreuses concubines que je me dois d’honorer même si mon cœur ne voit que deux êtres chers. En premier il y a la mère d’Amid, ma première femme qui de ce fait a un statut supérieur aux autres et en deuxième, mais je ne le mets en second que par respect pour Fatima car il pèse autant dans mes pensées qu’elle. Il y a et tu l’auras bien compris je pense, Omar mon « secrétaire » que je chéris plus que tout.

Hassan voit que Christophe s’apprête à répondre et le stoppe d’un geste de la main avec un sourire entendu.

- Laisse-moi terminer tu veux bien ? Si je te dis tout ça, c’est parce que je veux que tu saches que je ne désavouerai jamais ce qu’il y a entre toi et Amid. La discrétion sera le maitre mot de votre relation, s’il prend femme lui aussi et il devra le faire, tu ne devras par contre pas en prendre ombrage ni lui en vouloir. Cette mise au point sera la seule que nous n’aurons jamais et je te fais suffisamment confiance comme tu as pu le remarquer, pour t’avouer ma relation avec celui que j’aime. Il faut aussi que tu graves dans ta mémoire que c’est chez nous un crime puni de l’exil et pour nous qui sommes les dirigeant, de la mort si ça venait à éclater au grand jour. Par principe de précaution, tu ne devras jamais en faire allusion ou montrer un quelconque geste infime soit-il qui pourrait amener le doute sur ce que vous éprouvez l’un pour l’autre, même devant ceux qui sont au courant et ce afin d’en prendre l’habitude et de ne pas risquer de te couper un jour en te croyant en confiance alors qu’il y aurait quelqu’un dont tu ne te serais pas aperçu de sa présence et à qui tu révélerais ainsi ce qui vous lie l’un à l’autre. As-tu bien compris ?

- Oui votre altesse !! Mais vous devez faire erreur, je ne suis ici que pour servir le jeune prince.

Hassan se lève avec un sourire satisfait aux lèvres.

- Je vois que tu es un garçon très intelligent, je te souhaite tout le bonheur possible au sein de notre famille. Maintenant tu peux aller retrouver mon fils et t’installer dans la suite que je t’ai fait préparer, une fois chez nous je te ferai installer dans l’aile réservée aux personnes ayant de hautes responsabilités. Omar y a ses appartements, ainsi que d’autres hauts fonctionnaires de mon émirat et qui doivent rester à la disposition de l’état vingt-quatre heures sur vingt-quatre, tu conviendras avec mon fils de tes moments de loisirs et je ne doute pas un instant que vous trouverez les arrangements qui vous irons à tous deux.

- Je le pense aussi votre altesse.

- Quand à ton travail !!! Et bien au début il consistera à la rééducation nécessaire à sa remise en forme, ensuite nous te donnerons les formations adéquates pour que tu prennes la même place vis-à-vis d’Amid qu’a Omar à mes côtés et aux vues de cet entretien, je ne doute pas un instant que tu sauras prouver toutes tes compétences en la matière.

- Je ferai l’impossible en ce sens votre altesse.

- Très bien mon garçon, je ne vais pas te retenir plus longtemps car sinon j’en connais un qui va m’en vouloir et finir par penser que j’ai des vues sur toi ! Hi ! Hi !

Christophe répond du tac au tac avec un petit sourire en coin.

- Je serai désolé qu’Omar puisse avoir une telle pensée votre altesse.

- (Hassan) Salade et loukoum Christophe ! Hi ! Hi !

- Pardon !!!

- Une petite traduction "Florianesque" que je n’ai pas pu retenir ! Hi ! Hi ! Excuse-moi ! Hi ! Hi !

2eme ANNEE Fêtes de fin d’années, 2ème partie : (103/150) (Aix) (Huitième jour)

(Luka) (fin)

Maurice retrouve son bureau provisoire au poste de police ce matin-là, il lit les différents rapports lui arrivant du siège parisien et le tenant au courant au jour le jour des autres affaires de son service.

Son adjoint gère parfaitement la situation, il peut donc reprendre rapidement le cours de sa mission spéciale qui consiste à apporter toute l’énergie et la puissance de l’état Français, à la protection de ce jeune surdoué qui est devenu comme un second fils aux cours des années et encore plus depuis qu'il le côtoie.

Les informations reçues sur le jeune Luka lui laissent à penser qu’il ne lui a pas menti cette nuit, mais son esprit toujours suspicieux lui souffle de pousser plus loin dans ses recherches et il envoie plusieurs demandes de renseignements à quelques agents infiltrés dans certains milieux proches des dirigeants Russes.

Il existe bien un Luka inscrit en fac de droit à Paris et il attend les copies des pièces d’identités fournies lors de son inscription l’année précédente.

Il fait également vérifier l’adresse postale que lui a indiqué le jeune Russe et reçoit rapidement une réponse confirmant qu’elle a été ouverte récemment, précisant qu’aucun courrier ni a été jusqu’à présent mis en dépôt.

Maurice regarde sa montre et soupire en allant se resservir un café, la convocation n’est pour que dans une heure et il a hâte de connaitre la réponse de Luka quant à son éventuelle aide à contrecarrer les plans, en acceptant de donner les informations erronées mais suffisamment crédibles, pour obtenir le délai nécessaire afin que les pressions diplomatiques de plus en plus nombreuses fassent reculer Vladimir dans ses propensions envers Florian.

Un dernier rapport lui amène un froncement de sourcils, l’état des quatre kidnappeurs n’est pas aussi simple qu’il n’y paraissait et leurs maintiens en hospitalisation retardent les interrogatoires prévus par les services spéciaux.

Danger d’infections dues aux morsures et griffures multiples qu’ils ont reçus, des examens complémentaires ainsi qu’une vaccination préventive va les retenir encore au moins toute la journée avant qu’ils ne puissent être transféré en cellules.

Déjà, leurs identités ne fait aucun doute car ils sont fichés et connus de ses services pour d’autres exactions commises depuis plusieurs décennies sur le territoire.

Les faux papiers n’ont pas tenu bien longtemps, juste celui de prendre leurs empreintes et de faire tourner l’informatique, qui a fait apparaître leurs faciès en gros plans.

Maurice a un frisson en repensant à ce qu’il a assisté cette nuit, à cette nuée de rats qui tapissaient le sol en se jetant avec férocités sur eux.

« Toc ! Toc ! »

- (Maurice sursaute) Oui !! Entrez !!

Un policier en uniforme entre alors et salue.

- Oui ??

- Le garçon que vous attendiez est arrivé monsieur !!

- Ah !! Très bien !! Faites entrer !!

- A vos ordres !!

Le planton ressort après un dernier salut et quelques secondes plus tard, Luka apparaît devant la porte en n’osant pas la franchir.

Maurice s’aperçoit de son hésitation et sourit en prenant une voix plus avenante.

- Entre Luka !!

- Bonjour monsieur !

- La nuit n’a pas été trop difficile ?

- Ce serait mentir que de prétendre le contraire monsieur.

- As-tu pris ta décision par rapport à l’offre que je t’ai faite ?

- Vous me garantissez une autre identité par la suite ?

- Je ferai exactement ce que je t’ai promis.

- Alors j’accepte monsieur, je ne me vois pas vraiment refaire ma vie ailleurs.

- Très bonne décision jeune homme !! Nous allons donc mettre au point une organisation qui te permettra de rester crédible, tout en ne portant à leurs connaissances que ce que je déciderai de leur faire savoir. Ensuite je te conduirai auprès de Florian et je te renverrai chez toi, ta mission ne commencera vraiment qu’à la reprise des cours après les fêtes.

- Bien monsieur.

- Maintenant écoute moi bien !!!

***/***

Igor sort du bureau de Vladimir avec un visage circonspect, le demi-succès de son plan le trouble plus qu’il ne voudrait le reconnaître et la façon magistrale avec laquelle ses hommes ont été mis hors courses, lui amène beaucoup de questions desquelles il n’a pour le moment pas toutes les réponses.

Pourtant tout avait bien débuté et l’occasion en or de s’emparer du gamin alors qu’il était seul, n’aurait pas dû aboutir à cette arrestation bien trop rapide pour lui et qui n’a pas permis de mettre le « plan B » en place dans les meilleures conditions.

Les deux garçons auraient dû faire connaissance durant leurs enfermements qui devaient durer plusieurs jours et au lieu de ça, ils ne se sont pas vus et la cible doit même certainement ignorer l’existence de son agent.

Igor compte sur la « motivation » de son espion pour reprendre les choses rapidement en mains, il sourit néanmoins d’amusement en pensant à ce « cher » Désmaré qui d’après sa cellule psychologique devrait entrer dans son jeu sans même s’en apercevoir.

- Tel sera pris qui croyait prendre ! Ha ! Ha !

2eme ANNEE Fêtes de fin d’années, 2ème partie : (104/150) (Aix) (Huitième jour)

(Le père Antoine) (fin)

La longue discussion explicative se termine et comme l’avait prévenu Philippe, Florian l’a écouté avec politesse et lui a même demandé quelques précisions fort judicieuses, prouvant l’intelligence pointue de ce garçon dont le père Antoine ne se lasse pas de contempler les traits et d’en ressentir une forte attirance paternelle.

- Je commence à bien cerner le sujet mon père soyez en sûr, mais je n’ai pas l’intention de vous suivre là-bas pour le moment. Je vous promets de limiter au maximum l’utilisation de mon « don » en attendant d’avoir eu cette explication de la part de cet être, qu’importe son nom et d’où il vient.

Le père Antoine est visiblement déçu de sa décision.

- J’étais prévenu et je n’insisterai donc pas plus, je ne pense pas malgré tout que ce soit l’utilisation de ce don par une seule personne qui soit un danger en soit mon garçon, mais plutôt la transmission de celui-ci à un nombre de plus en plus grand et qui à ce moment-là risquerait de menacer l’équilibre délicat, surtout de nos jours, de l’écosystème de cette planète où nous vivons tous.

- Je ne pense pas l’avoir transmis à quiconque jusqu’à maintenant ?

- (Philippe) Dans son intégralité tu as raison, mais nous en avons tous plus ou moins une parcelle en nous. Mon asthme n’est jamais revenu et pourtant je ne profite plus de ta présence qu’en de trop rares occasions, c’est pareil pour tous ceux d’Aix qui profitent encore maintenant d’une santé sans commune mesure avec le commun des mortels.

- (Michel) Et puis il y a Ludovic !

Je regarde mon grand-père, surpris.

- Qu’est-ce qu’il a « Ludo » ?

- Depuis les quelques jours où il est chez nous, je remarque bien qu’il est presque comme toi à son âge. Son intelligence est de loin supérieur à un gamin de dix ans et je soupçonne même qu’il comprend les langues étrangères presque aussi bien que toi.

- (Philippe étonné) Ah oui !!

- (Michel) Mélanie m’a posé quelques questions sur une conversation que normalement ils n’auraient pas dû comprendre car dite en Anglais.

- (Philippe) C’est peut-être dans son programme scolaire et comme il est en avance sur son âge …..

- (Michel) Peut être en effet mais peut-être pas et ce garçon m’étonne de jour en jour davantage je vous assure.

Le père Antoine après réflexion.

- Je pensais plutôt à ce don de régénérescence qu’a Florian et non à des capacités d’apprentissages même exceptionnelles, quand je parlais des risques majeurs que nous encourions.

- Je vous promets à l’avenir de limiter l’utilisation de ce don, quant à sa transmission, je ne pense pas qu’avec moi il y ait de grands risques.

- (Philippe) Tu peux développer ton idée ?

- Je pensais plutôt qu’il pouvait être d’ordre filial et vu que je ne compte pas avoir de descendance, ça devrait limiter les risques. Sinon il n’y a qu’à faire comprendre à ses « êtres » qu’ils ne doivent plus entrer en nous et je pense réellement que tout rentrera très vite dans l’ordre des choses.

- (Le père Antoine) Taha et Akim en ont un en eux ainsi que « Kinou », ça fait déjà quatre !!

- Vous repartirez avec eux et les conduirez à cette mystérieuse clairière pour qu’ils réintègrent leurs enveloppes minérales et comme si j’ai bien tout compris le mien ne le peut plus, il restera donc le seul et je ne pense pas qu’il y ait des craintes à avoir pour notre survie.

- (Philippe) Tu oublies juste une chose Florian et pas des moindres, les éventuelles avancées que permettront tes recherches.

- Elles ne sont juste que médicales et ne serviront qu’à éradiquer certaines maladies.

- (Philippe) Espérons-le en tout cas !!

Maryse qui jusqu’ici s’était contentée d’écouter, reviens sur une phrase de Florian qui lui a fait dresser les sourcils.

- Quand tu as dit au père Antoine qu’il devra repartir avec eux, tu pensais aussi à « Kinou » ?

- Bien sûr !! Il n’a rien à faire ici et même si je l’aime beaucoup, je pense qu’il sera beaucoup mieux auprès des siens si c’est encore possible. Au pire, il pourra rester aux alentours du dispensaire ou encore dans cette clairière où sa mère ne doit pas être bien loin.

L’animal comme s’il comprenait reste les yeux fixés dans ceux de Florian, il se redresse alors et vient s’allonger aux pieds du vieux père, qui sourit en lui caressant la tête.

- Il sera bien avec nous si c’est vraiment ce que tu veux mon garçon.

- Il me manquera c’est certain mais moins qu’à vous mon père, j’ai bien vu combien il vous aime tout à l’heure et d’ailleurs, je crois que son choix est fait. Maintenant je vous mets en garde quand même, c’est un animal qui va très vite devenir adulte et retrouver ses instincts quand il n’aura plus cette chose dans la tête.

- Merci de cette mise en garde, je prendrai les dispositions qui conviendront quand nous serons rentrés. Mon intension première est de le rendre à son milieu naturel et ce n’est que s’il ne s’y intègre plus, que j’envisagerai une autre solution.

- (Michel) N’hésitez pas à nous en parler, nous pourrions financer un parc pour qu’il y vive tranquille.

- (Le père Antoine) Vous m’aviez également parlé d’un projet d’hôpital il me semble ? Où en êtes-vous dans son avancement ? Les tribus comme celles de Taha ne survivront plus très longtemps si nous ne leur venons pas en aide rapidement.

- Il se fera !!!

La voix qui vient de prononcer ses dernières paroles est si tranchante, que tous les visages se tournent vers celui qui les a prononcées.

Je suis surpris moi-même de ma décision soudaine, mais mon cœur a parlé à ma place et je ne pourrai pas laisser celui qui m’a sauvé la vie au risque de perdre la sienne, voir disparaitre ce pour quoi il vit et qu’il n’a qu’une hâte de retrouver.

- Il se fera mon père !! Ce peuple fier ne mérite pas de disparaitre et je m’y opposerai autant que faire se peut.

2eme ANNEE Fêtes de fin d’années, 2ème partie : (105/150) (Aix) (Huitième jour)

(Résidence d’Hassan) (suite)

L’intendant l’attendait dans le couloir, pour le conduire à ses appartements dès sa sortie du bureau d’Hassan.

Christophe le suit donc dans les méandres de cette « résidence » qui lui parait plus ressembler à un hôtel qu’à une maison.

Ils arrivent dans un couloir qu’ils traversent presque en entier et l’intendant stoppe devant une large porte, qu’il ouvre en priant de la main Christophe d’y entrer.

- Voilà vos appartements monsieur !

- Merci beaucoup ! Pourriez-vous m’indiquer où je pourrai trouver le jeune prince pour ses soins ?

- Son altesse Amid a ses appartements à côté du vôtre monsieur, c’est la porte juste en face.

- Ah !! Très bien alors !! Merci.

- En cas de besoin, vous n’aurez qu’à décrocher n’importe quel téléphone de la résidence en composant le zéro et vous serez mis automatiquement en contact avec quelqu’un du service.

Christophe le regarde s’éloigner en pensant qu’il se retrouve dans un autre monde et qu’il a la chance d’y être du bon côté, il entre et referme derrière lui, puis bug quelques secondes devant la magnificence du lieu.

Tout respire le luxe dans cet endroit, un luxe qui ravit le regard sans être trop clinquant.

Un luxe alliant le confort au plaisir visuel et Christophe en a les yeux qui luisent de contentement, son logement est digne d’un prince et jamais il n’aurait pensé en avoir un comme ça un jour.

Ses valises et son sac à dos sont posés dans le couloir face au salon qu’il vient d’admirer, deux autres portes qu’il s’empresse d’ouvrir avec la curiosité d’un gamin devant les cadeaux au pied du sapin.

La première lui dévoile une salle de bain tout en marbre avec une douche italienne et tout ce qu’il faut pour prendre soin de son corps tout en se délassant.

La deuxième s’ouvre sur une chambre avec de grandes baies vitrées très lumineuse etle même luxe que les autres pièces, rend celle-ci particulièrement agréable et Christophe ne doute pas un instant y passer des nuits extraordinaires, ne serait-ce qu’en tapotant sur l’épais matelas du lit qu’il s’empresse ensuite d’essayer en se jetant dessus et en se faisant rebondir comme sur un trampoline.

Une dernière porte dans la chambre lui dévoile les toilettes, tout en marbre elles aussi et sentant bon le frais, Il sourit malgré lui en se disant que ce ne sera sans doute pas toujours le cas.

« Toc ! Toc ! Toc ! »

Christophe retourne vers l’entrée pour aller ouvrir la porte, y trouvant une femme en tenue de soubrette qui le regarde avec une petite moue appréciatrice.

- Oui ???

- Je viens aider monsieur à défaire ses bagages.

- Ce sera inutile, merci !! Je le ferai moi-même, ce n’est pas pour ce qu’il y a à ranger.

Une petite grimace de déception marque un bref instant le visage de la femme.

- Bien monsieur ! N’hésitez pas à m’appeler s’il vous manque quelque chose, je m’occupe de cet étage.

- Entendu ! Pas de problèmes.

Christophe la regarde repartir en souriant, il préfère qu’elle ne voie pas son linge car il est loin d’être en harmonie avec le reste de la maison et une certaine gêne lui vient soudainement en pensant qu’il devra refaire rapidement sa garde-robe.

Aux vues du salaire qu’il va recevoir chaque mois, il retrouve vite le sourire en se disant que dès sa première paie, il aura largement de quoi mettre les trois quarts de ses habits à la poubelle.

Maintenant, il n’a pas trop envie de se mettre au rangement et préfère rendre visite à Amid, qui lui manque déjà alors que ça ne fait que quelques heures à peine qu’ils se sont quittés.

Christophe sort de « chez lui » et s’arrête un moment en cherchant une clé qui pourrait lui permettre de condamner l’accès à son logement.

Il repense seulement à ce moment-là, qu’il est dans une maison et que ce n’est pas vraiment dans les usages d’y mettre des serrures à chaque porte.

Il frappe à la porte qu’on lui a indiquée comme étant celle des appartements d’Amid et il entend une voix lui semblant lointaine l’autorisant à entrer, ce qu’il fait avec empressement.

Une même surprise l’attend quand il entre dans la suite princière, surprise mêlée d’une certaine émotion quand il constate que cet appartement est exactement le même que celui qu’on lui a attribué, ne serait-ce la couleur des tentures et du cuir des sièges du salon qui différent.

Il pourrait croire être revenu dans la sienne et ça lui va droit au cœur d’être autant considéré dans cette maison que le jeune prince lui-même.

Christophe se dirige directement dans la chambre où il sait y trouver son ami et le voit

en effet allonger confortablement sur le lit, tenant un livre à la main.

Amid a alors un énorme sourire de contentement quand il voit qui lui rend visite.

- « Chri » !!! Te voilà enfin !!!

2eme ANNEE Fêtes de fin d’années, 2ème partie : (106/150) (Aix) (Huitième jour)

(Résidence d’Hassan) (fin)

Christophe en entendant ce cri sorti du cœur, s’avance rapidement pour venir embrasser son prince avec passion.

Tellement d’ailleurs, qu’Amid en lâche son livre pour pouvoir se pendre à son cou et lui rendre son baiser bouillant.

- (Amid) On va être toujours ensemble maintenant !! Tu te rends compte du bonheur que ça va être ?

- Laisse-moi un peu de temps pour m’y faire ! Hi ! Hi !

- Tu as fait quoi tout ce temps ?

- Ton père m’a convoqué dans son bureau pour discuter et ensuite on m’a montré où j’allais loger.

- Ton appart te plait ?

Christophe se retient de rire.

- Faudra bien que je m’y fasse tu sais, j’avais l’habitude d’être à l’étroit. Je vivais dans un petit studio où il fallait tout le temps ranger pour pouvoir circuler un tant soit peu.

- (Amid) Mais !! Mon père m’avait dit qu’il te mettrait au même étage que moi, je pensais que toutes les chambres étaient les mêmes !! Je ne supporterai pas que tu sois logé avec la domesticité !!

Les yeux du jeune prince brillent de tristesse.

- Tu vas venir immédiatement partager cet appart avec moi, j’en connais un qui va m’entendre !!

Christophe regarde son ami avec un énorme étonnement dans les yeux, il ne voit vraiment pas ce qui a pu le mettre dans un tel état et il ne lui semble pas que ses paroles lui aient laissé penser un seul instant qu’il n’appréciait pas son nouveau logement.

Il voit les larmes coulées sur les joues d’Amid, il le prend dans ses bras en le serrant très fort.

- Pourquoi tu pleures ? Je serai très bien où on m’a installé ? De toute façon peu m’importe dès l’instant que je reste avec toi. D’ailleurs tu es très bien dans cet appart toi aussi, alors je ne vois pas où est le problème ?

Amid ne comprend plus rien.

- Mais tu viens de me dire que ta chambre était trop petite ?

- Mais non !! Je disais juste qu’il allait falloir que je m’habitue parce qu’où je vivais, ce n’était vraiment pas grand. Tu as cru que je n’étais pas content de ma nouvelle chambre ? Enfin ! Disons plutôt mon nouvel appartement.

Amid comprend alors le quiproquo et retrouve le sourire, ses lèvres se collent à celles de Christophe et le jeune prince lui fait passer tout l’amour qu’il ressent pour lui, dans ce simple baiser qui envoie le jeune infirmier dans une joie immense.

Il s’allonge alors tout contre lui, en faisant attention à ne pas faire de mouvements trop brusques qui risqueraient de mettre à mal sa colonne encore fragile.

- Gros bêta va !! Jamais je ne me plaindrais de quoi que ce soit du moment que tu m’embrasses toujours comme tu viens de le faire.

- Je t’aime « Chri ».

- Moi aussi je t’aime et c’est pour ça que j’ai choisi de te suivre partout où tu iras.

- Si tu n’étais pas venu je serais resté tu sais, j’en avais déjà parlé avec mon père.

Christophe ressent à son tour ses yeux se mouiller sous l’aveu.

- Tu aurais fait ça pour moi ?

- Tu sais « Chri » ? Avant que Florian n’arrive, je crois avoir passé les plus mauvais moments de ma vie à attendre de savoir pour nous deux.

Christophe a la gorge tellement nouée qu’il préfère s’occuper, plutôt que de tenter une réponse qui ne sortira pas sans qu’il s’effondre à son tour.

Il passe alors dans la salle de bains préparer le nécessaire pour la toilette de son ami et revient le chercher en le prenant doucement dans ses bras, le cœur encore lourd de toutes les émotions qui l’assaillent.

Amid ne dit pas une parole, voulant ainsi respecter le silence dont il comprend bien la raison et se laisse transporter et déshabiller en silence.

Le contact des mains douces sur son corps, lui déclenche l’érection à laquelle il ne fait maintenant même plus attention tant elle lui semble naturelle.

Christophe s’en aperçoit aussitôt et sourit devant cette preuve manifeste du désir de ce jeune homme qui s’offre à sa vue sans pudeur, il termine de lui ôter ses vêtements et le pose délicatement comme s’il était prêt à se briser au moindre heurt.

Amid apprécie ses gestes doux, il lui sourit amoureusement en lui tendant les bras.

- Tu viens ?

Christophe amusé cette fois, en voyant le gland dressé sortir de la masse de mousse du bain.

- Pourquoi c’est porte ouverte aujourd’hui ?

Amid éclate de rires car il comprend bien l’allusion.

- Idiot va !! Hi ! Hi !

Puis d’une voix chaude et rauque, montrant dans son ton toute son envie de sentir son corps nu contre le sien.

- Viens !!!

2eme ANNEE Fêtes de fin d’années, 2ème partie : (107/150) (Aix) (Huitième jour)

(Des « témoins » encombrant)

« Aix en Provence : hôpital civil. »

L’infirmière fait un petit signe en guise de bonjour aux deux policiers en faction dans le couloir, elle entre dans la chambre en poussant son chariot devant elle et tout naturellement actionne le dispositif prévenant des soins en cours.

Les deux hommes occupant la chambre sont encore sous l’effet du tranquillisant qui leur évite de trop souffrir de leurs blessures et dorment sereinement en attendant d’être suffisamment remis, pour être transféré à la prison de Marseille où ils seront incarcérés et interrogés.

Le chariot vient se placer entre les deux lits et l’infirmière prend en main une seringue avec un sourire cruel dans le regard.

Elle tire ensuite sur le piston pour la remplir d’air et la plante dans la carotide du premier homme pour la vider dans l’artère et passer ensuite tout aussi rapidement au suivant qui a droit au même traitement.

Elle surveille le pouls des deux hommes jusqu’au moment où ceux-ci s’arrêtent et elle quitte la chambre toujours aussi tranquillement pour passer à la deuxième chambre, tout en souriant aux deux policiers qui ne voient en elle qu’une jeune femme accorte qui fait son travail.

Cinq minutes plus tard, après avoir fait subir le même sort horrible aux deux autres patients, elle s’éloigne tout aussi calmement qu’elle était arrivée et se débarrasse du chariot sitôt l’angle du couloir passé, pour s’éclipser comme elle était venue et monter à l’arrière d’une fourgonnette garée non loin, qui démarre aussitôt pour se perdre dans la forte circulation de cette fin de matinée.

***/***

« Une heure plus tard. »

La relève arrive en même temps que le chariot apportant les repas des malades de l’étage.

Les deux policiers se lèvent en souriant à leurs collègues, quelques phrases pour prendre les consignes et savoir si un problème quelconque est survenu pendant leur garde, puis les deux hommes laissent leurs remplaçants visiblement pas mécontents d’avoir terminé leur journée.

Le premier arrive près de l’ascenseur et se fige devant le chariot resté au milieu du couloir, il s’approche et voit tout de suite la seringue posée telle quelle avec des traces de sang sur l’aiguille.

- Merde !!!! On s’est fait avoir !!!

Les deux policiers rejoignent leurs collègues qui s’étaient levés en entendant l’exclamation de surprise.

Ils se précipitent tous les quatre dans la première chambre et la vision qu’ils en ont est lourde de conséquences, les deux patients gisant morts dans leurs lits.

Même scénario dans la seconde chambre où le constat du décès des deux pensionnaires et très vite rendu, les policiers se regardent effaré qu’un tel acte se soit déroulé en plein jour au nez et à la barbe de deux d’entre eux.

***/***

Maurice raccroche son téléphone le visage livide, lui-même n’aurait pu imaginer qu’un tel acte puisse se produire alors qu’il n’avait fait placer cette surveillance que dans le seul but qu’ils ne puissent quitter l’hôpital.

Cette réaction autant rapide que définitive, le laisse un instant sans réaction devant une telle cruauté et un tel manque d’humanité.

Déjà le « suicide » de l’équipe capturée au péage par ses hommes lui avait paru suspect, cette histoire d’empoisonnement volontaire alors qu’il lui a été certifié qu’une fouille méticuleuse avait été faite sur eux avant leur incarcération au centre de détention de Reims.

Incarcération provisoire dans l’attente de leur mise en accusation pour usurpation d'identité et détention d’armes.

Maurice se reprend et soupire un grand coup avant de mettre ses services en action et de prévenir les personnes de confiance qu’il juge bon d’être mis au courant.

Toute cette histoire commence à vraiment prendre des proportions qu’il n’aime pas du tout, son inquiétude s’amplifie quand à ce qu’il pourrait encore arriver dans les prochains jours et la rage vient supplanter l’expression d’incompréhension et d’horreur qu’il montrait jusque-là.

Douze morts en à peine une semaine c’est déjà beaucoup, beaucoup trop même et il ne doute pas que ça ne va pas s’arrêter là, quoi faire d’autre que ce qu’il a déjà mis en action ? Lui faire quitter le pays ? Les ordres sont clairs pourtant et l’interdiction est venue de haut, laissant entendre qu’il était trop précieux pour prendre un tel risque.

Maurice en voit bien une, la pensée qu’il vient d’avoir laisse apparaitre un sourire sur son visage buriné par les ans.

Seulement cette idée est tellement folle que lui-même doute qu’elle puisse se réaliser et pourtant elle serait radicale, de ça il n’en doute pas un instant.

Plus il y pense et plus celle-ci lui semble la seule qui pourrait mettre un terme à ce début de conflit, car de ça il ne doute pas un instant que s’en soit bien un.

Conflit politique avec la Russie et son président tellement imbu de lui-même, qu’il est prêt à aller jusque-là pour arriver à ses fins.

La seule difficulté pour que son plan puisse fonctionner, tient en une seule phrase.

« Comment les faire se rencontrer ? »

2eme ANNEE Fêtes de fin d’années, 2ème partie : (108/150) (Arabie Saoudite)

(Joseph) (Nouvelle mission)

Joseph attend dans le grand hall du palais d’Hassan, un haut fonctionnaire de la sécurité lui a donné rendez-vous pour recevoir son rapport sur sa dernière mission et lui donner les instructions qui lui seront nécessaires pour mener à bien la suivante.

Son arrivée la veille à l’aéroport n’a pas manqué de l’interpeller, déjà à cause des militaires en surnombre qu’il a pu apercevoir et ensuite devant l’impressionnant groupe de personnes encadrées par la police du prince, qui attendent manifestement le prochain vol pour quitter le pays.

Le trajet de l’aéroport à l’hôtel et le lendemain de l’hôtel au palais suite à cette convocation rapide, l’a intrigué au plus haut point.

L’émirat d’habitude si calme, montre dans les rues de la ville une activité policière et militaire accrue, qui sollicite sa curiosité naturelle.

La chaine d’information lui en a révélé plus ou moins la cause, même s’il ne comprend pas très bien ce qui en a été l’élément déclencheur.

La rupture brutale des relations politiques ainsi que le renvoi de tous les ressortissants venant d’un des pays de l’est, qu’ils soient Russes ou alliés de ceux-ci concomitant avec cette débauche d’uniformes dans les rues ne lui dit rien qui vaille et c’est donc dans cet état d’esprit troublé, qu’il attend nerveusement qu’on veuille bien l’appeler pour le débriefing de sa dernière mission.

Un homme à haute stature qu’il reconnait immédiatement apparait et l’apercevant, se dirige droit vers lui, le visage marqué par une préoccupation évidente.

- Bonjour Joseph, le voyage de retour n’a pas été trop pénible ?

- Bonjour excellence !! Fatiguant sans plus.

- Si vous voulez bien me suivre ? Nous serons mieux dans mon bureau pour parler.

Joseph connait bien le chemin pour s’y être déjà souvent rendu et il n’est donc plus autant impressionné par la magnificence du palais, démontrant l’extrême richesse du pays.

Une fois installé confortablement face à son interlocuteur, Joseph sort de sa mallette un dossier qu’il dépose sur le plan de travail.

- Voici mon rapport votre excellence !! Je ne doute pas un instant qu’il va vous semblez incroyable, voir fantasque pour ne pas dire fantastique, mais je vous assure qu’il reflète l’exact vérité à laquelle je me suis confronté.

- Son altesse m’en a déjà averti et de ce que j’en sais déjà, je me doute des raisons qui vous font me prévenir.

- J’ai également un…. Disons…. « Message » pour son altesse Hassan.

- Aurait-il un quelconque rapport avec la nécessité de faire revenir une certaine personne à un endroit bien précis, pour qu’il y prenne connaissance de recommandations sur ses actes à venir. Actes qui pourraient être néfastes s’il n’en connaissait pas toute la portée.

Joseph n’en croit pas ses oreilles, comment peuvent-ils être déjà au courant d’une chose qui s’est passé dans la confidentialité la plus totale ? À moins que le père Antoine n’ait eu le temps d’en informer qui de droit avant lui.

- C’est exactement le message que je devais rapporter à son altesse !!!

- Je vous serai gré de me raconter tout ça dans le détail et de ne rien omettre, même ce qui pourrait vous semblez hors sujet.

Joseph retrace alors tout ce qu’il a vécu en Afrique depuis sa sortie d’avion, jusqu’à ce qu’il quitte le pays en compagnie du vieil ecclésiastique qui lui aussi était chargé du même message à délivrer au jeune garçon objet de sa mission.

Le haut fonctionnaire l’écoute sans jamais l’interrompre même si ce n’est pas l’envie qui lui manque, aux vues des mimiques interrogatives de son visage à certains passages particulièrement incroyables.

Une fois que Joseph a terminé son rapport verbal, un long moment de silence se passe avant que l’homme n’ouvre un tiroir et n’en sorte une enveloppe qu’il dépose devant Joseph et prenne en contrepartie son rapport écrit pour l’y glisser à l’intérieur et le refermer à clé.

- Voici la somme que nous vous devions et son excellence vous demande comme vous devez bien vous en doutez, le plus grand silence sur tous les faits que vous nous avez rapportés.

Joseph empoche l’enveloppe sans l’ouvrir, marque de confiance qu’apprécie tout particulièrement son vis-à-vis.

Il pose ensuite ses mains sur ses genoux et attend la suite qui ne devrait pas tarder à lui être révélé.

- Vous sentez vous prêt pour une autre mission ? Beaucoup plus dangereuse cette fois ci je vous en avertis par avance. Elle sera rémunérée à sa juste valeur, disons un million de dollars américains ou l’équivalence dans la monnaie du pays qui vous conviendra le plus.

- (Joseph trésaille) Et où dois-je me rendre pour une telle somme ?

- (L’homme) Je pense que vous devez bien vous en doutez, connaissant votre valeur je ne vous ferais l’affront de croire à votre ignorance.

Joseph sourit à son tour et s’incline légèrement en marque de respect.

- Et que devrais-je y faire une fois rendu là-bas ?

- Tuer un homme !!! Ou du moins le rendre définitivement inoffensif, à vous de voir ce qui vous semblera le mieux pour votre conscience.

2eme ANNEE Fêtes de fin d’années, 2ème partie : (109/150) (Arabie Saoudite)

(Joseph) (Nouvelle mission) (fin)

Joseph fixe un instant son interlocuteur dans les yeux, le temps nécessaire pour lui de faire le point sur ses dernières paroles et de constater le sérieux de cette mission sur le visage impassible qui se tient assis devant lui.

- Qu’a fait cet homme pour mériter un tel châtiment ?

- Il a détruit une famille lié par le sang à notre prince et conspire actuellement contre une personne lui étant devenue un ami très cher.

- Parlons-nous de la même personne ?

- Très certainement oui !!

- Pouvez-vous m’en dire plus ?

- Seulement si vous acceptez cette nouvelle mission, vous comprendrez bien que dans le cas contraire il ne vous sert à rien d’en apprendre davantage.

- Très bien !! Je vous écoute !!

L’homme ouvre alors un second tiroir et en retire un dossier qu’il tend à Joseph.

- La famille détruite est celle de notre attaché d’ambassade, cousin de son altesse et qui a été assassiné récemment sur l’ordre de cet homme que nous savons être le nouveau chef des services secrets russes. Un plan machiavélique destiné à entacher le nom de son altesse Hassan et qui a eu pour triste issue l’assassinat de notre ambassadeur, de son chauffeur, ainsi que de la famille de l’ex patron du KGB décédé lors d’un accident en mer. Une mère et ses deux enfants qui ont été également cruellement sacrifiés, ce à quoi notre prince a été accusé de vouloir les sortir de force du pays.

La conversation se poursuit encore un long moment, Joseph comprend les enjeux de sa mission et voyant que son interlocuteur en a terminé de ses explications, il se lève, prend le dossier et s’incline en guise de salut pour prendre congé.

- J’aurais besoin de vos services et d’un temps de préparation avant de commencer cette nouvelle affaire.

- Nos services sont au courant, ils vous prêteront toute l’aide qui vous sera nécessaire. Mon prince voudra certainement savoir quand vous vous rendrez là-bas et le temps dont vous aurez besoin pour mener à bien cette mission ? Que devrais-je lui répondre ?

- Que quelques semaines devraient suffire.

- Ce délai me semble justifier !! J’en référerais donc à son altesse. Notre prince éprouve beaucoup de considérations envers vous Joseph, sachez qu’il en est de même pour moi et je vous souhaite une encore très longue collaboration avec nos services.

- Je vous remercie excellence, permettez-moi de vous laisser à vos occupations. Les miennes demandent déjà toute mon attention pour les mener à bien.

Une fois sortie du palais, Joseph rentre directement chez lui, en commençant à tracer dans sa tête tous les écheveaux qu’il lui faudra inventer pour conduire à bien son travail et recevoir ce million de dollars qu’il aura alors amplement mérité.

Il passe plusieurs heures à lire et relire le dossier qui lui a été confié, jusqu’à le connaitre par cœur et s’en débarrasser en le brûlant afin qu’aucune trace ne persiste.

Il note ensuite tout ce dont il va avoir besoin pour sa nouvelle identité et du rôle qu’il va devoir se créer pour avoir la possibilité d’approcher cet Igor, qui doit s’être entouré de toutes les protections possibles et imaginables pour sa sécurité.

***/***

Igor fait un geste de la main, signifiant à la personne qui était avec lui dans son bureau qu’elle pouvait disposer.

Il vient de perdre six hommes pour rien et commence à croire qu’il y a une protection divine envers ce garçon.

Maintenant il ne pouvait pas prendre le risque qu’ils parlent et eux-mêmes devaient bien se douter que leurs captures signaient leur arrêt de mort.

Reste encore deux phases d’action possible dont l’une est déjà enclenchée, Igor hésite encore à mettre en avant son agent placé dans cet hôpital et centre de recherche militaire.

Celui-ci étant très utile, il serait regrettable d’avoir également à le sacrifier si ça devait également mal tourner pour lui.

- Si seulement je savais ce qu’a d’aussi exceptionnel ce garçon pour avoir droit à une telle protection !!! Je ne vais quand même pas devoir sacrifié tous nos agents en place dans ce foutu pays sans en connaitre la raison ? Nous ne savons même pas s’il a une vraie valeur ou si c’est juste un leurre pour que nous nous découvrions au grand jour et permettre à ce Maurice Désmaré de se débarrasser de nos cellules d’espionnage implantées chez lui !!!

Igor enroule rageusement la carte de France posée sur son bureau, il a inscrit dessus à côté du nom des villes le nombre de chaque agent qu’il y dispose et il a rayé en rouge ceux qui ont déjà été victimes de cette affaire.

- Si j’ai raison et que c’est un coup de la DST, l’affaire est bonne pour eux !!!

2eme ANNEE Fêtes de fin d’années, 2ème partie : (110/150) (Aix) (Anthony)

(Huitième jour) (Surprise de taille)

Anthony repose sa guitare et remercie les musiciens qui chaque jour l’acceptent avec plaisirs dans leurs répétitions.

De temps en temps Baptiste, Rémi ou sa chérie se joignent à eux, mais pas ce jour-là car ils sont tous partis en ville pour préparer le réveillon du lendemain.

Le chef d’orchestre l’aide pour quitter l’estrade quand il se bloque soudainement à la plus grande surprise du jeune homme qui manque de chuter, ne s’y attendant pas du tout.

- Qu’est-ce qu’il se passe ?

- Heu !!

Voyant le geste impératif qu’on lui fait.

- Rien !! Tu veux rester encore un moment où je te reconduis à ta roulotte ?

Anthony entend des bruits inhabituels.

- Tu peux m’expliquer ce qu’il se passe ?

- Heu !!! C’est le groupe qui va jouer demain soir pour la fête de Noël, ils viennent pour répéter un peu et voir comment le son passe sous le chapiteau.

- (Anthony) Ah !! Parce que ça aura lieu ici ?

- Tu sais qu’il va y avoir du monde !!

Anthony hoche la tête en accord avec ses paroles et sourit.

- C’est vrai !! Et en plus il y a toute notre bande ! Hi ! Hi !

- Tu ne m’as pas répondu ?

- De quoi ? Ah oui !! Je vais rester un peu si ça ne te dérange pas.

- Assieds-toi alors !! Je repasserai dans un moment pour voir si tu n’as besoin de rien.

- (Anthony) Merci, c’est gentil.

Le chef d’orchestre retourne rapidement vers Tony et celui dont la vue l’a fait sursauter, c’est la première fois que celui que tous appellent « le patron » dans le milieu est si près de lui et il se demande bien quelle mouche a piqué le sien de patron pour investir autant dans une soirée.

Tony comprend les questions qu’il se pose.

- Ils sont juste là cet après-midi pour Anthony, demain il aura une autre surprise car ce sont ses amis qui vont venir pour reconstituer leur groupe exprès pour le réveillon.

Le chef d’orchestre en faisant face à Johnny, car c’est bien de lui qu’il s’agit et qui étant toujours dans la région, a tenu à rencontrer ce jeune homme à la voix si déroutante.

- Vous lui voulez quoi à « Antho » ?

- (Johnny) Juste l’entendre chanter, pourquoi ?

Tony croit bon de préciser.

- C’est Florian qui lui a fait écouter un enregistrement.

- Vous connaissez « Flo » ???

Johnny est amusé cette fois.

- J’ai eu cet honneur oui !!

- Ah ! Ok ! Je comprends mieux alors !

- (Tony) Comme je vous l’ai dit, ce n’est pas sûr du tout qu’il accepte de chanter. En général il ne le fait que quand il est avec ses amis, par contre quand il le fait !! Waouh !! Ça décoiffe !!

Johnny regarde le jeune homme et seulement alors s’aperçoit que son comportement est étrange.

- Je ne savais pas qu’il était aveugle ? Je comprends mieux votre geste de tout à l’heure.

- (Tony) S’il vous savait ici, c’est certain qu’il refuserait de se donner en spectacle.

- Et bien gardons encore le secret un moment alors !!

- (Tony) Restez ici, moi je vais près de lui. Peut-être acceptera-t-il de chanter si je le lui demande, faites jouer votre groupe et je pense que s’il apprécie leurs qualités de musiciens, il ne verra pas d’objections à se joindre un moment à eux. Le chapiteau est vide alors ça devrait le rassurer.

Johnny rejoint ses musiciens et leur parle de façon à ne pas être entendu des gradins, pendant ce temps-là Tony vient s’asseoir près d’Anthony pour engager la conversation.

- Ça va Anthony ? C’est rare de te voir sans quelques-uns de tes amis.

Anthony reconnait la voix de Tony et sourit.

- J’avais envie de faire un peu de musique, il fait trop froid cet après-midi et je n’avais pas vraiment le goût d’aller me cailler en ville.

- Tu serais d’accord pour nous faire plaisir à tous demain soir ? Le groupe de musicien que nous avons fait venir vient de nous annoncer que leur chanteur a une bronchite et qu’il ne pourra pas honorer son contrat. Je suis certain que Florian voudra se proposer, mais bon !! Parait qu’il n’est pas top dans ce genre de démonstration.

Anthony mort de rire.

- Pour ça c’est sûr ! Hi ! Hi !

- Alors !!!

- Il y aura qui ?

- Juste nous, le cirque est fermé et cette fête n’est que pour nous retrouver et fêter Noël en famille et entre amis.

Anthony sourit après un léger moment d’hésitation.

- Entendu alors ! Hi ! Hi ! Je ne vais quand même pas laisser « Flo » nous écorcher les oreilles toute la soirée.

La musique commence alors, Anthony écoute avec plaisir le morceau que le groupe entame en introduction.

Il sourit en reconnaissant le toucher particulier de certains des musiciens qui sont des professionnels de haut, pour ne pas dire de très haut niveau.

- Il est là ?

2eme ANNEE Fêtes de fin d’années, 2ème partie : (111/150) (Aix) (Anthony)

(Huitième jour) (Surprise de taille) (suite)

- (Tony) Qui ça ?

- Je pourrai citer le nom de la plupart de ses musiciens tu sais, en plus « Flo » m’a parlé de sa surprise à la fête de sa boite et de la conversation qu’ils ont ensuite eue à mon sujet.

Tony soupire et avoue.

- Oui il est là !! Ça te dérange ?

- Tu crois quoi ??

Tony tente le tout pour le tout.

- S’il est venu, c’est parce qu’il a été fortement impressionné de t’entendre. Qui sait ce qu’il peut faire pour toi et tes amis, tu n’aimerais pas en faire ton métier ?

- Et être l’aveugle de plus dans le Show business ? Merci bien !!

- Allons « Antho » !!! Tu n’y peux rien si tu es né comme ça !! Je pensais que tu le vivais bien et je m’aperçois que ce n’est pas le cas, tu m’en vois désolé pour toi mon ami. Je trouve quand même que c’est dommage de passer à côté d’une opportunité pareille, ça ne se présente pas si souvent dans la vie. Maintenant si c’est ce que tu veux réellement, je vais aller le lui dire.

Anthony sait reconnaître les paroles sincères quand il en entend et Tony lui a parlé avec son cœur, maintenant il connait aussi comment il est et la timidité presque maladive qui le prend quand il se sait observer, une main vient alors se poser sur son épaule qui le fait sursauter.

Il n’a pas entendu arriver ses amis tellement il était obnubilé par les paroles de Tony, Alice l’embrasse tendrement sur la joue et le fait se relever pour la suivre.

- On est aussi impressionné que toi mon chéri, tu peux me croire sur parole. Seulement c’est la chance de ta vie et tu t’en voudras certainement plus tard de l’avoir laissé passer.

Baptiste est ému lui aussi.

- Et puis tu es mon grand frère et tu te dois de me montrer l’exemple, essaie au moins !! Juste une chanson et si ça ne va pas on arrête là, mais au moins tu auras essayé.

Anthony est encore très loin d’être convaincu mais se laisse emmener sur l’estrade où se trouvent les musiciens, qui continuent à jouer comme si de rien n’était.

Alice lui met d’autorité un micro dans les mains et lui assène une petite claque sur les fesses, qui amène le sourire à tous ceux qui voient son geste.

- Allez mon grand !! Montre leur ce que tu sais faire !!

Elle l’embrasse ensuite sur la joue.

- Courage mon chéri !!

Johnny fait alors un signe à ses musiciens qui enchaînent alors sur la chanson qui l’avait tant marqué en l’écoutant l’autre soir.

Anthony ne peut empêcher un sourire en sachant très bien qu’elle est celle que préfère sans contexte Florian et la pensée de son ami qui n’hésite jamais dans tout ce qu’il entreprend, sans la peur du ridicule qui amène souvent le fou rire de la part de ses amis, lui donne le courage nécessaire pour qu’il se lance et que sa voix résonne enfin et fasse vibrer d’une émotion intense, les personnes autour de lui.

- Angie !!! Annngiiiieee !!!.....................

Comme à chaque fois, les larmes s’écoulent des visages sans qu’il ne puisse s’en rendre compte.

Les musiciens et le chanteur pourtant habitués depuis de longues années de métier, n’y échappent pas eux non plus et l’instant de cette chanson qu’aucun bruit extérieur ne vient perturber, les laisse dans un bouleversement peu commun jusqu’à ce que la dernière note ne se termine et qu’un silence de cathédrale ne vienne la ponctuer comme la reconnaissance ultime d’un talent immense.

Anthony ressent l’atmosphère particulière, comme à chaque fois qu’il y met comme encore cette fois ci tout son cœur.

Il sourit et comprend qu’il doit changer de registre, il se tourne alors vers le groupe et les harangue gentiment.

- Un peu de gaieté maintenant !! …..Je vais maintenant vous parlez d’une fille !!! Une fille que vous connaissez très très bien !!!! Vous voyez qui je veux dire !!!!

Les musiciens sourient et lancent l’intro.

- Gabrielle !!! …..Tu brûles mon esprit et ton amour……

Johnny écoute un moment puis prend un second micro et s’approche du jeune homme qui maintenant s’attaque à un de ses plus grands succès avec une voix tellement pure et dans le ton, qu’elle le laisse un instant stupéfait, jusqu’au refrain qu’ils entament alors en duo au plus grand plaisir de ceux qui assistent à ce concert improvisé.

- Oh !! Fini ! Fini pour moi !!! Je ne veux plus être l’esclave de tes nuits !! Dix ans de chaînes sans voir le jour, c’était ma peine, forçat de l’amour….………

2eme ANNEE Fêtes de fin d’années, 2ème partie : (112/150) (Aix) (Anthony)

(Huitième jour) (Surprise de taille) (fin)

Deux autres chansons ponctuent cet après-midi, Alice remonte alors sur l’estrade pour reprendre son chéri dans ses bras et le féliciter d’avoir passé outre à ses doutes et leur avoir donné autant de plaisir.

Johnny les regarde un moment avant de se décider lui aussi à exprimer ses pensées face à ce jeune garçon plein de talents et dont le physique avenant ferait très rapidement de lui une énorme vedette s’il en éprouvait tout simplement l’envie.

Il comprend aussi qu’il ne faut surtout pas le brusquer et se contente donc tout simplement avec ses mots à lui, de lui assurer qu’il sera là le jour où il sera prêt et qu’il n’aura alors qu’à le lui faire savoir.

- (Anthony ému) Merci mais je ne veux pas en faire mon métier, chanter devant mes amis me comble amplement et je tiens trop à ma liberté. Je suis flatté d’avoir eu cette proposition et je m’en souviendrais comme une des plus belles qu’on m’aura faite soyez en assuré.

- Très bien !! Je n’insisterai donc pas !! Bonne chance jeune homme et surtout ne changez pas !! Allez les gars, nous devons être à Lyon ce soir !!

Anthony les entend remballer leurs instruments et pose la question qui lui brûle les lèvres.

- Ils s’en vont ?? Je croyais qu’ils étaient là pour le spectacle de demain soir ??

- (Baptiste étonné) Qui t’a dit ça ?? Ils sont juste venus pour toi et te faire cette proposition que tu viens de refuser.

- (Alice troublé) Tu aurais pu prendre le temps d’y réfléchir « Antho », ce n’est pas tous les jours qu’on te déroulera le tapis rouge tu sais ?

- Je suis trop bien avec vous tous et en plus je ne tiens pas vraiment à devenir comme eux, Tony n’est plus là ? J’aimerais bien lui dire deux mots.

Baptiste regarde autour de lui.

- Il est reparti on dirait bien, pourquoi tu veux lui parler ?

- Il va falloir qu’il m’explique comment il compte faire maintenant pour demain soir.

Baptiste sourit car bien sûr il est au courant.

- Bah !! Tu verras bien, nous n’y sommes pas encore.

Alice les écoute discuter la tête ailleurs, elle repense à cette première fois qui ne date pas de si longtemps que ça, où elle a enfin connu le plaisir suprême d’être aimé et honoré par son amoureux et le plaisir a été tellement fort, qu’elle en éprouve encore un immense frisson de joie quand elle s’en souvient.

C’était il y a deux nuits quand elle a senti une main plus que baladeuse caresser son corps et qu’elle a compris que cette fois ci serait la bonne.

En effet Anthony cette nuit-là s’est fait beaucoup plus aventureux qu’à l’habitude et sa main s’est égarée dans des endroits beaucoup plus intimes, n’hésitant plus à aller là où ses envies de découvertes l’amenaient.

Quand ses doigts curieux sont entrés tout en douceur dans son intimité, celle-ci était déjà toute lubrifiée, prête à enfin connaitre ce qui fera d’elle une femme et c’est d’un ton presque implorant auquel elle ne se serait jamais crue capable, qu’Alice lui a alors demandé de la prendre.

Anthony devait être dans un état mental d’excitation particulièrement fort car il n’a pas hésité, quand il s’est allongé sur elle en se frottant langoureusement contre son corps en l‘embrassant avec une virilité qui l’a rendu toute chose, haletante dans l’attente de la pénétration qui n’a pas trainé et qui lui a fait pousser le petit cri de douleur, mais aussi de joie de perdre enfin sa virginité dans les bras du garçon qu’elle aime.

Anthony est devenu le mâle dominant qu’elle soupçonnait depuis toujours et l’a prise avec un mélange de force et de douceur, qui très vite l’a menée dans un plaisir intense proche de l’orgasme.

Leurs lèvres se sont scellées pendant que leurs corps en parfaite union leurs donnaient l’extase de la jouissance.

Un dernier coup de rein puissant l’a fait hoqueter de surprise et ses yeux ont chavirés sous l’effet de ce coït mené avec virilité et passion.

Anthony sans se départir de sa raideur vigoureuse a continué ses mouvements de va et vient, visiblement encore sous l’effet d’une libido trop longtemps retenue.

Alice a senti son corps redevenir demandeur, ses doigts se sont crispés en lui griffant légèrement le dos quand un véritable orgasme cette fois l’a emmenée encore plus loin dans l’état de béatitude que cet accouplement tant attendu lui déclenche.

Le garçon a bien senti que cette fois ci sa compagne jouissait très fort et ça lui a donné encore plus l’envie de la prendre, ses coups de reins se sont fait plus agressifs, plus virils encore et c’est au moment où sa chérie repart pour une troisième fois dans les limbes du plaisir suprême, qu’il jouit à son tour d’un deuxième orgasme qui cette fois ci le laisse exsangue et qu’il s’affale complètement vidé de toute force sur sa chérie qui maintenant lui caresse les cheveux avec la reconnaissance du bonheur intense qu’elle vient de vivre.

C’est dans cette pensée encore si présente, qu’Alice le serre contre lui et l’emmène en dehors du chapiteau, pressée soudainement de revivre encore une fois ce bonheur de ne faire plus qu’un avec celui qu’elle aime et qui la comble au-delà de tous ses rêves de jeune fille.

2eme ANNEE Fêtes de fin d’années, 2ème partie : (113/150) (Aix) (Un terrain tout trouvé) (Huitième jour)

Le père Antoine fait sa petite sieste chez Philippe qui l’a accueilli de bon cœur chez lui pour la durée de son séjour en France.

Michel et Maryse sont également là eux aussi et discutent de cette matinée troublante ou pour la première fois, Florian n’a pas rejeté l’idée de mettre en place son projet hospitalier en Afrique.

- (Philippe) Je pense que le fait que Taha lui a sauvé la vie y est pour beaucoup dans cette décision aussi soudaine que surprenante.

- (Michel) C’est probable en effet et en plus ça m’arrange plutôt bien.

- (Philippe) Ah oui !! Comment ça ?

- (Michel) Depuis qu’Antoine nous a demandé son aide, j’ai pas mal pris de renseignements et je dois dire qu’ils sont plutôt bons. La zone où il a son dispensaire est une concession qui appartient toujours à la France, un ancien territoire qui nous a été rétrocédé lors de notre retrait de nos colonies d’Afrique et qui ont marqué leur indépendance.

- (Philippe) Pfff !! Pour ce que ça leur a réussi !!!

- Ils n’étaient pas prêts et on voit ce que ça donne maintenant !!

- Donc si je comprends bien, ce projet de construction est déjà bien avancé ?

- (Michel) Je n’irai pas jusqu’à dire ça, mais disons qu’il est envisageable et qu’il ne manquerait plus que quelques signatures pour pouvoir monter plus avant ce projet.

- (Philippe) Le coût de tout ça doit dépasser vos possibilités, à moins que vous vous contentiez d’améliorations de la structure existante et que vous y alliez par petites touches progressives.

- Tu connais notre Florian ? Il a déjà trouvé les fonds qui lui seront nécessaires, avec des associés de poids pour l’aider dans ses ambitions qui je l’avoue ne manque pas d’un certain gigantisme qui me fait peur.

Michel raconte à Philippe ce qui lui a été répété de la demande de Florian auprès de ses deux richissimes amis, il lui indique les sommes colossales qu’il leur a demandé d’investir et avec quels arguments il les a persuadés à adhérer à sa cause.

- (Philippe) Ce gamin me surprendra toujours !!!

- (Maryse amicale) On croit le connaitre et Pffttt !!! Le voilà qu’il nous emmène avec lui dans des idées à l’opposé de ce qu’on aurait cru possible.

- (Michel) La preuve en est de cette acceptation soudaine de venir en aide aux tribus Massaï.

- (Maryse) Pourtant dieu sait combien l’idée même d’aller là-bas lui était impensable !!

- (Philippe) Toutes ces histoires qu’il entend depuis quelques temps doivent y être aussi pour quelque chose, vous ne croyez pas ?

- (Michel) Sans doute oui !! Maintenant je ne crois pas qu’il en ait oublié ses craintes pour autant.

- (Philippe) Malgré tout votre décision est prise et je ne pense pas que vous reviendrez dessus aussi facilement.

- (Michel) Je vais lancer dès le début de l’année qui vient, les études nécessaires à la réalisation de ce projet et si tout va bien, les travaux démarreront dans la foulée pour une livraison d’ici trois à quatre ans.

- (Philippe) Et si d’ici là Florian revient sur sa décision ? Vous y avez pensé ?

- (Michel) Nous lui présenterons les plans avant de démarrer les travaux et c’est lui qui donnera ou non son accord, je ne pense pas qu’ensuite il revienne dessus.

- (Philippe) Pffttt !!! Un milliard et demi de dollars !!! Ce n’est quand même pas rien !!!

- (Michel) Pour toi ou même moi c’est certain mon cher Philippe, mais pour des gars comme Hassan ou Ming, l’échelle des valeurs n’est pas du tout la même comprends le. Ils ont l’air d’avoir pris ça pour un bon investissement et les connaissant, je ne doute pas un instant qu’ils en ont déjà soupesé toutes les royalties que ça pourra leur rapporter.

- (Philippe) Et s’ils ne faisaient ça juste que pour Florian ? Après tout, ils tiennent beaucoup à lui il me semble ?

- (Michel) Ça aurait pu en effet !!! Mais pas après ce qu’il leurs a promis Hi ! Hi ! Rends-toi compte que ce qu’il leurs a proposé pourrait décupler leurs fortunes à des strates que même eux n’imaginaient pas pouvoir atteindre un jour.

Philippe retient sa respiration quand il pose la question.

- Et c’est ??

Michel le fixe droit dans les yeux avec tout le sérieux dont il est capable.

- Son cerveau mon cher ami et un pourcentage sur tout ce qu’il en sortira un jour.

- (Philippe) Rien que ça !!! Je comprends mieux maintenant !!! Mais vous avez tous l’air d’oublier un point pourtant crucial dans tout ça !!

- (Maryse) A quoi penses-tu ??

- Allons mes amis !! Réfléchissez donc un peu !! Qui dépense depuis des années des sommes qui cumulées avec le temps ne doivent pas être négligeables elles non plus? Qui met ses services spéciaux à la protection de ce gamin et n’hésite pas à contrarier les projets d’une puissance internationale beaucoup plus forte qu’elle ?

- (Michel) Maurice ??

- Maurice n’est qu’un exécutant qui c’est finalement pris comme nous tous d’amitié envers Florian. Je pensais à nos gouvernants qui ne laisseront certainement pas d’autres qu’eux profiter des avancées scientifiques ou médicales de notre petit Florian le jour où il va commencer à se pencher sérieusement sur ses choses-là. Déjà j’ai eu écho de quelques avancées dont il serait l’instigateur et qui commenceraient déjà à donner des résultats.

- (Michel) Nous n’aurons peut-être pas tout ce temps devant nous alors ?

Philippe en hochant la tête.

- Je le crains et au rythme où tout se précipite, je dirais même qu’il nous est déjà compté.

- (Maryse) Que pouvons-nous y faire ?

- (Philippe) Je pense qu’après les fêtes, nous devrons réunir toutes les bonnes volontés et mettre un plan en action, d’ici là il va nous falloir nous trifouiller le cerveau pour trouver quelque chose qui tienne la route.

Philippe lève les bras au ciel et soupire.

- Sinon !!!!

2eme ANNEE Fêtes de fin d’années, 2ème partie : (114/150) (Aix) (Erwan et

Ramirez) (Première fois)

La soirée ne s’est pas éternisée, le lendemain jour de réveillon promet d’être long et tous préfèrent reprendre des forces en se couchant tôt.

Erwan est seul dans la roulotte, son copain devant nourrir ses chevaux comme il le fait chaque soir.

Il monte le chauffage et décide d’aller prendre sa douche en l’attendant, jetant un dernier coup d’œil sur le salon pour vérifier que rien n’y traine car tout comme Ramirez, Erwan a horreur du désordre.

Satisfait de l’état des lieux, il se déshabille et met au sale ceux de ses vêtements qu’il estime avoir à y mettre et range le reste sur le siège de son côté du lit avant de rejoindre la douche, nu comme un vers.

L’eau chaude sur son corps lui fait du bien et le stimule suffisamment pour qu’un sourire de satisfaction orne son visage.

Il tient à en laisser suffisamment à son copain, aussi ne s’y éternise-t-il pas et en ressort-il rapidement pour s’essuyer énergiquement et aller tout droit se glisser en frissonnant sous ses draps.

Ramirez rentre peu après et au silence de la roulotte, comprend que son ami s’est déjà mis au lit.

Il vérifie en jetant un coup d’œil dans sa chambre et n’aperçoit avec amusement qu’une forme emballée jusqu’aux cheveux sous la couette, il referme alors doucement le panneau et va à son tour faire sa toilette, dans l’intention lui aussi de profiter sans trop tarder de la chaleur de son lit.

Erwan n’arrive pas à s’endormir, il entend son copain sous la douche et se l’imagine nu à se savonner le corps.

Une chaleur venant de son bas ventre lui indique clairement qu’il n’y a pas que son cerveau qui a du mal à trouver le sommeil.

Il songe un instant à se soulager comme il se doit, il retient néanmoins son geste en se disant que ce serait bête d’en arriver là alors qu’il est dans le même appartement que la personne qu’il aime.

Erwan attend d’entendre son ami sortir de la salle de bain et l’interpelle doucement d’une voix chargée d’envie, quand il l’entend s’approcher de sa chambre.

- Tu viens dormir avec moi ?

Ramirez se fige de saisissement, il rêve ou a-t-il bien entendu ?? Sa main tremblante entrouvre le panneau et sa tête passe de l’autre côté, ses yeux cherchant ceux d’Erwan pour qu’il lui confirme qu’il n’a pas imaginé ça tout seul dans sa tête.

- Tu m’as parlé ?

Erwan sourit, amusé de voir sa trombine ahurie.

- Tu viens dormir avec moi ?

Ramirez en bégaie.

- Tu…. Tu… veux vraiment ?

- Oui s’il te plait, j’ai froid !!!

- Hum !!! C’est juste pour te servir de bouillotte alors ?

Ramirez n’attend pas de réponse et entre pour refermer le panneau de séparation derrière lui, il va pour défaire le drap de bain qui lui ceinture la taille quand il se rappelle soudainement qu’il est nu en dessous et du coup marque un temps d'arrêt, ses joues commençant à s’empourprer.

- Je reviens !! Juste le temps d’aller passer un boxer.

- Pourquoi faire ? Je n’en ai pas moi !!

Ramirez bug quelques secondes en se demandant ce qu’il lui arrive, le sourire en coin d’Erwan lui accélère soudainement le rythme cardiaque et il sent son entrejambe se réveiller.

Alors ni une ni deux, il balance sa serviette de bain et file se glisser sous la couette, avant que son « trouble » ne se voit trop.

Erwan dès que son ami s’allonge près de lui, vient se serrer dans ses bras en faisant celui qui a froid.

- Brrr !!! Viens ma grosse bouillotte !! Réchauffe-moi !!!

Ramirez n’ose plus bouger un cil, il sent bien contre sa fesse le sexe tendu et cette main posée sur son ventre, qui le frotte vigoureusement en descendant petit à petit vers son pubis.

Erwan s’excite de plus en plus et sa main s’empare bientôt du bâton en pleine gloire qu’il espérait y trouver aussi dur que le sien et qui prouve que son ami a tout autant envie que lui.

- Hummm !!!! Je peux toucher ??

- (Ramirez) Ce n’est pas ce que tu fais déjà ?

- Je n’ai pas pu résister !! Ça ne te dérange pas hein ??

- Mon bébé a trouvé sa tutte on dirait ?

Erwan sourit et plonge sous les draps.

- (Ramirez surpris) Hé !! Tu fais quoi là ?

2eme ANNEE Fêtes de fin d’années, 2ème partie : (115/150) (Aix) (Erwan et

Ramirez) (Première fois) (suite)

Des borborygmes imitant un bébé affamé sortent alors de sous la couette et mettent en transe Ramirez qui comprend ce que son ami a l’intention de lui faire, son sexe durcit encore plus ce qui doit être sans doute le déclic qu’attendait Erwan.

Ramirez sait qu’Erwan a déjà connu d’autres personnes avant lui, alors que pour lui c’est la première fois que quelqu’un le touche aussi intimement.

Il lui fait confiance et décide de profiter comme il se doit de cette expérience pour découvrir et prendre tout le plaisir qu’Erwan lui offre avec tant de passion qu’il n’arrive pas à arrêter les petits cris d’extase qu’il pousse au moindre attouchement.

Erwan se régale comme il ne l’avait jamais fait avec quelqu’un d’autre, il découvre l’intimité de celui qu’il aime et le plaisir qu’il en ressent n’a rien de commun avec les caresses juste sexuelles qu’il a connues jusque-là et qui même si elles lui ont donné du plaisir, ne l’ont jamais amené comme ce soir à cet état de bien être que tout son corps ressent.

Il est à l’écoute de chaque son et analyse chaque crispation qui lui prouve que Ramirez apprécie ce qu’il lui fait subir.

Arrive le moment inévitable où les soubresauts de son sexe lui indiquent qu’il lui faut ou arrêter pour calmer un peu le jeu, ou alors tout au contraire poursuivre en y mettant encore plus d’intensité pour le faire exploser et lui faire connaitre sa première jouissance buccale.

Il n’a pas trop longtemps à se poser la question, alors qu’une voix rauque résonne à ses oreilles qui lui fait comprendre ce que réclame son chéri.

- Vas-y !! vas-y !!! Arrhhh !!! vas-y !!! Oui !!! Ne t’arrête pas !!! vas-y !!! C’est trop bon !!! Arrhhh !!!!

Ramirez ouvre les yeux qu’il avait fermés pendant les dernières secondes le menant à l’orgasme, son souffle précipité lui prouve à quel point sa jouissance a été forte et il se laisse encore un instant avant d’aller rechercher au fond du lit son compagnon dont les coups de langues lui démontrent qu’il n’en a pas encore fini de s’occuper de lui.

C’est Erwan qui bouge le premier, son visage souriant apparait en face du sien et vient se plaquer sur ses lèvres encore gonflées de plaisir.

Après quelques longues secondes d’un baiser passionné, Erwan se décolle légèrement de Ramirez pour l’admirer et sourire de le voir encore aussi troublé par ce qu’il vient de vivre.

- Ça t’a plus ?

- Wouah !! Et comment !!

Erwan est toujours aussi excité car si son ami vient de jouir de la plus magnifique des façons, ce n’est pas encore son cas.

Malgré tout, Erwan n’ose pas demander la réciproque à son ami de peur de le choquer s’il ne s’en sentait pas encore prêt à le faire.

Il sait bien que tout ça pour lui est une première et ne voudrait pas le forcer s’il ne s’en sentait pas vraiment l’envie, il se frotte malgré tout de façon suffisamment explicite contre son ventre pour que Ramirez le remarque et devienne réceptif aux désirs de son copain.

- J’aimerai avoir ma tutte moi aussi ! Hi ! Hi !

- (Erwan ravi) Tu te sens prêt ? Tu es sur ?

- Humm !! Oui !! J’en ai envie, j’espère juste que je saurai m’y prendre aussi bien que toi.

- Je suis certain que oui tu verras !!

Ramirez sourit en voyant le visage et les yeux en feu d’Erwan.

- Va falloir que j’y aille alors !! Sinon j’ai peur que ton cœur ne lâche sous la pression ! Hi ! Hi !

Doucement, il repousse son copain de sur lui pour le faire s’étendre sur le dos.

L’excitation qu’il lit dans ses yeux lui fait plaisir et c’est avec toute la tendresse qu’il éprouve pour son amant, que Ramirez descend doucement son visage en bécotant au passage sa peau douce aux muscles durcis.

Erwan trésaille à chaque contact comme sous le coup d’une petite décharge électrique et quand il sent les lèvres de Ramirez embrassées tendrement sa toison pubienne, un énorme frisson lui parcourt le corps de la tête aux pieds.

- Hummm !!!!

2eme ANNEE Fêtes de fin d’années, 2ème partie : (116/150) (Aix) (Erwan et

Ramirez) (Première fois) (fin)

La langue hésitante malgré tout puisque pour Ramirez c’est une première, même s’il n’est pas né d’hier et a été quelques fois se renseigner sur des sites spécialisés, mais entre voir comment se passent les choses et les réaliser soi-même, il y a un sacré pas à franchir.

Erwan est conscient que son ami découvre, que ses hésitations ne sont pas dues à un quelconque dégoût mais plutôt à la peur de mal faire.

Il le guide alors du mieux qu’il le peut en l’encourageant à chaque initiative qu’il prend et en le prévenant dès qu’il s’y prend mal, comme quand par exemple ses dents viennent heurter son membre.

Ramirez petit à petit prend confiance en lui et en plus apprécie les manipulations aussi bien linguales que buccales, qu’il offre pour la première fois à l’homme de sa vie.

Il prend bonne note des encouragements ou des avertissements que lui dicte entre deux râles Erwan et y met toute la passion qu’il a en lui pour bien faire les choses et lui donner comme son chéri l’a fait juste avant, le plaisir qu’il attend de lui et que Ramirez sent monter rapidement aux contractions de plus en plus nerveuses de ses fesses.

Malgré tout Erwan ne veut pas que ça aille trop vite et d’une main empressée mais complètement dénuée de méchanceté, il se libère de ses lèvres pour réclamer plus encore à son ami.

- S’il te plait !! J’ai envie d’être complètement à toi.

Ramirez tourne la tête vers son visage, il le regarde à la fois étonné et avec une envie non dissimulée.

- Tu es sûr que c’est ce que tu veux ?

- Oui je t’assure !!

- Je ne l’ai jamais fait tu sais ?

- Moi non plus mais j’en ai trop envie.

Ramirez ne sait à l’évidence pas par où commencer et Erwan s’en rend si bien compte, qu’il sourit et décide malgré que lui non plus ne soit pas un spécialiste, de prendre les choses en mains.

Il lève alors ses jambes jusqu’à enserrer les épaules de son compagnon, une légère appréhension le retenant au dernier moment.

Un coup de rein inattendu lui amène un bref cri de douleur sous la brûlure qu’il vient de ressentir.

- Aie!!!

- (Ramirez) Je t’ai fait mal ? Tu veux que je m’enlève ?

- Ça brûle !!! Putain !!! Ne bouge plus, attend que ça passe !!

Ramirez ne sait plus quoi faire visiblement paniqué et la souffrance d’Erwan lui démontre si le besoin en était, qu’il s’y est pris comme un rustre et que son inexpérience, ainsi que son envie de connaitre cette sensation d’être en lui l’a poussé à ce geste brusque et inconsidéré qui au lieu d’amener le plaisir, lui afflige cette douleur qui lui crispe le visage.

Il va pour se retirer le plus doucement possible, quand deux mains viennent lui plaquer les fesses et l’empêchent de mettre son geste en application.

- Non !! Attends !! Ça va déjà mieux, ça me fait bizarre maintenant !!

- Tu es sûr ??

- Oui !! Essaye doucement !!

Ramirez ne comprend pas la demande de son ami.

- Tu veux que j’essaie quoi ?

Erwan en soupirant, amusé malgré tout du manque d’expérience manifeste de son ami.

- Tu veux que je te fasse un dessin ? Allez !! vas-y !! Mais doucement cette fois-ci et ça devrait le faire.

Ramirez se traite de tous les noms mais s’exécute et recommence lentement, ne voulant pas lui faire revenir cette douleur qui l’a tant effrayé tout à l’heure.

Erwan prend maintenant un pied d’enfer, la brûlure atroce du début s’est transformé en une chaleur divine qui libère sa libido et il sent monter en lui un plaisir peut commun.

- Arrrrhhhh !!!

Ramirez entend ce son qui l’électrise et l’amène à son tour au point de non-retour.

2eme ANNEE fêtes de fin d’années, 2ème partie: (117/150) (Aix) (Flavien et

Anthony)

- (Anthony) Putain j’ai le trac !!

- (Flavien) Et moi donc !!

- (Anthony) Tu en as envies aussi ?

- (Flavien) Autant que toi, alors relaxe !!

- (Anthony) Tu crois qu’elles vont bien le prendre quand on leur dira ? Dis ??

Flavien lui prend la main, se voulant rassurant.

- Bah !! Il n’y a pas de raisons, on ne sera pas les premiers à nous lancer tu sais ?

- (Anthony) J’aurais peut-être dû en parler à ma mère avant !!

- Arrête un peu tu veux !! Tu es grand maintenant « Antho » !! Et puis ce n’est pas le bout du monde non plus ! Hi ! Hi !

- Je le sais bien mais c’est quand même la première fois que je vais faire ça tu sais ?

Flavien le regarde avec le sourire

- Pour moi c’est pareil et si on m’avait dit que je ferai un truc pareil il n’y a encore que quelques mois, j’aurais traité la personne de tous les noms crois-moi !!

- Pfff !! Tu les as ?

Flavien met une main dans sa poche de veste et dépose un des deux sachets dans la main d’Anthony.

- Tiens voilà la tienne, ce sera à chacun notre tour de le faire.

Anthony serre le petit sachet en tremblant.

- Tu es sûr que ce sont les bonnes tailles ?

- Bien sûr !! Ne t’inquiète pas pour ça.

Un bruit de pas les fait remballer fissa dans leurs poches ce qu’ils tiennent en mains et ils se séparent en faisant chacun semblant de rien.

L’idée leur est venue en discutant ce matin-là et petit à petit a fait son chemin jusqu’à ce qu’ils se décident à franchir le pas dès ce soir.

Flavien s’est occupé d’acheter ce qu’ils cachent maintenant dans leurs poches en attendant le moment opportun pour eux de s’en servir.

Carole et Alice entrent dans la roulotte et remarque de suite qu’ils ne se comportent pas comme d’habitude, un regard entre elles leur suffit pour qu’elles se confortent dans leur idée et tiennent à en savoir plus.

Les voir ainsi chacun « occupés » à l’opposé l’un de l’autre est tellement contraire à leurs façons habituelles de procéder, qu’elles interpellent les deux copines aussi sûrement que s’il était écrit sur un immense panneau « On vous cache quelque chose que vous ne devez pas savoir » et bien sûr c’est ce qu’elles vont chercher à connaitre dans les plus brefs délais.

- (Alice) Ça sent la conspiration, tu ne trouves pas « Caro » ?

Carole hoche la tête en signe d’accord d’avec sa copine.

- Oh que oui !!!

Alice voit les deux garçons se tournés vers elles.

- Si vous nous disiez ce qu’il se passe les gars ?

La rougeur sur leurs joues les trahit mieux que n’importe quelle parole de négations, Flavien s’en rend bien compte qu’il commence à se rapprocher d’Anthony et le prend par le bras.

- Je crois qu’on s’est fait capter plus vite que prévu.

- On dirait bien, oui.

- Qu’est-ce qu’on fait ? On leur dit maintenant ? Allons !! Du courage mon grand !!

Carole et Alice se regardent en se demandant quoi, la façon protectrice qu’a Flavien avec Anthony et la pâleur de celui-ci les interpellent.

Carole a la voix tremblante d’appréhension.

- Vous allez nous dire ce qu’il se passe à la fin !!!

Alice aussi troublée que son amie devant le comportement des garçons.

- C’est vrai quoi !! Qu’est-ce qu’il vous prend d’un seul coup !!

Anthony pose sa main sur celle de Flavien qui lui tient le bras.

- On leur dit ensemble ?

Flavien sourit à son ami qui ne peut pas le voir.

- Si tu veux.

Ils s’approchent des filles qui commencent à avoir le visage décomposé par une boule de stress de ce qu’elles vont apprendre.

Une fois presque à les toucher, Flavien s’arrête et bloque les pas d’Anthony.

Flavien le fait s’agenouiller en même temps que lui.

- C’est le moment de sortir ce que tu sais « Antho ».

Anthony fouille fiévreusement dans sa poche.

- Ah oui ! Où ai-je la tête.

Les filles voient les garçons à genoux devant elles sortir chacun un petit sachet emballé dans un magnifique papier cadeau, entouré d’un petit ruban se terminant par un petit cœur en tissu blanc.

Flavien ému tend le sien à Carole.

- C’est pour toi ma chérie.

Anthony fait de même avec Alice.

- Celui-là est pour toi ma chérie.

Les deux filles ont les yeux brillants quand elles les leurs prennent des mains et qu’elles les ouvrent en y découvrant à l’intérieur chacune une magnifique bague sertie d’un petit diamant.

Flavien met un léger coup de coude à Anthony.

- C’est le moment « Antho », à toi l’honneur.

Anthony lève ses yeux sans expression mais d’un bleu magnifique, vers son amie qui sent son cœur soudainement s’affoler.

- Alice !! Voudrais-tu devenir ma femme quand nos études seront terminées ?

Alice est suffoquée par l’émotion.

- OUI !!! Bien sûr que oui je le veux !!

Flavien sourit, puis à son tour regarde Carole dans les yeux.

- Carole !!! Voudrais-tu devenir ma femme quand nos études seront terminées ?

Carole est aussi intensément prise dans les émotions que son amie.

- OUI !! Bien sûr que je le veux !! Oh mon dieu !!!

La jeune femme laisse couler ses larmes de joies pendant qu’elle regarde celui qui est maintenant son fiancé, prendre avec douceur la main d’Anthony et l’aider à mettre sa bague de fiançailles à Alice, qui les regardent faire en larme elle aussi.

Carole à son tour reçoit des mains de son fiancé cette marque de leur amour qui l’a fait éclater soudainement en sanglots, bientôt accompagner d’Alice qui craque elle aussi devant cette scène à laquelle aucune d’elles ne s’attendait en rentrant ce soir-là.

2eme ANNEE Fêtes de fin d’années, 2ème partie : (118/150) (Aix) (Maxime et

Julien)

Il n’est pas vingt-deux heures quand ils rentrent à leur roulotte et ne sont donc pas étonnés de ne pas y trouver leurs amis, qui doivent sans aucun doute encore être en ballades quelque part.

Maxime se sert un verre d’eau en en proposant un également à Julien, qui le refuse avec le sourire.

- Non merci !! Je vais encore avoir envie de me relever la nuit pour pisser sinon.

- Comme tu veux !! Nos deux loustics n’ont pas laissé de messages ?

Julien étonné va regarder sur la table du coin salon.

- Non pourquoi ?

- Pour rien !! Juste pour savoir si on va enfin pouvoir dormir ici ! Hi ! Hi !

- Quand même !! Faudrait pas qu’ils en prennent l’habitude, mais j’y pense !! Yuan a rejoint le harem on dirait ?

- (Maxime) C’est fort probable vu ce qu’on a vu hier soir.

- Tu parles d’une santé qu’ils ont ces deux-là !!

- On peut dire ça oui ! Hi ! Hi !

Julien regarde son ami.

- Je ne sais pas pour toi mais moi je ne pourrai pas te partager avec un autre gars, alors encore moins avec trois.

Maxime vient l’enlacer.

- Moi non plus mais il faut reconnaître qu’ils ne choisissent pas n’importe qui.

- Ouaih !! Mais même !!

- Bah !! Ce n’est pas à nous de les juger et s’ils sont heureux comme ça, c’est très bien pour eux.

- Comme tu dis ! Hi ! Hi ! Mais dis donc ! A parler de ça, ça me donne des idées.

- Ah oui ? Du genre ?

- Du genre dévêtu, si tu vois de quoi je parle.

- Hum !!! Et s’ils rentraient entre temps ?

Julien l’œil égrillard.

- Ils verraient deux beaux gosses en plein boum, voilà tout.

Le baiser qui suit les enflamme et ils se retrouvent très vite en petite tenue, tendrement enlacés sous la couette à se caresser et à entamer les préliminaires qui vont les mener comme d’habitude vers un plaisir des sens dont ils n’en ont jamais assez.

Quand la porte s’ouvre quelques temps plus tard sur nos deux amis, rentrant frigorifiés rien que d’avoir fait les quelques mètres qui séparent leur roulotte de celle où habitent Marc et leurs trois autres amis, avec lesquels ils ont passé la soirée.

Ils découvrent amusés leurs deux colocataires en plein câlins et ne peuvent s’empêcher de leur envoyer quelques petites phrases à leurs sauces, qui amènent très vite un fou rire de dessous la couette où leurs deux copains s’en donnaient à cœur joie.

- (Thomas) T’as vu « Flo » ? Il y a une drôle de bestiole dans le lit d’à côté du notre ?

- Au vu de l’odeur, elle doit sortir tout droit de la ménagerie ! Hi ! Hi !

- (Maxime) Vous ne pouviez pas rentrer une heure plus tard ?

- (Julien) Hier soir on vous a laissés tranquille nous ! Hi ! Hi !

La couette vole soudainement dans les airs, laissant les deux queutards surpris et nus, sous le regard égrillard de leurs deux copains.

- Dis voir « Thom » ? C’est y pas tout mignon tout ça ?

- Peut-être qu’ils nous feraient une petite place si on leur demandait ?

- C’est vrai ça !! En plus ils ont l’air bien chaud alors que nous on est frigorifié.

Je vais en disant ça, plaquer mes mains sur les fesses de Maxime qui en saute en l’air tellement le contraste de température le saisit.

- Hé !!! Putain !!! T’as les pattes gelées !!! Mais arrête !!! Hi ! Hi !!!

Julien hurle à son tour car Thomas y va aussi de ses mains gelées sur sa poitrine.

- V’là l’autre qui s’y met aussi !!! Sont tarés parole !! Hi ! Hi !!

Nous nous jetons sur eux et c’est un grand moment de rigolade qui nous prend tous, eux nus à se tortiller dans tous les sens pour échapper aux mains glacées qui les font brailler comme des malades et avec Thomas, les écrasant de notre poids à chercher les endroits les plus sensibles pour les faire gueuler encore plus fort.

Bien sûr c’est la queue toute rikiki par le froid et l’ambiance amicale que nous montrent sans complexe nos amis, qui du coup nous fait une fois de plus délirer et nous moquer d’eux, jusqu’à ce que se termine ce petit moment de détente et que nous deux Thomas, nous nous déshabillons pour aller à notre tour nous coucher.

Ce n’est qu’une fois le calme retrouvé et chacun dans son lit la lumière éteinte, que les petits soupirs coquins reprennent et cette fois ci venant des deux couples, qui profitent d’un dernier petit câlin avant de s’endormir comme des souches.

2eme ANNEE Fêtes de fin d’années, 2ème partie : (119/150) (Aix) (Neuvième jour) (Luka)

Le jeune homme tient son plan dans sa main, il soupire de contentement quand il aperçoit enfin au loin le sommet du chapiteau principal.

Il replie le plan et regarde l’heure à sa montre, puis repart d’un bon pas vers son rendez-vous prévu ce matin-là pour qu’il fasse connaissance de ce fameux garçon avec qui il doit ou plutôt devait devenir l’ami afin de lui soutirer le plus de renseignements possibles sur sa personne.

Maurice est déjà là à l’attendre, il s’avance vers lui dès qu’il le repère à l’angle de la rue.

Il voit bien à son visage crispé que beaucoup de questions lui tournent dans la tête et comprend qu’il en soit ainsi vu le contexte.

- Bonjour Luka, bien reposé ?

- Bonjour monsieur ! J’ai connu mieux mais ça va le faire.

- Ne t’inquiète pas, ça va aller et quand tu connaîtras Florian, tu vas vite retrouver le sourire.

- (Luka) Si vous le dites !!

Les deux hommes reprennent le chemin du cirque et vu l’heure encore matinale, se dirigent tout droit vers le réfectoire où ils ont le plus de chance d’y trouver celui qu’ils cherchent.

Et c’est en effet le cas, Florian est attablé en compagnie de quelques-uns de ses amis et boit son bol de café en discutant le bout de gras avec Arnault et Alexie, qui sont heureux de pouvoir l’avoir un peu pour eux.

Apparemment les plaisanteries sont de mises car dès qu’ils entrent sous le barnum, Florian pose une question qui semblerait toute médicale si son sourire n’annonçait pas la première connerie du jour.

- Vous connaissez le nerf le plus long chez l’homme les gars ?

- (Arnault) Pffttt ! Vas y, dis-nous ?

- (Alexie) Moi je sais !! C’est le nerf rachidien ?

- Et non !! C’est le nerf optique !!

- (Arnault) Sans déconner ?

- Et oui !!!

- (Alexie) Tu es sûr ?

- Certain, la preuve !! Quand tu te tires un poil du cul, tu as les yeux qui pleurent ! Hi ! Hi !

Les rires fusent sous la toile et Luka en riant lui aussi, se tourne vers Maurice mort de rire également.

- C’est lui ?

Maurice hausse les épaules.

- Hé !! Qui veux-tu d’autre ???

- Et bien ça promet ! Hi ! Hi ! Il est toujours comme ça ?

- Souvent oui !! Mais là ce n’est rien !! Attends de le connaitre un peu mieux et tu verras.

Alexie voit les deux nouveaux arriver, il s’essuie les yeux et leurs fait signe de venir les rejoindre.

Florian voit son geste, il se tourne à son tour en regardant avec curiosité le gars qui accompagne Maurice.

La double bise habituelle, qui bien sûr surprend Luka pas du tout habitué à embrasser des personnes qu’il ne connait pas et qui en reste un moment sans réactions.

- Un nouveau de ton service ?

- (Maurice) Pas vraiment non !! Je vous présente Luka !! C’est le jeune homme qui était enfermé avec toi dans la cave et que nous avons libéré cette nuit-là.

- Ah !! Celui qui s’est attaché les mains tout seul ? Faudra m’expliquer ça parce que j’ai du mal à saisir et je suis curieux d’avoir sa version.

- (Maurice) C’est un peu le but de notre visite de ce matin figure toi !

Il scrute la pièce.

- Mes hommes ne sont pas là ?

- Bah non, pourquoi ?

Maurice est visiblement mécontent.

- Parce qu’ils ne sont pas payés pour faire la grasse matinée, voilà pourquoi !

- Qui te dit qu’ils dorment encore ? Ils sont peut-être déjà au boulot, n’oublie pas qu’ils doivent aider Tony en remplacement des intérims.

Maurice qui visiblement avait zappé ce fait.

- C’est vrai où ai-je la tête !! Avec toutes ces embrouilles, je deviens un peu parano excuse-moi.

Je décide de détendre l’atmosphère car je vois bien que ses paroles ont un peu plombé l’ambiance.

- En plus Dorian et Gérôme ont eu du taf cette nuit !! Un artiste qui a voulu se débarrasser de sa belle-mère.

- (Maurice) Comment ça ?

- Au repas d’hier soir, il lui a fait boire un verre de désherbant pur en lui faisant croire que c’était du vin blanc.

- (Luka) Tu parles d’une mort atroce !!

- Qui te dit qu’elle est morte ?

- (Maurice) Non !!! Elle en a réchappé ?

- Oui mais pas sans dommages quand même !!

- (Maurice) Qu’est-ce qu’elle a ?

- Pas grand-chose en fait !! Juste que depuis ce matin, elle n’a plus un poil au cul ! Hi ! Hi !

2eme ANNEE Fêtes de fin d’années, 2ème partie : (120/150) (Neuvième jour)

(Mireille)

Mireille ouvre les yeux en se demandant quelle heure il peut bien être, elle tourne la tête vers le réveil sur la table de nuit et constate surprise que la matinée est déjà bien avancée, ce qui n’est pas dans ses habitudes mais prouve combien elle se trouve bien ici en compagnie de tous ses gens qu’elle considère un peu comme une famille maintenant qu’elle les connait mieux.

Elle s’étire et se lève en souriant, puis enfile sa robe de chambre pour descendre à la cuisine où elle est accueillie chaleureusement par les parents de Thomas.

- (Évelyne) Et bien !! L’air du sud vous fait du bien on dirait ?

- (Mireille) Je ne suis plus habituée à me coucher si tard, en plus le lit de Thomas est vraiment bon.

Evelyne lui sert son bol de café et lui avance les viennoiseries, en pensant soudainement aux changements récents dans la vie de tous les jours de cette brave grand-mère.

- Tous ces couples maintenant chez vous doivent vous changez de vos habitudes, j’espère qu’ils ne vous fatiguent pas trop ?

- Bien au contraire, je me sens revivre à leur contact et ils sont tous tellement attentionnés envers moi que s’en est touchant.

Évelyne acquiesce de la tête.

- Je veux bien le croire, je les aime beaucoup moi aussi et ce malgré que je ne les connaisse pas autant que vous.

Mireille repense à sa vie d’avant leurs arrivées.

- J’étais vraiment très seule dans cette grande maison et je ne sais pas ce qu’elle serait devenue si je n’avais eu la chance un jour de rencontrer Florian, le jour où mes chats n’arrivaient plus à redescendre de l’arbre sur lequel ils s’étaient perchés.

Évelyne en la regardant bizarrement.

- Excusez-moi mais je ne vois pas le rapport avec votre maison.

- Je n’avais plus aucune famille et sans doute à ma mort, elle aurait appartenue à la mairie de Reims ou à l’état. Qu’en sais-je en fait !!

- Alors que maintenant ?

Mireille toute joyeuse.

- Elle appartient à Florian, ainsi que tout ce qui est en ma possession venant de mon défunt mari.

- (Évelyne) Vous l’avez couché sur votre testament ?

- Non !! Je lui ai fait une donation et une vente en viager, ainsi que quelques petits arrangements conseillés par mon notaire.

Mireille lui raconte alors ses conversations d’avec son notaire, des dispositions prisent par lui et que Florian a accepté de signer avec réticence car il ne voulait au début pas en entendre parler, il aurait préféré qu’elle n’en fasse rien et garde tous ses biens pendant qu’elle était encore de ce monde.

La véhémence du jeune homme a beaucoup plu au notaire qui en les raccompagnant ce jour-là à la sortie de son cabinet, a été très gentil envers lui et l’a félicité d’autant d’altruisme et de son manque de cupidité aux vues des sommes dont il était question.

Evelyne l’écoute sans l’interrompre, connaissant suffisamment Florian pour ne pas être étonné de ce qu’elle entend et sursaute malgré tout sur la dernière phrase de la brave femme quant à l’ampleur de sa donation.

- A vous entendre, ça me laisse à penser que tout cela représente beaucoup d’argent, je me trompe ?

- Mon mari était très travailleur et possédait une entreprise de gros œuvre qui marchait bien, à son décès j’ai tout mis en vente du fait je n’y connaissais absolument rien et l’argent a été placé de façon très pertinente par l’office notarial, rien que la rente que j’en reçois me permet de vivre plus que correctement et je suis loin de tout dépenser croyez-moi.

- Vous connaissiez alors la fortune de Florian ?

- Bien sûr que non !! Comment l’aurais-je sue ? Même lui semblait alors ne pas la connaitre et je vous avoue que j’ai été des plus surprise quand j’en ai entendu parler récemment.

- Vous ne regrettez rien depuis ?

- Bien sûr que non !! J’aime ce garçon, après tout ce qu’il a fait et ce qu’il fait encore pour moi, j’en suis au contraire très heureuse pour lui. Même si ma contribution parait maintenant bien maigre aux vues des sommes dont j’ai entendue parler.

- (Évelyne) Ça a été aussi une grande surprise pour nous vous savez !! Quand je pense qu’il était au courant depuis toujours, alors que ses grands-parents faisaient tout pour qu’il l’ignore.

Mireille repose son bol après une dernière gorgée.

- Je ne pense pas que l’argent soit la chose qui importe le plus à Florian, ses amis et son métier, ont pour lui beaucoup plus d’intérêts et de valeurs. Ce n’est pas chose courante de nos jours et je suis persuadée qu’il n’aurait ce projet en tête, il gagnerait suffisamment sa vie pour ne pas avoir à s’en servir.

- Vous n’êtes donc pas au courant de tout à ce que je vois ??

- Comment ça ??

- Même pour son projet, Florian a trouvé un autre moyen de financement que sa fortune personnelle. Il a réussi à convaincre Hassan et Ming, à ce qu’il parait et ceux-ci en seraient particulièrement reconnaissants à « Flo » de le leur avoir proposé.

- (Mireille) Tout ce qu’il touche vaut de l’or, je ne suis pas plus surprise que ça de l’apprendre et je suis persuadée que tous ses amis quels qu’ils soient, n’auront pas à s’inquiéter de leurs avenirs.

Mireille a alors un grand sourire.

- Et surtout pas notre Thomas qui en sera le premier bénéficiaire je pense.

2eme ANNEE Fêtes de fin d’années, 2ème partie : (121/150) (Neuvième jour)

(Mistie)

Taha quitte le chapiteau de très bonne humeur, accompagné de Florian et d'Aurélien.

Celui-ci a assisté à la séance d’entrainement, il s’est beaucoup amusé de ce que les deux garçons mettent au point pour le spectacle de ce soir.

Spectacle exclusivement réservé comme à chaque réveillon, à l’amusement des personnes travaillant toute l’année ensemble.

L’habileté à l’arc du jeune Massaï n’est pas une blague et Aurélien n’a pu que le constater, en restant ébahi pendant toute la durée de l’entrainement.

Le bouquet final quand il a compris ce qu’ils voulaient faire, lui a noué un long moment l’estomac jusqu’à ce qu’il se termine et que l’exploit réussi lui fasse enfin reprendre de l’air, ses poumons étant restés bloqués plus qu’il l’aurait voulu devant ce final si décoiffant.

Ils sont donc là tous les trois à retourner tranquillement rejoindre les autres, quand « Tic » et « Tac » arrivent sur eux et viennent réclamer une caresse à leur maitre.

Taha sursaute en regardant ce qui se trouve sur la tête d’un des deux chats, une petite souris grise trône entre les deux oreilles de « Tac » et qui parait on ne peut plus à son aise, alors qu’au contraire elle devrait se trouver dans une frayeur des plus noire perchée ainsi sur son plus féroce prédateur.

Florian caresse ses deux siamois et présente sa main paume en l’air pour qu’elle vienne s’y nicher, il la caresse d’un doigt de son autre main en la mettant devant ses yeux avec un énorme sourire de contentement aux lèvres.

- Et bien ma belle !! Je vois que tu t’aies trouvé de nouveaux amis, je t’ai cherché partout ce matin.

Aurélien n’en croit pas ses yeux.

- Qu’est-ce que c’est encore que ça ?

Je le regarde on ne peut plus étonné.

- Tu n’as jamais vu de souris ?

- Bien sûr que si !! Mais qu’est-ce qu’elle faisait sur la tête de « Tac » et maintenant dans ta main ?

Taha ne quitte pas la main de Florian du regard, la minuscule souris se laissant caresser sans frayeur et même il dirait avec un immense plaisir.

- Tu es un drôle de garçon quand même, chez nous tu pourrais remplacer notre homme médecine ou notre sorcier comme vous l’appelez chez vous.

Je tourne la tête vers lui avec amusement.

- Pourquoi donc ? Il aime les souris lui aussi ?

Taha ne peut s’empêcher de sourire à ces paroles.

- Bien sûr que non !! Mais il est aussi bizarre que toi parfois et il fait des choses tout aussi incompréhensibles.

- (Aurélien) Si tu nous expliquais déjà ce qu’elle fait là ?

- En fait, elle m’a beaucoup aidé et c’est un peu grâce à Mistie que j’ai pu m’enfuir de la maison où j’étais retenu.

Aurélien sans se démonter.

- Je t’ai demandé de nous expliquer, pas de nous mettre encore plus dans le brouillard !!

Je leurs raconte alors en quoi elle m’a aidé en allant chercher des secours et comment j’ai pu être libéré de mes liens pour ensuite faire fuir mes kidnappeurs.

- Et depuis elle est resté avec moi !! J’ai eu peur qu’il lui soit arrivé quelque chose ce matin quand elle n’était plus dans son lit.

Aurélien en haussant un sourcil.

- Comment ça dans son lit ?

- Enfin je voulais dire dans sa boite que j’ai bourrée de coton pour qu’elle y soit bien au chaud, du coup elle doit avoir faim. Venez !! Il doit bien y avoir un morceau de gruyère dans le frigo.

Pendant que nous repartons d’un bon pas vers ma roulotte, Aurélien me bloque le bras et me regarde, soucieux.

- Tu n’as pas l’intention de la ramener à Reims avec nous j’espère ?

- Et pourquoi donc ?

- Parce que ça ne va pas le faire, ma mère a une trouille bleue des souris.

J’avoue ne pas y avoir pensé.

- Tu es sûr ?

- Certain !! Damien en a voulu une quand il était petit et quand nous nous sommes ramenés avec, j’ai bien cru qu’elle allait devenir hystérique tellement elle en avait la frousse et nous avons été obligé de la rapporter chez le marchand, celle-là était dans une cage alors je n’imagine même pas en liberté.

- Je verrais avec Raphaël si je ne peux pas la lui laisser alors, pourtant elle est toute minuscule !! Je ne vois vraiment pas quel mal elle pourrait faire ?

- (Aurélien) Tu iras dire ça aux femmes toi ! Hi ! Hi !

Nous arrivons à ma roulotte et je fonce direct dans le frigo mais je n’y trouve pas ce que je cherche, nous repartons donc tous les trois vers la roulotte que nous avons laissée à Yuan et à Patricia.

Je dépose Mistie sur la table du coin salon, pendant que je vais jeter un œil dans le frigo et que j’’y trouve avec soulagement ce que pourquoi nous sommes venus.

Je sors le morceau de fromage sous les regards amusés de mes amis et je prends un couteau dans un tiroir pour en couper une petite lamelle bien suffisante aux vues des quelques grammes que pèse ma petite Mistie.

La porte d’entrée s’ouvre et Patricia entre accompagnée de Yuan, ils sont surpris de nous voir chez eux et vont pour nous en demander la raison, quand Patricia capte un mouvement sur la table et nous fait tous sursauter de peur en poussant un cri digne des meilleurs films d’horreur.

- Ahhhhhh !!!!!

2eme ANNEE Fêtes de fin d’années, 2ème partie : (122/150) (Afrique) (Le nouveau gardien)

Akim entre dans la case en hurlant de joie, Okoumé se retourne vers son fils avec le sourire, de le voir aussi joyeux et s’empresse de lui demander ce qui peut bien le rendre comme ça.

- Taha revient bientôt avec le père Antoine et « Kinou » !!

- (Okoumé) Tu en es sûr ?

- Oh oui p’pa !! C’est Taha qui vient de me le dire et il était content en disant qu’il avait terminé sa mission et qu’ils allaient bientôt tous rentrer chez nous.

- (Okoumé) Voilà une bonne nouvelle que tu devrais aller répéter au nouveau gardien des pierres du ciel.

- Maintenant p’pa ?

- Tu as le temps d’y aller, le soleil est encore haut dans le ciel ; sûrement qu’il voudra en savoir plus et si les dieux rentreront bientôt parmi eux.

- Taha dit que le garçon aux cheveux de feu est d’accord pour venir mais pas avant plusieurs lunes encore, mais le père Antoine lui a fait savoir qu’il l’aiderait à construire un nouveau dispensaire pour aider ceux des nôtres qui sont malades et qu’il serait plus grand que notre village. Taha dit aussi que c’est un grand homme médecine et qu’il restera ici pour aider le père Antoine avec beaucoup de monde pour l’aider.

- Tes paroles réchauffent mon cœur, va prévenir le gardien et rappelle-toi que tu ne dois pas être surpris de sa nouvelle apparence.

Akim fait un signe de tête à son père pour lui signifier qu’il a bien compris et part en courant dans la jungle rejoindre ce lieu qu’il connait maintenant par cœur.

Les dix kilomètres sont avalés en un temps record, ce n’est qu’à quelques dizaines de mètres de l’orée des arbres tordus qu’il ralentit et commence à ressentir l’appréhension de ce qu’il va bien pouvoir y découvrir.

Akim entre précautionneusement dans la trouée d’arbre et n’apercevant rien d’autre que la souche où il a pris l’habitude de s’asseoir tout comme son père par le passé, s’y rend et s’installe en attendant le nouveau gardien qui ne devrait pas être long à apparaitre à ses yeux.

Le silence depuis que les hommes blancs sont repartis après avoir replanter la piste qu’ils avaient créée dans la jungle, est impressionnant et le jeune Massaï en a des frissons malgré qu’il ne ressente aucun danger dirigé contre lui.

Un craquement lui fait tourner la tête et ses yeux s’arrondissent en comprenant qu’elle est la nouvelle apparence qu’a prise le dieu venant du ciel.

Un énorme gorille mâle entre dans la clairière et se dirige vers lui lentement sans aucune marque de méchanceté dans sa démarche, prouvant ainsi qu’il est bien celui qu’Akim doit rencontrer.

L’animal imposant aux petits yeux brillants d’intelligence vient s’asseoir près de l’enfant et le fixe avec intensité, un petit son sort de sa gorge qui fait revenir Akim à la réalité et le décider à transmettre son message.

- Tu es le nouveau gardien ?

Un signe d’acquiescement de l’animal, lui fait pousser un énorme soupir de soulagement quand Akim reprend la parole.

- Le message a été donné au garçon et celui-ci viendra pour entendre et comprendre le lien qu’il y a entre vous. Mon frère et « Kinou » rentreront avant la prochaine lune et cheveux de feu quelques lunes plus tard, mais peut-être…

Akim se tape doucement le crâne.

- …le sais-tu déjà ?

Le gorille acquiesce de nouveau avec une ébauche de sourire, il prend alors une baguette et trace quelques mots au sol qu’Akim bien sûr ne comprend pas.

- Ça ressemble aux signes à l’intérieur des livres du père Antoine ? Il devait m’apprendre à les comprendre mais depuis quelques temps, beaucoup de choses sont arrivées et ne nous ont plus laissé l’occasion de le faire.

L’animal visiblement contrarié efface le message et fixe l’enfant en semblant chercher un autre moyen de se faire comprendre de lui, il se redresse alors et tente quelques mimes qui malgré l’importance du message, ne font que faire éclater de rires l’enfant qui ne voit que des pitreries dans ses gestes faits avec ses grands bras poilus.

- Hi ! Hi ! T’es trop drôle Hi ! Hi !

Le grand singe arrête ce qu’Akim prend pour un amusement mais que lui essaye de lui faire entendre, il prend doucement le bras du jeune garçon pour ne pas l’effrayer et l’amène au milieu des pierres pour s’y asseoir et poser son énorme front contre celui de l’enfant abasourdi par son geste.

Akim ressent alors comme un appel et une image se forme dans sa tête, image où il se voit prendre par la main un jeune blanc souriant aux cheveux couleur de feu et l’emmener en courant jusqu’à cet endroit précis où il se trouve actuellement.

- Il faut que je l’amène ici auprès de vous dès son arrivée ?

Le gardien décolle son front de celui du jeune Massaï et s’écarte de lui avec comme un étrange sourire déformant son faciès simien, il reprend le bras d’Akim et l’emmène cette fois jusqu’à l’orée de la clairière en le poussant doucement pour lui faire comprendre qu’il est temps de repartir.

Akim se retourne juste à temps pour le voir disparaitre dans les arbres, ensuite il reprend le chemin du retour le cœur encore palpitant de cette étrange rencontre.

Rencontre qu’il n’oubliera jamais tout au long de sa vie ni qu’elle a eue lieu un jour alors qu’il n’était qu’un enfant, mais qu’il sait très bien qu’il la gardera confidentielle de peur de ne pas être cru s’il en faisait mention à quiconque d’autre que ceux partageant le même secret qui seuls pourraient le croire.

2eme ANNEE Fêtes de fin d’années, 2ème partie : (123/150) (Paris) (Hôpital de la

Salpêtrière)

« Bip ! Bip ! Bip ! »

Le son lancinant est le seul qui résonne dans la chambre de soins intensifs et l’homme couvert de pansements allongé sur le lit semble dormir, alors que ça fait plusieurs jours maintenant qu’il est plongé dans un coma profond.

Un passant l’a trouvé en promenant son chien tard ce soir-là le long de la Seine, il a aussitôt appelé la police qui a fait ensuite le nécessaire pour qu’il soit transporté d’urgence alors que son souffle et les battements de son cœur étaient presque imperceptibles.

Son arrivée a fait grand bruit aux vues de l’état dans lequel il se trouvait, les chirurgiens se sont relayés toute la nuit et une grande partie de la matinée, pour stabiliser son état et tenter de lui redonner une apparence humaine.

L’homme âgé entre vingt et vingt-cinq ans est arrivé complètement méconnaissable, comme si son agresseur avait sciemment et intentionnellement fait en sorte que personne ne puisse donner un nom à son cadavre, car il ne fait aucun doute que c’est bien en le croyant mort qu’il l’a laissé en bordure du fleuve.

Ses vêtements tout d’abord, qui ne laissent que des traces de ciseaux là où étaient cousues les différentes étiquettes notant leurs provenances.

Ses lacérations ensuite, qui n’ont laissé aucune chance de mettre un visage sur cette bouillie sanguinolente qui lui en tenait lieu quand il a été découvert et enfin ses traces de brûlures sur les doigts, ôtant toutes possibilités d’en prendre les empreintes pour faire les recherches sur son identité.

Qu’il soit en vie tient du pur miracle mais sans doute aussi à la jeunesse du sujet qui lui a permis de braver le froid incisif de cette nuit-là et de résister à ses multiples coups de couteaux censés lui être fatal.

Depuis plusieurs jours les services de police cherchent l’identité du jeune homme, aussi bien auprès des personnes signalées disparues que lors des différentes interpellations réalisées dans ce sens dans le milieu parisien.

Les recherches restent désespérément vaines et il ne reste plus qu’à attendre un éventuel réveil du patient.

Réveil qui n’est pas gagné d’avance, aux dires des différents chirurgiens s’étant déjà penchés sur son cas en ne donnant qu’un très faible espoir de le voir s’en sortir.

Le cas étant jugé suffisamment « barbare », pour que les services de la police nationale décident de faire appel à des confrères venant d’autres services plus spécialisés et surtout plus aptes à s’occuper d’un cas tel que celui-là.

L’inspecteur Raymond Baltot de la police scientifique, arrive donc ce matin-là devant l’entrée de l’hôpital et se présente à l’accueil, à l’heure pour le rendez-vous qu’il a pris avec le directeur de l’établissement.

Celui-ci le reçoit immédiatement et après une brève mais sincère poignée de main, ils en viennent directement au but de sa visite.

- Je n’avais encore jamais assisté à de telles atrocités sur un être humain inspecteur !!

Raymond est troublé par ce début de conversation.

- C’est à ce point-là ?

Le directeur sort un dossier qu’il dépose devant l’inspecteur en grimaçant.

- Faites-vous vous-même une opinion avec ces photos prises à son arrivée !!

Raymond ouvre le dossier et étale devant lui les différents clichés qu’il contient, son visage devient livide devant ce que ses yeux ont du mal à accepter et l’exclamation qu’il pousse alors, prouve combien sont difficiles à regarder ces photos pourtant démontrant la réalité de la barbarie avec laquelle s’est acharné l’agresseur contre le jeune homme lui ayant servi de victime.

- Mon dieu !!! Et il est encore en vie après tout ça ?

- Heureusement ou malheureusement pour lui car s’il en réchappe, je me demande comment il pourra accepter de vivre avec un visage aussi défiguré qu’il l’est à présent.

Le médecin observe avec attention l’homme qui se trouve maintenant en face de lui et il compatit lui aussi devant le masque livide dont il se pare devant autant d’atrocité gratuite.

L’inspecteur est un homme d’une trentaine d’année aux cheveux déjà grisonnant, il le voit alors lever les yeux sur lui et comprend qu’il ira sans faillir jusqu’au bout de sa mission et n’aura de cesse d’avoir découvert l’auteur de tels actes.

- Pouvez-vous me faire un prélèvement d’ADN sur votre patient et m’amener jusqu’à lui ?

- Sans problème inspecteur, vous n’avez qu’à me suivre.

Raymond range les photos dans le dossier qu’il dépose ensuite dans sa mallette pour pouvoir le faire étudier par son service et voir si quelque chose dans les clichés ou le rapport qui y a été joint, aurait échappé à ceux qui ont instruit l’enquête jusqu’alors.

Il suit le directeur dans les méandres de l’hôpital jusqu’à une chambre où celui-ci le prit d’entrer et où il se retrouve en présence du jeune homme dont le visage, le corps et les mains, sont presque entièrement recouvert par des bandages.

Raymond reste un moment figé, son cœur lui faisant mal devant un tel spectacle et il attend que le médecin le laisse un moment seul pour marmonner dans ses dents une phrase qui dit bien ce qu’il pense de tout ça.

- Je te promets que j’attraperai le salop qui t’a fait ça !! Devrai-je y passer le restant de ma carrière !!

2eme ANNEE Fêtes de fin d’années, 2ème partie : (124/150) (Aix) (Neuvième jour) (Au cirque)

Patricia se remet doucement de sa frayeur d’avoir rencontrée la « fameuse » Mistie, elle en rit maintenant qu’elle voit l’animal manger tranquillement son petit morceau de fromage comme si de rien n’était.

La jeune femme ne peut s’empêcher malgré tout d’avoir des petits frissons sur tout le corps et en veut un peu aux garçons de s’être moqué d’elle comme ils l’ont fait, après qu’elle ait poussé ce cri qu’elle n’a pu retenir tellement elle a été surprise et effrayée.

- C’est malin !! Vous allez arrêter tous les trois de vous moquer sinon ça va barder pour vos matricules, je vous le dis !!

- (Aurélien) Reviens en ma belle, ce n’est pas la peine de te fâcher après nous parce que tu as eu peur d’une si petite chose inoffensive ! Hi ! Hi !

- (Taha) Chez nous elles sont au moins dix fois plus grosses et les femmes n’y font même pas attention.

Patricia regarde le jeune Massaï avec les yeux ronds.

- Tu dis ça pour te moquer encore une fois de moi ?

- (Taha) Non !! Je t’assure que c’est la vérité.

- Et bien si c’est comme ça chez vous, je ne suis pas prête d’y mettre les pieds, parole !!!

Je la regarde avec un sourire qui en dit long sur ce que j’en pense.

- Tu vas nous manquer alors !!

Patricia cille en me regardant.

- Comment ça ? Explique toi tu veux bien ?

- (Aurélien) C’est là où vit Taha, que Florian va faire construire son centre de soins et beaucoup d’entre nous partirons avec lui tu peux en être sûr.

Patricia comprend aussitôt toutes les implications des paroles d’Aurélien et se sent soudainement toute bête d’avoir prononcé sa dernière phrase, elle regarde à nouveau la petite souris qui maintenant qu’elle a terminé son repas se nettoie les moustaches de ses deux pattes avant.

La jeune femme sourit en se disant qu’elle n’a vraiment pas l’air si terrible que ça après tout, que sa peur d’un tel animal si minuscule est vraiment irraisonné.

Maintenant avoir à faire à dix fois plus gros sera une autre paire de manche pense-t-elle en ne pouvant retenir un frisson, mais rien ne la fera rester en France si ses amis décident d’en partir et il faudra bien qu’elle fasse l’effort nécessaire pour dépasser ses inhibitions, surtout si elle veut les suivre où qu’ils aillent.

Florian s’amuse des expressions de Patricia qui lui font comprendre son cheminement de pensées, quand elle reporte enfin son regard sur lui et qu’elle lui sourit, il sait que sa décision est prise.

Qu’elle trouvera la volonté nécessaire pour surmonter toutes ses éventuelles phobies à venir, ne serait-ce qu’à l’idée de tout ce qu’elle pourra bien rencontrer comme animaux petits ou grands dans un tel pays.

- Tu veux la caresser ?

Patricia plisse les yeux.

- Heu !!! Laisse-moi d’abord m’y habituer tu veux bien ?

- Dis-toi pour te rassurer que tous les animaux sont mes amis, qu’ils ne te feront jamais rien de mal Hi ! Hi !

- (Patricia) Tous !! Tu es sûr ??

- Non mais c’est juste pour te rassurer ! Hi ! Hi !

La porte s’ouvre à nouveau, c’est Thomas qui entre à la fois surpris mais rassuré de les voir tous là.

- (Thomas) Ouf !! Je vous cherchais dans tout le cirque !!

- (Aurélien) Pourquoi donc ? Un problème ?

- (Yuan) Après ce qui est arrivé à « Flo », nous sommes sûrement devenus tous un peu parano et dès qu’on ne le trouve pas, on s’inquiète de savoir où il est !!

- Je vais bien les gars, nous étions juste passés pour nourrir « Mistie » et nous allions vous rejoindre. Et puis arrêtez de vous faire du mouron comme ça pour moi, sinon vous n’avez pas fini.

Thomas vient se coller contre son petit rouquin, il sourit bêtement maintenant qu’il est près de lui et surtout rassuré, il préfère se taire pour ne pas se faire une nouvelle fois moquer de son anxiété quand il se demande où il est.

Yuan s’en rend bien compte et prend lui aussi le parti de ne pas en rajouter malgré son envie de le faire et de passer pour quelqu’un qui se fait du souci pour un oui ou pour un non, mais ce qui est arrivé à son ami est encore si présent dans sa mémoire, qu’il s’inquiète tout comme Thomas dès qu’il ne sait pas où le trouver.

Taha apprécie l’inquiétude des deux garçons, même si elle n’était pas réellement nécessaire dans le cas présent et comprend très bien leurs attitudes, mais surtout combien ils tiennent à lui pour se mettre dans tous leurs états dès qu’il n’est plus près d’eux.

Ils ne sont pas les seuls apparemment car le portable de Florian vibre et il remarque le sourire amusé de son nouvel ami, quand celui-ci répond à la question qu’il est seul à entendre.

- Vous aussi !! Décidemment, c’est une épidémie ou quoi ?? Je suis dans la roulotte de Patricia et « Yu ».

- ……………….

- Ok on vous y attend !!

- ……………….

Florian raccroche en souriant mais tous voient bien que de sentir ses amis s’inquiéter sans arrêt de la sorte, le perturbe plus qu’il ne voudrait l’avouer.

- Vous vous êtes donné le mot ou quoi ? C’était « Raphi » et Éric, ils me cherchent eux aussi partout. Va falloir oublier un peu toutes ses histoires les gars, je vous le dis pour notre bien à tous. Sinon ça va vite devenir invivable pour tout le monde, moi y compris.

2eme ANNEE Fêtes de fin d’années, 2ème partie : (125/150) (Vingt ans plus tôt)

(Arabie Saoudite) (Un secrétaire très particulier)

Hassan range son dernier dossier, il soupire de contentement d’en avoir terminé avec les tracasseries administratives qui réclament son attention et qui font le quotidien de ses matinées de travail.

Il repense à la conversation qu’il a eue avec Christophe et c’est le sourire aux lèvres que lui reviennent les images vingt ans plus tôt de sa prise de fonction aux affaires de son pays, en remplacement de son père vaincu par la maladie.

Il se revoit alors, jeune prince de tout juste vingt-trois ans et succédant à son défunt père sans y en avoir été suffisamment préparé, mais bien obligé d’en prendre la succession quoique bien trop tôt à son gré.

***/***

Les premiers mois furent difficiles, l’apprentissage de gouvernant n’étant pas chose aussi aisé que de lutiner les jeunes femmes qui ne demandaient d’ailleurs qu’à entrer dans le harem du futur prince.

Petit à petit il s’y est pourtant mis, beaucoup soutenu au début par son « oncle » Ahmed qui l’aida du mieux qu’il put jusqu’à ce que lui aussi rejoigne celui dont la perte était trop dure à supporter et qui se laissa finalement mourir de chagrin.

Hassan avait alors vingt-quatre ans, il venait de prendre Fatima comme première épouse.

Il regardait également d’un œil gourmand celle qui deviendrait sa première concubine, sa réputation d’homme à femmes commençant tranquillement à se répandre ainsi que son goût prononcé pour les affaires, suivit par plusieurs réussites commerciales de haut niveau qui lui permirent d’asseoir sa notoriété auprès de son peuple.

C’est à cette période qu’il éprouva à son tour le besoin d’avoir une personne de confiance sur qui s’appuyer et qu’il fit passer dans tout l’émirat cette fameuse annonce d’appel à candidature pour le poste de secrétaire particulier.

Ses services administratifs firent le nécessaire pour que quelques semaines plus tard, la dizaine de personnes qui en firent la démarche furent convoquées pour un rendez-vous et se virent convier pour un premier entretien avec le prince, ainsi qu’avec quelques personnes pour qui l’avis comptait beaucoup pour lui.

Parmi ses personnes, il y avait comme il se doit son cousin Youssef, qui fraîchement diplômé de médecine était revenu vivre au palais auprès d’Hassan sur la demande expresse de celui-ci qui le considérait déjà alors comme son meilleur ami.

Les entretiens eurent lieu il s’en rappelle comme si c’était hier, un mardi après-midi et les personnes qu’il rencontra alors lui faisaient ressentir un ennui sans nom, jusqu’au moment où un jeune homme entra dans le bureau et changea sans le savoir, en un instant le cours de sa vie.

Hassan le revoit se présenter devant lui tout intimidé et n’arrivant même plus à prononcer son propre nom sans bafouiller misérablement, au point qu’il lui a fallu lui demander de s’asseoir et de respirer calmement le temps qu’il se reprenne suffisamment pour que l’entretien puisse avoir lieu.

Il eut alors tout le loisir de le détailler de plus près et de ressentir au fur et à mesure l’énorme attirance qu’exerçait sur lui ce jeune homme de tout juste dix-huit ans, aux grands yeux noisette et aux cheveux bruns coupés très court, dont la timidité et la façon gauche de se tenir les mains crispées sur ses genoux, le rendait craquant comme ce n’est pas possible.

Hassan connaissant l’étrange particularité de sa famille, comprit tout de suite qu’il venait de se faire prendre à son tour et demanda donc aux autres personnes présentes dans son bureau de les laisser seuls, en donnant pour excuse qu’il ne voulait pas troubler plus que nécessaire ce jeune garçon visiblement impressionné par autant de monde et qui à l’évidence en perdait tous ses moyens.

Ce n’est qu’une fois se retrouvant seul avec lui, qu’ils purent avoir cet entretien et que le jeune Omar posa réellement pour la première fois ses yeux dans ceux d’Hassan, c’est aussi à cet instant qu’il lui donna son premier sourire empli de gratitude et de déjà autre chose de beaucoup plus fort, qui envoya un long frisson dans l’épine dorsale du prince.

Le choix d’Omar comme secrétaire particulier fit beaucoup parler dans le palais, étant et de très loin, celui parmi ceux qui se présentèrent ce jour-là qui en avait le moins les aptitudes et maintenant qu’il y repense, Hassan sourit en revoyant le sourire de Youssef qui à cette époque fut le seul à ne jamais lui en faire la moindre réflexion.

***/***

Hassan tout dans ces pensées, arbore un visage rayonnant et se cale encore plus confortablement dans son siège avec un soupire de contentement, il revoit alors quelques semaines plus tard comment les choses ont soudainement évolué et furent l’occasion de leur premier baiser qui scella leur couple si particulier.

***/***

Omar comme chaque matin, se présenta à lui alors qu’il était déjà plongé depuis un long moment déjà dans ses dossiers et qu’il n’attendait que sa venue pour égayer cette nouvelle journée.

Il l’a senti ce jour-là exceptionnellement troublé, du moins plus que d’habitude en sa présence et que ce qu’il allait lui annoncer ne lui ferait certainement pas plaisir.

2eme ANNEE Fêtes de fin d’années, 2ème partie : (126/150) (Vingt ans plus tôt)

(Arabie Saoudite) (Un secrétaire très particulier) (fin)

Comprenant qu’il doit rompre le silence qui commence à s’instaurer entre eux.

- Bonjour Omar !

- Bonjour votre altesse.

- Quelque chose te trouble ce matin ? Tu veux bien m’en parler ?

Omar lève les yeux vers Hassan, la tristesse qu’il y voit lui noue l’estomac.

- Je ne pense pas correspondre à cet emploi votre altesse, je me rends bien compte de mes lacunes et je prierai votre altesse d’accepter ma démission.

- (Hassan) Tu ne te plais pas à mon service ?

Omar réagit avec fougue.

- Ce n’est pas ça le problème votre altesse !! Si je m’en sentais les capacités, je serais trop heureux de rester avec vous et si j’ai pris cette décision, croyez bien que c’est après y avoir beaucoup réfléchi.

Hassan d’une voix blanche.

- Je ne t’ai jamais fait de reproches il me semble et ton travail me satisfait beaucoup, je ne comprends pas d’où te vient cette idée que tu n’es pas à ta place et si c’était le cas, ne crois-tu pas que je devrais en être le seul juge ?

Les yeux d’Omar se brouillent, les premières larmes apparaissent et s’écoulent lentement sur ses joues, l’estomac d’Hassan devient encore plus douloureux.

Il ne contrôle plus rien en se levant de son siège et en s’approchant suffisamment du jeune homme troublé, pour lui prendre le menton d’une main et le fixer dans les yeux.

- Tu y arriveras j’en suis sûr !! J’ai moi-même douté de mes capacités à tenir mon rôle quand mon père m’a quitté et j’y suis arrivé, il ne faut pas s’avouer vaincu au moindre obstacle, mais au contraire le passer le plus vite possible et persévérer. Je sais que tu as les capacités nécessaires pour faire un bon secrétaire et je ne te demande pas d’être parfait dès le début, si tu ne sais pas quelque chose et bien tu m’en parles, nous ferons en sorte que tu apprennes pour qu’ensuite tout se passe bien.

Omar est surpris d’entendre ces paroles si bienveillantes à son égard, alors qu’il sait pertinemment qu’il ne les mérite pas.

Depuis qu’il est au service d’Hassan, il rame en ne comprenant pas la majeure partie de ce qu’on lui demande et c’est le prince qui fait quasiment tout le travail alors que c’est à lui de le faire et de s’occuper de toute cette paperasse qui fait se lever son prince aux aurores alors que ce n’est certainement pas son rôle.

Hassan tremble de tout son corps, l’idée qu’il s’en aille et le quitte lui semble insupportable et il le lui dit sans réfléchir.

- Je ne veux pas que tu partes !!

Il lui serre plus fortement le menton.

- Tu m’as bien compris ?

- (Omar) Mais enfin pourquoi ? Je ne suis bon à rien dans ce travail et vous le savez aussi bien que moi, sinon vous ne seriez pas déjà si tôt le matin à votre bureau !!

Hassan retient avec peine les paroles qu’il a envie de lui dire, il sait très bien pourquoi il ne veut pas le laisser s’éloigner de lui mais il est suffisamment intelligent pour comprendre qu’il ne connait rien des sentiments s’il en a, qu’Omar a pour lui et qu’il ne peut lui imposer sa présence, si celui-ci n’est là que pour gagner sa vie.

- Pourquoi est-ce si difficile alors ?

Omar ferme les yeux, ne pouvant plus soutenir le regard qu’Hassan pose sur lui, doit-il tout lui dire ou rester sur ses positions et le quitter sans que jamais il ne sache la vraie raison.

Bien sûr qu’il pourrait apprendre, bien sûr qu’avec le temps il arriverait à se rendre suffisamment utile pour que le garçon en face de lui apprécie un jour de l’avoir à ses côtés.

Mais qu’en sera-t-il pour le reste ? Pourra-t-il passer autant de temps près de lui sans jamais se dévoiler et lui dire combien sa présence lui est de plus en plus nécessaire, qu’il passe toutes ses nuits depuis leur première rencontre à ne penser qu’à être comme en ce moment en contact avec sa peau et à vouloir le serrer dans ses bras.

Omar tremble à son tour, ses bras viennent enserrer la taille d’Hassan pendant que son cœur se brise et que ses larmes reprennent de plus belles, il s’aperçoit alors de ce qu’il vient de faire et s’écarte précipitamment de son prince, qui le regarde maintenant avec surprise et une lueur dans les yeux qu’il ne comprend pas.

Hassan d’une voix rauque.

Il y a autre chose qui te pousse à agir ainsi ? Serait-ce possible que tu aies les mêmes sentiments que ceux que j’éprouve envers toi ?

Omar se raidit à ses paroles, a-t-il bien entendu ? Son regard ose alors revenir sur le visage d’Hassan et le découvre au moins aussi perturber que lui, l’étincelle qui s’allume alors dans les yeux du prince lui fait bondir le cœur et se jeter de nouveau dans ses bras.

Cette fois ci il y est attendu et il se sent ceinturer à son tour par deux bras protecteurs qui l’enserrent tendrement, les lèvres d’Omar sont prises alors comme dans un excès de folies et couvrent de bisous en riant, la joue d’abord, puis le visage tout entier de son prince qui commence à être pris à son tour d’un rire de pur bonheur jusqu’à ce que leurs lèvres se scellent dans un baiser passionné qui prouve l’attirance et les sentiments qu’ils éprouvent l’un pour l’autre et ça mieux que n’importe quelle parole.

***/***

« Retour au présent »

Hassan essuie ses yeux d’un geste viril, d’avoir revécu cet instant pourtant déjà si lointain lui a fait remonter toutes ses émotions qui y sont profondément attachées et quand la porte de son bureau s’ouvre en laissant apparaitre son secrétaire, il vient le prendre dans ses bras et l’embrasser comme ils l’ont fait cette fois-là.

Omar d’abord surpris d’un tel accueil, glousse et se moque gentiment d’Hassan, comprenant que celui-ci était encore une fois dans ses souvenirs.

- Je n’avais pas l’intention de démissionner tu sais !!! Enfin !! Cette fois-là sans doute, mais plus aujourd’hui.

2eme ANNEE Fêtes de fin d’années, 2ème partie : (127/150) (Aix) (Neuvième jour) (Luka) (fin)

Après cette présentation de Florian et avoir passé quelques heures avec eux, Luka est reparti avec Maurice jusqu’à son bureau où il y avait laissé ses quelques affaires et après plusieurs recommandations, Maurice l’a fait raccompagner jusqu’à la gare pour qu’il y prenne comme prévu son train pour Paris.

Pendant tout le trajet, Luka fait le point des derniers jours et de comment il va pouvoir poursuivre sa mission, il a été convenu qu’il verrait Florian quand celui-ci viendrait à Paris et qu’il lui donnerait suffisamment d’informations pour qu’ils puissent faire ses rapports.

Cette demande de Maurice à faire en sorte de gagner du temps, lui laisse entrevoir que quelque chose se prépare et qu’il fait partie d’un plan beaucoup plus vaste duquel il n’a pas suffisamment d’éléments pour en comprendre le sens mais duquel il se doute bien, la protection du jeune rouquin n'en est qu'une facette.

Luka sourit en revivant les quelques heures qu’il a passé en compagnie de cette bande de jeunes dont l’amitié très forte ne fait aucun doute.

Il a beaucoup ri des plaisanteries de Florian et en y repensant, il se demande bien pourquoi il y a un tel intérêt porté autour de lui.

S’il fallait le définir, Luka dirait que c’est un garçon ne manquant pas d’attraits, plutôt beau gosse même si pour lui un garçon n’est pas plus attirant que ça.

Préférant de loin les quelques filles présentes, qui elles par contre ne manquaient pas d’atouts beaucoup plus attrayant pour lui.

Beau gosse donc, ça ne fait aucun doute mais aussi extraverti, amusant, enjoué, plaisant et avec une aura assez particulière, qui fait qu’on doit ressentir très vite le besoin de faire partie de son groupe d’amis.

Luka sourit malgré lui car sa mission qui n’en est plus vraiment une aux yeux de beaucoup, n’en sera que plus facile et agréable à mener à bien sans trop se forcer, en y prenant même un certain plaisir.

L’arrivée dans la capitale le fait revenir au présent, il quitte la gare avec son sac à dos qu’il a dû acheter ainsi que quelques affaires de rechanges car il était censé avoir été lui aussi kidnappé et il n’avait pris que le strict nécessaire à cet effet.

La première chose qu’il fait est d’aller s’acheter un téléphone à bas coût, il ne compte pas le garder et dès qu’il le met en service, il envoie un sms avec un code en indiquant juste quelques mots.

« Tout va bien et je t’envoie bientôt une lettre, j’espère que ton voyage se passe bien.

Bisous, Luka »

Il l’envoie puis attend le message confirmant qu’il a bien été reçu, ensuite et seulement après avoir ouvert l’appareil pour récupérer la carte SIM, il jette le portable dans la première poubelle venue.

Il détruit la carte en la frottant vigoureusement contre un mur, il l’a plie ensuite en plusieurs endroits pour la jeter à son tour dans une bouche d’égout.

Luka hèle un taxi et lui donne l’adresse de son appartement.

Une fois ses affaires déposées chez lui, il redescend faire quelques courses et rentre les bras chargés pour ne plus en sortir de la journée.

***/***

« Frontière suisse »

L’homme efface le message et vient se poser devant son ordinateur portable, il tape rapidement un mail et utilise ensuite un logiciel de cryptage, avant de l’envoyer à son destinataire.

Il efface une fois chose faite toute trace de son envoi et retourne à ses occupations sans plus se soucier de quoi que ce soit, son travail étant pour le moment terminé.

***/***

« Kremlin »

Igor réceptionne le mail, son sourire cruel orne encore une fois son visage bouffi par la bonne chère et les boissons fortes, il se précipite alors vers le bureau de Vladimir car il préfère lui annoncer la nouvelle de vive voix, en espérant cette fois ci que son plan fonctionnera et qu’il n’y aura pas encore d’anicroches venant on ne sait d’où mais qui ont la fâcheuse tendance à faire capoter ses plans depuis qu’il est sur cette affaire.

Vladimir tempête après tout le monde depuis que l’embargo dont son pays est l’objet, commence par déstabiliser complètement ses approvisionnements en matières premières

et autres importations vitales, mettant plusieurs régions en pénuries et qui lui demandent des explications sur les causes de tout ce cirque.

Il commence à craindre sérieusement de devoir revenir sur ses décisions et d’avoir à faire machine arrière, afin de calmer les médias internationaux sur leurs accusations quant à ses agissements illégaux envers d’autres pays.

Vladimir sent bien que le vent tourne et qu’il pourrait très vite en subir les conséquences, conséquences forcément désastreuses pour son avenir.

Il envisage de plus en plus sérieusement de lâcher du lest, quitte même à faire des excuses et un mea-culpa sur certains de ses actes.

Il pense même à revenir un temps dans l’ombre et de mettre à sa place aux prochaines élections, un pantin certes à sa solde mais qui donnerait le souffle nécessaire à une reprise des alliances diplomatiques.

« Toc ! Toc ! »

- Da !!!

2eme ANNEE fêtes de fin d’années, 2ème partie : (128/150) (Moscou)

Igor ne se le fait pas répéter deux fois et entre aussitôt qu’il entend l’autorisation de son patron, sa mine enjouée contraste avec celle de Vladimir qui est encore dans ses problèmes d’embargo international.

- Ah !! C’est toi !! J’espère que tu as de bonnes nouvelles à m’apprendre cette fois ci !!

- (Igor) Le ver est dans le chou, il ne nous reste plus qu’à attendre patiemment de savoir ce qu’il en est réellement de ce garçon.

- Hum !!! Tu sais bien que la patience n’est pas mon maitre mot pourtant, enfin !! As-tu au moins appris quelque chose ?

Igor hésite un bref instant mais connait suffisamment l’homme en face de lui pour ne pas chercher à lui mentir.

- Ils sont coriaces à la DST J’ai été obligé de prendre des décisions « radicales » envers quelques-uns de nos agents qui s’étaient fait prendre.

Vladimir fronce les sourcils.

- Combien d’agents as-tu perdu ?

- Six !! Pourtant ce n’étaient pas des amateurs, loin de là !!

- N’y es-tu pas allé un peu fort ? Que risquaient-ils de révéler en fait ?

- Notre action contre ce garçon tout simplement et je ne voulais pas courir le risque qu’ils confirment nos agissements toujours en cours, quoique je me pose quand même la question sur le bien-fondé de tout ça et si ce n’est pas justement un vaste coup monté pour se débarrasser de nos espions infiltrés.

Vladimir est prêt à piquer une colère dont il a le chic, quand les dernières paroles d’Igor commencent à lui parler.

- J’avoue que toute cette affaire dès le début m’est apparue pour le moins fantastique, alors comme ça pour toi ce serait un coup-monté pour que nous nous révélions au grand jour et pouvoir découvrir notre organisation mise en place chez eux ?

- C’est une possibilité patron, avouez quand même que cette histoire mérite qu’on se pose la question ?

- Possible après tout, ça expliquerait cette coalition contre notre pays.

- (Igor) Que faisons-nous maintenant ?

Vladimir continue après un bref moment de pose.

- Rien de plus, laissons-leur croire que nous renonçons à nous emparer de ce garçon. Donne des instructions à ton agent, qu’il se contente de rester dans son entourage sans poser de questions et s’il apprend quelque chose, nous verrons quelle décision prendre à ce moment-là.

- Je crois que c’est judicieux patron, nous avons trop fait parler de nous ces derniers temps.

Vladimir regarde Igor dans les yeux.

- Mais je n’en ai pas terminé avec cette histoire pour autant et je saurai tôt ou tard à quoi m’en tenir, que ce soit sur le pourquoi de l’existence de ce garçon ou sur tout autre raison qui pourrait les avoir poussés à monter ce canular pour nous faire sortir de l’ombre.

- (Igor) Je vais passer les ordres dans ce sens à notre agent monsieur et peut être qu’il en apprendra plus quand il les aura mis en confiance.

Vladimir avec un semblant de sourire.

- De toute façon, il est nécessaire de faire un semblant de mea-culpa pour revenir dans les bonnes grâces de nos alliés, qui me mettent une pression inhabituelle de leurs parts pour que je fasse acte de réconciliation avec l’émir Hassan. Je le retiens celui-là et il ne l’emportera pas au paradis, crois-moi !!

Igor au fait des difficultés actuelles.

- Je ne l’aurai jamais imaginé avoir autant d’influence sur la diplomatie internationale, surtout vis-à-vis de la Chine et de l’Inde.

Vladimir prend une liasse de missive, qu’il jette d’un mouvement brusque sur son bureau en pestant.

- Moi non plus !! Et pourtant force est de constater qu’il en a !!

- Vous allez rétablir le dialogue avec lui ?

- Ai-je réellement le choix ? Nous allons très vite manquer de tout si ça continue et c’est déjà bien assez difficile comme ça dans le contexte actuel, je ne tiens pas à avoir en plus un soulèvement du peuple à gérer en ce moment.

- Qui allez-vous envoyer comme négociateur ? Il faudra quelqu’un qui ait une forte personnalité et qui saura arrondir les angles, l’émir ne pardonnera pas facilement l’affront qu’il a reçu ni la perte de son parent.

- Je m’en occuperai personnellement, je vais lui faire parvenir une demande de rendez-vous dans un endroit neutre que je lui demanderai de choisir lui-même afin qu’il ne pense pas encore à une fourberie de ma part.

- (Igor) Vous n’avez pas l’intention, d’attenter à sa vie ?

Vladimir avec son sourire cruel.

- Bien sûr que non !! Le moment serait très mal choisi, mais il ne perd rien pour attendre et j’aurai sa peau un jour ou l’autre, il me suffira juste d’attendre le bon moment.

Igor sort du bureau et repart directement rejoindre le sien pour prendre toutes les dispositions liées aux nouvelles directives, il juge lui aussi qu’il sera bon de se faire oublier le temps qu’il lui faudra pour remettre un nouveau réseau en place.

Cette fois ci, ce seront des hommes que lui aura choisi et qui n’auront certainement pas l’incompétence de ceux mis en place par son prédécesseur.

Il réfléchit en comptant sur ses doigts, il se donne deux ans maximum pour mettre en place une cellule d’espionnage digne de ce nom et reprendre ensuite là où il s’était interrompu faute de personnes suffisamment fiables, comme celui qui reste en place et en qui il a toute confiance, comme d’ailleurs ce petit jeune prometteur qui semble très bien mené sa barque.

2eme ANNEE Fêtes de fin d’années, 2ème partie : (129/150) (Aix) (Au cirque)

(Neuvième jour) (Réveillon de Noël)

Le grand chapiteau est en effervescence, tout le monde mettant la main à la pâte aussi bien pour aider à disposer les tables, qu’installer les décorations et mettre une dernière touche à la préparation du repas qui sera des plus festifs comme l’indique sans contexte les senteurs alléchantes sortant des cuisines.

Rémi et Baptiste sont à la gare, ils attendent leurs amis qui viennent tout exprès de Reims pour fêter avec eux cette soirée de Noël et profiter par la même occasion de quelques jours de vacances, avant de retrouver leurs chéries et leurs familles respectives pour la soirée du nouvel an.

Ça fait plusieurs jours que Dylan et Stéphane ont reçu ce coup de téléphone auquel ils ne s’attendaient pas du tout et qu’ils ont été agréablement surpris de cette demande venant de leurs amis pour qu’ils viennent passer quelques jours à côté d’eux tous et c’est peu après ça, qu’ils ont eu l’idée de monter ce spectacle sans prévenir Anthony qui va en avoir la surprise.

Le train entre en gare, il s’arrête non loin du nouveau couple qu’ils forment depuis qu’ils se sont avoué leurs sentiments et qui le lendemain matin a été la grande surprise autour d’eux.

Essentiellement de la part de certains de leurs amis qui n’y croyaient plus et qui ont ouvert de grands yeux quand ils les ont vus se tenant par la main, pour entrer sous le barnum prendre leurs petits déjeuners.

Dylan est le premier à les voir et il met un coup d’épaule à Stéphane pour lui indiquer la direction à prendre.

Ils n’ont chacun qu’un sac à dos, ne s’étant pas encombrés de leurs instruments vu qu’il y a tout ce qu’il faut au cirque et que les musiciens n’ont fait aucun problème quand il leur a été posé la question de les leur prêter.

Baptiste tout heureux.

- Ça va les gars ?? Putain !! Comment que j’ai plaise à vous revoir !! C’est ouf !!!

- (Stéphane) Waouhhhhh !!! A ce point-là !!!

Dylan voit le regard que pose Rémi sur Baptiste.

- J’y crois pas !!! Vous vous êtes enfin décidés vous deux !!!

- (Rémi) Ça n’a pas l’air de te surprendre plus que ça on dirait ?

Stéphane les regarde avec un sourire taquin.

- Tourne-toi pour voir si ça grince encore ?

- (Rémi) Quoi !!!

Stéphane mort de rire.

- Vu comment tu étais coincé du cul ! Hi ! Hi !

Stéphane se tourne vers Baptiste.

- Je comprends mieux ton accueil « Bapt », depuis le temps ! Hi ! Hi !

- (Dylan) Racontez-nous tout, les gars !! On veut tout savoir !!

Le trajet jusqu’au cirque passa à la vitesse de l’éclair, les deux Rémois curieux de savoir comment s’est passé cette grande semaine au milieu de tout ce monde.

Ce n’est qu’une fois en vue du chapiteau, que les questions plus terre à terre reprennent.

- (Dylan) Au fait !! On dort où cette nuit ?

- (Baptiste) On pensait vous faire une petite place dans notre lit, pas vrai « Rém » ?

- (Rémi) Maintenant que j’ai pris goût aux mecs, c’est cool.

- (Stéphane) Dans vos rêves les gars ! Hi ! Hi !

- (Dylan) J’aurais bien voulu voir leurs têtes si on avait dit oui ! Hi ! Hi !

Baptiste a les yeux brillants.

- Et moi la vôtre une fois au lit, bon ! Redevenons sérieux, Florian et Thomas vous ont loué une petite caravane pour le temps que vous resterez avec nous, elle est arrivée cet après-midi.

- (Stéphane) Faudra qu’ils nous disent combien on leur doit !! Mais dis-moi ? Thomas !! Ce n’est pas son mec à Florian ?

- (Baptiste) C’est bien lui en effet et pour ce qui est de les rembourser, je ne pense pas qu’ils accepteront.

- (Dylan) Et pourquoi donc ? Ce n’est pas à eux de nous payer nos vacances.

- (Rémi) Ils vous répondront que c’est eux qui vous ont invités.

- (Baptiste) De toute façon vous verrez bien !! On vous montre votre caravane pour que vous y déposiez vos affaires et après ça on vous fait faire le tour du cirque, faudra juste faire gaffe de ne pas croiser « Antho » car ça doit rester une surprise pour lui.

Ils font comme Baptiste a dit et s’émerveillent de la visite de ce cirque immense, tout en faisant connaissance au fur et à mesure des amis de Florian qu’ils croisent.

L’heure arrive enfin d’aller se préparer pour la soirée, chaque couple rentre dans ses appartements en se donnant rendez-vous devant l’entrée principale du chapiteau pour ne pas que les deux nouveaux arrivants se perdent.

Dylan et Stéphane prennent alors le temps de vraiment regarder à l’intérieur de leur « petite » caravane qui en fait se trouve être un double essieu prévu pour au moins six personnes et qui de plus est flambant neuve.

- (Dylan) Il ne s’est pas foutu de nous le rouquin, punaise !!! T’as vu ? C’est le grand luxe ce truc !!

- (Stéphane) Ça t’étonne toi ? Moi tu vois, venant de « Flo » !!! J’ai du mal à y être ! Hi ! Hi !

Dylan hausse les épaules en guise d’accord avec les paroles de son pote.

- Ouaih mais quand même !!

- Bon !! On traine là !! Tu prends ta douche en premier ou j’y vais ?

- (Dylan) Vas y d’abord pendant que j’essaie le plumard.

- (Stéphane) Comme tu veux, j’ai hâte de voir la tête d’« Antho » quand il s’apercevra que nous sommes là.

- Oups !! Ça me fait penser qu’on a un coup de grelot à donner.

- Putain oui !! J’avais zappé avec tout ça !!

Dylan prend son portable et lance l’appel, énervé et mal à l’aise d’avoir oublié de le faire plus tôt.

- Allô !!

- ……………

- Excusez-nous, mais voilà juste qu’on se retrouve seuls !!

- …………..

- Vous êtes où ?

- ………….

- Ok !! Vous ne bougez pas de là, j’arrive !!

- ………….

- Pas la peine !! Il y a largement de la place où nous sommes installés, vous verrez et il y a suffisamment de lits sans que vous ayez d’autres frais à faire.

- …………..

- Je viens vous cherchez pendant que « Steph » prend sa douche.

Dylan raccroche, il se tourne et sourit à son copain qui l’écoutait en préparant ses affaires.

- J’en connais qui vont être content.

- Et moi donc !!!

2eme ANNEE Fêtes de fin d’années, 2ème partie : (130/150) (Aix) (Au cirque)

(Neuvième jour) (Réveillon de Noël) (suite)

Anthony sort juste de la douche, quand ses colocataires reviennent à leur tour après avoir terminé de tout préparer avec les saltimbanques du cirque.

Flavien sourit en voyant combien son copain a changé en quelques jours, le fait qu’il soit nu alors qu’ils entrent dans la roulotte ne le démonte pas plus que ça et le sourire amical qu’il leur envoie pendant qu’il s’essuie en est une preuve manifeste.

- (Carole) Et bien « Antho » !! Tu n’as pas honte devant des demoiselles ?

Anthony toujours souriant en se séchant le dos.

- Après ses dernières nuits, je ne crois pas avoir encore quelque chose à vous cacher.

Alice s’approche de lui et le fait rentrer dans la petite salle de bain.

- Ce n’est pas une raison pour montrer tes fesses comme ça, allez !! Habille-toi vite !! Nous sommes encore trois à nous préparer !!

***/***

Alexie et Arnault terminent de s’habiller, quand Baptiste et Rémi entrent à leur tour et s’empressent de passer sous la douche.

Alexie prend son portable, il appelle Florian pour le prévenir qu’ils sont revenus et que sans doute c’est le bon moment pour la première surprise.

***/***

- Tu viens Thomas ? Les Rémois sont arrivés, Alexie vient de me prévenir que c’est bon et que Baptiste vient de rentrer.

- Je m’occupe des deux frangins pendant que tu te charges du reste d’accord ?

- Ok !! On se retrouve ici comme convenu, je t’envoie un sms dès que nous sommes prêts.

Thomas enfile sa doudoune et sort aussitôt jusqu’à la roulotte d’Anthony, il frappe à la porte et c’est Alice qui lui ouvre avec le sourire et une question muette du regard que Thomas s’empresse de lui confirmer.

Alice joue alors le jeu pour que son chéri ne se doute de rien.

- Tiens !! Thomas !! Qu’est ce qui t’amène ?

- C’est « Flo » qui m’a demandé de venir vous prévenir, toi et Anthony, parce qu’il voudrait vous parler avec Baptiste et Rémi, pour mettre au point le spectacle de ce soir.

Anthony qui bien sûr a entendu son copain.

- Maintenant ?

- Apparemment oui !! Bon !! Je file prévenir les deux autres lascars, on se retrouve à notre roulotte dans une petite demi-heure, ça vous va ?

- (Alice) D’accord ! (Elle sourit) Tu aurais pu juste nous passer un coup de fil au lieu de te déplacer ?

Thomas lui fait un clin d’œil.

- C’est vrai mais j’avais envie de me dégourdir les jambes, bon ! Je file prévenir les deux autres, à tout à l’heure !

Thomas ressort pour aller porter le même message dans l’autre roulotte, le jeune couple est quand même surpris que ce soit au dernier moment que Florian veuille leur parler alors qu’ils avaient tout le temps de le faire dans la journée.

Ils finissent de se préparer pendant que Thomas les attend, en souriant du changement phénoménal qu’ils ont maintenant dans leur relation.

Que se soit leurs mains qui se frôlent à la moindre occasion, ou encore leurs regards qui n’arrêtent pas de se chercher sans cesse.

Thomas entend le bip d’un message, Florian lui donne le top que tout est prêt et qu’il ne manque plus qu’eux.

- On y va les gars ? C’est « Flo » qui s’inquiète !

- (Rémi) Pour une fois que ce n’est pas nous !!

- (Baptiste) Il voit ce que ça fait comme ça !!

***/***

Florian range son portable et sourit à la personne qui est installée à côté de lui, il ne la connaissait pas vraiment car n’ayant eu qu’une fois ou deux l’occasion de la rencontrer.

L’expression de son visage reflète toute la joie d’avoir été invité à venir passer cette fête avec eux tous, alors qu’elle s’était imaginé rester seule pour la première fois de sa vie.

Ils perçoivent enfin les pas s’approcher de la roulotte, Florian lui prend la main et la frotte gentiment pour calmer la boule d’émotion qui commençait à la faire trembler.

Ils entendent Thomas qui prévient Anthony.

- Fait gaffe à la marche « Antho » !! Baptiste, tu pourrais l’aider quand même !!

- (Alice) Depuis qu’il est amoureux celui-là, il n’y a plus rien d’autre qui compte.

- (Baptiste) Ah ! Ah ! Très drôle !! Viens frangin !!

La porte s’ouvre, les deux garçons entrent en premier et s’avancent très vite à l’intérieur pour laisser entrer les autres et ne pas refroidir l’intérieur de la roulotte.

Baptiste aide son grand frère comme il en a l’habitude pour pas qu’il bute contre un meuble et se fasse mal, ce n’est qu’une fois chose faite qu’il se retourne vers le coin salon et reste figé de stupéfaction, un cri de joie s’échappe alors de sa gorge.

- Maman !!!!

2eme ANNEE Fêtes de fin d’années, 2ème partie : (131/150) (Aix) (Au cirque) (Neuvième jour) (Réveillon de Noël) (suite)

Aurélien et Chloé rejoignent le lotissement où vivent les autres Aixois, ses frères les guettent le nez écrasé aux vitres du salon de chez les Louvain et les voient arriver en leurs faisant de grands signes et en allant leur ouvrir.

Le salon est plein à craquer de tous ceux qui sont à les attendre pour partir tous ensemble rejoindre le cirque, afin de passer cette soirée de réveillon en famille et entre amis.

Ils sont tous sur leur trente et un et quand enfin tout le monde est prêt, ils montent dans les voitures dans un capharnaüm de discussions et de rires.

Les limousines de Ming et d’Hassan qui ont été comme de bien entendu invités, font le plein et c’est un véritable cortège de voitures qui s’engage sur la route pour rejoindre le cirque.

La première épouse de l’émir se retrouve entourée par la gente féminine qui lui parlent comme à une amie de longue date, Hassan s’en réjouit pour elle quand il la voit souriante et heureuse, parlant de tout et de rien avec elles, se sentant pour une soirée une femme comme tout le monde.

Amid et Christophe sont restés à la résidence car le jeune prince n’a pas eu l’autorisation de se joindre à eux, Youssef ayant dû se fâcher pour qu’il reste au lit alors que le jeune garçon voulait à tout prix participer à la fête, s’en croyant suffisamment remis de son accident alors que son « oncle » jugeait que non.

Maurice met les dernières choses au point avec ses hommes, lui et sa femme sont déjà arrivés depuis un moment sur place, pour qu’il puisse justement vérifier que rien ne viendra perturber cette soirée.

Martine tient par la main la fillette qui a eu l’autorisation de passer la soirée avec sa future famille, elle lui fait visiter la ménagerie en faisant attention qu’elle ne s’approche pas trop des cages.

Sous le chapiteau, tout est prêt et il y a déjà beaucoup de monde qui s’y trouve, discutant amicalement en groupes en attendant qu’il soit temps d’attaquer le buffet d’apéritif que tous lorgnent avec envie.

Les musiciens jouent tranquillement des airs de leur pays, donnant ainsi une ambiance folklorique en attendant le début du spectacle.

Tony et ses frères surveillent tout ce petit monde, les yeux brillants de la joie d’une soirée qui s’annonce sous les meilleurs auspices.

Les invités arrivent petit à petit, remplissant la piste et s’interpellent en se retrouvant entre amis.

Le son monte rapidement dans une liesse générale et c’est Tony qui rejoint le groupe de musicien pour donner le top aux festivités, quand il constate que tout le monde est enfin arrivé.

La musique s’arrête alors, ce qui crée à son tour l’arrêt des discussions et tous se tournent vers l’estrade à attendre les paroles qui vont donner le top départ à la soirée.

Tony tapote le micro, il se racle la gorge avant de se lancer dans son speech de bienvenue.

- - Comme chaque année depuis que le cirque a vu le jour, nous allons fêter encore une fois tous ensemble ce réveillon de Noël. Pour la première fois comme vous pouvez le constater, nous recevons des invités qui nous sont devenus chers depuis qu’ils sont apparus dans notre vie. Une rencontre qu’il y a à peine quelques mois encore, nous n’aurions jamais imaginé qu’elle puisse avoir un impact aussi fort dans nos cœurs et qui a changé beaucoup de chose dans notre façon de percevoir les relations humaines. Tout ça grâce à des grands-parents aimants et inquiets du bien-être de leur petit-fils et qui ont permis que cela arrive. Grace également à un jeune garçon qui a su par sa simplicité et sa façon d’être, devenir important dans notre vie à tous et qui a permis que cette soirée ait lieu avec vous tous réunis ici ce soir. Un groupe de jeunes…

Tony sourit en regardant la piste.

- …et de moins jeunes, venus des quatre coins de France et du monde, qui se sont trouvés lier par une amitié indéfectible. Mais trêve de bavardage, Je vous souhaite à tous un joyeux Noël et que la fête commence !!!

Tony quitte l’estrade sous les applaudissements et rejoint la piste en faisant signe à tous de s’installer, le brouhaha reprend alors pendant que les premières notes de musique reprennent et que chacun va vivre à sa façon cette soirée qui leur laissera sans aucun doute un souvenir inoubliable.

Anthony et Baptiste tiennent leur mère enlacée entre eux deux et leurs yeux encore rougis des larmes versées à la joie des retrouvailles, témoignent de l’attachement qui lie cette famille dont un des membres les a quittés tragiquement beaucoup trop tôt et qui du fait de son absence, les a fait se resserrer aussi fortement les uns aux autres pour remonter la pente et avoir une vie normale malgré toutes les difficultés qu’il leur a fallu traverser.

A l’autre bout de la très longue table, deux garçons les regardent émus.

Ils ont connu les hauts et les bas de leurs deux copains, ils ont partagé leurs peines mais aussi leurs joies et sont fiers de les voir tels qu’ils sont devenus et n’attendent que le moment où le visage d’Anthony s’éclairera, quand il se rendra compte de leurs présences et qu’ils pourront terminer la soirée aux côtés de leurs meilleurs amis.

2eme ANNEE Fêtes de fin d’années, 2ème partie : (132/150) (Aix) (Au cirque)

(Neuvième jour) (Réveillon de Noël) (suite)

« Minuit »

Le repas se termine et le spectacle commence, chacun leurs tours les artistes se préparent et entrent en piste pour donner le meilleur d’eux-mêmes, les clowns font rire les plus jeunes, alors que les acrobates font montre de tous leurs talents et font pousser des cris de stupeur et parfois même d’effrois, aux adultes hypnotisés par des figures d’une extrême témérité.

Hassan et Ming ne ratent rien du spectacle et c’est presque avec des regards d’enfants qu’ils assistent à tous ses numéros d’artistes, donnés spécialement pour le plaisir de tous.

Ils sont tellement obnubilés par tout ce qu’ils voient, qu’ils ne se rendent pas compte des personnes autour d’eux qui s’écartent en souriant et ce n’est que quand ils se sentent soulever de terre, qu’ils poussent dans un ensemble parfait un grand cri de frayeur jusqu’au moment où ils atterrissent sur le dos des deux pachydermes qui barrissent de contentement sous les tapes amicales de Florian et de Yuan, écroulés de rires.

Quand ils reçoivent près d’eux, qui son père et qui son ami, ils éclatent encore plus de rires devant la tête qu’ils font alors en se rendant compte du tour que les deux garçons viennent de leur jouer.

- Alors ton altesse ! Hi ! Hi ! C’est plus haut qu’un chameau, avoue !!

Hassan encore sous le coup de la surprise.

- Oh toi !! Je vais te….. !!!!

- Encore un !!! Mais qu’est-ce que vous avez tous à vouloir me les couper ! Hi ! Hi !

Hassan retrouve le sourire après cette frayeur qu’il vient d’avoir.

- Tu sais comment ça s’appelle dans mon pays ce que tu viens de faire ?

Je lui réponds le plus sérieusement du monde.

- Faire un tour d’éléphant ?

Devant la candeur de la réponse, Hassan ne peut s’empêcher de rire à son tour.

- Pas vraiment, non ! Hi ! Hi !

L’émir regarde autour de lui et voit l’amusement sur tous les visages dirigés vers eux, Fatima et Omar, sont éclatés de rires et le regardent avec les yeux plissés d’amusement du tour dont il vient d’être avec son ami, un des acteurs principaux.

Un étrange son s’échappe alors de la gorge de Florian, les deux éléphants reculent de quelques pas et se couchent lentement, leur permettant ainsi de descendre sans trop d’efforts.

Leurs dresseurs viennent ensuite les récupérer, pendant que Ming et Hassan se remettent de leurs émotions.

L’ambiance après cette farce monte de plusieurs crans, les rires fusent d’un peu partout et amènent les rapprochements entre les invités, Hassan ressent ça avec beaucoup de plaisir quand il se voit pour la première fois de la soirée entourer et entrainer dans les conversations, alors que jusque-là il était mis quelque peu à l’écart par une certaine timidité à son encontre due à son statut social.

Pendant ce temps-là, plusieurs personnes repoussent les tables afin de dégager un espace au milieu de la piste, pour permettre aux couples de danser au rythme de la musique qui devient à cet effet de plus en plus entrainante.

Florian sourit en voyant que le petit tour qu’il a joué à ses deux amis leurs a permis de mieux s’intégrer dans cette soirée et qu’ils vont dorénavant pouvoir en profiter comme tout un chacun, sans plus ressentir les réserves liées à l’étiquette qui les empêchaient d’être véritablement eux-mêmes.

Il fait signe à ses amis musiciens de le rejoindre sur l’estrade pour permettre à ceux du cirque ayant joué jusque-là, de profiter eux aussi de la soirée et de s’éclater en famille, ainsi qu’avec leurs amis.

Alice parle à l’oreille d’Anthony qui sourit et se lève à son tour pour rejoindre le reste de la bande, il ne voit pas bien sûr Dylan et Stéphane, qui arrivent juste après eux et viennent se placer derrière Rémi et Baptiste, en faisant bien attention de ne pas se faire repérer par « Antho » qui ils le savent pertinemment a l’oreille fine.

Pendant que ses amis se mettent en place et s’installent chacun avec l’instrument qui lui convient le mieux, un étrange manège attire l’attention des spectateurs qui terminent pour la plupart le dessert qu’ils dégustent assit sur les gradins depuis que les tables ont été enlevé.

Taha et un couple d’artistes aidés par deux techniciens du cirque, installent le matériel dont ils vont avoir besoin pour un dernier numéro avant de laisser la place à la musique et à la danse.

Florian sourit car il sait qu’il va être mis à contribution mais aussi que le jeune Massaï va en étonner plus d’un de son habilité qui l’a laissé lui-même sur le cul depuis qu’il a vu de quoi il était capable.

2eme ANNEE Fêtes de fin d’années, 2ème partie : (133/150) (Aix) (Au cirque)

(Neuvième jour) (Réveillon de Noël) (suite)

Une fois tout mis en place, le couple d’artiste commence son numéro.

La femme va se mettre devant l’énorme panneau multicolore, l’homme commence alors à lui envoyer ses couteaux qui viennent se planter tout autour d’elle dans le silence absolu des spectateurs qui retiennent leurs souffles et respirent bruyamment à chaque fois qu’une des lames se plante dans un bruit sourd dans le bois, à quelques centimètres seulement de sa compagne.

C’est à ce moment-là que Taha entre en scène avec toute la souplesse et la fierté de sa race, l’arc en bandoulière tandis qu’il se moque gentiment du lanceur de couteaux.

- Un enfant en ferait autant dans ma tribu.

L’homme ironique se tourne vers son public, un sourire ironique marquant ses traits.

- Il ne doit plus rester grand monde alors.

Le jeune Masaï se plante sous son nez, l'air inquiétant.

- Me traiterais-tu de menteur ?

L’homme élève la voix en prenant une nouvelle fois son public à témoin.

- Vantard surtout !! Montre-nous donc ce que tu sais faire gamin !!

Taha prend l’arc et sort une flèche du carquois, il lui tend ensuite l’arme d'un air moqueur.

- Toi montre-moi !!

- Soit !! Prends-en de la graine alors.

L’artiste poursuit alors son spectacle sous l’œil volontairement moqueur de Taha, qui attend son tour et surveille du coin de l’œil son ami Florian, celui-ci comprend que ça va bientôt être à lui d’entrer en scène.

Un signe à Ramirez qui s’éclipse du chapiteau et va chercher ce dont son ami aura besoin, Florian sort à son tour pour l’attendre dans le couloir d’accès des animaux au chapiteau.

Il s’habille vite fait des vêtements de cowboys qui l’attendent depuis l’après-midi, les santiags avec éperons, un chapeau qu’il attache à son cou avec la jugulaire spéciale, il place enfin le revolver avec le ceinturon qui va avec et s’amuse de l’effet que son déguisement va encore faire sur les plus jeunes ainsi qu’à d’autres il n’en doute pas un instant.

***/***

Un dernier « petit » détail duquel je vérifie la bonne mise en place, avant de refermer la veste aux manches couvertes de franges en cuir et me voilà prêt pour le spectacle

***/***

Pendant ce temps-là le saltimbanque continue sans que personne ne se doute de ce qui se trame en coulisse, l’artiste rend l’arc à Taha et aidé de sa compagne, récupère les flèches qu’il lui remet dans le carquois.

Taha recule d’au moins trois fois la distance où s’était placé l’homme et regarde en mimant la surprise, le panneau où plus personne ne se trouve devant.

- La femme blanche peut-elle se remettre comme elle était ?

- Peut-être allons-nous essayer sans elle.

Il plante comme l’autre fois une cible de tir au milieu de la planche.

- Fais-toi les dents déjà avec ça mon garçon, déjà que tu es bien trop loin pour atteindre la cible.

- (Taha) Tu veux peut-être que je me mette aussi près que toi pour être certain d’y arriver ?

Il vient alors se positionner à quelques centimètres de la cible, des rires venant des gradins accueillent son geste et Taha fait mine alors de vouloir y décocher une flèche.

- Suis-je au même endroit que toi homme blanc ? Ou peut-être que je devrais me rapprocher encore plus ?

- C’est ça gros malin !! Moque-toi !! Montre-nous déjà ce que tu sais faire et après ça on verra pour que ma femme reprenne la pose.

***/***

Ramirez arrive en tenant l’animal par la bride, il sourit devant la tête que fait son ami en l’apercevant.

- Et bien quoi ?? C’est ce que tu voulais, non ??

Je regarde en riant le poney qui n’est pas plus haut que « Kinou ».

- Bah là c’est sûr que pour m’arrêter, je n’aurai qu’à tendre les jambes ! Hi ! Hi !

- Allez !!! Grimpe !! C’est à toi de jouer maintenant !!

Je monte, ou du moins je m’assoie sur le poney qui pour le spectacle est sellé comme un vrai pur-sang et je manque de m’étaler quand il démarre, tellement il me surprend par sa nervosité.

Malgré tout j’arrive non sans mal à garder mon assiette, c’est au galop que j’entre sur la piste en criant comme un cowboy.

- Yahhhh !!!!! Waouh !!!

2eme ANNEE Fêtes de fin d’années, 2ème partie : (134/150) (Aix) (Au cirque)

(Neuvième jour) (Réveillon de Noël) (suite)

J’arrive devant le couple et Taha, qui me regardent en retenant difficilement un fou rire que je vois poindre sur leurs visages déjà congestionnés et je fais piler ma « monture » avec un « HOLA » tonitruant qui manque une fois de plus de m’envoyer ad patres, mes fesses partant en avant sous le coup de frein brutal de l’animal.

Bien sûr dans les gradins, les rires ne manquent pas de se faire entendre et ceux des enfants particulièrement aiguës, retentissant par-dessus tous les autres sont facilement reconnaissables.

- Qu’est-ce qu’il se passe ici ?

Taha entre dans le jeu.

- Ils ne me croient pas capable de viser juste,

- Peut-être qu’ils voudraient une petite démonstration ?

- Tu veux bien me servir d’assistant ?

- D’accord que dois-je faire ?

Pendant que deux hommes arrivent et disposent tout au long de la piste dans la partie libre de spectateurs, des panneaux identiques mais beaucoup plus petits que celui que se sert habituellement le couple d’artiste, Taha ouvre une malle et en sort une dizaine de ballons de baudruches de tailles différentes qu’il accroche dans le dos de son ami en suivant sa colonne vertébrale, du plus gros vers le bas, au plus petit au niveau des épaules et en prenant soin de garder le dernier encore plus petit, ne faisant qu’à peine la taille d’une grosse orange qu’il fixe au sommet du chapeau.

- (Taha) Ne fais pas attention à moi et tu tournes autour de la piste, d’accord ?

Je fais mine d’être effrayé.

- Hé !! Tu ne vas pas me tirer dessus en pleins mouvements quand même ?

Je me tourne vers les enfants qui ont les yeux sortis de la tête en comprenant ce que nous allons faire.

- Vous avez confiance en lui les enfants !!!!

- OUIIIIII !!!!!!

- Vous voulez vraiment qu’il me tire dessus ????

Ils se lèvent tous.

- OUIIII !!!!!

- Sympa les gars !!! Et s’il rate son coup ??? Vous êtes sûr que c’est ce que vous voulez !!!!

- OUIII !!!!!

Je fais un clin d’œil à Taha en relançant mon « pur-sang » à toute allure, en faisant de grands cercles et en frôlant au plus près les panneaux qui maintenant sont terminés d’être mis en place.

***/***

Taha laisse le temps à son ami de faire quelques tours et surtout le pitre, puis il prend une grande bolée d’air et avec une fluidité invraisemblable décoche tour à tour sans presque viser, les cinq premières des dix flèches que son carquois contient et qui avec une précision impressionnante viennent transpercer les cinq plus gros ballons en se fichant profondément dans un son sourd, marquant la force de l’envoi dans les panneaux de bois qui en basculent en arrière.

Je sens l’éclatement des ballons derrière mon dos et même si nous avons déjà répété cet exercice plusieurs fois, j’ai toujours cette remontée d’adrénaline qui me couvre le front de sueur.

Taha se prépare à la nouvelle série de tirs, beaucoup plus compliquée celle-là étant donné le rétrécissement des cibles et l’endroit où elles sont accrochées.

Il fait un geste à son ami qui hoche la tête en signe qu’il est prêt et il reprend une flèche et bande son arc.

Sur les gradins, tous retiennent leurs souffles tellement ils sont sidérés par une telle adresse de la part du jeune homme et aussi du sang froid qu’a Florian, qu’ils voient relancer sa monture en poussant des cris de guerre.

Les flèches une à une atteignent leurs cibles toujours avec la même précision et la même puissance, ne reste plus que celle placée au-dessus du chapeau et c’est alors qu’un cri d’angoisse s’échappe de toutes les bouches quand ils voient le jeune rouquin le détacher de sur sa tête et le placer contre son cœur en saluant le public, croyant certainement que le jeune Massaï en a terminé.

Le trait part, traverse le ballon et continue sa course à travers le chapeau pour venir se ficher dans la poitrine de Florian qui pousse un cri et tombe dans le sable.

Tous se lèvent alors avec le visage marquant l’horreur de ce à quoi ils viennent d’assister.

Le père Antoine se signe et tout comme le reste des spectateurs, accourt sur la piste le cœur pris dans un étau d’angoisse à la vision du jeune homme étendu sur la piste.

Seuls Aurélien, Thomas, Éric, Raphaël, Mireille, Maryse, Michel et Yuan ne se sont pas levés comme tout le monde et au contraire des autres, ils sont pliés en deux de rires à la farce qu’a encore une fois réussi à leur jouer à tous leur ami et petit-fils, avec la complicité et l’extraordinaire habileté au tir de Taha.

Florian les ayant prévenus pour ne pas qu’ils s’effraient, connaissant trop la réaction

qu’ils auraient eu alors et ne voulant pas risquer surtout pour les plus âgés, qu’ils subissent un contrecoup trop fort dont leur cœur n’aurait peut-être pas résisté, ou pour les plus jeune de leur faire connaitre un nouveau choc émotionnel après celui qu’ils ont déjà eu récemment.

Quand il sent tout le monde se presser autour de lui, Florian se relève d’un bond, le chapeau toujours planté par la flèche au niveau de son cœur et sourit en prenant le bras de Taha qu’il lève vers le ciel en guise de victoire.

- Applaudissez notre champion Hi ! Hi !

Il déboutonne sa veste et apparait alors au regard subjugué de tous, l’épais morceau de bois fixé solidement par une sangle devant sa poitrine.

- Avouez qu’on vous a bien eus ! Hi ! Hi !

2eme ANNEE Fêtes de fin d’années, 2ème partie : (135/150) (Moscou) (Joseph)

Le bâillement dû au décalage horaire, fait se retourner sur Joseph des yeux curieux de ce que peut bien venir faire en Russie un homme tel que lui.

Joseph est conscient que la couleur de sa peau n’est pas ce qui va le rendre discret dans ce pays, il s’en arrange en souriant aux quelques personnes qui le dévisage depuis qu’il est sorti de l’aéroport et qu’il a pris ce train en partance pour Moscou.

Faut dire aussi qu’il a bien choisi son jour pour arriver dans cette ville et que s’il l’a fait, c’est justement pour avoir plus de chances d’être mis en contact rapidement avec ceux qui ne manqueront pas de venir l’interroger sur les raisons de son voyage.

Maintenant, il est quand même étonné d’arriver si près de la capitale, sans plus de contrôle que celui de vérifier son billet pour voir s’il était en règle et il commence à se poser la question sur la réalité de cette réputation de paranoïa sécuritaire qu’ils ont de par le monde.

Pourtant c’est justement là-dessus qu’il compte pour arriver au plus vite en contact avec son objectif, toute sa stratégie est basée justement sur cet aspect qui aurait dû déjà lui valoir au minimum un rapide interrogatoire.

L’idée pour approcher sa « cible » lui est venu subitement, alors qu’il se torturait le cerveau pour trouver l’identité qu’il devra prendre pour réaliser sa mission et elle lui est apparue en regardant tout simplement un film d’espionnage, ce qui bien sûr l’a fait sourire en se disant que les concepts les plus éculés sont parfois ceux qui fonctionnent le mieux tellement personne n’irait penser qu’on puisse encore une fois avoir l’audace de les mettre en œuvres.

La sécurité Saoudienne l’a donc aidé à se créer ce personnage d’agent mercenaire, qui se vend au plus offrant pour une ou plusieurs missions et dont les compétences tout comme la discrétion ne sont plus à prouver.

Un second bâillement à lui décrocher la mâchoire le reprend et Joseph décide d’aller se dégourdir les jambes dans le couloir du train, c’est à ce moment-là qu’il repère l’homme qu’il a déjà croisé à la sortie de l’aéroport et qui tout comme lui s’accoude quelques mètres plus loin pour regarder le paysage à travers la vitre pourtant embuée.

Joseph retient son sourire de contentement, il se dit qu’il va bientôt entrer dans le vif du sujet et qu’il a tout intérêt à être des plus persuasifs s’il ne veut pas passer un sale quart d’heure, voir même perdre sa liberté pour un bon bout de temps.

Des panneaux indiquent qu’il ne va plus tarder à arriver à destination, c’est donc avec une apparence détendue qu’il retourne dans son compartiment afin de récupérer ses bagages et revenir se positionner dans le couloir près de la porte, au moment où il sent la décélération du train quand il entre en gare.

Il n’a pas mis le deuxième pied sur le sol du quai, qu’il est interpellé dans sa langue d’adoption.

Rien que ce fait prouve qu’ils en savent déjà beaucoup sur lui et que sa mission vient de démarrer sur les chapeaux de roues.

- Monsieur Joseph Diokouré ?

Joseph sent la présence d’un troisième homme dans son dos avec celle de celui qu’il avait déjà repéré, il fait mine d’être surpris en répondant à la personne qui vient de l’interpeller.

- C’est bien moi en effet !!

- Veuillez nous suivre, nous avons quelques questions à vous poser.

Joseph sourit aux trois hommes en face de lui.

- Certainement !!

- Notre présence ne semble pas vous surprendre ?

Joseph est toujours souriant.

- C’est plutôt le contraire qui m’aurait beaucoup surpris.

L’homme est visiblement étonné.

- Vraiment ?? Alors suivez nous et vous nous expliquerez ça une fois dans nos bureaux.

Les trois hommes l’encadrent jusqu’à la sortie où ils le font passer par un détecteur de métaux, avant de le faire monter en voiture une fois ses bagages récupérés.

Le trajet est silencieux et laisse le temps à Joseph de peaufiner son personnage pour qu’il soit à leurs yeux le plus crédible possible car au moindre doute de leurs parts, il est conscient que ça risquerait de chauffer pour ses abatis et il tient par-dessus tout à en ressortir sans casse, voir même si tout va bien avec tous les honneurs, leurs bénédictions et cerise sur le gâteau, leur argent.

Déjà ce qui est rassurant pour lui, c’est que les deux hommes ne font acte d’aucune agressivité à son égard.

Ce qui est déjà un bon signe pour la suite des évènements à venir, lui laissant à penser que comme il l’espérait, ils voudront en savoir plus sur ses anciens employeurs et qui sait, sûrement l’utiliser à son tour connaissant sa réputation.

Le véhicule se gare enfin et ils en descendent pour se diriger directement à l’intérieur d’une grande bâtisse en pierre, sur laquelle une plaque gravée indique qu’il s’agit d’un commissariat de police.

Ils montent un escalier et entrent dans une grande pièce servant incontestablement de bureau, à peine à l’intérieur l’homme lui fait signe de s’asseoir et reprend la parole, semblant être le seul qui connaisse sa langue.

- Très bien !! Maintenant si vous nous indiquiez la raison de votre venue.

- Je viens vous proposer mes services !!!

2eme ANNEE Fêtes de fin d’années, 2ème partie : (136/150) (Moscou) (Joseph)

(suite)

Apparemment cette réponse le déconcerte et il la traduit à ses deux « camarades », qui prennent eux aussi un regard ahuri assez comique pour que Joseph manque d’en perdre son sérieux.

Voyant bien que ça ne va pas être de la tarte s’il faut à chaque phrase en faire une traduction pour que tous comprennent, Joseph prend la parole pour leurs demander.

- Parlez-vous Anglais ? Je parle cette langue couramment ce qui vous l’imaginez bien est nécessaire dans nos spécialités.

Les trois hommes visiblement soulagés acquiescent et celui qui semble être leur chef reprend la parole.

- Ce sera en effet beaucoup plus pratique, alors comme ça vous êtes seulement venu pour nous proposer vos services ?

- C’est bien ce que j’ai dit à l’instant.

- Et vous n’aviez pas l’air surpris de notre présence à votre sortie du train ?

- En fait je pensais plutôt vous voir à la sortie de l’aéroport, je suis libre car j’ai terminé mon dernier contrat et comme j’ai eu vent d’une certaine tension internationale qui s’installe contre votre gouvernement, je me suis dit que vous seriez peut-être intéressés et que j’aurais sans doute l’opportunité d’un bonus financier au cas où je pourrais me rendre utile pour vos services.

- Si vous nous parliez de vos derniers contrats ? D’après nos renseignements, vous travaillez beaucoup avec les pays arabes ?

Joseph sent qu’il marche sur des œufs.

- Ce sont mes plus gros clients il est vrai, d’ailleurs je rentre d’Afrique suite à la demande d’un service de sécurité Saoudien.

- L’objet de ce déplacement ?

- Allons messieurs !! Si ma réputation est celle qu’elle est, vous vous doutez bien que ce n’est certainement pas en dévoilant quoique ce soit sur les missions qui me sont confiées.

- Nous pourrions vous faire parler !

- L’honnêteté envers mes employeurs est mon maitre mot et même si mes paroles vous paraissent incroyables, c’est cet état de fait qui a forgé ma réputation.

- Vous ne nous direz donc rien ?

- Pas un mot en effet !!

- Hum !! Votre venue n’est donc qu’un hasard si je comprends bien ?

- Pas tout à fait quand même ! Comme je vous l’ai dit, j’ai senti l’opportunité à venir vous proposer mes services aux vues des bruits qui courent dans le milieu et comme j’étais libre !!!!!

Les trois agents russes se concertent un moment, Joseph sent la pression qu’il ressentait jusque-là se relâcher petit à petit et il n’est pas vraiment surpris quand l’homme se tourne de nouveau vers lui après avoir pris une décision le concernant.

- Nous allons vous conduire à votre hôtel et nous vous convoquerons ultérieurement pour vous faire part de la décision qui sera prise suite à votre proposition pour le moins inhabituelle. Bien sûr vous serez sous surveillance et nous vous déconseillons d’aller fouiner dans nos affaires en attendant votre convocation, je vous sais peu nombreux dans votre cas à ne pas avoir d’allégeances envers un pays en particulier et nos renseignements sur vous reconnaissent votre habileté et votre fiabilité.

- Il ne pouvait en être autrement, sinon il y a longtemps que je ne serais plus dans le métier.

L’homme est visiblement curieux.

- Puis je me permettre une question ?

- Certainement !! Si elle n’est pas en rapport avec un de mes anciens contrats bien sûr !!

- Ça vous rapporte beaucoup ?

- Financièrement ?

- Oui !!

- Suffisamment pour que j’envisage de prendre ma retraite d’ici quelques années.

- Ah !! Quand même !!

- Les risques en valent la chandelle si c’est le but de cette question.

L’homme hoche la tête en signe de compréhension, il lui fait signe que l’entretien est terminé et qu’il peut suivre un de ses hommes qui va le raccompagner.

- A bientôt monsieur Diokouré !

- A bientôt oui !

Ce n’est qu’une fois dans la voiture que Joseph s’autorise un sourire, le premier volet de sa mission s’est déroulé encore mieux qu’il ne l’espérait et il se dit que c’est plutôt bien parti pour la suite, la mise en place de son plan en étant l’aspect le plus aléatoire et s’étant parfaitement déroulé, malgré tout le danger qu’il pouvait réserver au cas où son histoire aurait prêté à suspicion.

De toute évidence son personnage créé de toute pièce avec les services de l’émirat, a passé avec succès à travers les recherches menées à son encontre et va lui permettre d’entrer en contact avec le fameux nouveau patron des services secrets Russes.

Joseph grimace quand même à l’idée d’avoir à le supprimer, si cet Igor n’adhère pas au rapport qu’il lui soumettra quant au résultat de la mission qu’il ne manquera pas de lui donner à la suite de l’entretien qu’ils auront prochainement.

Rapport dont l’idée lui a été amenée juste avant qu’il quitte l’émirat et venant de l’émir Hassan lui-même, avec qui il a eu une longue conversation en visioconférence et qui lui a assuré que les services de la DST mettraient tout en œuvre pour le conforter dans sa crédibilité.

2eme ANNEE Fêtes de fin d’années, 2ème partie : (137/150) (Aix) (Au cirque)

(Neuvième jour) (Réveillon de Noël) (fin)

Le spectacle étant terminé et tout le monde rassuré sur les conséquences du dernier tir de Taha qui en fait n’était qu’une farce, mais servait à démontrer également l’immense adresse du jeune Massaï ainsi que l’incroyable sang-froid de son complice aux vues de la difficulté d’atteindre ce petit carré de bois sur une cible mouvante.

Le retour à la musique et la danse fut accueilli avec un énorme plaisir par tous les invités.

Anthony dès le premier morceau pousse un cri de surprise, sa joie peut se lire sur son visage quand il se tourne vers le groupe et qu’il reconnait à l’oreille le toucher spécial de ses deux meilleurs amis.

Les larmes s’écoulent sur ses joues quand il prend le micro en main et qu’il entame de sa voix encore tremblante d’émotion, la première chanson de leur répertoire.

Comme à chaque fois qu’il est sur scène et qu’il chante, son auditoire reste subjuguer par l’immense talent de ce jeune aveugle qui les emmène avec lui dans son monde et qui les fait vibrer au point que de longs frissons hérissent leurs peaux devenues grumeleuses.

Le groupe est au complet et pour la première fois se donne en spectacle devant une bonne centaine de personnes, l’ambiance monte très vite et la piste commence à recevoir les danseurs, seuls ou en couples qui se démènent sous les rythmes fous qui s’enchainent au plus grand bonheur de tous.

Certains préfèrent écouter et restent assis sur les gradins, hypnotisés par la voix d’Anthony qui au moment des séries de slows leur fait verser des larmes d’émotions intenses et fait s’embraser et s’embrasser les couples enlacés sur la piste, pris eux aussi dans l’énorme affectif que leur fait ressentir les intonations vocales du jeune aveugle.

Le temps passe beaucoup trop vite et pour terminer une soirée riche en émotions, le groupe envoie une série country qui emmène alors chaque personne dans un autre temps et clôture magnifiquement cette fête où tous ont apporté quelques choses d’eux-mêmes et se quittent le cœur joyeux, les yeux rougis de fatigue.

Thomas regarde sa montre qui lui indique qu’il est quand même six heures du matin et qu’il est grand temps d’aller se glisser sous la couette, il jette un œil vers Florian qui aide ses amis à ranger les instruments et sourit malgré la fatigue en pensant qu’il va l’avoir tout chaud contre lui d’ici pas longtemps.

La mère d’Anthony s’approche de Florian et le prend à l’écart, ce qui ne manque pas de piquer la curiosité de Thomas mais qui préfère rester où il est pour ne pas paraitre indiscret, sachant très bien que de toute façon son copain lui racontera certainement ce qu’elle a dû lui dire.

La conversation a l’air de les passionner en plus d’être confidentielle, du fait qu’ils s’éloignent quelque peu des autres musiciens pour pouvoir la continuer en toute tranquillité.

Thomas voit Florian devenir grave et donner des explications que la mère d’Anthony écoute avec une évidente avidité, ce n’est que quand Baptiste s’approche d’eux curieux à son tour de savoir ce qu’ils peuvent bien se dire, que Florian avec un petit sourire les embrasse et revient vers lui la mine troublée.

- Qu’est-ce qu’elle te voulait la mère « d’Antho » ?

- Baptiste a mal rangé le dossier médical de son frère et il a été forcé de lui avouer pourquoi il l’avait emprunté.

Thomas fait la grimace.

- Aie !! Pas bon ça !!

- Tu peux dire ça oui !!

- Alors ?

- Elle m’a demandé pourquoi, je lui ai répondu que c’était lié à mes études et que je m’intéressais à des cas comme celui de son fils.

- Et elle t’a cru ?

- Hum !! Je ne sais pas trop en fait, j’ai eu la nette impression qu’elle sait des choses à mon sujet.

- Comment tu peux dire ça ?

- Ses yeux !! Ils étaient plein d’espoirs et j’ai dû lui promettre qu’on en reparlerait une fois rentré à Reims.

- Tu vas tout lui dire ?

- Il va bien le falloir !! De toute façon j’en avais déjà touché deux mots à Frédéric et nous devions aller la voir, alors un peu plus tôt que prévu ne changera pas grand-chose.

- (Thomas) Tu as pris ta décision ?

- Il y a un moment déjà, oui !

- Et ????

- Je juge qu’il est préférable qu’Anthony reste comme il est, ce serait trop traumatisant pour lui et les risques sont suffisamment importants pour sa santé mentale pour que je n’intervienne pas.

- Et si elle te demandait le contraire ?

- J’espère qu’elle ne le fera pas et qu’elle comprendra mes arguments.

- D’accord, mais si elle insiste quand même ?

- (J’hésite) Les risques sont trop grands et j’aime trop Anthony pour les prendre, si encore je le sentais malheureux et mal dans sa peau ! Mais c’est loin d’être le cas, regarde le, il est heureux là ! Une petite amie qui l’aime, des amis fidèles et tu voudrais que je prenne le risque qu’il perde tout ça ? Qu’on l’enferme parce qu’il ne supporterait pas ce que son cerveau serait bien incapable de traduire et de comprendre ? Non Thomas, crois-moi et ce n’est pas facile pour moi de dire une chose pareille, mais il vaut mieux qu’ « Antho » continue à vivre sa vie comme il l’a toujours vécu.

2eme ANNEE Fêtes de fin d’années, 2ème partie : (138/150) (Aix) (Dixième jour)

(Les fiancé « e »s)

Alice et Carole sont les premières à se lever en ce début d’après-midi, les deux jeunes femmes s’habillent sans bruits et sortent rapidement pour laisser leurs hommes se reposer encore un peu.

Elles se dirigent directement vers le réfectoire où très peu de personnes s’y trouvent encore ou déjà.

Une fois s’être servies d’un bol de café, elles s’installent à un bout de table pour prendre le temps d’avoir les idées claires et pouvoir discuter tranquillement des bouleversements qu’elles ont ressentis la veille.

Carole repose son bol fumant et regarde sa bague avec un grand sourire ému, son regard se porte sur son amie qui vient de faire exactement le même geste qu’elle.

- Et bien !! Si je m’étais attendue à ça !!

- Nous voilà officiellement fiancées maintenant, il ne reste plus qu’à prévenir les parents et les amis.

- Ça va leur faire un choc c’est certain !

- (Alice) Pas autant qu’à nous ! Hi ! Hi !

Carole a les yeux brillants elle aussi.

- Surtout à la façon qu’ils nous ont fait leurs déclarations, j’ai vraiment cru un moment qu’ils parlaient de faire des choses ensemble et je n’en menais pas large sur le coup.

- Et moi donc ! Hi ! Hi ! J’avais quand même du mal à les imaginer se bécoter et tout le reste, tu imagines un peu ce que ça aurait donné ?

- En plus avec tous ses couples de mecs autour de nous, j’ai quand même eu un petit moment de doute tu sais ? Le pire c'est que je suis quasiment certaine qu’ils ne le faisaient pas exprès.

- Ils étaient trop sérieux et je voyais bien la boule d’émotion sur le visage d’Anthony, il était trop chou !!

- (Carole) Tu as vraiment trouvé un garçon super, d’une gentillesse rare et avec des qualités certaines.

Alice hoche la tête, en reconnaissant que ce que son amie vient de lui dire est ce qu’elle pense elle-même de son chéri.

- C’est la même chose pour Flavien comme pour nos autres amis et c’est ce que je trouve merveilleux dans tout ça, trop peut-être si on regarde ce qu’il se passe autour de nous.

Carole reconnait volontiers qu’elle a raison.

- Tu crois que….

Alice avec un clin d’œil.

- Bien sûr !! D’ailleurs à part toi et Flavien, quasiment tous les autres ne se seraient pas connus sans lui.

Carole opine de la tête.

- Pour les garçons c’est pareil, à part mon frère et Sylvain, je pense que les autres n’auraient jamais eu l’occasion de se connaitre. Quoique avec Marc aussi en y réfléchissant, puisqu’il était déjà copain avec Flavien avant de connaitre « Flo ». - (Alice) Il serait toujours avec Alexie et Arnault alors !! Puisque c’est à cause de l’opération de Mélanie que les parents de Sébastien ont fait le trajet jusqu’à Reims pour voir ce qu’il en était.

Elles discutent encore un moment sur ce sujet des rencontres qui ne se seraient certainement pas produites sans Florian, quand celui-ci arrive à son tour les yeux encore dans le pâté et qu’il les fait rire de bon cœur à sa vue.

Elles le voient se diriger au radar vers la table où trônent les cafetières, pour se servir à son tour une grande bolée du breuvage qui va certainement lui remettre très vite les idées en place.

Les filles s’amusent beaucoup à le regarder faire ces gestes pourtant anodins mais qui fait par Florian sont assez comiques.

Ce n’est qu’après plusieurs gorgées ingurgitées avidement, qu’il regarde enfin autour de lui et les aperçoit se moquant gentiment de sa personne, il se dirige alors vers elles et s’assoit à leurs côtés.

***/***

- Quelle soirée !!!

- (Carole) Ça tu peux le dire ! Hi ! Hi ! Et à voir ta tête, elle ne s’est pas arrêtée une fois sortie du chapiteau.

Je leurs fais un grand sourire.

- Hé !! Vous direz dire ça à Thomas, moi je voulais juste dormir.

- (Alice) Chante beau merle !! Comme si on ne vous connaissait pas tous les deux.

Je préfère reprendre une gorgée de café plutôt que de relancer la machine, c’est là que je capte les bagues qu’elles ont au doigt.

- Waouhhhhh !!! Dites donc vous deux !! Vous n’auriez pas quelque chose à me dire ?

Carole voit bien où est porté son regard.

- Tu es jaloux, hein !! Avoue !!

- Bah non pourquoi ?

- (Alice) Parce qu’on est les premières ! Hi ! Hi !

Je sors la chaine autour de mon cou et leur montre le demi-cœur qui y est suspendu, puis d’un sourire moqueur je le leur mets sous le nez.

- Rater les filles !!!

2eme ANNEE Fêtes de fin d’années, 2ème partie : (139/150) (Moscou) (Joseph)

(suite)

Joseph tourne un peu en rond dans sa chambre d’hôtel, pour lui le réveillon de Noël a été une soirée comme les autres et c’est bien la première fois que ça lui arrive car habituellement il le passe en famille.

Maintenant en y regardant bien, ce n’est pas tous les jours non plus qu’il a l’occasion de gagner un million de dollars et il ne regrette pas d’être ici, seulement il ne sait pas combien de temps il lui faudra attendre pour que les choses avancent et il s’ennuie déjà dans cette ville où il ne se sent pas dans son élément.

Il en est là dans ses réflexions, quand quelqu’un frappe à sa porte et c’est avec le sourire qu’il se dit qu’en fin de compte ça risque d’aller plus vite qu’il ne l’espérait.

Quand il ouvre la porte, c’est pour se retrouver devant un personnage joufflu et des plus antipathiques qui le détail du regard avec suffisance, ce qui tout de suite met Joseph mal à l’aise.

« En Anglais »

- Oui !! C’est pour quoi ?

- Je suis celui que vous vouliez rencontrer !! Puis-je entrer ?

- Heu !! Oui certainement !!

Igor entre dans la chambre et va directement s’asseoir sur le seul siège disponible, Joseph referme et cherche un moment quelle position prendre, puis se décide à s’asseoir sur le lit face à son visiteur.

Les deux hommes se détaillent un long moment, c’est Igor qui prend le premier la parole.

- Alors comme ça, vous voudriez travailler pour moi ?

- J’ai entendu dire que vous étiez en difficulté et comme je cherchais l’opportunité d’un nouveau contrat, j’ai en effet pris la décision de venir vous proposez mes services.

Igor le fixe de ses petits yeux de fouine.

- De quelles difficultés faites-vous allusion ?

Joseph prend le temps avant de répondre et garde son regard sans ciller dans celui d’Igor, un certain rapport de force a alors lieu entre eux et c’est avec un bref sourire qu’il se détend pour reprendre la parole.

- Celles que vous avez avec Al Malouf ou encore avec l’état Français par exemple et qui vous met en porte à faux avec la diplomatie internationale.

- D’où tenez-vous ça ?

- J’ai mes sources et ma dernière mission était étrangement liée à toute cette affaire, c’est d’ailleurs pour cette raison que je suis devant vous aujourd’hui.

- De quelle dernière mission faites-vous allusion ?

- Là n’est pas la question, vous le savez bien.

Igor retient un mouvement de colère envers cet homme qui a le toupet de lui tenir tête, il a pris le temps malgré tout de lire le rapport sur ce Joseph Diokouré et connait maintenant sa réputation d’intégrité envers ses employeurs.

Il soupire longuement et reconnait que c’est justement à cause de cette réputation, qu’il a accepté de venir lui parler et pourquoi pas pour lui confier une mission de renseignements sur un sujet qui le titille de plus en plus.

- Avez-vous idée du contrat que je pourrais envisager de conclure avec vous ?

- (Joseph) Je pense même en avoir découvert quelques éléments qui devraient vous intéresser.

Igor visiblement surpris.

- Tiens donc ? Comme par exemple ?

Joseph comprend qu’il doit jouer serrer.

- Pour commencer, si nous parlions des modalités pécuniaires de ce contrat.

Igor se détend à son tour car il aurait trouvé bizarre autrement si l’homme en face de lui n’en avait pas fait allusion, en bon mercenaire de l’information qu’il est.

- Quels sont vos prétentions ?

Joseph du tac au tac.

- A combien estimez-vous ce que je pourrais vous apprendre ?

- Trois cent mille ?

- Cinq cent !!

- Dollars ?

- (Joseph sourit) Livre Sterlings, mes services le valent bien vous vous en rendrez très vite compte.

- Et si je trouvais votre demande disproportionnée ?

- Dans ce cas, vous devriez découvrir par vous-même ce que représente un certain chirurgien pour L’émirat Saoudien d’Al Malouf et pour l’état Français, mes sources racontent que vous y avez déjà laissé des plumes pourtant.

Igor se raidit en comprenant que l’homme en face de lui en connait à l’ évidence déjà beaucoup sur toute cette affaire.

- Vous recevrez votre argent.

Joseph montre sa satisfaction en sortant une carte bristol de sa poche.

- Moitié sur ce compte bancaire tout de suite et le reste après que le contrat sera terminé.

2eme ANNEE Fêtes de fin d’années, 2ème partie : (140/150) (Moscou) (Joseph)

(suite)

Igor le regarde longuement et devant l’évidente assurance de l’homme en face de lui, acquiesce à sa demande.

- Entendu comme ça !! Maintenant voici ce que j’attends de vous, ce sera les modalités du contrat qui nous liera le temps de notre accord. Je vous demande de découvrir qui est exactement ce jeune chirurgien et pourquoi les services de la DST Française le protègent avec autant de moyens, je veux aussi connaitre les motivations d’Hassan Al Malouf qui lui ont fait rompre les relations diplomatiques entre nos deux pays et faire se retourner contre nous la diplomatie internationale.

- Ce sont donc les deux points qui nous lient par ce contrat ?

- Il y a encore un point auquel je tiens personnellement.

- Je vous écoute !!

- Six de nos hommes sont morts dans des circonstances qui me paraissent ubuesques et j’aimerais connaitre la vérité sur toute cette affaire.

Joseph opine en tendant la main pour sceller leur accord, il retient in-extrémiste une grimace de dégout quand il entre en contact avec la paume molle et moite d’Igor.

- Dès que la somme sera versée, je vous donnerai un lien informatique sécurisé où vous trouverez les preuves que j’ai déjà en ma possession et qui concerne notre affaire.

- Comment est-ce possible ?

- (Joseph) Tout simplement parce que je fais d’une pierre deux coups et que ma dernière mission contractée avant ma venue ici, concernait déjà les mêmes demandes ou à quelques formulations près.

- Venant de qui ?

- (Joseph) Bien tenté !!! Tout ce que je peux vous révéler, c’est qu’elle venait d’une très grande puissance qui elle aussi a souhaité en savoir plus sur ce jeune homme quoique pour une autre raison. Pour le reste, les choses étaient plus ou moins liées et je les ai apprises pendant mon enquête.

- Et cette autre raison ? C’était ?

- Elle ne fait pas partie de notre contrat, il faudra allonger la rétribution pour en savoir plus. Disons de cent mille livres supplémentaires.

Igor reste un moment estomaqué devant l’aplomb de cet homme, malgré tout il doit bien reconnaitre qu’il en ferait autant à sa place et qu’apparemment il mérite bien sa réputation.

Maintenant sa curiosité est telle qu’il ne conçoit pas d’ignorer ce qu’a appris d’autre ce Joseph et qui lui a valu ce contrat de la part d’un gouvernement étranger.

- J’accepte votre demande sous condition que vous m’en parliez tout de suite, ensuite je ferai transférer les fonds sur votre compte et nous irons voir mon patron qui sera certainement très attentif à vos paroles.

Joseph comprend qu’il doit lui donner du grain à moudre pour que la confiance s’instaure, il reprend alors la parole et lui donne les renseignements qu’il attend avec une avidité évidente.

- Le garçon qui vous intéresse s’appelle Florian De Bierne, il est issu d’une famille de la haute noblesse Française qui fut en son temps déchue de toute sa fortune. Son père avec l’aide de ses parents a monté une entreprise qui a maintenant pignon sur rue et leur a redonné la fortune qu’ils avaient perdue. Le jeune Florian est l’héritier de cette entreprise depuis le décès de ses parents et vaut plusieurs centaines de millions d’euros, la présence policière autour de lui a été mise en place au début tout simplement pour le protéger d’un éventuel enlèvement aux seuls buts de s’approprier de sa fortune et ce n’est que depuis peu qu’une autre raison a fait que sa protection ait été accru de façon exponentielle.

Igor boit avidement les paroles de Joseph et éprouve une énorme frustration quand il s’arrête de parler.

- Quelle est cette autre raison ?

Joseph rit de nouveau.

- Encore bien tenté ! Hi ! Hi ! Je vous révélerai la suite après le transfert car ça concerne directement notre premier contrat.

Igor soupire d’agacement, il prend son téléphone et engage une conversation que bien sûr Joseph ne comprend pas, il attend donc avec patience que son visiteur raccroche.

Igor donne les instructions du transfert et après avoir énuméré les chiffres du compte bancaire, raccroche enfin et se tourne vers Joseph avec cette fois le sourire aux lèvres.

- Votre argent vient d’être viré, vous pouvez vérifier !!

- Je le ferai en chemin, maintenant si nous allions parler à votre patron ? J’aimerai terminer rapidement ce contrat pour ensuite rentrer chez moi et profiter de ma famille quelques jours avant de me mettre au travail au cas où les preuves que je vous ai apporté ne seraient pas suffisantes à vos yeux.

2eme ANNEE Fêtes de fin d’années, 2ème partie : (141/150) (Moscou) (Joseph)

(suite)

Pendant le trajet en voiture, Joseph vérifie avec son ordinateur que le transfert d’argent a bien eu lieu et sourit quand il voit la somme s’afficher avec des chiffres bien ronds qui en même temps qu’ils l’enrichissent assez coquettement, fait savoir à qui de droit que sa mission est en bonne voie.

Il n’est pas surpris quand il comprend où le véhicule les emmène, le palais du Kremlin se rapprochant rapidement et la curiosité d’entrer dans ce saint des saints de l’administration Russe, excite Joseph au plus haut point.

La voiture avance au ralenti devant un immense portail qui s’ouvre majestueusement devant eux et dévoile un impressionnant dispositif militaire à l’intérieur des lieux.

Ils sont pris en charge par un groupe d’hommes armés et Joseph a droit alors comme il s’y attendait à une fouille approfondie qui ne lui aurait pas permis si l’envie l’avait pris, de garder sur lui un quelconque moyen d’attenter à la vie du potentat qui réside dans ce palais.

Une fois toutes ces vérifications terminées, Igor conduit Joseph dans les méandres de l’immense bâtisse jusque dans un couloir, où un soldat en arme est planté tous les deux mètres qui veille à la sécurité du personnage important qui en a ses quartiers.

Igor se fait annoncer, ils ne patientent pas longtemps avant qu’on les prie d’entrer dans un bureau plutôt austère aux vues de la personne qui l’occupe.

Vladimir les attendait avec nervosité et impatience, il se lève dès qu’il les aperçoit et leur enjoint de venir s’asseoir dans le coin salon du bureau.

Igor connait suffisamment l’homme, pour voir dans ses attentions toute la hâte qu’il a de connaitre enfin le fin mot de toute cette affaire.

Affaire qui jusqu’à présent ne lui a apporté que des pertes humaines, sans en découvrir de quoi nourrir sa curiosité.

« En Anglais pour que tous deux comprennent ses paroles »

- Monsieur le président voici Joseph Diokouré, nous nous sommes mis d’accord pour qu’il travaille pour nous le temps de résoudre cette énigme qui remue autant de salive.

- (Vladimir) Très bien !! Quand commencez-vous ? Je pense qu’on vous a expliqué suffisamment les choses ?

Joseph prend un air volontairement mal à l’aise car il comprend bien que cet homme ne supporterait pas un autre comportement venant de sa part.

- Je pense avoir déjà les renseignements que vous recherchez excellence, ou du moins une grande partie.

Vladimir visiblement surpris, regarde Igor avec les yeux démontrant qu’il attend de lui confirmation des paroles qu’il vient d’entendre.

- (Igor) Une mission pour laquelle il vient de s’acquitter et qui était étrangement liée à nos propres questionnements patron !!

Vladimir ayant lui aussi lu le rapport récent sur Joseph, ne pose même pas la question qu’Igor n’a pu retenir de poser et enchaine donc directement sur ce qu’il attend de savoir depuis déjà ce qui lui parait une éternité.

- Je vous écoute !!!

Joseph reprend alors ce qu’il a déjà dévoilé sur Florian et qui lui a fait apprendre avec beaucoup d’incrédulité d’autres secrets pourtant bien gardés, du moins c’est ce qu’il s’efforce à leur faire croire pour qu’ils ne mettent pas en doutes ses prochaines paroles.

- C’est donc pendant mes recherches que je suis tombé par hasard sur plusieurs rapports de la DST, rapports qui concernaient également ce jeune homme. Le premier faisait mention de son extrême habilité liée à des prédispositions ainsi qu’à des connaissances élevées dans la pratique de la médecine et plus précisément dans celle de la chirurgie réparatrice, ensuite un autre faisait mention d’un accident qui aurait dû être mortel d’un jeune prince Saoudien et la méthode qu’a utilisé ce même jeune homme pour opérer pour réussir là où très peu s’y seraient risqués. L’émir Hassan Al Malouf s’est pris alors d’amitié avec ce jeune garçon, il s’efforce depuis à aider les autorités Françaises à le préserver de personnes malintentionnées qui pourraient tenter de se l’approprier pour leurs propres comptes.

- (Vladimir) Et c’est tout ?

- S’il n’y avait eu que ça, vous pensez bien que je n’aurais pas pris le parti de venir ici !!

- Poursuivez alors !!

- Pendant que je prenais connaissance de ces rapports et que j’en prenais des photos dont vous pourrez juger par vous-même de leurs exactitudes, je suis tombé bien involontairement je dois le dire sur un autre dossier noté confidentiel défense. Je n’ai pas pu m’empêcher vous le pensez bien d’en prendre également connaissance, tellement ma curiosité naturelle était mise à dure épreuve.

Vladimir est avide d’en savoir plus.

- Que contenait donc ce dossier ?

2eme ANNEE Fêtes de fin d’années, 2ème partie : (142/150) (Moscou) (Joseph)

(suite)

Joseph laisse passer un certain temps afin d’avoir l’effet escompté sur ces deux hommes qui vont certainement sauter au plafond en entendant la suite, maintenant c’est le tout ou rien et il se racle la gorge avant de reprendre.

- Ce dossier faisait état du décès de six agents Russes dans un cirque où justement le jeune De Bierne se trouvait en vacances, pour le reste vous êtes certainement au courant car certaines conséquences diplomatiques avec l’émirat Saoudien en sont induites. J’allais refermer le rapport quand un folio m’a fait revenir dessus avec beaucoup plus d’intérêt, il émanait de la direction elle-même de la DST et parlait d’une action pour se débarrasser d’agents infiltrés Russes sous le couvert de cette histoire, en rendant encore plus important qu’il ne l’est en réalité ce garçon et en s’en servant comme appât, afin de faire en quelque sorte sortir le loup du bois. J’ai appris également que l’affaire semblait prendre et qu’encore au moins six de vos hommes sont déjà à nouveau tombés dans leurs filets. C’est à ce moment-là que j’ai pris ma décision de monnayer ses informations et de venir jusqu’à vous pour en tirer profit.

Igor ne peut retenir un cri.

- Je m’en doutais !!!! Cette idée m’était déjà venue car cette histoire ne tenait pas debout.

- (Vladimir) Les salauds !!! Alors comme ça ils ont voulu nous prendre à notre propre jeu ?

- (Joseph) Ça m’en a tout l’air, ils ont profité de votre intérêt pour le garçon en en rajoutant suffisamment pour que vous ne puissiez qu’en conclure qu’il vous fallait vous en emparer.

Vladimir se lève et arpente le bureau nerveusement.

- Treize hommes de perdu pour une histoire complètement inventée !!!

- (Joseph) Je ne dirais pas ça, Florian De Bierne semble néanmoins un personnage qui a son importance. Mais pas plus que n’importe quel surdoué ou multimillionnaire et ils ont fait en sorte de mettre suffisamment de mystère sur sa condition pour vous appâter, il semblerait bien qu’ils aient vu juste.

Igor est devenu blême de s’être fait berner.

- J’ai encore quelqu’un sur le coup, je vais le prévenir de faire très attention et de plutôt diriger ses recherches sur ce que veut exactement la DST, je ne tiens pas à perdre encore plus d’agents.

Vladimir les yeux injectés de sang, revient s’asseoir en face d’eux.

- Vous avez encore quelque chose à nous apprendre ? Où sont les preuves de toutes vos affirmations ?

- A votre disposition dès maintenant !! Il ne me reste plus qu’à vous communiquer les documents que j’ai photographiés et je pense que j’aurai répondu à vos requêtes.

Il donne alors à Vladimir les codes ainsi que les liens informatiques qui lui permettront d’obtenir le dossier et les photos, ensuite Joseph fait celui qui hésite, ce qui ne manque pas d’attirer l’attention de Vladimir.

- Autre chose ?

Joseph imite à la perfection une personne surprise dans ses pensées.

- Comment !!! Ah !!! Tenez-vous toujours à connaitre ce Florian ?

- Pourquoi cette question ?

- Parce que j’ai peut-être une idée qui vous fera le rencontrer, vous pourriez ainsi vous faire une opinion personnelle de tout ce qu’il se dit sur sa personne et voir ainsi combien sa réputation peut-être ou pas exagéré.

Vladimir après un moment de silence.

- Pourquoi pas après tout !! Comment vous envisagez cette rencontre ?

- (Joseph) Hum !!!

- (Vladimir) Combien ?

- (Joseph) Vérifiez les preuves que je viens de vous donner et s’ils vous confortent dans la bonne exécution de notre contrat, faites verser le solde de la somme déjà due sur mon compte. Ensuite si mon idée vous convient, nous pourrons parler de nouveau affaire ensemble, par principe je ne négocie jamais plusieurs contrats en même temps.

Vladimir fixe Joseph et finit par sourire, reconnaissant en cet homme une personne fiable, sûr de lui, qui ne s’en laisse pas “compter” et avec qui il appréciera certainement à continuer de travailler par la suite.

Il se lève et retourne à son bureau pour analyser tranquillement les fameuses preuves promises, un regard sur Igor qui depuis un moment déjà ne fait que surveiller les expressions des deux hommes, s’étonnant du calme qu’a pris cette discussion et de la confiance qui s’instaure entre eux, suffisamment inhabituelle de la part de son patron pour qu’il en reste perplexe.

- (Vladimir) Allez donc visiter notre capitale le temps que j’examine ces documents !! Je vous ferai savoir quand revenir pour poursuivre cet entretien.

Igor et Joseph quittent donc le bureau pendant que le président d’un des plus grands pays du monde, s’informe sur un jeune rouquin Français de tout juste dix-sept ans et qui sans doute sans même en être conscient, l’a mis dans la situation des plus inconfortable qu’il n’ait jamais connu.

Situation à laquelle il va lui falloir sortir rapidement, étant donné les répercussions économiques que son pays commence à ressentir de plus en plus cruellement.

2eme ANNEE Fêtes de fin d’années, 2ème partie : (143/150) (Paris) (Hôpital de la

Salpêtrière) (fin)

Le directeur de l’établissement hospitalier sort de la chambre du patient duquel il s’occupe personnellement, tellement son état et sa résistance à vouloir survivre l’impressionnent.

Il rentre dans son bureau et étale devant lui les derniers résultats d’examens qu’il consulte une nouvelle fois avec beaucoup de circonspection, ceux-ci démontrant combien il va être difficile pour ne pas dire impossible de le sortir de cette situation.

« Toc ! Toc ! »

Surpris d’être dérangé.

- Oui !! Qu’est-ce que c’est ?

La tête de sa secrétaire apparaît alors, visiblement intimidée par le ton de voix employé par son patron.

- C’est le monsieur de la police scientifique monsieur !

Un ton plus bas.

- Ah !!! Très bien !!! Faites-le entrer, merci !

L’inspecteur Baltot entre alors et serre la main de son hôte, il s’assoit ensuite sur un geste d’invitation de sa part.

- (Le directeur) Avancez-vous dans cette affaire inspecteur ?

Raymond pousse un profond soupir.

- Pas vraiment !! Il n’y a eu aucun disparu correspondant à l’âge et à la corpulence de ce jeune homme signaler depuis plusieurs semaines.

- Vous allez classer l’affaire alors ?

- Bien sûr que non !! Vous ne me connaissez pas encore, je suis un vrai teigneux et je n’abandonne pas aussi rapidement, mais là j’avoue que c’est plutôt mal parti à moins qu’il ne sorte de son coma et puisse-nous en dire davantage.

- Hum !!! Je ne suis pas convaincu qu’il en sortira vous savez ? J’étais justement en cours d’étude de son dossier médical. Je vous avoue que son état n’est pas brillant et que de toute façon, nous n’avons pas ici les compétences nécessaires qui pourraient lui venir efficacement en aide.

- Faites venir quelqu’un qui les aurait alors !! S’il vous faut une demande de réquisition officielle pour le faire venir, je vous l’amène dès que la juge qui instruit ce dossier l’aura contresigné.

- Il va me falloir consulter mes confrères afin de déterminer qui nous pourrions faire venir, je ne vous cache pas que sur l’instant je n’ai aucun nom qui me vienne à l’esprit.

Les deux hommes restent muets un long moment, quand Raymond voit le visage du directeur s’éclairait d’un léger sourire.

- A quoi pensez-vous ?

- Il y aurait peut être quelqu’un en fait !!

- Qui ça ?

Le directeur sourit.

- Je crois, non !! Je suis certain qu’il serait capable de venir en aide à ce jeune homme, laissez-moi le temps de passer quelques coups de téléphone et je pourrais certainement vous en dire plus ensuite, vous permettez ?

- Mais faites donc !! En attendant, je vais aller voir notre victime. Au cas où quelque chose m’aurait échappé lors de ma première visite, on ne sait jamais.

Le directeur se lève.

- Entendu !!! Je vous rejoindrai donc là-bas, maintenant veuillez m’excuser le temps que je me renseigne pour voir si mon idée est réalisable.

Il raccompagne le policier jusque dans le couloir, demande à sa secrétaire de l’accompagner jusqu’au service où a été transféré l’inconnu et referme la porte de son bureau, puis il retourne s’asseoir dans son fauteuil et prend son combiné téléphonique en main.

***/***

« Une heure plus tard »

Raymond attend dans la chambre après avoir désespérément cherché un indice quelconque sur la personne allongée dans le lit, trop peu de son corps reste visible et son espoir d’y découvrir un tatouage ou une marque de naissance est vite tombé à l’eau.

Il décide donc d’aller s’asseoir et de revoir une nouvelle fois les rapports de police qu’il garde avec lui, le temps que le directeur le rejoigne et puisse lui donner les nouvelles qui il l’espère, l’aideront à faire avancer cette mystérieuse affaire.

Henry Menssui le directeur de la Salpêtrière, marche d’un pas rapide dans les couloirs de son établissement.

Son visage est marqué par l’extrême étonnement dû aux résultats des dernières conversations téléphoniques qu’il vient d’avoir et qui le laissent dans un état d’expectative totale quand à ce qu’il vient d’apprendre.

Il entre dans la chambre, ce qui a pour effet de faire se lever d’un bond Raymond qui voit bien la tension dans les traits du médecin et s’en inquiète aussitôt.

- Un problème ?

Alain va droit au but.

- Connaissez-vous Maurice Désmaré ?

- (Raymond) De nom bien sûr !! C’est le grand patron de la DST, pourquoi cette question ?

Alain lui tend un papier où il a noté un numéro de téléphone.

- Il demande à ce que vous l’appeliez sans tarder.

- Vous êtes sûr ??

- Oh que oui !!! J’ai l’impression que ma demande d’aide réclame quelques explications.

2eme ANNEE Fêtes de fin d’années, 2ème partie : (144/150) (Aix) (Au cirque)

(Onzième jour) (Maurice)

Les vacances se poursuivent au plus grand bonheur de tous qui se retrouvent au grand complet ou presque, profitent dans la détente et l’amusement, de cette semaine entre les deux fêtes qu’ils passent à découvrir toutes les joies de la vie de saltimbanque.

Maurice arrive cet après-midi-là devant l’entrée du cirque et demande à un de ses hommes où se trouve Florian, celui-ci le renseigne rapidement car depuis le kidnapping, ils ont toujours un œil sur lui et connaissent le moindre de ces faits et gestes.

C’est donc dans sa roulotte qu’il le trouve, installé confortablement à lire un de ses incontournables bouquins desquels il s’abreuve avec toujours autant de passion et de voracité.

Un grand sourire orne son visage quand il relève la tête de sa lecture pour voir qui entre dans la roulotte et qu’il reconnait son visiteur.

- Tu viens voir les vacanciers ?

- C’est toi que je suis venu voir Florian, j’ai besoin de ton aide.

- De mon aide ? À moi ?

- De ton esprit d’analyse surtout, je reçois depuis quelques jours tout un tas d’informations qui semblent complètement indépendantes les unes des autres et pourtant ça me titille dans la tête sans que je n’arrive à faire la liaison entre elles et pourtant je suis intimement persuadé que certaines sont liées, c’est comme un puzzle si tu vois ce que je veux dire ? J’ai les pièces, mais je n’arrive pas à les assembler.

- (Amusé) Tu n’as qu’à faire comme Damien Hi ! Hi !

Maurice sent la grosse connerie venir.

- Ah oui ??

- Tu y vas à coups de marteau jusqu’à ce que ça rentre ! Hi ! Hi !

- (Maurice) J’imagine la tête du puzzle, non sérieux !! Si je mets mes hommes sur toutes ces pistes, ça va prendre un temps fou et j’aimerais avoir ton avis, j’ai fait un tableau…

Il me tend une feuille.

- Regarde si tu y vois un élément qui m’aurait échappé.

Je lui prends la feuille et la lis rapidement, il y a en effet tout un tas d’informations qui paraissent n’avoir aucun rapport entre elles et je reste un moment songeur avant de sortir d’un tiroir une pochette de stabilo, je colorie alors les liens qui me paraissent pouvoir avoir une concordance.

En vert j’ai souligné plusieurs notes qui en les relisant me font dresser la tête vers Maurice, le visage songeur qui ne manque pas d’interpeller mon ami.

- Tu as fait un lien on dirait ?

- Peut-être, mais ça parait terriblement tirer par les cheveux quand même !! Je n’ose imaginer les implications si j’avais raison.

Maurice reprend la feuille et fronce les sourcils en cherchant le rapport qu’il peut bien y avoir entre les informations que j’ai surlignées, son œil d’un seul coup devient plus vif et il se tourne vers moi ahuri.

- Non !! Tu crois que….

- C’est une possibilité oui !! Reprends les choses une par une tu veux bien ? Luka a vingt-trois ans, il vit à Paris et a les mêmes mensurations que ce jeune homme retrouvé il y a quelques jours laissé pour mort et atrocement mutilé de sorte qu’on ne puisse découvrir son identité, en plus les dates concordent entre le moment où Luka est arrivé à Aix et celui où la victime s’est faite agresser, même tranche d’âge, même corpulence, beaucoup de coïncidences tu ne trouves pas ?

- Beaucoup en effet et maintenant que tu as mis le doigt dessus, ça devient plus clair dans ma tête et je pense que c’est justement ça qui me titillait depuis quelques temps.

- Que vas-tu faire maintenant ?

- J’ai encore besoin de toi Florian, cette fois ce sont tes dons de chirurgien auxquels je vais faire appel si tu es d’accord. J’ai eu un appel du directeur de la Salpetrière, en fait il appelait son homologue du CHU de Reims qui lui a conseillé de me faire sa demande, sachant que tu étais sous la surveillance de nos services.

- Tu veux que je m’occupe de ce garçon ?

- Exactement !! D’après cette personne, seul un chirurgien très pointu pourrait faire en sorte qu’il s’en sorte et sachant ce que je sais de toi, tu comprends bien que je ne pouvais pas dire le contraire.

- Qu’est-ce qu’il a au juste ?

Maurice sort un dossier de la sacoche qui ne le quitte quasiment jamais.

- Lis par toi-même, voilà une copie de son dossier médical.

Je le regarde, sceptique.

- Tu es sûr que tu n’avais pas déjà fait le lien avec tout ça ?

- (Maurice) Je te promets que non !! Juste que c’était la deuxième chose dont je voulais te parler aujourd’hui.

Ne voyant pas l’intérêt qu’il aurait à me mentir, je lui prends le dossier des mains et l’étudie quelques instants, avant de le refermer et de le lui rendre.

- Il est plutôt bien amoché dis donc ?? Celui qui a fait ça savait ce qu’il voulait, c’est un miracle qu’il vive encore.

- Tu peux t’en occuper ?

- Bien sûr !! Mais bonjour la discrétion si je le fais, ce gars n’est qu’une plaie vivante et la chirurgie réparatrice au stade où elle en est actuellement, ne lui donnera au mieux qu’une apparence humaine.

- Ce serait déjà bien pour lui, tu ne penses pas ?

- Tu crois ça ? Le regard que te portent les autres est très important et passer le reste de sa vie pour un monstre aux yeux des gens, ne doit pas être aussi réjouissant que ça pour un gars de son âge.

2eme ANNEE Fêtes de fin d’années, 2ème partie : (145/150) (Aix) (Au cirque)

(Onzième jour) (Maurice) (fin)

- Mais il vivra !!

- Il survivra tu veux dire ?

- Tu n’as pas l’air enthousiasmé de lui venir en aide ?

- Tu sais très bien pourquoi, je pourrais lui rendre son aspect et ce serait encore un risque de plus pour moi.

- Tu n’es pas obligé de te servir de cet autre « don » tu sais ? Je suis certain qu’avec ton habilité tu devrais déjà faire des miracles de façon plus traditionnelle.

Je réfléchis à ses paroles.

- Peut-être as-tu raison !! Pour l’aspect « extérieur » c’est possible, mais les dommages internes sont vraiment très importants et c’est d’ailleurs étonnant qu’il soit encore en vie.

- Nous pourrions le déplacer et le faire prendre en charge ailleurs, dans un hôpital qui ne connaitrait pas tout de son véritable état.

Je fixe Maurice en cherchant à y découvrir ses motivations.

- Pourquoi tiens-tu donc tant que ça à lui venir en aide ? Après tout il n’est rien pour toi ?

Maurice bouillant d’une colère subite.

- Parce que je veux le salaud qui a fait ça à un jeune gars qui ne voulait que vivre une vie comme tout le monde, ça te suffit comme raison ?

- Ne te fâche pas, je ne disais rien de mal !! En fait, je pense que ta vraie raison serait plutôt d’imaginer que ça aurait pu arriver à ton fils et que ton cœur de père n’y aurait pas résisté.

Maurice se calme et finit par sourire.

- Tu es très perspicace.

Je lui rends son sourire.

- Je commence à bien te connaitre surtout.

- (Maurice) Hum !! Oui, bon !! Alors ? On fait comment ?

- Tu lui fais avoir un nouveau rapport médical où il ne sera fait mention que de brûlures profondes mais pas défigurantes et tu le fais venir ici !! Pour son état de coma, un simple choc frontal lors de son agression devrait suffire à être suffisamment crédible.

- Ça pourrait marcher !! Mais il y a l’enquête de police ?

Je le regarde avec un sourire qui en dit long sur ce que j’en pense.

- Comme si ça devait arrêter un homme aussi important que toi, allons !!

Maurice lève les yeux au plafond.

- Pfff !!! Depuis que je te connais, je ne fais que falsifier les choses et mon équité en a pris un sacré coup, crois-moi !!

- Tu regrettes ?

- Quoi donc ? De te connaitre ? Bien sûr que non allons !!! Tu es après ma famille, la plus belle chose que je connaisse.

Il voit ce que ses paroles vont déclencher chez le jeune homme et préfère prendre les devants, avant d’assister aux pitreries qui ne vont certainement pas manquer.

- Ne prends pas mes paroles au premier degré surtout !! Je te vois venir !!

- Moi qui pensais que tu me voyais comme une belle pinup ! Hi ! Hi !

- Ne rêve pas ! Hi ! Hi !

Après ce moment de détente, Maurice quitte Florian pour mettre en action ce qu’ils ont décidé et faire rapidement rapatrier la jeune victime au centre hospitalier d’Aix en Provence, il prévient Patrice de tout préparer là-bas pour que tout se passe dans la plus grande discrétion et qu’il l’avertisse quand tout sera prêt, pour que Florian et son équipe puisse intervenir.

Il lance ensuite un appel à ses services et il leurs explique la teneur du dossier qu’ils doivent monter ainsi que la surveillance renforcée à mettre en place sur Luka ou quel que soit son nom, car Maurice doute de plus en plus que ce soit sa véritable identité.

Une fois tout mis en place, il appelle enfin l’inspecteur avec qui il a déjà parlé la veille et lui demande de venir le rejoindre rapidement, pour lui donner les explications nécessaires afin qu’il comprenne et accepte de garder pour lui les prochains événements.

***/***

Raymond est à son bureau quand il reçoit l’appel, une fois la conversation terminée il raccroche son téléphone avec un énorme sourire de satisfaction aux lèvres.

Il ne sait pas pour quelle raison il s’est attaché à la jeune victime, mais de savoir qu’il y a de grandes chances qu’il s’en sorte, lui donne une énorme bouffée de chaleur au cœur.

Il rentre alors chez lui pour se préparer à son voyage dans le sud de la France où il va pouvoir faire connaissance de cet homme si puissant, mais aussi tellement difficile à approcher aux dires de plusieurs de ses collègues.

Un appel de son chef direct démontre encore plus le pouvoir qu’a cet homme sur les services de l’état, il lui annonce qu’il est détaché auprès de la DST le temps de son enquête et que Maurice Désmaré sera le seul à pouvoir recevoir son rapport final, quand celle-ci sera terminé.

***/***

« Quelques heures plus tard »

Henry Menssui le directeur de l’hôpital, regarde s’envoler l’hélicoptère avec à son bord le garçon si sauvagement agressé et laissé pour mort, il lui souhaite sincèrement de s’en sortir même s’il n’y croit toujours pas vraiment.

2eme ANNEE Fêtes de fin d’années, 2ème partie : (146/150) (Moscou) (Joseph)

(suite)

Ça fait plusieurs jours que Joseph attend d’être convoqué pour connaitre la décision de Vladimir à sa proposition.

Son compte a bien été crédité de la somme pour le moins rondelette qui est arrivée comme un énorme bonus à celle qu’il va recevoir après sa mission.

Hassan est bien sûr au courant que pour l’instant tout se passe le mieux du monde, du fait qu’il a lui aussi un accès sur ce compte spécialement ouvert à cette fin.

Il aurait été trop risqué que son agent tente un autre moyen de le contacter, sauf réelles difficultés et il a trouvé géniale cette idée d’en suivre l’avancement sans risques.

Joseph est dans son élément et apprécie au plus haut point cette mission toute en psychologie, mieux que celle du début ou il devait juste servir d’homme de main et se débarrassé purement et simplement d’un homme très puissant, avec tous les risques que ça pouvait encourir pour sa sécurité.

Dès que la prochaine somme sera versée sur son compte, Hassan saura ce qui lui reste à faire et pourra ainsi l’aider à programmer cette présentation qui devrait il le lui a assuré, mettre fin à toute cette affaire pour le moins étrange et lui permettre de se retirer afin de profiter de son argent en faisant enfin ce dont il rêve depuis tout jeune.

Joseph en est là dans ses pensées d’une retraite tant attendue, qu’un bref coup retentit à sa porte de chambre et qu’Igor lui apparait sans attendre sa réponse avec un sourire amical aux lèvres.

- Ton attente se termine Joseph !! Mon patron voudrait te parler, je pense qu’il va accepter ta proposition.

Joseph sourit en sortant une bouteille et deux verres du petit placard.

- Ça s’arrose alors !!

Igor avec le sourire.

- Une offre que je ne saurais refuser.

Joseph remplit les verres et en offre un à celui qu’il s’efforce d’avoir comme allié, malgré tout le dégoût qu’il lui inspire.

- Il tient vraiment à rencontrer ce jeune homme à ce que je crois comprendre ?

Igor boit son verre cul sec.

- Je ne connais pas ses raisons mais je pense qu’il veut s’assurer par lui-même que ce garçon n’est rien de plus que ce qu’il semble être.

Joseph lui remplit une deuxième fois son verre, sous l’œil reconnaissant d’Igor.

- Ils ont eue quand même une drôle d’idée ces Français de l’utiliser pour se débarrasser de vos agents en place ?

- Je savais Désmaré très fort, mais là c’est du grand art et nous avons failli nous y laisser prendre.

- Failli ? Si je me souviens bien, vous avez quand même perdus treize hommes, même si je ne vois pas vraiment qui est le treizième.

- Nicolaï ? C’était mon prédécesseur à ce poste, il n’a vraiment pas eu de chances d’être tombé à cause d’un coup pareil.

Igor sourit en vidant d’un trait son verre.

- Ce n’est pas comme moi ! Ha ! Ha !

Joseph remplit encore une fois son verre.

- Tu te doutais de quelque chose il me semble ?

- C’est vrai !! Mes hommes se faisaient prendre beaucoup trop vite et ce n’était pas normal, nous avions le garçon entre nos mains et il n’était pas possible qu’il le retrouve aussi vite, sauf si bien sûr nos agents étaient déjà sous surveillance. Ils les ont mis hors course et ils attendaient sûrement les prochains pour en faire autant, mais heureusement nous avons la preuve maintenant que tout ceci n’est qu’un coup monté pour que je puisse stopper l’hémorragie à temps.

- Tu disais aussi qu’il y avait encore un de tes hommes sur le coup ?

Igor vide son troisième verre aussi rapidement que les deux autres, montrant ainsi son habitude et son goût prononcé pour l’alcool.

- Oui mais celui-là est particulièrement malin et ne s’en serait pas laissé aussi facilement conter, en plus il est froid comme la pierre et rien ne l’arrête crois-moi.

Un quatrième verre suit le même chemin que les précédents.

- Tu as l’air de l’apprécier ?

- Un peu oui !! C’est moi qui l’ai formé et malgré son jeune âge, c’est déjà du lourd !! Il n’a certes pas de cœur mais une intelligence très affutée, pour lui tuer n’est qu’un jeu, voir un plaisir et je préfère le savoir de mon côté plutôt que de celui de l’ennemi.

Joseph le regarde siffler son cinquième verre comme si il lui servait un simple jus de fruit et poursuit ses questions pendant que l’alcool commence visiblement à faire son effet et que son visiteur a la langue qui se délie de plus en plus.

Il lui en sert un sixième, avant de poursuivre l’air de rien ce qui devient un véritable interrogatoire.

- Pourquoi le laisser sur cette mission si tu sais les risques qu’il court ?

Igor vide son verre avant de répondre en riant grassement.

- Je lui ai envoyé de nouvelles directives ! Ha ! Ha ! Il doit continuer à se rapprocher du garçon, mais cette fois c’est pour rester en contact avec Désmaré et découvrir combien de nos agents il a encore percé à jour.

La bouteille est presque vide quand Joseph le ressert de nouveau.

- Vu déjà l’hécatombe, il ne doit plus en rester tant que ça ?

- Détrompe-toi !!

La bouteille est maintenant vide.

- Je ne pensais pas que la France avait une telle importance pour un pays comme le vôtre.

Igor boit son dernier verre.

- La France non !! Mais certaines recherches de pointes qu’elle mène, certainement.

Joseph retient l’information et comprend qu’il est temps d’arrêter toutes ces questions avant qu’Igor malgré son état d’ivresse avéré ne s’en fasse la remarque.

- Vous m’impressionnez là !! Il serait temps d’aller à notre rendez-vous, tu ne crois pas ? J’espère que nous aurons encore souvent l’occasion de collaborer ensemble.

Igor regarde sa montre et se reprend visiblement inquiet d’être resté aussi longtemps.

- Tu as raison !! Ne tardons plus avant que mon patron s’énerve à nous attendre, tu sais que tu me plais Joseph ? Tu es un homme plein de ressources qui garde la tête sur les épaules et j’aime ça !!

2eme ANNEE Fêtes de fin d’années, 2ème partie : (147/150) (Aix) (Douzième jour) (Centre hospitalier Paul Sézanne)

L’activité laisse ressentir une tension spéciale depuis la veille au soir quand l’hélicoptère s’est posé, la présence policière quoique beaucoup moins importante que pour le jeune prince est quand même suffisamment présente pour que le personnel sente qu’il se passe encore cette fois quelque chose de pas habituelle.

Le blessé qui est emmené en chambre de soins intensifs sitôt quitté l’hélico, avive leurs curiosités et l’infirmière chef n’est pas plus étonnée que ça quand elle voit arriver devant elle le jeune rouquin au regard rieur qui sans aucune parole arrive à la faire éclater de rire, tellement elle s’attend encore à recevoir une pique de sa part.

- Encore un prince qui va nous enlever un de nos infirmiers ?

- Meuh non ton altesse ! Hi ! Hi !

- (Amusée) Tu vas voir l’altesse la fessée qu’elle va te mettre si tu continues, qu’est-ce qu’il a celui-là pour qu’on ait fait appel à toi ?

- Paraitrait que c’est Toutankhamon !! Tu ne le savais pas ?

- (Sidérée) Pfft !!! N’importe quoi et qu’est-ce qu’il ferait là ?

- Faut juste que je lui change ses bandelettes pour qu’il soit tout beau pour les fêtes ! Hi ! Hi !

- Mais tu vas arrêter oui !!! Soit sérieux un peu, ça me changera.

- C’est juste un gars qui s’est fait agresser et dont la police attend le témoignage, s’ils l’ont amené ici c’est parce qu'ils ont été estomaqués de mon intervention sur Amid et qu’ils ont besoin de l’interroger le plus tôt possible.

Semblant prendre mon explication comme une évidence.

- C’est grave ce qu’il a ?

- Un choc traumatique et quelques brûlures assez impressionnantes sur le corps mais moins graves sur le visage et les mains.

- Pourquoi tous ses bandages alors ?

- Ils ne t’en ont pas parlé ?

- Non pourquoi ?

Je commence à m’éloigner en ricanant.

- Ils ont perdu leurs ciseaux à la « Salpé » et du coup ils lui ont mis tout le rouleau ! Hi !

Hi !

- Oh toi !! Tu ne perds rien pour attendre !! Sale garnement ! Hi ! Hi !

J’entre dans la chambre en riant encore, j’aime beaucoup cette femme qui doit avoir un cœur énorme et avec qui j’aime bien plaisanter car elle démarre toujours au quart de tour.

Maxime est déjà dans la chambre à mettre en place l’appareillage sur batterie pour pouvoir le transporter au bloc, il sourit à son copain en continuant son travail avec application.

- En forme « Flo » ?

- Pas qu’un peu mon neveu !!! Je suis énervé comme un pou depuis ce matin rien qu’à la pensée de reprendre le taf.

- Ça te manquait à ce point-là ?

- C’est sûr !!!

- Et bien je crois bien que tu vas en avoir pour t’éclater avec ce gars-là !! Il est drôlement arrangé, celui qui lui a fait ça doit être sacrément allumé.

- Il le croyait mort, c’est la seule excuse que je puisse lui trouver pour s’être acharné sur ce gars de cette façon. Il ne voulait pas que la police puisse l’identifier et ma fois il y serait arrivé s’il n’était pas toujours en vie.

- Pourquoi faire une chose pareille ? C’est qui ce type ?

- J’ai ma petite idée la dessus figure toi.

- Tu sais qui est ce mec ?

- Je n’en suis pas sûr à cent pour cent mais j’ai de gros doutes sur qui il est, même si je ne le connais pas personnellement.

- Putain « Flo » !!! Tu vas cracher le morceau oui !!!

- Je préfère que tu en aies la surprise comme les autres si j’ai raison, en parlant d’eux !!

Il serait temps d’y aller tu ne crois pas ? Il est prêt pour qu’on l’emmène ?

- Deux petites minutes encore !! Là !! Voilà !! On peut y aller maintenant, monsieur j’ai des secrets que je cache à mon meilleur pote.

Je soupire devant sa trombine vexée.

- Luka !!! T’es content là ?

- (Maxime) Quoi Luka ??

- Tu voulais savoir qui était ce type, non ? Alors je te réponds que c’est Luka.

- Celui qui est venu avec Maurice l’autre jour ? Mais c’est impossible voyons !! Celui-là est dans le coma depuis bien avant !!

- Pourtant c’est bien lui, je veux dire celui qui s’appelle vraiment Luka.

Maxime comprend et regarde son ami avec appréhension sur sa réponse.

- L’autre alors ? C’est….

- Celui qui lui a fait ça certainement, oui !

Affolé cette fois.

- Il faut prévenir Maurice !!!

- T’inquiète, il est déjà au courant.

- C’est encore un coup contre toi, c’est ça ?? Et tu le savais ?

Je crois que je vais devoir m’expliquer.

- Emmenons ce garçon au bloc, je te raconterai ce que j’en sais en chemin et ne m’engueule pas de ce que tu vas apprendre, si je ne vous ai rien dit c’est juste pour que vous restiez naturel avec Luka ! Enfin celui que je croyais être Luka à l’époque.

2eme ANNEE Fêtes de fin d’années, 2ème partie : (148/150) (Aix) (Douzième jour) (Centre hospitalier Paul Sézanne) (suite)

Au bloc opératoire, Émilie, Julien dit « Juju » et Patricia, sont en pleins préparatifs quand la porte s’ouvre et que Maxime entre encore abasourdi de ce qu’il vient d’apprendre en poussant le lit médicalisé devant lui, ils l’aident à déposer le jeune patient sur la table d’opération et rebranchent les appareils de survie sur le réseau de la salle.

Dans les vestiaires, Maurice et Patrice discutent avec Florian qui termine de mettre sa tenue.

- (Maurice) Personne n’est au courant ici des vrais dommages qu’a subi ce garçon, il n’y aura donc aucun risque de fuites s’il allait très rapidement mieux.

- En espérant qu’à la Salpêtrière ils ne demanderont pas officiellement de ses nouvelles.

- (Maurice) Ils n’en auront pas l’occasion puisque d’ici une heure, ils recevront un message concernant le décès de la victime pendant sa prise en charge à l’arrivée de l’hélicoptère.

- Je vois que tu as tout prévu !

Maurice avec un clin d’œil.

- C’est devenu une affaire d’espionnage qui de ce fait me concerne directement, j’ai donc le droit pour la protection des témoins de faire croire ce genre de choses au cas où quelqu’un viendrait à se renseigner plus tard.

Je me rappelle d’un truc.

- Tu ne m’avais pas parlé d’un type de la police scientifique ?

- J’ai eu une petite conversation avec lui tout à l’heure et je ne pense pas qu’il sera mécontent de voir notre jeune Luka, si c’est bien lui car nous n’en avons pas la certitude malgré tout, aller mieux et s’en remettre.

- Même si c’est très rapide et qu’il ne garde aucune séquelle ?

Maurice sourit en se rappelant l’empathie qu’il a ressentie de la part de Raymond, quand celui-ci lui a parlé de ce jeune inconnu.

- Même !!! Maintenant il ne sait encore pas tout et nous devrons y aller par étape avec lui.

- Alors préviens le bien car avec ce que j’ai l’intention de faire, il va bientôt se croire à Lourdes ! Hi ! Hi !

- (Patrice) Développe s’il te plait ?

- J’ai l’intention de tester les limites de mon don sur ce garçon et là crois-moi, je vais me lâcher grave.

- (Maurice) Ça te dérange si on assiste à ce miracle ?

- Bien sûr que non, venez !!

La descente aux blocs se fait rapidement, nous récupérons au passage Julien qui vient d’arriver et qui s’excuse de son retard.

Une fois dans la salle, je lis la surprise dans les yeux de ceux qui y sont déjà à m'attendre quand ils constatent que Maurice et Patrice vont rester eux aussi, je les briffe à leur tour sur mes intentions.

- Avec l’accord de Maurice, je vais utiliser exclusivement mon « don » et je vous demanderais donc à tous de me laisser faire sans intervenir, à moins que je vous le demande.

Je commence donc par préparer une pochette de salive en même temps que je me fais une prise de sang, ça me prend un certain temps pendant lequel j’observe mes amis qui se sont tous regroupés et me regardent faire, comme fasciner par ce que je prépare.

J’ôte ensuite les bandelettes qui recouvrent le corps de la victime et ce qui apparait petit à petit sous nos yeux, nous fait plisser le front tellement la vue de ce corps charcuté et couturé de partout, nous est difficilement supportable.

Une fois nu devant nous, je lui injecte la transfusion sanguine et lui branche la poche en réglant le goutte à goutte pour que ma salive entre lentement dans son corps.

Une fois ces opérations réalisées, je rejoins mes amis et tout comme eux, je reste les yeux fixés sur le corps mutilé en attendant d’apercevoir les premiers effets du « don ».

Au début rien ne semble se passer, les courbes d’enregistrement des appareils restant sur les mêmes constantes.

C’est Maxime qui le premier sursaute en nous montrant une des longues et profondes balafres du doigt.

- Regardez !! Là !! Ça commence !!

Nos regards se fixent à l’emplacement qu’indique son doigt et en effet les chairs à cet endroit se referment doucement, bientôt suivit par l’ensemble des plaies de son corps qui se répare de plus en plus vite et qui malgré que nous nous y attendions, nous laisse ébahi devant ce miracle.

- (Patricia) Mon dieu !!!!

- (Maurice) C’est extraordinaire !!!!

Je dois bien avouer que je suis comme eux et bien que ça vienne de moi, ça me laisse également tout autant perplexe et ahuri qu’eux devant un tel spectacle se déroulant devant nous.

En y réfléchissant et aux vues de la rapidité où tout cela se passe, beaucoup plus rapidement en tout cas que lors de mes précédentes interventions.

L’idée me vient soudainement que mon sang doit avoir des propriétés encore beaucoup plus puissantes que ma salive, que le mélange des deux en fait un cocktail des plus détonnant.

Cinq minutes à peine plus tard, le corps sain quoique amaigri d’un jeune homme au visage creusé, mangé par la barbe, nous apparait parfaitement guéri de toutes les atrocités qu’il a subies.

Un frémissement du corps nous indique qu’il revient à lui et qu’il ne va plus tarder à reprendre conscience, je m’en rapproche alors et le recouvre d’un drap pour qu’à son réveil, il ne se sente pas gêner de se retrouver nu devant autant de monde.

Un frémissement du visage, ses paupières battent plusieurs fois avant qu’enfin elles ne s’ouvrent sur deux yeux couleurs noisette aux pupilles dilatées à cause de la lumière trop forte pour lui.

Je me sens fixer longuement par ce garçon qui doit très certainement se demander où il est et c’est en souriant gentiment que je lui parle d’une voix se voulant rassurante.

"En Russe"

- Bonjour Luka !

Ses yeux se plissent, cherchant dans sa mémoire qui je suis.

- On se connait ?

2eme ANNEE Fêtes de fin d’années, 2ème partie : (149/150) (Moscou) (Joseph)

(fin)

Joseph cogite sur tout ce qu’il vient d’apprendre et son esprit tourne à plein rendement pour trouver un moyen d’en avertir qui de droit.

Il a retenu deux choses importantes de sa conversation d’avec Igor, la première est qu’il y a toujours un de ses agents qui fouine autour de ce fameux Florian qu’il aimerait quand même rencontrer un jour rien que pour se faire une idée de qui il est et de à quoi il ressemble.

La deuxième concerne cet espionnage des recherches Françaises, qui apparemment intéresse beaucoup les Russes pour y avoir infiltré ses agents en grand nombre.

Il revient vite à la réalité des choses quand ils entrent au Kremlin et qu’il sent son voisin prendre conscience de son état d’ébriété, alors qu’il va être mis en présence de son président qui ne manquera certainement pas de s’en apercevoir.

- Tu devrais me laisser y aller seul, tu dois avoir beaucoup d’occupations et de toute façon je te tiendrai au courant de tout ce qui ce sera dit, quand je te rejoindrai à ton bureau pour que tu me fasses raccompagner à l’hôtel.

Igor est visiblement soulagé.

- Tu as raison, je vais m’avancer sur quelques questions urgentes et nous nous retrouverons ensuite.

Igor descend pour donner ses instructions à un militaire qui s’empresse ensuite d’emmener Joseph à son rendez-vous.

Vladimir le reçoit courtoisement, visiblement satisfait de le revoir et l’invite à s’asseoir pour poursuivre leur conversation.

- Vos informations se sont révélées exacts.

- (Joseph) Me pensez-vous assez idiot pour venir vous voir avec des documents trafiqués ? D’ailleurs je n’en vois pas l’intérêt, je vends mes prestations très chères et je tiens à conserver ma réputation.

Vladimir acquiesce et poursuit.

- J’ai également réfléchi à votre proposition et je vous avoue que ma curiosité envers ce Florian reste vive, même si elle est d’une autre teneur que précédemment.

- Vous pensiez réellement qu’il pouvait être ce qu’on voulait vous faire croire ?

- J’avoue m’y être laissé abuser, sans doute l’attrait de choses que je ne comprenais pas.

- (Joseph) La recherche du graal en quelque sorte ?

- Beaucoup s’y sont laissés avoir vous savez, maintenant en y réfléchissant je dois vous avouez que ça me fait sourire et que je ne suis pas prêt à m’y faire reprendre.

- Mais vous aimeriez quand même vérifier ça par vous-même en rencontrant ce garçon ?

- En effet !! Je m’interroge surtout sur cette amitié soudaine d’avec l’émir Hassan, amitié qui lui a fait rompre aussi rapidement nos liens diplomatiques et surtout financiers.

- D’après mes sources, ce garçon est d’une intelligence rare et les personnes qui le côtoient en gardent une forte impression, il en ressort souvent une amitié très forte qu’Hassan Al Malouf n’est pas le seul à s’y être laissé séduire.

- Vraiment ?

- Connaissez-vous le magnat chinois Ming Tsu ?

- Qui ne le connait pas au moins de par sa fortune colossale !! Attendez !!! Vous n’allez quand même pas me dire que lui aussi ??

- Comme pour l’émir, le fils de monsieur Ming a eu droit aux soins du jeune De Bierne et se serait remis d’une affection de la peau qu’il trainait depuis sa naissance, depuis la famille Tsu est devenue très proche du jeune homme et j’ai entendu dire qu’une forte amitié les liait également à lui.

- Je comprends mieux maintenant d’où vient cette neutralité Chinoise à mon différend Saoudien.

- Ming Tsu est très respecté dans son pays, il fait partie des douze qui tiennent le pouvoir rappelez-vous.

- Combien !!!

- (Joseph) Pardon ???

- Je vous ai demandé combien pour que vous m’arrangiez cette rencontre ?

- (Joseph) A combien l’estimez-vous ?

- Aux vues de vos derniers émoluments, je dirais cent mille ?

- Vous pourriez organisez ça vous-même savez-vous ? Une bonne mise au point et quelques excuses à l’émir Hassan, ainsi qu’une promesse de votre part de stopper toute action à l’encontre de son jeune ami chirurgien en échange d’une présentation devrait faire l’affaire.

- Vous croyez que ce serait si simple ?

- Surtout si je faisais savoir à l’émir que vos intentions ne sont marquées que par une extrême curiosité envers ce garçon, ainsi qu’une véritable envie de renouer le dialogue diplomatique entre vos deux pays.

- Est-il seulement prêt à le faire, j’ai commis un acte disons « indélicat » et je ne pense pas qu’il soit prêt à en faire aussi rapidement abstraction.

- C’est avant tout un chef d’état et il s’en sortira grandi s’il acceptait, il n’est pas fou et connait certainement les troubles qui agitent votre pays, ainsi que le besoin de rasseoir votre position et de faire cesser l’embargo qui commence à troubler l’ordre public, les médias en font les gorges chaudes depuis plus d’une semaine et cette tension gène de toute évidence tout autant les pays voisins qui craignent un conflit armé si rien ne s’arrange.

Vladimir fixe Joseph avec étonnement.

- Vous êtes vraiment quelqu’un de très particulier le savez-vous ? Je comprends bien mieux à présent cette réputation qui vous précède.

Joseph sans baisser les yeux.

- Vous me flattez monsieur, j’essaie juste de faire mon métier en respectant à la lettre le terme de mes contrats à la satisfaction de ceux qui m’emploient.

- Avez-vous déjà travaillé par la suite contre les intérêts d’un de vos anciens employeurs ?

- Vous n’attendez pas de réponses de ma part j’espère ? Mon honnêteté va à la personne qui se paie mes services jusqu’au terme de l’accord, ensuite à eux de se poser la question si leurs agents de renseignements me retrouvent dans les parages.

- Chose qui ne doit pas être aisée pour eux étant donné votre liberté actuelle.

- Je suis comme les caméléons monsieur, je me fonds dans le paysage et même la couleur de ma peau n’est pas suffisante pour me repérer, quand je tiens à rester discret.

- Savez-vous que je pourrais vous faire disparaître sans aucun remords si je le voulais ?

- Mais vous ne le ferez pas, j’en suis convaincu.

- Voilà qui est intéressant !! Et pourquoi donc ?

- Parce que vous pourriez encore avoir besoin de mes services et que vous avez appris à m’apprécier peut-être ?

Vladimir détache son regard de celui de Joseph, qui tout le temps de la conversation n’a pas cillé un seul instant.

- J’apprécie votre franchise et je vais mettre vos conseils en pratique. Maintenant s’il vous prenait de revenir chez nous pour remplir un contrat, sachez que vous recevriez le même sort que n’importe quel espion découvert par nos services.

Joseph retient in-extrémis un rictus de moquerie.

- Ça fait partie des risques de mon métier mais sachez que je ne m’engage jamais sans en avoir conscience, je verrais de mon côté pour cette rencontre et je vous tiendrais au courant.

2eme ANNEE Fêtes de fin d’années, 2ème partie : (150/150) (Aix) (Douzième jour) (Centre hospitalier Paul Cézanne) (suite)

Raymond Baltot arrive à quelques mètres du centre hospitalier d’Aix en Provence, il avait besoin de s’éclaircir les idées en marchant depuis l’hôtel où il réside pour les quelques jours qu’il compte passer ici.

Sa rencontre avec Désmaré et la conversation qui en a suivi, lui a laissé comme un arrière-goût dans la bouche et depuis ce matin, Raymond cherche ce qui dans les paroles pour le moins étrange du directeur de la DST lui a donné cette impression bizarre qu’il n’arrive pas à cataloguer et qui le met dans cet état nerveux particulier pour lui, qu’il ressent à chaque fois qu’une information lui échappe alors qu’il l’a au bout de la langue.

Il entre donc dans l’hôpital cette fin d’après-midi-là, avec la ferme intention d’en savoir plus sur la raison réelle qui a poussé ce haut fonctionnaire à faire transférer ici celui dont il s’est juré de trouver son ou ses agresseurs.

Sa carte de police lui permet de passer à travers les interdictions diverses de circuler librement, il se retrouve très vite devant la chambre où on lui a indiqué qu’il trouverait le patient héliporté la veille.

***/***

« Quelques heures plus tôt »

Le jeune homme encore allongé sur la table d’opération, vient juste de poser la question au jeune rouquin qui le regarde dans les yeux depuis qu’il s’est réveillé.

- On se connait ?

- Maintenant oui ! Hi ! Hi ! Moi c’est Florian et toi c’est bien Luka, non ?

- Oui, mais comment le sais-tu ?

Il s’aperçoit alors de l’endroit où il se trouve, ses yeux s’arrondissent alors d’étonnement.

- Qu’est-ce que je fais là ? Et d’ailleurs où est-ce que je suis ?

- Tu ne te rappelles de rien ?

Luka fouille dans sa mémoire et ses yeux se plissent soudainement, ses souvenirs remontant en force dans son cerveau.

- Quelqu’un m’a demandé si j’étais bien Luka Leonov et ensuite c’est comme un trou noir !! Je me rappelle d’une forte douleur à la poitrine et je me retrouve ici devant tout un tas d’inconnus.

Maurice s’approche en posant sa main sur l’épaule du garçon.

- Ton oncle est bien Nicolaï Sergueïevitch Leonov ? Tu vis à Paris et tu es en fac de droit ?

Luka ne comprenant pas pourquoi toutes ces questions.

- C’est exact oui, mais je ne vois pas ce que vient faire mon oncle « Nico » dans tout ça !!

Je prends rapidement la parole avant que Maurice continue son interrogatoire.

- Vous verrez tout ça plus tard !! Je dois encore lui remettre ses bandages et il a besoin de se reposer.

- (Luka) Pourquoi dois-tu me mettre des bandages ? Je me sens bien !!

- Parce que personne ne doit te voir pour l’instant et tant que tu ne seras pas mis au courant de tout ce qui te concerne, je te demanderai de faire exactement ce qu’on te dit sans faire d’histoires. Sache quand même que tu as été laissé pour mort lors de ton agression, que tu devras en dire le moins possible et rester avec tes bandages jusqu’à ce qu’on te sorte de là.

- Mais enfin !! Qui es-tu ??

- (Maurice) Florian est celui qui t’a sans doute sauvé la vie mon garçon, je te conseille d’écouter ses paroles et de faire comme il vient de te le demander.

Luka regarde tour à tour ceux qui sont présents dans la salle et ils sont tous pour lui de parfaits inconnus.

- Qu’est-ce que vous me voulez ? Je ne demande qu’à rentrer chez moi !

- (Maurice) J’ai bien peur que tu n’y sois plus seul si tu rentres chez toi, nous ne voulons que te protéger et que tu témoignes sur l’identité de ton agresseur.

Maurice sort sa carte de son portefeuille et la met sous le nez de Luka qui en prend connaissance en ouvrant la bouche en grand d’ébahissement, Florian amusé par son air stupéfait, demande à Maurice.

- Tu devais être aussi beau que mon « Thom-Thom » étant jeune ! Hi ! Hi ! Fais voir ?

La phrase même si Luka ne la comprend pas forcément, a quand même le chic de le faire sourire et de le détendre.

- La DST ? Depuis quand est-ce la DST qui s’occupe des homicides ?

- (Maurice) Depuis que celui-ci est lié à une affaire d’espionnage.

Pendant que l’équipe s’occupe à lui remettre des bandages propres sur les parties du corps sensées en avoir besoin, Maurice donne quelques renseignements succincts au jeune Luka qui comprend alors dans quoi il a été embringué sans qu’on le lui demande.

Il comprend malgré tout qu’il vient de réchapper à un assassinat et qu’il doit continuer à cacher son identité pendant encore quelques temps.

Luka est surpris quand il apprend qu’il a été transféré à Aix en Provence et Maurice doit se résigner à lui dévoiler une partie des raisons qui l’ont amené ici, raisons dont Luka a du mal à en croire la véracité tant celles-ci lui semblent invraisemblables.

Quelques photos prises lors de sa découverte le long de la Seine lui font dresser les poils et c’est avec un autre regard cette fois, qu’il fixe le jeune rouquin souriant en comprenant enfin les raisons de sa présence.

- Comment est-ce possible ? Toutes ses atrocités n’ont pu disparaître en si peu de temps.

Je suis un peu gêné qu’il en ait appris autant aussi vite et c’est dans sa langue que je lui réponds.

- Rappelle-toi juste que tu ne devrais plus être en vie, ou du moins dans un état tel que tu souhaiterais certainement ne plus y être et que ce que je t’ai fait te permettra de la reprendre là où elle a failli s’arrêter, je me doute bien que tu voudras en savoir plus et c’est bien naturel. Je te promets que tu auras toutes les réponses, mais tu devras attendre que toute cette affaire soit terminée. En attendant rappelle-toi que tu dois jouer le jeu et faire tout ce qu’on te demande, c’est bien compris ?

Luka dévisage un long moment le jeune rouquin et un sourire amical se forme alors sur ses lèvres en même temps que ses yeux brillent de reconnaissance, comprenant enfin tout ce qu’il lui doit.

- Merci pour tout « Flo » !!!

2eme ANNEE avant Pâques : (01/25) (Aix) (Douzième jour) (Centre hospitalier

Paul Cézanne) (fin)

"Retour au présent"

Luka regarde la télévision et n’entend pas la porte s’ouvrir, Raymond reste figer devant la porte à regarder le garçon couvert de bandage assis sur son lit et visiblement bien éveillé.

Même s’il avait été plus ou moins prévenu que ce serait le cas, le constater de visu lui fait quelque chose et l’émotion le prend à la gorge à le voir revenu à la vie alors qu’il y a encore peu de temps, personne n’aurait osé parié un centime là-dessus.

L’empathie qu’il a ressentie pour le jeune homme dans le coma lors de ses premières visites à la Salpetrière est toujours aussi puissante, témoin en est cette émotion qui l’étreint en ce moment à le savoir sorti du coma.

C’est donc le visage bouleversé, qu’il entre dans la chambre et qu’il voit se retourner vers lui la tête recouverte de bandage, où seuls ses yeux apparaissent ainsi que ses lèvres qui ont en découvrant son visiteur une petite moue surprise et interrogative.

Luka cherche dans sa mémoire d’où il aurait pu connaitre cet homme qui semble fortement troubler de le voir.

- Bonsoir ! Vous avez dû vous tromper de chambre monsieur.

Raymond est pris à froid par la question.

- Comment !!! Heu !! Non je ne crois pas !! Je me présente, inspecteur Baltot de la police scientifique de Paris. J’enquête sur l’agression à laquelle vous avez été victime et je me réjouis de vous voir conscient aussi rapidement après votre opération.

- Vous n’êtes pas le seul à me le dire inspecteur et moi-même j’en suis le premier surpris, surtout après ce qu’on m’a révélé sur l’état dans lequel je me trouvais.

- Vous sentez vous suffisamment en forme pour répondre à mes questions ?

- Bien sûr inspecteur, mais asseyez-vous donc je vous prie.

Raymond ne se fait pas prier et prend le siège devant la petite table, il le déplace jusque près du lit et s’assoit sans quitter des yeux ceux du jeune homme qui le fixe avec curiosité lui aussi.

Une heure de questions réponses, où Raymond note méticuleusement tout ce qu’il apprend de ce garçon.

Ses questions du début plutôt d’ordres identitaires, sont ensuite remplacées par celles qui pourraient faire avancer son enquête en cherchant qui aurait eu suffisamment de motivations pour en vouloir à sa vie.

Bien sûr Luka n’en sait pas plus que lui et l’inspecteur s’en rend vite compte, il cherche alors des détails dans sa vie de tous les jours au cas où un indice viendrait l’interpeller sur une quelconque raison à toute cette affaire.

Luka garde les yeux fixés sur l’inspecteur, son regard est si intense que celui sur qui il est posé en frissonne et sent une chaleur irraisonnée lui parcourir le corps, un sourire accompagne ce regard qui rend Raymond beaucoup plus perturber que cette simple prise de contact n’aurait dû lui amener au final et sans en comprendre la raison, il ne peut s’empêcher de le lui rendre.

La nuit est déjà bien tombée quand Raymond décide qu’il en sait suffisamment pour entreprendre ses premières recherches et se lève pour prendre congé, en précisant toutefois qu’il reviendrait le lendemain poursuivre son interrogatoire sur les questions qui ne manqueront pas de se poser à lui entre temps.

- Je crois que ça va bientôt être l'heure du repas pour toi Luka, passe une bonne nuit et à demain.

- Merci inspecteur, bonne nuit à vous aussi.

- Raymond !!

- Pardon ?

- C’est mon prénom et c’est mieux qu’inspecteur, tu ne crois pas ?

- (Luka sourit) Je saurai m’en souvenir.

Ce n’est qu’une fois dehors, que l’inspecteur respire enfin plus librement et qu’un petit rire s’échappe de ses lèvres quand il s’en aperçoit, ce premier vrai contact avec Luka l’a marqué plus qu’il n’aurait pu l’imaginer et son cerveau essaie de lui donner une image forcément erronée de son aspect réel sans ses bandages.

La curiosité est telle qu’à peine rentrer dans sa chambre d’hôtel, il allume son ordinateur portable et se rend dans les fichiers de la faculté où est inscrit le jeune homme, pour y chercher une photo qui normalement doit s’y trouver ne serait-ce que pour l’octroi de sa carte d’étudiant.

Il trouve l’abécédaire d’inscription, tape nerveusement le nom et le prénom du garçon qu’il vient d’apprendre, un temps de chargement qui lui fait taper des pieds d’impatience et enfin le fichier s’ouvre sur une photo étrangement floue, trop même pour qu'elle soit acceptée et ne dévoile rien de bien concluant.

Raymond peste contre ce manque de rigueur et poursuit sa recherche en tapant l'année précédente, encore une fois il doit attendre que le fichier se charge et ce coup-ci le portrait est très net, quand ses yeux se posent avidement sur le visage souriant du jeune homme tel qu’il devait être avant son agression.

Raymond reste un moment à regarder le cœur serré, cette photo de celui qui pense-t-il ne sera plus jamais aussi parfait et restera atrocement défiguré pour le restant de ses jours.

L’inspecteur coupe d’un geste rageur son ordinateur portable et se prend la tête entre les mains, en laissant s’échapper des larmes de tristesse devant une telle injustice.

2eme ANNEE avant Pâques : (02/25) (Aix) (Treizième jour) (Commissariat d’Aix en

Provence)

Maurice comme chaque matin peste sur ses vacances qui n’en sont pas vraiment, gâchées qu’elles le sont par ce déchaînement d’actions contre Florian.

Les nouvelles tournures de ces derniers jours sont quand même rassurantes et c’est avec son équipe en place presque au complet ne serait-ce les hommes laissés à la surveillance de Florian, qu’il fait le point ce matin-là.

Dorian et Gérôme sont également présents, le bureau semble soudainement très petit devant tous ses hommes à l’intérieur.

- (Maurice) Messieurs un peu de silence s’il vous plait !! Le débriefing de ce matin est essentiellement destiné à préparer nos futures actions de préventions, voici en quelques mots où nous en sommes dans cette affaire avec les Russes. Ils ont déjà perdu treize hommes depuis que nous sommes ici, dont six qui ont été sacrifié juste pour qu’ils ne dévoilent rien sur leurs missions. Ça nous prouve si le besoin s’en faisait sentir, jusqu’où ils étaient prêts à aller pour s’emparer de notre énergumène. Je dis bien ils étaient, car depuis quelques jours les choses semblent changer en notre faveur. Je m’explique, il semblerait que la façon rapide dont ont été découverts leurs agents, leur laisseraient à penser que nous avions mis sur pied une action coercitive pour nous débarrasser de la cellule d’espionnage implantée sur notre territoire et que nous nous servions pour cela d’une « chèvre » (Il rit) En l’occurrence notre jeune rouquin, pour les attirer dans nos filets. Bien sûr dès que j’ai eu vent de cette idée, j’ai mis tout en œuvre pour qu’ils en aient la certitude, aidé en cela par l’émir Hassan lui-même ainsi que de son agent avec lequel nous avions déjà eus à faire en Afrique et qui me semble être d’une efficacité redoutable. L’incident diplomatique avec l’Arabie Saoudite nous aide également beaucoup car l’embargo qu’ils appliquent à l’état Russe commence à faire bouger la population et de ce fait donne d’autres priorités à son dirigeant. Rajoutant également les pressions au calme venant de leurs alliés les plus puissants, je ne citerai que la Chine et l’Inde, qui pèsent aussi fortement dans la balance et mettent Poutine au pied du mur.

- (Dorian) Il va laisser « Flo » tranquille alors ?

- Ça se pourrait bien en effet mais venant de lui rien n’est jamais certain, il reste encore quelques points noirs à élucider avec entre autres le plus important et certainement le plus dangereux, je fais allusion à ce jeune homme qui se fait passer pour Luka et que nous n'avons découvert que par pur hasard, c'est de toute évidence un meurtrier de la pire espèce qui cache bien son jeu derrière son jeune âge et ses airs fragiles. Ne nous y trompons pas pourtant !! Il est capable du pire et nous sommes actuellement sur plusieurs pistes de ses précédentes missions.

- (Patrice) Il serait temps de le mettre au frais patron.

- Certainement pas !!! Maintenant que nous sommes certains de qui il est, nous devons l’utiliser et lui donner suffisamment d’informations pour qu’ils aient la certitude que nous utilisons bien Florian comme un leurre, qu’il n’a en fait que très peu d’importance dans toute cette histoire si ce n’est le fait que son habilité chirurgical nous ait permis de monter toute cette mascarade.

- (Gérôme) Quelles informations comptes-tu lui donner ?

- Justement, j’allais y venir !! Maintenant qu’il sait que notre Florian nous sert d’appât, il va certainement tenter de se rapprocher de moi ou de l’un d’entre vous pour apporter les preuves qu’il manque à son paranoïaque de patron et profitera de sa pseudo mission que nous lui avons donné pour le faire.

- (Gérôme) Va falloir la jouer serrer sur ce coup-là, au moindre doute il pourrait tout remettre en cause.

- C’est pour cette raison que nous ne le laisserons approcher que de quelques personnes qui seront briffés pour, maintenant je ne vous ai pas tout dit et une autre opération a été mise en œuvre parallèlement et toujours avec l’aide de notre ami Hassan, vous connaissez tous l’énorme empathie que ressentent les personnes en contact avec notre Florian national ? Eh bien, nous avons décidé de nous en servir et de lui faire faire connaissance avec Poutine et quelques autres par la même occasion.

Dorian n’en revient pas.

- De quoi !!!! Mais c’est de la folie pure !!! Vous allez mettre l’agneau dans les griffes du loup ? J’y crois pas !!!

- Calme-toi mon garçon !! Je ne suis pas certain que le loup soit celui auquel tu penses, de plus, cette rencontre se fera dans un endroit neutre au milieu de personnes suffisamment nombreuses et importantes, pour qu’il n’y ait aucun risque.

Patrice est amusé par l’histoire du loup.

- Pour qui ? Florian ou Vladimir ? Hi ! Hi !

Un des hommes de Maurice.

- Ou aurait lieu cette rencontre ?

Maurice certain de son effet sourit par avance à ce qu’il va leurs annoncer.

- Un endroit où notre Florian président de la DBIFC aura toute sa place ! Hi ! Hi ! Le prochain congrès des nations sur l’écologie et la réduction des gaz à effets de serre.

- (Dorian) A Kyoto ? Mais il a déjà eu lieu il n’y a pas longtemps !!

- Pour ce que j’en sais, ils n’ont toujours pas réussi à s’entendre et ils ont décidé d’avancer le prochain congrès qui devrait se passer en début d’année prochaine.

- (Patrice) Il réunit les chefs d’états et les industriels de toute la planète si je ne me trompe pas ?

- Exactement !! Mais aussi les plus grands chercheurs et climatologues, qui ne manqueront pas de faire connaitre tous leurs savants calculs sur le réchauffement de la planète.

Gérôme mort de rire, en oublie le contexte de la réunion.

- Je les plains les gugusses !! S’il y en a un qui balance une connerie, il va avoir Einstein sur le paletot plus vite qu’un rappel d’impôt c’est sûr ! Hi ! Hi !

2eme ANNEE avant Pâques : (03/25) (Aix) (Treizième jour) (Commissariat d’Aix en

Provence) (fin)

Les rires remplissent le bureau au point qu’un des plantons vient voir si tout va bien, le calme revient petit à petit et Maurice, d’un geste fait comprendre qu’il n’en a encore pas fini avec eux.

- Ce sera certainement un moment à ne pas manquer, mais revenons à ce qui nous préoccupe actuellement vous voulez bien ? Une autre information nous est parvenu et qui celle-là ne prête absolument pas à sourire, il semblerait que la cellule d’espionnage Russe soit encore fortement présente sur notre territoire et qu’ils sont pour la plupart, détachés auprès de nos plus éminents chercheurs. La France est un petit pays qui ne brille que par ses découvertes, ses innovations et ses avancées industrielles inspirent donc certaines puissances à venir nous les voler avant que nous ne les mettions sur le marché et ainsi pouvoir garder leurs avances technologiques ou médicales à nos dépends. Nous devons découvrir qui ils sont et nettoyer une bonne fois pour toutes notre pays de ces taupes qui risquent à plus ou moins longs termes de nous affaiblir.

Un homme dans le bureau.

- Ils sont très difficiles à débusquer, de savoir qu’ils existent ne nous avancent pas beaucoup plus.

- Exact et c’est encore une fois grâce à une idée d’Hassan que nous pourrions avoir une chance de le faire, son espion est actuellement en pourparlers avec le nouveau chef du KGB, enfin de l’ex KGB devrais-je plutôt dire et il en aurait déjà appris beaucoup, du moins c’est ce que pense l’émir car ils ne peuvent communiquer que de manières détournées qui ne semble pas des plus pratiques mais qui a au moins le mérite d’être sûr.

- (Un homme) Pourquoi fait-il tout ça pour nous l’émir ?

- Par amitié et par vengeance je pense, il sait très bien qu’il va lui falloir reprendre ses pourparlers diplomatiques et la mort de son ambassadeur lui reste comme une arête plantée au fond de la gorge. Je le comprends et je comprends également qu’il doive faire fi de ses rancœurs du moins officiellement, s’il ne veut pas perdre un marché très important pour son pays. Dès que nous en saurons plus, il sera temps de monter une opération de nettoyage. Maintenant il faudra aussi être très prudent et trouver la méthode qui évitera de faire le rapprochement avec cet homme en qui Hassan et je le comprends, tient beaucoup.

- (Patrice) Nous serions tranquille de ce côté-là pendant un sacré bout de temps, le temps qu’ils remontent une nouvelle cellule et que ceux qui la composent arrivent aux postes nécessaires pour reprendre leurs missions d’espionnages.

- Espérons seulement que tout se passera comme nous le souhaitons, en attendant nous nous devons de rester vigilant et de montrer la même pugnacité dans notre surveillance de Florian, même si elle n’est plus semble-t-il aussi indispensable que jusqu’à présent. Nous devons continuer à leur laisser croire que nous cherchons toujours par ce moyen à purger le pays de leurs agents en place.

Dorian plus terre à terre.

- Rien ne dit de toute façon qu’il soit plus en sécurité qu’avant, il n’y a pas que les Russes qui pourraient s’intéresser à lui.

Maurice hoche la tête, conscient du fait.

- Espérons que tes paroles ne soient pas de mauvaises augures mon garçon.

***/***

« Moscou »

Joseph attend devant l’entrée du Kremlin que le message porter à Igor ait un retour et l’autorise à entrer, il connait les grandes lignes de ses dernières instructions et a conscience qu’il va lui falloir se la jouer encore plus finement qu’à son habitude s’il veut s’en sortir sans trop de casse.

Un appel téléphonique à ses "parents" pour leurs souhaiter un bon Noël même s’il est un peu tardif, lui a permis de déchiffrer le message sous-jacent qu’il a noté lettre par lettre tout au long de la conversation.

Les tournures de phrases qu’employait son "père" étaient parfois bizarres, mais Joseph ne pense pas que quelqu’un même connaissant très bien sa langue natale pourrait en découvrir les non-sens parfois poussés.

Les quelques mots qu’il a pu former sont comme le libellé d’un ancien télégramme qu’il s’est empressé de lire et de détruire aussitôt qu’il en a pris connaissance.

« Rendez-vous prévu Kyoto janvier - chercher localiser agents France »

Le message était pour le moins sibyllin mais Joseph n’a pas mis longtemps à en saisir le sens, il vient donc donner l’information du lieu de rendez-vous où Vladimir pourra rencontrer le jeune De Bierne et terminer sa mission en essayant de découvrir la position des agents Russe encore en activité sur le territoire Français.

Un militaire s’approche de lui, il lui fait comprendre d’un geste de le suivre et pendant qu’il traverse la cour immense, Joseph se dit qu’après tout ça il aura bien besoin de vacances.

C’est Igor lui-même qui vient l’accueillir devant la porte du palais et l’emmène en discutant joyeusement jusqu’à son bureau, où il le prit ensuite de s’asseoir en lui offrant un verre.

- Je pensais ne plus te revoir ?

- En fait moi non plus, une information de dernière minute que je tenais à porter moi-même à ton président.

Igor fait la grimace.

- Il est absent pour quelques jours, une visite dans une de nos régions qui réclame la fin de l’embargo avec beaucoup trop de véhémence.

- Ah !! J’espère que ça ira.

Igor avec un petit sourire cruel.

- Vaudrait mieux pour eux !! Mais peut être que je pourrai lui rapporter ton message ?

- Bien sûr !! C’était à propos du jeune De Bierne, je sais où il pourra le rencontrer sans risques.

- Tiens donc !! Et où ça ?

- J’ai appris qu’il serait présent au prochain congrès de Kyoto, il sera parmi le staff de la présidence.

- (Igor incrédule) Et en quel honneur y serait-il invité ?

- Il a hérité d’une entreprise très portée sur l’écologie et cette année la France veut mettre tous ses atouts pour convaincre les nations récalcitrantes à limiter leurs gaz à effets de serre.

- Ce garçon a donc son importance malgré tout ?

- Bien sûr !! D’ailleurs je ne te l’ai jamais caché, juste que ce n’est pas pour les mêmes raisons qui vous ont fait vous intéresser à lui.

Igor en remplissant une nouvelle fois son verre.

- La chance nous sourit alors trinquons mon ami, ce n’est pas si souvent que ça nous arrive en ce moment.

2eme ANNEE avant Pâques : (04/25) (Moscou) (Joseph)

Joseph le regarde avaler son verre avec gourmandise et se resservir plusieurs fois avant de revenir à son visiteur, c'est sans doute le fait d’être plusieurs jours sans le couperet d’avoir à répondre à la moindre convocation de son patron qui le libère de sa retenue.

Igor ne se prive donc pas pour picoler tout son soûl.

- Arrh !! Très bonne cette vodka !! Un autre verre mon ami ?

Joseph bloque le goulot s’approchant de son verre avec la paume de sa main.

- Merci bien ! Mais c’est beaucoup trop fort pour moi.

Igor pose son verre et boit de longues rasades à même la bouteille, la vidant presque et regarde Joseph d’un œil goguenard.

- Vous autres étrangers êtes des petites natures ! Ah ! Ah !

- Je reconnais que tu m’impressionnes.

Igor avale la dernière goutte et jette la bouteille vide contre le mur du bureau, celle-ci éclate dans un bruit sourd sous le rire satisfait qui fait tressauter le double menton d’Igor.

La deuxième bouteille y est presque passée, quand Joseph le voit enfin chanceler et s’affaler dans un fauteuil, il attend quelques minutes pour s’assurer que l’homme est bien endormi.

- Ça va Igor ?

- Rrrrrr !!!! Rrrrrr !!!!

Joseph esquisse un rictus de satisfaction et se lève avec précautions, il enfile ses gants et commence à inspecter avec application les papiers étalés sur la table de travail, avant de s’attaquer aux différents tiroirs.

C’est très difficile pour lui ne connaissant pas la langue pour définir si ce qu’il a sous les yeux est important ou pas, de plus il est dans l’impossibilité de prendre des photos, ses affaires personnelles lui ayant été confisquées et rangées dans un coffre au poste de garde où il a dû les y laisser pendant la fouille.

Joseph commence à désespérer, quand il trouve une carte qu’il déroule plus par curiosité qu’autre chose et reste un moment pensif devant les chiffres annotés à la main et dont certains sont raturés, il compte par pur automatisme les chiffres raturés et c’est là qu’il comprend ce qu’il tient en mains.

Douze !! C’est le chiffre qu’il vient d’additionner et c’est aussi le nombre d’agents qu’Igor lui a dit avoir perdus, il essaie alors de mémoriser les endroits de la carte ainsi que le nombre de personnes encore en activité sur le territoire Français.

Pour le nombre, pas de soucis car c’est très facile de se rappeler d’un nombre et il termine en un clin d’œil son addition, surpris quand même qu’ils soient aussi nombreux encore pour un si petit pays.

Pour les lieux, c’est une autre paire de manches et Joseph comprend bien qu’il n’aura pas le temps de tout apprendre, le temps raisonnable qu’il s’était donné arrivant déjà à sa fin.

En bas de la carte, la ville de Paris est gravée en arrondissement ainsi que les monuments et lieux importants, Joseph compte deux points qui y sont cochés et les note dans sa mémoire avant de réenrouler la carte et de la remettre où il l’a trouvée.

Il retourne s’asseoir en face d’Igor et toussote pour marquer sa présence, après plusieurs tentatives celui-ci reprend enfin conscience et se redresse en reprenant la conversation comme si elle n’avait pas eu cette interruption.

Joseph quelque temps plus tard.

- J’ai terminé mon contrat je pense et si tu n’as rien d’autre à me proposer, je vais repartir chez moi où ma famille m’attend pour la nouvelle année.

Igor à moitié comateux.

- Ahhh !!! Tu as de la chance d’avoir une famille !! Va les rejoindre mon ami !! Je saurai t’appeler au besoin, ton avion part bientôt ?

- Demain matin très tôt !!

Igor se lève et d’une démarche chaloupée rejoint son bureau d’où il remplit consciencieusement un fascicule qu’il signe et après y avoir apposé son tampon, le tend à Joseph.

- Tiens !! Tu montreras ce laissez-passer pour ne pas être inquiété au cas où, tu connais maintenant la suspicion de nos services quand il s’agit d’étrangers.

- Je te remercie Igor, tu es un véritable ami !

Igor avec un sourire bizarre.

- Bon retour Joseph !! Je ne te raccompagne pas, tu connais le chemin.

Joseph quitte le bureau avec le frisson prémonitoire qui jusqu’à maintenant ne l’a jamais trompé, le sourire d’Igor à ses dernières paroles n’arrivait pas à cacher la cruauté que l’effet de l’alcool a laissé transparaitre.

Il récupère ses affaires et rentre à son hôtel pour appeler son « père », la conversation longue lui permet de faire passer son message et ses inquiétudes quant à pouvoir sortir vivant du pays.

Il note à son tour la réponse, qui en fait est une adresse dans cette même ville et où il doit se rendre au plus vite.

2eme ANNEE avant Pâques : (05/25) (Aix) (Treizième jour) (Sauvetage)

« Palais d’Hassan, Arabie Saoudite »

Le haut fonctionnaire raccroche le visage anxieux, il relit pour avoir la certitude de ne pas s’être trompé le message induit dans les paroles de son agent et ne peut qu’approuver une deuxième fois la réponse qu’il lui a faite d’aller au plus vite à cette adresse où se trouve un de ses indicateurs les plus sûrs, qui pourra le cacher pendant quelques temps en attendant qu’ils trouvent un moyen pour lui faire quitter le pays.

Maintenant depuis la fermeture de l’ambassade, ce ne sera pas chose aisée et il décide d’en avertir son prince au cas où celui-ci aurait une directive dans ce sens, ensuite de quoi il envoie un message à son indicateur pour qu’il se prépare à accueillir Joseph.

***/***

« Résidence d’Hassan, Aix en Provence »

La grimace que fait l’émir en raccrochant montre bien combien la nouvelle le perturbe fortement, il décide de sortir et d’aller en parler à Maurice, qu’il rejoint après s’être renseigné de sa présence au poste de police où il a son bureau provisoire.

L’arrivée du prince arabe ne manque pas de faire son effet au commissariat, Maurice sourit en voyant tout le remue-ménage occasionné par la visite de son ami et l’emmène rapidement dans son bureau, Patrice se lève pour le saluer quand il le voit entrer et les trois hommes s’assoient pour discuter de ce qui amène le prince qui n’a rien voulu dire au téléphone, se contentant de prévenir qu’il était urgent qu’ils se rencontrent.

Hassan commence par rapporter les informations qu’il a reçues de son espion, avant d’en venir à ce qui le préoccupe.

- Joseph a un instinct très affuté et je ne pense pas qu’il ait exagéré ses craintes.

- (Maurice étonné) Je pensais étant donné son professionnalisme, qu’il aurait prévu une identité de repli au cas où justement ce genre de problèmes devait se présenter.

- Ça ne marcherait pas là-bas, Joseph est de type africain très marqué et je ne vois pas quelle identité il pourrait prendre dans un état où ce genre d’ethnie n’est pas aussi représentative que par chez nous. Dès qu’ils comprendront qu’il ne se présentera pas à l’aéroport, ils n’auront aucun mal à contrôler avec soin l’identité des quelques personnes noirs qui tenteraient de quitter le pays.

- (Patrice) Et s’il n’était plus noir ?

- (Hassan) Comment ça plus noir ? Une teinte sur la peau serait encore plus repérable que n’importe quoi d’autre !!

Maurice regarde Patrice qu’il voit très sérieux :

- Tu penses à quoi en disant ça ?

Patrice fait un clin d’œil à son patron.

- Aux Schtroumpfs !!

- (Hassan) Je ne pense pas que ce soit le bon moment pour la plaisanterie !! Il y va de la vie d’une personne qui travaille depuis de nombreuses années pour moi et pour qui j’ai un respect très prononcé.

- (Maurice) Hassan à raison, ce n’est vraiment pas le moment pour ça !!

Patrice ne se dépare pas son petit sourire pour autant.

- Il faut juste que je vous explique comment Florian a transformé Marc et Alexie en Schtroumpfs quand nous les avons connus, il a d’ailleurs fait la même farce à Flavien en transformant le petit « Ludo » en métis et croyez-moi c’était si réaliste que son propre frère s’y est laissé prendre comme tout le monde.

Patrice raconte alors ses passages très particuliers de leurs vacances au Pilat où les frasques de Florian toujours aussi marquées, frappaient régulièrement ses amis et qui pour certaines, lui avaient semblé alors particulièrement savoureuses malgré qu’il n’était pas encore au courant de toutes les particularités du loustic.

Hassan et Maurice ne l’écoutent pas, ils boivent littéralement les paroles du jeune homme en plissant les yeux d’un amusement qui ne serait la raison de cette explication, les feraient certainement se tordre de rires.

Maurice se lève et fait signe à ses amis d’en faire autant.

- Le mieux c’est d’aller en parler à Florian, vous venez ?

***/***

« Le surlendemain, quelque part dans Moscou »

La femme revient avec son panier chargé de courses et rentre dans sa maison comme elle le fait chaque jour, en saluant poliment ses voisins au passage.

Une fois la porte refermée soigneusement, elle s’empresse de rejoindre l’étage et entre dans une des chambres où un homme discute avec Joseph.

Les deux hommes se tournent vers elle, le visage interrogateur et c’est avec un visible soulagement, qu’ils la voient hocher positivement la tête et sortir un paquet de dessous ses légumes.

Un tampon sur le paquet ainsi qu’une deuxième couche de papier collant le refermant, prouve qu’il a eu droit à une fouille à son entrée en douane mais que rien de spécial n’y a été remarqué.

2eme ANNEE avant Pâques : (06/25) (Moscou) (Joseph) (fin)

Une fois ouvert, celui-ci révèle un nécessaire de peintre neuf avec les additifs nécessaires pour leurs utilisations.

Pendant que Joseph ouvre la palette, l’homme sépare avec précaution les deux couches d’épaisseur du carton et en sort un document d’identité où il ne manque plus qu’une photo pour le rendre parfaitement légal.

Les instructions également cachées dans l’épaisseur du carton sont très claires, il ne faut que quelques minutes à Joseph pour que tout soit prêt et qu’il s’inocule le produit d’un blanc laiteux en intramusculaire, ils ne leurs restent plus maintenant qu’à attendre l’effet annoncé et c’est avec des regards impressionnés que le couple assiste au changement de couleur de leur compagnon, qui du noir le plus pur devient marron clair conformément aux papiers d’identité qui le donne comme originaire d’un des territoires outre-mer de l’état Français.

Y rajouter une photo sur le visa n’est pour eux qu’un jeu d’enfant et c’est avec assurance que quelques heures plus tard, Joseph se présente au contrôle de l’aéroport avec juste une mallette contenant quelques vêtements de rechange et les contrats qu’il était censé venir négocier avec plusieurs commerçants de la région.

Les policiers et douaniers en plus grands nombres qu’à l’habitude, ne lui jettent qu’un bref coup d’œil démontrant ainsi qu’ils cherchent bien quelqu’un en particulier et son visa est très rapidement muni du tampon nécessaire à son autorisation de sortie du pays, ce n’est qu’une fois dans les airs que Joseph commence à se détendre et qu’il peut enfin respirer plus librement.

***/***

« Kremlin quelques heures plus tard. »

Vladimir depuis qu’il est rentré ne cache pas sa mauvaise humeur devant Igor.

- Tu as perdu la tête ou quoi !! Qui t’a autorisé à prendre une telle décision ? Cet homme n’a fait que son travail et plutôt bien d’ailleurs !!

Igor est blanc comme un linge et n’en mène pas large.

- Mais je pensais que…

- Idiot !!! Tu n’es qu’un sombre idiot !! Il aurait pu m’être encore utile et voilà qu’à cause de toi, nous risquons de nous en faire un ennemi !! Mais qu’est ce qui t’a pris de prendre une initiative manquant autant de jugement ?

- Il m’a semblé que c’était le bon choix monsieur, cet homme est trop habile et aurait pu se retourner contre nous, je n’ai jamais fait confiance dans des personnes comme lui qui se vendent aux plus offrants.

Vladimir le fusille du regard.

- T’a-t-il dit quelque chose dans ce sens ? Non ? Sa réputation parle pour lui pourtant !! Crois-tu vraiment qu’il trouverait quelqu’un qui l’emploie, s’il devait révéler ses contrats au premier venu ? Cet homme travaille pour l’argent, il s’est forgé sa réputation justement sur son silence et toi imbécile que tu es, tu as voulu le supprimer. Imagine si ce genre de choses s’ébruite, plus personne n’aura confiance de travailler avec nous et nos indics vont y regarder à deux fois avant de nous ramener des informations, s’ils craignent pour leurs vies après coup.

- (Igor dépité) Je n’avais pas pris ses éléments en compte monsieur.

- Tu sais ce qu’il te reste à faire maintenant j’espère ?

- Monsieur ?

- Tu retrouves sa trace et tu lui proposes une nouvelle mission, après tout il n’a pas de preuves sur les intentions que tu as eu à son sujet et c’est juste sur un doute je pense, qu’il a agi comme il l’a fait. Peut-être même agit-il ainsi à chaque fois pour éviter toute possibilité que ça lui arrive, cet homme est vraiment très fort et rien que le fait de nous avoir échappé malgré son physique en est une preuve.

- Il est peut-être simplement encore caché quelque part.

Vladimir visiblement exécré par la bêtise de cet homme qu’il a mis à la tête de son service d’espionnage.

- Il est loin tu veux dire !! J’en mettrais ma main à couper, il doit bien y avoir un moyen pour le contacter !! Trouve le et fait en sorte qu’il n’ait aucune suspicion sur ce que tu lui avais réservé, j’aurais sûrement encore besoin de ses services et les hommes comme lui sont rares.

***/***

« Aéroport Charles de Gaule, quelques heures plus tard »

Joseph sort de la boutique et insère la carte sim dans son nouveau portable, il appelle ensuite celui qui l’emploie depuis toutes ses années et qui lui a prouvé une fois de plus qu’il pouvait compter sur lui en cas de coup dur.

- Allô votre altesse ! C’est Joseph.

- ………….

- Ça a marché oui et je vous remercie d’être intervenu aussi rapidement.

- …………..

Joseph éclate de rire.

- Même mes parents ne me reconnaitraient pas votre altesse ! Hi ! Hi ! Je ne savais pas qu’un tel produit existait.

- ………….

- (Joseph sidéré) Décidemment ce garçon est vraiment quelqu’un de spécial.

- ………..

- Je suis encore à l’aéroport de Roissy votre altesse.

- ……….

- Entendu votre altesse, je vais aller de ce pas me faire connaitre de leur représentant.

- ……….

Joseph sourit de joie.

- Avec plaisir votre altesse, j’attendais ce moment de le rencontrer depuis mon retour d’Afrique.

2eme ANNEE avant Pâques : (07/25) (Aix) (Quinzième jour) (Départ)

Le déjeuner ce jour-là est beaucoup moins gai qu’à l’habitude, ce qui est bien compréhensible puisque beaucoup repartent pour passer le réveillon du jour de l’an en famille ou du moins avec d’autres personnes que la bande.

Carole, Sébastien, Sylvain et Flavien, sont invités chez les parents des jumeaux qui n’attendent que de faire connaissance d’avec leur futur gendre et qui ont longuement insisté pour qu’il accepte, alors que Flavien aurait certainement préféré fêter l’année nouvelle avec ses parents et son petit frère.

Marc et Sébastien repartent avec Arnault et Alexie chez les parents de ce dernier, mais repartiront dès le lendemain pour rendre visite aux parents d’Arnault et surtout leurs expliquer les changements récents dans la vie des quatre garçons.

Les Viala restent à Aix avec Mireille, les trois frères n’étant pas vraiment partant pour quitter leurs chéris respectifs alors qu’ils peuvent pendant encore quelques jours profiter d’eux.

Anthony repart avec son frère, Alice, Rémi et ses deux copains Rémois qui sont restés quelques jours de plus que prévus, tellement l’ambiance et le dépaysement leurs ont plu.

Alice tient à annoncer la bonne nouvelle de sa demande en fiançailles à ses parents et leur présenter Anthony, Rémi profitant de la situation pour annoncer sa liaison avec Baptiste en souhaitant intérieurement que tout se passe au mieux pour lui.

Chan et son chéri rentrent à Paris eux aussi, les parents de Chan souhaitant passer un peu de temps avec leur fils et son ami, alors qu’ils sont encore en France.

Le trio ainsi que Maxime et Julien repartent ensemble pour Reims, la reprise du travail pour eux se faisant le deux janvier, ils ont réservé une table pour le réveillon et comptent bien passer la soirée ensemble.

Les affaires de son père se concentrant plus particulièrement sur Paris, Erwan repart avec ses parents et la petite Coralie qui vient d’être officiellement adopté par la famille et qui va passer le réveillon dans sa nouvelle maison.

Ramirez et lui se sont mis d’accord pour se voir le plus souvent possible et le jeune saltimbanque viendra à Paris chez les Désmaré passer l’hivernage du cirque qui débute dans quelques semaines, laissant ses chevaux à son oncle qui s’est gentiment proposé de s’en occuper et de les faire travailler un minimum pour ne pas qu’ils fassent du lard.

Mélanie et Ludovic repartent avec Dorian et Gérôme, qui eux aussi rentrent à Reims et feront un arrêt pour déposer le petit garçon chez ses parents, ils doivent mettre en place les dispositifs de protections que le retour de Florian va nécessiter.

Florian et Thomas ont passé les dernières soirées avec Éric et Raphaël et apparemment aux vues de leurs états manifestes de fatigue, ont largement profité de leurs deux amis qu’ils ne verront plus du moins pour Florian qu’avant quelques mois qui vont leurs sembler des années.

Yuan et Patricia retournent eux aussi à Paris où la jeune femme va passer les quelques jours qui lui restent avant la reprise de ses cours et de ses vacations au CHU, Ming devant rentrer en Chine pour ses affaires.

La relative tristesse de ce dernier déjeuner tous ensemble est donc bien compréhensible et chacun se remplissant une dernière fois les yeux de ce lieu qui leur a fait passer des vacances de rêves malgré les quelques problèmes rencontrés, mais qu’ils ont tout aussi vite oubliés.

Thomas est content car il a réussi à négocier avec Franck qu’il passerait à l’agence de Paris les semaines où Florian sera à Begin, il n’y en a qu’une où il ne pourra pas y être pour cause de semaine tombant en période scolaire et il se rappelle très bien les yeux brillants de Yuan, quand il a compris ce que ça impliquait pour lui aussi de les avoir tous les deux chez lui.

C’est d’ailleurs une des raisons qui a poussé le jeune asiatique à ce qu’ils retrouvent leurs deux amis, en leurs faisant bien comprendre qu’il aurait tout le loisir d’être avec eux avant Pâques.

C’est donc en début d’après-midi que les premiers départs ont lieu et que lentement, le cirque se vide de ses invités en laissant les saltimbanques soudainement dépaysés de ne se retrouver qu’entre eux et ils restent un long moment les bras ballants, avant de se reprendre en entendant la ménagerie manifester son mécontentement d’être délaissé de la sorte.

Le père Antoine prépare également son retour avec Taha et organise avec Michel et Tony, les démarches administratives nécessaires pour le transfert de « Kinou ».

La cage restant au cirque pour recevoir les futures naissances dont le vétérinaire leur a annoncé la venue, ils font donc appel à une entreprise spécialisée pour prendre en charge et amener à destination la jeune panthère dans les meilleures conditions possibles.

Taha est heureux de rentrer dans sa tribu malgré qu’il se soit fait ici tout un tas d’amis, de savoir qu’ils seront certainement du voyage avec Florian dans quelques années quand le grand dispensaire sera construit le réjouit et du coup les adieux lui semblent moins difficiles.

2eme ANNEE avant Pâques : (08/25) (Aix) (Quinzième jour) (Résidence d’Hassan)

(Joseph)

Il n’a pas été difficile pour un homme comme Joseph de trouver la personne qu’il cherchait, ensuite quelques coups de téléphone pour confirmer la véracité de ses dires et en moins de temps qu’il n’en faut, il s’est reprouvé dans un TGV en partance pour Lyon où il a été ensuite pris en charge par un autre agent Français qui l’a mis dans un train pour Marseille, puis il fut conduit jusqu’à Aix en Provence par la limousine d’Hassan dont le chauffeur l’attendait à sa sortie du train.

Hassan entend le crissement des pneus sur le gravier, il va à la fenêtre pour en regarder sortir celui qui vient de braver tous les dangers pour réussir sa mission et l’aider à mettre en place ce canular pour la sécurité de Florian.

L’intendant de la résidence accourt pour recevoir l’homme que son prince attend et l’emmène aussitôt dans les appartements qui lui ont été préparé, en lui signifiant que son altesse le recevrait dès qu’il se sentirait remis de son long voyage.

Joseph apprécie comme il se doit l’hospitalité que lui donne l’émir, surtout le fait qu’il lui laisse le temps de se reposer avant l’entretien et Joseph ne doute pas un instant qu’il doit être attendu avec beaucoup d’impatience par Hassan.

L’appartement où il est conduit est immense, une femme de chambre termine de préparer la chambre pendant qu’il visite le reste des pièces et elle le quitte en gloussant quand il la complimente sur sa beauté.

Il ferait bien une petite sieste tellement le grand lit le tente, mais ce serait faire attendre Hassan et Joseph préfère remettre ça à après la discussion, se contentant d’une bonne douche et de vêtements propres.

Il va pour sortir de sa suite et a à peine entrouvert sa porte qu’une voix jeune et rieuse, le fait se figer par un réflexe dû sans doute à sa profession et tendre l’oreille pour essayer de mieux entendre.

- Tu vas où « Chri » ???

- Chercher un tube de crème dans ma chambre !!! L’autre est vide !!!

- (Un rire) T’as oublié de dire votre altesse !!!

- Il n’y a personne à cette heure de toute façon.

- Tu sais ce que t’a dit mon père !!

- Je sais, t’inquiète mon gros !! Je te promets de faire attention à l’avenir.

Une porte claque, Joseph en profite pour sortir et s’éloigner, cette conversation qu’il vient de surprendre mais surtout le ton employé par les deux garçons, démontre une grande complicité voir même davantage et Joseph n’est pas loin de penser à ce que pourrait être ce davantage.

Oubliant pour l’instant ce qu’il vient d’entendre, il descend rapidement jusqu’au hall où il se renseigne auprès d’une personne qu’il croise pour qu’on lui indique où se trouve le bureau de prince.

- Vous avez rendez-vous avec son altesse ?

- Je suis attendu, oui.

- Qui dois-je annoncer ?

- Dites à son altesse que Joseph attend son bon vouloir.

- Veuillez patienter un instant je vous prie.

L’homme s’éloigne, traverse un couloir et frappe à une des deux portes le terminant.

« Toc ! Toc ! »

Hassan relève la tête de sa lecture.

- Oui !!

Le domestique ouvre et entre dans le bureau.

- Un certain Joseph désire voir votre altesse.

Hassan visiblement surpris.

- Déjà !! Très bien, faites le venir et prévenez Omar qu’il nous rejoigne.

- Bien votre altesse.

L’homme va pour sortir quand Hassan le rappelle.

- Un instant !! Prévenez également mon fils que j’ai demandé à ses amis de venir nous rendre visite et qu’ils ne devraient plus tarder, dites-lui également que son oncle Youssef l’autorise à faire quelques pas dans l’enceinte de la résidence et qu’il pourra ainsi nous rejoindre s’il s’en sent la force.

- Bien votre altesse, puis je demander à votre altesse qui sont les visiteurs annoncés ? Ça me permettra de les faire venir directement auprès de votre altesse sans les faire attendre.

- (Hassan) Vous saurez tout de suite qui ils sont en les voyant, de plus je n’attends personne d’autre ce soir.

- Bien votre altesse.

L’homme referme la porte du bureau derrière lui et reste un instant planté dans le couloir en se demandant bien ce que signifient les paroles du prince, comment pourrait-il savoir tout de suite qui sont ces personnes alors qu’il ne les a jamais rencontrés ? Décidemment pense-t-il, son prince est vraiment devenu bizarre depuis qu’il est arrivé.

Il se reprend, puis soupire en traversant le couloir pour exécuter les ordres qu’il a reçu.

2eme ANNEE avant Pâques : (09/25) (Aix) (Quinzième jour) (Luka)

« Plus tôt dans la matinée »

Raymond Baltot entre dans le commissariat, où il est salué par les personnes ayant pris l’habitude de le voir passer chaque matin depuis plusieurs jours et connaissant sa fonction parmi eux.

Il répond une nouvelle fois à une convocation de son « patron » pour cette affaire et il se demande ce qu’il va encore bien apprendre cette fois ci, déjà que ce qu’il en sait le perturbe suffisamment quant aux implications que cela suppose.

Il a passé une grande partie de la journée d’hier comme celles d'avant d'ailleurs, auprès du jeune Luka et n’en revient toujours pas de sa rémission extraordinaire alors que quelques jours plus tôt, personne n’aurait donné cher de sa vie.

Les renseignements qu’il reçoit de Paris confortent la thèse qui est celle de Maurice Désmaré, quand il affirme que l’agression du jeune homme n’avait pour but que de prendre son identité et après vérification de sa part, force est de constater qu’il y a bien quelqu’un se faisant passer pour lui qui occupe son appartement.

Cela ne tiendrait qu’à lui, il y a longtemps qu’il aurait fait enfermer ce criminel et qu’il lui aurait fait payer à sa façon tout le mal qu’il a fait endurer à Luka.

Rien qu’à cette pensée, son estomac comme à chaque fois se noue et une énorme colère le fait trembler de la tête aux pieds, pourquoi ? Il n’en a pas consciemment la réponse mais ce qui est sûr, c’est qu’il ne pense plus qu’à ça depuis qu’il a vu pour la première fois Luka sur son lit d’hôpital.

***/***

« Dans le bureau provisoire de Maurice, une conversation se poursuit depuis quelques temps déjà. »

- Il ne va pas comprendre, vous auriez pu le prévenir quand même.

- Je l’ai mis sur la piste pourtant, mais tu dois bien comprendre que tout ceci n’est pas évident et que pour beaucoup, pour ne pas dire pour tous, cela semble impossible.

- J’ai moi-même du mal à y croire et il m’arrive même de penser que ses photos ne sont pas les miennes, tellement ce que ça implique est difficile à imaginer.

- N’oublies pas ce que tu nous as promis Luka !! Il en va de la sécurité de Florian et si quelqu’un découvre un jour ce qu’il t’a fait…..

- Qui est-il en réalité ? Personne n’a ce pouvoir, il n’y a que dans les films qu’on voit des choses pareilles !!

- Sache juste que Florian est particulier, qu’il n’est pas entièrement comme nous.

Luka fixe Maurice intensément.

- Que voulez-vous dire par « pas comme nous » ?

- Moins tu en sauras sur lui et moins tu risqueras d’en dire trop, sache juste qu’il t’a guéri et que tu lui dois beaucoup, ça devrait te suffire pour nous aider à garder son secret.

- Et pour Raymond ?

- (Maurice) Tiens donc !! C’est Raymond maintenant ?

Luka rougit jusqu’aux oreilles.

- Je voulais dire l’inspecteur Baltot, comment allez-vous lui expliquer que la personne qu’il va avoir devant les yeux en entrant dans ce bureau est la même que celle qui a été prise en photo ?

- Nous verrons bien suivant ses réactions, il n’était pas prévu que cet homme soit aussi impliqué et je trouve même bizarre qu’il ait pris tant à cœur son travail, d’autres que lui se seraient contentés d’une enquête de routine en faisant simplement leur job.

Maurice hésite un instant avant de reprendre le fil de sa pensée.

- C’est comme s’il en faisait une affaire personnelle, vous n’êtes pourtant pas apparentés il me semble ? À moins que….

Maurice secoue la tête.

- Mais cette idée est évidemment absurde de ma part !!!

Luka a la gorge sèche.

- A quoi pensez-vous ?

- (Maurice) Il ne t’a jamais vu en dehors de tous ses pansements qui te couvraient quasiment la totalité du corps et ce qu’il me vient à l’esprit ne peut être sa motivation, ou alors c’est vraiment plus fort et dans ce cas je le plains.

- Pourquoi donc ?

Maurice fixe le jeune homme qui attend avidement qu’il parle.

- Parce que ce ne sera forcément pas réciproque et qu’il ne mérite certainement pas de souffrir à cause de ça.

- Vous pensez qu’il éprouve quelque chose pour moi ?

- Ça m’en a tout l’air mon garçon et comme en plus il croit que tu vas rester défiguré à vie, je pense que ce qu’il ressent envers toi est vraiment quelque chose de peu commun. J’ai bien peur que ta guérison miraculeuse ne le fasse s’éloigner de toi et qu’il n’en sortira pas indemne sentimentalement parlant.

Luka devient blanc cette fois ci.

- Je ne comprends plus rien !! Pourquoi s’éloignerait-il de moi si je vais bien et qu’il éprouve quelque chose ?

- Parce que c’est sans contexte un homme intelligent et qu’il ne voudra pas être une entrave à ta jeunesse, tu comprends ?

- Pas vraiment, non !!

- Le contraire m’aurait étonné !!

- Vous pouvez développer votre pensée ?

- Cette conversation m’a l’air de t’intéresser ?

- C’est cette histoire d’entrave que je ne comprends pas dans votre raisonnement quoique vos suppositions me semblent quand même tirées par les cheveux, comme par exemple qu’est ce qui pourrait attirer quelqu’un avec un corps et un visage ravagé et le repousser quand celui-ci est normal ?

2eme ANNEE avant Pâques : (10/25) (Aix) (Quinzième jour) (Luka) (fin)

- Toi infirme, il avait une chance de te garder alors que maintenant c’est une autre histoire, la différence d’âge mon garçon !! Voilà la chose qui le fera s’éloigner de toi et te laisser faire ta vie au détriment de la sienne. Mais bien sûr tout cela n’est que du conditionnel et certainement une pure fiction de ma part, il y a sans doute beaucoup d’autres raisons qui font qu’il soit comme ça. C’est peut-être un homme pour qui son métier signifie quelque chose et qui va jusqu’au bout de ce qu’il entreprend, ou encore te considère-t-il comme un fils et que cette fois c’est son instinct paternel qui le pousse, tu vois !! Il y a tellement de possibilités, que je ne comprends même pas que la première qui me soit venue ait été de cet ordre. Sans doute est-ce dû à la semaine que je viens de vivre parmi des couples de jeunes particulièrement attachants ou encore du CO de mon fils qui nous a présenté son ami, va savoir !!!

- Vous avez sans doute raison, il y a tellement de possibilités pour qu’il soit aussi attentionné envers moi. Sachez simplement que cette histoire d’âge à mon sens ne tient pas debout et j’ai eu moi-même dans mes connaissances, des couples ayant encore plus d’années d’écart que nous en avons et qui le vivent très bien.

- Tu sembles déçu ?

- Pourquoi me dites-vous ça ?

- (Maurice) Une impression peut être !! Tu sais mon garçon !! Je pense connaitre suffisamment les gens de par mes années de métier, pour voir certaines choses avant qu’elles n’arrivent.

- (Luka) Vous aviez aussi ressenti ça à l’avance pour votre fils ?

- (Maurice) Là, tu marques un point mon garçon ! Hi ! Hi ! Mais c’est bien connu que les parents sont les derniers à s’apercevoir de quoi que ce soit quand il s’agit de leurs enfants. J’ai l’impression que tu as lancé ça pour éviter de me répondre.

- Pourquoi serais-je déçu ?

- C’est moi qui te poses la question il me semble ?

- Je suis arrivé très jeune dans ce pays vous savez !! Mes parents sont morts et j’ai été élevé par ma grand-mère, mon oncle Nicolaï malgré tout ce qu’il y aurait à dire sur lui, ne m’a jamais laissé tomber et a pourvu à mes besoins sans que je ne lui réclame jamais rien, en fait je crois qu’il m’aimait beaucoup.

- Je connais tout ça mon garçon et je comprends que ça a dû être très dur pour toi.

- Même pas en fait, ma grand-mère m’a donné tout l’amour auquel j’avais besoin et ce n’est qu’à son décès que j’ai commencé à vraiment me sentir seul, maintenant mon oncle et sa famille eux aussi ont disparu et j’en étais là quand tout cette histoire est arrivée, me demandant comment j’allais faire maintenant. Trouver un travail et poursuivre mes études sans doute, puis vous êtes tous apparus dans ma vie et Raymond.

Luka sourit.

- Oui, j’ai bien dit Raymond et non l’inspecteur Baltot !! Quand Raymond donc est arrivé et je me suis tout de suite senti bien avec lui, il a instantanément été à l’écoute et sa présence m’a fait oublier la solitude et la tristesse qui commençait à me peser avant mon agression. Maintenant il est bien trop tôt pour dire ce que je ressens vraiment pour lui mais je serais déjà bien heureux si nous pouvions être amis.

Maurice commence à ressentir l’émotion émanant du garçon.

- Vous l’êtes déjà j’en suis sûr Luka et moi ainsi que ma famille serions très heureux si tu voulais nous rendre visite et rester en contact avec nous, la solitude à n’importe quel âge est un fardeau que je ne souhaite à personne.

Luka sent les tremblements qui lui viennent dans tout le corps en entendant ses paroles sorties du cœur et ses yeux se couvrent d’humidité, quand sa voix qu’il n’arrive plus à contrôler répond en chevrotant d’émotions mal contenues.

- Merci, je pense que cette épreuve m’a apporté au moins quelque chose de bien et je n’oublierai pas ni vos paroles, ni votre invitation.

- Elles sont sincères mon garçon, sache que pour moi aussi beaucoup de choses ont changés depuis ses derniers évènements. Mon travail jusqu’alors me prenait toute mon énergie et mon temps, ma famille m’a toujours soutenu au détriment je m’en rends compte maintenant de leurs propres besoins de m’avoir plus présent et j’ai bien l’intention de lui réserver à l’avenir une plus grande place auprès de moi, ainsi qu’à mes amis.

***/***

C’est à ce moment que Raymond arrive devant la porte du bureau et se libère également de ses pensées empruntes de trop de questions existentielles sur sa vie, sa solitude, son métier et …Luka….

Il redevient alors par un effort de volonté, l’inspecteur de police Baltot qui a un rendez-vous professionnel et qui doit mener à bien jusqu’à son terme cette affaire qu’on lui a confiée.

Il frappe à la porte pour s’annoncer, attend d’être invité à entrer et une fois chose faite, pénètre dans la pièce où Maurice assis à son bureau lui sourit en guise de bienvenue.

Il voit bien qu’une autre personne est également présente, assise elle aussi et lui tournant le dos, quelque chose d’indéfinissable lui serre la poitrine quand le jeune homme tourne la tête en souriant également les yeux brillants du plaisir de le voir.

- Bonjour Raymond !!

L’inspecteur se fige, son regard fixé sur les yeux noisette et les lèvres purpurines qu’il reconnait aussitôt, même si son cerveau lui dit qu’il se trompe et que ça ne peut pas être lui, que ce n’est juste que… pas possible.

- Luka !!!

2eme ANNEE avant Pâques : (11/25) (Aix) (Quinzième jour) (Résidence d’Hassan)

(Joseph)

Hassan en plisse les yeux en se retenant de rire, même si l’envie s’en fait expressément sentir à la vue de l’homme qui se tient debout en attendant qu’il l’autorise à s’asseoir.

Joseph comprend parfaitement les grimaces du prince qui s’efforce ainsi à garder son sérieux, il sourit en se souvenant de ses premières impressions quand il s’est vu dans un miroir et ne s’offusque absolument pas de la réaction du prince depuis qu’il est entré dans son bureau.

- J’ai conscience votre altesse que mon apparence que j’espère provisoire puisse prêter à étonnement, voir même à sourire.

- Cette couleur vous va très bien, toutefois je vous avoue que c’est des plus surprenants. Quant à la durée qu’aura l’effet du produit, vous pourrez poser la question directement à celui qui en est l’instigateur et qui ne devrait plus tarder à arriver. Mais je vous en prie, asseyez-vous !! Nous avons à parler longuement.

Joseph ne se le fait pas répéter deux fois et s’installe dans un des fauteuils en cuir sur lequel il louchait depuis son arrivée.

Hassan quitte son bureau et vient s’asseoir en face de lui pour pouvoir converser plus confortablement.

- Déjà, je tiens à vous féliciter encore une fois pour votre habileté et votre fidélité envers l’émirat.

- Il ne saurait en être autrement votre altesse, vous connaissez mon attachement à ce pays qui nous a recueilli mes parents et moi, quand notre vie était en grave danger lors des guerres ethniques qui ravageaient notre région.

- Je ne peux également que m’en féliciter, beaucoup m’envieraient d’avoir un agent tel que vous s’ils savaient seulement que vous existiez. Mais trêve de politesses, même si elles sont sincères et venant s’en aux résultats de votre mission, passons sur les choses connues et préoccupons-nous que de ce qu’il risque encore de se produire.

- Poutine est un homme étrange, il est roublard, cruel, mais malgré ça il reste quelqu’un de très intelligent et ne s’en laissera pas compter aussi facilement sans preuves irréfutables.

- Mais a-t-il réellement cru à cette histoire que nous avons montée ?

- J’en suis persuadé et en cela fortement aider par son nouveau directeur des renseignements qui avait déjà envisagé cette hypothèse.

- Malgré tout, il veut toujours rencontrer Florian ?

- En effet votre altesse, mais je pense que son but n’est plus le même. Il ne convoite plus de s’en emparer à ses propres fins, mais il reste une immense curiosité que j’ai pu lire dans ses yeux pendant que nous parlions de ce garçon. Si je peux me permettre votre altesse, j’avoue que pour moi aussi cette curiosité me ronge. J’ai entendu trop de choses à son sujet, des choses invraisemblables pour certaines mais où j’ai senti les personnes qui en parlaient tellement convaincues que ça m’interpelle vous comprenez ? - (Hassan) Vous ne feriez pas ce métier si ce n’était pas le cas, mais vous allez bientôt faire sa connaissance et je vous prédis sans trop m’avancer, que ça va vous marquer pour longtemps. Revenons plutôt à l’objet de notre entrevue, qu’avez-vous d’autre à me dire ?

- J’ai fait passer le message pour Kyoto, c’est d’ailleurs suite à cette dernière entrevue que j’ai ressenti ce danger pour ma vie et que j’ai demandé de l’aide, d’ailleurs à ce sujet je me sens redevable envers votre altesse.

- Bah !! C’est tout à fait normal !! Mais poursuivez votre rapport.

- Il reste encore une vingtaine d’agents infiltrés Russe ou travaillant pour eux sur le sol Français, exactement vingt et un.

- Avez-vous pu les situer ?

- Je n’ai pas eu beaucoup de temps, mais je pense pouvoir en indiquer leurs zones de couvertures. Par contre je connais plus précisément où agissent trois d’entre eux, il me faudrait une carte de la ville de Paris pour vous indiquer où ils sont exactement.

- C’est déjà très bien en si peu de temps, je ne peux que vous féliciter une nouvelle fois. Nous verrons au plus tôt à porter ses informations à qui de droit et je suis certain qu’il sera apte à les utiliser. Je ferai virer au plus vite votre salaire que vous avez amplement mérité.

- Merci votre altesse !!

- J’aurais autre chose à vous confier, après je pense les quelques jours de congé auxquels vous avez grandement besoin.

- Puis-je en savoir plus sur cette mission ?

- Elle sera simple !! Je dois bientôt repartir, les affaires de l’émirat me réclament et je me suis déjà beaucoup trop absenté, mon fils restera encore quelques semaines avant d’être autorisé à pouvoir prendre un avion.

- Je serai honoré de surveiller à ce qu’il ne lui arrive rien pendant le reste de son séjour ici votre altesse.

- Merci mais ce n’est pas le but de cette mission, Amid a déjà son service de surveillance et je ne pense pas qu’il craigne quoi que ce soit dans ce pays ami.

- (Joseph) Quelle sera cette mission alors ?

- Je vous l’expliquerai plus en détail plus tard mais sachez toutefois qu’il s’agira d’aider à ce qu’un certain projet puisse se réaliser en faisant en sorte de faire disparaitre les obstacles qui pourraient le ralentir.

- Où doit se réaliser ce projet votre altesse ?

- En Afrique !! Plus précisément à l’endroit où se trouve actuellement le dispensaire du père Antoine, le père sera bien sûr au courant puisque vous serez là-bas pour l’aider, réfléchissez y car cette mission devrait prendre plusieurs années, quatre au maximum. Bien sur votre prix sera le mien ainsi qu’un bonus non négligeable à chaque trimestre de temps gagné sur les délais.

- Quand devrais-je vous donnez ma réponse votre altesse ?

Hassan réfléchit à tout ce qu’il en connait avant de répondre.

- Je pense que cela devrait débuter dans les prochains mois, cela vous laisse donc disons…. Un mois pour me donner votre réponse, d’ici là je vous aurai donné tous les éléments nécessaires pour que vous compreniez ce que j’attends exactement de vous.

- Entendu votre altesse mais je me dois d’être honnête avec vous, que si j’accepte ce contrat se sera le dernier avant que je quitte la profession.

Hassan sourit et lui répond de façon énigmatique qui laisse Joseph songeur.

- Croyez-vous que je n’en étais pas conscient ?

2eme ANNEE avant Pâques : (12/25) (CHU) (Les problèmes d’André)

« L’avant-veille dans la journée »

Robert Mercier est devenu depuis quelques jours un homme fortement préoccupé.

L’hôpital comme tout lieu où travaillent ensemble un nombre conséquent de personnes et ce vingt-quatre heures sur vingt-quatre, a sa vie propre que chacun aime à reconnaitre et quand quelque chose si infime soit il perturbe le bon ordre établi, la machine grince et l’ambiance générale se porte alors de plus en plus mal.

La rumeur grandit depuis un moment déjà sur un éminent chirurgien de l’établissement qui serait de plus en plus « négligeant » voir même « dangereux » dans ses actes, restant parfois dans de longues phases d’indécisions aux moments bien sûr les moins opportuns et avec les risques intrinsèques qui en découlent quant à la sécurité du patient qu’il opère.

Le directeur du CHU a donc convoqué en faisant suite à ses rumeurs de plus en plus persistantes, les responsables de services afin de connaitre leurs opinions sur les suites à donner s’il doit y en avoir.

Robert les attend donc ce jour-là avec le front soucieux d’avoir à prendre une décision disciplinaire à l’encontre d’un ami de longue date, il ne pourra en être autrement s’il s’avère que les bruits sont fondés mais il ne s’y résoudra qu’avec l’aval de ses collègues.

Ils arrivent tous seuls ou à plusieurs, la mine préoccupée par les événements récents qui ont fait l’objet de cette convocation.

Robert une fois qu’il constate la présence de tous, prend la parole d’un ton qui dénote bien de l’aspect inhabituel de cette convocation.

- Messieurs !! Depuis plusieurs jours, j’entends dire des choses qui m’interpellent !! Elles concernent notre collègue et ami André Bastien, responsable du service neurologique et jusqu’alors exempt de toutes critiques. Mon intention bien sûr et c’est le but de cette réunion, est d’apprendre le fin mot de ses rumeurs et surtout de savoir si elles sont fondées, auquel cas je me devrais d’intervenir.

Denis le père de Julien.

- J’allais venir t’en parler !! D’après mes sources, ses rumeurs seraient justifiées.

- (René) J’en entends régulièrement parler moi aussi et la première fois, j’ai appris que c’est grâce à l’intervention de Florian si le patient en a réchappé.

- (Robert) C’est Florian qui t’en a parlé ?

René en souriant malgré tout.

- Non !! C’est une des membres de l’équipe d'André qui m’en a touché deux mots en sortant du bloc, pour « Flo » tout allait aux petits oignons comme il dit.

Suis alors tout un tas d’histoires survenues aux fils de ces derniers jours, tous ayant à un moment ou un autre entendu ou constaté un problème dans le comportement du chirurgien.

Anodins voir amusants pour certains, mais qui mis bout à bout commence à faire beaucoup et surtout, à les inquiéter sérieusement.

- (Robert) Il me va donc falloir lui parler !!

- (René) Je pense qu’il serait judicieux de lui faire passer quelques examens, jusque-là André a toujours pratiqué sans qu’aucun reproche ne lui soit fait et je trouve quand même bizarre que tout se déclenche d’un coup, comme ça sans raisons.

- (Jordan) Il a peut-être un problème familial ou autre qu’il garderait pour lui, qui le rendrait moins attentif à son travail !

- (Denis) C’est une possibilité en effet mais pour ma part, je penche plutôt vers un souci de santé. Je connais assez bien sa famille et je suis certain que cela ne vient pas de là, quand à ce que ce soit un autre facteur extérieur ? Connaissant André ? Je n’y crois pas non plus.

Robert écoute tout avec attention.

- Tu as raison René !! Je vais le convoquer pour lui expliquer tout ce que nous venons de dire et si ça ne te fait rien de t’en occuper, j’aimerais que ce soit toi qui lui fasse passer les examens. Nous nous reverrons après coup.

Constatant que tout le monde semble d’accord, Robert clôt la séance et s’empresse de ce pas à aller persuader son ami pour qu’il accepte leurs demandes.

***/***

« Retour au présent »

Robert signe avec lassitude et ennuie les éternelles paperasseries administratives qu’il ne peut pas se décharger sur sa secrétaire.

« Toc ! Toc ! Toc ! »

- Oui !! Entrez !!

2eme ANNEE avant Pâques : (13/25) (CHU) (Les problèmes d’André) (fin)

René accompagné de Denis entre alors dans le bureau, la mine sombre des mauvais jours.

Robert comprend tout de suite la raison de leur visite.

- Alors !!!

René lui tend son rapport médical.

- C’est bien ce que je pensais !!

Robert prend le document, la main tremblante.

- C’est grave ?

- (René) Je crains bien que oui et qu’il doive immédiatement cesser toutes activités professionnelles !!

Robert parcourt rapidement le rapport et reprend ensuite la parole d’une voix blanche.

- Vous êtes sur ??

- (René) Hélas oui !! Nous allons encore vérifier quelques points mais je ne pense pas m’être trompé, il va falloir également prévenir sa famille pour qu’ils se préparent.

Denis est encore perturbé d’avoir appris quelques temps plus tôt la nouvelle et comme l’amitié qu’il porte à André n’est plus à prouver.

- Je ferai tout mon possible pour retarder l’échéance, mais les recherches actuelles n’avancent pas vite sur cette maladie, tout juste pouvons-nous en retarder les effets trop marqués.

- (Robert) Refaites les examens, il faut être certain que c’est bien d’Alzheimer qu’il s’agit. Il y a d’autres possibilités et je ne voudrais pas affoler tout le monde s’il s’avère que ce n’est pas de ça qu’il souffre.

- (Denis) Je connais bien cette maladie pour avoir dans mon service plusieurs patients qui en sont atteints et crois-moi, malgré toute l’envie que j’ai de dire le contraire, c’est bien de cette saloperie que nous parlons.

- (René) Maintenant il n’en est qu’au début et si nous lui donnons le bon traitement, il devrait encore pouvoir vivre assez normalement durant quelques années.

- (Robert) Son métier est toute sa vie, lui interdire de l’exercer ne va pas aider à ce qu’il aille bien.

- (René) Peut être pourrions-nous attendre encore un peu avant de prendre une telle décision ?

- (Robert) Et mettre la vie de personnes en danger ? Tu n’y penses pas sérieusement quand même ?

René qui a de toute évidence une idée en tête.

- Nous pourrions le mettre en inaptitude temporaire le temps de faire vérifier mon diagnostique par « qui tu sais », vous m’avez l’air de tous avoir oublié qu’il existe ?

Denis prend René dans ses bras à la plus grande surprise des deux autres hommes.

- Faut que je t’embrasse toi !!! Comment n’y ai-je pas pensé !!

- (René) Oups !! Du calme !! Si ta femme te voyait tu imagines ?

Robert retrouvant également le sourire.

- La semaine prochaine Florian sera là et nous verrons avec lui s’il peut faire quelque chose, en attendant je vais faire comme René vient de nous le conseiller et je vais mettre André en arrêt maladie après lui avoir expliqué mes raisons.

- (Denis) Tu ne vas pas lui parler d’Alzheimer quand même ?

- Pas pour l’instant, non !! J’attendrais d’avoir discuté avec « Flo » avant de prendre ce genre de décision.

- (Denis) Tu pourrais peut-être l’appeler et lui en toucher deux mots ?

- (Robert) Nous ne sommes pas à quelques jours près, laissons-le terminer tranquillement ses vacances. En attendant par contre, rien ne t’empêche de lui préparer un dossier sur tout ce qui est connu sur cette maladie, je ne doute pas un instant que ça lui sera utile.

- (René) Ce serait étonnant qu’il n’en sache pas déjà tout ce qu’il y a dans tes bouquins, mais ça ne coute rien de lui préparer ça pour le cas où.

Les trois hommes discutent encore un moment, avant que deux d’entre eux ressortent du bureau le visage complètement différend qu’à leurs entrées.

Denis rentre chez lui visiblement soulagé, ce que ne manque pas de remarquer sa femme qui s’active plus qu’à l’habitude dans sa cuisine.

- On dirait que ça va mieux à ton travail chéri ?

Denis sourit à sa femme.

- On peut dire ça oui !! En fait je suis soulagé d’un grand poids, mais dis-moi ? Nous attendons quelqu’un ce soir pour que ça sente déjà aussi bon ?

- (Simone) Il fallait que ton travail te perturbe vraiment pour que tu oublies quel jour nous sommes.

Denis regarde le calendrier.

- Je ne sais pas qui est le plus perturbé de nous deux chérie, le réveillon n’est que demain soir ! Hi ! Hi !

- Ah oui !!! Et c’est tout ce que tu as trouvé ? Tu te rappelles quand même que tu as un fils et un gendre ?

Denis percute enfin.

- Ils rentrent ce soir ?

- Exact !! Et comme ils n’auront pas le temps de faire des courses vu l’heure où ils vont arriver, ton fils m’a appelé et s’est invité avec « Maxou » parce que soit disant, la cuisine de « maman » lui manquait. Tu te rends compte depuis plus d’un mois qu’on ne les a pas vus !! J’espère qu’ils se sont bien remis de leur accident et qu’ils n’en garderont pas trop de séquelles. Julien n’a rien voulu me dire quand je lui ai posé la question et j’entendais Maxime se bidonner à côté de lui, tu ne trouves pas ça bizarre ? J’espère que ce n’est pas à cause du coup sur leur tête ?

- (Denis) Ca aura eu peut être un effet salutaire sur eux qui sait ! Hi ! Hi !

2eme ANNEE avant Pâques : (14/25) (Aix) (Quinzième jour) (Raymond)

Luka voit le trouble de Raymond et se lève rapidement pour lui prendre gentiment le bras afin de le faire asseoir à sa place, il prend ensuite un autre siège qu’il vient placer près de l'inspecteur pour y prendre place à son tour.

Raymond n’arrive pas à détacher son regard du jeune homme qui s’empresse autour de lui, il est exactement comme la photo qu’il n’a cessé de regarder depuis qu’il l’a imprimé.

Devant lui, il retrouve la même chevelure châtain clair un peu rebelle ainsi que le nez légèrement en trompette qui lui donne un air encore enfantin.

Ses yeux noisette bien sûr et sa bouche aux lèvres charnues, ou du moins qui devraient l’être car son passage dans le coma lui a émacié ses traits.

Aussi grand que lui, le mètre soixante-dix-sept et le corps musclé qui manque également des quelques kilos perdus depuis son agression.

Luka en est au même point de comparaison même s’il a eu plusieurs fois l’occasion de détaillé l’inspecteur, il le trouve particulièrement agréable à regarder avec ses cheveux bruns très courts piquetés de blanc, presque en brosse ainsi que ses yeux marrons pourtant des plus communs mais qui lui donne l’air si viril.

Une barbe de trois jours que l’inspecteur garde et taille depuis déjà plusieurs années, lui donne encore plus cet aspect masculin et sûr de lui, qui l’a impressionné la première fois qu’il l’a vu.

Maurice depuis que Raymond est entré, se contente d’observer avec un sourire en coin leurs comportements réciproques et a déjà rejeté dans sa tête plusieurs des options discutées juste avant pour rester indécis sur deux possibilités que leurs comportements depuis qu’ils sont devant lui, lui ont fait retenir.

Maintenant il ne serait pas plus étonné que ça d’apprendre très vite que sa première idée eu été la bonne, même s’il reste malgré tout une possibilité d’erreur de sa part.

Maurice les laisse encore un instant se dévisager à satiété, puis toussote discrètement pour les faire revenir à la raison de leurs présences dans son bureau.

- Hum !!! Je vois beaucoup d’incompréhension sur votre visage inspecteur, je vous y avais pourtant plus ou moins préparé il me semble ?

Raymond décroche avec difficulté ses yeux de ceux de Luka, pour se tourner enfin vers son interlocuteur.

- Pas à un tel miracle quand même !! Comment est-ce possible, il n’y a aucune cicatrice sur son visage !!

Luka précise gentiment.

- N’y ailleurs non plus rassure-toi.

- Mais !! Les photos ? Tous ses coups de couteau ? Toutes ses lacérations ? C’est impossible qu’il n’en reste rien !!!

- (Maurice) C’est pourtant le cas !! Comme c’est également le cas que Luka se trouve devant nous conscient et en parfaite santé. Maintenant j’espère que vous garderez cette information pour vous, officiellement l’inconnu trouvé par la police est décédé lors de son transfert à l’hôpital d’Aix en Provence. Heureusement l’identité de Luka a été préservée, ce qui a permis cette mise en scène. Seuls quelques personnes connaissent la réalité, il y a nous trois ainsi que quelques agents de mon service et bien sûr le jeune homme qui a permis ce miracle, avec ses amis qui ne le trahirons jamais soyez en sûr.

- Ça n’explique pas…

Il montre Luka.

- … cette guérison incroyable !!!

- (Luka) Tu aurais préféré que je reste infirme peut être ?

Raymond répond avec véhémence.

- Mais non !!! Je n’ai jamais dit ni pensé une chose pareille !!! C’est juste que… c’est tellement… incroyable !!!

- (Maurice) Pour faire court et pour ne pas y passer la journée, sachez que le garçon qui s’est si bien occupé de Luka est quelqu’un de très particulier comme il n’en existe aucun autre à notre connaissance, il a un « don » et ce « don », il s’en est servi à ma demande et avec l’accord de mon supérieur.

Raymond dont l’ahurissement il le voit bien fait sourire son « patron », pose la question qu’attendait bien sûr Maurice.

- Un « don » ? Quel « don » ?

- Disons pour généraliser ce qu’est ce garçon, qu’il a celui de guérir. Pas de soigner ni de rafistoler !! Non !! C’est beaucoup plus que ça, la guérison complète et entière des patients que nous lui confions et qui comme Luka ressortent de ses mains sans plus aucunes traces autant internes qu’externes de leurs lésions, un corps remis à neuf en quelque sorte. Je comprends parfaitement ce que mes paroles peuvent avoir d’étranges pour quelqu’un les entendant pour la première fois sans avoir assisté de visu à ses miracles dont ce jeune homme est capable, mais c’est une réalité et force vous est de le constater. Nous aurions pu tout vous cachez vous savez ? Il suffisait pour ça de vous faire savoir comme à ceux de la Salpetrière qu’il n’avait pas survécu à son transfert et si nous avons décidé de n’en rien faire c’est parce que l’empathie que vous ressentiez alors m’a été rapporté et m’a poussé à vous faire confiance ainsi que de m’apporter votre aide, tout n’est pas encore résolu et Luka a encore besoin de vous, si bien entendu vous êtes toujours partant dans cette affaire ?

Raymond ne retient plus qu’une chose dans cette longue tirade, Luka a besoin de lui et son regard se tourne vers le jeune homme, attentif depuis le début à ses réactions et dont les yeux encore une fois se noient dans les siens, y mettant toute la solitude qu’il a connu et l’anxiété que l’attente de ses prochaines paroles vont lui révéler de ses intentions.

- Bien sûr que je suis partant !!

2eme ANNEE avant Pâques : (15/25) (Aix) (Quinzième jour) (Résidence d’Hassan)

(Présentations)

Le véhicule rentre dans la cour de la résidence pour venir se garer près de la limousine, Florian et Thomas en sortent et remercient les deux agents de les avoir amenés jusqu’ici.

- Vous pouvez rentrer vous savez !! Je demanderais à Hassan de me faire ramener au cirque quand nous voudrons repartir.

- Comme vous voulez les gars !! Je préviens quand même le patron avant de partir.

Je leurs souris en faisant un petit signe de la main, j’attrape mon « Thom-Thom » en passant et nous nous dirigeons vers l’impressionnante demeure que je n’avais pas encore eue l’occasion de voir.

- (Thomas) Ça sent le pognon ici !!

- C’est ce qu’Hassan appelle un petit pied à terre, c’est aussi grand que la résidence des Viala toute entière. Ça te dirait qu’on se fasse inviter pour cette nuit ? J’ai envie qu’on soit un peu tous les deux au calme.

- Tu aurais pu le dire avant, on n’a pas de rechanges.

- Bah !! Ça te changera de sentir autre chose que le pingouin ! Hi ! Hi !

- J’apprendrais à monsieur le rouquin que son odeur domine largement la mienne en temps normal, alors si il y en a un qui va sentir le fennec, ce ne sera certainement pas moi.

- Hum !! Tu vas kiffer grave alors, parce qu’en temps normal tu adores plutôt fourrer ton nez sur moi.

Thomas sourit en sachant très bien que c’est l’exact vérité, son excitation monte d’un cran déjà rien qu’à l’idée et il préfère changer pour l’instant de sujet avant que ce soit trop visible.

- Faudrait déjà qu’on soit invité, tu ne manques pas d’air quand même.

J’aperçois un des domestiques venir vers nous.

- Relaxe beau blond ou je te fais conduire direct au harem pour que tu te fasses violer par toutes ces femmes en furies devant ton corps d’apollon.

***/***

« Dans le bureau d’Hassan »

Omar entre quelque peu gêné d’arriver si tard, il salue le visiteur et s’adresse à son prince comme à chaque fois qu’ils ne sont pas seuls.

- Excusez-moi votre altesse mais je viens juste d’être prévenu que votre altesse requérait ma présence.

- Détends-toi, il n’y avait aucune urgence. Tu te rappelles de Joseph ?

- Bien sûr votre altesse, j’ai appris qu’il avait quelques difficultés et j’espère que ça va très vite s’arranger.

Il s’adresse à l’autre personne.

- Sans doute nous apportez-vous de ses nouvelles, je serais désolé si elles n’étaient pas bonnes.

Joseph tout d’abord surpris, comprend qu’Omar ne l’a pas reconnu et s’en amuse à ses dépens.

- Saviez-vous que des lunettes vous iraient très bien mon cher Omar ? Et qu’en plus elles me semblent fortement recommandées !!

- Joseph !!! Mais je ne comprends pas !!! C’est bien toi ? Comment est-ce possible ?

- Ne va jamais te baigner en Russie mon ami ! Hi ! Hi ! Ils doivent trop forcer sur l’eau de javel comme tu peux le constater ! Hi ! Hi !

Hassan amusé de l’air ahuri de son ami.

- Un truc à Florian pour que notre ami passe la frontière.

Joseph sourit à son tour.

- C’est à peine s’ils ont jeté un regard sur moi, va falloir qu’il me donne la recette parce que c’est assez bluffant son truc.

- (Omar) Wouah !! C’est vraiment un garçon surprenant qui ne manque pas de ressources !! Et pourtant à le voir on serait loin de penser qu’il soit si spécial ! Hi ! Hi !

Un bruit de voix arrive du couloir et fait sourire Hassan qui en reconnait bien le timbre.

- Je crois bien que s’est justement lui qui arrive, préparez-vous à un choc mon cher Joseph !

- Un choc votre altesse ?

- Je ne connais pas l’image que vous vous en êtes fait mais je vous assure que ce ne sera certainement pas la bonne ! Hi ! Hi ! Ah oui !! Autre chose !! Pensez à ne pas rester la bouche ouverte ! Hi ! Hi !

Joseph reste incrédule devant le changement soudain d’expression de l’émir qui de l’homme posé qu’il montre habituellement, s’est transformé en quelques secondes à peine et arbore une gaieté qui le transfigure.

Une voix de l’autre côté de la porte.

- C’est là ?

- Je vais annoncer ces messieurs à son altesse, si ces messieurs veulent bien patien….

L’homme n’a pas le temps de finir sa phrase que la porte s’ouvre à moitié, Joseph en a les yeux en soucoupe d’ahurissement devant un tel culot mais surtout en apercevant la personne qui passe la tête de l’autre côté de la porte et dont le regard se fixe sur eux.

Un visage rond couvert de taches de rousseur, souriant jusqu’aux oreilles et l’œil vif marquant l’amusement, surmonter d’une coupe en pétard d’un roux flamboyant et qui lance à la cantonade…

- Coucou ton altesse !!! C’est nous !!!

2eme ANNEE avant Pâques : (16/25) (Aix) (Quinzième jour) (Raymond) (fin)

- Comment puis-je encore vous aider ?

Luka sent son corps tout entier se relâcher de la pression qu’il ressentait, un sourire enfantin lui vient alors que Maurice ne manque pas de remarquer en souriant à son tour.

- Il va falloir pendant encore quelques temps laisser croire à la personne qui a usurpé l’identité de Luka, que nous nous sommes laissés duper et qu’il va pouvoir mener sa mission à bien. Nous devons le conforter dans notre détermination à mettre hors service la cellule d’espionnage mise en place dans notre pays et je vous avoue que ça m’arrange bien de m’en débarrasser pour de bon.

Raymond hoche la tête.

- Je comprends bien vos raisons, mais je ne vois vraiment pas en quoi je puis vous être utile. Le fait que j’enquête sur l’identité d’une personne agressée ne ferait que le rendre plus méfiant de peur que sa couverture ne soit découverte et étalée au grand jour.

- Il n’est absolument pas question de ça bien entendu, vous ne devez en aucun cas avoir le moindre contact avec cet homme pour les motifs que vous venez de citer avec raisons.

- Alors je vous repose ma question, en quoi puis je vous être utile ?

- Tout simplement en gardant un œil sur Luka et quand je dis garder un œil, c’est au sens stricte du terme comprenez-vous ? Il ne faut pas que celui qui se fait passer pour lui ait le moindre doute et il doit continuer à pouvoir lire dans les médias que l’enquête continue, vous devrez faire en sorte qu’il s’imagine que la police s’englue sur des fausses pistes et qu’elle ne risque pas d’arriver jusqu’à lui.

- (Luka) Je vais faire quoi moi pendant ce temps-là ? Je dois reprendre mes cours de fac et trouver un boulot, en plus je vais loger où ?

- C’est aussi pour cette aide là que je compte sur l’inspecteur Baltot !!

Maurice voit bien l’incompréhension dans les yeux de Luka qui le fixe du regard, il lui décoche un petit clin d’œil discret qui fait sursauter le jeune homme en se demandant ce qu’il peut bien vouloir dire.

- (Maurice) Il serait trop dangereux que je mette mes services à la surveillance de Luka, on ne sait jamais et il y a peut-être une taupe parmi eux.

- (Raymond surpris) Qu’est-ce qui vous fait pensez ça ?

- Déjà la façon dont ils ont mené leurs actions, tout s’est fait rapidement et ils semblaient bien connaitre tous nos mouvements, maintenant je ne suis sûr de rien et je me trompe sûrement mais au point où en est l’affaire, je ne veux prendre aucun risque. Vous n’êtes pas connu de mes services inspecteur et donc si vous acceptez de prendre notre jeune ami sous votre aile le temps que cette histoire trouve son terme, je serai plus serein et je pourrai me monopoliser entièrement à mon travail.

Maurice fait un deuxième clin d’œil discret à Luka, qui comprend enfin où il veut en venir et lui donne un sourire reconnaissant en retour.

Raymond n’a bien sur rien remarqué et cogite déjà dans sa tête à savoir comment il va organiser tout ça, un petit sourire montre à Maurice que tout se décante et qu’une idée est sur le point de germer dont il va bientôt en connaitre les grandes lignes.

Il croit néanmoins bon de préciser.

- Bien sûr comme vous êtes affecté à mon service, les frais qui en découleraient seront entièrement pris en charge. Qu’ils soient vestimentaires ou autres car je me doute bien des besoins pressants de notre jeune ami qui n’a pas la possibilité de rentrer pour le moment chez lui.

Raymond capte le regard de Luka qui attend anxieusement sa réponse et envoie un sourire rassurant au jeune homme.

Sa décision étant prise malgré qu’elle va être il ne s’en fait pas d’illusion, un véritable déchirement pour lui quand il faudra y mettre fin.

- J’habite en proche banlieue et je connais une université à un quart d’heure de RER tout au plus où Luka pourra poursuivre ses études le temps de retrouver ses habitudes et s’il est d’accord pour accepter mon hospitalité, ce sera avec plaisir qu’il pourra y passer le temps qu’il faudra.

Maurice se redresse, visiblement satisfait par cette solution.

- Tu as entendu Luka ? L’inspecteur te propose de venir vivre quelques temps chez lui, qu’en penses-tu mon garçon ? Cette solution me parait idéale, mais c’est à toi de prendre la décision d’accepter.

Maintenant il a posé cette question par pure forme, du fait que le sourire resplendissant de Luka ne fait aucun doute sur sa décision et il n’est d’ailleurs pas détrompé par la réponse de celui-ci qui en a les yeux qui brillent des larmes de reconnaissance à être ainsi pris en charge alors que quelques instants plus tôt, il ne savait même pas ou il coucherait le soir même.

- Je ne sais pas comment vous remercier de tout ce que vous faites pour moi.

- (Maurice) En acceptant tout simplement.

Raymond lui prend la main qui triture depuis un moment son genou en geste de nervosité et la serre gentiment.

- Tu es d’accord ?

Luka d’une voix si basse qu’elle en est à peine audible malgré le silence devenu pesant de la pièce.

- Bien sûr !

Maurice satisfait se lève.

- Parfait !!! Nous nous revoyons à Paris après le réveillon pour mettre les modalités au point, en attendant je vous conseille de faire quelques courses pour trouver des vêtements à Luka et je vous laisse inspecteur lui trouver une chambre à votre hôtel pour ce soir. Officiellement le blessé a quitté l’hôpital pour rejoindre une maison de repos, je vais vous faire parvenir un duplicata des papiers nécessaires à son inscription en fac. Bien sûr pendant la durée de cette affaire, il te sera donné une identité d’emprunt alors tâche de ne pas faire d’impair.

Luka attend que Raymond quitte en premier le bureau pour se jeter dans les bras de Maurice, le cœur noué par la reconnaissance qu’il éprouve envers cet homme.

- Merci pour tout !!

Maurice gêné lui tapote amicalement l’épaule.

- Rappelle-toi ce que je t’ai dit, tu seras le bienvenu chez moi quand tu voudras et surtout souviens toi que tu n’es plus seul.

2eme ANNEE avant Pâques : (17/25) (Aix) (Quinzième jour) (Résidence d’Hassan)

(Présentations) (fin)

Quelque chose ou plutôt quelqu’un le tire brusquement en arrière.

- Hé !!!

L’intendant blanc comme un linge entre dans le bureau en tentant de retenir derrière lui le jeune rouquin qui se démène pour lui échapper.

- Excusez-moi votre altesse mais ce jeune homme m’a surpris. Aïe !!!

Hassan ne peut se retenir plus longtemps et éclate de rire devant son intendant se tenant la cheville en grimaçant de douleur du coup de pied que vient de lui donner Florian.

- Calmez-vous, allons !!! Hi ! Hi !

Joseph observe la bouche grande ouverte d’ahurissement devant la scène se déroulant sous ses yeux et digne des meilleurs burlesques qu’il n’ait jamais vus, voir son prince éclater de rire est encore plus surprenant pour lui et c’est un coup de coude d’Omar accompagné d’un geste amusé lui signifiant de fermer la bouche, qui le fait se reprendre et retrouver un semblant de protocole dans son attitude.

- (Omar) Tu comprends mieux maintenant où son altesse voulait en venir ?

- Heu !! Oui je crois !!

Joseph a toujours un œil sur le jeune rouquin qui a réussi à passer devant l’intendant malgré ses protestations véhémentes et le pousse doucement mais fermement vers le couloir pour lui refermer la porte au nez, il se tourne alors vers les trois hommes dans la salle et Hassan repart en vrille quand il voit Florian ouvrir grand les yeux d’étonnement, rouvrir la porte du bureau, passer un bras de l’autre côté et tirer avec lui Thomas qui était resté médusé dans le couloir à assister aux frasques de son ami.

La mâchoire inférieure de Joseph retombe sans qu’il y prenne attention, le garçon blond se retrouvant propulsé dans le bureau dégageant une telle aura de séduction que même un pur hétéro comme lui en reste médusé et c’est une nouvelle fois Omar qui le fait revenir à la réalité en lui reproduisant le même geste que quelques instants auparavant.

- (Omar) Troublant pas vrai ?

- On peut dire ça oui !!

Mais Joseph n’en a pas fini d’être étonné, le jeune rouquin faisant fi de toute espèce de protocole en se penchant sur Hassan pour l’embrasser avec un tonitruant.

- Alors ton altesse ? Ça boum !!

Thomas se contente pour sa part de serrer la main du prince pendant que son ami va faire la bise à Omar et à l’homme qu’il ne connait pas mais qui marque une extrême surprise, visiblement peu habitué à ce genre de débordement amical.

Hassan a les yeux brillants de joie en se tournant vers Joseph.

- Mon ami, je vous présente celui que vous vouliez tant connaitre !! Voici donc Florian et son ami Thomas, quant à vous deux je vous présente Joseph Diokouré qui s’inquiétait juste avant votre arrivée pour le moins tonitruante de savoir quand il retrouverait sa couleur de peau normal.

Je regarde Joseph en souriant.

- J’ai dû mettre la dose, alors il faut encore compter deux ou trois jours avant que l’effet du produit disparaisse entièrement. Alors comme ça, c’est toi qui es allé dans le village de Taha ?

Joseph se sent comme hypnotisé par les yeux verts étrangement perçants braqués sur lui.

- C’est bien moi en effet.

- Faudra que tu me racontes comment c’est là-bas, tu veux bien ?

- Il y en aura long à raconter.

- Bah !! Ce n’est pas grave, on a toute la soirée pour ça.

- (Hassan) Comment ça toute la soirée ?

- Ah oui c’est vrai !! Tu n’es pas encore au courant ton altesse.

- Au courant de quoi ?

- Que tu vas nous inviter pour cette nuit pardi !!

- (Hassan) C’est vrai où ai-je la tête !!

- T’inquiète ton altesse, je te pardonne et j’accepte ton invitation. En plus ça tombe bien, on voulait passer une nuit tranquille en amoureux avec « Thom-Thom ».

S’en est trop pour Joseph qui éclate de rires, il a suivi toute la conversation en s’efforçant de garder son sérieux et surtout en surveillant le prince qui prenait comme tout à fait naturel les paroles du garçon.

Mais la gouaille, les mimiques et le culot du jeune rouquin, on finit par avoir raison de lui et son rire les fait tous se retourner vers lui avec le sourire.

2eme ANNEE avant Pâques : (18/25) (Aix) (Quinzième jour) (Résidence d’Hassan)

Amid descend l’escalier avec précaution aidé par Christophe qui à la tête qu’il fait, aurait certainement préféré qu’il s’en abstienne et reste encore quelques temps tranquillement dans son lit.

Des rires venant du couloir menant au bureau d’Hasan les font se regarder en plissant les yeux d’amusement, quelques serviteurs se sont rapprochés et écoutent eux aussi ce qui pour eux est une première dans la maison d’habitude si calme et à l’ambiance feutrée.

- (Amid) Pas besoin de te dire qui est arrivé.

- (Christophe) Ça parait évident et j’espère qu’il va te remonter les bretelles à t’être levé aussi tôt.

- Mais arrête !! Puisque je te dis que je me sens bien, je ne suis pas fou non plus et puis j’ai eu l’autorisation de mon « oncle » rappelle toi.

Christophe pas convaincu.

- Ouaih !! Si tu le dis !!

Amid voit les regards converger sur eux quand ils apparaissent en bas des marches.

- Rappelle-toi des paroles de mon père, il y a du monde ici.

- Ok petit prince.

Amid sourit malicieusement.

- Hum !! J’aurais préféré quelque chose de plus solennel.

- Son altesse sérénissime préfère que je le nomme ainsi ?

- Soit sérieux, ce n’est pas un jeu tu sais ? Ici les domestiques de mon père ne sont pas aussi protocolaires qu’au palais et tu devrais t’habituer dès maintenant si tu ne veux pas qu’on ait des ennuis une fois là-bas, prends exemple sur mon « oncle » Omar.

Christophe reconnait que son ami a raison.

- Je vais faire attention, promis !

Une nouvelle effusion de rires éclate dans la maison, Amid sourit et s’empresse de rejoindre le bureau de son père ou on s’y amuse beaucoup.

Il frappe un bref coup à la porte et entre accompagner de Christophe qui s’efforce de donner à son visage un air professionnel qui sera en accord avec sa présence près du jeune prince.

Joseph voit entrer les deux garçons et reconnait le fils de l’émir qu’il a déjà eu l’occasion plusieurs fois de rencontrer, le jeune homme qui l’accompagne s’efforce à se donner une apparence mais l’éclat de ses yeux ne trompe pas un professionnel comme lui, habitué comme il est à duper les autres et à découvrir leurs vraies natures.

Les quatre jeunes garçons sont heureux de se retrouver et Joseph comprend qu’une grande amitié les lie, il capte également le regard d’Hassan posé sur lui et n’est pas étonné quand celui-ci se lève en lui faisant signe de le suivre.

- (Hassan) Excusez-nous un instant, j’ai encore plusieurs choses d’ordre professionnelles à voir avec monsieur Diokouré et nous vous rejoindrons ensuite. Tu peux venir aussi Omar ?

- Bien votre altesse !

Ils entrent tous les trois dans une pièce contigüe au bureau et se révélant comme étant un salon de lecture privé, un mur entier est recouvert de livres faisant dos à un canapé et deux fauteuils à l’apparence très confortables.

Hassan les prie de s’asseoir et les rejoint après avoir refermé la porte, il attaque directement le but de cet entretien en s’adressant à Joseph.

- Que pensez-vous de Christophe ?

- C’est certainement le plus mauvais comédien que j’aie jamais vu votre altesse.

- C’est bien ce que je pensais en vous voyant l’observer, que pouvez-vous m’en dire comme ça au dépoter ?

- Vous pouvez très certainement avoir confiance en lui, ce garçon me parait honnête mais surtout, on peut lire en lui à livre ouvert.

- C’est bien ça le problème !! Il lui faudrait quelqu’un pour lui apprendre à moins extérioriser ses sentiments, pourriez-vous vous en occuper ?

- Si votre excellence le souhaite, je pense en avoir les capacités.

Hassan le voit hésiter.

- Oui !! Autre chose ?

Joseph en faisant attention à ses paroles.

- Disons qu’il faudrait également en faire profiter une autre personne votre altesse, sinon j’ai bien peur que ça ne serve pas à grand-chose.

- Pouvez-vous préciser votre pensée ?

- C’est… délicat votre altesse.

- Je connais les sentiments qu’éprouvent ces deux garçons et c’est cette raison qui me pousse à avoir cette conversation, parlez sans craintes Joseph et sachez que vos hésitations me prouvent une fois de plus que je peux vous faire entièrement confiance.

- J’avais en effet remarqué certains signes quand ils sont entrés tout à l’heure, insuffisants je le conçois pour comprendre le lien qui les unis et s’il n’y avait pas eu cette conversation que j’ai entendu dans le couloir de ma chambre, j’aurais mis certainement un peu plus de temps avant de m’en faire la réflexion.

- Vous en comprenez donc l’urgence à y remédier rapidement ? Ils resteront ici tant que vous ne les jugerez pas suffisamment éduqués à garder pour eux leurs sentiments et vous en profiterez également pour enseigner notre protocole à Christophe qui n’en a pour l’heure actuelle qu’une très vague idée.

Joseph sourit, conscient de la confiance que lui porte cet homme pour lui faire de telles révélations sur son fils.

- C’est certain que l’entendre appeler le jeune prince « mon gros » est loin de l’étiquette qu’il règne au palais de son excellence. Encore des congés qui tombent à l’eau si j’ai bien compris ! Quand je vous renverrais les garçons une fois que je jugerai qu’ils sont prêts, vous me devrez des vacances de rêve votre altesse et je saurai vous le rappeler.

Hassan lui rend son sourire.

- Mais vous allez en avoir rappelez-vous ?

- Je vois où votre altesse veut en venir mais je signale quand même à votre altesse que j’ai un mois pour donner ma réponse.

- Allons Joseph !!! Ne me dites pas que notre jeune ami vous a laissé indifférent ? Vous seriez bien le premier dans ce cas.

- J’ai vu ça votre altesse et je me demandais si votre altesse ne devrait pas également restée et profiter de mes enseignements.

2eme ANNEE avant Pâques : (19/25) (Aix) (Quinzième jour) (Maurice)

Maurice se retrouve seul à son bureau, il commence à préparer son départ en rangeant les quelques notes éparpillées çà et là sur les quelques meubles qui s'y trouvent.

Sa femme doit préparer en ce moment même leurs valises, il est prévu qu’ils partiront dès qu’elle aura été récupérée Coralie et ses affaires à l’orphelinat.

Maurice sourit en revoyant la fillette lui sauter dans les bras quand ils sont venus la chercher pour qu’elle passe la soirée de Noël au cirque avec eux.

Elle semblait si heureuse qu’il a senti fondre sa carapace d’homme bourru et que depuis cette soirée-là, il n’attend que de la serrer de nouveau dans ses bras.

Il en est là dans ses pensées, quand Patrice entre dans le bureau et le trouve un sourire béat aux lèvres et s’en moque amicalement.

- C’est le bon moment je vois pour venir te taper de la rallonge ! Hi ! Hi !

- Essaye toujours et tu verras bien.

- Bon !! Sérieux !! Je venais aux nouvelles avant le départ, j’ai appris que l’agent d’Hassan était finalement rentré sans trop de problèmes.

Maurice fouille dans ses papiers en lui tendant deux photos très explicites.

- Jette un œil là-dessus !! Même le meilleur d’entre nous s’y serait laissé avoir tu ne penses pas ?

Patrice regarde les deux clichés.

- Vu comme ça, c’est certain !! Il doit se poser pas mal de question tu ne crois pas ?

- Florian doit être en train de lui donner ses réponses à l’heure qu’il est, nos gars l’ont emmené chez l’émir avec Thomas.

- Ils sont restés là-bas ?

- Bien sûr que non, ce n’est pas Hassan qui ferait quoi que ce soit à Florian, tu le sais aussi bien que moi et il a suffisamment de gardes du corps pour qu’il ne lui arrive rien.

- Je t’ai connu plus suspicieux dis donc !!

- Faut pas que ça en devienne maladif non plus.

- Tu as raison, sinon à part ça ? Tu as appris quelque chose sur la mission de ce Joseph ?

- Laisse-lui le temps de défaire ses valises quand même !! Mais tu as raison, peut être en a-t-il appris suffisamment pour faire avancer notre affaire et je vais appeler Hassan pour en savoir plus, allons en salle de Visio on ne sait jamais.

Ils y vont d’un bon pas et après avoir demandé à y rester seuls, ils attendent la réponse à la demande d’entretien avec Hassan.

***/***

« Toc ! Toc ! »

Hassan tourne la tête vers la porte.

- Oui !!

Un de ses agents de sécurité entre et s’incline en guise de respect.

- Monsieur Désmaré demande une visioconférence avec votre altesse.

- Vous en a-t-il donné la raison ?

- Oui votre altesse, il souhaiterait savoir si vous aviez reçu des informations qui intéresseraient ses services.

- Très bien !! Je vais le prendre dans mon bureau.

- Entendu votre altesse, devons-nous enregistrer la communication ?

- Elle sera d’ordre privé donc ce n’est pas la peine.

L’homme s’incline une seconde fois et quitte la pièce, très vite suivit par les autres occupants qui retournent dans le bureau et sont étonnés de l’y trouver déserté.

Omar voit une feuille de papier poser sur la table basse au milieu du coin salon et s’en empare pour la lire, un sourire amusé marque son visage quand il tend la missive à Hassan en se mordant la lèvre pour rester sérieux.

- Vous n’aurez même pas le choix du repas apparemment.

Hassan prend connaissance de la missive et éclate encore une fois de rires en la lisant à haute voix, appréciant à sa juste valeur l’écriture impeccable en Saoudien.

***/***

Ton altesse.

Tu nous excuseras de te faire faux bond et de ne pas vous avoir attendu mais nous faisons la visite de ton « studio ».

Par contre comme tu as aussi certainement oublié de nous prévenir que tu nous invitais à dîner, sache que nous acceptons volontiers ton invitation dont nous te remercions Thomas et moi mais que sans vouloir paraître exigeant, nous aimerions profiter d’être ici pour déguster quelques spécialités dont voici la liste.

« Suit alors l’énoncer de quelques plats traditionnels qu’il n’aurait certainement pas pensé à faire préparer ce soir-là, la lettre se termine alors par ce qui l’a fait exploser de rires. »

N’oublie pas la salade et les loukoums.

PS : Mais sinon te bile pas pour ça, on peut aussi t’emmener au Mac/do.

Florian.

PS/PS : Ton fils doit encore être malade car il vient de pisser dans son froc.

***/***

- (Hassan) Ah ! Celui-là je vous jure ! Hi ! Hi !

2eme ANNEE avant Pâques : (20/25) (Aix) (Quinzième jour) (Maurice) (fin)

Omar pendant ce temps-là a basculé l’appel de Maurice sur l’informatique du bureau et lui explique en deux mots pourquoi il entend rire de la sorte.

Maurice voit apparaitre le visage d’Hassan complètement transfiguré de la vision habituelle qu’il a de lui depuis qu’il le connait et le fait de le voir ainsi le rend plus humain encore, même s’il l’appréciait déjà beaucoup avant ça.

- Et bien je vois qu’on ne s’ennuie pas ici !!

Hassan lui met la lettre de Florian devant la caméra, Maurice bien sûr n’y voit qu’un gribouillage incompréhensible et sourit de constater qu’Hassan n’en est pas encore remis, pour la lui montrer sans réfléchir une seconde qu’il n’y comprendrait rien.

- Heu !! Oui, vu comme ça ça a l’air intéressant !!

Hassan après lui avoir traduit la lettre.

- Rassure-moi ! Il n’est quand même pas toujours comme ça ?

- A mon avis non, il doit sûrement se retenir, sachant qui tu es.

Le prince comprend au sourire de Maurice que celui-ci se moque de lui et préfère revenir à l’affaire qui lui a fait demander cette visioconférence.

- Pour revenir à des choses plus sérieuses, mon agent est toujours ici et il répondra à tes questions mieux que moi.

Pendant le long moment de questions réponses entre Joseph et Maurice, Patrice s’est muni d’une carte de France en format papier ainsi qu’un plan détaillé de Paris et de ses alentours.

Sous le contrôle de Joseph, il cercle au stylo les zones où se situent les agents Russes ainsi que leurs nombres et pointe les deux endroits parisiens parfaitement mémorisés par l’agent d’Hassan, en laissant échapper une exclamation de stupeur.

- (Maurice) Vous êtes certains que ce sont ces lieux précis qu’indiquaient les points sur la carte que vous avez vu ?

- (Joseph) Certain oui !! Je n’ai pas eu beaucoup de temps pour tout mémoriser et c’est pour ça que les zones que je vous indique sont assez vastes, mais pour Paris il n’y a aucun risque d’erreur.

- (Hassan) Bizarre comme choix pour y placer une taupe, ce n’est certainement pas ceux que j’aurais choisi.

- (Maurice) Tout dépend de ce qu’ils recherchent !!

- (Hassan) A l’évidence ça n’a rien de politique ou de financier, tu n’étais pas prêt de les découvrir là où ils sont sans notre aide.

Patrice pendant qu’ils discutent, s’est mis à faire des recherches avec comme critères les deux éléments Parisien et très vite aux vues des résultats qui s’affichent à l’écran, une quasi-certitude lui saute aux yeux.

- Ça se tient patron !! Regardez !! Nous avons des laboratoires de recherches médicales avancées précisément à l’intérieur des zones de la carte où nous les avons situés.

- (Hassan) C’est donc ça qu’ils veulent ! Je comprends mieux pourquoi ils s’en prennent à Florian.

- (Maurice) On dirait bien, oui !! Mais pourquoi ?

- (Hassan) Vous pensiez qu’ils vous espionnaient militairement alors qu’en fait c’est essentiellement dans un but industriel, sauf peut-être celui qui se trouve dans cet hôpital militaire.

- (Maurice) C’est également un centre de recherche, certes plus spécialisé mais de recherches quand même et le pire dans tout ça, c’est que c’est justement là-bas où Florian passe une semaine par mois.

Hassan blêmit.

- Vous n’allez plus l’y renvoyer maintenant que vous êtes au courant ?

Maurice après une brève pose.

- Non seulement il va y retourner !! Mais en plus il va y faire une découverte tellement exceptionnelle que la personne qui s’y trouve ne pourra agir autrement que de tenter par tous les moyens de s’en emparer.

- (Hassan) Tu as pensé aux risques qu’il encoure à retourner là-bas ?

- J’ai eu heureusement le temps de faire quelques mutations de personnels ses derniers mois en prévision de son arrivée et il ne risque pas plus pour sa sécurité à Begin, qu’autre part ailleurs.

Hassan pas franchement convaincu.

- Ne remets-tu pas en cause le fait de le faire paraitre comme tout le monde et de t’en être servi comme leurre en utilisant cette solution ? Ils penseront alors que soit tu les as menés en bateau et qu’il est réellement ce qu’ils spéculaient de lui, soit ils croiront toujours que tu t’en sers pour les atteindre et dans ce cas, ils se méfieront de cette soi-disant découverte fondamentale et ne se laisseront pas abuser par elle.

Patrice pose sa main sur l’épaule de Maurice.

- Il n’a pas tort patron.

- (Maurice) Il faut que je réfléchisse plus posément à tout ça, j’ai sans doute été un peu rapide dans mes propos. Je vais te laisser préparer le dîner de tes « invités » mon ami et je te tiendrai au courant de mes décisions dès qu’elles auront suffisamment muries. Je rentre sur Paris aujourd’hui et je ne te reverrai certainement pas avant un bout de temps, je te souhaite une bonne année et la santé pour toi et ta famille, surtout un bon rétablissement du fiston qui revient de loin.

Ils se quittent sur ses dernières politesses et à peine la communication terminée, Maurice contact son adjoint à son bureau de Paris pour déjà lui expliquer toute l’affaire, mais aussi et surtout, pour qu’il se rende au plus vite à Begin pour y instruire le général in visu et dans la plus grande discrétion de ce qu’il se trame dans son établissement et qu’il lui donne éventuellement ses premières impressions, voir ses doutes sur une personne en particulier s’il en a.

2eme ANNEE avant Pâques : (21/25) (Paris) (Hôpital militaire Begin)

Le général quitte son bureau et raccompagne jusqu’à la sortie son visiteur pour le moins inattendu, c’est à deux pas du boulevard qu’ils se séparent avec une forte poignée de mains et que chacun repart vers ses occupations, tout aussi importantes pour l’un que pour l’autre.

Quelques mètres plus loin dans l’avenue, Alain Durieux l’adjoint de Maurice s’arrête et prévient son patron de son entrevue avec le général Mathéi, insistant bien sur les doutes qu’a émis le général sur la présence d’un espion à l’intérieur de son établissement.

Maurice est pourtant certain de ses sources et lui a envoyé un dossier comportant une carte de France ainsi qu’un plan de Paris, où y étaient annotés des zones et quelques lieux précis où séviraient les agents de renseignements Russe encore présents sur le territoire national.

Le général Mathéi rejoint son bureau en se lançant sans tarder dans un travail fastidieux mais nécessaire, la liste du personnel contenant les renseignements sur leurs cursus scolaires aussi bien que leurs dates de naissance et d’engagement dans l’armée.

Il fait un premier tri de ceux qui sont là depuis de nombreuses années et envers lesquels il a toute confiance, malgré qu’il se doute bien que l’agent infiltré peut être n’importe qui et ne doit certainement pas faire partie des plus mal notés, ni de ceux qui seraient les moins appréciés.

Comme il lui faut bien faire des choix, il classe les fiches en trois groupes au fur et à mesure qu’il en prend connaissance et met dans le dernier groupe ceux qu’il ne connait pas suffisamment, ou encore ceux qui sont issus de parents de nationalité étrangère.

Le dernier groupe s’étoffe au fil des heures et lui fait comprendre que ce n’est pas comme ça qu’il va y arriver, aux vues du nombre croissant de gens qu’il y met.

« Toc ! Toc ! »

Le général range rapidement son travail, puis ferme précautionneusement son armoire avant de répondre.

- Oui !!

Sa secrétaire entre alors dans le bureau d’une façon beaucoup plus relaxe qu’avant l’arrivée d’un jeune rouquin, qui a réussi en une semaine de présence à changer beaucoup de chose dans l’entourage direct du général.

Mathéi sourit en se rappelant plus précisément d’une scène, qui encore aujourd’hui reste gravé dans sa mémoire et que la présence de sa secrétaire lui remémore à chacune de ses entrées.

Il le revoit entrer comme à son habitude dans son bureau avec un tonitruant « Marcel faut que je te parle d’un truc super urgent » et tomber nez à nez devant sa secrétaire au garde à vous, attendant qu’il lui donne l’autorisation de disposer.

Florian lui a fait alors des grimaces compatissantes d’un effet des plus comiques, en lui disant d’une voix la plus sérieuse qui soit.

- Il ne faut pas se retenir comme ça mademoiselle !! Il n’y a rien de tel pour devenir constiper !! Marcel !! Pourquoi tu ne la laisses pas aller aux toilettes ? Tu vois bien qu’elle en est toute raide de se retenir.

Les mimiques du jeune rouquin ainsi que ces paroles dont ni le général, ni sa secrétaire ne s’attendaient, les ont tellement marqués tous les deux qu’à chaque fois qu’elle entrait à nouveau dans le bureau et se mettait au garde à vous, une énorme envie de rires les prenait jusqu’à ce que le général décide qu’elle soit dorénavant exemptée de salut dans ses conditions bien précises.

- Mon général ??

- Comment ? Ah oui !! Excusez-moi mais je pensais à autre chose, qui a-t-il ?

- Le maréchal des logis Duval insiste pour vous parler mon général !! Il dit que c’est urgent !!

- Duval ?? Ça me dit quelque chose, où ai-je déjà entendu parler de ce garçon ?

- Il fait partie de l’équipe de l’aspirant De Bierne mon général.

- En effet maintenant que vous me le dites, je vois de qui il s’agit. Vous a-t-il dit ce qu’il voulait ?

- Non mon général, juste que c’était urgent.

- (Marcel) Hum !! Entendu !! Faites-le entrer !!

La jeune femme est à peine sortie que Romain entre à son tour et salut son supérieur une fois la porte refermée.

- Maréchal des logis Romain Duval, mes respects mon général !!

- Repos !! Vous avez demandé à me parler ?

- Je viens de recevoir l’ordre de me mettre immédiatement à votre disposition et de vous révéler ma véritable identité mon général !!!

2eme ANNEE avant Pâques : (22/25) (Paris) (Hôpital militaire Begin) (fin)

Marcel visiblement surpris de cette entrée en matière.

- Quels ordres ? Quelle identité ? Mais de quoi parlez-vous donc ?

- Je suis en vérité le lieutenant Romain Duval du service de renseignement des armées, j’ai été affecté temporairement ici afin de garder un œil sur un certain Florian De Bierne.

- Rien que ça !!! Et pourquoi n’en ai-je pas été informé plus tôt ?

- Il faudra demander ça à mes supérieurs mon général !! Tout ce que je sais c’est que nous sommes actuellement cinq du service à avoir été muté ici pour cette mission et que celle-ci relève d’une demande directe émanant du département de la sécurité du territoire.

- Comment n’en suis-je pas surpris, je vous le demande ?

- Mon général ?

- Non, rien !! Vous avez donc tout combiné pour faire partie de l’équipe soignante de Fl... heu!! de l'aspirant De Bierne ?

- Je vous assure que c’est un pur hasard mon général !! Il n’était pas prévu que l’un d’entre nous en fasse partie et d’ailleurs nous ignorions qu’il y en aurait une.

- Mais vous avez accepté il me semble et pourtant vous n’en aviez pas les compétences requises ?

- J’ai prévenu Florian que je ne correspondais certainement pas au profil qu’il recherchait mon général, mais il m’a répondu que ce n’était pas grave et que j’apprendrais très vite avec lui, ce qui je vous l’avoue s’est avéré exact même si j’en suis le premier étonné.

- Admettons !! En quoi pouvez-vous m’être utile et quelles sont vos nouvelles instructions lieutenant ?

- Nous avons été formés spécialement pour découvrir certaines choses et plus particulièrement ce qui motive ma présence ici, nos nouvelles instructions ne datent que de quelques minutes à peine et elles sont de nous mettre à votre disposition pour découvrir un agent infiltré parmi l’effectif militaire qui travaille ici.

- C’était déjà le cas si je ne me trompe ?

- Oui et non puisque nous nous monopolisions plus particulièrement sur la protection de Florian et ne nous intéressions donc qu’aux quidams de son entourage ou le serrant de trop près. Dorénavant nous effectuerons également un contrôle général plus pousser sur les éléments de carrière du personnel médical. Vous comprendrez mon général qu’étant donné ce que ça représente comme somme de travail, qu’il nous reste encore beaucoup de pain sur la planche avant d’en avoir terminé si je peux m’exprimer ainsi.

- Qu’est-ce que vous attendez de moi lieutenant, je n’ai aucune expérience en la matière et ne pourrait pas vous être d’une grande utilité.

- Bien sûr que si mon général !! Déjà d’une en connaissant notre existence, ce qui va nous permettre d’être plus libre dans nos mouvements et ensuite en nous indiquant les personnes qui vous sembleraient disons suspectes ou du moins dont vous n’auriez pas une confiance absolue. Ce qui pourrait nous aider à cibler plus précisément nos recherches.

- Pourquoi êtes-vous le seul dans ce bureau à me raconter tout ça ? Et qui me prouve que vous êtes ce que vous prétendez ?

- Pour faire court, si je suis le seul devant vous c’est que tout simplement étant donné l’absence de Florian, mes collègues sont en permissions. Quand à votre dernière question, je pense que vous devriez allumer votre ordinateur et prendre connaissance de vos messages. Je m’imaginais pourtant bien en me présentant devant vous que vous seriez déjà informé de ma demande d’entretien, ainsi que de bien entendu de sa teneur.

Marcel se maudit intérieurement de ne jamais penser à ce foutu ordinateur qui est venu perturber ses habitudes et avec lequel il n’a aucune affinité, préférant utiliser sa secrétaire comme il l’a toujours fait par le passé.

Il l’allume et comme souvent, peste devant l’écran qui lui demande toujours ce foutu mot de passe qu’il ne se rappelle jamais.

Le général se lève en faisant signe au lieutenant de rester assis.

- Juste un instant, je reviens !!

Marcel file jusqu’au bureau de sa secrétaire qui sourit malgré elle en connaissant bien la mine exaspérée qu’il a actuellement et c’est sans se démonter, qu’elle lui inscrit les six chiffres et lui tend le papier avant même qu’il ne lui ait rien demandé.

- Tenez mon général !!

- Ah !! Merci !! Je n’arrive jamais à retenir ses chiffres et comme il ne faut pas les copier par sécurité !!

- Pourquoi ne changez-vous pas votre mot de passe mon général ? Il vous suffirait de mettre un nom ou quelque chose dont vous vous rappelleriez.

- (Marcel ahuri) On peut faire ça ???

La secrétaire retient son sourire avec difficulté.

- Bien sur mon général !

- Et c’est seulement maintenant que vous me le dites ?

- Je pensais que vous le saviez mon général.

- Et comment ça aurait pu !!! Déjà que quand il se met en route du premier coup je suis bien content, Pfff !! A quand des machines pour nous remplacer nous aussi pendant qu’on y est !!

Il retourne dans son bureau et d’un doigt il tape le code, son sourire revient quand sa page d’accueil s’ouvre.

- Ah !!! Nous en étions ou ? Ah oui !!! Mon courrier, voyons voir !! Oups !! Ce n’est pas ça et ici ? Ah mais non !! Pas encore !!

Romain en a les yeux qui pleurent et se retient avec peine d’éclater de rire, croyant voir son père dans la même situation.

- Si vous me permettez mon général, il y aurait peut-être un moyen plus rapide comme le téléphone par exemple.

Marcel remarque bien l’air moqueur du lieutenant, malgré tout il n’en prend pas ombrage et son air comique le fait sourire, sa coupe réglementaire avec ses oreilles décollées ainsi que sa corpulence le faisant ressembler en beaucoup de points à Florian, amène même au général un léger rire qu’il n’arrive pas complètement à refreiner.

- Je ne sais pas ce qu’ils inventeront encore pour nous pourrir la vie d’ici une trentaine d’année lieutenant, mais rappelez-vous mes paroles quand vous vous sentirez dépasser à votre tour.

Le général comprend que le garçon en face de lui ne répondra pas de peur de montrer encore plus son envie de rire, il décroche en soupirant son téléphone et demande qu’on le mette en relation avec la personne qui lui confirmera les dires du lieutenant.

2eme ANNEE avant Pâques : (23/25) (Aix) (Seizième jour) (Raymond & Luka)

L’inspecteur ferme sa valise et soupire en regardant le lit encore chaud qu’il vient d’abandonner bien trop tôt à son goût, mais ils doivent se rendre à la gare pour neuf heures pétante s’ils ne veulent pas rater leur train pour Paris.

Une fois avoir jeté un dernier regard dans la chambre pour vérifier qu’il n’oublie rien, Raymond en sort et emprunte le couloir, descend un étage et va frapper à la porte d’une autre chambre qui s’ouvre à la volée, son occupant attendant déjà avec son sac à dos en bandoulière.

Raymond sourit en voyant Luka.

- Bien dormi ?

- Trop peu mais ça ira.

- Bon et bien ne perdons pas plus de temps, nous avalerons quelque chose à la gare en attendant notre train.

Les deux hommes quittent l’hôtel et hèlent un taxi pour arriver plus rapidement.

Une fois installé à l’arrière près de Luka, Raymond repense à la fin de journée de la veille prémices d’une longue discussion qui les a amenés tard dans la nuit et qui est responsable de leur manque de sommeil.

En quittant le commissariat ils se sont rendus directement au centre-ville pour faire les achats essentiels à Luka, du moins pour le plus urgent car il sera indispensable d’y retourner plus tard quand ils seront chez lui et qu’ils pourront s’encombrer plus facilement qu’ici.

Sous-vêtements et vêtements sont vite trouvés ainsi qu’une paire de chaussures et le nécessaire pour la toilette du soir, Raymond apprécie les choix du jeune homme qui ne profite pas de ne pas avoir à payer pour favoriser ses achats sur de la marque en se contentant de choses basiques mais qui sur lui paraissent tout à fait appropriés et de bon goût.

C’est évident pour toutes personnes les croisant et s’intéressant un tant soit peu à eux, qu’ils s’entendent bien ensemble et que de forts liens d’amitiés se tissent déjà entre ses deux garçons qui discutent et rient sans arrêt avec un naturel dénotant le plaisir qu’ils ont chacun de la présence de l’autre à ses côtés.

Il y a eu ensuite le repas, simple mais délicieux, qu’ils ont pris dans une auberge à deux pas de l’hôtel où ils avaient porté leurs affaires et où Luka avait pu se changer des vêtements que lui avait donné l’hôpital et apparaitre à son nouvel ami dans un meilleur jour que jusque maintenant.

Raymond se rappelle très bien de la forte impression qu’il lui a faite en se montrant dans ses habits neufs qui l’on fait paraitre vraiment son âge et du petit pincement au cœur justement pour la même raison qu’il a ressenti alors, les douze ans qu’ils ont d’écart ne lui laissant que peu d’espoir qu’il reste présent dans sa vie comme lui le souhaiterait, tout du moins quand toute cette sordide affaire sera loin derrière eux.

Luka est heureux de tout, ses nouveaux habits, ce repas qu’il passe avec cet homme auprès duquel il se sent bien et qui lui fait oublié un temps son quotidien de solitude qui reviendra bien assez vite à son goût, avec tous les problèmes qui s’y rattachent mais qu’il préfère repousser un temps au fond de sa mémoire afin de profiter à fond de ce moment de bonheur avec l’insouciance de son jeune âge.

Ensuite il y eu le retour à l’hôtel et ne voulant pas se quitter aussi vite, ils se sont donnés rendez-vous le temps de prendre une douche dans la chambre de Raymond ou ils ont passés la soirée à discuter de tout et de rien mais où chacun laissant échapper de temps en temps quelques paroles ambigües sur leurs besoins de ne plus être seul et sur la chance de trouver quelqu’un un jour avec qui ils se sentiraient particulièrement bien, afin de faire un bout de chemin voir pourquoi pas toute une vie ensemble.

Luka comme Raymond ne sont pas dupes des paroles échangées mais craignent tellement chacun que l’autre ne soit malgré tout pas sur la même longueur d’onde ou encore qu’ils se fassent une fausse idée de la personne recherchée, que leur discussion porte le plus souvent sur des opinions basées sur des généralités même si elle se rapporte souvent étrangement à leur vie et leurs envies respectives.

Raymond ne peut croire qu’un jeune homme comme Luka puisse avoir envie d’une relation avec un « vieux », comme lui se considère déjà malgré qu’il n’ait que trente-cinq ans.

Luka de son côté ne peut imaginer même s’il se rend compte au fur et à mesure qu’il le connait mieux de son attirance pour lui, que Raymond étant un homme fait accepte d’avoir un gamin comme il se considère encore à ses côtés.

Le trajet en taxi, puis celui en train et ensuite encore le reste du parcours en RER jusqu’au petit lotissement fraichement sortie de terre où Raymond y a fait construire sa maison, s’est déroulé sans presque aucunes paroles de part et d’autre mais sans qu’ils ne ressentent non plus aucune gêne, se temps de silence fut simplement passé à ressasser toutes ses idées qui trottent dans leurs têtes.

Ce n’est qu’une fois la porte de la maison ouverte, qu’ils reviennent à la réalité et que Raymond invite Luka à entrer avec un grand sourire.

- Et voilà !! Nous voilà dans mon petit chez moi !! J’espère que tu t’y plairas pour le temps que tu décideras d’y rester.

Luka d’un air effronté.

- Méfie-toi de tes paroles, je pourrais m’y trouver si bien que je n’ai plus envie de repartir.

Raymond du tac au tac.

- Ou moi de t’y enfermer pour ne plus que tu en sortes.

Luka sent son cœur s’accéléré brusquement.

- Pourquoi ferais-tu une chose pareille ?

2eme ANNEE avant Pâques : (24/25) (Région parisienne) (Seizième jour)

(Raymond & Luka) (L’aveu)

Raymond sent son sang lui quitter le visage quand il s’aperçoit du trouble de Luka, imaginant à la vue de la tête qu’il fait que celui-ci n’a pas apprécié sa répartie dite sans réfléchir.

- Je plaisantais bien sûr !! Tu ne croyais quand même pas que j’étais sérieux ?

Luka se rembrunit, interprétant ses paroles d’une façon tout à fait différente.

- Je ne suis qu’une mission pour toi alors, c’est ça ?

Raymond choqué.

- Bien sûr que non !! Quelle idée !! Viens plutôt que je te montre ta chambre, nous sommes tous les deux fatigués alors je te propose une petite sieste et après ça on voit comment passer le réveillon de ce soir.

- (Luka) Tu n’avais rien de prévu ?

- Si en fait mais comme j’étais en mission, je ne pensais pas rentrer à temps et je me suis décommandé, en plus pour être tout à fait honnête je préfère le passer avec toi.

Luka entre dans sa chambre et se retourne soudainement vers Raymond.

- Dis-moi « Ray » ? On va encore jouer ce petit jeu-là longtemps tous les deux ?

L’inspecteur se fige et déglutit avec difficulté ayant d’un seul coup la bouche sèche, il fixe intensément le jeune homme toujours à l’observer à attendre une réponse.

- Qu’est-ce que tu veux dire par là ?

Luka soupire et baisse les yeux, il entre dans sa chambre et referme la porte derrière lui, laissant son hôte dans le couloir.

Ce qu’il craignait vient de lui exploser à la figure et ses yeux commencent à s’humidifier de la tristesse qui l’étreint soudainement, ses craintes sur son jeune âge n’étaient pas vaines car Luka n’est pas dupe et il sait qu’il plait à Raymond tout comme Raymond sait qu’il lui plait mais que c’est sans doute cette différence d’âge le facteur qui fera qu’il n’acceptera pas de le reconnaitre.

Dans le couloir, c’est loin d’être le calme des sentiments et l’inspecteur reste les poings serrés devant la porte de la chambre jusqu’à ce qu’il craque et l’ouvre à la volée en faisant sursauter son occupant qui se retourne vers lui le visage couvert de larmes.

C’en est trop pour Raymond qui comprend combien ses tabous allaient lui foutre sa vie en l’air, alors que celui qu’il aime n’attend que ses aveux pour lui déclarer sa flamme.

Deux pas le séparent de Luka qui ne bouge pas un cil, attendant certainement de comprendre ce que cette irruption dans sa chambre signifie et n’osant pas encore une fois se faire d’illusions quant au motif qui a poussé Raymond à le faire d’une façon aussi rageuse.

Les deux pas sont enfin franchis quand l’inspecteur prend Luka dans ses bras, le visage marqué cette fois par toute sa détermination.

- Et merde !! Je vais peut-être me prendre un vent, mais tant pis pour moi !! J’aurai au moins essayé !!

Ses lèvres avides viennent alors se plaquer sur celles tremblantes du jeune homme qui reste sans réactions, chamboulé qu’il est par l’attitude macho de Raymond qui révolutionne ses sens et le laisse se plier à la volonté virile de son partenaire.

La barbe de trois jours le pique et l’excite tout comme la langue inquisitrice qui s’empare de la sienne et s’enroule autour, attendant la réciprocité qui ne tarde pas à arriver dans une fièvre dévorante qui bloque leurs respirations pendant un temps dont ils ne tiennent plus le compte, jusqu’à ce que leurs poumons réclament l’air qu’ils leur manquent.

Raymond n’a plus de doutes sur les sentiments de Luka et surtout sur l’acceptation de son âge par rapport au sien, il écarte légèrement son visage de celui de son « petit ami » histoire de reprendre son souffle et sourit tendrement devant la frimousse alanguie et abandonnée à sa volonté, qui marque sans contexte l’accord inconditionnel de leur future relation.

- Alors ? C’était la réponse que tu voulais ?

- Depuis la première fois que je t’ai vu, je me suis senti attirer par toi alors tu penses bien que je n’attendais que ça que tu te décides enfin.

- C’est pareil pour moi tu sais ?

- Comment est-ce possible ? J’étais couvert de pansement des pieds à la tête ?

- Je ne saurais pas te l’expliquer Luka, juste que c’est ce que j’ai tout de suite ressenti.

- Et si j’étais resté défiguré et couvert de cicatrices ?

- Ça n’aurait rien changé, j’étais prêt à te prendre comme tu étais même si ça te semble bizarre, moi-même n’aurais su l’expliquer.

- J’aime bien quand tu me serres dans tes bras comme ça, les garçons de mon âge ne m’ont jamais intéressé parce qu’au fond de moi j’ai besoin de me sentir protéger par un homme fort et j’ai tout de suite compris en te voyant que ce serait toi.

- Tu n’as donc personne ?

- Tu veux parler d’avant mon agression ? Non personne ! J’ai bien connu quelques garçons pour faire des expériences mais comme je viens de te le dire, rien de sérieux parce qu’ils ne me correspondaient pas et ça ne durait jamais bien longtemps.

- Moi c’est pareil et mon métier faisait qu’il fallait que je reste discret, pas que j’avais honte mais j’attendais de trouver le bon pour m’afficher en public avec lui.

- Il était prévu avec qui ce réveillon ?

- Mes parents et le reste de ma famille comme chaque année.

- Tu as de la chance d’avoir encore une famille tu sais ? Depuis la mort de mon oncle et de sa famille, je n’ai absolument plus personne et c’est très difficile à vivre au quotidien.

Raymond fixe toujours le regard de Luka et sourit en lui déposant un bref baiser sur la bouche.

- Je les appelle pour leurs dire qu’on vient si tu veux ?

2eme ANNEE avant Pâques : (25 /25) (Aix) (Seizième jour) (Résidence d’Hassan)

Thomas est le premier à ouvrir l’œil ce matin-là et il n’a pas du tout envie de se lever tellement le lit de leur chambre est confortable et douillet.

Il croise ses mains derrière sa nuque puis repense en souriant à la soirée qu’ils viennent de passer sous l’hospitalité du prince, fortement marquée comme souvent par la présence de son chéri.

Ne serait-ce que les conséquences d’un fou rire du jeune prince qui a failli plomber leur visite, mais qui s’est heureusement bien terminé après l’intervention de Florian qui a encore une fois laissé son entourage sans voix devant ses prouesses.

Déjà tout a commencé avec la crise de fou rire du jeune prince quand il a lu la lettre que Florian a laissée à son père, quand ils ont tous décidé qu’ils en avaient marre d’attendre et qu’ils firent le choix de visiter la résidence.

Fou rire tellement fort qu’Amid s’est lâché dans son pantalon et qu’il a fallu le ramener d’urgence dans sa chambre pour qu’il se nettoie et se change.

Le jeune prince s’est plaint brusquement de douleurs fulgurantes dans le dos qui ont affolés son « infirmier » qui commençait à sérieusement paniquer, envisageant même d’appeler les secours tellement le visage couvert de sueur et marquant la douleur du jeune prince le rendait fou d’angoisse.

Thomas revoit la scène comme s’il y était encore, le raffut fut tel qu’il alerta la domesticité qui en fit part à l’émir, qui arriva aussitôt les traits tirés d’angoisse pour voir de quoi il en était réellement pour son fils.

***/***

Christophe blanc d’inquiétude.

- Je crois que le fou rire du jeune prince lui a déchiré quelque chose dans le dos votre altesse, je pense qu’il faudrait l’emmener faire des examens d’urgence.

***/***

Thomas se rappelle le début de panique qui a suivi ses paroles et les crispations d’Amid prouvant qu’en effet il venait de se faire vraiment très mal et n’arrivait plus à se redresser sans pousser un cri de douleur.

C’est à ce moment-là qu’il est intervenu en leurs faisant se souvenir que Florian était parmi eux et qu’il était déjà parti chercher ce qu’il faut pour soulager son ami.

Il s’est bien passé encore cinq bonnes minutes avant que celui-ci ne revienne, visiblement mécontent de ne pas avoir trouvé ce qu’il cherchait et qui lui aurait permis une certaine discrétion dans son intervention.

***/***

- Bon !! Il va vous falloir me laisser seul avec Amid si vous voulez que je le remette sur pieds.

- (Hassan) Je peux rester également au cas où tu aurais besoin de quelque chose ?

- D’accord !! Juste toi et Thomas alors, les autres doivent sortir de la chambre.

Amid garde sa main serrée dans celle de Christophe.

- Il ne peut pas rester lui aussi s’il te plait ?

Je regarde Hassan qui hoche la tête pour me faire comprendre que c’est à moi de prendre la décision.

- C’est bon !! Mais personne d’autre c’est bien compris ?

Hassan s’est occupé lui-même de faire sortir tout le monde pendant que je commence à déshabiller le jeune prince aidé par Christophe qui s’en sort avec dextérité, beaucoup mieux que moi je dois bien le reconnaitre.

- Tu restes « Tof » c’est d’accord, mais tu ne devras jamais raconter à qui que ce soit ce que tu vas voir, c’est bien compris ?

- Pourquoi ? Qu’est-ce que tu vas lui faire ?

- Le guérir tiens !! Bonne blague !!

Christophe me regarde incrédule, il remarque aussi le sourire de l’émir qui ne semble pas choqué par mes paroles, tout comme Thomas qui le fixe d’un œil amusé alors que ce n’est surement pas de circonstance.

Amid est enfin allongé sur le ventre, entièrement nu et je remarque un léger changement dans son physique qui me fait sourire, ses fesses me paraissent moins imposantes qu’à ma dernière intervention et prouve par-là qu’il a pris en compte mes conseils à ne plus se laisser aller et de se nourrir à heure fixe en faisant attention à ce qu’il mange.

Je lui mets donc une petite claque dessus l’air satisfait.

- Hum !! J’en connais un qui doit kiffer grave ! Hi ! Hi !

Fin du livre 2 tome 2

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire laurentdu51100 ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0