Chapitre 5

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Les rires des matelots résonnaient à des kilomètres. Chacun s’occupait de sa tâche respective. Certains faisaient des ajuts, d’autres mettaient en place le bordé ou bridaient plusieurs cordages.

Une semaine s’était écoulée depuis leur départ. Et pendant ces quelques jours, les villageois avaient découvert la fatalité de la mer en temps de pluie. Dès que le bateau avait quitté la plage, une averse les avait suivis. Il avait plu des torrents, la mer s’était déchaînée et le vent avait soufflé tellement fort qu’ils crurent perdre la grande voile. L’eau s’était faufilée à l’intérieur des cabines et dans la cave. Ils avaient vécu un cauchemar, certains d’entre eux étaient tombés malades d’une forte fièvre.

Aujourd’hui, le ciel était éclairé malgré l’omniprésence des nuages. Les rayons de soleil séchaient les gouttes toujours présentes sur le pont ainsi que celles de la figure féminine située sur la proue. Le visage mouillé, elle donnait l’air d’avoir versé des larmes.

Assis sur une banquette en bois, Walfrid contemplait le ciel nuageux. La brise rafraîchissait le corps en sueur et épuisé des marins. Le brun soupira, il s’ennuya tout seul. Depuis le début du voyage, Wilfrid était dans la cabine en compagnie des navigateurs et du capitaine. Personne ne savait ce qu’ils trafiquaient, même son frère n’avait rien voulu dire. Quant à Ansfrid, il était dans le nid de moineau à scruter l’horizon.

Walfrid détourna son regard à l’entente de plusieurs bruits de pas venant en sa direction. Un homme de grande taille et aux courts cheveux roux se positionna au milieu du pont. Ansfrid descendit de son poste, rejoignant l’assemblée.

« Chers amis, j’ai l’honneur de vous annoncer que nos navigateurs ont réussi à retrouver le portail qui nous mène vers d’autres contrées. Déclara le capitaine.

-Un portail ? Chuchota Walfrid, surpris de la nouvelle.

-Pour tous ceux qui l’ignorent, les portails sont les liens qui unissent les îles, protégées par des barrières divines. Ce sont des tunnels de plusieurs mètres, mais pas d’inquiétude. Ça nous prendra seulement quelques secondes pour atteindre l’île suivante. Par contre, je ne crois pas que de simples paysans tels que vous puissent survivre sur cette mer. Finit-il en pointant du doigt les jeunes hommes. »

Il s’adressait à la génération du Trio. Il y avait trois hommes d’environ le même âge qu’Ansfrid et les jumeaux. Le capitaine se rapprocha d’eux.

« Il nous reste encore plusieurs jours avant d’arriver au portail. Nous ne pouvons vous laisser périr, haha !

-Sommes-nous obligés ? Demanda naïvement un jeune homme aux courts cheveux dorés.

-Bien sûr ! Répliqua Walfrid. Comment veux-tu survivre, alors ? »

Le blond le défia du regard. Walfrid et Hjalmar ne s’étaient jamais entendus. L’un parce qu’il n’appréciait point la tête brûlée qu’était le brun, tandis que l’autre détestait la naïveté du blond. Ils avaient des personnalités totalement différentes et au lieu d’accepter cette différence, ils en avaient fait un trait négatif. Enfants, ils s’étaient toujours disputés, chamaillés et bagarrés pour un oui ou pour un non.

Hjalmar était petit de taille contrairement aux autres de son âge. Il avait de courts cheveux dorés bouclés, aux yeux d’amende de couleur chocolat. Honnête, il ne laisse aucune pensée dans sa tête, toujours là pour dire ce qui devait se dire. Comparé aux hommes du village qui s’occupaient des champs, Hjalmar restait dans les bois, à jouer de sa flûte. C’était une mélodie qu’un bon nombre de personnes appréciaient, sauf Walfrid.

« Arrêtez vos conneries, nous ne sommes plus des enfants. »

Le propriétaire de ces paroles n’était qu’autre qu’Erling.

D’origine inconnue, cet homme était doté d’une sagesse exceptionnelle. De nature calme et posée, il ne parle que quand bon lui semble. Pas trop curieux, il préfère obéir que de se révolter contre les paroles des supérieurs, contrairement à Hjalmar. Il avait une courte chevelure corbeau, attachée en une haute queue-de-cheval, une mèche encadrait son petit visage pâle.

« Tiens, il parle ! »

Les rires éclatèrent dans le bateau.

Folker, l’homme le plus imprévisible de l’île. C’était lui qui persécutait le pauvre Wilfrid lorsqu’ils étaient enfants. Et c’était lui qui se faisait toujours battre à plate couture par Ansfrid. Il avait un corps imposant et bien musclé, des cheveux blond platine, tressés et attachés. Accompagnés de belles perles dorées en guise d’yeux. Têtu, il n’aime pas se faire contredire.

Erling ne répondit pas à la provocation du métisse. Il le regarda un instant avec indifférence. Le capitaine, un sourire accroché aux lèvres, observa ces hommes.

Il se rappela qu’en compagnie d’Erling, Folker n’avait rien à redire. Il pouvait blablater autant qu’il voulait, le ténébreux ne lui répondrait pas. Néanmoins, il avait trouvé une passion à persécuter le cadet de tout le groupe, Wilfrid. Ce dernier était naïf et peureux. Ne sachant se défendre, il se laissait faire face à Folker en attendant patiemment les secours. Hjalmar ne participait jamais à ce genre de gaminerie. Depuis son plus âge, il aimait se retrouver dans les bois à jouer de son instrument.

Il les avait vus grandir, comme tous les autres villageois. Ces hommes-là étaient la première génération après la guerre Sanglante. Les porteurs d’espoir, les surnommaient-ils.

« Allons, vous n’êtes plus des enfants. Interrompit le capitaine. Nous avons encore plus de deux semaines de route, mettez-vous à l’entraînement. Frittjof vous apprendra les bases. »

Un homme d’une quarantaine d’années s’avança d’un pas. Blanc comme neige, ses yeux azur transperçaient tous ceux qu’ils rencontraient. Il était chauve, mais avait une longue barbe d’un blond très clair. Il était albinos.

« Je ne serai pas indulgent. Déclara Frittjof, dégainant son épée. Préparez-vous. »

Les matelots retournèrent à leurs tâches, laissant la nouvelle génération en compagnie du vieux albinos. Ce dernier était un survivant de la guerre, comme la plupart des personnes présentes sur le navire. Il avait combattu aux côtés d’Odal. Son maniement d’épée était des plus vifs et rigoureux, ses coups étaient tellement rapide que ses ennemis avaient eu du mal à les percevoir.

Frittjof s’élança vers Erling. Ce dernier -surpris de la rapidité du vieux- tomba sur ses fesses, ses yeux écarquillés. Folker se moqua du ténébreux, mais il n’eut pas le temps de rire qu’un coup de poing embrassa sa mâchoire, le métisse se retrouva couché sur le pont avant de se masser le bas de son visage.

« Je crois que l’épée sera inutile . »

L’albinos jeta l’arme sur le plancher avant de se tourner vers les quatre hommes. Hjalmar et Wilfrid étaient en retrait. Juste devant, Walfrid s’enflammait ; un sourire satisfait s’était dessiné sur son visage. Fonceur comme il était, il se jeta le premier vers Frittjof, les poings prêts à frapper. Il lui asséna plusieurs coups circulaires au niveau de son abdomen, mais le vieux resta de marbre, comme s’ils ne l’avaient point affecté. Frittjof eut un rictus. Il attrapa Walfrid par le bras, le souleva et le jeta de l’autre côté du pont. Le brun tomba sur son dos et gémit de douleur.

Wilfrid, Hjamlar et Ansfrid furent hébétés par la puissance du vieux qui se rapprochait d’eux. Inquiet, le cadet du groupe n’avait jamais combattu qui que ce soit, il n’avait aucune chance face à Frittjof. Avalant sa salive, Ansfrid prit son courage à deux mains et chargea vers l’homme. Il enchaîna les coups, mais le vieux les para tous. Soudain, une petite figure sortit de derrière Frittjof ; Hjalmar, armé de l’épée, fendit l’air et lacéra la chemise du blanc. L’albinos s’arrêta net, il ne bougea plus. Son rictus disparut, il se tourna doucement vers le blond où il fut accueilli par un fier sourire. Sans crier gare, les deux hommes –Ansfrid et Hjalmar- furent projetés au-delà du bateau.

« Mauvaise idée, p’tit blond. Ria un des matelots.

-Un vêtement déchiré, rien de pire pour Frittjof. Commenta son camarade. »

Wilfrid accourra vers le bord du navire, il aperçut les deux jeunes hommes nager vers le vaisseau. Il n’eut le temps de soupirer de soulagement qu’il fut soulevé par le col de son haut. Folker intervint en frappant le visage du vieux, suivi d’Erling qui ajouta un coup de coude sur sa cote. Frittjof resta immobile et en une fraction de seconde, il donna un coup au métisse, assomma le ténébreux et étrangla le brun.

« Ca suffit. »

La voix du capitaine résonna sur le pont. L’albinos obéit à l’ordre et lâcha Wilfrid qui tomba en toussant.

Les hommes jetés à la mer furent aidés par les marins. Ils reprirent leur souffle sur le pont où leurs compagnons s’étaient rassemblés une nouvelle fois. Folker eut un œil au beur noir, une bosse apparut sur la tête d’Erling –toujours évanouis-, Walfrid se retrouva avec un hématome sur son dos et quant à Ansfrid et Hjalmar, ils espérèrent éviter la fièvre.

« Ils sont faibles. Jugea Frittjof. Si nous étions en pleine guerre, ils seraient les premiers à mourir.

-C’est pour ça que je te les confis, mon cher ami. Répondit le capitaine en mettant un chapeau marin.

-Ne viens pas pleurnicher lorsqu’il leur arrivera quelque chose »

Le capitaine pouffa dans sa barbe. Il admira une dernière fois la nouvelle génération avant de s’enfermer dans une cabine.

Deux semaines plus tard

Il était midi passé, Frittjof était debout sur le pont, entouré de six hommes. Wilfrid serrait fortement un glaive. Ce dernier était une épée à courte et large lame qui pouvait causer de graves dégâts. Son frère possédait deux dagues jumelles, courbées et métalliques. Elles étaient liées par une longue chaîne argentée. Folker avait les mains sanglées de ceste. C’était une sorte de gant de combat dont les sangles se liaient à une boucle au poignet. Des piques de métal jonchaient le dos des mains. Hjalmar portait plusieurs couteaux, cachés dans une ceinture en cuir. Quant à Erling, il tenait un arc dans sa main droite tandis que l’autre était tendue au-dessus de son épaule, prête à tirer une flèche de son étui. Le fourreau empoigné, Ansfrid s’apprêtait à dégainer son épée.

Frittjof hocha la tête et l’entraînement débuta.

Walfrid et Folker foncèrent en même temps. Le brun lança une des dagues que l’albinos esquiva facilement, il s’accroupit avant de se redresser avec rapidité pour éviter le coup de poing de Folker. Ce dernier enchaîna coup après coup, puis s’éloigna soudainement, laissant le vieux intrigué par sa fuite. Walfrid sourit et lança sa seconde dague qu’il contrôla grâce à la chaîne, la première fonça droit sur le crâne chauve de Frittjof, tourbillonnant tel un boomerang. Le blanc éluda l’attaque et attrapa la chaîne d’une main tandis que la seconde retint un nouveau coup du métisse.

Ansfrid et Wilfrid se jetèrent sur le vieux en dégainant leurs épées. Hjalmar passa à l’attaque, il visa et lança trois couteaux vers Frittjof. Ce dernier lâcha les deux individus et évita les lames tranchantes, suivies des coups de Folker et l’enchaînement des dagues de Walfrid. Lorsqu’il aperçut les poignards, il n’eut le choix que de sortir son épée de son fourreau. Il para les attaques des épéistes et les couteaux –qui changèrent de trajectoire à cause du choc- il asséna un coup de pied à Folker et un coup de coude sur la nuque de Walfrid. Les quatre hommes se replièrent.

L’albinos les observa un à un. Ces hommes avaient réussi à l’obliger d’utiliser son arme alors qu’ils n’avaient même pas pu se rapprocher de lui, deux jours auparavant.

Soudain, un couteau fonça droit sur lui. Il le para facilement, toutefois, il ne s’attendit pas à voir le poing de Folker à quelques centimètres de son visage. Il esquiva de justesse et se replia à quelques mètres loin d’eux. Quand tout à coup, une chose le trancha. Il sentit sa joue se mouiller, il la toucha et découvrit du sang. Ses yeux rencontrèrent une chose brillante, plantée sur le plancher du pont. Un couteau. Frittjof fronça les sourcils. Comment ? Il observa à nouveau ses disciples, tous avaient ce même sourire narquois. Il tomba sur la silhouette d’Erling, ce dernier se tenait droit, l’arc était positionné sur un axe horizontal et sa main libre n’était plus aussi proche de l’étui. L’albinos se tourna légèrement pour apercevoir une flèche enfoncée dans le bois d’une porte. Il comprit. Le ténébreux avait utilisé son arme pour changer la trajectoire du poignard.

Frittjof sourit face à la perspicacité de ses élèves. Enfin, ils avaient mis leurs différends de côté afin de s’entraider au combat. C’était ce qui leur manquait, après tout. Le travail d’équipe était la clé de la réussite, sans ça, ils ne vaincraient jamais l’ennemi. Ils n’étaient pas puissants, loin de là, mais leur confiance en soi les faisait évoluer rapidement. Malgré leurs défauts en combat, chacun croyait en les capacités de l’autre.

Plusieurs heures passèrent depuis le début de l’entraînement et le résultat ne fut guère étonnant. Frittjof fut le seul debout tandis que ses disciples étaient un peu éparpillés sur le pont. Il n’eut qu’Erling qui réussit à se relever. Essoufflé, il attrapa une nouvelle flèche et visa avec son arc. Mais il n’eut plus aucune force. Il tomba sur son genou et s’appuya sur son arme.

« Portail en vue ! Déclara un matelot. »

Le ténébreux leva la tête et aperçut une fine brèche sombre, flottant sur la mer. Il se redressa doucement avant de se rapprocher du bord du bateau, il fut rapidement suivi de ses compatriotes. Plus ils se rapprochèrent, plus la brèche prit plus d’ampleur.

« Faites attention, le Gardien peut surgir à tout moment. Mit en garde le capitaine, une carabine à la main, avant de se tourner vers l’albinos. Tu aurais pu y aller gentiment avec eux.

-Excuse-moi, j’ignorais que nous étions si près du portail. »

La brèche s’ouvrit lentement. La nouvelle génération –qui avait réussi à se relever- resta ébahie devant la scène qui se déroulait devant elle. Un tourbillon d’un bleu vif apparaissait au fur et à mesure que le trou s’agrandissait. Soudain, un cri strident résonna dans le ciel. Le bateau s'arrêta. Les marins relevèrent la tête et virent une bête énorme survolant le navire.

De son corps écailleux bleu et long, il faisait penser à un reptile. Sa tête aplatie était munie de poils blancs, ses gros yeux globuleux se focalisaient sur le vaisseau marin. Sa gueule, légèrement entrouverte et dépourvue de dents, était aussi grande qu’un tonneau. Ses ailes étaient gigantesques dont le plumage blanc recelait un poison mortel ainsi que ses griffes acérées.

« Le Gardien ! Déclara le capitaine. »

N’attendant pas plus longtemps, les voyageurs s’armèrent d’épées, de lances et d’arbalètes. Les six hommes firent de même : Hjamlar empoigna ses couteaux, Folker réarrangea ses cestes, Walfrid tourbillonna ses dagues, Erling visa de son arc et Wilfrid et Ansfrid se mirent en garde. Ils scrutèrent le ciel où la bête disparut derrière les nuages. Puis, le silence.

« Avançons. Ordonna le capitaine d’un ton calme. »

Le bateau reprit la route. Perplexe, Wilfrid observa avec curiosité le sol du pont. Il avait senti une vibration lorsque le navire s’était arrêté, il pensait que ce n’était que l’effet du cri du Gardien, mais il avait ressenti la même secousse lorsqu’il avança, avait-il rêvé ? Et puis, les bateaux s’immobilisaient-ils à leur guise ? Confus, il ne prit pas attention à la décharge électrique qui fonçait droit sur le paquebot. L’attaque ne put être esquivée, le bateau fut électrocuté. Des cris de douleurs résonnèrent, du sang saigna et des corps tombèrent sur le pont.

Gravement blessés, deux hommes furent debout après l’attaque. La capitaine et Frittjof. Ces derniers avaient résisté grâce à une porte en bois qu’ils avaient brisée de son encadrement afin de l’utiliser comme bouclier. Le capitaine observa brièvement ses compagnons, morts ou évanouis, il ne savait pas. Une colère monstre le rongea de l’intérieur.

Les yeux du vieux, rivés sur ses disciples, ne quittèrent leurs corps meurtris. Il eut un pincement au cœur. Il ne lui fallut que deux semaines pour s’attacher à eux, malgré leur insoutenable différence. L’albinos dégaina son épée, les yeux brûlants de rage.

Le Gardien s’éleva au ciel. Faisant face aux humains, il ouvrit grandement sa gueule et une autre décharge se prépara. Le capitaine et Frittjof se mirent en garde, l’un avec une épée tandis que l’autre tenait une carabine.

Ansfrid gémit de douleur avant d’ouvrir légèrement ses yeux. Sa vue fut brouillée un moment et son ouïe bourdonnait. Par contre, il put apercevoir deux silhouettes bouger avec rapidité. Le brun se leva en toussant, ses membres tremblèrent toujours à cause du choc. Il marcha quelques pas avant de trébucher sur quelque chose de dur, il se redressa légèrement et ne put reconnaître cette touffe noire. Sa vue revint petit à petit et il découvrit avec horreur le corps de Wilfrid, ses yeux entrouverts. Pris de panique, Ansfrid oublia la douleur de ses membres et se jeta sur son cousin. Il le prit dans ses bras avant d’essayer de le réveiller de sa léthargie, en vain. Il cria son nom, le gifla, le secoua, mais rien n’y remédiait. Il sentit alors une tristesse au fond de lui, mélangée à de la colère, de la haine et une autre chose qu’il n’arrivait à décrire. Il la sentit brûler dans son torse.

Le combat faisait rage derrière lui, mais il n’y prêtait pas attention. Il observait désormais le pont où plusieurs corps jonchés le sol. Il aperçut celui de Walfrid, jeté sur les escaliers du bateau. Ses yeux s’écarquillèrent et la brûlure s’intensifia. Elle remontait à sa gorge, puis son visage, enflammant ses yeux larmoyants. Il ne les avait pas protégés, il n’avait pas réussi à tenir la promesse faite à son oncle, il les avait laissés mourir sous ses yeux sans qu’il ne puisse rien faire. Sa peine le sombra dans le chaos.

Le Gardien en finit avec Frittjof et le capitaine qui se retrouvèrent noyés en mer. Le bateau fut dans un état pitoyable, certains marins périrent sous le coup d’électricité tandis que d’autres survécurent. La bête se tint fièrement au-dessus du navire, ses yeux globuleux analysèrent l’étrange aura noire entourant Ansfrid.

Ce dernier ne bougeait plus. Ses pupilles étaient fixés sur la longue chevelure ébène de Wilfrid. Il ne se rendit pas compte de la chose qui s’émanait de son être. Sombre et terrifiante, elle enveloppa la moitié de son corps. Son œil droit disparut sous la brume noirâtre, laissant place à un œil plus grand et long d’une couleur marine. Dépourvu d’iris et de pupille.

Le Gardien battit des ailes et chargea vers le navire. Les griffes acérées, il se rapprocha du brun à une vitesse impressionnante. Et d’un seul coup de patte, il le transperça.

Une larme perla.

La bête grogna, ses poils s’hérissèrent et ses écailles luisirent. Elle déploya ses ailes dont les plumes blanches changèrent en une couleur violacée et visa Ansfrid. Ce dernier fut protégé par une énorme main sombre qui retenait fermement la patte du Gardien. Les rémiges se jetèrent sur lui. Sans crier gare, elles changèrent de trajectoire et se retrouvèrent au fond de la mer. L’œil marin fixait le monstre.

Le monstre grogna une nouvelle fois avant de perdre son équilibre sur le bateau. Il flotta de quelques centimètres alors que ses ailes s’étaient refermées sur son dos. Un sourire étrange se dessina sur les lèvres d’Ansfrid. Un autre bras surgit du corps noir et fonça vers le Gardien.

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