« Regarde, fiston.

- Où ça ?

- Loin.

- D’accord.

- Peux-tu me détailler ce que tu vois ?

- Des montagnes, des prairies, des forêts... Et il y a un village dans la vallée.

- Peux-tu me donner plus de détails ? Des choses plus précises ?

- Non, c’est trop loin !

- Et ici, que vois-tu, ici ?

- De l’herbe, des fleurs, des rochers... Certaines fleurs sont jaunes, d’autres mauves… Celle-là est très belle d’ailleurs !

- Tu as donc plus de détails, ici. Pourquoi ?

- Parce que je suis ici. C’est près de moi ! C’est logique.

- Garde cette logique toute ta vie, mon fils. Ne t’épuise pas à essayer d’entrevoir ta vie trop loin, tu n’auras pas assez de détail. Il te sera toujours plus facile d’être présent là où tu es, plutôt que là où tu seras peut-être. Et c’est d’ailleurs comme ça que tu pourras voir toutes les fleurs sur ton chemin.

- Je vais essayer, papa. Tu as réussi à faire ça, toi ?

- Non, fiston, non. Mais aujourd’hui, je n’ai plus vraiment le choix. »