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Août 1905

Henri remontait le cimetière par l’allée principale.

Toutes ces sépultures imposantes datant d’un temps aujourd’hui révolu lui donnaient l’impression de rapetisser au fur et à mesure de sa progression. Les sculptures monumentales lui rappelaient qu’il n’était qu’un petit être en train de déambuler au coeur d’édifices séculaires en pierre finement ouvragés. L’idée que tout ceci lui survivrait lui donna le vertige. La mort et son architecture l’écrasaient et il se sentait étouffer. Il devait trouver le fameux emplacement et il était trop tard pour faire demi-tour. Regarder droit devant lui, continuer à s’enfoncer au coeur des dernières demeures de tous ces gens qu’il ne connaîtrait jamais, voilà ce à quoi il était condamné s’il voulait comprendre ce qui se tramait.

Les rangées de tombes semblaient s’étirer à l’infini devant lui et ses pas résonnaient au son du gravier sec.

Il faisait très chaud en cette fin de journée estivale et le ciel se drapait progressivement d’une couleur de linceul. Au loin, Henri entendit le tonnerre rouler et il rentra la tête dans les épaules comme pour dissimuler sa présence aux yeux d’un dieu en colère.

Le bas de son pantalon noir et ses bottines en cuir clair fraîchement cirées se couvraient progressivement d’un fin dépôt de poussière grise qui se soulevait au rythme de sa marche.

Henri sentait son coeur battre de plus en plus vite et une perle de sueur coula le long de sa joue. Il s’arrêta au milieu du chemin, ajusta sa casquette gavroche sur l’arrière de sa tête comme il le faisait souvent, puis essuya son front d’un revers de manche. Il sortit de sa poche arrière un bout de papier sur lequel étaient griffonnées les coordonnées d’un emplacement. Son ami William les lui avait notées, une heure plus tôt, d’une main encore tremblante