...ou le jeu de la tentation.

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Le vendredi se passe bien. Rentrée à la maison, Émeline décide de mettre les choses au clair. En plus, Jade vient dormir la nuit de samedi à dimanche, donc hors de question qu'il hurle. Cela fait une semaine et elle pense qu'elle doit savoir pour le bien de cette colocation. Alors qu'elle prépare des lasagnes et qu'il profite de ce temps-là pour bosser, elle se prépare à lui parler. C'est difficile de savoir s'il va parler et comment il va réagir…

Elle est tellement concentrée que son visage se tend. Elle stresse de plus en plus, ça n'a jamais trop été son fort de parler aussi franchement. Heureusement, quand le minuteur sonne, annonçant la fin de la cuisson, Jo est déjà arrivé pour se laver les mains, ce qui lui a évité d'aller le chercher dans sa chambre. Après s'être souhaité un bon appétit, personne ne dit rien pendant plusieurs minutes. La jeune femme n'arrive pas à parler de peur de le blesser, après tout, ils ne se connaissent que depuis moins d'une semaine… Mais Jo sent bien que quelque chose ne va pas chez sa colocataire. C'est lui qui décide de briser le silence :

— Tout va bien ? Il s'est passé quelque chose au lycée ?

Elle lève la tête un peu surprise :

— Si si, ça va, au lycée et tout mais... je sais pas trop comment dire ça... Je sais qu'on ne se connait pas depuis longtemps, mais s'il faut qu'on vive ensemble, j'aimerais que tu me parles un peu de ta vie...

— Oh, je vois ce que tu veux dire.

— Je sais que ça paraît tôt pour te demander pourquoi tu as des crises la nuit parce que ça doit être très personnel, mais j'ai l'intention d'inviter une amie ce week-end donc si on pouvait faire quelque chose. Je veux dire que je voudrais beaucoup t'aider... Et je sais que c'est un peu tard pour prévenir que j'invite quelqu'un demain...

Em a la jambe qui tremble espérant ne pas avoir dit un mot de trop ou de travers. Jo continue de manger, semblant réfléchir, les sourcils froncés. Se détendant, il la regarde droit dans les yeux.

— Je crois que si c'est toi, je veux bien te raconter.

Après une pause, alors qu'Emeline a le coeur qui bat vite de se savoir privilégiée et redoute quel genre d'histoire il pourrait lui raconter, il se lance :

— Je vais éviter de trop rentrer dans les détails, c'est déjà assez compliqué à vivre... Quand j'étais petit, je vivais avec mes parents et mon père a toujours été très violent, surtout envers ma mère. Il ne se cachait pas, et je la voyais au sol, pleurant. Il ne travaillait pas, et ne faisait que boire et il s'en prenait parfois à moi. J'avais onze ans quand ma mère à réussi à demander à mon père d'aller faire des courses juste une matinée alors que je partais à l'école. Je suis rentré chez moi pour manger parce qu'il y avait eu un problème de restauration...

Jo commence à pleurer et trembler.

— La porte était grande ouverte. Ma mère s'était suicidée dans la matinée, pendant que mon père n'était pas là, et il avait fui en revenant à la maison. Et c'est moi qui ai dû aller chercher les voisins pour appeler les secours même s'il n'y avait plus rien à faire.

Il n'y a plus vraiment besoin d'expliquer pourquoi il ne va pas bien, pourquoi ses nuits sont remplies de cauchemars horribles. Émeline sent les larmes lui monter aux yeux devant cet homme brisé qui s'est livré à elle.

— C'est horrible, ce qui t'est arrivé...

Elle ne peut pas dire un mot de plus et s'approche pour l'entourer de ses bras de manière rassurante pour calmer ses soubresauts. Elle chuchote tellement abasourdie par ce qu'elle vient d'entendre :

— Est-ce qu'il y a quelque chose que je peux faire pour toi, pour que ça aille mieux ?

Après un instant, Jo finit par se relever, toujours dans ses bras, les yeux rouges, le visage inondé. Il passe ses mains pour essuyer ses larmes et se lève pour lui faire face. Il se rapproche de son visage et répond en chuchotant aussi :

— Reste avec moi. Tu m'apaises. Avec toi j'arrive à dormir.

Bouleversée par tout ce qu'il vient de se passer en une dizaine de minutes, elle l'étreint fort et lui caresse les cheveux comme au premier soir. Ils restent ainsi un moment à se bercer doucement, jusqu'à ce qu'ils reviennent à la réalité. Ils se détachent pour finir leur repas, dans une ambiance un peu étrange. Elle est rassurée qu'il ne lui demande pas en échange de raconter sa vie, car ses petits problèmes de rivalités de sa belle-mère n'ont pas grand intérêt. Elle aussi a perdu sa mère et l'avait vaguement évoqué lors de leur rencontre. Jo finit par se lever pour aller se moucher et s'essuyer le visage dans la salle de bain. Line se demande comment elle va faire demain avec la tempétueuse Lyane chez elle et le beau brun brisé.

De retour à table, Jo lui demanda si elle avait un parfum à lui prêter pour le lendemain, car si son odeur peut lui permettre de se calmer, cela pourra éviter des problèmes la nuit. Em proposa de lui passer l'un de ses oreillers en plus, puisqu'elle en avait trois, donc ça pourrait le faire. Jo débarrasse la table, s'excusant pour ce repas chaotique.

Puis il attend dans le couloir qu'elle trifouille dans ses placards à la recherche d'un parfum, Line cherche celui qui sent le meilleur, celui qu'elle ne met pas souvent pour éviter que sa meilleure amie ne se doute de quoi que ce soit, et si jamais elle n'aime pas son colocataire, Em lui dira qu'il a déjà une copine et qu'il est inoffensif. Elle se rend compte que le seul qu'elle ne met jamais était celui que sa mère lui avait offert et identique à celui qu'elle portait, car elle savait qu'elle adorait ce parfum. Ainsi, à l'hôpital et à la maison, chacune avait le sien. Elle ouvre le bouchon pour sentir la faible odeur qui passe à travers le spray, à moins que ce ne soit uniquement la reconstitution de sa mémoire... Elle se dit que c'est le parfum parfait, pour lui prouver sa confiance et son attachement. Un peu émue, elle se force à sourire et se rendant compte qu'elle est restée trop de temps devant cette simple fiole pour que ce soit normal, elle attrape son coussin préféré et le lance en direction de son colocataire. Il l'évite habilement tout en le rattrapant au dernier moment pour ne pas le laisser tomber par terre.

Le rire de la jeune femme détend l'atmosphère et ils semblent tous les deux plus légers. Sans savoir pourquoi, vraiment sur un coup de tête, elle décide de le taquiner. Elle passe devant lui, son parfum brandi, et les bras levés, elle lui lance un regard provocateur. En souriant, il lance l'oreiller dans sa chambre et s'approche d'elle. Finalement, Em ne sait pas si c'est une bonne idée, ils font à peu près la même taille, mais il est plus imposant, plus musclé surtout, rappelle-toi de ses abdos sexys, lui souffle une pensée qui la fait rougir. Elle sait pertinemment que le mur va la bloquer au bout d'un moment, évidemment que se mettre dans le couloir n'était pas une bonne idée.

Il hésite un peu, il ne sait pas jusqu'où il peut aller, jusqu'où elle veut aller. Encore une fois, il se penche vers elle pour lui chuchoter qu'il l'aime beaucoup. Elle ne s'attendait visiblement pas à ça, et elle baisse les bras doucement, avec un sourire il lui prend le parfum pour s'éloigner et le poser sur son bureau.

Line a le cœur qui bat, elle ne pensait pas qu'il ferait ça. Elle fut à nouveau surprise quand il revint face à elle. Il rit et s'excuse à moitié, disant que c'était la première fois qu'il disait ça à une fille et lui demanda si ça va.

— Oui, oui, ça va, je ne m'y attendais pas c'est tout.

— C'est la première fois que je suis aussi proche d'une fille... de qui que ce soit en fait... mais toi, vraiment, tu... me plais, achève-t-il dans un soupir.

— J'avoue que tu ne me laisses pas indifférente non plus, difficile de ne pas remarquer tes performances vocales qui attirent les filles dans ton lit... lâche-t-elle dans un rire, espérant qu'il ne le prenne pas mal.

Mais il rit aussi et sous une impulsion, il réduit la distance qui les sépare et la regardant dans les yeux, il s'approche de ses lèvres et c'est elle qui s'avance pour l'embrasser. Le temps semble s'arrêter pendant que les deux profitent de l'instant, leurs corps montant en température, leurs cœurs battant presque trop fort. C'est au tour d'Émeline de parler à son oreille ;

— Tu crois que si je dors dans ton lit ce soir, ce sera bon pour demain ?

— Seulement ce soir ? réplique-t-il tout aussi provocateur qu'elle.

— Ce ne sera que partie remise...

Elle dépose un baiser dans son cou, puis une multitude. Son souffle, bien que chaud, le fait frissonner. Il sent que son corps échappe à son contrôle. Elle lui fait un effet fou. Elle passe ses mains lentement sur son tee-shirt et il l'attire vers lui par la taille. Elle se blottit contre son épaule, écoutant les battements effrénés de son cœur pendant qu'il est appuyé contre ses cheveux, profitant de son odeur si délicieuse. Ils restent enlacés jusqu'à ce que Jo soit obligé de se décaler du mur puisque le chambranle de sa porte commence à lui faire mal au dos. Line se détache et lui fait comprendre qu'il faut qu'elle aille boire un coup.

Elle repense à l'enchainement de la soirée et est étonnée de son audace. Elle doit bien l'avouer, il est sympathique, serviable, ouvert aux discussions… Et foutrement beau ! sa pensée la fait sourire. Oui, foutrement beau. Mais elle n'est pas sûre d'assumer jusqu'au bout ce qu'elle a dit précédemment, emportée par la situation et ses hormones. Elle retourne dans le couloir, mais il n'y est plus, et même si elle se doute qu'il l'attend dans sa chambre, elle se sent un peu déçue. Cette fois gênée, et reste dans l'embrasure de la porte, ne sachant que faire si elle entre. Chez lui aussi, la tension semble s'être calmée, ce qui fait qu'aucun ne bouge.

De manière tout aussi impromptue que l'idée de lui jeter son coussin, elle décide de faire demi-tour vers sa chambre pour voir s'il va la suivre. Elle l'entend marmonner quelque chose et décide de se cacher à côté de l'ouverture de sa porte. Au bout d'un moment, il rentre dans sa chambre sans hésiter et sans la voir. Elle se glisse derrière lui pour changer de pièce à nouveau sans pouvoir s'empêcher d'émettre un petit rire. Repérée, elle se précipite vers la chambre de son colocataire et s'allonge sur son lit, étreignant son coussin comme pour se cacher. Il arrive à sa suite et la chatouille en dessous des côtes pour lui faire lâcher. Elle se tord de rire et ils finissent rapidement l'un sur l'autre.

Elle est assise sur son bassin pour ne pas l'écraser, et le surplombe, elle serre ses jambes autour de lui pour l'empêcher de se débattre et appuie ses mains sur ses avant-bras. Elle le titille en bougeant les hanches de haut en bas, et creuse le dos pour le narguer, sa poitrine s'arrêtant quelques centimètres devant sa tête. Il se laisse faire un moment, sentant la tension monter dans son bas ventre. Il sait qu'elle le sent et ses frottements s'accentuent. Il commence à respirer plus fort et elle relâche son attention, fière de l'effet qu'elle a sur lui. Après un moment, il se permet de se déplacer et échange les rôles, avec un rire surpris, elle se laisse dominer ; il lui bloque les poignets au-dessus de la tête et commence à lécher et à embrasser son cou. Il la laisse se languir un instant avant de recommencer puis de s'arrêter encore. C'est elle qui vient coller ses hanches aux siennes pour laisser le désir monter.

Chapitre écrit en écoutant "Quelqu'un de bien" de Livaï

À suivre...

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