-Temple-

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 À son réveil Kini est allongée dans l’herbe rouge. Sa tête lui fait un mal de chien. Elle remue et se rend compte qu’elle est nue. Plus d’arme, plus de scaphandre, plus rien. Elle tente au départ de cacher son corps, mais il n’y a personne autour d’elle. Elle cligne des yeux et réalise qu’elle est de retour à la base. Le plateau rocheux est couvert de végétation, et les bâtiments synthétiques sont tous envahis de plantes grimpantes. Kini reste plantée là, combien de temps a-t-elle dormi ? Elle finit par se rendre à la construction, pour constater que le matériel, les systèmes, tout a été endommagé. IAN est hors-ligne, les drones et robots sont tous détruits, infestés par du lierre. Sa chambre et son bureau le sont aussi. Elle en arrache pour se trouver une combinaison, libérant une sève pourpre au doux parfum. Elle enfile le vêtement et son cœur s’accélère. Elle a le souffle lourd et elle a l’impression que sa peau la brûle. Elle parvient à surmonter son malaise et part explorer la base. Aucune trace des membres d’équipages, leurs affaires sont toujours là. Où ont-ils bien pu passer ? Elle sursaute soudain : L’Exarque ! Ils ont du y retourner ! Elle court vers le hangar, cherche une arme et n’en trouve pas, l’armurerie est grande ouverte. Elle croit halluciner, puis se souvient qu’elle a donné l’accès à Pearce et se maudit. Les scaphandres ne sont plus là eux aussi. Elle quitte la base en priant pour que le vaisseau soit toujours là. Une terreur l’habite et quand elle parvient au site d’atterrissage, elle tombe à genoux. La navette est bien là, mais elle aussi est rongé par la végétation rouge de Setania. Elle soupire, se relève et marche sans aucune énergie vers l’appareil. La trappe d’accès est ouverte, les lianes et le lierre sont partout. Tous les systèmes du vaisseau sont en panne, et il n’y pas un signe de vie à bord. Kini est soudain épuisée, découragée. Elle retourne à l’extérieur et s’assoit par terre. Elle réfléchit, il n’y a plus personne pour l’aider et elle n’a aucune idée d’où se trouve le reste de l’équipage. Hormis Napo et Dina. Elle décide de retourner à la base pour trouver des provisions et de l’eau. Elle rempli un sac de victuailles et se met en route vers la pyramide.

 Le trajet est éprouvant. Elle a la sensation que sa combinaison lui colle à la peau. Chaque mouvement la mettant à vif, sans parler des frottements à son entrejambe. Elle se sait excitée, mais n’en trouve pas la raison. Malgré sa forme olympique, elle doit régulièrement faire des pauses pour reprendre son souffle et se rafraîchir. Par moment elle a des vertiges, sa vision se floute, et elle croit voir des fruits à forme phallique dans les arbres. Elle cligne des yeux, et ils disparaissent. La nuit tombe alors qu’elle arrive à la faille dans la barrière rocheuse. Elle traverse en faisant attention à ne pas sectionner une liane pour éviter de se couvrir de sève collante. Elle atteint la clairière aux fleurs pourpres et la contourne cette fois. Une sueur froide lui coule le long du dos quand elle a l’impression que les pétales mauves restent tournés vers elle. Comme suivant sa progression. Elle se met à trottiner pour s’éloigner le plus vite possible de cet endroit.

 La voilà face au temple. Immense construction, comme faite de marbre sombre, couverte de lierres et lianes rouge. Mais les végétaux semblent… sortir de l’édifice. Elle va à la porte et tente d’en forcer l’accès. La roche massive ne bouge pas d’un pouce. Kini sait parfaitement comment l’ouvrir, mais elle s’y refuse… Il fait bientôt très sombre, elle trépigne et serre les dents. Elle finit par souffler de frustration et ouvre sa combinaison. Elle espère que se masturber et jouir lui permettra d’ouvrir la pyramide, mais le simple fait d’y penser lui semble ridicule. Ses mains glissent sur son corps et descendent vers sa fente. Elle n’en a absolument pas envie et n’y prend aucun plaisir. Elle entend un bruissement dans un buisson proche et sursaute. L’un des aliens bleus sort du fourré, il l’observe muettement de loin. Kini plonge son regard dans celui de la créature et lui demande comme en s’adressant à un enfant craintif : « Dis-moi, tu peux m’aider à entrer ? » L’extra-terrestre s’approche comme un animal apeuré et tend sa main vers Kini. Très lentement, la militaire fait de même, mais lorsque leurs doigts se touchent au travers de sa combinaison, il ne se passe rien. L’alien semble déçu et ses grands yeux azurs véhiculent une tristesse sans fond. Kini est peinée pour la créature et timidement retire son bras de sa manche. Se dénudant jusqu’à l’épaule et révélant un sein qu’elle cache de son autre main. Puis elle tend son membre découvert et recherche le contact avec son interlocuteur. À nouveau leurs doigts se touchent, mais cette fois, Kini ne peut réfréner un gémissement d’aise. Un doux fourmillement traverse son bras, une chaleur réconfortante, sans le vouloir elle s’approche de son vis-à-vis. La main de l’extra-terrestre remonte vers son épaule, et elle le laisse faire. Sa tête devient légère, vide, il n’y a que ces sensations agréables. Il est tout proche, ses yeux se ferment, des lèvres apparaissent sur son visage, il les entrouvrent, comme pour la tenter. Elle s’avance vers lui et leur lèvres entrent en contact, une vision submerge Kini. Elle se voit, nager dans le bonheur et la félicité. Entouré d'êtres aimants qui font tout pour la satisfaire et l'amener à une extase incomparable. Le plaisir traverse chaque fibre de son être. Quand elle se recule, elle est à nouveau devant le temple, la créature est toujours avec elle, ses mains ont cependant glissé sous sa combinaison et caressent ses seins. Elle pousse un gémissement rauque de désir tandis que ses tétons durcissent d’excitation. Il l'embrasse à nouveau. Elle baigne dans une sorte de liquide prenant la forme de main. Cette matière la touche, et la caresse partout, explorant chaque recoin de sa peau, provoquant des frissons. Lorsqu'il effleure une zone érogène, elle est secouée d'une spasme de plaisir. Ses oreilles, son cou, ses aisselles, ses hanches, son nombril, ses pieds, ses jambes et enfin, son entrejambe. La créature se recule, la faisant revenir à la réalité. Elle est torse nu, et un autre être bleu passe ses mains dans son dos, la faisant sursauter. D’où sort-il celui-là ?! D’abord effrayée, sa crainte s’évapore rapidement quand elle se retourne et que le nouvel arrivant est aussi doux et plaisant que le premier. D’ailleurs ce dernier caresse les hanches de Kini et commence à glisser le long de ses cuisses, faisant tomber sa combinaison. Mais elle s’en moque. Le fourmillement dans ses jambes résonne jusqu’à son bas ventre et éveille un désir ardent en elle. Son vêtement ne la couvre plus, les mains précédemment sur ses cuisses, filent vers son entrejambe. Elle s’apprête à protester, mais l'alien face à elle l'embrasse, et elle se retrouve à nouveau ailleurs. Il fait sombre, difficile de voir ce qu'il lui arrive. Mais les sensations sont enivrantes. Des caresses, parfois chaudes, parfois froides, jamais désagréables. Des léchouilles, longues, rappeuse, douces et tendres, ou encore ponctuelles sur des points bien précis. Et des baisers, partout... Quand elle rouvre les yeux, elle est nue. l'alien devant elle s'approche pour se coller contre son corps. Kini se sent si bien, sa colère et sa peur se sont évanouies. Celui derrière elle se blottit contre elle et une nouvelle vague de plaisir la traverse. C’est si bon, et voilà qu’il se met à caresser sa fente et son petit rubis de chair. Elle pousse des cris et s’agrippe à eux. Ses jambes perdent toute force et elle a l’impression de tomber. Mais l’étreinte de ses partenaires la maintient debout alors qu’un orgasme gonfle en elle. Elle couine : « Oui… oui… oui... » puis jouit. Son corps se contracte, tremble et convulse. Les aliens la soutiennent, jusqu’à ce qu’elle reprenne son souffle. Il lui faut quelques minutes pour se resaisir et lorsqu'elle veut se rhabiller, sa combinaison a disparu. Elle va s’en plaindre aux créatures quand la porte du temple s’ouvre. Ses nouveaux compagnons l’aident à marcher pour entrer. Après quelques pas, elle retrouve son équilibre et les abandonne pour prendre les devants. L’intérieur est sombre, à peine éclairé par un système de miroirs réfléchissant la lumière de la nuit. Mais les extra-terrestres avec elle se mettent à irradier d’une petite lueur bleue, lui permettant de distinguer son chemin. La périphérie du temple est aménagée de fins couloirs étriqués et de salles vides. Mais lorsqu’elle s’approche du cœur, le lierre et les lianes se font plus épais. Kini appelle les membres d’équipage : « Pearce ?! » L’écho pour seule réponse : « Napo ?! » Rien : « Stig ?! Vous êtes où bordel ?! » Les aliens l’accompagnant la regardent avec curiosité. Au centre du temple, il y a un puits, dans lequel descendent des escaliers. Un abîme sans fond au centre duquel se trouve un arbre rouge immense d’où partent tous les autres végétaux. Kini refuse de s’y enfoncer. Un profond malaise l'étreint quand elle s’approche du bord. L’une des créature se dirige vers les marches et en descend trois. Il se retourne et tend la main à Kini. Elle soupire et accepte l’aide, elle se laisse guider sans dire un mot. L'autre est juste derrière elle, mais un faux pas et c'est probablement la mort. À mesure qu'elle descend, ses sens fonctionnent de moins en moins. Elle a l'impression d'avancer dans une mélasse infranchissable. Ses membres sont lourds, il n'y a plus un son. La lumière ne lui parvient plus, en dehors de celle de ses accompagnateurs, et son souffle devient erratique. La descente semble durer des heures, à un moment elle regarde autour d'elle, et elle se voit effectuer le chemin en sens inverse, mais les marches sont au plafond et elle est à l'envers, comme si elle descendait vers le sommet de la pyramide au travers d’un miroir. Sa tête se met à tourner, et l'alien derrière elle l'aide à garder son équilibre. Son contact l'empêche de perdre pied, mais de nouveau son intimité la démange agréablement. Elle se pose contre le mur un instant pour respirer, essoufflée elle demande aux aliens : « C’est encore long ?... » Le son de sa voix lui parvient étouffé, comme si elle était dans de l'eau. Quand le descente se termine enfin, le corps de Kini veut continuer de dévaler des marches, tant il en a pris l'habitude. Le premier alien est rejoint par le second. Avec une démarche synchronisée, ils avancent côte à côté jusqu'à un couloir. Éclairé par des orbes luminescents, l'endroit est inquiétant. Le plafond et les murs sont couverts de plantes rouges. Une dizaine de marches descendent dans un bassin rempli d'un liquide pourpre qui s'étend sur la largeur du couloir et sur une trentaine de mètre, avant de remonter normalement. Les aliens ne s'arrêtent pas et traversent le bassin sans en perturber la surface. Comme si ils n'avaient aucune substance. Kini n’aime pas ça. Elle avance avec prudence et trempe un pied dans la piscine. Le liquide est immédiatement parcouru d’un frisson et semble vouloir grimper sur elle. La sensation est froide, puis brûlante. Kini recule avec effroi, mais plus elle se débat, plus la masse mauve rampe sur sa cheville, puis son mollet. Elle se met à hurler quand son genou est pris dedans et qu’elle se sent tirée vers le bassin. Elle commet l’erreur d’essayer de se libérer avec les mains, et bientôt ses poignets sont eux aussi emprisonnés. Inexorablement elle glisse vers le bain pourpre. Quand elle baigne dedans, le liquide revient à une temperature supportable, et elle se retrouve à flotter sur le dos. Puis elle a l'impression que des dizaines de mains la caresse. Tout son corps se fait délicatement masser. Son crâne, ses tempes, sa mâchoire, son cou et ses épaules. Ses bras, ses doigts, son dos, ses côtes mais pas sa poitrine. Ses hanches, ses fesses, ses cuisses, ses mollets et ses pieds. Le contact n’a rien d’érotique, au contraire, mais Kini ne peut s’empêcher de désirer plus. Cet endroit est si étrange… Il faut qu’elle retrouve les autres, mais peut être qu’elle peut rester là un instant…

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