Apologie infernale

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L’eulogie que je m’apprête à vous déclamer est ma propre oraison funèbre.

J’ai vécu et existé en même temps, j’ai aimé et détesté… c’est déjà bien plus que la plupart des gens. J’ai toujours tout donné, toujours été vrai. Je me suis constamment levé contre les inégalités.

En perpétuelle contradiction avec ceux qui se surnomment « les sachants », je me devais d’être la voix des agneaux endoctrinés et froussards. Seul contre l’immonde.

Un beau jour, je m’en suis allé… enfin ! Gardez vos discours assommants et vos mots bancals. Je ne veux qu’une épitaphe : « Il abhorrait les Humains et pourtant il ne cessait de vouloir les aider. Maintenant, ce sont les Morts qui jouissent de son entité ».

Après plusieurs semaines en errance dans le royaume d’Hadès, après avoir côtoyé Hel en personne, après avoir conversé intelligemment avec Charon pendant pléthore de tour du Styx, après avoir paradé dans le Tartare, il est temps pour moi de remonter à la surface afin de rechercher mon âme. Les vivants n’en ont plus besoin, ils n’en sont pas dignes.

Les macchabées, eux, m’ont accueilli à bras ouverts. Ils savent la perfidie, la bassesse et la fausseté extrême des gens d’en haut. Ils ont fait l’expérience de cérémonies foncièrement pastichées que seuls les vivants peuvent concocter. Des mots creux et, surtout, un simulacre de sentiments.

Mon enveloppe gît dans la nécropole. Le filament restant de mon âme ne demande qu’à me rejoindre. Le monde d’en haut ne m’a jamais mérité. Quelle tristesse de voir les gens devenir des coquilles vides ne pouvant et ne sachant pas réfléchir par elles-mêmes.

En marge de cette société et de ce monde absolument ignoble et hypocrite, je pérégrinais tandis que mes convictions restaient pérennes. Fourmillant d’interdictions, l’endroit que j’ai quitté ne me manquera aucunement.

Mon franc-parler et mes vérités sont attrayants ici-bas. Aux quelques « extras » m’ayant vraiment adoré et respecté, je vous garde vos places à mes côtés. Pour que, même après la mort, nous continuions notre chemin. Aux autres, j’aspire vraiment à entendre vos tourments et vos douleurs. Que vos doux hurlements chatouillent mes oreilles pour l’éternité.

Bande de charognards fallacieux que vous êtes.

Je vous vomis et m’en vais retourner m’amuser avec Cerbère, palabrer des heures avec Hermès, me baigner dans l’Achéron et combler Perséphone qui est déjà amourachée.

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