Chapitre 5 : Un matin d’octobre à Pitlochry (Partie : Révélation).

6 minutes de lecture

Isabel et Célana quittèrent le magasin. Le silence s'immisça à nouveau entre elles jusqu’à la voiture. Cette fois ,c’est Isabel qui prit le volant. Céléna à ses côtés semblait à mille lieues de là. La voiture s’arrêta sur le parking, elles descendirent et s’installèrent sur un banc pour déjeuner quand Céléna se décida à parler.

– Maman, pourquoi tous les hommes ne ressemblent-ils pas à Papa ?

– Pourquoi me demandes-tu cela ?

– Parce qu’il prend tellement soin de toi, parce qu’il t’aime tout simplement.

– Que s'est-il passé Céléna, depuis Noël ? dis-moi !

– Il m’a trahie, blessée, bafouée.

– Que t’a-t-il fait ? Il n’a pas abusé de toi au moins ?

– Non, enfin pas comme tu l’imagines.

Céléna tremblait et des larmes plein les yeux. Elle se blottit dans les bras de sa mère.

– Ce salopard m’a trompée. Quand nous sommes rentrés à Bordeaux après Noël, tout semblait aller pour le mieux mais un soir, j’ai voulu lui faire une visite surprise à son appartement. Et là tout à coup mon monde s’est effondré. Je suis arrivée vers vingt heures, j’avais fait des courses pour préparer un bon repas, j’avais les clés. D’ailleurs je me demande, en y repensant si ce n’était pas calculé de sa part. En entrant, j’ai entendu des bruits, des gémissements, j’ai tout d’abord pensé à des intrus. Armée de la bouteille de Bordeaux que j’avais apportée pour l’occasion, si je suis rentrée, tu me connais je ne pouvais pas rester sans rien faire. J’ai avancé jusqu’à la chambre. Mon cœur battait à cent à l’heure, je pensais le trouver en train de lutter avec des voleurs. J’ai poussé la porte.

Céléna dut faire une pause pour se reprendre et enchaîna :

– Ils étaient là, dans son lit ! Là où nous étions la veille. Martin ne pouvait rien nier, il ne le fit d’ailleurs pas. Au contraire avec un sourire en coin, ce goujat n’a rien trouvé de mieux à dire : « joins-toi à nous, tu verras c’est sympa » ! J’ai claqué la porte et me suis enfuie.

– Oh ma douce, je suis tellement désolée de pas avoir été là pour toi. Pourquoi ne m’as-tu pas appelée ?

– Je ne pouvais pas, j’avais honte. Honte de vous l’avoir présenté. Honte qu’il se soit joué de vous quelques jours auparavant. Honte de n’avoir rien vu. Quelque temps après j’ai appris que cela n’était pas sa première fois.

– Tu veux dire qu’à Noël… s’interrompit Isabel

– Oui, ici aussi. Je pensais que cela allait passer avec le temps, cela aurait été le cas si ce monsieur n’était pas venu frapper à ma porte deux jours après, pour soi-disant s’excuser, me dire qu’il m’aimait, qu’il ne recommencerait pas.

– Rassure-moi, tu ne l’as pas cru.

– Oh, bien sûr que non. Heureusement qu’Alexandre et Betty étaient là.

– Pourquoi qu’a-t’il fait ?

– Pendant le mois qui a suivi, il m’a appelée tous les soirs. Il se présentait à l’improviste à l’appartement. J’arrivais à l’éviter à l’école mais il m’a harcelée jusqu’ à ce que je le menace d’aller voir la police.

– Alors il s’est arrêté ? s’inquiéta Isabel.

– Plus ou moins. Il ne venait plus. Mais il a posté des photos de moi en petite tenue, dont une prise entre autre dans le magasin de Madame Mac Naam et même une entiérement nue sur les réseaux. Il les avait prises à mon insu quand nous sortions ensemble. Il a fait courir l’information que j’étais une fille facile et disponible à toute heure pour une petite gaterie !!!

– Mais comment a-t-il pu oser ?

– Il a aussi essayer de me faire virer de l’école. Je suis finalement allée voir la police qui m’a dit que ce n’était rien qu’une broutille d’amoureux, que je n’avais qu’à bloquer mes comptes et changer mes adresses mails.

– Quel culot ! et pour l’école ?

– Cela fut tout aussi compliqué !

– Et aujourd’hui tu en es où ?

– Je suis rentrée à la maison, mon diplôme en poche.

– Et il continue ?

– Non, à l’heure actuelle plus de nouvelles. Il a du trouver quelqu’un d’autres à importuner, harceller, baratiner. Alexandre a mené une enquète, je n’étais pas la première.

– Tu veux que papa appelle son ami de Bordeaux, pour qu’il se renseigne.

– Je ne sais pas trop… oui peut être au cas où ! Je ne le laisserai plus me gacher la vie. Je veux surtout avancer et passer à autre chose. J’ai beaucoup de travail et je veux que papa soit fière de moi.

– Il l’est déjà et bien plus que tu ne pourrais le penser.

– Tu as de la chance de l’avoir dans ta vie, maman.

– Rassures-toi, toi aussi tu rencontreras le bon.

– Pour l’instant, j’ai mieux à faire.

– C’est une chose que l’on ne programme pas.

– Maman, pardonne-moi de ne pas t’en avoir parlé avant, mais je culpabilisais.

– Ce n’est pas grave et puis tu l’as fait maintenant. Tu avais besoin de faire le point. Papa avait raison ce matin.

– Pourquoi ?

– Parce que je voyais que quelque chose n’allait pas, et il m’a dit d’attendre, que c’est toi qui viendrait en parler quand tu t’en sentirais prête. Maintenant passe à autre chose, c’est sur qu’il n’en valait pas la peine. Tu mérites cent fois mieux.

Un poids venait de se lever. Céléna sentit son cœur ralentir, apaisé par les mots de sa mère. Elle pensa alors qu’elle aurait du lui en parler bien avant. Après tout elle n’avait rien fait de mal et si quelqu’un pouvait bien la comprendre, c’était ses parents.

Elles finirent leur repas,retrouvant leur complicité après dix mois passés loin l’une de l’autre.

– Ça te dit maman d’aller au Théatre in The Hill après notre balade dans les jardins.

Céléna et Isabel pénétrerent dans le jardin. Ce lieu était magique. Vous traversiez le globe en une après-midi en admirant de belles architectures, une faune et surtout des plantes inhabituelles. Au cours de la visite, elles purent admirer l’écureuil rouges, craintif, mais néanmoins très curieux. Le jardin s’était paré de ses belles teintes d’automne et les érables japonais semblaient être en feu. Une boufée d’optimisme envahie Céléna. Le soleil commençait à décliner, il était temps de rentrer. Elles retrouvérent Harold assis dans le salon devant la télévision, devant son équipe préférée de rugby.

– Bonsoir, avez-vous passé une belle journée mère-fille ?

– Géniale. Je vais me changer vite fait, lui répondit Céléna qui disparut aussitôt montant les marches deux par deux.

– Eh bien ravi de voir notre fille aussi souriante, ajouta Harold.

– Je te raconterai.

Cette réponse ne fut pas celle qu’Harold attendait. Il interpella Isabel avant que celle-ci ne sorte de la pièce.

– Je devrais être au courant de quelque chose.

– Nous en parlerons tous les deux ce soir, si tu veux bien ? Nous risquons d’être en retard, si je ne vais pas me changer.

– D’accord mon cœur. Cette nouvelle coupe de cheveux te va à ravir.

Harold en homme attentionné, avait toujours le mot juste, Isabel revint sur ses pas pour l’embrasser.

– Toi, tu es merveilleux.

Vingt minutes et trois essais plus tard, Céléna et Isabel apparurent.

– Vous avez été efficaces ! les taquina Harold.

– Dis donc papa !

– Juste à temps, nous devons nous presser, ajouta Isabel.

Céléna passant devant son père, il ne manqua pas de la complimenter à son tour sur sa coiffure.

– Au fait, avant que j’oublie, Lily m’a dit de te prévenir que tes achats t’attendent dans le dressing.

Harold attrapa le manteau d’Isabel, l’aidant à l’enfiler.

– Toujours aussi galant mon cœur.

La soirée au théatre fut un vrai succés. Céléna entourée de ses parents savourait son retour sur ses terres. Au retour au Castle Leoch, elle monta dans sa chambre après les avoir embrassés. Cela faisait dix mois, dix longs mois qu’elle n’avait pas pu les prendre dans ses bras. Isabel regarda Céléna monter et ne put s’empêcher de sourire. Elle avait bien grandi la fillette qui filait dans le couloir de l’orphelinat, il y a vingt ans. Sa fille qu’elle aimait tant, était devenue une femme.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 4 versions.

Vous aimez lire Attrape rêve ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0