Chapitre 12. ♤

21 minutes de lecture
  • Qu'est-ce que tu fais là ?

Questionne Raphaël en regardant sa sœur qui l’attend devant la voiture du coach sportif.

  • J'ai vu que tu as essayé de me contacter mais comme j’avais coupé mon téléphone je n’ai pas pu te recontacter. Et puis Nolan m'a dit que tu étais passé à la maison mais comme je n’étais pas là... Enfin bref je me suis dit qu’il devait se passer quelque chose d’important pour que tu cherches à me contacter comme ça…

Explique Hope en riant nerveusement alors que son frère la fusille du regard.

  • En même temps je ne vais pas rester les bras croisés alors que ma jumelle a un cancer.
  • Mmh au fait euh… Merci de ne rien lui avoir dit, au fait.

Raphaël la dévisage avant de la tchiper.

  • Ce n’est pas pour toi que je l’ai fait, tu ne le mérite pas. Je l’ai fait parce que j’estime que ce n’est pas à moi de lui dire ça. Tu sais Hope, je ne l'aime pas mais il ne mérite pas que tu lui caches ça. C’est à la limite de l’irrespect ce que tu fais là et en plus me remercier pour ça… Pff tu me désespères.
  • Raphaël…
  • Non Hope, toi écoute-moi. Je t'ai littéralement harcelé pendant des jours sans m'arrêter. J'ai mis de côté ma vie personnelle et professionnelle dans l'espoir de pouvoir discuter avec toi mais tu es tellement lâche que tu n'es même pas capable d'assumer.
  • Je ne peux pas Raphaël... Je ne veux pas parler de ça, pas maintenant s'il te plaît, comprends-moi.
  • On en parlera tôt ou tard, ne crois pas que j'oublie, mais là je dois aller chercher mon meilleur ami à l'aéroport et je voudrais que tu viennes avec moi étant donné que tu es là.
  • Raphaël je ne pense pas que…
  • Cesse de penser et fais-moi confiance pour une fois. Allez, monte dans la voiture on va être en retard.

Pour faire plaisir à son frère, Hope n’hésite pas plus et monte dans la voiture, mal à l’aise vu le regard mauvais que lui lance son frangin.

Les enfants Bâle se retrouvent donc à l'aéroport le plus utilisé de leur état du Queensland. Ils ont dû rouler pendant plusieurs heures à cause des embouteillages dans les environs de Brisbane, mais étant donné que Hope s'est assoupie au bout de quelques kilomètres, Raphaël a dû prendre son mal en patience pour ne pas réveiller sa sœur et se faire la suite engueuler comme un poisson pourri. Une fois arrivé dans le parking de l'aéroport, Raphaël éteint la radio qui faisait un fond moins angoissant que la lourde respiration de sa jumelle. Dorénavant que le jazz ne fait plus vivre l'habitacle, le brun profite du calme pour regarder attentivement le visage serein de sa sœur qui s'est endormie contre la fenêtre. Lorsque ce dernier éteint le moteur, il se détache et pose sa tête contre l'appuie-tête et souffle profondément en passant ses mains sur son visage d'un air las et exténué. Il ferme les yeux et lorsque son téléphone vibre, il ne prend même pas la peine de les ouvrir et préfère opter pour la solution de facilité : tâter ses poches jusqu'à trouver son bien.

Il regarde l'écran bleu où une photo, de sa sœur, sa bande d'amis et lui au bal de fin d'année de terminale, est en guise de fond d'écran. Il remarque directement le message de Jonathan qui se plaint d'attendre des plombes ses bagages. Le coach sportif ricane, se moquant de l'impatience enfantine de son meilleur ami. Alors que Raphaël est en train de répondre au blond, Hope commence doucement à émerger, faisant papillonner ses paupières avant de se reconnecter avec la réalité et de se redresser en s'appuyant sur ses mains et la portière.

  • Bien dormi ?

Demande le frère de celle-ci. Elle lui sourit, encore endormie et regarde dehors se rappelant de la dernière fois qu'elle est venue ici. Elle avait accompagné Jonathan, un ultime adieu.

  • Tu travailles aujourd'hui ?
  • Non.
  • Ah bon ? Pourquoi ? Tu as aménagé tes horaires ?
  • Non. J'ai été viré.
  • Parce que tu es malade ?
  • Oui en grande partie mais pas que pour ça. J'étais trop souvent en retard et absente. Ils n’ont pas cherché à comprendre et je n'ai pas non plus cherché à les attendrir.
  • Les connards…
  • C'est compréhensible. Ils ont besoin qu'on assiste les gens pas qu'on soit des assistés.
  • Qu'est-ce qu'en dit Nolan ?
  • Je lui ai dit que j'ai démissionné parce que l'équipe et moi on ne se comprenait plus. Il a été compréhensif et avec son salaire on peut vivre longtemps avec notre train de vie actuelle.
  • D'autant plus qu'il est le fils du chef de l'hôpital.
  • Recommence.
  • C'est quand même un enfant gâté. Je ne l’aime pas.
  • Je sais Raphaël. Mais si tu me parlais plus de ta nouvelle conquête ?
  • De qui ça ?
  • Là jolie jeune femme à qui tu faisais un câlin avec passion à la plage la dernière fois.
  • Ah. Elle…
  • Oui Elle. Alors ?
  • Elle s'appelle Jill, elle est sympa et jolie. Un peu mystérieuse sur les bords. J'ai toujours l'impression que je vais la détruire si elle est contre moi. Enfin tu vois quoi.
  • Oui à peu près.
  • Et sinon elle fait des études d’art et je lui donne des cours de boxe.
  • Et vous avez déjà…
  • Ne termine pas cette phrase, je t'en supplie. Non, il ne s'est rien passé. J'aimerais bien mais je ne crois pas qu'elle soit pour alors je n'y pense pas.
  • Mmh. Méfie-toi quand même.
  • Elle n'est au courant de rien. Elle connaît ces talents en boxe, elle sait que je suis ton frère mais elle ne connaît rien d'autre.
  • Elle sait ce qui est à savoir, c'est le plus important.
  • Hope, tu sais je suis désolé pour ce qu'il s'est passé il y a quatre ans et...

Raphaël n'a pas le temps de terminer sa phrase que quelqu'un crie derrière eux, faisant sursauter l'ancienne brune.

  • Salut la compagnie !

S’écrie soudainement Jonathan en ouvrant la portière arrière, passant sa tête dans la voiture. Hope blêmie et reste bouche bée en se retournant vers cette voix dont elle a tant rêvé depuis leur séparation.

Raphaël, lui, est partagé entre deux sentiments. La joie de retrouver son meilleur ami et la tristesse qu’il a vis-à-vis de sa sœur qui a l’air d’être plus sous le choc qu’autre chose.

Hope savait qu’en le revoyant cela allait être douloureux mais elle pensait être plus forte que ça, elle pensait qu’elle ne l’aimait plus assez pour souffrir rien qu’en posant ses prunelles sur lui mais elle avait tort.

  • Je…Je vais aller un peu marcher, ma jambe est lourde.

Déclare-t-elle en se tournant vers son frère tout en joignant la parole aux actes. Jonathan referme le coffre et lorsqu’il lève les yeux, les mains sur les hanches, satisfait d’être de retour en Australie, il croise le regard vert de celle qu’il a tant aimé par le passé, et d’autant plus en se retrouvant face à elle. La pâleur de sa peau contraste avec le violet de ses cheveux coupés aux épaules. Où sont passés ses magnifiques cheveux bruns, longs et bouclés ? Où est passé sa peau légèrement métisse brillant au soleil ? Et cet éclat si terne qui brille autant qu’une flamme luttant contre un vent violent, que s’est-il passé en quatre ans ? Jonathan espère secrètement en être la cause mais la voir dans cet état lui fait tellement de mal qu’au plus profond de lui il espère pouvoir blâmer quelqu’un d’autre. Elle paraît plus mince que dans ses souvenirs, plus frêle aussi mais elle est toujours belle, belle d’une autre façon.

Quand Jonathan se rend enfin compte qu’il fixe depuis quelques minutes, dans un profond silence, il sent la gêne lui monter aux joues. Alors, la voix mal assurée, il salue son ex-petite-amie.

  • Salut Hope. Je suis content de te voir.

Hope le fixe silencieusement ne sachant pas quoi dire ni quoi répondre tellement ses idées sont en bordels dans sa tête. Finalement, elle hoche simplement de la tête, préférant ne rien dire que de dire des bêtises qu’elle pourrait par la suite regretter. Le surfer allait rajouter quelque chose mais l’ancienne surfeuse le fait vite taire en lui faisant comprendre de ne pas parler en mettant à plat sa main sur l’épaule du blond. Ce dernier se sent frissonner lorsque leurs peaux rentrent en contact.

  • Ce n’est pas réciproque Jonathan.

Annonce avec une voix douce ces mots qui font si mal à l’américain. Il essaie de saisir le poignet de la métisse mais elle retire vivement sa main, se reculant comme si son propre mensonge lui brulait les doigts. Puis elle a tourné les talons et est allée marcher.

Quand elle est enfin revenue, quasiment après une demie heure de marche, elle a pris place dans la voiture où les deux jeunes hommes discutaient joyeusement. Hope s’est placée à l’arrière pour laisser les garçons se retrouver. Elle a mis son casque audio avant de laisser sa playlist de rap tourner, le regard regardant défiler le paysage.

Raphaël les ramène chez leurs parents où les Bâle les attendent comme tous les dimanches depuis le divorce de leurs géniteurs. Tellement pressée de sortir de cette voiture, où tout devenait de plus en plus oppressant, Hope s’éjecte de l’auto alors qu’elle roulait encore au pas en rentrant sur la propriété familiale.

L’unique fille des Bâle s’est ensuite dirigée au pas de course vers la maison où elle a vécu toute son enfance. Toujours la musique criant dans ses oreilles, toujours les lèvres tordues e douleurs, elle court pratiquement jusqu’à la chambre où elle vivait jusqu’à sa majorité. Une fois dans celle-ci, elle jette sur le lit en baldaquin son sac à main et s’allonge sur le dos sur le matelas frai. Mais elle se redresse aussitôt lorsqu’un haut le cœur la saisi. Elle court rejoindre la salle de bain qui relie les anciennes chambres des jumeaux.

Après avoir vomis, elle laisse son dos s’écraser contre le bois sculpté de la porte en reprenant son souffle. Quand elle se sent un peu mieux, elle se dirige vers le lavabo et boit de l’eau pour se nettoyer la bouche et retirer le goût acre du vomi. Elle s’étire sentant ses muscles se tendre jusqu’à ce que quelqu’un vienne toquer à la porte. Hope arrête soudainement tous ses mouvements, guettant ce qu’il se passe derrière la porte de la salle de bain qui donne sur le couloir.

  • Je ne sais pas qui est là mais pars, s’il te plaît.

La personne de l’autre côté s’accroupit et colle son front contre la porte, caressant du bout des doigts le bois. Hope se rapproche de cette dernière, y collant son oreille, se laissant calmer par la respiration calme de personne qu’elle soupçonne être un beau métis aux yeux caramel. La malade ferme les yeux et s’apaise tout doucement, glissant contre la porte comme si cette frontière pouvait la protéger de tout.

  • Hope… Je sais tout. Pourquoi ne m’en as-tu pas parlé ? Laisse-moi te convaincre d’agir, s’il te plaît…

Hope se raidit à l’entente de cette voix si meurtrie, si rauque, si douce et bienveillante qui la tant de fois rassurée les soirs où ses cauchemars s’emparaient d’elle.

  • Nolan…

Chuchote-t-elle pour elle, espérant qu’il ne l’ait pas entendu mais ce n’est pas le cas. Le concerné retient ses larmes et un sanglot qui veut l’égorger en entendant la voix autant tordu de douleur de sa bien-aimée.

  • Laisse-moi parler tant que j’en ai encore la force, Hope. C’est Gemma qui me la dit, elle était bizarre ces derniers temps, elle me regardait avec tellement de peine que je me suis imaginée des scénarios improbables dans ma tête… Ne lui en veut pas, je l’ai contraint à m’avouer ce qui la torturait… C’était son devoir d’amie et de médecin d’avertir un de tes proches… Je ne veux pas savoir pourquoi tu ne m’as rien dit, je ne veux pas être davantage être blessé. Je ne veux pas non plus savoir pourquoi tu refuses d’agir car je ne te laisse pas le choix. Tu vas te soigner, vivre et guérir. Que tu le veuille ou non, je suis incapable de te laisser partir, il est encore trop tôt. J’ai encore des choses à te dire et à partager avec toi. Tu ne peux pas nous faire ça, Hope, pas maintenant… Tu n’as pas le droit d’être la seule à choisir si tu as le droit ou pas de détruire notre histoire. Je t’aime. Je sais que je ne te le dis pas assez souvent, mais je veux que tu le sache. D’accord ?

Le silence prospère devenant suffoquant. Nolan commence à toquer avec acharnement à la porte, inquiet, songeant au pire rien qu’à l’idée qu’elle ait pu s’évanouir et se taper la tête sur le carrelage.

Hope de l’autre côté laisse ses larmes couler avec abondance, la bouche fermée pour essayer de retenir ses couinements et ses sanglots, reniflant avec peu de sensualité.

  • Hope, réponds-moi, s’il te plaît…
  • D’accord, je veux bien y réfléchir.
  • Bien, allez sors de là maintenant je veux te serrer contre moi.

Hope hésite quelques instants et décide finalement de se redresser pour ouvrir la porte. Le cliquetis qui retentie fait soulever le cœur de Nolan soulagé qu’elle ne le rejette pas. Lorsque la porte s’ouvre, Hope a la tête basse, ses cheveux lui cachant le visage, reniflant avec timidité.

Nolan la regarde avec tendresse et passe son index sous le menton de cette dernière, redressant son doux visage tiré par la douleur. Avec son pouce, il essaie de lui effacer ses larmes, mettant son front contre le sien, fermant les yeux. Puis il la pousse vers lui, la serrant de toutes ses forces contre son torse. La tête dans sa nuque, il hume la douce odeur de sa petite-amie. Hope ressert à son tour ses bras autour du bassin du métis et se laisse être bercé par la respiration de son copain.

Nolan rit lorsqu’il est remarque que Hope se colle à lui comme un koala. Il se redresse et met ses mains sous les fesses de sa petite-amie la soulevant avec une facilité aussi déconcertante pour elle que pour lui. Il se dirige vers la chambre de Hope en y entrant grâce à la salle de bain. Ils se posent sur le lit et se câlinent dans le calme, se reposant jusqu’au moment où la voix de madame Bâle retentisse jusqu’en haut pour les appeler pour manger. Alors ils se séparent et Hope va se rafraichir avant de rejoindre Nolan sur le palier lui saisissant la main qu’il lui tend d’un regard bienveillant, un fin sourire aux lèvres.

Lorsqu’ils descendent main dans la main, ils se dirigent directement vers la terrasse où tous les autres les attendent pour manger. Mais quand Nolan aperçoit Jonathan adoser au muret du jardin, il cesse directement de sourire et se tourner vers Hope qui se sent soudainement mal à l’aise. Nolan sert la mâchoire et lève les yeux au ciel. Son regard se ferme automatiquement. Il passe un bras autour de la nuque de sa petite-amie pour affirmer sa possessivité.

Jonathan sourit en coin, d’un air méprisant, heureux que Nolan se méfie de lui tout en se sentant défaillir lorsque Hope entoure à son tour les hanches du métis de son bras libre. Il fronce les sourcils et serre les dents en se souvenant de toutes ces fois où c’était lui à la place du docteur. Il est coupé de sa contemplation par Elsa, la mère des jumeaux, qui vient accueillir avec un grand sourire et les bras grand ouvert vers Nolan.

La gêne monte davantage lorsqu’ils passent à table, Jonathan face à Nolan, les jumeaux se faisant un face à face silencieux tout comme leurs parents qui sont disposés de par et d’autre de la table. Très vite, après avoir pris des nouvelles de Nolan et de son travail ou encore de Jonathan et de ses compétitions et de la Floride, Elsa commence à lancer des sujets de discussion de plus en plus gênant, notamment lorsqu’elle lance cette bombe inattendue alors qu’ils attaquaient le plat.

  • Vu que votre père refait sa vie, je pense également refaire la mienne alors si vous avez des amis à me présenter les enfants je suis preneuse mais avant ça je veux savoir où vous en êtes. Alors, à quand le mariage et les enfants ? Moi, j’ai envie d’être grand-mère !

S’exclame-t-elle en regardant aléatoirement son fils puis sa fille, créant une immense gêne au sein du groupe. Éric la fusille du regard tandis que Raphael rougit trouvant soudainement son assiette très intéressante alors que sa sœur fuit le regard de sa mère, Nolan lui saisissant sa main sous la table. L’ancienne rebelle le regarde en coin et lui sourit en continuant de manger dans le silence.

  • Nolan, tu n’es pas pressé de te voir unie à ma fille ?

Éric lâche sa fourchette et tape du poing sur la table faisant sursauter sa fille qui est à sa droite tandis que son fils est assis à sa gauche et tourne enfin son regard vers sa mère en la regardant de travers. Le regard d’Elsa met vite mal à l’aise Nolan qui se sent suffoquant, essayant de baragouiner des mots incompréhensibles. Jonathan se délecte de ce spectacle, trouvant la gêne de Nolan hilarante.

  • Euh à vrai dire ça fait déjà quelques mois que j’ai fait ma demande mais Hope ne m’a pas encore donné de réponse préférant qu’on essaie de cohabiter encore un peu plus longtemps avant de s’engager.

Raphaël recrache son morceau de tomate et fixe un à un le jeune couple, regardant sa sœur avec tendresse puis avec une profonde colère de lui avoir tant caché de chose. Le jumeau se mord la lèvre inférieure par peur de dire des mots déplacés.

Jonathan perd vite son sourire à l’entente de cette réponse et dirige directement son regard vers Hope qui baisse les yeux, cessant de manger, serrant les dents, la tête basse.

Éric tourne sa tête tel un ninja vers sa fille et la questionne du regard pendant qu’Elsa pousse des cries de joies en applaudissant alors que Nolan se gratte la nuque sous la gêne.

  • Ah, mais c’est fantastique ça ! C’est quand même malheureux que je sois obligée de vous tirer les verts du nez pour avoir de vos nouvelles !
  • Euh et bien…
  • Il ne devrait pas avoir de doute. Un homme comme Nolan, tu ne trouveras pas mieux.

L’assemblée, qui se trouve à table, fusille du regard Elsa. Cette dernière tapote le poignet de Jonathan.

  • Sans vouloir te vexer, Jo’.
  • Bien sûr.

Dit-il les dents serré avec ironie.

  • Maman, arrête, tu me mets mal à l’aise.

Chuchote d’un air embarrassée sa fille à Elsa. Celle-ci soupire lourdement en levant les yeux au ciel comme si elle implore les cieux.

  • Oh mais par pitié, Hope, arrête de faire ta prude, bon sang ! Moi si un homme comme Nolan me demandait ma main je dirais oui sans hésiter une seule seconde !

Hope perd patience et se défoule en lâchant ses couverts dans son assiette, se redressant vivement regardant les yeux dans les yeux sa mère avec mépris.

  • Sauf que ce n’est pas le cas, que tu as eu ta chance avec papa et qu’en voyant où ça t’a mené je n’ai pas envie de finir comme toi, désolée de vouloir être heureuse. Fort heureusement, et que dieu me garde loin de ça, je ne suis pas toi maman.

Et sans plus en dire, sa fille sort de table sous l’air choqué et mal à l’aise d’Elsa qui s’est enfin tut. Éric recommence à manger avec un regard moqueur tandis que Jonathan esquisse un timide sourire d’avoir l’impression de retrouver son ex-petite-amie. Nolan se lève en excusant Hope de son comportement en prétextant une longue semaine difficile mais Raphaël lui dit de se rasseoir.

Directement, le fils retourne dans la maison et rejoins l’étage en se dirigeant vers les chambres.

  • Je peux comprendre que tu n’aies rien dit à ta « pauvre maman » et à ton « gentil papa », mais merde quoi ! Pourquoi tu ne m’as rien dit à moi ?
  • Parce que j’ai dit non, voilà pourquoi !
  • Donc d’abord le cancer puis cette histoire de mariage. Qu’est-ce que tu me cache d’autre, hein ? Je suis tout ouïe.
  • Rien. Je ne te cache rien.
  • Comment te croire dorénavant ?
  • Si tu ne veux pas me croire c’est ton problème, je n’ai rien à justifier vis-à-vis de toi.
  • Hope, j’aimerais qu’on redevienne ce que nous étions avant ton accident, mais en revanche, j’aimerais ne pas redevenir celui que j’ai été par ta faute.
  • Par ma faute ? Ma faute ! Tu n’as pas honte de m’accuser de ce que je n’ai pas fait ? Je ne t’ai forcé à rien, tu es le seul chef de tes choix, le seul et unique fautif. N’accuse pas les gens quand ils n’y sont pour rien, tu serais mignon, merci.
  • Alors assume d’être la fautive de ta vie merdique, toi aussi, au lieu d’accuser tous les êtres de cette planète ! T’as abandonné un gars tout bonnement merveilleux et dont tu es encore amoureux au plus profond de toi mais tu as tellement de fierté et de culpabilité que tu ne pouvais plus l’avoir en face de toi. Tu n’arrêtes jamais de te plaindre, de te mettre en position de victime. C’est fatiguant à la fin. Tout ne tourne pas autour de toi, si tu étais morte ce jour-là, le monde aurait continué de tourner.
  • Va-t’en si tu en as marre, je ne te retiens pas surtout si c’est pour dire de telles bêtises et des mots qui font aussi mal. C’est de la méchanceté gratuite. Je te pensais plus mature.
  • Hope si je pars maintenant, ça va être plus difficile qu’il y a quatre ans pour se retrouver.
  • Il y a quatre ans tout était différent.
  • Ah oui et en quoi ?
  • Ton meilleur ami était concerné et tu étais tiraillé entre nous deux, papa et maman venaient de se séparer, tu venais de plaquer ta copine de l’époque parce qu’elle t’a trompé, et moi, je venais de changer brutalement notre vie à cause de mon accident. Papa nous a abandonné pour finalement revenir vers nous et nous annoncer qu’il sortait avec une ancienne camarade de classe.
  • On s’en fout de ça Hope ! C’était toi et moi le problème !
  • Raph’, j’étais dépressive To, tu étais devenu un gros drogué. Rien n’allait, tout est différent maintenant. Rapha regarde-moi…
  • Si tu me quittes, je vais péter un câble…
  • Ça va aller Rapha, courage. Je veux que tu sois heureux et que tu tentes de nouvelles choses et à commencer avec cette fille.
  • Qui ça ? Avec Jill ?
  • Ne me mens pas, je connais ce regard, celui que tu as quand je parle d’elle.
  • Hope ? Tu regrettes parfois ?
  • Tous les jours.
  • Pourquoi t’as fait ça, je n’ai jamais compris.
  • J’ai eu peur et je ne voulais pas le retenir avec ça.
  • Il n’en sait toujours rien. Je n’ai jamais pu me résoudre à le lui dire. J’ai essayé pourtant… Je voulais qu’il te déteste pour qu’il puisse t’oublier mais s’il t’oubliait il n’aurait plus eu de raison de revenir ici…
  • Il serait revenu pour toi.
  • Non. Il ne m’aurait pas pardonné.
  • Tu m’en veux encore, pas vrai ?
  • Je pense que je t’en tiendrais rigueur toute ma vie, sœurette.
  • Pourtant tu n’es pas concerné directement, je ne comprends pas.
  • Il est mon meilleur ami, tu es ma sœur, je suis le plus concerné !
  • Arrête de me juger.
  • Je ne te juge pas mais si tu te sens visé c’est que tu te sais coupable. Jamais plus tu n’auras cette seconde chance Hope…
  • C’est vraiment méchant de me dire ça alors qu’en ce moment je n’ai pas besoin qu’on me rappelle ce genre de chose.
  • Quoi tu vas pleurer et aller te plaindre auprès de ton petit papa ou auprès de ton petit-ami à qui tu mens ? Ah bah non, excuse-moi c’est vrai, suis-je bête ? Tu dois faire attention avec ta jambe et puis les malades comme toi, il faut les cajoler.
  • Raphaël, tu te sens bien ? Tu délire totalement.
  • Ouais peut-être et alors ? C’est ton problème ?
  • Bien sûr ! Tu es mon frère ! Tu es toute ma vie !
  • Ah ouais ? Je n’avais pas trop cette impression lorsque tu me mettais dans ton ombre, quand tu me faisais me sentir comme un moins que rien à tes côtés. Je suis tin frère seulement quand ça t’arrange. Mais tu vois ça, cette vie de merde, cette vie d’esclave et où je me sens coupable et redevable de tout c’est terminé. Je vais vivre pour moi-même et les autres allaient vous faire foutre bien profondément ! Bah tu ne dis rien ? Etonnant. J’ai envie de te demander de me prouver que j’ai tort mais je préfère te dire de faire mettre en cloque tant qu’il est encore tant par ton chiot mono-couille.

La gifle a sifflé tellement elle a claqué sur la peau de la victime. Les larmes aux yeux, c’est seulement à ce moment-là que Raphaël s’est rendu compte de son erreur et du fait qu’il est allé bien trop loin. Il a à peine le temps d’ouvrir la bouche qu’il entend la porte de l’entrée principale claquer. Quand il dévale les escaliers en criant le nom de sa sœur, tous les autres arrivent ver lui. Ils voient un Raphaël qui perd les pédales, ne tenant pas un discours cohérent. Quand enfin il s’est calmé et a expliqué dans les grandes lignes les raisons de leurs disputes, les quatre hommes décident d’aller la chercher.

Elsa préfère rester à la maison en espérant qu'elle revienne finalement ici. Tandis que Raphaël part à la salle de musculation, Nolan chez eux alors que Jonathan décide d'aller vérifier dans un endroit qui leur était familier par le passé. Il la retrouve là-bas, dos à lui, la tête dans les geoux, recroquevillée sur elle-même pleurant à chaude larme. Il est plein d’adrénaline, plein de stress, plein de joie lorsqu’il la rejoint sur le sable, les pieds dans l'eau. Elle regarde fixement l'eau, d’un air livide et indifférent. Elle n'a même pas remarqué la présence du blond à ses côtés. Il en profite pour l'admirer et remarque que des timides et silencieuses larmes coulent le long de ses joues.

  • Qu'est-ce que tu cherches à faire en te comportant comme ça ? Tu veux leur faire du mal ? Tu veux qu'ils te détestent ? Tu veux qu'ils arrêtent de s'inquiéter pour toi ?
  • Non, justement. Je ne veux rien d'eux.
  • Tu ne peux pas leur demander d'arrêter de s'inquiéter pour toi. Ils t'aiment trop pour ça et tes silences ne cessent de les pousser à continuer de te questionner.
  • Je sais mais je n'ai rien à leur dire.
  • Hope... Tu retombes dans tes vieux démons et ce n'est vraiment pas bon, que ce soit pour toi comme pour ton entourage.
  • Qu'est-ce que tu en sais ? Tu étais déjà parti quand je suis devenue une loque.
  • Oui mais je n'ai jamais cessé de m'inquiéter pour toi et de garder un œil sur celle que j'aime.
  • Celle que tu aimes... Laisse-moi rire. Et ta belle américaine alors ?
  • Elle ? Tu rigoles j'espère ! C'est seulement pour la pub, rien de plus, je peux te le garantir.
  • Oh je vois. On t'achète facilement maintenant, dis-moi.
  • Arrête, ce n'est pas ça que j'ai voulu dire !
  • Si tu le dis.
  • Pourquoi es-tu sur la défensive ? Qu'est-ce qu'on t'a fait ?
  • Rien. Ce n'est pas vous le problème mais moi.
  • Tu as des problèmes avec Nolan ?
  • Non. Il est parfait. Justement trop parfait. Il est un peu comme toi mais en moins bien...
  • Mais qu'est-ce que c'est alors ?
  • J'ai un cancer.
  • Un quoi ?
  • J'ai un cancer des poumons qui est plus que bien avancé. Je vais mourir, Jonathan et avant, personne à part les médecins et Raphaël n'étaient au courant.
  • Mais... Comment ?
  • Je ne sais pas. Je n'ai jamais fumé mais il paraît que ceux qui côtoient des fumeurs ont plus de chance d'être cancéreux que les autres.
  • Putain... Tu penses que...
  • Si c'est le cas, je ne t'en veux pas, ne t'inquiète pas.
  • J'aurais dû arrêter de fumer quand tu me le demandais !
  • On n'en savait rien à ce moment-là. Et puis j'avais les poumons fragiles déjà de base.
  • Putain Hope...
  • Ne t'inquiète pas. Je suis en colère contre moi-même.
  • Mais il existe des traitements !
  • Que je refuse d'avoir. Ils ne sont pas concluants, le cancer peut revenir et je sais que mon corps ne le supportera pas une seconde secousse. Et puis… Les traitements m’empêcheront de donner la vie alors que j'ai toujours rêvé d'avoir une grande famille. Je préfère mourir que de vivre une telle vie remplie d'incertitude.
  • Hope... Ce n'est peut-être pas le moment et c'est peut-être également déplacé mais j'ai besoin de te le dire plus que tout. Je t'aime et je t'ai toujours aimé.
  • Moi aussi je t'aime Jonathan mais tu as raison, ce n'est pas le moment.

Hope pose sa tête sur l’épaule de Jonathan alors qu’il entoure la taille de cette dernière de son bras pour qu’elle soit contre lui, au chaud. Ils restent comme ça jusqu’à ce que le ciel s’assombrisse.

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