Chapitre 18

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Lorsque les hommes de la sécurité, envoyés pour calmer Cynthia, ouvrirent la porte de la chambre, ils furent étonnés de voir que la fillette ne s'y trouvait pas.

—La chambre est vide. Je répète, la chambre est vide.

—Quoi ?! Ce n'est pas possible, dit Ross depuis la salle de commandement. Les caméras ne l'ont pas filmé en train de sortir. Cette porte est la seule issue possible.

Le docteur Rathburn qui savait ce qu'était en train de faire la petite fille, s'approcha du micro de l'un des opérateurs.

—Elle utilise une ruse mentale, dit-elle. Elle vous fait croire qu'elle n'est pas là mais elle est dans la chambre. Utilisez vos lunettes thermiques.

La petite fille était en effet capable de faire croire qu'elle n'était pas là. Elle pouvait tromper l'esprit des gardes mais pas les lunettes thermiques qui la détecterait à coup sûr. Les hommes de Ross s'exécutèrent et inspectèrent la pièce en regardant au travers de leurs lunettes.

—Elle est là ! finit par dire l'un des hommes avant de se retrouver projeté hors de la pièce.

Les autres gardes tentèrent de riposter mais n'eurent pas le temps de tirer que Cynthia leur arracha leurs armes des mains avant de les assomer en les claquant contre les murs et les meubles de sa chambre.

Ross assista impuissant à la scène depuis les écrans de la salle de commandement. C'était la première fois que la petite fille tentait quelque chose de ce genre.

—Cynthia tente de s'échapper ! cria-t-il à deux autres équipes qui étaient en chemin vers l'aile du complexe réservée au projet XI. Autrement dit, à Cynthia. Il faut la neutraliser. On a besoin d'elle vivante alors n'utilisez que vos fusils à tranquilisant, c'est compris ?!

Tous les hommes lui firent comprendre que la mission était claire. Mais tous n'imaginaient pas la puissance réelle de la fillette.

***

Quelques minutes plus tard, les deux équipes approchèrent de la dernière position connue de la petite paranormale.

—Ici équipe Bravo, on approche de la chambre.

Bien reçu équipe Bravo, répondit Ross. Avez-vous un visuel sur la cible ?

—Négatif. On avance.

—Bien reçu, termina Ross avant de prendre contact avec l'équipe Alpha. Equipe Alpha, vous me recevez ?

Affirmatif, on avance vers l'objectif.

Les hommes de l'équipe Alpha s'approchèrent progressivement de la chambre de Cynthia. Ils virent l'un de leurs collègues inconscient au sol. Ils essayèrent d'en faire abstraction afin de se concentrer sur la fillette. La chambre était ouverte, mais ils constétèrent qu'elle ne contenait que d'autres de leurs collègues inconscients étendus au sol. Ils balayèrent la pièce avec leurs lunettes thermiques. Elle était bien vide.

—Ici équipe Alpha. La chambre est vide. Je répète la chambre est vide.

Rathburn se tourna vers Ross qui mit un moment avant de répondre.

—Restez vigilants. Elle ne doit pas être loin. Rejoignez l'équipe Bravo.

Bien compris, nous rejoignons l'équipe Bravo. Terminé.

Ross ferma les yeux un instant tout en prenant une grande inspiration. De par son passé militaire, il avait déjà dirigé des escouades. Mais jamais contre un être doté de telles capacités dont il ignorait l'existence il y a encore quelques années.

—Ils ne feront pas le poids, lui dit Rathburn.

—Mes hommes sont entraînés à faire face à ce genre de situation, répondit sèchement Ross. C'est moi qui les aient recruté et formé à ce genre de menace à la demande de monsieur Damon.

—Cynthia est plus puissante que ce que vous pensez... et elle connaît les alentours de sa chambre comme sa poche... Elle est déjà passé par tous les couloirs, que ce soit pour se rendre au réfectoire, en cours ou en salle d'expérience elle...

—Alors qu'est-ce que je suis censé faire ? la coupa Ross. La laisser s'enfuir ? La laisser aller semer la mort chez nos compatriotes ?

Le docteur Rathburn ne savait pas quoi répondre.

—Laissez mes hommes et moi faire notre boulot, reprit le chef de la sécurité. Eux aussi ils connaissent l'aile du projet XI et tous ses recoins.

Un blanc s'installa dans le centre de commandement. Un blanc qui fut très vite interrompu par un message de l'équipe Bravo.

Colonel Ross, ici équipe Bravo. L'un de mes hommes dit avoir entendu un rire d'enfant.

—Bien... C'est elle. Convergez sur la position du rire. Neutralisez-là.

Bien reçu.

Contrairement à la première équipe qui avait dû s'équiper à la hâte, les hommes des équipes Alpha et Bravo étaient équipés de caméras embarqués, permettant à Ross et aux opérateurs de la salle de contrôle de la sécurité de mieux suivre le déroulement de l'opération.

Colonel ! Cria le chef de l'équipe Bravo. Elle est partout Arrrgg elle est arrgzzztt.

—Colonel ! cria un opérateur dans la salle de commandement avant de se tourner vers Ross. On les perd tous.

Sur les écrans, le chef de la sécurité pouvait assister à la scène. Ses hommes tiraient dans tous les sens, sans jamais réussir à toucher la fillette.

L'un d'eux, qui avait tiré toutes ses doses de tranquilisant, sortit son pistolet chargé à balles réelles et tira sur elle, en vain. Elle stoppa les balles avant de les renvoyer sur le soldat.

Cynthia qui s'était contenté jusque là de neutraliser les hommes de Ross venait de tuer pour la première fois. Elle avait peur d'y prendre goût. Mais là, elle n'avait pas le choix.

—Bon sang ! N'utilisez que les tranquilisants ! hurla Ross.

—Trop tard monsieur, ajouta l'opérateur. Les équipes Alpha et Bravo sont à terre. On n'a plus personne.

—Mais... Mais comment... se dit Ross qui commençait à paniquer.

Cynthia se rapprocha de l'une des caméras de surveillance installées dans le couloir. Toutes les personnes présentes dans la salle de commandement étaient pétrifiées devant le visage de la jeune fille qui s'affichait à l'écran.

—Vous avez voulu me tuer, chuchota Cynthia. Je les tuerait tous... jusqu'au dernier.

Après avoir terminé sa phrase, Cynthia détruisit toutes les caméras. Le centre de commandement ne pouvait plus la voir. Elle avait décidé de laisser parler le monstre qui était en elle.

—L'aile du complexe qui renferme la chambre ne possède qu'une seule sortie, dit Harlan Hirsch au colonel Ross. Envoyez y le reste de vos hommes. Et cette fois-ci, équipés avec des munitions létales... On ne peut pas risquer qu'elle sorte du complexe. Alors anéantissez là !

Ross réfléchit un instant. La consigne de son employeur était claire et n'entrait pas en contradiction avec ce que venait de dire Hirsch. Hal Damon voulait garder sa fille en vie. Mais il avait également énoncé que si la situation dégénérait, si elle était hors de contrôle, il préférait l'éliminer plutôt que de la voir semer la mort en dehors du complexe.

—À tous les hommes disponibles, équipez vous d'armes létales. Il faut à tout prix empêcher la petite de sortir du complexe. Tirez à vue.

***

Tous les agents se tenaient prêts en face de la porte qui conduisait à l'aile de l'enceinte réservé au projet XI. Tous savaient qu'il s'agissait d'une paranormale. Mais aucun ne connaissait vraiment l'étendue de ses pouvoirs. C'est pourquoi la plupart d'entre-eux tremblaient de peur face à cette porte métallique dont ils ne savaient pas vraiment ce qui allait en sortir. « ça n'est qu'une fillette » se disait l'un des hommes pour se rassurer.

Tout le long du couloir se trouvaient des lampes à néon. Les mercenaires étaient équipés de lunettes de vision nocturne. Ils pensaient qu'en éteignant les lampes ils pourraient prendre facilement l'avantage sur la petite fille qui elle de son côté ne verrait rien. C'est pourquoi l'un d'entre eux abaissa un levier qui éteignit l'intégralité des néons, plongeant le couloir dans l'obscurité.

—En position ! cria le sergent. Tirez pour tuer !

Tous les mercenaires avaient leur index rivé sur la gâchette de leur fusil, prêts à la presser au moindre signe de la petite fille.

La porte se mit à s'ouvrir lentement. Une fois ouverte, tous les soldats ouvrirent le feu et vidèrent leur chargeur. Mais à la surprise de tous, personne ne se trouvait derrière.

—Cessez le feu ! cria le chef de l'escouade. Rechargez vos armes !

« Je sais pourquoi vous êtes là » murmura une voix féminine et enfantine. Les néons se rallumèrent sans que personne n'eut remonté le levier. En voyant ça depuis la salle de vidéo surveillance, Ross se leva, impressionné.

Cynthia apparut face à ceux qui étaient venu pour l'éliminer. Elle étrangla par la pensée les deux premiers face à elle pendant que les autres retirèrent leurs lunettes de vision nocturne rendues inutiles par la réactivation des néons.

—Feu !!! cria le sergent, Abattez-là !!!

Les hommes de Ross ouvrirent le feu. Cynthia arrêta, dévia ou renvoya toutes les balles tout en jouant de sa puissante manipulation mentale contre ses ennemis. Ainsi, les mercenaires avaient l'impression que le couloir était quasi infini, ce qui compliquait leur visée puisqu'ils avaient l'impression que leur cible se trouvait non plus à quelques mètres d'eux mais à quelques dizaines voire centaines de mètres.

Puis elle leur fit croire que le couloir était en pente, faisant se coucher les soldats qui avaient l'impression de tomber. Ils perdirent presque tous l'équilibre. Alors que les hommes de Ross hurlaient de terreur, Cynthia elle, riait. Elle se délectait de leur peur.

Certains mercenaires arrivaient à faire abstraction de sa manipulation mentale. À vrai dire, seuls les plus préparés d'entre-eux, les plus forts sur le plan psychologique et mental arrivaient à contrer la jeune fille. L'un d'entre eux braqua son fusil sur elle et s'apprêtait à presser la gâchette lorsque Cynthia lui arracha son arme par la pensée, le souleva et l'encastra dans le mur métallique. La puissante paranormale déforma le mur pour le replier sur le mercenaire qui se retrouva ainsi, enfermé.

Puis elle se tourna vers les autres afin de leur projeter des éclairs avec toute la force de sa colère. Ceux qui n'en tombèrent pas en furent aveuglés par les flashs.

—Amenez le calibre 50 !!! cria le sergent depuis le bout du couloir, avant de se faire attraper par la jeune fille qui se déplaça en un éclair vers lui avant de le regarder droit dans les yeux tout en l'étouffant par la pensée. Le dernier visage que l'homme vit était celui d'une jeune fille en détresse, les yeux cernés de rouge et remplis de haine et de colère envers ceux qui lui avait depuis toujours menti, sur elle et sur beaucoup de choses.

Deux hommes arrivèrent avec une mitrailleuse calibre 50 posée sur un trépied et l'illusion qu'ils pourraient faire quelque chose pour arrêter la fillette.

C'était la première fois que Cynthia voyait ce genre d'arme et elle devina assez vite la puissance qu'elle pouvait avoir. Une seule balle suffirait à la tuer si elle n'arrivait pas à l'arrêter.

Elle repensa aux monstres qu'elle avait rencontrés dans ses lectures. Ceux qui étaient présents sur des illustrations. Elle se souvint aussi de la fois où elle avait réussi à faire croire au Docteur Rathburn qu'un monstre déhambulait dans les couloirs du complexe, juste en lui projettant son image par la pensée. Elle pouvait faire croire n'importe quoi à n'importe qui juste en jetant dans l'esprit de ses victimes ce qu'elle avait envie qu'ils voient. Ce jour-là, son père avait été furieux contre elle et jamais plus elle n'avait usé de cette capacité. Jusqu'à aujourd'hui.

Elle se concentra et imagina la présence de l'un de ces monstres dans le couloir avant de projeter ce dernier dans l'esprit de ces deux hommes qui se mirent à voir la créature cauchemardesque aux douze tentacules, la pensant réelle. Ils se mirent à tirer sur elle bien qu'inexistante. Certaines balles touchèrent leurs quelques collègues encore en vie pendant que Cynthia marchait tranquillement vers le bout du couloir.

Dans la salle de vidéo surveillance, c'était la plus grande panique.

—Bon sang... dit le docteur Rathburn tremblotante. Qu'est-ce qu'on a fait ? Qu'est-ce qu'on a créé ?

—L'apocalypse, lui répondit Ross qui ne savait plus quoi faire.

—Il faut la contenir, ajouta Hirsch. Verrouillez toutes les issues.

La fillette se retrouva face à un mur. Elle sentait que derrière lui se trouvait la liberté. Elle se concentra pour détruire le mûr par la pensée ouvrant la voix sur un hangar qui était ouvert. Ross ordonna aux hommes présents dans le hangar de le fermer d'urgence afin de gagner du temps pour que le reste des forces de sécurité puissent y converger et tenter d'arrêter la fillette. Cynthia pouvait entendre sa voix rugir dans les haut parleurs. "Fermez la porte ! Fermez la porte !"

La petite fille s'avança en direction de la porte du hangar, une porte de plusieurs tonnes qui commençait à se refermer. Elle avait été conçue pour résister aux tirs et aux explosions. Même une explosion atomique n'en serait probablement pas venu à bout. Mais elle, si. La porte qui était en train de se fermer, s'arrêta progressivement jusqu'à ne plus bouger du tout. Depuis la salle de contrôle du hangar, les techniciens étaient tétanisés. Certaines personnes présentes dans cette salle étaient armés. Mais aucun n'avait envie de sortir pour affronter ce « monstre ». Cynthia parvint à contrer la puissance du mécanisme de fermeture qui finit par céder, interdisant alors la fermeture du hangar et permettant à la fillette de s'enfuir. Elle avait à présent la ferme intention de retrouver Jo... Celui qui était venu prendre l'armure X.

Dans le centre de commandement de la sécurité, régnaient le silence et la peur. Tous se demandaient comment Rising Drake pourrait rattraper cette catastrophe.

—Il faut tout de suite appeler monsieur Damon, dit Ross. Il faut qu'il sache ce qu'il s'est passé.

—Et... et pour elle ? demanda Rathburn.

—Priez pour qu'elle ne croise jamais votre route, lui répondit Hirsch.

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