Chapitre 100

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En mode guerrier sorti de la boue, je prends un petit selfie avec mon équipier Ludwig sur lequel nous faisons une belle grimace. Notre langue présente quelques tâches de boue, les cheveux en bataille et le visage crasseux pour poster sur mes réseaux sociaux avec en légende '' Il faut savoir se salir pour remporter des victoires '' accompagnée d'émoticônes et de hastags #armée, #arméefrançaise, #picoftheday, #frenchboy... Aussitôt mes milliers de followers viennent commenter, liker ma photo. Le premier commentaire est de Pénélope '' Même en piteux état tu restes canon ! ".

Chacun notre tour nous passons de chaque côté d'un mur derrière lequel nous enlevons nos vêtements pour être seulement en boxer, dommage que les filles ne soient pas avec nous, j'aurai pu en profiter un petit peu. Le froid nous fait trembler, Ludwig passe le premier sous le jet d'eau froide pour se débarrasser de toute la boue présente sur lui afin de ne pas boucher les douches. Je passe le suivant poussant quelques râles lorsque l'eau froide vient envelopper mon corps, à la va vite j'enlève toute la boue, me rince avant de céder ma place à Küchin qui a tendance à rouler des mécaniques pour en imposer. Pour traverser jusqu'aux douches, je m'enveloppe dans une serviette éponge que Munsch vient de me tendre et me mets à courir jusqu'au bâtiment pour ne pas prendre froid. Je balance mon boxer par terre juste devant ma douche et me rue sous l'eau ce qui me vaut quelques couinements le temps que je m'habitue à la chaleur de celle-ci, l'armée c'est hard !

Ludwig ferme les yeux pour se réchauffer, je grelote les bras coincés contre mes pectoraux alors que Küchin arrive nu comme un dieu, une bite de taureau impressionnante bien qu'elle soit au repos. La mienne fait plus penser à une potatoes rabougrie ! Je donne un coup de coude à Ludwig pour lui faire remarquer, lui qui est bien dans la moyenne comme moi. Comme deux idiots nous explosons de rire ce qui fait tourner la tête de Rainer dans notre direction, nous faisons mine de parler entre nous mais cela sonne faux.

  • Ça sent la jalousie à plein nez les gars se vente t-il. Ça vous impressionne hein ! Haha tout ce que les filles aiment ! Au moins elles n'ont pas à se demander si elles vont prendre leur pied ! Contrairement à vous les nazes du slip !

  • Pfffiou tu parles, tu dois leur faire peur avec ça ! Dis-je moqueur. Ce n'est pas la taille qui compte mais la qualité du bonhomme hahaha !

  • Surtout qu'en général c'est ceux qui ont le plus de gueule qui en font le moins répond Ludwig.

  • Mais naaan vous êtes sérieux les gars, vous êtes vraiment en train de comparer la taille de votre queue là ?! S'exclame Spencer en faisant tomber sa serviette. J'peux ajouter la mienne si vous y tenez ! Hahahahahaha !

Nous explosons de rire tous les quatre, malgré les esprits compétitifs qu'il y a entre nous c'est plutôt bon enfant et chamailleries. Cette ambiance me plait beaucoup surtout d'affronter les meilleurs dans le domaine de l'aviation. La chaleur a finit d'enlever l'engourdissement de mes membres, je rince le savon que j'ai étalé sur mon corps et ressort enroulé dans ma serviette jusqu'à mon sac à dos pour aller m'habiller.

Je téléphone hâtivement à Lou pour la rassurer que tout va bien, Munsch m'accorde deux minutes pas plus car c'est déjà l'heure du repas du soir. J'approuve en levant mon pouce, quelques minutes après je dis à ma soeur que je lui fais pleins de bisous bisous et raccroche aussitôt avant de rejoindre mes collègue et nos instructeurs.

Dans la file d'attente je constate qu'Iseline a les yeux rougis, je les ai aussi à cause des lacrymos mais vu les coins de sa bouche qui descendent je pense plutôt qu'elle a pleuré. Gretel pose sa tête sur son épaule en la regardant avec ses yeux noisettes, elle lui caresse l'épaule opposée à celle sur laquelle elle se trouve.

  • Iseline mais pourquoi tu pleures ? Dis-je inquiet pour mon équipière. Tu as appris une mauvaise nouvelle ?

La petite blonde s'essuie les yeux en joignant ses index de chaque côté de l'arête de son nez, je vois bien qu'elle lutte pour ne pas craquer.

  • Elle a échoué l'épreuve affirme Gretel. Munsch l'a pris à part juste après les douches pour lui annoncer... C'est un choc pour elle, la pauvre elle ne s'y attendait pas. Elle devra recommencer avec Ludwig, c'est ce qu'il lui a dit.

  • Mais non ma belle tu as été fantastique ! Répondis-je en prenant Iseline par les épaules. Tu es allée jusqu'au bout sans ton binôme ! Tu as eu le cran de le faire alors que nous à deux on ne brillait pas ! Toi tu étais toute seule !

  • C'est justement ça le problème intervient Munsch. C'est qu'ils forment un binôme tous les deux donc l'échec est valable pour tous les deux ! A l'armée on ne fonce pas tête baissée tout seul, il y a de la cohésion ! Un groupe ! Là elle a fait cavalière seule ! Pour sa fierté personnelle c'est très bien, elle s'est surpassée et je l'en ai félicité mais ce n'est pas suffisant, l'exercice était par deux !

Il s'éloigne pour passer devant afin de saluer le collègue qui s'occupe de déposer les entrées sur le banquet réfrigéré. Tous les deux échangent quelques mots alors que nous essayons de rassurer Iseline comme on peut. Ludwig est bien embêté de la situation, je le vois bien il est décomposé et à chaque fois qu'il essaye de s'adresser à son binôme elle l'envoie bouler.

Ludwig s'attrape le derrière de la tête en regardant au plafond en fermant les yeux agacé contre lui-même.

  • Sérieux, Milan je fais quand même un sacré boulet ! Regarde elle m'en veut que l'on ne soit pas allé jusqu'au bout mais c'était au dessus de mes forces ! Je culpabilise de l'avoir pénalisée, elle est allée jusqu'au bout elle ! Et de par ma faute, il ne lui valide pas le souterrain !

  • Oh tu sais les filles c'est un peu boudeuses, j'ai une soeur je sais parfaitement ce que c'est et ça passe aussi vite que c'est venu ! Et ce n'est pas si grave que ça Ludwig, vous recommencerez c'est tout et là tu devras prendre sur toi ! Hé ho secoue toi mec, je ne t'ai jamais vu comme ça depuis qu'on est là ! Mais arrête de lui parler pour ce soir, il vaut mieux que tu réessayes demain ! Et non tu n'es pas un boulet, d'avoir peur c'est normal et on va apprendre à gérer ! Ludwig ne te laisse pas t'abattre, ça ne te ressemble pas t'es un gars bien fais moi confiance !

Ludwig secoue la tête, tout refermé les bras contre son torse alors que nos équipières se sont déjà installées à table au milieu des autres. Gretel est à côté de notre instructeur et Iseline juste en face d'elle. Je plaque ma main derrière sa nuque, la secouant gentiment les yeux plantés dans les siens.

  • Aller Ludwig il ne faut plus y penser, tu es en train de te choper les boules là ! (J'essaye une vanne le mec est complètement anéanti, il aurait pourtant rigolé à ma blague en temps normal).

  • Milan j'ai envie de tout plaquer, je ne suis pas sûr que je suis dans la capacité de réussir ma formation et d'acquérir de nouvelles compétences dans le domaine déclare t-il. J'ai des peurs qui peuvent être d'une débilité, regarde je n'ai pas été fichu de partager une victoire avec Iseline ! Elle était si contente d'avoir réussi, l'attérissage à été brutal pour elle ! Surtout que Munsch n'hésitera pas à taper là où ça fait mal pour me tester, me déstabiliser, souviens-toi le questionnaire que l'on a rempli sur nos peurs ! Nos craintes ! Les instructeurs ne nous feront pas de cadeaux ! Ils vont s'en servir pour les retourner contre nous ! Là j'en ai pris un coup derrière la tête ! Qu'en tant qu'homme c'était à moi de réussir et de pousser Iseline à m'accompagner je n'ai fais que de rebrousser le chemin comme un lâche ! Un sans couille, ouais c'est sûrement ce que je suis ! J'ai déçu toute l'équipe, je l'ai ressenti lorsque votre regard à croisé le mien ! Et j'ai peur d'avoir perdu la confiance d'Iseline ! Elle me fait la gueule en plus ! Je suis démotivé Milan ! Je suis sur le point de démissionner !

  • D'la merde oui ! Tu ne vas rien plaquer du tout ! Je vais te botter le cul moi ! Nous ne sommes pas habitués à un rythme aussi intensif et la fatigue commence à parler alors tu ne dois pas l'écouter ! Tu es pleins de ressources et peut-être bien le plus mature de nous quatre ! Les capacités tu les as ! Tu sais on est une équipe, et si tu t'en vas cette équipe ne pourra plus fonctionner ! On est un noyau et les difficultés, les échecs, nos peur on va les affronter tous ensemble ! Bien sûr qu'ils vont jouer avec nos limites mais on va se serrer les coudes ! T'es un co-équipier du tonnerre ! Je rigolerai avec qui moi si tu prends idée de te barrer ?! On était pas déçu à cause de toi mais pour toi et puis Iseline je te dis que ça va s'arranger ! Juste tu lui fous la paix pour ce soir et demain vois dans quel état d'esprit elle se trouve. Il faut aussi qu'elle digère c'est une compétitrice ! Je parlerai avec Gretel demain t'inquiète pas on ne te laisse pas tomber mec ! On va faire en sorte de renouer le dialogue entre toi et Iseline !

Ludwig me frictionne le torse en calant sa tête contre mon front, on se colle une étreinte virile et il me murmure un '' merci '' en remplissant son plateau. Nous nous installons autour de la table.

  • Messieurs on a bien failli s'impatienter déclare Munsch tout sourire.

  • Oui pardon, Ludwig et moi étions en train de régler quelques petites choses !

  • Iseline lance un regard que je juge plein d'inquiétude à Ludwig et lorsque celui-ci tourne la tête vers elle, elle durcit son regard en fronçant les sourcils. Ça ne va pas être de la tarte !

  • Jeunes gens prenez place déclare Munsch. Que ce soit bien clair, vous êtes là pour progresser ! Et quand on apprend on fait des erreurs ! On essuie des défaites ! On se relève en apprenant de nos échecs ! Ce ne sera pas le premier Monsieur Pétry, y'en aura d'autres alors ne vous laissez pas abattre ! Aller garçon, demain sera un jour meilleur !

  • Oui Monsieur bafouille mon ami. (Il chuchote tout bas pour que je sois le seul à entendre). Et comment on fait quand son équipière principale tire la gueule de par ma faute ?

Ludwig est perdu dans ses pensées, ce n'est pas le même gars que d'habitude. Pour dire, sa bonne humeur et ses conneries me manquent et de le savoir pas bien me fait mal au coeur. Il garde la tête basse tout le repas en se contentant de manger son assiette car tout de même l'épreuve l'a creusé. Iseline ne cèsse de le regarder, parfois elle soupire.

  • Hé ho ! Ici vous n'êtes pas à la maison ! S'exclame Munsch. Je ne suis pas votre mère! Les miettes vous les ramassez et vous jeter vos opercules de yaourts ! Rah ces jeunes il faut tout leur dire !

Je débarrasse mon plateau sur l'étagère prévue à cet effet avant de prendre le chemin du dortoir emmitoufflé dans mon gros sweat pour traverser la cour.

  • Salut les filles, à demain ! Dis-je tout sourire.

  • Oui bonne nuit les garçons, dormez bien renchérit Gretel.

  • Salut ! Rétorque Iseline encore énervée.

Je stoppe Ludwig qui était prêt je suis sûre à présenter de nouveau ses excuses à la petite blonde.

  • Bonne nuit les filles se contente t-il de répondre.

Nos pieds crissent dans les graviers, nous fermons à clés la grande porte qui mène au dortoir. Nous balançons nos vêtements au sol pour être à l'aise dans nos plumards. J'ai toujours pris l'habitude de dormir en calbut. Nos ronflements finissent par remplir la chambre, cette journée m'a éreintée entre l'adrénaline et les vomissements dans le rafale ! Et le stress du souterrain, j'ai bien besoin de cette nuit de sommeil.

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