Assemblés

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Ses yeux s'était ouvert. Ils avaient papillonés, agressés par quelque chose de chaud et aveuglant.

Du soleil...

C'était le matin. La lumière filtrait à travers les lames des volets. Elle se demanda si l'homme allait revenir. Elle avait envie de lui parler. Peut-être savait-il qui elle était ? Alors pourquoi ne l'avait-il pas appelée par son prénom ? Elle se sentait encore fatiguée.

Elle s'était relevée délicatement, prenant soin de ne rien décabler. Une fois assise, elle put observer la pièce où elle se trouvait. Il s'agissait d'une chambre, aux murs tapissés de posters de jeu et de référence de pop culture. Certains noms sonnaient familiers. Elle se demanda si elle avait déjà joué à ces jeux, regardé ces séries. Si elle les avait aimé, avait pleuré, souri, ri devant eux. Un goût emprunt de nostalgie avait envahi sa bouche et elle s'était perdu dans le néant de ses souvenirs.

La porte s'était ouverte et l'homme de la veille était apparu, mal réveillé, des cernes pendant à son regard brun. Dans ses oreilles étaient enfoncés deux écouteurs blancs. Il tenait dans ses mains un plateau avec un bol empli d'un liquide brun accompagné de deux tranches de pain beurrées.

  • Salut, avait il dit en posant le plateau sur ses genoux. Bien dormis ? J'espère que ça t'ira comme p'tit dèj. J'ai pas trop eu le temps de faire des courses.

Elle n'avait rien dit, juste souri. Elle était affamée. Alors elle saisit le bol de ses mains blanches, trempé ses lèvres dans le liquide chaud et amer. Elle découvrit avec joie qu'elle aimait cette boisson. Le mot qui lui vint spontanément en tête fut "café". Elle s'émerveilla de découvrir qu'elle n'avait oublié que ses souvenirs, que les notions de la vie de tous les jours étaient resté gravées en elle. L'homme la regardait fixement engloutir son petit déjeuné.

  • Quel est ton nom ?

La question l'avait pétrifiée. Il ne savait pas qui elle était. Ca l'avait rendue triste, parce qu'elle aurait voulu en apprendre plus sur elle-même, connaître un peu mieux cette inconnue à qui appartenait ces mains blanches, ces cheveux noirs et ce coeur de métal.

  • Je ne sais pas.

L'homme continuait de la toiser en silence, laissant planer cette réponse. Elle se demanda comme il pouvait entendre ses réponses avec son casque toujours enfoncé dans ses oreilles.

  • Tu n'as pas envie de me dire ton nom ? D'accord, pas de soucis, je respecte, avait-il dit en levant les mains comme en signe de rédition.
  • Non, ce n'est pas ça, avait dit la jeune fille en reposant le bol vide sur le plateau. Je ne m'en souviens pas.

Le visage de l'homme avait vaguement exprimé de la surprise : elle se fit la reflexion qu'il était plutôt inexpressif.

Tu es amnésique, avait-il conclu tristement.

Elle l'avait regardé se lever et ouvrir les volets suite à ce constat qui lui semblait douloureux. Elle se demanda pourquoi cela le blessé autant, s'il ne la connaissait pas. Une fois les volets repoussés, il resta un moment à fixer le ciel pâle à travers la vitre, la main sur la poignée de la fenêtre.

J'avais espéré... avait-il commencé.

Oui ? l'avait-elle incité à poursuivre après un silence.

J'avais espéré que tu avais été envoyée pour me donner des nouvelles d'une personne qui m'est chère.

Il était revenu s'asseoir près d'elle, au pied du lit en soupirant.

Cette personne m'a été enlevée il y a longtemps et... Et quand j'ai vu ton translacoeur je...

Elle remarqua qu'il avait les larmes aux yeux. Elle posa sa main sur son épaule et il leva la tête vers elle, surpris.

  • Tu veux en parler ?

Il avait hoché la tête, avait essuyé son nez dans sa manche.

  • Peut-être que mon histoire réveillera chez toi des souvenirs ?
  • Je ferais de mon mieux, avait-elle dit d'une voix rassurante.
  • Avant tout de chose, avait-il dit en lui tendant la main, je m'appelle Jay Johnson.
  • Enchantée Jay, avait souri la jeune fille en saisissant sa main.
  • Il y a deux ans maintenant, je... cotoyais une femme du nom de Sharon Ford, avait-il maladroitement commencé après un bref silence.

Il s'était à nouveau arrêté, attendant peut-être que le visage de la jeune fille s'illumine à ce nom, qu'il lui évoque quelque chose, mais rien. Juste du vide derrière ses prunelles bleus. Une grande page blanche sur laquelle avait été un jour écrite une histoire que l'on avait minutieusement gommée. Il ne se découragea pas :

  • Il y a deux ans, la soeur de Sharon, Sherring, a disparue. Une sombre histoire. Personne n'a jamais réellement su ce qu'elle est devenue. Sharon était persuadée qu'elle avait été enlevée et qu'elle avait découvert un secret enfui de leur grand père ou quelque chose de ce goût là.
  • Ca ressemble au début d'une histoire...
  • Un mauvais conte. C'est le début d'une épopée sombre dont je n'ai pas été réellement acteur. A cette époque, j'avais trop peur de m'exposer au monde extérieur. Je souffais d'une peur excessive des autres... Je ne conaissais pour ainsi dire que Sharon.
  • Comment vous êtiez vous rencontré ?
  • C'était en primaire... Sharon avait remarqué que je parlais peu, que je restais souvent seul, alors elle a décidé de me tenir compagnie et j'ai fini par m'habituer à sa présence... Elle m'aidait avec mes problèmes de mémoire et de prononciations : je n'ai jamais été très doué avec les mots, c'était plutôt le domaine de Sharon. Bref. Elle est venue me voir un soir, complétement bouleversée. Elle venait de mettre la main sur le premier indice qu'avait laissé sa petite soeur derrière elle : des DVD cryptés de façon si complexe que même moi, j'ai mis bien du temps à en venir à bout. Au fur et à mesure des semaines, Sharon decrouvrait de plus en plus le chemin qu'avait tracé sa soeur pour elle. Il est apparu que sa soeur s'était enfuie quelque part en Sibérie, pour rejoindre un projet militaire secret que son grand père et d'autres scientifique avait mis au point.
  • Un projet militaire ? Rien que ça ?
  • Oui, avait acquiescé Jay.
  • Et alors ? Comment ça s'est terminé ? Votre ami a retrouvé sa soeur ?
  • Je ne sais pas, avait répondu Jay dans un souffle. Sharon a été arrêtée et accusée à tord d'avoir assassiner sa soeur. A l'époque je n'avais pas compris pourquoi ni comment les preuves qui l'inculpées pouvaient existées. Je connaissais trop bien Sharon. Je ne pouvais pas croire qu'elle ait fait ça. Alors je me suis renseigné. J'ai cherché jour et nuit sur les réseaux une preuve de son innocence. Et j'ai finalement trouvé. Ces preuves avaient sans doutes étaient fabriquées et fournies par le même projet militaire qu'avait rejoint sa soeur. Je suppose que Sharon s'était approchée trop près d'eux, trop près de la vérité et que ça ne leur a pas plu. Mais le soir même où j'avais enfin trouvé de quoi disculper Sharon, j'ai été agressé dans mon propre appartement. Ils ont saccagé mon ordinateur et m'ont laissé pour mort. J'ai eu la chance de m'en sortir : pas Sharon. Le lendemain, à mon réveil à l'hopital, j'apprenais qu'elle avait disparue de la prison où elle était retenue.

Jay avait fait une pause. Il s'était relevé, s'était remis face à la fenêtre, les yeux brillant de larmes, il regardait le ciel qui s'était rapidement obscurci et les premières gouttes de pluie tomber sur leS carreaux.

  • Je ne pense pas qu'ils aient tués Sharon. Elle doit être en vie, quelque part, sans doutes prisonnière de ces types. Alors j'ai déménagé ici, loin de tout et j'ai continué mes recherches dans la plus grande des prudences. J'ai découvert que ce projet militaire avait un nom : "Zukunft Hell Incorporation". Soit Z. Hell Inc. Shelling. J'ai compris qu'il avait été planifié depuis la naissance de la soeur de Sharon que celle-ci soit embriguadée dans le projet. Que ce nom qu'avait voulu lui donner son grand père n'était pas hasardeux.

La pluie battait désormais franchement la fenêtre, les larmes roulaient en casquades sur les joues de Jay. Elle le regardait, impuissante, tentant de raccorder un quelconque souvenirs à ce récit.

Désormais ce projet à un autre nom : EDM, l'Entre Deux Mondes. Ca ne te dit vraiment rien ?

Jay lui avait jeté un regard désespéré, mais elle n'avait pu que secouer négativement la tête. L'homme avait poussé un soupir.

Pourtant, avait-il dit en désignant son coeur de métal. C'est eux qui t'ont fait ça. Et c'est peut-être à cause d'eux que tu as perdu tes souvenirs.

Comment ça ? avait-elle demandé.

Je t'ai tout à l'heure que ce projet avait un but bien précis. Cette bande de taré collecte pour une raison que j'ignore, des personnes au hasard dans la population. Ils mettent en scène leur mort. Puis, ils les emmènent dans leur base, en Sybérie. Là- bas, ils leur enlève leur coeur, va savoir comment. Ils le remplacent par un coeur de métal, un translacoeur comme ils disent, issu d'une technologie qu'eux seuls possèdent. Ils vous tiennent en laisse grâce à cette prothèse. Comment pourriez vous vous enfuir ? Seuls eux savent comment réparer ce truc.

Pourtant, tu y arrives aussi non ? Tu l'as bien fait avec moi.

Non, avait-il dit. Je n'ai fait que retarder son arrêt. La technologie de ce machin me dépasse. Il faudrait que tu retournes à l'EDM pour qu'il te le répare. Si seulement je savais où ils se terrent... J'irais sauver Sharon et sa soeur et on pourrait peut-être même te retirer cette horreur de la poitrine.

Elle avait baissé la tête. Elle n'avait aucun souvenir ; il n'en avait que trop. Peut-être que leur duo pourrait fonctionner ? Peut-être qu'ils pourraient partir, loin là bas en Sybérie ? Elle sourit doucement et il lui rendit son sourire.

Déjà ils étaient ensmeble. Ils n'étaient plus seuls face à leur problème. C'était déjà pas mal. Elle ferma les yeux alors qu'un rayon de soleil percé à nouveau la couche nuageuse.

Oui, ensemble, ils pouvaient le faire.

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