Chapitre 80 - Voyage retour sur New-York

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Jennifer pas encore remise du trajet en avion depuis Pise s’endormit dès que l’avion décolla du tarmac de l’aéroport d’Orly.

Laurent, sur le siège d’à côté, lui, n’était pas en état de dormir. Même s’il savait que l’objet principal du voyage était Clara, il ne pouvait s’empêcher d’être excité comme un gosse. L’histoire de Jennifer, Shany et surtout leur ancêtre était une pépite narrative. Même avec la meilleure imagination, il n’aurait pas pu écrire un si beau scénario. Rester proche de la réalité historique serait facile à faire. Quand il avait écrit son premier roman, il avait choisi Battaglini pour surfer de la notoriété du peintre. Il était convaincu à l’époque qu’une bonne qualité d’écriture soigneusement emballée dans la popularité d’une figure historique était la formule pour s’assurer un certain succès. Les faits lui avaient donné raison. Mais cette fois-ci, la vie de Fiorenza était en elle-même extraordinaire. De sa naissance à sa mort, il n’y avait pas grand chose devant laquelle ne pas s’extasier. Restait un mystère : de qui était-elle l’enfant ? Un passage dans la correspondance entre Fiorenza et sa mère adoptive laissait penser qu'elle était issue d'une certaine noblesse. Laurent avait souri lorsqu’il avait lu l’histoire. Même s'il y avait des doutes sur le fait que l'histoire avait été un peu romancée, que cela provienne du témoignage de la mère elle-même lui donnait un certain  crédit.

« Qu’est-ce qui te fait sourire ? »

Laurent tourna la tête et vit que Jennifer le fixait. De toute évidence, elle venait d’émerger.

« Non, rien de spécial. Je repensais à un truc que j’ai lu lorsque nous sommes allés chez Calabra.

— C’est-à-dire ?

— La naissance de Battaglini.

— De Fiorenza, tu veux dire ?

— Oui, si tu veux. Je pensais que pour la première fois de ma vie, j'écrirais une histoire vraie. En fait, depuis sa naissance, cette femme, cet artiste a eu un destin singulier et on pourrait même dire que cela continue encore aujourd’hui. Si le remède de Milo, ça marche… Ce serait assez dément.

— Chut… Je ne préfère pas penser à cela.

— Si tu veux. Mais restons sur ton ancêtre.

— J’ai toujours un peu de mal à me dire que l’on est du même sang, mais soit. Quoi ?

— En fait, je me dis qu’il y a de quoi écrire, deux ou trois bouquins. Cette fille est morte à 31 ans mais c’est comme si elle avait vécu plusieurs vies. Et là, je vais peut-être dire une énormité… Imagine qu’on enquête ensuite sur Clélia et toute sa descendance : que va-t-on trouver ?

— On ? Tu m’embarques déjà là dedans.

— Sûr que tu ne diras pas non.

— On verra. Chaque chose en son temps !

*

Au bout d’une vingtaine de minutes, la jeune femme de l’accueil revint et fit de grands signes à Patrick pour qu’il la rejoigne.

« En fin de compte, j’ai eu de la chance car ma collègue a pu me répondre rapidement…

— Et alors ?

— Il ne manque que votre signature sur ce document. Sans cela, le système étant strict, le dossier sera rejeté. C’est dur mais c’est pour favoriser le dossier sur lequel il y a le moins de doutes. »

La jeune femme tendit le papier à signer à Patrick. Celui-ci lut rapidement le contenu : c’était une énième décharge. Il se souvenait du document et effectivement, il avait oublié d’apposer sa signature là où il fallait. Il parapha dans la case prévue et tendit la feuille à nouveau à la jeune femme.

« Combien de temps ?

— Pour la greffe ? Je ne sais pas vous dire. Avant, on pouvait faire une estimation car le système se basait uniquement sur l’ancienneté. Depuis l’introduction du LAS, c’est quasiment impossible de savoir.

— LAS ?

— Lung Allocation Score.

— C’est quoi ?

— C’est un système qui se veut plus équitable car ça prend en compte plusieurs critères dont le risque de décès et le bénéfice de survie.

— Le bénéfice de survie ? C’est toujours le même. Greffe, tu vis, Pas de greffe, tu meurs… C’est pourtant binaire comme choix. »

Il remercia tout de même la jeune femme et retourna s’asseoir pour ruminer les informations nouvelles sur le processus de sélection.

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