Chapitre 72 - Rendez-vous à Paris

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Shany avait à peine raccroché qu’elle reprit sa veste imperméable, montra une tête dans le bureau de Firmin pour lui dire qu’elle repartait. Elle dévala les marches de l’escalier deux par deux pour reprendre le vélo et fila à toute allure vers la maison de Milo. A la grille de la maison de Milo, elle ouvrit le portail, cria :

« Milo, Milo, vous êtes là ? »

Milo arrosait ces plantes quand il entendit que Shany l’appelait.

« J'arrive. Arrêtez de crier. Vous êtes encore là ? Ma qué, pourquoi ?

— Pardon. Milo, mm… Milo, il faut absolument qu’on aille à Paris.

— A Paris ? Pourquoi faire ?

— Pour fabriquer le remède.

— Attendez, attendez, là, on est dans le jardin. Mes mains sont pleines de terre. Je vais les laver. Allez vous asseoir dans la cuisine, il y a du café de prêt, je vous rejoins. »

Shany se dirigea vers la cuisine, prit une tasse, et préféra se servir un verre d’eau pour se rafraîchir.

« Bon, jeune fille, expliquez-moi tout, calmement.

— Vous savez la plante que vous avez reconnue, j'ai demandé à ma soeur de la récupérer. Nous nous sommes donné rendez-vous à Paris et j'ai besoin de vous pour fabriquer le remède.

— Mais pourquoi faut-il que je vous suive à Paris ? Je pourrais très bien le produire ici. Tout mon matériel est là. Je ne vais pas l'emporter. C'est encombrant et fragile.

— Pas de souci pour le matériel, j'ai déjà mon idée de l'endroit où nous pourrons le faire et de plus, étant donné qu'on doit repartir à New-York ensuite, et ce sera plus rapide d'être aux abords de Paris.

— Rapide ? Quelle est l'urgence ?

— Mon beau-frère et ma soeur se sont mis en tête de valider la greffe parce que l'état de Clara s'est dégradé et il faut que nous partions pour New-York avec le remède directement après. »

Milo ne répondit pas tout de suite. Il se leva et fit quelques pas pour se poster devant la fenêtre. Il resta ainsi une bonne minute puis soupira un grand coup, comme résigné.

« Bon, d’accord. Comment y va-t-on ?

— Vous avez une voiture ?

— Oui mais elle est vieille ! C’est une Simca. Elle est belle mais elle roule comme une tortue !

— C'est pas grave. On roulera toute la nuit s'il faut !

— D'accord.

— Parfait. Je vous laisse faire vos bagages ? Vous passez me chercher ? »

Shany fouilla dans son sac, en sortit un carnet et un stylo. Elle arracha grossièrement un feuillet et inscrivit l'adresse de Firmin. Milo considéra le bout de papier d'un oeil très bizarre. L'attitude de Shany lui semblait à la fois formidable par la motivation dont elle faisait preuve, et péremptoire. Sûrement n'en avait-elle pas conscience.

« Je rentre chez mon ami. Je le préviens que je pars et je fais mon sac. C’est à dix minutes d’ici, je pense. Ok ?

— Très bien ! »

Elle se leva, tourna les talons, se ravisa.

« Milo. Comment vous remercier de ce que vous faites ? Merci. »

Shany rentra à la maison Kerembellec. Elle montait à l’étage quand elle tomba nez-à-nez devant Firmin qui s’apprêtait à préparer le dîner.

« Firmin, je sais que c’est brutal, je fais ma valise, je repars. Milo vient me chercher.

— Quand ?

— Tout de suite.

— Vous allez dîner, tout de même.

— Pardon, je ne pense pas. Sa voiture est ancienne, elle roule très lentement. Je pense que nous allons devoir rouler toute la nuit. Il vaut mieux que nous partions de suite.

— Je vous prépare des sandwichs ?

— Je ne vais pas t’ennuyer ! Je te préviens à la dernière minute, quand je viens, quand je pars. C’est assez pour toi.

— D’ici à ce qu’il arrive, j’ai bien le temps de couper du pain et d’y glisser deux, trois ingrédients, non ?

— OK. D’accord.

— Bon, je vous prépare ça. »

Shany se trouva bête. Elle était très reconnaissante à Firmin. Tant de gentillesse en un seul homme, elle trouvait cela presque étrange. Elle n’avait pas l’habitude. Elle sourit à son ami et s’empressa d’empaqueter les quelques effets qu’elle avait emmenés. Assise sur le lit, elle envoya un texto à Jennifer.

« Hello. Milo est ok. Nous partons pour Paris. C'est ok avec Laurent ? »

Jennifer répondit du tac au tac :

« Super, bien joué, sister. Je te joins l’adresse de Laurent à Paris. Dès que vous vous approchez, bipe-moi stp.

— Il semble que la voiture de Milo soit d’un modèle qui date. Ne nous attendez pas trop tôt.

— OK. »

Elle envoya un deuxième message. Cette fois-ci à Romain :

« Bonjour Romain. J’espère que tu vas bien. Ai un besoin urgent. Est-ce que tu as accès au laboratoire le dimanche ? Si oui, es-tu disponible ? Je te revaudrais ça au centuple. Promis. »

Elle rangea le téléphone quand retentit un coup de klaxon.

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