Chapitre 61 - Recherche de preuves

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Le lendemain matin, en attendant de se rendre au petit-déjeuner, Laurent reprit ses notes. Certains mots étaient si difficiles à décrypter qu’il en barra certains pour les écrire plus lisiblement. Cela lui ferait de toutes les façons gagner du temps lorsqu’il serait temps de commencer la rédaction de son ouvrage. Il réfléchissait et se dit qu’il devenait important de faire analyser la peinture de Battaglini pour vérifier la véracité des éléments qu’ils venaient, Jennifer et lui, de découvrir. Il fallait s'assurer que le tableau était bien de Battaglini et battre en brèche, la rumeur propagée par Galiéni. Peut-être qu'en analysant les sous-couches de la toile, on obtiendrait des preuves irréfutables.

Une idée géniale lui vint en tête. Il se dit qu'il serait judicieux de contacter Gloria pour passer un deal avec elle :

“Cela permettra de distiller quelques bribes d’informations. Entre temps, j'écris mon deuxième tome en me focalisant sur l'identité double de Battaglini : une héroïne de son temps et tellement actuelle que beaucoup de femmes s’y identifieront. Ce bouquin deviendra un phénomène. Je serai perçu comme l’homme qui a mis en lumière la vie d’une mère, amante exemplaire. Une amoureuse, une artiste qui s’est adaptée au patriarcat, non, en fourbissant frontalement ses armes contre les hommes mais plutôt en trouvant une supercherie.”

Joly jugea son plan génial. Il recensa les personnes à mettre dans la confidence mais en soustrayant Gloria et Jennifer, il ne restait plus qu'Enzo Calabra.

N’écoutant plus que sa petite voix teintée d’une ambitieuse énergie, il se dirigea vers la chambre de Jennifer pour lui exposer son plan. Avec l’argument, qu’elle obtiendrait peut-être des informations sur sa filiation.

Une minute plus tard, il toquait à la porte :

— Qui est-ce ? s’informa Jennifer.

— Laurent.

— Ha, c’est toi.

Elle entrebâille la porte.

— Je suis en petite tenue. C’est urgent ?

— Il faut que je te parle.

— Ok, on se retrouve à 19h dans le hall, pour l'apéritif. Ça te va ?

— Bien entendu. Je vais continuer à mettre de l’ordre dans mes notes.

Quand Laurent descendit, Jennifer buvait un Bloody Mary au bar. Elle lui avait envoyé un SMS pour l’en informer.

— Je vois que tu prends des forces.

— J’adore m’asseoir au comptoir. Tu y rencontreras tout plein de gens très différents. Un petit remontant ne peut pas faire de mal. Que prends-tu ? C’est ma tournée !

— Un gin tonic avec une tranche de citron, s’il te plaît.

— De quoi voulais-tu parler ?

— Je pense qu’il faut demander une analyse approfondie des couches picturales du tableau “la jeune fille aux papillons”. Je m’explique : à des fins historiques, on demande une radiographie par rayons X. Les couches inférieures permettront de vérifier la paternité de la peinture. Entre temps, j’écris mon livre. Et, là, paf, on lance le pavé de la mare avec toutes les révélations que sa sortie suppose.

— Oui, c’est une idée. Mais si le fait que Battaglini se nomme en réalité Fiorenza Esposito s’ébruite ?

— J’aurais au moins essayé. Cependant entre toi, Gloria et M. Calabra, je pense que ça peut passer.

— OK, je peux en parler à Gloria pour tâter le terrain. Évaluer sa faisabilité. On ne peut demander un examen d’une œuvre si facilement. Il faut d'abord qu'on lui fournisse les éléments que l'on a rassemblé pour qu'elle puisse justifier de l'expertise.

— Est-ce tu peux téléphoner maintenant ? Moi je m'éclipse.

— Non, autant que tu sois présent, des fois que je sois à court d’arguments.

— Toi, manquer de force de persuasion ? Je n’y crois pas une seconde.

— J’ignore s’il s’agit d’un compliment ou d’un défaut. En tout cas, je te le demande, reste. Gloria est ma meilleure amie, c’est vrai. Ceci dit, tu peux être là. Cet appel te concerne autant que moi.

Elle chercha le numéro de Gloria dans les contacts du téléphone.

— Allez, Gloria ? Comment vas-tu ?

— Très bien, ma chérie. Comment ça se passe en Italie ? Je t’envie, tu dois passer du bon temps.

— Oui et non. Je travaille aussi, j’enquête. Et je t’avoue que mon appel est un peu intéressé.

— Ha, voyez-vous ça ?

— Comment puis-je t’aider, ma Chérie ?

— Hé bien, tu es assise ?

— Oups, tu me fais peur, là. Ça concerne Clara ?

— Non, pas du tout. Écoute bien.

__ C’est concernant le tableau de Battaglini “la jeune fille aux papillons”.

— Ha oui, je t’écoute.

— Je suis toujours en Italie avec Laurent Joly. Nous nous renseignons sur le tableau, les conditions durant lesquelles il a été peint. Et tu te rappelles bien que je t’ai parlé de cette femme en Birmanie qui m’a prédit que j’irai en Europe sur les trace de mes ascendants ?

— Oui, oui, où veux-tu en venir ?

— Crois-tu qu’il soit possible d’analyser les couches inférieures du tableau ?

— Ma pauvre, tu es tombée sur la tête ? Tu crois qu’il suffit de le vouloir ? Dans ce cas, quels arguments je peux fournir ? Il faut que le dossier soit bien ficelé.

— Mais tu sais qu’il y a un doute sur le peintre véritable de ce tableau !

— Ma Chérie, si seulement c’était le seul. Il y a une multitude de tableaux dont un bastion de spécialistes tentent de déterminer qui du maître ou de l’élève a bien pu peindre telle ou telle autre partie d’un tableau donné ! Et ton Battaglini n’est pas d’intérêt prioritaire !

— Et si on avait un scoop !

— Un scoop ? Rien que ça, railla Gloria.

— Ben, écoute, j’ai une réunion.

— Gloria, tu me connais, je ne t’appellerai pas si le jeu n’en valait pas la chandelle. Je suis sur les lieux, je mène une enquête des plus sérieuses. Et je t’assure que nos recherches peuvent modifier le regard que nous avons de ce tableau.

— Décidément, tu manies le suspens avec brio. Tu craches le morceau, oui ou non ?

— OK, mais tu gardes pour toi la révélation, d’accord.

— Je suis une tombe.

— OK, tiens-toi bien. En fait, Battaglini est une invention.

— Je te demande pardon, Jennifer ?

— Oui, en fait il s’agit d’une femme qui masquait son identité. Son mari Massimo De Luca et elle vivaient séparés. Il avait des accointances politiques. La notoriété de sa femme le gênait dans son plan pour gagner des points dans la hiérarchie de son organisation. Bref, le peintre est UNE peintre.

— Oula, mais on joue gros par rapport aux sommes engagées.

— D’autant que dans un premier temps, il faudrait ne pas le révéler.

— Hein, mais Jennifer comment veux-tu que je cache cela en tant que Commissaire d’exposition ?

— Je sais mais on découvrira peut-être d’autres choses intéressantes. On pourrait en écrire un roman !

— C’est ce que j’ai fait, rappela Laurent entre ses dents.

— Heu oui, en fait, ce qui serait judicieux pour tout le monde est que, un, tu entames la procédure pour l’analyse des couches antérieures de l'œuvre, deux, Laurent Joly écrit un deuxième volet de roman. Si on peut tout révéler de manière synchrone, tu imagines les retombées ? Toi, tu gagnes un pedigree, Laurent vend son livre.

— Et toi ?

— Moi, je n’en suis pas bien sûre, encore. Laisse-moi un peu de temps pour te livrer la totalité de l’histoire.

— OK, mais à une seule condition.

— Je t’écoute.

— Je suis la première personne à qui tu racontes tout ça.

— Désolée, ma vieille ! Tu seras la deuxième, Laurent et moi sommes partenaires, il connaît tous les ressorts de l’histoire.

— Marché conclu. Mais as-tu des pièces à conviction à fournir pour que je constitue le dossier d’analyse ?

— Bien sûr, on a pris des clichés des lettres, je t’envoie ça par email sécurisé.

— Très bien, allez, je me dépêche, je suis en retard à la réunion.

— Salut, Gloria.

Jennifer sauta de joie. Elle avait réussi à convaincre Gloria d’initier la demande d’analyse du tableau et elle en saurait davantage sur sa lignée.

— Top là, Laurent.

— Haaa, tu as été sensationnelle, Jennifer.

— Ouais, viens on va fêter ça autour d’un verre.

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