Sur le moi, les sens, le questionnement - 1

2 minutes de lecture

dimanche 22 janvier 2023

 Je ne crois pas qu'il soit aussi naturel que l'on ne le pense de s'interroger sur son identité, de chercher à se définir. Je ne saurais pas dire, exactement, de quelle manière je suis parvenue à cette conclusion. Peut-être est-ce le doute insupportable qui finit de me convaincre : qui suis-je ? comment savoir ? qui peut me dire ? comment être certaine de ne pas me tromper ? Autant ne pas chercher du tout.

 Ou bien est-ce simplement par le vide que cette question pose en moi.

 C'est vrai, tout à coup, je n'ai plus rien à dire.

 Qui suis-je ?

 Personne. Plus rien.

 J'ai glissé de moi-même.

 Je ne suis plus rien.

lundi 23 janvier 2023

 Je crois que les sens se substituent à l'être. Je crois que, précisément, c'est cela, être : sentir.

 Pour preuve, je n'ai jamais été plus en moi-même que par l'exaltation des sens. La musique, les montagnes russes, l'alcool, la drogue. C'est là que les sensations sont les plus vives et les plus pleines. C'est là que je suis moi, parce que je ne suis plus rien d'autre que ce que je sens. Un cœur qui se soulève, un frisson, une rayon de lumière entre mes cils, une main dans la mienne, un mot, une brûlure.

 C'est tellement bon. C'est tellement simple.

 Je voudrais rester là.

 À n'être qu'un corps.

  Mais je ne suis pas qu'un corps. Et je ne crois pas qu'une vie de pure sensation soit enviable. Car c'est à ce moment où l'on se met à penser que c'est tellement simple, c'est tellement bon, de ne plus tourner en rond, à penser, à douter, à souffrir, à se rappeler, c'est là que le monde s'ouvre sous vos pieds, comme une gueule béante, prêt à vous avaler. Je l'ai vu, c'est moche — pire, c'est pathétique — et je n'en veux pas. Je ne suis pas qu'un corps.

 Pourtant voilà, je ne sens rien d'autre que ce corps. C'est à perdre la raison. C'est à dire moi sans savoir de quoi je parle. C'est à se chercher dans tous les yeux, dans tous les mots. C'est à vouloir s'ouvrir en deux pour comprendre. Qui suis-je ? Cette question n'a rien de naturel. Ou bien la nature humaine est cruelle, car elle m'a posé dans la tête

 cette question comme une maladie.

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