Le regard

2 minutes de lecture

L’exil exalte en moi foules de sentiments

D’ailleurs on ne sait plus qui l’on est maintenant

Pourtant trainant mes pieds comme seul véhicule

Et portant mon fardeau si lourd mais minuscule

Je n’ausculte que moi dans ce pèlerinage

Alors que se meuvent des corps de tous les âges

Je n’attends plus grand-chose et plus vraiment personne

Parfois à une sonnette je me cramponne

Mais on me répond que la solidarité

N’est pas dans cette ville mais de l’autre côté

Alors je marche encore et je vais au hasard

En fuyant ma contrée j’emporte mon bazar

Mon banjo ma boussole et mon sourire doux

Qui ne s’acclimatent pas avec le redoux

Chez moi il fait trop sec, chez toi c’est trop pluvieux

En fait on ne sait pas où l’on sera le mieux

Le pire c’est quand je sais que je suis réfugié

Qu’on me considère comme un sale étranger

Partout on me bouscule, jamais on ne me voit

Ou alors on me jette des yeux qui sont froid

Mais quelques braves gens passent et donnent à manger

Un sourire de miel, des pièces de monnaie

Et je redeviens homme bien que je sois hagard

Parce que l’on m’a couronné d’un vrai regard

Pas celui qui est dur, celui condescendant

Que le premier goujat adresse au mendiant

Pas non plus celui qui se fait petit et désolé

Non celui qui te prend comme humain tout entier

Alors par un seul geste me voilà reconstruit

J’esquisse un sourire et aussi je remercie

Celui qui est passé en me considérant

Non pas comme un pauvre hère ou un insuffisant

Mais comme un seul bonhomme comme un vrai garçon

Qui dans la vie comme toi chante sa chanson

Celle des migrations celle des réfugiés

Car on est tous un jour peu à peu égarés

Sur cette Terre où nous sommes des habitants

Qui se déplacent au gré de la pluie et des vents

Des tsunamis, des cris, des violences, des guerres

De la mendicité dictée par la misère

Pourtant nous sommes dignes comme tous comme toi

Et si tu me regardes alors moi je te vois

Nous sommes cote à cote en cette vie funeste

Mais nous persévérons si tu veux bien je reste

Ami sur ton chemin qui deviendra le notre

Tu vogueras aussi avec moi et les autres

Nous formerons un peuple de déboussolés

Nous fuirons la détresse oublierons nos passés

Nous nous tiendrons la main pour retrouver le nord

Et les yeux dans les yeux, nous marcherons encore

Ainsi nous serons ceux qui auront bien foulé

Le monde, les forêts, les déserts, les sentiers

Arrivant ailleurs nous serons comme chez nous

Car nous aurons la place au fond de nos cœurs doux

Pour accueillir l’autre malgré sa différence

Le fait d’être étranger n’aura plus d’importance

Nous comprendrons les langues et les regards secrets

Qui entre tous les hommes savent nous relier

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Tatoon ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0