Ou faux ?

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- Rêvé ? Pendant tout ce temps ?

- Non quand je dis rêvé, je parle de projections imaginaires. Comme par exemples les amis imaginaires. Vous voyez des personnes réelles mais ce réel ne vous plaît plus, parce qu’il vous rappelle que dans le réel, vos parents sont décédés. Alors vous avez créé un monde autour de vous, un monde avec des visages connus, des visages que vous avez réattribués dans votre monde imaginaire. Un monde où vous faites votre... Pénitence de n'avoir pu les sauver.

- Vous délirez !

- Non, Barbara : Celui que vous appelez le Pingouin, Oswald Cobblepot, il est interné à Arkham depuis le meurtre de sa mère. Il est sujet à de terribles crises d’angoisse, dit Chuck en sortant une page épinglée d’une photo pour la présenter à Barbara.

Il s’agit d’un résumé d’internat avec une photo d’Oswald, portant la marque d’Arkham, l’asile de Gotham. Barbara y jette un œil méfiant et repousse rapidement la page vers Chuck.

- C’est du vent. Vous n’avez rien de plus… Recherché ? Oswald aussi a été un pensionnaire d’Arkham, tout le monde sait ça. Ce papier n’a rien de surprenant.

- Il n’a jamais quitté Arkham. Regardez : Aucune date de fin de séjour. C'est Oswald Cobblepot qui vous a parlé de Gotham, de ces histoires de pègre. Vous non plus, vous n’avez pas quitté Arkham, depuis le premier jour où vous avez posé le pied ici. Personne ne rejoint la pègre, personne ne gagne de ville et personne n’invite le gratin de cette ville à des réceptions en clamant haut et fort qu’il arnaque tout le monde et surtout les riches.

- Moi, si. J’ai été choisie par l’ex-maire de Gotham pour faire partie d’un groupe d’élite, où nous étions tous spéciaux. Il y avait un cannibale, des tueurs, des gens tellement… Fascinants. Et des gens aux aptitudes incroyables.

- Du genre, quoi, qui peuvent vous geler sur place ? Qui ont fait corps avec le feu ?

Chuck donne ces exemples avec un rire désabusé, puis remballe son sourire et se penche sur la table, transperçant Barbara du regard.

- Vous croyez vraiment que ça existe ? Que c’est possible ?

- Eh… Bien, oui, c’est possible, puisque ça c’est passé…

- … Dans votre monde imaginaire, Barbara, la coupe-t-il. Essayez de vous rappeler ! Ce sont les films projetés dans les salles de détente du complexe qui vous ont insufflé ces histoires de monstres, de gangsters, de virus, d'organisations secrètes...

- Et Jim ? Comment expliquez vous que je l’aie vu dans mon « monde imaginaire » si je suis internée ici depuis le début ? Hm ? Je l'ai vu, il changeait, il n'était pas le Jim que je connaissais avant notre séparation. Avant mon internement.

- Parce qu’il vous a rendu visite. Mais que vous ne l’avez jamais vu tel qu’il était réellement, bloquée dans votre imaginaire.

- Ah vraiment ? Et vous ? Vous êtes son collègue, j’ai pas pu vous inventer.

- Je ne suis son collègue que parce que vous en avez décidé ainsi. Je ne suis son collègue que parce que vous m’avez attribué ce rôle dans votre monde. En réalité, je suis un médecin, votre médecin, et je travaille avec vous pour tenter de vous ramener à la réalité… Depuis vos premiers pas dans nos locaux. Ici, à Arkham. Vous n’êtes jamais partie, Barbara...

Il la laisse encaisser la nouvelle. La nouvelle comme quoi tout ce en quoi elle croit n'est qu'une pure invention. Que sa "ville" tient dans les murs d'un asile. Que ses aventures, elle les a vécues par procuration en regardant la télévision.

Après un long moment de mutisme où, interloquée, Barbara ne sut plus que dire, cette dernière sort enfin de son silence. Elle ravale ses émotions, redresse la tête d’un air hautain et s’adresse avec calme à Chuck :

- Je sais qui vous êtes, Chuck. J'ai compris votre petit jeu. Vous essayez de me rendre folle, hm ? Vous avez été engagé par l’Homme-Mystère, qui vous envoie pour me tester. Mais ça ne marchera pas. Je suis la reine de Gotham. Dites le lui, et... Transmettez lui mes amitiés.

Elle croise fièrement les bras comme une fillette ayant donné une bonne réponse. Chuck se tourne vers l’homme resté à la porte, l’air grave, soupirant tristement. Il range les pièces de son dossier, se lève et remet son imperméable. Il se tourne vers Barbara et lui adresse, malgré la profonde déception qui se lit dans son regard, un sourire sympathique :

- Merci de vous être déplacée mademoiselle Keane. Je pense qu'on n'ira pas plus loin aujourd'hui alors... Vous êtes libre de partir. Je saluerai Jim pour vous.

- Trop aimable, sourit-elle, ayant manifestement déjà oublié ce moment de doute intense.

La femme blonde se lève fièrement, sourit vaguement et quitte la pièce, hautaine. Chuck lui emboîte le pas et, passant devant l'infirmier gardant la porte, secoue la tête d’un air négatif.

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