Chapitre 2

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 Les portes noires se refermèrent dans un bruit sourd et étouffé à l'intérieur de la batisse. Nous ne voyions rien puis, comme une réponse à ma réflexion, les chandelles s’allumèrent une à une laissant place à un long couloir sans fin. L’hôtel était doté d'une structure imposante et immense laissant un calme sinistre s'enrouler autour de nous. Le plafond devait être à au moins dix bons mètres au-dessus de nos têtes. Devant nous était disposé un étage serti de rampes menant à une obscurité incertaine. Des deux extrémités du hall, deux couloirs longs et étroits s’alignaient pour finir on ne sait où. Pourtant, aucune trace du vieil homme…

 — Nous allons suivre un des deux couloirs et essayer de trouver le propriétaire de ce manoir.

 — Tu es sûr Jordan ? Cet endroit me donne la chair de poule, dit Jenny en frissonnant.

 — Oui. Prenons celui de gauche.

 Tous le suivirent à la lueur de la bougie, reflétant leur ombre sur le mur. Une odeur d’humidité causée par les roches planait dans l’air.

 — Il est super long ce couloir ! s’étonna Sam.

 — En tout cas je n’ai jamais vu autant de portes dans un même couloir, dit Jenny en remontant ses lunettes qui lui tombaient sans cesse sur le nez.

 — Peut-être que les gens ne veulent pas être dérangés pendant qu’ils font certaines choses intimes, ricana Mickaël.

 Il ne rigolait plus après s’être pris la tarte de sa vie par Sam. Mais nous par contre, nous étions pliés en deux, oubliant un instant ce pour quoi nous étions là, trouver de l’aide.

 Après avoir atteint le bout du couloir et longé les cent trente-six portes qui se situaient de part et d’autre du couloir, nous essayions de trouver quelqu’un à qui parler. Au moins pour se renseigner du lieu où nous étions et demander si nous ne pouvions pas utiliser un téléphone pour appeler la dépanneuse. Mais un détail enous fit tressaillir...

 Au lieu de voir la fin du manoir, la configuration fut la même que celle de la porte d’entrée. Les couloirs à gauche et à droite, puis au centre un escalier qui menait au premier étage.

 Mais là, quelqu’un se tenait à la rambarde, devant les escaliers. C’était le vieux monsieur et nous le voyions plus nettement cette fois-ci. Il possédait une longue barbe, des cheveux crépus posés sur une veste kaki trouée et un pantalon marron. De la crasse apparaissait sur son visage rond. Comment pouvait-il passer pour un pauvre en possédant un manoir ? Ou alors, il ne sortait pas beaucoup !

 — Bonjours chers visiteurs. Je m’appelle Elson. En quoi puis-je vous aider ?

 Elson ? Quel étrange prénom.

 — Bonjour monsieur, dit Jordan de sa plus grande amabilité, ma voiture s’est encastrée dans un arbre et ne démarre plus. Nous n’avons pas pu appeler les secours à cause du réseau médiocre de cet endroit et, avec la tempête je crains que personne ne puisse nous aider avant demain…

 — Personne à part moi. Je vous aurais volontiers prêté un téléphone seulement, je n’en dispose pas. Mais j’ai très peu de visites et votre présence ne me gêne pas du tout donc, si vous le souhaitez, vous pouvez dormir ici.

 — Avec grand plaisir et merci de votre hospitalité si généreuse, vous nous sauvez la vie !

 — C’est bien normal d’aider son prochain.

 Son ton avait changé et un léger rictus s’installa sur son visage. Je n’aimais pas du tout ça. Mais autre chose me préoccupait. Pourquoi ne nous parlait-il pas de ce qu’il faisait dans la forêt ? Il a bien vu que nous cherchions de l’aide alors pourquoi nous avoir attirés ici ?

 Cependant, par respect pour cet homme et surtout, par timidité, je ne dis rien et pensai que je me faisais des films.

 Après un bon petit repas préparé par ses soins et des présentations succinctes, il nous emmena dans nos chambres respectives. Nous étions dans le couloir traversé plus tôt et nos chambres se faisaient faces.

 — Bon les enfants, je vais me coucher. Je me fais vieux. Si vous me cherchez, je suis dans la chambre à côté des vôtres.

 — Merci encore monsieur, sourit Jenny à Elson.

 Nous attendions qu’il soit rentré dans sa chambre pour exprimer nos différents avis.

 Sam recoiffa ses cheveux violets puis s’entrechoqua les mains à la manière d’un boxeur préparant son combat.

 — Ce gars ne m’inspire pas confiance, chuchota-t-elle.

 — Moi je le trouve cool, affirma Mickaël.

Jenny se tenait les bras en grelotant. Elle bailla.

 — Personnellement je suis fatiguée et j'ai froid, donc une bonne nuit de sommeil me fera le plus grand bien, même si je suis un peu stressée à l’idée de dormir chez un inconnu.

 — Et puis, même si son hôtel n’a plus l’air en service, il l’a été. Donc, d’un certain point de vue, des gens ont déjà fait confiance à cet homme en logeant dans sa propriété, remarqua Jordan.

 — C’est vrai, répondit Sam, et toi Mike, t’en penses quoi de tout ça ?

 — Oui, fit Mickaël, t’es pas très bavard depuis qu’on est entré ici. T’as la frousse ou quoi ?

 Je relevais ma tête et redressais mes lunettes.

 — Bah je ne sais pas trop… Vous saviez qu’il y avait un hôtel à cet endroit ?

 — Maintenant oui. Il y a un début à tout.

 Jordan redressa le col de sa veste en cuir et esquissa un sourire.

 — Demain on doit trouver de l’aide et reprendre la route, donc nous devrions songer à nous reposer.

 — Tu as raison, nous réfléchirons demain à tête reposée, terminai-je.

 Puis, avec une bise pour les filles et un check pour les gars, nous nous souhaitions une bonne nuit.

 J’avais du mal à trouver le sommeil. Je n’arrêtais pas de réfléchir à Elson. Il m’intriguait. Cela paraissait trop beau pour être vrai de trouver notre sauveur. Surtout que nous n’avions pas vu le manoir tout de suite. Cet endroit me foutait les chocottes. Mais je devais dormir et répondre à toutes ces questions demain. Qui sait, peut-être que cet endroit est le signe de notre ange gardien. Puis, sur cet avis tant soit peu rassurant, je m’endormis, espérant me réveiller le lendemain.

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