" All I Want For Christmas Is You "

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— Hey chéri ! C’est moi, tu te souviens ? Bon… à ton regard perdu je pense que non. Ce n’est pas grave, c’est normal je pense, t’as ronflé pendant plus de vingt ans quand même.

Mon pauvre, tu vas devoir en faire des squats pour récupérer ton légendaire fessier. C’est triste… quel gâchis ! Enfin, bref !

Hey, c’est vrai ou pas que les gens dans le coma entendent tout ce qu’on leur dit ? J’espère que non, parce que sinon tu vas être déçu, chéri. J’ai pas vraiment tenu les promesses que je t’ai faites les premières années pour tout te dire. Rien à voir avec l’amour, hein, je t’ai aimé, et je pensais vraiment que cela durerait toujours, que je serai prête à sacrifier toute ma vie pour m’occuper de toi et t’attendre, mais voilà, je t’avoue que j’ai brisé cette promesse au bout de deux ans. Ouais, que deux ans, je sais, je suis immonde. Ho, je vois à ton regard, que tu commences à te souvenir de moi !

Arrête de gigoter comme ça, tu vas arracher les perfs ! Je te préviens, j’ai la molette à morphine dans la main alors tu te calmes !

C’est bon ? Bien...

Bon, je te disais quoi déjà ? Ah oui ! Deux ans… Au début je venais tous les jours, j’y tenais. Je n’acceptais pas que les infirmières fassent tes toilettes, alors tous les soirs, après le travail, c’est moi qui m’en chargeais. Puis les journées, les mois, ont passé, ma patience, et tes économies, se sont épuisées, j’en ai eu marre.

Holala, n’ouvre pas les yeux comme ça ! Ah là, quand on parle d’argent tu es tout ouï, hein !

Faut me comprendre, les journées étaient tristes, longues et je me sentais si seule… Le shopping ne comblait plus ce vide que tu avais laissé.

Bertrand, notre voisin d’à côté, tu te souviens ? Bah il a commencé à venir tous les jours. Au début c’était juste pour prendre le café, et il me laissait pleurer sur son épaule, puis… Puis les choses ont changé voilà ! Je l’aime ! Et tu n’as pas le droit de m’en vouloir !

Pour l’argent, je te ferai des virements si tu veux, histoire de te dépanner un peu. Faudra bien que tu te paies un appartement comme j’ai vendu la maison de toute façon…

Je pouvais plus vivre là-dedans. Je revoyais en boucle ce jour où tu es tombé, tu devenais un fantôme qui me hantait. J’ai tant souffert, tu ne peux même pas imaginer !

Quel regard mauvais ! Tu penses que c’est que de ma faute c’est ça ? C’est toujours comme ça avec toi ! Tu ne changeras jamais, bordel !

Je te livre mon cœur et me montre totalement sincère avec toi, et toi, tu fais quoi ? Tu me regardes comme si tu voulais me tuer ! Tss ! Ingrat !

Puis, tu sais quoi ? C’est totalement de ta faute, en fait ! Ouais, ta faute ! Bertrand il sait accrocher mon Père Noël grandeur nature sur le toit sans se casser la gueule lui !

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