La vidéo

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Dernièrement, j’ai arrêté mes entraînements avec Thymothee. J’ai besoin d’être seule. Je suis allée courir en forêt est j’ai trouvé une clairière avec une grande pierre au milieu. Le lieu paraît peu visité à part par certains animaux. Cela me fait penser à mon père. Je n’ai aucun endroit pour me recueillir, pour discuter avec lui. Je pense que c’est l’endroit parfait pour ça. Je garde le chemin en tête et continue ma course. Après avoir mangé et pris une rapide douche, je repars à mes études. Les mathématiques sont complexes pour moi. J’ai toujours besoin d’une application physique pour bien comprendre leurs intérêts. Je passe des heures sur le même problème. J’écoute de la musique pour m’aider à me concentrer. Les mélodies se succèdent sans paroles, certaines me donnent envie de sourire, d’autres de pleurer. Je m’évade un moment de ce problème dont je ne trouve pas la solution et regarde à travers l’immense mur vitré qui me permet de regarder l’extérieure. J’observe le mouvement des arbres et les couleurs qui nuancent le ciel. Je laisse mon esprit se perdre encore et encore dans des réflexions inutiles sans réellement nécessités. Jusqu’à revenir au point de départ, qu’elle est la solution à mon problème. Je relis une nouvelle fois, mais je n’y comprends rien. Je m’égare encore et soudainement la solution est là devant moi. Je chiffonne sur un bon de papier mes idées encore bien claires avant qu’elles ne disparaissent. Je reprends mes notes et je vérifie que tout est bon. La solution est pourtant simple. Fier de moi je souris et repart sur un autre problème.

  • Tu as enfin trouvé la solution ?

Je sursaute, je n’avais pas vu qu’il avait quelqu’un qui s’était installé à côté de moi. J’éteins la musique et regarde l’individu. Mon sourire disparaît bien vite. M. Leconoistre est assis avec un livre avec un garde avec lui.

  • Vous auriez pu trouver une autre place.
  • Oui, mais la vue est bien plus belle ici.

Je me tourne vers la fenêtre. C’est vrai que cette bibliothèque donne l’impression d’être au milieu d’une forêt.

  • Pourquoi êtes-vous là ?
  • Nous avons retrouvé ceci dans mon bureau.

Il sort la caméra et les deux microphones.

  • Nous en avons aussi trouvé au quai d’embarquement.
  • Qu’est-ce que c’est ?
  • Ne me ment pas Elena. Nous savons très bien que c’est toi qui les as dissimulés. Il y a d’autres caméras dans mon bureau. Pourquoi avoir fait ça ? Qui a cette vidéo ?
  • C’est M. Anme qui me l’a demandé. C’est lui qui a la vidéo.
  • Tu mens encore. M. Anme nous a dit qu’il avait remarqué une anomalie sur son téléphone et qu’il t’avait laissée seule plusieurs fois avec.

Je ne dis plus rien. À quoi bon continuer à parler avec lui, s’il sait déjà tout. Je ne risque rien à l’ignorer, je sais déjà que ce sont aussi des menteurs. Je retourne sur mes calculs.

  • Elena, tu comptes m’ignorer longtemps, alors que je t’ai pris sur le fait que tu me surveillais.
  • Vous avez fait la même chose avec moi.

Je laisse le silence s’installer.

  • Je ne comprends pas
  • Savez-vous d’où proviennent ses caméras ?
  • De nos stocks.
  • Non, je l’ai trouvé caché dans ma chambre. Vous dites que je vous mens, mais vous faites pareil. Je suis qu’un jouet pour vous qui ne vous convient plus. J’ai des choses bien plus intéressantes à faire que de perdre mon temps avec vous.

M. Leconoistre s’assoit au fond de sa chaise, croise ses bras devant lui et pose son pied gauche sur son genou droit. Cette posture me fait peur. Il demande à son garde de partir. Nous restons là tous les deux et l’ensemble des personnes présentes dans la pièce s’en vont. Je n’ai pas à me retrouver seule avec lui. Je regrette de lui avoir tenu tête. Non, maintenant je suis plus forte. Je n’ai plus à avoir peur. Je peux le vaincre. J’essaye de me convaincre, mais ses yeux me transpercent. J’essaye de me concentrer, mais cette pression qu’il m’impose est insupportable. Je me tiens droite et prends une grande inspiration. Je reprends mon travail, mais je n’arrive pas à me concentrer. Je repousse le travail et me lève pour aller chercher une lecture plus intéressante.

— Tu comptes vraiment m’ignorer.

— Vous ne m’avez posé aucune question.

Je me dirige vers les romans. Mon père m’a raconté que les terriens écrivaient des livres sur de possibles futurs, qui sont pour certain devenir la réalité. Le voilà, « Les robots ». Un robot enlaçant, une petite fille est dessiné sur la couverture. J’adore ces nouvelles, ce monde rempli de robot qui n’est plus. Pendant un temps la terre en était remplie, mais la matière première était trop difficile à obtenir, trop chère. Les humains riches ont alors décidé de reprendre une main-d’œuvre moins coûteuse : les humains pauvres. Aucune matière rare n’était nécessaire, juste un peu de nourriture et l’espoir d’une vie meilleure. Je prends mon livre et m’installe dans les fauteuils à côté des murs transparents. M. Leconoistre s’installe en face de moi et reprend la même position.

— Elena, est-ce que tu as donné cette vidéo à quelqu’un d’autre ?

— Quand vous dites quelqu’un d’autre, vous pensez à une personne en particulier ? Un ennemi à vous ?

Il reste de marbre face à mes remarques.

— Qui pourrez bien être votre ennemi ? Peut-être… Non, je l’aurais vu au moment où je lui ai donné.

Son visage se tend, sa mâchoire se contracte.

— Elena a qui as-tu donné cette vidéo ?

— Il n’y a pas un ancien proverbe disant que « Les ennemis de nos ennemis sont nos amis » ?

— Elena, ce n’est pas un jeu. Il y a des vies en danger.

Il commence à perdre son sang-froid et j’apprécie enfin de ne plus être ce petit être transi de peur.

— Quel est mon ennemi entre vous et votre cher Léandre ?

Il se lève les yeux remplis de rage.

— Elena, ma patiente à des limites donne moi toutes les informations que tu as. Si Léandre vient à apprendre qui je suis, nous sommes tous en danger.

— Il est vrai que Léandre détient ma mère, mais vous ! Vous m’avez fait croire pendant plus d’un an que je pouvais avoir une confiance aveugle en vous, alors que ce n’était qu’un autre subterfuge pour me duper. Vous ne valez pas mieux que lui.

Il s’approche et pose ses mains sur les accoudoirs à côté de moi. Il se place au-dessus de moi une nouvelle fois pour me dominer, me soumettre à sa volonté, pour que je craque. Mais cette fois je suis plus forte, j’ai toutes les cartes en main.

— Vous cherchez encore à me faire peur, à m’impressionner pour que je craque et vous me demandez de vous faire confiance. Comment pourrais-je avoir le moindre espoir que vous êtes de mon côté ?

Il sert de plus en plus fort les accoudoirs.

— Tu ne fais rien pour que j’aie confiance en toi. J’ai tout essayé pour t’aider, mais tu as toujours refusé ma main tendue et maintenant tu me vends à Léandre. C’est ta vengeance contre ce monde innoble. Je ne suis pas ton ennemi Elena.

Il dessert ses doigts et s’éloigne lentement pour me laisser partir.

— Je ne me laisserais pas avoir par vos mensonges.

Je me lève et il m’attrape par le bras. Je le repousse.

— Elena, quand est-ce que vous verrez que je ne vous veux aucun mal ?

— Quand vous me permettrez de sauver ma mère.

Je prends une profonde inspiration.

— Personne n’a la vidéo à part moi. Je vous la donne si je peux apprendre à me battre et retrouver ma mère.

Il est soulagé.

— Pour ta mère, laisse-moi encore du temps pour la récupérer et si je n’y arrive pas, tu pourrais faire ce que tu veux. Je t’apprendrais à te battre et surtout à te défendre.

— Je ne veux pas que ça soit vous.

— C’est ma condition pour te prouver que je suis digne de confiance.

Ce sera le meilleur moyen pour connaître ses failles. Je dois suivre mon plan, alors j’accepte.

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