Les retrouvailles

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Kévin est avec moi, il me parle, mais je n'entends rien, mes oreilles bourdonnent et ma respiration est difficile. Elle n'est pas morte, ma mère est vivante. Est-ce que mon père aussi est vivant? Pourquoi n'était-il pas là à m'accueillir les bras ouverts ? Tous mes souvenirs, qu'ils soient heureux ou tristes, se mélangent dans ma tête. Kévin me pince légèrement le bras.

  • Est-ce que vous allez bien ? Vous ne me répondez pas.

  • Oui, oui, je.. je pensais ne jamais revoir ma mère. J'ai dû mal à ... mes souvenirs, tous se bousculent dans ma tête.

  • Respirer tout va bien. Votre mère est vivante et en plus c'est une D'Eurasie!

Je ne comprends pas de quoi il parle.

  • Votre mère c'est Katharina D'Eurasie! Elle vient d'une vieille famille terrienne très respectée, c'est la dernière héritière.

  • Ma mère s'appelle Cathya, pas Katharina. Ce n'est pas une héritière. Nous avons vécu dans la pauvreté toute notre vie. Mon père travaillait beaucoup pour nous faire vivre.

  • Tout le monde pensait qu'elle était morte après la révolte des Amazones. C'est une femme très respectée. Ma mère me racontait tout le temps cette histoire. Elle parlait d'elle avec beaucoup de fierté. Elle l'a nommée l'Hippolyte Éternelle.

Je l'écoute, mais je n'ai jamais lu cette histoire et ma mère ne m'en a jamais parlé.

  • Kévin, je ne veux pas te décevoir, mais je ne pense pas que ça soit celle dont tu me parles. Ma mère n'est pas une combattante, elle refusait que mon père m'apprenne le Mouvement et elle lui répétait que nous devions rester discrets. Nous sortions toujours le visage couvert. Je n'avais pas le droit de jouer avec les enfants de mon âge. Dès que quelqu'un s'approchait de moi, elle m'emportait en courant. Ma mère a passé sa vie à fuir et à nous cacher pour me protéger. Jamais, elle ne s'est battue.

  • Je suis sûr...

  • Ma magnifique émeraude vient donc à mes côtés que je te présente!

Je me dirige vers Octave, il est avec Léandre et ma mère. Elle me sourit. Elle est toujours aussi belle que dans mes souvenirs. Quelques rides ont marqué son visage, mais ses doux yeux noisettes sont les mêmes que dans ma jeunesse. Comme elle me l'a appris, je lis sur ses lèvres un "Tu m'as manqué ma fille.". Mes yeux s'embrument, j'ai tellement envie de me blottir dans ses bras.

  • Tu te souviens de Léandre Lust et je te présente Katharina D'Eurasie. Nous pensions tous que vous étiez disparu, mais votre apparition aux côtés de votre ancien prétendant nous ravit.

Ma mère sourit poliment à Octave, mais cache une profonde tristesse.

  • Vous ne le savez sûrement pas mon cher Octave, mais votre protégée et ma femme sont mères et filles.

J'ai du mal à comprendre, il a appelé ma mère, sa femme. Ce n'est pas possible.

  • Vous avez enfin réussi à conquérir le cœur de notre chère Dame Katharina ?
  • Oui, cela est arrivé quelque temps après la dernière vente. Ma Katharina est venue d'elle-même me trouver. Mon amour ne s'est pas tari avec les années et donc je lui ai proposé à nouveau de s'unir avec moi. Et j'ai fait le choix de faire prospérer le nom des D'Eurasie. Je suis donc aujourd'hui Léandre D'Eurasie.

  • C'est bien noble de votre part d'avoir conservé le nom de cette longue lignée. J'espère que vous pourrez rattraper le temps perdu.

  • En parlant de temps perdu, je suis sûre que ma douce épouse aimerait se retrouver seule avec sa fille. Si vous voulez bien laisser votre précieuse rose en ses mains délicates.

  • Bien sûr, vous avez parfaitement raison. Je suis sûr qu'elles ont énormément de choses à se dire.

Léandre, Octave et Kévin nous laissent seules. Ma mère m'emmène dans un endroit plus discret, avant de me prendre dans ses bras. Je reste là telle une enfant se raccrochant aux bras de sa mère pour ne pas tomber. Elle m'a tellement manquée. Mes larmes coulent sur ses magnifiques cheveux bruns.

  • Tu es magnifique. Je ne pensais pas te revoir un jour et pouvoir te prendre à nouveau dans mes bras. Ne pleurs pas, tout va bien. Tu es protégée avec M. Leconoistre, rien ne peut t'arriver. Je suis tellement heureuse que tu ailles bien. Je t'aime.

  • J'ai eu si peur quand ils m'ont capturé. Je pensais ne jamais te revoir. Est-ce que Papa est avec toi ?

Je vois son visage se détourner du mien. Elle n'arrive pas à retenir ses larmes.

  • Ton père n'est plus. Il...

Je pensais que toute ma famille était morte, mais je n'y croyais pas vraiment, j'espérais qu'ils aient réussi à fuir. En voyant ma mère, j'étais persuadée que mon père était vivant aussi. Il me répétait sans cesse : "Tu sais ma fille, un jour je ne pourrais plus m'occuper de toi, un jour tu devras vivre sans moi et pour toi, il est difficile de se séparer des personnes que l'on aime. Il est difficile d'avancer seule, mais sache que tout ce que je t'ai appris, tout ce que je t'ai transmis, c'est une lumière pour éclairer ton chemin et ne pas avancer seule dans le noir. Par toutes ses connaissances que je t'ai transmises, tu ne seras jamais réellement seule, je resterais toujours celui qui t'a appris à marcher."

Papa, j'aurais préféré continuer à marcher main dans la main avec toi, parce qu'avec toi j'apprenais même à voler.

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