Epilogue

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  Quelques jours passèrent sans que rien d’autre n’arrive mis à part les réparations de la tranchée. Le calme après la tempête. Les Allemands semblaient s’être calmés et n’avaient lancé ni offensive, ni déclenché de bombardements d’artillerie. Juste quelques accrochages assez violents, mais sans commune mesure avec les combats précédents. Hauts dans le ciel, quelques avions tournaient au-dessus des tranchées et se livraient parfois à des combats qui attiraient tous les regards, mais cela n’arrivait pas si souvent. Le front était plutôt tranquille et on en retirait même quelques unités éprouvées pour les envoyer se refaire une santé plus à l’est. Les combats étaient situés ailleurs et ici on pouvait souffler un peu en attendant que ça reparte.

Albert possédait toujours la lettre et se demandait quoi faire. Il avait essayé de trouver un soldat qui s’appelait Édouard et qui venait du front de la Somme, mais personne n’en connaissait, pas même parmi ceux qui avaient été tués ce jour-là.

Il hésitait à l’envoyer, n’étant plus sûr de rien. Il y avait bien une adresse, mais il doutait encore. Il attendait maintenant la prochaine permission pour donner des nouvelles à ses parents.

Alors qu’il était plongé dans ses réflexions entre deux tours de garde, un petit groupe de soldats passa devant lui, couvert de boue de la tête au pied, cachant presque le bleu horizon de leur capote. Son cœur bondit. Il sut exactement comment les qualifier : « Des boues qui marchent… » Lâcha-t-il à voix basse.

L’un des soldats entendit et le regarda d’un air bizarre, lâchant un « quoi ? » avant de continuer sa route.

La vision des silhouettes boueuses fit frissonner Albert et il eut envie de vomir. Un bref instant, il s’était vu de retour dans ce qu’il appelait son cauchemar sans pouvoir lui donner un autre nom.

Même en se demandant s’il n’avait pas rêvé, Albert repensa à ce qu’Édouard lui avait dit de faire et à tout ce qu’il avait vécu, à l’énergie déployée pour éviter coûte que coûte d’être engloutie dans la boue et de devenir une ombre sans visage. Et aussi comment Édouard lui avait sauvé la vie deux fois.

Il pensa qu’il n’aurait peut-être pas autant de chance la prochaine fois et qu’il ne pouvait pas laisser passer une seule occasion. Avec frénésie, il sortit du papier et un crayon et écrivit à ses parents. Il savait qu’il aurait dû le faire plus tôt, mais il n’en avait pas eu la force… ou le courage. Enfin, il prit la lettre signée Édouard et, se remémorant sa promesse, la remit au vaguemestre avec la sienne. Avec un peu de veine, elle parviendrait à destination avant la prochaine offensive.

Albert avait survécu à un enfer, mais il n’était pas sorti de celui-ci. Tout pouvait basculer à n’importe quel moment, et pour cela il fallait tenir et continuer à avancer dans cette mélasse qu’était devenue sa vie. Comme tant d’autres avec lui.

Qui savait ? Après tant d’épreuves, le meilleur pouvait aussi arriver. Après tout, il n’avait que 18 ans et toute la vie devant lui.

Peu de temps après, un ordre arriva et le régiment dut se mettre en marche pour un nouveau secteur, assez calme, pour reconstituer ses effectifs et prendre un peu de repos. Dans les rangs, Albert demanda à son voisin s’il connaissait leur destination, celui-ci lui répondit simplement : « Verdun ».

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