Chapitre 3 

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Un mois est passé depuis ma « querelle » avec Benjamin. Depuis je ne le vois ni au lycée ni en dehors, et dans un sens je suis heureuse que ce soit le cas.

Les cours au lycée ont augmenté de manière fulgurante à cause du Bac Blanc. Je suis plus ou moins stressée, mais à vrai dire je m’en fiche un peu ce n’est pas le véritable examen – n’est-ce pas ? – J’ai du mal à oublier les paroles de Benjamin, c’est devenu une vraie obsession et je ne peux m’empêcher de trouver des signes qui me démontrent que j’avais tort de croire tout ce qu’il me disait.

« Nous sommes le 27 octobre 2017, il est 14h30. Nous sortons du Corum de Montpellier après avoir regardé « City Light » de Charlie Chaplin en ciné-concert. C’était magique de voir autant de musiciens refaire à la perfection toute la bande son d’un film aussi vieux. – Je me demande combien temps ils ont dû travailler pour arriver à ce résultat ? – Nous sommes sur le chemin du retour vers l’hôtel, je me sens deux fois plus heureuse car Benjamin – mon petit ami – et moi avons passé toute la journée ensemble et ce soir nous passerons un cap décisif.

Bon dieu je vais perdre ma virginité ce soir ! Je suis à la fois excitée et terrifiée à cette perspective, je pense être prête.

Benjamin me fait revenir à la réalité :

- Allô ? Marie ? Dit-il.

- Oui … pardon ? - dis-je en sursautant – J’étais perdue dans mes pensées ! Je rougis.

- A quoi pensais-tu ? Demande-t-il curieux.

Et merde … il est extrêmement catégorique à propos de ce soir et j’ai dû mal à aborder le sujet avec lui. Je détourne du regard et chuchote :

- Je pensais … à ce soir …

Il soupire et me regarde d’un œil noir – pourquoi se met-il en colère ? – Je lève les yeux au ciel et décide de ne pas relever.

- Qu’est-ce qui te tracasse ? On en a déjà parler un million fois !

- J’appréhende c’est tout, j’ai le droit non ? - Moi aussi je peux être de mauvaise foi ! –

Il soupire bruyamment et s’éloigne de moi pour rejoindre ses autres amis en me laissant en plan. Génial !

Arriver à l’hôtel, je me dirige vers ma chambre abattue, alors que je devrais être dans un autre état d’esprit.

Il est 17H30, on doit se retrouver après le dîner à 20H00. Je décide de poser quelques questions à Emilia, mon autre colocataire. Elle est petite ses cheveux sont colorés en rose cette fois-ci, ses yeux sont d’un bleu ardent et elle est plutôt bien formée, son look bohême donne une impression que la vie faut la prendre comme elle vient sans se prendre la tête – même si je ne suis pas de cet avis – Elle en connait plus à ce « sujet » que moi donc des conseils ne feraient pas de mal :

- Emilia ?

- Oui ?

- Je peux te demander quelque chose ? – Elle acquiesce – et bien … comment s’est passé … tu sais … hum … ta première fois ?

Elle écarquille les yeux amusés, esquisse un sourire et finit par me dire :

- Tu vas le faire avec Benjamin ? Demande-t-elle en se retenant de rire.

- Je … oui … mais j’ai un peu – beaucoup – peur … Dis-je soudainement toute timide.

- Haha ! C’est normal, on a toutes peur lors de notre première fois, mais je ne suis pas le bon exemple, c’était un blaireau, il y allait trop fort et ça m'a fait mal.

Je tressaille, et si Benjamin ne se montre pas doux comment je fais ?

- Pas très rassurante ton histoire là … Dis-je apeurée.

- Ne t’inquiète pas, je suis sûre que Benjamin sera doux avec toi ! Dit-elle pour me rassurer. Je lui souris timidement.

Elle se lève et part en direction de sa chambre, elle revient avec un sourire aux lèvres et un présent pour moi. Une nuisette, - sérieusement ? – elle est rouge carmin, son soutien-gorge est en dentelle blanche – pour une fille aussi plate que moi c’es pas une bonne idée – Elle me dit extrêmement sûre d’elle :

- Crois-moi, il va adorer ! Son sourire est presque contagieux. »

Je regrette tellement … si je n’avais pas été aussi aveuglée par mes sentiments, j’aurais remarqué qu’il ne m’aimait pas.

" Il est 20H30, je suis devant la chambre d’hôtel de Benjamin. Je lui envoie un texto pour lui indiquer que je suis là. Je porte la nuisette qu’Emilia m’a prêtée, j’espère que personne ne me verra.

Je me dandine devant la porte comme une gamine qui s’apprête à faire une bêtise – c’est un peu le cas, non ? – Bon dieu, Johnson reprends-toi ! J’inspire profondément et l’attends.

La porte s’ouvre enfin, mon cœur manque un bond en apercevant Benjamin, mon souffle s’écourte. Il est devant moi, vêtu seulement d’un pantalon pyjama et une serviette autour de ces épaules. Ses cheveux noir ébène tombent sur son front car ils sont mouillés. Ses yeux verts me scrutent :

- Marie ? Ça va ? Dit-il en esquissant un sourire devant mon air ébahi.

- Je … oui, tout va bien ! Je détourne les yeux soudainement gênés.

Il me regarde de haut en bas et me lance un clin d’œil – mon Benjamin est de retour – Il me tend la main, je la prends avec appréhension. On se dirige vers la salle de bain, je l’interroge du regard, il me dit :

- Je suis désolé, je partage ma chambre avec l’un des garçons de la classe. Dit-il en haussant les épaules.

- Pourquoi ne m’as-tu rien dit ? On serait partis dans ma chambre d’hôtel, j’ai la chambre pour une personne ! Dis-je plus fort que je ne l’aurais souhaité.

- Chut ! – il pose un doigt sur mes lèvres retroussées – Je ne voulais pas qu’on se fasse prendre, ne t’inquiète pas ! Et puis c’est plutôt original comme idée la salle de bain. Avec ta jolie petite nuisette. Il me lance un clin d’œil.

- Merci … Dis-je déçu et encore plus apeurée.

On est dans une salle de bain et je vais coucher avec mon petit ami. J’inspire un bon coup et m’approche pour l’embrasser. On s’embrasse comme on a l’habitude de le faire, je pose mes mains sur ses épaules. Il m’enlace et intensifie notre baiser, mon cœur cesse de battre. Il s’arrête, soulève mon menton pour poser des baisers légers comme des plumes dans cette zone si sensible qu’est mon cou. Un frisson me parcourt et une légère chaleur se propage dans mon corps, me poussant à continuer.

Il s’arrête net et m’ôte ma nuisette, son regard ne reflète pas ce que j’aurais aimé voir. Mon élan courage s’est évanouie, je me retrouve en culotte devant lui et je vire au rouge pivoine – pourquoi tout ne se passe pas comme dans les livres érotiques ? C’est abusé de vendre autant de rêve ! – Je m’écarte de lui, beaucoup moins sûr de moi… Je chuchote :

- J’ai peur Benjamin…

- De quoi as-tu peur Marie ? Il me scrute comme un animal de foire.

- Je ne sais pas … je n’y arrive pas … je …

- On n’a encore rien fait ! Comment peux-tu savoir ce que tu peux faire ou pas ? Dit-il sarcastique.

- Ecoute, on est dans une putain de salle de bain, c’est ma première et en plus de ça je n’aime pas mon corps. La pièce est plus qu’illuminé et tu ne me mets pas vraiment à l’aise ! Dis-je en me retenant de crier.

- Laisse-toi faire et tu verras tu seras plus à l’aise.

Il s’approche de nouveau coupant court à notre conversation, il m’embrasse et je m’abandonne à ce contact. Cette nouvelle sensation qui se propage dans mon corps me pousse de nouveau à aller plus loin.

Sa main glisse sur mon bas ventre et s’empare de mon intimité – Bordel de Dieu – la machine est lancé. Ses doigts s’insinuent juste là… Je le laisse faire, des sensations étranges poussent dans mon ventre comme des petites plantes vertes.

Il s’arrête trop brusquement, les sensations s’estompent aussi vite qu’elles sont apparues – c’est décevant – Il me dit de me retourner, ce que je fais plutôt maladroitement. Il m’ôte ma culotte, je commence à trembler mais ne bouge pas, je m’appuie sur la paroi de la douche. Il me demande :

- Prête ?

J’acquiesce. Il déchire l’emballage d’un préservatif – je suppose, je ne vois rien – Et sans que je m’y attende, je commets le péché de la chaire – avant mariage – mon hymen est tombé. Je ne saigne pas, je n’ai pas mal et je ne sens rien non plus – est -ce normal ? – Je le laisse faire en me disant que c’est sans doute à cause de la première fois.

C’est terminé. Il s’est retiré – je me demande s’il a …- Je me relève, le regarde, il m’évite. Peut-être était-il nerveux ? Il me tend ma nuisette et ma culotte dans un silence plus que pesant. Je suis muette moi aussi, je ne sais pas quoi dire. Il se rhabille, me prends la main et on sort de la salle de bain et de sa chambre d’hôtel. On reste planté l’un en face de l’autre, sans rien dire. Il finit par rompre la glace en me disant :

- Tu vas bien ? Dit-il plus froidement que je ne l’aurais espéré.

- Oui … je crois et toi ?

- Moi, oui parfaitement. Tu dois regagner ta chambre avant qu’on ne se fasse repérer. Je t’envois un message plus tard.

- Euh … D’accord… Dis-je avec déception. »

Et depuis ce moment, il ne m’a plus jamais rappeler ou envoyer un message. Si j’avais su que ce soir-là allait marquer la fin de ma dignité et de notre relation, je me serais abstenue.

Enfin, ce qui est fait, est fait. Les larmes ruissèlent en silence, mais cette fois je ne me retiens pas, j’éclate en sanglot, seule dans l’ombre. Dans ses larmes d’amertumes et de désespoir, je dévide mes derniers sentiments refoulés. Je garde en moi un nouvel espoir qu’un jour ça ira mieux. Je me promets à moi-même de ne plus me laisser avoir.

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