Le Projet Lucy Warren

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    Lucy est éreintée. Sa journée de travail l'a épuisée. Il faut dire que travailler pour le cabinet de l'architecte le plus en vogue du moment, Lyonel Warth, n'est assurément pas de tout repos. Toute la journée il faut traiter les dossiers, contacter les clients, organiser les plannings ... . Mais cela est si excitant. Et le plus excitant de tous les projets, c'est celui de la Tour 1000. Le premier immeuble culminant à 1000 mètres de hauteur ! Une prouesse technique et technologique hors du commun. Toute l'énergie et l'engouement du cabinet de monsieur Warth représentent pour Lucy quelque chose d'incroyablement motivant. En outre, Lucy adore son métier.

    Mais ce soir là, après une longue semaine de travail, Lucy accuse le coup et s'effondre dans son canapé, sors son téléphone et commande quelque chose à manger. Elle saisi la télécommande et allume la télévision. Elle jubile. Autour d'elle, tous ses amis ont fini par se marier et faire des enfants. Mais elle, rien que pour ce moment, celui d'avoir la totale maitrise de la télécommande, elle ne prendrait jamais le risque de se mettre avec un type qui déciderait du programme du soir. Elle réfléchit à cette idée. Elle se dit que c'est un peu bête de s'arrêter à ça et que le problème est en fait plus large. La télécommande est symbolique. Lucy veut être seule maitre de son quotidien. 

    Alors qu'elle est dans ses pensées sur la philosophie de couple, son regard est soudain attiré par un bandeau lumineux rouge vif sur la télévision. Son esprit revient dans l'instant présent. Elle n'en croit pas ses oreilles ...


Programme télévisé : BREAKING NEWS ! UN OBJET VOLANT NON IDENTIFIÉ DE GRANDE TAILLE EST STATIONNÉ AU DESSUS DE LA VILLE !


    " - C'est incroyable ce qu'il se passe ici Jamy ! Tout le monde sors dans la rue et lève la tête et se demande qu'est ce que c'est que cet immense engin au dessus de leurs têtes. D'ailleurs, je ne sais pas trop comment l'appeler. C'est un engin. Enfin un OVNI. Un vaisseau spatial ! Oui, je crois que l'on peut l'appeler ainsi puisqu'il a franchi l'atmosphère de notre planète et est venu se stationner au dessus de la ville ! Ici, c'est un sentiment de peur et d'excitation qui règne. Il y a aussi bien évidemment beaucoup d'interrogations ! Comme vous pouvez l'imaginer, tout le monde ici parle d'êtres-vivants venus d'ailleurs ! D'autres encore y voient là le résultat d'expérimentations technologiques de l'armée. Dans les rues, c'est le chaos total. Les gens courent de partout, d'autres restent simplement là à contempler ce gigantesque vaisseau. J'ai aussi vu que des pilleurs profitaient de la pagaille générale pour briser les vitrines des magasins pour s'emparer de téléviseurs, d'ordinateurs ou autres engins higth-tech. Je ne peux pas vraiment vous en dire plus Jamy !


    - Merci William pour toutes ces précisions, et faites attention à vous surtout. Mais au moins, est ce que vous pouvez nous dire la forme de cet engin, et la taille approximative qu'il peut avoir ? Y a-t-il eu des signes d'hostilité là-haut ?


    - Eh bien écoutez Jamy, non. Pour le moment, aucun signe d'hostilité, mais je pense qu'il est sage de conseiller à nos téléspectateurs de rester chez eux et de fermer leur appartement. Au moins pour ce protéger des pilleurs qui saccagent la ville à l'heure qu'il est. Pour ce qui est de la taille, c'est très difficile à estimer. Quand je lève la tête vers le ciel, je ne vois plus les étoiles de cette douce soirée de printemps. Je ne vois que l'immense vaisseau qui doit avoir une superficie proche de celle de la taille de la ville, soit une bonne quinzaine de kilomètres de diamètres ! C'est immense ! Pour ce qui est de sa forme, là encore difficile à dire puisque je ne peux pas voir le vaisseau dans son ensemble. Voilà Jamy, je ne peux pas vous en dire plus pour le moment, mais dès que j'obtiens de nouvelles informations je ne manquerai pas de vous prévenir. Ici William Sanders en direct du centre-ville, pour WWCS TV. À vous les studios !


    - Merci William pour ces informations. Donc je répète. À 20H13 heure locale, un immense engin spatial a franchi l'atmosphère de notre planète et s'est immobilisé au dessus de notre ville. Selon les premières estimations, l'engin aurait une superficie d'environ 15 kilomètres carrés. À l'heure actuelle, impossible de dire si ne venons de trouver ou non une réponse à l'une des questions que nous nous posons tous. Sommes nous seuls dans l'Univers ? Pour le moment, du côté du gouvernement, c'est le silence radio. "


    Abasourdie. Lucy reste figée sur son canapé. Le temps de prendre l'ascenseur pour monter à l'étage de son appartement, et cet immense engin spatial s'est stationné dans les airs au-dessus de la ville. Panique. Lucy s'extirpe de son sofa et court jusqu'à sa porte pour la fermer à clé. Puis elle se précipite à sa fenêtre, l'ouvre et regarde dans le ciel. Il est là. Ce n'est pas un canular. Cette fois-ci, il se passe vraiment quelque chose d'extraordinaire. Quelque chose qui va bouleverser le monde. Elle sent cette excitation monter en elle. Comme beaucoup, elle souhaitait depuis toujours que quelque chose de la sorte arrive, ne serait-ce que pour pimenter le quotidien. Alors Lucy se pose la question que presque tout le monde dans la ville se pose. 


    Et maintenant ?


    Lucy a toujours ses yeux figés sur le ciel qu'elle ne peut pourtant pas voir. Elle se sent comme statufiée. Comme si l'engin spatial l'envoutait, l'hypnotisait. Elle fini pourtant par fermer les yeux et secouer la tête. Il faut sortir. Il faut voir ça de plus près. Et puis le chaos dans la ville. Elle veut le voir d'elle même. C'est comme un fantasme qui se réalise. Elle veut sentir ce frisson qui veut dire "cette fois, il se passe vraiment quelque chose".


    Lucy se précipite vers sa porte, l'ouvre et descend les marches d'escalier de son gratte-ciel 4 par 4. L'ascenseur serait trop lent. Elle pourrait rater quelque chose. Dans sa descente, elle bouscule et se fait bousculer par les autres habitants de l'immeuble qui eux sont pressés de se mettre à l'abris chez eux. Elle fini par se retrouver dans la rue. Les avenues sont complètement bouchées, aucun véhicule n'avance. Elle aperçoit des conducteurs qui pourraient progresser et débloquer l'embouteillage mais qui au lieu de ça sont à l'arrêt, portière ouverte, debout à côté de leur véhicule, à contempler le ciel. Des coups de klaxon résonnent de partout dans les boulevards alentours. Un bruit de verre cassé pousse Lucy à détourner son regard du ciel. Les pillards. Elle en aperçoit plusieurs fracasser des vitrines de magasin et pénétrer à l'intérieur. Certains usent même de cocktails molotovs. Le Chaos. Elle ne sait pas pourquoi, mais elle aime ça. Tout d'un coup, ses pensées se tournent vers son travail. 


    À mon avis, le cabinet de Lyonel Warth n'ouvrira pas demain. Je vais pouvoir me reposer.


    Elle n'en revient pas elle même d'être capable de penser à des choses pareilles.


    Bruits de pas. Puis de frelons géants. Puis de rouleaux compresseurs qui semblent écraser la ville. L'armée se déploie. Les troupes au sol investissent les rues en demandant à tout le monde d'aller se mettre à l'abris. Les hélicoptères quadrillent la ville. Les tanks tentent de se frayer un chemin à travers les embouteillages de la ville et braquent leurs canons sur l'engin spatial. C'étaient donc ça, les bruits de pas, de frelons géants et de rouleaux compresseurs. 


    Lucy entend une vieille dame demander à un soldat si ça vient de chez nous. Il lui répond que non, ça ne vient pas de chez nous. Ça vient d'ailleurs. Ça vient de très loin. Lucy comprend très bien. Ça ne vient pas de sa planète. 


    Grondement sourd. Puis assourdissant. Cela ressemble à une énorme courroie qui grince. Un bruit de ferraille. En y regardant de plus près, Lucy s'aperçoit que le métal qui compose l'engin spatial semble rouillé. 

    Cette chose a du faire un très long voyage.


    L'engin semble alors s'élever dans les airs, comme s'il était en train de repartir.


    Une étoile géante. En s'élevant plus haut dans le ciel, Lucy peut enfin voir à quoi ressemble le vaisseau. Une large base centrale circulaire est reliée à huit autres bases circulaires annexes plus petites par des sortes de longues branches qui doivent être de longs et larges couloirs à l'intérieur de l'engin. 


    Incompréhension. Après être resté seulement quelques dizaines de minutes au-dessus du ciel de la ville, l'immense vaisseau spatial repart dans l'espace. Tout le monde le voit s'éloigner dans le vaste océan d'étoiles. Puis, soudain, ce qui semble être les réacteurs du vaisseau s'illuminent. Une lumière blanche de plus en plus agressive envahit le ciel.


    Explosion. Alors que le vaisseau spatial s'était éloigné dans l'espace mais restait toujours visible pour toute la ville, il a explosé, d'un seul coup. Ses réacteurs semblaient en effet s'embraser avant de faire partir tout le vaisseau en fumée. Feu d'artifices. Étoiles filantes. Le ciel prend feu et c'est magnifique. Par chance, aucun débris de l'engin spatial n'est assez gros pour franchir l'atmosphère sans prendre feu totalement.


    Déception. Alors que l'excitation était à son paroxysme, tout est redescendu d'un seul coup. On ne connaitra pas ces êtres vivants venus d'ailleurs. Lucy reste coite, les yeux rivés vers le ciel en feu. Mais soudain, un débris plus gros que les autres semble parvenir à traverser l'atmosphère. La boule de feu transperce le ciel et vient s'écraser loin de la ville, à quelques kilomètres du périphérique, dans la grande forêt de l'Ouest. Déjà les hélicoptères prennent tous la direction du lieu du crash. Et alors Lucy comprend. 

    Se pourrait-il que ...

    Essoufflée. Comme beaucoup, Lucy, excitée par la possibilité d'apercevoir l'un d'entre eux la galvanise. Beaucoup de gens sont comme elles. Tout simplement curieux. D'autres en revanche se précipitent chez eux et s'enferment à double tour, et déplacent de grosses commodes derrière leurs portes d'entrée et leurs fenêtres, pensant qu'ils sont peut-être en vie dans ce débris qui s'est écrasé dans la forêt. Par chance, Lucy trouve un vélo abandonné dans la rue. Certainement quelqu'un qui a eu peur et a préféré laisser son vélo dans la précipitation. Déjà elle enfourche le bicycle et fonce plein Ouest. Elle pédale à en perdre haleine mais une force inexplicable lui donne la l'énergie nécessaire pour atteindre la zone du crash. Elle sent qu'elle doit y aller le plus vite possible. 

    Quand enfin elle y parvient, l'armée est déjà sur place, et quelques badauds qui ont su être plus rapides qu'elle, mais ils sont peu nombreux. Un périmètre de sécurité est déjà établi autour du cratère, mais Lucy parvient à apercevoir ce qu'il s'y trouve au fond. 

    Une navette ! Une navette de sauvetage !


    Tous les hommes postés autour du cratère braquent leurs armes de guerre en direction de la navette blanche mais noircie par sa traversée de l'atmosphère. 


    La porte de la navette s'ouvre dans un bruit semblable à celui provoqué par le gaz lorsqu'on ouvre une bouteille de boisson pétillante. Tous les militaires sont au sommet de leur nervosité. Ils ne savent pas comment agir. L'ordre proféré par leur chef n'est pas pour les rassurer.


    - Ne tirez pas ! Laissez le sortir !


    Les militaires reculent tous machinalement d'un pas. Lucy, elle, se ruerait vers la navette si elle le pouvait. 


    Il sort. Puis ferme la porte de sa navette. Il est donc seul. Il porte un objet dans sa main droite, mais cela ne semble pas être une arme. 

    Sa main droite ! Mais ... il nous ressemble. Il nous ressemble beaucoup ! Il est juste ... beaucoup plus petit.


    Il s'extirpe tant bien que mal du cratère et lève les mains en l'air, pour montrer qu'il est inoffensif, mais cela ne suffit pas à soulager les militaires qui le tiennent toujours en joue. Il jette alors un oeil sur l'objet qu'il tient toujours dans sa main droite et a une mine surprise. Il semble tout à coup comme paniqué. Il regarde partout autour de lui. Les militaires lui intiment de se calmer mais il ne semble pas les comprendre. Il commence à parler mais la langue qu'il utilise n'est définitivement pas de cette planète. Ce n'est pas le même système d'articulation des syllabes. Les siennes sont bien plus prononcées. 

    Il continue de s'agiter et à parler dans sa langue. Les militaires, en cercle autour de lui, se rapprochent doucement dans le but de le neutraliser. Il jette un dernier coup d'oeil à son objet qui semble être un écran GPS. D'un seul coup, il s'arrête et prononce un mot que cette fois-ci tout le monde peut identifier même si personne ne trouve encore de cohérence. "LUCY !"

    Lucy ? Moi ? Il m'a appelé ?


    Il est désormais face à Lucy, séparé seulement par quelques mètres et quelques militaires. Le GPS semble d'ailleurs indiquer précisément la position de Lucy. Il la regarde avec un regard de fou. Elle a peur. Pourquoi elle Pourquoi moi ? 


    Les soldats se tournent furtivement vers Lucy et l'un d'entre eux lui demande si elle le connait. Bien sur que non, elle ne le connait pas. Il vient d'une autre planète. Puis un soldat lui pose LA question. 

    "- Vous vous appelez Lucy ?

    - Oui. Mais je ne connais pas ce "type" ! Comment le pourrais-je ?

    - LUCY WARREN ! "

    Tout le monde se retourne vers "l'homme" venu d'ailleurs. Est-ce bien lui qui vient de crier ce nom et ce prénom ?

   " L'homme" débite un flot continue de paroles en hurlant. Et de temps à autre, on peut entendre "Lucy Warren" distinctement. 

    " - Vous vous appelez Lucy Warren ?

       - Oui. Mais ... je ne comprends pas ! "


    Lucy se met à pleurer. Tout cela n'a pour elle aucun sens. Quelques soldats s'approchent d'elle et lui intiment de s'approcher. Murmure autour des badauds autour d'elle. Pendant ce temps là, d'autres soldats neutralisent "l'homme". Il ne se défend pas mais fait de grands gestes comme pour expliquer qu'il devait retourner chercher quelque chose dans sa navette. Après quelques secondes d'hésitation, on l'autorise à retourner dans son engin, accompagné de 3 soldats. Quelques minutes plus tard, ils ressortent de la navette avec deux sortes de casques reliés par des câbles à un ordinateur. "L'homme" fait des signes pour montrer que ce n'est pas dangereux. Il pose délicatement l'ordinateur au sol et positionne minutieusement le casque sur son crâne. Il allume l'ordinateur, le bidouille quelques secondes et se retourne, semblant satisfait. Il commence alors à parler. Il fait comprendre à Lucy qu'il faut qu'elle mette le second casque. Terrifiée mais curieuse, sous les yeux des quelques dizaines de soldats présents ainsi que la vingtaine de curieux, Lucy enfile le casque sur sa tête. "L'homme" se met alors à parler à nouveau dans sa langue, et Lucy a un mouvement de recul. Elle trébuche et tombe sur les fesses. Elle a une mine surprise. Comme si une incroyable révélation venait de lui être soufflée à l'oreille. Un soldat lui demande ce qu'il se passe.

    " - Je ... je ... je comprends ce qu'il me dit !

    - Ce casque doit être une sorte de traducteur intergalactique. Que vous a-t-il dit ?

    - Il m'a dit : bonjour Lucy Warren, tu ne me connais pas, mais là d'où je viens, tout le monde te connait."

    Abasourdie mais soulagée de voir que cet "homme" ne semble pas lui vouloir de mal, et comprenant que le casque doit fonctionner dans les deux sens, elle lui demande comment il la connait.     

    Avant qu'il ne commence à répondre, un camion de régie de retransmission télé arrive à toute vitesse par un chemin. Déjà une porte coulissante s'ouvre et un caméraman saute du camion, sa caméra braquée sur la scène. La portière passager s'ouvre à son tour. Ce brouhaha interpelle Lucy qui se retourne. Elle reconnait le célèbre William Sanders, reporter de WWCS TV. Déjà le célèbre journaliste se positionne devant la caméra et commence à décrire la scène à voix basse, comme s'il ne voulait surtout pas déranger la conversation en cour. Désormais, Lucy sait que des millions, voir des milliards de personnes la regardent elle. Parce qu'elle est au centre de tout cela. S'ensuit alors le dialogue le plus dingue de toute l'histoire de cette planète.

    "- Je viens de très loin pour venir te chercher toi. 

    - Pourquoi moi ?

    - Parce qu'ici, tu n'es pas chez toi. Même si ça va le devenir, maintenant que notre vaisseau a explosé.

    - Comment ça je ne suis pas chez moi ? Et pourquoi votre vaisseau a-t-il explosé ?

    - Oh, une stupide erreur de calcul. Notre carburant est entré en fusion et a fait explosé notre réacteur. C'est pour cela que l'on n'est retourné dans l'espace. L'explosion au-dessus de la ville aurait fait des millions de mort, mais nous ne voulons aucun mal aux habitants de cette planète. Ils n'ont rien demandé, eux. 

    - Comment ça, je ne suis pas chez moi ?

    - Tu ne t'es jamais demandée pourquoi tu étais plus petite que la moyenne ? Tu ne t'es jamais demandée qui étaient tes parents ?

    - Des petits et des petites, il y en a plein d'autres. Et encore, je ne suis même pas naine ! Je suis juste un peu petite. Pour ce qui est de mes parents, je sais qu'ils m'ont abandonné. Alors ils ne m'ont jamais intéressé. J'ai grandi à l'orphelinat. C'est tout.

    - Ce n'est qu'à moitié vrai. Là d'où je viens, tu as été tirée au sort étant bébé. 

    - Je ne vous crois pas ! J'ai toujours vécue ici. Je le sais ! Je m'en souviens !

    - On ne peut pas se souvenir de ses premiers mois. tu étais un bébé de ma planète, de ta planète, et tu as été tirée au sort pour être placée dans une capsule propulsée en direction de Centaure 21 et de chez nous, on t'a observé. On t'a mise sur écoute. C'est pour cela que je connais ton nom. Tu es alors devenue le Projet Lucy Warren.

    - Centaure 21 ? C'est quoi ça ?

    - C'est le nom que nous avons donné à cette planète. Nous avions vu qu'elle était habitée par des humanoïdes comme nous et qu'elle était viable. La notre ne l'était plus vraiment. Alors nous avons envoyé un bébé sur Centaure 21 pour y grandir, s'y intégrer, pour voir s'il était possible que Centaure 21 devienne une colonie pour notre peuple.

    - Une colonie ? Vous vouliez nous coloniser ?

    - Euh, eh bien ... oui ... enfin non. Pas au sens où tu l'entends. Nous voulions venir nous intégrer à la population de cette planète. Et ton rôle était de devenir l'ambassadrice entre nos deux mondes. Tu devais nous apprendre à mieux connaitre celui de Centaure 21. Mais avec l'accident, tout est perdu.

    - Je n'y crois pas une seconde. Foutaises. C'est un canular. Ce n'est pas vrai !

    - Grâce à toi tes parents ont vécu dans la richesse, à l'abris des bombes, de la pollution et des criminels. Notre société s'est effondrée. On a donc offert aux parents du bébé sélectionné une vie digne de ce nom. 30 ans plus tard, il était temps pour nous de venir te chercher pour que tu nous apprennes à connaitre le peuple de Centaure 21."

    Lucy ne veut plus en entendre davantage. Comment assimiler ces informations ? Comment peut-elle seulement y croire ?

    C'est alors qu'un humvee de l'armée arrive à son tour sur les lieux du crash. Il s'arrête en soulevant une épaisse poussière marron. En sort un homme qui visiblement est haut gradé puisque toutes les médailles qu'il porte sur son veston recouvrent presque entièrement le profil gauche du militaire. Il s'approche de Lucy en la saisit délicatement par le poignet. Elle pleure. 

    " - Vous êtes mademoiselle Lucy Warren ?

    - Oui, pourquoi ?

    - Général Rick Grolls. Cet "homme" vous a parlé ?

    - Oui. Et je ne crois pas un mot de ce qu'il dit. Ce n'est pas vrai !

    - Mademoiselle Warren. Cet "homme", je dois vous l'avouer, vous dit la vérité.

    - Quoi ? Vous n'allez pas vous y mettre vous aussi ! - Lucy éclate en sanglots. Le général la prend dans ses bras - .

    - Lucy Warren, je suis désolé. On vous a retrouvé à l'âge de quelques mois dans les montagnes au Nord de la ville. Vous étiez dans une capsule dont la technologie surpassait largement la notre. On vous a alors analysé. Mis à part votre système immunitaire incroyablement développé, vous sembliez en tout point similaire à nous. Alors on vous a mis dans un orphelinat, attribué un nom et un prénom, une histoire de famille ratée, et on vous a surveillé. Jusqu'à aujourd'hui. Jusqu'à ce qu'ils reviennent vous chercher."

    Lucy se dégage des bras du général et se tourne vers "l'homme". Celui-ci lui tend le casque. Il veut poursuivre la discussion. Lucy ne sait pas si elle en a encore la force après une telle soirée, mais elle se résigne à enfiler à nouveau le casque.

    " - Je suis désolé Lucy. Je sais que ça ne doit pas être facile.

    - Ça ne l'est pas en effet. 

    - Mais je suis content car je vois que tu l'as senti.

    - Senti quoi ?

    - Tu es là non ? Tu as senti que tu devais venir ici, sur le lieu du crash. Tu pensais que ce n'était que de la curiosité. Mais il y avait aussi tes gènes, toutes tes cellules qui te poussaient à aller retrouver l'un des tiens.

    - Je ne sais pas ... je ne sais pas quoi dire. D'où venez vous ? Enfin, d'où est-ce que je viens ? De quelle planète ?

    - Nous venons tous les deux d'une planète très éloignée d'ici. D'une autre galaxie. Sur ma planète, nous sommes en l'an 4568. Notre planète est très similaire à celle-ci. C'est incroyable d'ailleurs. Nos scientifiques disent que cela confirme la théorie selon laquelle la vie serait apparue grâce aux astéroïdes. À des milliards de milliards de kilomètres, des années lumières, deux planètes similaires. Même taille, sensiblement la même densité, la même distance par rapport à une étoile elle-même de taille similaire. Mais aussi la même famille d'être vivant unicellulaire à l'origine de tout. Tu vois, on est pareil. Parce que l'évolution est la même ici que chez nous. Ça donne le vertige. Et je dois aussi dire que c'est ... décevant. Mais c'est tout de même merveilleux !

    - Quelle galaxie ? Quelle étoile ? Quelle planète ?

    - Je viens de la galaxie que nous appelons Voie Lactée. Nous appelons notre étoile, le "Soleil", et nous appelons notre planète, La Terre ... "






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