Épisode 11 : L'Ogre (3/14)

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Je sais que dans mon histoire, il y a de nombreux personnages. Pensez-vous qu'un glossaire des personnages en début d'épisode serait utile ? Merci pour votre aide.

J'espère que la lecture de ce chapitre sera plaisant pour vous ;).

L'estomac de Sydney se noua. Son esprit restait figé sur les yeux effrayés de Louis avant que Lilith ne l'attrape. Elle n'avait pas eu le temps d'effectuer le moindre mouvement, mais même si elle avait pu, aurait-elle pu changer quelque chose ?

– Ma chérie, est-ce que ça va ? Qu'est-ce que tu regardes ? s'inquiéta sa mère.

Sydney revint complètement dans la situation présente. Tous les yeux étaient posés sur elle, ce qui la mettait mal à l'aise, elle qui détestait être au centre de l'attention.

– Je...je crois que j'ai de la fièvre, répondit-elle.

– C'est vrai que tu es pâle, dit Joseph.

Laurianne s'avança vers sa fille et lui toucha le front.

– Tu n'es pas chaude, pourtant, mais ton parrain a raison. Tu n'as pas l'air dans ton assiette. Tu souhaites aller te reposer un peu ?

Sydney hocha la tête. Elle n'avait plus faim de toute façon. Elle s'excusa auprès des invités, monta au premier étage rejoindre sa chambre et se posa sur le lit. Lou ! Pauvre Lou ! Comment un adulte pouvait-il vouloir faire du mal à un enfant ? Et cet Ogre, il continuerait certainement ses méfaits... Laure avait raison. Avec les informations qu'elle possédait, pouvait-elle vraiment continuer sa vie comme si de rien n'était ? Pourrait-elle se regarder dans le miroir sans que la culpabilité ne vienne lui rendre visite ?

Sydney souffla pour évacuer son stress et elle se souhaita d'y voir plus clair rapidement.

***

Assise sur la terrasse du Café d'Or, Sylvie attendait Victoria avec nervosité. Pour calmer ses nerfs, elle jouait avec ses doigts, parfois au point de presque se les tordre. Elle patienta encore cinq longues minutes avant qu’une femme au début de la cinquantaine ne s’installe face à elle. Elle portait un tailleur et ne manquait pas d’élégance et de détermination dans ses gestes. Son allure était celle d’une femme d’affaires redoutable.

– Bonjour, Sylvie !

– Qu’est-ce que tu veux ?

– Et bien, je constate que la politesse a disparu. Même pas un bonjour.

– Je ne dis bonjour qu’aux gens que je respecte. Tu n’en fais pas partie.

– Le reste de la conversation va être amusante.

– Dépêche-toi de me dire ce que tu veux, qu’on en finisse le plus rapidement possible. J’ai du travail et moins je te vois mieux je me porte.

– Oublie tes cours ! Si je t’ai fait venir, c’est parce que depuis ton départ de mon entreprise, mon chiffre d’affaires est en baisse. Tu étais la star et ton retour est fortement demandé.

– Je peux savoir ce que ça peut me faire ? Ce n’est pas mon problème.

– Oh, ça va l’être dans quelques instants. Ton retour est annoncé pour dans une semaine.

– Qu’est-ce que tu racontes ? Toi et moi, nous avons conclu un marché. Cet univers, c’est terminé pour moi.

– Je sais, je sais, mais je suis obligée de revenir sur ma parole. Mon entreprise passe avant toi.

– Tu ne peux pas m’obliger à revenir.

Victoria eut un rire d’amusement, ce qui agaça fortement Sylvie. Cette vipère avait toujours un tour dans son sac. D’ailleurs, elle la vit sortir une enveloppe kraft qu’elle lui passa. Sylvie ne l’ouvrit pas immédiatement. Elle demanda :

– Qu’est-ce que c’est ?

– Eh bien, ouvre !

La jeune femme ne le souhaitait pas. Elle sentait qu’elle perdait la partie. Quoi que contenait l’enveloppe, cela ne laissait rien présager de bon pour elle.

Comme elle restait stoïque, Victoria s’énerva :

– Si tu n’es capable d’ouvrir une foutue enveloppe, je vais le faire pour toi.

Sylvie la regarda l’ouvrir, terrifiée par ce qu’elle allait découvrir. De l’enveloppe, Victoria en sortit quelques photos. Elle les lança à la jeune femme.

Au fur et à mesure que Sylvie découvrit les clichés, son teint devint livide.

– Si tu fais ta tête de mule, ces photos seront postées sur les murs de ta magnifique fac et sur tous les réseaux sociaux. Ton nom sera bien mis en évidence, bien entendu. Tu pourrais porter plainte ensuite pour le droit à l’image, mais toi et moi on sait que tu ne le feras pas. L’humiliation serait déjà totale et avec mes relations, un procès n’arriverait jamais.

Abattue, Sylvie n’osait plus prononcer une seule parole. Le sourire triomphant de Victoria finit par l’achever.

– Je pense que nous sommes donc d’accord, lança cette dernière. Tu peux garder les photos. J’en ai des copies. À la semaine prochaine.

Victoria se leva. Sylvie attendit quelques secondes avant de s’effondrer en larmes.

***

Assis en tailleur, Christian méditait depuis quelques minutes. Il appréciait le rayon de soleil qui caressait son visage, le chant des oiseaux à l'extérieur. Son moment de recueillement fut rompu par la sonnerie de son téléphone portable.

Christian avait pour l'habitude de le laisser sonner lorsqu'il pratiquer la méditation, mais à cet instant, une voix intérieure lui souffla que l'appel était important. Il se leva de son coussin pour répondre :

– Allô ?

– Monsieur Sinclair ?

Une voix d'une adolescente. Il la reconnut immédiatement :

– Bonjour Sydney. Vous avez finalement décidé de plonger dans la bataille ?

– Je ne sais pas ce que j'ai vraiment décidé. La seule chose que je sais, c'est que vous pouvez m'aider et que des enfants sont en danger. Je...je ne peux pas laisser faire ça.

– Pouvez-vous vous déplacer jusqu'à chez moi ? Je veux dire la même maison dans laquelle nous nous sommes rencontrés.

– Je peux m'arranger.

– Je vous attends.

***

– Je sors prendre l'air, annonça Sydney à ses parents.

Son père finissait de nettoyer la table et sa mère mettait les assiettes et les couverts dans le lave-vaisselle. Elle ne leur laissa pas le temps de réagir et sortit de la maison.

Une demi-heure plus tard, elle sonnait à la porte de Christian. Quand il lui ouvrit, il lui apparut plus chaleureux que la première fois.

– Je suis content de vous voir, dit-il.

Il la fit entrer et l'installa dans le salon.

– Souhaitez-vous boire quelque chose ?

– Non, ça ira. Merci. J'ai eu à nouveau des visions.

– Je m'en doute, la taquina gentiment Christian. Racontez-moi les détails !

– J'ai vu un enfant appelé Lou. Il se trouvait dans une pièce sombre, effrayée. Un homme l'a attrapé pour...le manger. J'en ai des frissons rien que d'y penser. Cet après-midi, nous avons eu des invités. Il y a une petite fille que j'ai l'habitude de garder, Alexia. Elle s'est dessinée à côté d'un garçon appelé Lou. Quand je l'ai questionnée, elle a eu une réaction étrange. Elle a eu une sorte d'absence et…

– Lilith. Vous avez été témoin de l'influence de Lilith. La réaction de cette fille montre certainement qu'elle a été témoin de quelque chose ou qu'elle est proche du tueur.

– Donc si je comprends bien, le sort de Lilith aurait modifié les souvenirs et le comportement d'Alexia pour ne pas qu'elle me révèle une information importante ?

– Oui. Nous vous l'avions dit. Lilith est enfermée, mais elle demeure puissante.

Sydney s'inquiéta :

– Si elle capable de faire ça en étant limitée, à quel point serait-elle puissante si elle venait à s'échapper ?

– Je ne sais pas et espérons que nous ne le saurons jamais. C'est pour ça que votre rôle est important. Si elle ne se nourrit pas, sa puissance diminue.

Sydney sentit ses épaules s'alourdirent. Ses pensées sur ces points n'étaient pas encore claires. La seule chose qu'elle souhaitait à présent c'était d'éviter que d'autres enfants tombent entre les mains de ce fou. Le reste attendra.

– Par où on commence ? demanda-t-elle.

– Je vais contacter l'Organisation. Ils pourront avoir accès au fichier des personnes disparues d'Isle. Nous trouverons peut-être des éléments sur le garçon de votre vision. Si vous interrogez Alexia à nouveau, des informations peuvent se révéler de par votre présence.

– Par ma présence ? Qu'est-ce que ça veut dire ?

– Vous avez des choses à apprendre sur votre don. Vos sens peuvent voir, toucher, entendre et sentir ce qui est caché. En parlant avec Alexia, il est possible que vous puissiez affaiblir voire annihiler complètement l'influence de Lilith sur elle.

– Je suis perdue. C'est abstrait pour moi ce que vous racontez.

– Cela viendra. Et nous devrons parler de votre entraînement.

– Nous verrons plus tard, éluda Sydney. Quant à Alexia, tant que je peux l'éviter, je ne veux pas la mêler à cette histoire. Commençons par le fichier des personnes disparues.

– Je vais passer l'appel. J'en ai pour quelques minutes.

Christian partit dans une autre pièce. Pendant ce temps, Sydney attendit. Ses jambes dansaient nerveusement.

Dix minutes plus tard, Christian revint et donna son téléphone portable à Sydney.

– J'ai un fichier ouvert qui recense les enfants disparus à Isle.

Sydney découvrit le document. Une centaine de pages. Il y en avait donc autant ? Sur chaque page, une photo du disparu et les éléments connus par les autorités. Avec un doigt, Sydney fit défiler les pages encore et encore. Chaque visage lui pinçait le cœur. Puis elle reconnut des traits. Elle zooma sur la photo pour être certaine. Impossible de douter davantage. Louis. Personne ne le savait à part elle. Ces magnifiques yeux bleus et enfantins ne reverraient plus la lumière du jour.

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