Derniers choix d'un condamné

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Les projecteurs de la salle s’allument. Une lumière aveuglante m'éblouit. Je me trouve dans une grande pièce blanche attaché à une chaise. Les liens sont solides et je doute de pouvoir les défaire. Autour de moi, c’est le vide absolu. Il n'y a rien d'autre à part moi et cette foutue chaise. A travers les vitres teintées, j’aperçois une silhouette humaine tournée vers moi. Aussitôt, j’entends une voix annoncer :

- Vous voilà enfin réveillé, cher prisonnier 1596. Nous allons vous posez trois questions. A chacune d’elle, vous aurez deux propositions différentes. A vous de choisir l’une ou l’autre.

J’essaye de répondre mais aucun son ne sort de ma bouche.

- Ah oui, j’avais presque oublié. Nous avons retiré l’usage de la parole. Vous devrez choisir en appuyant sur un bouton. Commençons sans tarder par la première question.

Un panneau numérique avec la question écrite dessus s’affiche devant moi.

-Vous avez été emprisonné pour le double meurtre de vos parents. Dans le cadre des nouvelles lois, le coupable a le droit de choisir entre deux verdicts. Sachez que l'Etat souhaite de faire de vous un exemple qui restera gravé dans les esprits de toute la nation. Alors faites votre choix !

Deux boutons en face de moi se mettent à clignoter. Je sais que je dois faire un choix mais je suis resté fixé de stupeur quand j’ai vu ce que me l’on demandait. Je dois choisir entre perdre une jambe ou un bras! C’est vraiment absurde comme décision dans un cas comme dans l’autre !

-Une dernière chose si vous prenez trop de temps nous considérons que vous avez appuyez sur les deux boutons en même temps. Ce ne sera pas un membre mais deux membres que vous perdrez mais rassurez-vous c’est sans douleur.

Paniqué, je pèse le pour et le contre pour chaque. Un bras en moins, je perds en efficacité pour faire des choses du quotidien . Une jambe en moins, cela ne changera pas grand chose vu que je suis à longueur de journée attaché.

J’appuie donc sur le bouton rouge avec le dessin d’une jambe.

- Ainsi les dés sont jetés.

Une nuée de gaz soporifique s'infiltre dans la salle. Dès qu'il pénètre mes voies respiratoires, je suis envoyé dans le monde des rêves.

Probablement le lendemain, je me réveille à nouveau dans la même pièce. Je ressens cette fois-ci une impression de vide dans mon corps. En baissant les yeux, je constate avec horreur qu’il ne me reste plus qu’une seule jambe. Je n'avais jamais pensé qu'un jour je serai unijambiste. J'imagine qu'il ne fournisse pas une prothèse ou une quelconque jambe en bois. Et après, on considère que c'est moi le barbare! Quelles foutaises!

-Bienvenue pour la seconde question, cher prisonnier. Alors que cela fait-il d’avoir une jambe en moins ? En vérité je connais déjà la réponse grâce aux tests que nous avons déja effectué. Sache qu’à une seconde près, ton bras y passait aussi. Passons à la deuxième sentence.

Je frissonne à l’idée d’avoir aussi pu perdre un bras.

La seconde question s’affiche devant mes yeux. Elle est aussi terrible que la veille.

« Souhaitez-vous perdre tous vos sens ou souhaitez-vous perdre votre capacité à ressentir des émotions? »

Je trouve le choix moins difficile que la dernière fois. Choisir entre vivre dans un noir total sans odeur sans bruit et sans sensation physique ou être un robot, la décision est vite prise.

J’appuie sur le bouton où est marqué « émotions ».

- Rendez-vous à demain pour la dernière question.

Même processus de fin. Nuée de gaz puis assoupissement.

Contrairement aux autres fois, je ne suis pas seul dans la pièce. Il y a deux autres personnes en face de moi. Une petite fille d’environ douze ans et une femme adulte qui a l'air d'être sa mère.

J’ai une sensation de liberté aux niveaux des mains, elles ne sont plus attachées.

-Cher condamné, voici votre dernier dilemme. Cette fois-ci pas de bouton. Vous avez un pistolet devant vous avec une seule balle. A la fin, il devra n'y avoir que deux personnes en vie dans la salle.

Je me concentre pour essayer d’identifier les cibles. Leurs visages ne me disent rien jusqu’à ce qu’un vague souvenir me revienne. Ce sont ma femme et ma fille. Cette dernière est en larmes, sa mère essaye de la rassurer. Je découvre cela avec la plus grande froideur, sans empathie ni compassion.

Je suis étonné par mon comportement. En temps normal, je n'aurai jamais réagi comme cela. En effet, c'est étrange mais je laisse cette réflexion de côté car le temps défile. Je réfléchis à qui mérite le plus de mourir entre les deux. Une femme active pour l’économie et la société ou une jeune fille avec un avenir devant elle.

Tout s'embrouille dans ma tête quand soudain j’ai une illumination. Celui qui s’est retrouvé en prison, c’est moi. Celui qui mérite ici le plus de mourir, c’est moi. Je prends donc l’arme dans mes mains, la colle contre ma tempe puis j’appuie sur la gâchette. Un suicide net et précis d'un homme qui ne causera plus de torts à personne.

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